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Smirnoff : Renaissance de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 17/12/2010 à 18:30
» Dernière mise à jour le 17/12/2010 à 18:40

» Mots-clés :   Hoenn   Johto   Présence de personnages du jeu vidéo   Romance   Slice of life

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026 - Mots et merveilles
« -Quand y'a du sang et du sexe ça m'intéresse toujours. Je suis un ado, je te rappelle ! »
(Travis dans le chapitre 103 - Amour ou Démence)

« Acide est la vie qui t'entoure
Autour de toi l'amour
A si peur du vide »

(Alizée, Psychédélices)



Roland se réveilla et vit Rachel qui le regardait.

- … un problème ?
- J'aime bien regarder les hommes dormir !
- « Les » ? Y'a une équipe de foot dans le placard ?
- Nan. On est le week-end et… on peut rester au lit toute la journée !
- Chouette. Si seulement j'avais pas de copies à corriger et de cours à préparer…

Rachel se pressa contre Roland, demandeuse. Roland plissa les yeux.

- Tiens donc…
- Que tu aies tenu à rester courtois hier après notre diner dans cette brasserie-restaurant passe encore…
- C'était sympa, oui… J'aurais pas cru qu'un gourbi pareil soit aussi sympa…
- … mais j'ai besoin de ma dose de câlins… En plus tu es prêt ! Sourit Rachel.
- Rachel, tous les hommes sont prêts après le réveil, je t'apprends peut-être ça mais…

Sans plus de procès elle l'embrassa et se serra contre lui.

- R… Hm… Mfbl…
- Hmmmm…

Roland tentait d'accéder à la table de nuit mais Rachel était un peu pressante.

- Rachel attends, attends, attends…
- J'ai pas envie d'attendre !
- Rachel tout de même, un minimum syndical… Aaaaaw…
- Voilà. Tout est parfait maintenant !

Roland grimaçait. Il regarda ce qui venait de se passer.

- Voilà pourquoi maman disait « La curiosité est un vilain défaut »…
- Je peux commencer à bouger ?
- Je suis sûr que dans les autres couples c'est l'homme qui est au dessus !
- Ne sois pas ridicule, Roland…

Elle l'embrassa et commença effectivement à bouger alors que Roland avait du mal à se mettre dans le bain.

***

- Il veut quoi ?
- Que j'aille dormir chez lui. Dimitri me propose une soirée pyjama quoi.

Charlie et Léopold plissèrent les yeux. Léopold soupira. « Dire qu'avant qu'on l'ait, à cette heure-ci, avec Charlie, on remettait le couvert ! »

- Tu… es sûr de pouvoir te tenir ? Marmonna Charlie.
- J'suis pas un tueur en série, j'ai juste deux papas !
- Dans certains pays c'est jugé à échelle équivalente ! Admit Léopold.
- Je peux alors ?

Charlie et Léopold se regardèrent.

- Je suppose que oui…
- Tu vas dormir loin de la maison pendant toute une nuit ? Marmonna Léopold.
- Nan, on va faire l'aller retour d'ici à chez lui à pied toute la nuit… ironisa Yann.

Charlie regarda Léopold, contrit.

- Tu sais parfois les gens peuvent très mal prendre ta stupidité ponctuelle ! Admit Charlie.
- C'est de la naïveté infantile, nuance !
- Tu passes l'après-midi chez lui aussi, c'est ça ?
- Bah ouais. Un samedi de gosse quoi.
- Ok… Euh… Comme ça on va pouvoir aller… là où on doit aller avec Léo.
- J'm'en fous de vos cochonneries… soupira Yann.
- Non, je parlais du…

Léopold plissa les yeux. Charlie haussa les épaules.

- Du psy.
- Ah toi aussi… marmonna Yann.
- C'est une séance en commun, Yann. On va t'amener chez les Corbin et on ira ensuite chez le psy de Léopold.

Yann hocha la tête.

- Trop de détails…

***

- C'était de la HAUTE TRAHISON !

Rachel buvait son café alors que Roland sortait de la douche.

