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Smirnoff : Renaissance de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 09/01/2011 à 20:38
» Dernière mise à jour le 28/02/2011 à 20:06

» Mots-clés :   Hoenn   Johto   Présence de personnages du jeu vidéo   Romance   Slice of life

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036 - La fuite en avant
« Avant, on avançait dans la mauvaise direction ; maintenant, on recule dans la bonne. »
(Ernest-Antoine Sellière)



- Tu as le droit de parler, Dimitri…

Charlie et Léopold regardaient le jeune homme qui mangeait à leur table. Yann le regarda, pas très surpris.

- C'est que… Yann a dit que je vous ennuyais !
- Nan, j'ai dit que tu ennuyais tout le monde avec tes bêtises et que tu devais éviter de parler trop souvent !
- Tes parents font partie de tout le monde…
- Ca va, Yann, Dimitri est très marrant quand il veut ! Sourit Léopold.
- Ca fait un peu d'animation, oui… admit Charlie. Léo il faudra que tu me rappelles mon rendez-vous chez l'opticien !

Léopold ricana.

- Déjà que tu mets des lunettes pour lire…
- Merci de me rappeler à quel point c'est embarrassant…
- Ne te méprends pas, tu es hautement sexy avec des lunettes !
- Léopold, je t'ai dit quoi ?

Léopold plissa les yeux. Charlie désigna Dimitri. Léopold balança la main d'avant en arrière.

- Mais, ça va, il sait que je plaisante !
- A vrai dire j'ignore le sens du mot sexy… marmonna Dimitri.

Yann et Léopold manquèrent de s'étouffer. Charlie regarda son fils et son mari, interloqué.

- Qu'est-ce qu'il y a, vous deux ?
- Hin, il sait pas c'que ça veut dire Sexy ! Ricana Léopold.
- Ouais, il craint ! Ricana Yann à sa suite.

Charlie plissa les yeux.

- Bah, Dimitri, quelque chose de sexy, c'est quelque chose… qui rend la personne qu'on aime plus jolie ! Par exemple, je ne lui dis pas mais je trouve que les vestes en cuir rendent Léopold plus sexy !

Dimitri regarda Léopold qui regarda Charlie.

- T'étais obligé de lui dire ça ?
- Je pense qu'une explication aussi sommaire soit-elle vaut mieux qu'un grand puits d'ignorance !
- C'est pour ça que quand je t'ai demandé comment on fait les bébés, tu m'a dis « Demande à Léopold, il a déjà essayé » ?

Léopold regarda Charlie avec de gros yeux alors que Dimitri plissa les yeux.

- L'ignorance ça se puise ?!

Charlie, Léopold et Yann regardèrent Dimitri, de plus en plus intrigués.


***

« On voulait juste savoir si tout allait bien ! »
- Papa, arrête de caresser ce Pokémon, c'est limite malsain ! Grommela Yann en désignant Sorbébé.

A travers le visiophone, Léopold regarda Sorbébé qui couinait joyeusement.

« Il est juste content de te voir ! »
- C'est un Pokémon, papa, il est content de voir tout le monde !
« Je sais, je sais. Tout se passe bien alors ? »
- Bah ouais. Dimitri essaie de cuisiner comme tu le lui as appris… T'as déjà vu une roulette russe culinaire, genre c'est un miracle si c'est mangeable !

Dimitri soupira en touillant sa purée.

- C'est pas russe, c'est… fabriqué dans les industries agro-alimentaires de New Lavandia !
« La fac, ça va, vous vous adaptez bien ? »
- Oui… On a même retrouvé Rose !

Léopold fit de gros yeux.

« VRAIMENT ? »
- C'est pas si étonnant que ça… marmonna Dimitri.
- Mais lui il le savait pas… soupira Yann.
- Ah bah oui…
« Charlie ! Charlie viens voir ce que j'apprends ! »
- Oh non… soupira Yann.
- Et après c'est toi qui me dis « Non c'est moi qui les appelle, toi tu vas déballer des trucs ! »
- Dimitri, écrase !
- … ça s'écrase pas la purée, c'est pas solide !

Yann écrasa sa main contre son front. Charlie arriva avec ses lunettes à monture transparente.

- Papa on dirait un chef de chantier ! Elles étaient mieux les bleues !
« Elles sont tendances, ça me suffit ! »
- Hmph… Oui donc Rose est à la fac ! On a comme qui dirait renoué…

Les visages des papas s'illuminèrent.

- … avec elle, moi et Dimitri, et on a sympathisé avec son petit ami, Sheldon.

Déception sur les visages. Dimitri soupira.

- En plus il sait même pas jouer à Pierre Feuilles Ciseaux…
- Dim…
- Quoi ? Intégrer les lézards et Spock c'est stupide !
- Dimitri, on en rediscutera… Bref ça va. Mieux que j'aurais cru au premier abord. Même Dimitri s'intègre plutôt bien…
- J'ai eu une petite copine, une cambodgienne m'a traité de débile et j'ai appris à mentir pour protéger les secrets embarrassants des gens !
« … Grande évolution, mon grand ! » sourit Léopold.
« Pas de géant, oserais-je dire… » marmonna Charlie.
- Je suppose que je grandis, en quelque sorte ! Sourit Dimitri.
« En tout cas s'il y a un souci Dimitri n'hésite pas à nous appeler ! On est tes tuteurs légaux, c'est à nous que tu dois tout dire s'il y a quelque chose ! »

Dimitri acquiesça.

« Tu rates ta purée mon grand ! » sourit Léopold.

Dimitri regarda le plat et le retira du réchaud.

- Ah bah oui évidemment vu comme ça…
- … J'sors les nouilles… soupira Yann.

***

David leva les yeux au ciel, c'était encore un jour merveilleux à la Casa des Smirnoff.