- Tu devrais mettre un peignoir, le coup de la serviette enroulée, ça me donne des idées !
- Perverse ! Et après c'est moi qu'on traite de vicieux !!
- Ca va !
- Non, ça va pas ! On a fait ça sans protection !
- On ne peut pas avoir la CT33 à portée de main tout le temps comme ça !
- Cette blague est éculée !
- Je sais ! Sourit Rachel.

Roland regarda Rachel, sérieux.

- On s'expose à des trucs graves !
- Comme ? La prison ?
- Non, à… des trucs sexuellement transmissibles !
- … oui et ?

Roland plissa les yeux et s'étonna.

- Non… Non, Rachel, pas ça !
- Quoi ?
- … Un bébé ?! Tu veux qu'on ait un bébé ?
- Absolument pas ! Pas maintenant du moins, mais à long terme c'est vrai que ça me plairait d'avoir au moins un enfant !

Roland prit une mine sombre.

- … quoi ?
- Rien, rien…
- … Roland, tu ne veux pas d'enfants ?

Roland soupira.

- Là n'est pas la question. Ciné ce soir ?
- Détournement de conversation refusé ! Roland…
- Trop tôt pour ça, moi encore indépendant, pas envie de bébé dans notre couple ! Voilà !
- Les phrases toutes faites ne te ressemblent pas, c'est typique de quand tu ne veux pas parler de quelque chose !
- Rachel, c'est le genre de conversation qui brise des couples !
- Tu as peur que ça t'emprisonne ?
- Rachel, Malcolm a jeté Nell sur un canapé, moi je balancerais le petit Alexandre contre un mur !
- … Alexandre, bof, pas terrible comme nom.
- Gnnnn ! On n'en parle plus j'ai des copies à corriger et toi tu dois boire un thé et lire un livre avec moi pendant que je te donne les perles que m'ont sorti les élèves !

Rachel plissa les yeux.

- Tiens tiens, Roland tiendrait-il à sa petite routine ?
- A son petit bonheur plutôt ! Quand on aura un enfant on ne sera plus aussi libres que maintenant !
- C'est tout ce qui t'embête ? On pourra prendre une nounou !
- Bzzzt raté ! Je refuse de provoquer l'existence d'un enfant pour qu'il soit élevé par une inconnue !

Rachel plissa les yeux.

- Faudrait savoir…
- Rachel je ne veux pas qu'on discute de ça c'est typiquement le genre de sujets casse-gueule que je ne veux pas aborder avec toi ! Je serais dans mon bureau - enfin dans la chambre d'amis qu'on a transformé en bureau !

Roland arpenta l'appartement alors que Rachel était interloquée.

***

- Au fait Yann,, tu as continué à t'entrainer avec Galifeu ? Marmonna Charlie en conduisant.
- Ouais… C'est dur quand même, il adore se battre…
- C'est un bon esprit, bien que ce soit étonnant, venant d'un Pokémon offert par Léo… marmonna Charlie.
- Comme quoi je suis un bon éleveur ! Sourit Léo.

Ils arrivèrent devant l'adresse donnée… Un petit pavillon dans un quartier pas terrible. Léopold et Charlie regardèrent Yann.

- Quoi ?
- Rien, rien… Tu y vas ?
- Bah ouais.
- Bon. Alors à demain… Tu appelles quand on doit venir te chercher ?
- Okay. A demain papa…

Yann fit la bise à Charlie.

- Et à demain papa !

Yann fit la bise à Léopold avant de partir vers la maisonnée. Charlie attendit que Yann entre dans la maison et partit.

- …
- …
- … C'est quoi cette bicoque sérieux ? Marmonna Charlie.
- Tu crois que Yann a des vues sur son pote ? Marmonna Léopold.

Ils se regardèrent et hochèrent la tête.

- Bon, on pense des conneries tous les deux !
- Au moins on n'est pas inquiets… marmonna Léopold.
- Parle-moi un peu de ton psy…
- Elle est cool !

Charlie plissa les yeux.

- C'est censé être cool un psy ? Une psy de surcroît ?
- C'est une femme, madame Mahaffey.
- Comme l'actrice ?
- Hm.
- Cool ! Je l'aime déjà.

***

Rachel arriva devant Roland avec son thé et son livre.

- … encore sur le « Journal » d'Anne Frank ?
- Hm. Je ne comprends pas qu'on fasse lire ça à de jeunes élèves en Europe, c'est super déprimant…
- Et moi je trouve freudien que tu lises ça après la guerre !
- J'ai aussi lu « Phèdre » et j'ai trouvé ça très bien, tu dois en conclure quelque chose ?
- Je sais pas. Phèdre c'est un peu Mr Burns au féminin, avec son Smithers qui s'appelle Hippolyte…

Roland corrigeait ses copies.

- Oh jolie celle-là… « Coudlangue apprend MegaFouet parce que sa langue est une plante carnivore » !
- Pschhh… Tes élèves sont débiles ! Ricana Rachel.
- C'est aussi les tiens, j'te rappelle.
- Tu as corrigé celle de Yann ?
- Il se fend d'un 9/20 ce qui au vu de son test d'aptitudes est un exploit…
- 9/20 ?
- Il a compris les rapports force/faiblesse ce qui est bien… Ensuite sur la théorie organique il s'est ramassé mais d'après Claire il est faible en physique, et cependant sa rédaction sur l'utilité des attaques statistiques était bien menée, il a eu 5 sur 6.
- Lis pour voir.

Roland retrouva la copie.

- Voilà. « Les attaques statistiques sont, selon certains dresseurs, une perte de temps. Mais quand même, je crois qu'elles ont leur utilité. Elles sont une pause agréable dans un combat. »

Rachel sourit.

- « Au lieu de s'envoyer des coups, les Pokémon se protègent ou s'envoient des effets néfastes. C'est un peu comme une seconde bataille silencieuse qui se ferait en parallèle du vrai combat en lui-même. Parce que gagner à coups d'attaques statistiques, ça ne se fait (presque) pas. Il faut enchaîner l'offensif et le stratégique pour gagner. »
- Il est mignon !
- Oui j'ai mis en appréciation qu'il faisait preuve d'une belle mentalité vis-à-vis de l'étude de l'apprentissage des attaques.

Rachel acquiesça.

- Ca fait du bien aussi une pause dans les disputes.
- Oh Rachel, reprendre une rédaction d'élève pour métaphoriser sur notre couple c'est le genre de trucs qui met l'ambiance dans mon froc !
- Non je veux juste dire… Qu'on peut parler calmement des choses.
- Pourquoi sans protection ce matin ?
- Pourquoi pas ? Y'a un règlement ?
- Sans aller jusqu'aux questions de sécurité qui n'appartiennent qu'à Kyle, David, Charlie et Léopold… Et si on fait un bébé, là ? Tu prends même pas la pilule !
- Ce serait con, hein ! Rachel tombe enceinte, oups !

Roland soupira et se remit à ses copies. Rachel sourit, satisfaite de son petit effet.

***

- J'suis désolé, à côté des glaces de ton père ça craint un peu…

Yann haussa les épaules. Les deux adolescents étaient dans le jardin. Yann brossait le Spinda de Dimitri qui, lui, brossait les griffes de Galifeu. Tous deux avaient des verres de grenadine à leurs côtés.

- Y'a aucun mal, Dim. J'suis pas venu chez toi pour faire un état des lieux… Et papa fait ses glaces avec l'aide de son Pokémon crème glacée, il a aucun mérite !

Dimitri baissa la tête.

- Je sais, je sais.
- Il est tellement cool, t'es sûr tu veux pas qu'on échange ? Geignit Yann.
- … contre ton Galifeu !
- Nan, c'est un cadeau de mon père !
- Oh.

Dimitri termina sa « manucure ».

- Et voilà. Toutes belles !
- Cool ! Merci. Ton Spinda a l'air content…

Le Pokémon tapait du pied sur le sol.

- … un peu trop content…
- Merci d'être venu, Yann.
- Boh, de rien. T'es bien venu chez moi !
- Ouais mais chez toi c'est sympa.