- Mais enfin je n'ai pas cours, mes classes sont en conférences ! Laisse-moi le petit, ne va pas embêter la voisine avec lui !
- Clarence aime bien avoir Ethan !
- C'est la VOISINE ! Je suis son père !
- Et je me doute qu'un jour de congé comme ça, tu as envie de le passer seul et tranquille à la maison !

David geignit.

- T'es sûre que t'es sa femme ?

Roland désigna David.

- Même lui il te trouve conne !
- Non, non, non… geignit David.
- Pardon ?! S'étonna Rachel.
- Fut un temps où tu adorais que je t'insulte !
- … Inutile d'aller plus loin, Clarence s'occupera très bien de lui ! Je vais le déposer et ensuite j'emmène David.

Rachel prit le sac d'Ethan et sortit avec lui. David soupira.

- C'est une tradition masculine des Smirnoff de se faire retirer la garde des gosses ou quoi…
- J'en ai MARRE !

Roland s'assied. David le regarda.

- Ca va aller ?
- Non ! Sanglota presque Roland.

David grimaça, pas à l'aise.

- Du calme, Roland.
- J'en ai plus que ras le cul de tout ça… Elle se regarde faire ? Elle s'écoute parler ?
- Elle doit avoir une bonne raison…
- LAQUELLE, DAVID, PUTAIN !

David haussa les épaules.

- Une bonne raison !

Rachel ouvrit la porte.

- David, c'est bon ! Bonne journée Roland !
- Va en enfer, femme diabolique !

Rachel sourit.

- Je préfère ce genre d'humour là !
- C'en était pas !

Rachel plissa les yeux.

- Hm. On en rediscute.
- Bah voyons.

David sortit et ferma la porte. Roland fronça les sourcils, furax.

- Ah ouais ? Ah ouais ? Tu décides à ma place ? Eh bah tu vas être surprise, ma vieille !

Roland prit sa sacoche à Pokéballs, son portefeuille, sa carte dresseur et ses lunettes de soleil. Il alla ensuite dans le garage et l'ouvrit pour laisser sortir sa voiture à lui.

- Tu vas voir ce que Roland aime faire de ses jours de congés en solitaire !

Roland sortit du garage en voiture et se dirigea fissa vers Hoenn Ouest.

***

David arriva à son cabinet et trouva dans la salle d'attente… Denis.

- Oh seigneur…
- Je sais, je sais, désolé…
- J'arrive !

David entra dans son cabinet et regarda partout.

« J'fais quoi, j'fais quoi ? Rachel est partie, je peux pas partir par la fenêtre ! »

Il respira calmement.

« C'est un patient comme un autre, il t'agace mais sans plus ! »

David pressa le bouton d'appel. Denis entra.

- Bonjour docteur !
- Bonjour Denis.
- Désolé de venir de si bon matin, mais avec le travail…
- Hm…
- Nimbuline va mieux, merci encore !
- Bien, bien…
- Cette fois c'est Laggy !
- J'vais soigner toute la famille ma parole.
- … je vous dérange ?
- Non, je… plaisante.
- Bah c'est pas drôle, j'ai attendu deux jours avant de venir vous voir pour ça, j'avais peur que vous pensiez que… je vous harcèle…
- Nan, nan, ça ira… Je suis médecin, j'ai signé le serment, j'suis là pour soigner etc. Qui est Laggy ?
- Mon Laggron.
- Ah bah oui.
- J'essaie de lui apprendre Martopoing, vous voyez le souci…
- Il s'est cassé le bras ? Non !
- … déboîté l'épaule !
- … ET VOUS AVEZ ATTENDU DEUX JOURS ?!
- Vous aviez l'air de ne plus vouloir me voir…
- IL FALLAIT CONSULTER UN CONFRERE, VOUS ETES MALADE !

Denis grimaça, embarrassé. David regarda le jeune homme, étonné.

« Il est comme moi… »

- Eh bah en fait…

« Comme moi avant… »

- J'suis désolé, vraiment, c'est juste que vous êtes mon médecin traitant, j'voulais pas vous… « tromper » en quelque sorte…
- Il en va de la santé de votre Pokémon !
- … j'voulais que ce soit vous.
- C'est stupide ! En plus je ne peux pas me charger de ce genre d'un problème, ça nécessite l'intervention d'un…

David poussa un soupir mécontent.

- … orthopédiste ! Si vous aviez été un peu moins soucieux d'avoir mes bonnes grâces, votre Pokémon aurait cessé de souffrir infiniment moins vite ! Voilà votre recommandation, DISPARAISSEZ !

Denis regarda David, éberlué.

- …
- Allez ! Prenez le papier, présentez-le à… Pancol par exemple, elle s'y connait bien en membres à remettre en place !
- … P… Inutile d'être aussi…
- D'être aussi quoi ?
- D'être aussi vache ! Je n'ai rien fait ! Mon Pokémon se comporte normalement, il ne bouge pas son bras, c'est tout, j'ai pensé que ça irait, je lui ai donné des médicaments, je ne l'ai pas laissé souffrir comme vous dites !
- Une épaule déboîtée ça doit lui faire du bien, ouais…
- Deuxio ne soyez pas aussi méchant, je vous pensais aimable, eh bah bonjour la désillusion, et tertio… Je sais pas contre qui ou quoi vous avez la rage mais ça a l'air de vous faire souffrir autant que mon Laggron si ce n'est plus !

David regarda Denis, choqué. Denis avait le même air que lui quand auparavant, naïf et timide, il essayait de se mettre en colère. Il n'avait pas l'air tellement en colère parce que l'autorité n'était pas naturelle chez lui, et avec les années d'amertume, il était devenu quelqu'un de sinistre. Et face à quelqu'un qui le ramenait à celui qu'il était avant d'être malheureux…

- Sortez !
- Je croyais qu'on se tutoyait…
- Vous êtes un PATIENT, je suis un MEDECIN, SORTEZ !

Denis regarda David, déçu.

- …
- …

David essayait de froncer les sourcils mais il était nul à ça et il avait juste l'air trop sérieux. Denis baissa la tête.

- … tu es mignon.

Denis sortit. David ferma la porte et la regarda.

« … tu viens de foutre en l'air la chance de ta vie, David. Il était parfait, il était aussi timoré et naturel que toi, aussi doux même probablement, peut-être avec des démêlés sentimentaux aussi, des problèmes de santé, qui sait, il fait un travail qui l'intéresse, toi aussi, il est mignon… Il est mignon lui aussi ! »

David ouvrit sa porte.

- DENIS !

Personne. D'autre que les patients qui regardèrent leur médecin, abasourdis. David ferma la porte et regarda son cabinet vide. Ses yeux se remplirent de larmes qu'il essuya rapidement.

« J'suis un crétin ! »

***

- A MA DROITE ! LE DRESSEUR CASSEUR DE BRANLEURS J'AI NOMME… TCHEKOV !

Un grand type pas commode avec une moustache et de longs cheveux noirs, engoncé dans une tenue traditionnelle russe, salua le public venu nombreux.

- A MA GAUCHE ! UN HABITUE DES LIEUX, LE PROF MASQUE !!

Roland se montra, portant une simple cagoule noire.

- Un prof masqué ?!
- Ouais. Un prof, un masque. Un prof masqué ! Marmonna Roland. On s'bat ?
- On est là pour ça.

Le commentateur recula.

- Allez-y ! Combat Solo !
- Batman, à toi !

Chovsourir fit son apparition. Le Pokémon poussa des couinements joyeux.

« Je remercierais jamais assez Max de m'avoir recommandé les combats clandestins ! »

- Akwakwak !
- Batman, Tranch'Air !

Chovsourir agita les ailes pour envoyer des rafales d'air vers Akwakwak.

- Choc Mental !

Le canard dissipa les mouvements aériens en quelques mouvements de doigts.

- Oups, puissant…
- N'est-ce pas. Vous vous attendiez à quoi ?
- Nan, nan, c'est cool… Choc Mental !

Chovsourir et Akwakwak mesurèrent leurs capacités psychiques.

- Batman n'a jamais eu de superpouvoirs, pourquoi avoir surnommé ce Pokémon ainsi ?
- Vous avez un mot roumain qui exprime « Pour le fun » ?
- Vous allez payer cette injure ! Aqua Jet !!

Akwakwak fonça sur Chovsourir qui ne put esquiver.

- Batman, attaque Reflet !

Chovsourir se démultiplia. Akwakwak fit demi-tour.

- Frappe à nouveau !

Akwakwak traversa le nuage de Chovsourir sans toucher le bon.

- Maudit…

Akwakwak se posa et regarda vers les Chovsourir qui ricanaient.

- Hm ! Siphon !

Le tourbillon effaça les reflets. Le vrai Chovsourir s'éleva dans les airs.

- Batman, Lame d'Air !

Chovsourir battit des ailes et recula d'un ample mouvement corporel.

- Empêche-le ! Pistolet à O !

Akwakwak balança un vif jet d'eau droit sur Chovsourir.

- Combiné avec Choc Mental, c'est un puissant rayon de la mort !!
- Ou pas. Lâche tout !

Chovsourir balança sa lame droit sur Akwakwak, splittant le Pistolet à O en deux, et frappant Akwakwak de plein fouet. Roland sourit sous sa cagoule.

- Dans ta face, Super Russe !
- Prof Masqué, c'est la guerre !!
- Combat Double !
- Tu vas comprendre ta douleur ! Rhinoferos et Tritosor !

Roland hocha la tête.

- Une stupide tentative de profiter de Paratonnerre et Lavabo ! Voldo et Kiki !

Roland envoya Scorvol et Feuiloutan. Les deux Pokémon se regardèrent et hochèrent la tête.

- PEARL HARBOR !!!

Feuiloutan monta sur Scorvol qui sauta pour planer en s'aidant de sa queue et de la queue du singe.

- Boule Roc et Ocroupi !

Les deux adversaires balancèrent leur tirs que le singe et le scorpion esquivèrent avec habileté. Feuiloutan tendit ses poings vers les adversaires et balança la plâtrée de Canon Graine. Le duo adverse essuya les tirs.

- Misérable professeur encagoulé !
- Qui vous a dit que l'attaque était terminée ?

Scorvol chargeait toujours vers les ennemis. Il étendit les bras.

- Double Casse Briques !

Feuiloutan et Scorvol frappèrent Rhinoferos et Tritosor, avec leurs bras et pinces tendus en croix. L'attaque fut fatale aux deux compagnons d'infortunes. Scorvol et Feuiloutan se séparèrent et firent un tope-là bien mérité.

- Tu ne l'emporteras pas au paradis, Professeur Masqué !
- Ouais, ouais. Suivant, Tancrède !

L'arbitre acquiesça.

- Accusant au bas mot 250 kilos sur une balance occidentale, la reine de la nuit et du canapé : Yolande Mexico !

Une grosse dame en poncho avec un sombrero entra dans l'arène, encouragée par un public et des fans déchaînés.

- Ta fin est proche, Prof Masqué !
- Mais ta faim à toi est loin d'être satisfaite je suppose… Necessito Tacos ? Si mon fils me voyait…

***

- Mes parents t'aiment bien, Dimitri, te prends pas la tête.

Dimitri plissa les yeux.

- Quand même, à force ça me gêne un peu, ils ont l'air vraiment attachés à moi…
- Ils en font trop, ils ont peur de passer pour des gens incorrects à cause de ce qui est arrivé avec Rose.
- Oh. Tu penses à elle souvent ?

Yann choisit de mentir.

- Pas tant que ça.
- J'arrête pas de me demander où elle est, ce qu'elle fait, qui elle voit…
- Oh je pense qu'elle va vite nous oublier…
- Tu crois ?
- Hm.

Yann ne semblait pas si sûr.