Yann regarda Dimitri qui regardait vers sa maison.

- … je sens que mes parents m'ont adopté juste pour faire une bonne action. Ils s'occupent de moi mais des fois j'ai l'impression d'être un fardeau…
- … Mais ils t'aiment quand même, hein ?
- Ouais, enfin… C'est dur de passer d'une petite vie normale… à ça, quoi. Parce que… j'ai pas oublié mes vrais parents.
- Nan bah ça c'est… c'est pas possible, Dim, tu peux pas oublier tes vrais parents. J'crois que même si là t'as des nouveaux parents… T'es pas obligé d'oublier les autres.

Dimitri hocha la tête et s'essuya les yeux d'un revers de la manche. Yann regarda tristement son ami.

- Tu veux te charger de mon Elecsprint ? Il va peut-être te porter sur son dos…

Dimitri hocha la tête, tout rouge.

- Chuis désolé… chouina l'enfant.
- Mais nan mais nan.
- J'devrais pas pleurer, j'suis pas un bébé.
- Tu crois que j'pleure jamais moi ?

Dimitri regarda Yann et haussa les épaules.

- J'sais pas…
- Bah si, plein de fois ! Ma mère et mon père me traitaient super mal. J'pleurais beaucoup. Mon père m'a déjà donné des coups de pied ! Des fois j'repense à eux et j'en chiale parce que c'était super dur. Même avec le recul !

Dimitri s'étonna.

- Et si ça se trouve un jour ils vont se pointer chez moi pour me récupérer… Ca me fait peur ! Parce que je suis mieux chez Charlie et Léo !

Dimitri acquiesça.

- Toi bah… T'es pas mieux en étant ici mais dis-toi que tu pourrais être dans un foyer, ça craint encore plus, t'as été avec des orphelins, t'as vu comment ça se passe !
- Oui, oui…
- Bah… Tes parents ils sont pas parfaits mais je suis sûr qu'ils essaient !

Dimitri hocha la tête.

- Merci Yann.
- De ?
- … de tout.

Yann haussa les épaules et sortit Elecsprint. Le Pokémon renifla Dimitri et lui lécha le visage.

- Uhéééé…
- Il t'aime bien, ou alors tu t'es frotté avec du jambon…
- … il m'aime bien ! Affirma Dimitri.

***

- AAAAAAAAAH ENFIN !

Madame Mahaffey était une grosse dame dans une robe aubergine avec des lunettes.

- Enfin je rencontre Charlie ! C'est un plaisir !

Charlie sourit, sur le canapé avec Léopold.

- Alors. Charlie, Léo vous a-t-il raconté ce que nous avions travaillé en séances ?
- … Dans les grandes lignes !
- Excellent ! Alors, j'ai préconisé à Léopold de se concentrer, de se focaliser sur les points les plus importants de sa vie qui sont d'après son Top : 1 - Vous, 2 - Yann, 3 - Son travail, 4 - Ses Pokémon, 5 - Nell !

Charlie regarda Léopold, surpris.

- Nell en cinquième ? Quelle évolution !
- Yann a forcément pris sa place…
- Et… concernant son traumatisme ? Marmonna Charlie.
- Attendez. Ensuite j'ai fait un bilan avec Léopold entre les bonnes et les mauvaises choses qui lui étaient arrivées dans sa vie, et nous nous sommes aperçus que tous les malheurs de Léopold étaient provoqués par son désir de vous convenir.

Charlie regarda Léopold qui acquiesça.

- … comment je dois le prendre ?
- Quand vous vous êtes mis en ménage, Léopold a fait un nombre incalculable de concessions. Et finalement, vous Charlie en avez fait très peu.
- … ah ?
- Léo m'a parlé de tout le soutien qu'il vous avait apporté quand vous avez fait votre petite dépression suite à votre échec à l'examen de champion, puis suite à la mort de votre mère…
- Wowowow… Je préfèrerais que Léo me dise ces trucs-là lui-même !
- C'est compliqué, Charlie, Léopold se confie à moi et je suis une jarre dans laquelle Léo stocke son ressentiment !
- M… Mais pourquoi tu ne me dis pas tout ça à moi ? Geignit Charlie.