- T'en fais pas Dimitri. Tu sais que t'es le bienvenu ici. Mes parents aiment voir que j'ai des amis.
- Je suis une seule personne, Yann…
- Je sais, mais pour eux c'est déjà très bien.
- Ok.

***

Le jour suivant.

- Ca a été, l'école, Yann ?
- Ouais… Malcolm devrait parler en cours comme pendant les repas, il est plus marrant quand il vient manger ici avec Claire et Nell.
- C'est étonnant que tu aimes bien Malcolm, d'habitude les gens n'aiment pas Malcolm… marmonna Charlie.
- Ca doit être le côté un peu Dimitri de Malcolm… sourit Léopold.
- Oui voilà, Malcolm est « Ton genre » comme on dit ! Ricana Charlie.

Yann leva les yeux au ciel.

- Un jour je m'accoutumerais à vos allusions crades.

Le téléphone de Yann sonna avec la musique de l'introduction de Yoshi Story.

- Dimitri…

Yann s'empara du téléphone et répondit à table.

- Quelle impolitesse… soupira Charlie d'un air follement british.
- Charlie, pas à table, et pas devant le petit ! J'ai du mal à me retenir.

Yann plissa les yeux.

- QUOI ?

Yann regarda ses parents qui le regardaient.

- Euh… Euh… Faut aller chez Dimitri ! Genre tout de suite !
- Quoi ?
- Comment ça ? S'étonna Léopold.
- J'vous explique en route, magnez-vous putain !

Charlie et Léopold se regardèrent.

***

Le couple et leur fils adoptif sortirent de voiture pour voir Dimitri assis devant sa maison, sur le pas de la porte.

- Dim !
- Oh, salut Yann !

Pas l'air choqué d'être à la porte. Yann regarda la maison de Dimitri. Charlie frappa à la fenêtre.

- … Mais…

Charlie tenta d'ouvrir la porte.

- Ouvrez ! Ouvrez cette porte !

Charlie frappa. Léopold regarda à l'intérieur.

- Mais tes parents sont dedans !
- J'ai frappé, ils ouvrent pas.
- Tu as tes clés ?
- J'ai jamais eu de clés pour la maison.

Léopold plissa les yeux. Charlie soupira.

- Monsieur et madame Corbin, j'appelle les services sociaux ! Légalement vous êtes responsables de Dimitri !

On ouvrit finalement. Le père.

- Quoi ?

Charlie tomba des nues.

- Quoi ? Vous voulez que je vous fasse un dessin ?
- Salut papa ! Salua Dimitri.
- On l'avait pas entendu.
- Ca fait… une heure et demie qu'il était un peu censé rentrer de l'école ! Vous ne vous êtes pas inquiétés ?!
- On pensait qu'il dormait encore chez vous.
- Je pense qu'il vous l'aurait signalé si ça avait été le cas, non ?
- Ecoutez, on l'a juste un peu oublié, c'est juste qu'il ne fait déjà pas grand-chose pour se faire remarquer…

Charlie et Léopold se lancèrent des regards interloqués.

- Rentre, toi !
- Ok.

Dimitri se dirigea vers la porte. Léopold s'avança et lui tint les épaules.

- Dimitri, la prochaine fois que tu es à la porte comme ça, appelle tout de suite, n'attends pas une heure, compris ?

Dimitri hocha la tête, neutre. Léopold regarda monsieur Corbin.

- Vous devriez avoir honte ! On n'oublie pas son enfant comme ça !
- C'est pas vraiment notre enfant, on l'a adopté…

Yann frissonna. Dimitri rentra chez lui et la porte se ferma. Charlie écouta à la porte.

« Qui c'était ? » lança une voix féminine.
« Des emmerdeurs. » grommela le père.

Charlie sembla effaré.

***

- J'y crois pas, j'y crois PAS !
- Calme-toi !

Yann écoutait à sa porte ses parents qui discutaient dans le salon.

- Comment on peut se comporter comme ça ? J'aurais aimé qu'ils vivent le dixième de ce qu'on a vécu quand nos tentatives d'adoption ont échoué ! Quels salauds !
- Charlie, on peut rien faire ! Quand bien même on prendrait le gosse chez nous…
- Et le gosse putain, pas une once de révolte !
- Je sais, je l'ai regardé dans les yeux figure-toi…
- Comment on peut être aussi laxiste…

***

- Tu manges pas ?

Yann regarda Dimitri.

- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Je suis inquiet.
- Inquiet ?
- Pour toi, crétin. C'est pas normal ce qui s'est passé hier soir !
- Oh c'était un peu spécial, oui. On a mangé des raviolis !

Yann frappa sur la table. Dimitri le regarda, surpris, tout comme… le reste de la cantine. Le brouhaha reprit.

- Dimitri, merde ! T'étais à la porte de chez toi ! Tes parents t'ont traité comme de la merde !
- C'est pas vraiment mes parents… j'te l'ai déjà dit…
- Mais bordel réagis, révolte-toi ! Y'a des trucs qui te scandalisent au moins ?

Dimitri se mordilla les lèvres et chercha à prendre un morceau de pain. Yann lui frappa la main.

- …
- Dimitri, je suis super inquiet pour toi !! J'ai peur qu'il t'arrive un truc ! Hier je me suis demandé s'ils allaient pas te lâcher sur un bord d'autoroute !
- On peut pas s'arrêter sur une autoroute.

Yann regarda Dimitri, effaré. Il laissa son ami prendre subrepticement un bout de pain qu'il s'enfourna dans la bouche, n'importe quoi pour éviter de parler.


***

- C'est quoi cette foule ? S'étonna Yann.

Dimitri observa la foule dans un coin du hall de la fac.

- Je vois pas d'ici mais il y a un drapeau arc-en-ciel, un ruban rouge et des… pénis.
- Dimitri, t'es crade… C'est un stand de prévention sexuelle, rien de méchant.
- Ca s'échauffe on dirait.
- De la baston ? Sérieux ?

Ils approchèrent.

- C'est pas supportable ! On n'est pas une fac gay !
- Y'a pas question d'en faire une fac gay !
- On essaie simplement de viser les communautés sensibles !
- Y'a pas de gays dans cette fac !
- Vous en savez quoi ? C'est pour ça qu'on est là, pour viser le plus de personnes possibles et généraliser l'usage de moyens de contraceptions !
- Ca concerne pas les gays ça !
- En l'occurrence nous n'oublions pas le Sida !
- Ouais bah allez faire ça dans une fac gay !

Dimitri plissa les yeux.

- Ca existe les facs gays, Yann ? Yann ?!

Yann avait traversé la foule et se tenait à côté de l'élève à lunettes qui agressait les gens du stand.

- Retirez ce drapeau gay !
- C'est un drapeau qui exprime la fierté et la confiance, il n'est pas forcément « gay » !
- Ouais mais moi ça me choque !
- Tu te sens visé peut-être ?

Tout le monde regarda Yann qui regardait l'étudiant.

- Là n'est pas la question… T'es qui ?
- Je suis Yann Winchester, t'as un problème avec les homosexuels ?
- J'ai un problème avec le prosélytisme !
- C'est pas du prosélytisme, c'est juste un affichage pour leur stand de prévention, ça invite les homosexuels à venir discuter et éventuellement à être renseignés !
- … T'es sérieux ?
- Bah en même temps excuse-moi mais… il faut plus qu'un simple drapeau pour rendre quelqu'un gay !

Tout le monde sembla acquiescer à cette idée. L'étudiant grommela.

- Tout de même, c'est pas sain, une fac n'est pas un endroit où des communautés se font de la pub !
- C'est pour ça que les fraternités ont des stands à l'extérieur ? Marmonna Yann.
- La ferme !
- La ferme c'est pas un argument ! Admit Yann. T'es juste embarrassé ou gêné.
- Mais pas du tout, juste que c'est un signe ostentatoire ! Une communauté n'a pas à imposer son opinion à la majorité !

Yann regarda le drapeau et regarda l'étudiant.

- Tu m'excuseras, je vois pas d'« opinion » sur ce drapeau. Bonne journée ! Salua Yann en direction des gens du stand.

Yann sortit de la foule devant les autres étudiants qui se dispersèrent. Yann retrouva Dimitri aux côtés de Rose et Sheldon.

- Bonjour Yann !
- Salut.
- Alors, t'as cogné ? Demanda Dimitri.
- T'as fait quoi ? S'étonna Sheldon.
- Rien, un mec énervant qui voulait faire pression sur les méchants ennemis du Sida…
- Je suppose que cette bouffée d'engagement te vient de tes parents… marmonna Sheldon.

Yann haussa les épaules.

- Mouais.

Sheldon hocha la tête. Rose et Dimitri le regardèrent.

- Et… Toi-même, tu…
- SHELDON ! S'étonna Rose.
- Quoi, je demande !
- Je quoi ? S'étonna Yann.
- Yann, c'est moi qui dit ça d'habitude…

Yann regarda Dimitri qui plissa les yeux.

- Il te demande si tu… es comme tes papas, si tu es gay !
- Ouah, Dimitri, je suis surprise ! S'étonna Rose.
- Disons que ça paraissait assez évident… marmonna Dimitri.
- Ah… Ca, c'est marrant comme question ! Sourit Yann qui regarda fixement Sheldon, intrigué.

Le rouquin sourit, narquois, et fit un pas vers Dimitri.

- J'te dirais pas !

Il partit, souriant. Dimitri soupira.

- Il est d'humeur joueuse… Je déteste quand il est comme ça. Là je pige plus rien du tout, désolée, Rose.
- Je n'en attendais pas moins de toi ! C'est trop surprenant de te voir aussi perspicace !
- J'ai dit quelque chose de mal ? S'étonna Sheldon.
- C'est un peu inconvenant, tu en conviendras ! Soupira Rose.
- Il monte au front concernant les gays, je me pose la question !
- Il a deux pères, ça compte forcément pour lui, tu te doutes !
- Il aurait pu monter au front concernant les glaces au chocolat, son père en fait des délicieuses ! Acquiesça Dimitri.

Sheldon plissa les yeux.

***

Roland finit sa bière sur l'arène.

- C'est… Votre sixième adversaire consécutif, Prof Masqué !
- Suivant ! Suivant ! Je suis encore chaud, là !

***

Rachel s'en tenait à sa théorie, ce qu'elle n'aimait pas trop mais se forçait à faire quand même. Les élèves voyaient bien que leur prof n'était pas dans son élément.

- Et… genre un technicien… a affirmé que c'était une théorie nommée « Théorie de la non supériorité par la taille » : Un Mystherbe peut éclater un Steelix si tant est qu'il a les bonnes attaques. Le concept de taille ou même de poids n'influe pas du tout dans les combats… Un Ronflex n'est pas plus fort qu'un Machoc, loin de là. C'est l'entrainement qui compte…

Elle bâilla à la surprise des élèves.

- Toutes les plaintes, après le cours, ok ?

Sheldon plissa les yeux.

- Ca craint.
- Hm. La pauvre ! Souffla Rose.
- Y'a un mec mignon au premier rang.

Dimitri, Rose et Sheldon regardèrent Yann, contemplatif.

- Bah appelle-le… marmonna Dimitri.
- Pas en plein cours, crétin !
- … ça devient limite glauque, là ! Admit Rose.
- T'es sérieux ? Tu trouves ce mec mignon ?
- Ouais, du moins vu de dos il est pas moche.

Sheldon plissa les yeux.

- Tu te fous de moi !
- Peut-être…

Dimitri leva les yeux au ciel, affligé. Rose soupira.