Léopold agita la tête.

- D'un côté tu comprends que c'est plus facile de me confier à quelqu'un qui n'a aucune implication personnelle dans ma vie, je ne suis qu'un patient pour elle donc je me confie facilement. Et surtout… euh…
- Léopold a du mal à vous parler parce qu'il a peur que vous vous fassiez du souci.

Charlie regarda Léopold.

- M… Mais c'est mon rôle de me faire du souci pour toi !
- Oui, mais pas trop et quand tu t'en fais ça me gêne !
- Léopold a également utilisé un très beau terme pour qualifier la dynamique de votre couple : « Une dynamique tendre ». Il a dit qu'il voyait les fondements de votre couple sur les gestes de tendresse. Le moment de la journée qu'il préfère c'est quand il se met au lit avec vous. Même seulement pour dormir !

Charlie regarda Léopold.

- T… Tu lui as parlé de… De nos rapports sexuels ?!

Léopold grimaça.

- Elle est spécialisée dans les couples gays et lesbiens, forcément…
- Léopold considère que vous et lui entretenez une complicité sexuelle parfaite et qu'en cela il n'éprouvait pas le besoin de vous tromper. Il satisfait son besoin de femmes par le biais des sites pornographiques et avec vous il trouve tout ce dont il a besoin.

Charlie hocha la tête.

- Heureux d'apprendre que je te satisfais pleinement…
- De rien ! Sourit Léopold.
- Et… et le traumatisme dans tout ça ? Fin j'veux dire meurtre, viol… C'est un peu pour ça qu'il était là à la base ! Sourit Charlie.
- J'y arrive, j'y arrive ! Je n'ai pas eu mon diplôme dans un Happy Meal !
- J'avais cru comprendre…
- J'ai déterminé avec Léopold ce qui me semblait être les points qui l'avaient le plus choqués dans son trauma.
- Et vous avez fait un top… marmonna Charlie.
- Il m'a dit aussi que vous étiez méfiant, suspicieux et rationnel. Il avait raison. Je ne suis pas un charlatan, Charlie, j'écoute, je pose sur une table et je propose mes déductions !

Charlie acquiesça.

- Léopold s'en veut terriblement. Il estime que tout cela est de sa faute.

Charlie plissa les yeux et regarda Léopold qui baissait la tête. Le brun voulait tenter un geste. Madame Mahaffey l'y encouragea. Charlie frictionna l'épaule de Léopold.

- En fait le problème majeur réside dans la façon dont cela s'est déroulé. Léopold a rencontré un couple, Frank et Pénélope Gilchrist.

Charlie hocha la tête.

- Il est devenu ami avec eux, et l'ennui c'est que Pénélope sabotait les obus qu'ils fabriquaient. En le découvrant, les dirigeants du camp ont commencé à mener une exécution aléatoire des ouvriers. Vous comprenez quel enfer Léopold a pu vivre.

Charlie hocha la tête, au bord des larmes.

- Le premier tué a été Frank. Le fiancé de Pénélope.

Charlie regarda Léopold, effaré.

- A la mort de Frank, Léopold s'est juré de protéger Pénélope. A ce titre, il s'est dénoncé à sa place. Il a cru qu'ils le tueraient et que tout serait fini. Mais au lieu de ça, il a été puni aux travaux forcés, lui et ses Pokémon.

Léopold commença à sangloter. Charlie plissa les yeux, serré contre Léopold.

- Et son surveillant, le maton Romuald, s'en est pris à lui sexuellement. La haine accumulée au bout de plusieurs mois à ce régime ont conduit Léopold à tuer violemment son agresseur. Mais plus que cela c'est la trahison qu'il vous a faite qui le ronge.

Charlie plissa les yeux.

- Oh, Léo ! C… Ce qui est arrivé pendant la guerre reste dans la guerre, je ne t'en veux pas et…
- Non ! Non, justement vous devez extirper cet évènement de la guerre. Léopold ne l'a pas perçu comme quelque chose qu'il pourrait laisser derrière lui ! Il était certain de mourir après tout ça. C'est sa survie qui lui pose problème. Parce qu'avec sa survie lui reste l'amertume !