- Yann, c'est ridicule !
- Quoi, respecte mes goûts ! Ils sont bizarres mais ce sont les miens ! Cette fille, là-bas, elle est jolie aussi !

Le groupe se tourna - absolument pas discrètement - vers une fille qui les regarda du coin de l'œil tout en prenant des notes. Les trois reprirent des poses normales.

- Yann, arrête, c'est débile… soupira Dimitri.
- Tu comprends ce qui se passe, Dimitri ? Eclaire-moi ! Geignit Sheldon.
- Eclaire-nous, c'est très inquiétant ! Admit Rose.

Dimitri regarda Yann qui ne semblait pas peu fier de lui puis regarda Rose.

- Il joue, quoi, il trouve ça rigolo que vous vous posiez des questions comme ça. C'est Yann quoi, il aime attirer l'attention.
- Mais en vrai… marmonna Sheldon.
- Il est déjà sorti avec des filles et il a déjà embrassé un garçon ! Compta Dimitri sur ses doigts.

Rose et Sheldon regardèrent Yann, choqué.

- Qu… Pourquoi tu leur racontes ça ?
- Fallait pas le dire ?
- Nan, et surtout pas à Rose !
- Qui ? Qui ? Ricana Rose.

Yann leva les yeux.

- Personne ! Chut ! Y'a cours ! Soyez sérieux !

Petit silence. Dimitri regarda Yann, amusé.

- Ca va, Yann ?
- Dimitri, écrase…

***

Yann s'étonna de voir Dimitri s'asseoir loin de lui dans l'amphi, pour la reprise de l'après-midi.

- Oh bah voyons !

Yann laissa son ordinateur en place et alla voir Dimitri.

- C'est quoi, là ?
- Laisse-moi.
- Dimitri, j'me suis pas énervé pour que tu arrêtes de trainer avec moi !
- Tu peux rien arranger, Yann.
- Arranger quoi ?

Dimitri soupira.

- Tu es… difficilement supportable, dans ton état actuel.
- Je me fais du souci pour toi !
- Précisément.

Yann plissa les sourcils.

- Tu t'éloignes de moi parce que je m'inquiète ?
- J'aime pas qu'on s'inquiète pour moi.
- C'est la meilleure ! Tu m'expliques ?
- Non.
- C'est parce que je me mêle de tes affaires ?

Dimitri secoua la tête en se mordillant les lèvres.

- Dimitri…
- Va t'asseoir, le cours va commencer, quelqu'un va te voler ton ordinateur.
- … Tu veux pas qu'on en parle, c'est ça ?
- J'veux pas.
- Ok, ok, on n'en parle plus. Viens t'asseoir avec moi !
- Non merci.

Yann plissa tristement les yeux.

- Dimitri, s'il te plait, me fait pas la tête, j'sais même pas pourquoi tu me fais la tête !
- J'te fais la tête parce que tu as raison.

Yann plissa les yeux.

- Tu as raison, c'est pas normal et je devrais me révolter.
- …
- Mais si je fais ça… Je sais pas comment ça va se passer.
- … T'es seulement capable de t'énerver ?
- …
- Dimitri, mes parents peuvent t'aider…

Dimitri baissa la tête.

- Je sais. Et j'ai honte. J'le dirais jamais à tes parents mais j'ai honte parce que je sais qu'ils le feraient. Et ce serait dur pour moi.

Yann hocha la tête.

- Ca se comprend. Content de voir que t'es… un peu normal finalement.

Dimitri hocha la tête et montra Yann du doigt.

- Tu vois, ça, n'importe qui réagirait mal. Pas moi. Parce que je sais que si je m'énerve, j'aurais personne d'autre à qui parler.

Yann pencha la tête.

- J'veux prendre aucun risque. Aucun.

Yann s'avéra particulièrement interloqué et préféra laisser Dimitri seul pour ce cours.


***

- Alors, Yann, raconte !
- C'était beaucoup trop intrigant, faut nous en dire plus maintenant ! Sourit Sheldon.
- Dimitri, parfois t'es vraiment chiant ! Soupira Yann.
- C'est bizarre tu rigolais bien tout à l'heure… songea très sérieusement Dimitri.

Yann plissa les yeux.

- Je déteste que tu me rappelles ça ! Tu sais pourquoi je l'ai fait et je sais comment tu le sais aussi et c'est dégueulasse de rappeler ça !
- Y'a rien de sale, on n'est même pas dans la boue !
- Dimitriiiiiii…

Sheldon acquiesça.

- Passons ce fait divers sans importance - on demandera à Dimitri quand il sera tout seul…

Rose ricana en hochant la tête. Dimitri regarda Yann en souriant.

- Fais ce que tu veux, va…
- Bah oui comme d'habitude ! Sourit Dimitri.
- … Tu es d'une patience avec lui, c'est vraiment étonnant ! Sourit Sheldon.
- … c'est mon meilleur ami ! Et depuis deux ans on hab…
- Le fromage a l'air rance !

Rose et Sheldon regardèrent Dimitri qui regardait Yann, stressé.

- Tu vois ce que ça fait !
- Ca va, ça va…

Sheldon et Rose plissèrent les yeux, surpris.

- C'est comme ça, c'est tout, je supporte Dimitri. Enfin on se supporte, je suis pas un gars facile non plus.
- Il adore le fromage fondu… ça sent pas bon ! Soupira Dimitri, mécontent.
- Tu aimes les raclettes !
- Parce qu'il y a de la viande !

Rose pencha la tête sur le côté.

- Vous ressemblez à un vrai petit couple !
- Il est comme mon frère ! Grommela Yann.
- Pis on s'est déjà vus tous nus, sans plus… marmonna Dimitri.
- ARRETE DE RACONTER CES TRUCS LA !
- Ca sort tout seul de ma bouche j'peux pas m'en empêcher !

Sheldon et Rose se regardèrent, un peu comme au spectacle.

***

A la sortie, dans le hall, Sheldon et Rose suivaient Dimitri. Lequel se retourna.

- Quoi ?
- L'histoire du baiser de Yann !
- Allez ! Sourit Rose.
- … Nan. Ce serait pas cool, vraiment. Y'a des choses qui doivent rester secrètes.

Rose et Sheldon se regardèrent.

- Un indice au moins !
- Oui un truc, quelque chose… sourit Rose.

Dimitri sembla songeur.

- C'était après le voyage itinérant. C'est tout !

Dimitri s'éloigna. Sheldon soupira.

- Ce mec a le cœur trop pur !
- Je le connais depuis plus longtemps que Yann, il est adorable. Un peu insupportable mais très gentil. C'est un peu offensif ce stand, non ?

Sheldon regarda le stand de prévention.

- C'est… la vie, Rose, que veux-tu…

Rose regarda Sheldon qui plissa les yeux. Elle grimaça et Sheldon acquiesça.

- Tu as peur que ça me pousse à une conversation sur « dis-donc Rose, quand-est-ce qu'on couchera ensemble » ?
- Voilà. Plus que la menace gay je verrais plus la menace… sexuelle !
- Je t'ai déjà dit que c'était tertiaire. Ca fait deux ans qu'on se connait et seulement dix mois qu'on sort ensemble. Faut laisser du temps au temps. Je viens d'Unys, crois-moi, du temps on sait en prendre.
- … je n'aime pas trop que tu… parles de cette échéance de façon aussi… légère. Je suis une femme c'est important pour nous ce genre de choses !
- Je suis un homme, j'y pense tout le temps même en me brossant les dents !

Rose secoua la tête.

- Tes blagues sont toujours aussi nulles !
- Je sais ! C'était pour la rime !
- Par contre ça fait longtemps que tu ne m'as pas écrit de poème !
- Je savais que j'avais oublié quelque chose !

***

Roland ramassa le fruit de ses combats : 8000 Pokédollars.

- Eh bah… Quinze matchs et seulement une défaite…
- J'aurais pas dû tenter Métamorph contre Morpheo…
- Vous êtes prof, c'est ça ?
- Non, je suis prof masqué, nuance !
- Oui parce qu'en tant que professeur vous n'avez pas le droit de combattre en compétition, fusse t-elle illégale comme celle-ci, vous risquez votre licence ! Marmonna le bookmaker.

Roland soupira.

- Ca vaut la peine. Ca me détend comme c'est pas permis.
- De là à abandonner l'enseignement…

Roland soupira.

- Non. J'aurais besoin des deux mais clairement ça n'est pas conciliable.
- Ah ça…
- Et là c'était exceptionnel !
- Hm. Mais si un jour ça vous tente vraiment, n'hésitez pas !

Roland acquiesça.

- Ma famille a déjà trempé dans des trucs louches de ce genre, ça me tente pas trop de… m'y plonger comme ça. Vu comme ça les a rendus…
- Je comprends. Mais la porte vous sera toujours ouverte !

Roland plissa les yeux.

Il sortit et reprit sa voiture. Il semblait troublé. Pour la première fois depuis longtemps, il réfléchissait vraiment à tout balancer et à se livrer en permanence à des combats clandestins. En plus il avait ramassé presque trois fois son salaire en une journée.

« Et au moins ici, Rachel peut pas venir me faire chier !… »

Il écrasa sa tête contre le volant. « J'peux pas penser ça, c'est trop nul, j'aime Rachel et j'aime Ethan, comment je peux songer une seule seconde… »

***

- Karaclée !

Le Pokémon bleu dans son uniforme de judoka sauta dans les airs en direction de Grodoudou. Sheldon avait la maîtrise du Pokémon combat.

- Il est tellement impressionnant !
- Tu trouves… soupira Yann, lassé.
- Eclate-Roc !
- Boul'Armure !

L'attaque fut contenue. Le professeur de stratégie cessa le match en levant la main. Grodoudou avait contenu la main de Karaclée.

- Voyez ? Un contre bien placé stoppe toute attaque. Si Grodoudou utilise Psyko ou Puissance Cachée Type Vol… Bam ! Combat perdu malgré l'avantage du type ! Merci tous les deux !

Les deux élèves retournèrent à leur place. Sheldon se plaça à côté de Rose.

- Bravo mon Sheldon !
- Ici et toujours fortiche !

Elle lui embrassa la joue. Yann leva les yeux au ciel. Dimitri se contentait de faire un solitaire.

***

- J'espère que ça ne t'embête pas !
- C'est un lieu pour diner comme un autre ! Admit Charlie.

Yann regarda Dimitri qui semblait s'en foutre.

- Un bistrot ? Vous êtes sérieux ?
- Un bistrot hétéro ! Rectifia Léopold.
- On n'allait quand même pas vous emmener dans un des bars où on allait avant d'avoir Yann…
- Trop de détails ! Soupira Yann.
- Je… je sais pas quoi commander…
- Ce que tu veux ! Sourit Léopold. On vient d'avoir nos payes respectives, c'est cigares et diner à volonté !
- N'exagère pas, Léo… soupira Charlie.

Yann regarda Dimitri.

- T'embête pas, ça leur fait plaisir.
- Hm.
- … Oh Charlie, regarde, David est là !
- David dans un bistrot, bien sûr Léo, pourquoi pas Roland à la ferme…
- Mais c'est bien David, regarde !

Yann et Dimitri se retournèrent. Charlie soupira.

- Les enfants pour l'amour du ciel utilisez le reflet des écrans de vos téléphones comme tout le monde !… Elton John me foudroie, c'est bien David !

David faisait un billard dans le fond du troquet. Le serveur arriva.

- Vous avez décidé ?
- J'vais prendre du riz avec du poisson… admit Yann.
- Moi un steak avec des frites… marmonna Dimitri.

Samantha rejoignit David avec deux pintes et l'embrassa, ce qui effara les deux hommes.

- Charlie, non !
- La vache ! Faut prendre une photo, David sourit !
- David est avec une femme !!!
- Vous avez passé commande ?
- Elle doit avoir l'âge de sa mère ! Geignit Léopold.
- Deux pizzas huit fromages ! Geignit Charlie.
- Roland et Lily seraient surpris et je parle même pas de Linda et Etienne !
- On va pas passer la soirée à parler de lui…
- En boissons ? Demanda le serveur, indifférent.
- Thé glacé ! Demanda Yann.
- L'eau suffira… acquiesça poliment Dimitri.

Charlie et Léopold se regardèrent.

- Deux pintes de bière !
- Pleines à ras-bord ! Spécifia Léopold.

***

Charlie tenta une approche sous l'œil avisé de Léopold, Yann et Dimitri.

- Vous faites souvent ça en famille ? Marmonna Dimitri.
- J'ai deux papas, tu t'attendais à quoi ?!

Charlie tapota le dos de David qui se retourna.

- Oh… Oh ! Charlie !
- Oui c'est moi ! Surpriiiise !
- Qu'est-ce que tu…
- Je suis avec la petite famille, on dîne…
- Ah… Oh, bah moi petit billard !
- Seul ?
- C'est à toi, David… Oh c'est qui ce beau mec ?

Charlie regarda Samantha qui était… un peu éméchée.

- Euh… Samantha, Charlie, Charlie, Samantha…
- Enchanté, madame…
- Tu m'avais pas dit que t'avais des amis aussi mignons ! T'as couché avec ?

Charlie grimaça. David plissa les yeux.

- Nan, nan… euh… Samantha et moi sommes dans le même groupe de parole… tu sais, pour m'aider à gérer la rupture, tout ça…
- Ca se voit oui, tu as l'air… à l'aise et souriant ! Admit ironiquement Charlie.
- Hm…
- C'est à toi de frapper, David ! Prends ta queue et percute-moi cette boule !
- Sam, enfin ! Bon bah… bonne soirée ! Geignit David.
- Oh voyons, Dave, une petite bise, comme au bon vieux temps !

Charlie s'approcha de David et lui chuchota à l'oreille.

- J'ai pas besoin de longue-vue pour voir que tu vas droit dans le mur !
- …

Charlie s'éloigna et tapota l'épaule de David.

- A plus !
- Hm…

Charlie revint vers Léopold, Yann et Dimitri.

- Ouh putain, y'a tellement matière à casser du sucre que je sais pas par quoi commencer !
- Sérieux ?
- Imagine un cargo traversant la mer rempli de détritus, concentré en un seul être humain !
- Wow !

Dimitri plissa les yeux, intrigué.


***

Le soir venu, David n'alla pas à son arrêt de bus habituel mais… se rendit à la librairie.

« Il faut au moins que je m'excuse… »

David entra. Alban était à la caisse.

- Bonjour !
- Bonjour monsieur…

David chercha Denis et le trouva dans les rayonnages.

- Hey… Denis…

Il se retourna et regarda David.

- Oh. Docteur.
- Euh… Je… tenais à…
- Laggy va bien, merci de m'avoir recommandé cette orthopédiste, elle est largement plus sympathique que vous !
- … Je venais m'excuser pour mon comportement…
- C'est gentil de venir vous excuser…
- … Ecoute, c'est juste que… j'ai été tellement déçu par le passé, c'est difficile pour moi de… faire à nouveau confiance, de…
- Docteur, j'ai du travail, vous aussi… Vous avez certainement mieux à faire !

David plissa les yeux. Denis regarda David.

- Moi aussi, j'ai été déçu, qu'est-ce que tu crois ? Je pensais, au vu de ton caractère un peu… rude, que tu étais un esprit fort et donc quelqu'un de solide mais en fait, tu es juste un salopard comme tant d'autres !
- Si tu me laissais une chance…
- Ah non ! Non ! Pas cette phrase là ! Non, David.

David plissa les yeux et tourna les talons, dépité. Denis soupira, déçu et se retourna vers le médecin qui sortait de la librairie. Il s'en retourna vers la caisse.

- Problèmes de cœur ? Soupira Alban de son éternel air blasé.

Denis soupira.

- Le truc habituel, tu penses avoir un coup de foudre et finalement…
- Je vois. Pourtant il a l'air aussi sociable que toi, ça devrait coller… ironisa le jeune homme.
- … ça devrait, oui…

***

Rachel rentra des cours avec Ethan et trouva Roland avec ses lunettes en train de lire une revue.

- Bonsoir papa !
- Bonsoir mon grand.
- Ca a été ta journée tranquille ?
- C'était incroyable ! J'veux dire tout seul à relire mes revues ou à regarder la télévision… Tu veux savoir ce que j'ai mangé ?
- D'après ce que je vois tu as eu la politesse de ne pas laisser de vaisselle. Où est David ?
- Il est dans sa chambre, il avait l'air morose, j'ai pas cherché à comprendre… marmonna Roland.

Rachel soupira.

- Joli esprit fraternel…
- Ca va, hein, il a vingt-deux ans, faut arrêter à un moment…

Rachel plissa les yeux.

- Oh toi tu es de mauvaise humeur !
- Pas du tout.

On frappa à la porte. Roland alla ouvrir à Harrison.

- Bonsoir Smirnoff. Donna voudrait votre boîte à outils.
- … Je vois autant Donna manier des outils que vous lire « Guerre et Paix » !
- C'est pour réparer un truc dans la cuisine.
- C'est un refus !
- Prête-lui cette stupide boîte à outils, c'est le voisin d'en face, pas un escroc en cavale ! Soupira Rachel.

Roland regarda sa femme qui haussa les épaules. Roland semblait furieux.

- Très bien… je m'exécute…

Roland alla chercher la boîte à outils, pas super enjoué, grommelant dans sa barbe. Rachel le regarda et secoua la tête en levant les yeux au ciel.