Charlie secoua la tête.

- J… Je comprends pas…
- J'avais… Je m'en veux parce que je me disais sur le moment que je n'avais plus rien à perdre, toi y compris. J'aurais pu refuser ce viol, cette agression, ces travaux forcés, mais ça aurait exigé que je ne protège pas Pénélope. Et elle est morte quand même, par ma faute…

Charlie soupira.

- Je peux faire quoi ?
- En fait vous n'avez pas à changer grand-chose…
- Hm… Oui je… j'en conviens, enfin, on s'en sort plutôt bien, le psy c'était surtout pour qu'il extériorise, mais il a des réactions parfois…
- Léopold est quelqu'un qui fonctionne selon des associations d'idées, de souvenirs, il est très attaché au passé, votre relation compte pour lui parce que vous vous connaissez depuis votre plus jeune âge et surtout vous êtes son premier véritable amour !

Charlie sourit.

- Ca, c'est gentil !

Léopold sourit faiblement.

- Mon vrai conseil c'est que vous devriez multiplier les sorties.
- … et tu as été chez un psy pour ça ? Rachel aurait pu nous conseiller ça ! Grommela Charlie.
- Nan, nan, Charlie. Ca m'a fait trop de bien de parler avec Val. Depuis que Claire est maman, j'avais déjà plus beaucoup d'occasions de me confier à elle, là encore moins depuis qu'on travaille plus ensemble alors j'avais besoin d'une confidente.

La psy hocha la tête.

- Et aussi : Il vous demande d'arrêter de menacer de vous épiler le torse, ça le stresse !

Charlie écarquilla les yeux.

- … C… Comment vous avez pu passer de… La guerre à… ça ?!! Geignit Charlie.

***

- C'est très bon, madame.
- Merci jeune homme.

La table était bien austère. En effet le père aimait à regarder la télévision en mangeant. Yann trouvait ça bizarre, chez lui on parlait à table. Mais bon, il n'était pas chez lui. Dimitri mangeait calmement. Yann avait fini ses nouilles. Il attendit patiemment que Dimitri finisse son plat. Quand cela fut fait, le gamin sortit de table comme ça, normal. Yann plissa les yeux, haussa les épaules et suivit son copain.

- T'as ramené ton ordi ? Demanda Dimitri.
- Dans mon sac avec mon pyjama et ma brosse à dents.
- On va pouvoir regarder un DVD.
- Ca dépend, t'as quoi ?

Dimitri et Yann entrèrent dans la chambre, une petite chambre d'enfant où presque rien n'était déballé.

- Wow… Tu traines pas souvent ici…
- J'aime pas beaucoup jouer. Surtout seul.

Yann hocha la tête. Dimitri regarda ses DVD.

- … tu les as eu…
- De ma maison d'avant, c'est dans les trucs que j'ai récupéré. Orange Mécanique ?
- … J'crois pas que c'est de notre âge.
- Shining ?
- … pareil !
- Panique au village…

Dimitri prit la boîte du DVD. Ca avait l'air de parler de jouets animés.

- Là ça devient un peu trop gamin…
- Ca m'a tout l'air d'être le seul truc pas horrible… « La colline a des yeux » et « Cannibal Corpse » ça m'a pas l'air plus sage…
- Comment t'as un truc comme Panique au village au milieu de toutes ces horreurs ?
- … c'est que que la police m'a redonné, j'y peux rien…
- Ca craint, vieux !
- Je sais. Bon, Panique au village ?
- Panique au village…

***

Roland et Rachel étaient sur le canapé en attendant le ciné. Roland calculait la moyenne de ses élèves sur ce devoir.

- 10,3. Bon. Maintenant le classement…
- Ca doit être épique les remises de devoir avec toi ! Sourit Rachel.
- Ca l'est toujours.
- Roland, pourquoi tu veux pas qu'on ait un bébé ?

Roland leva les yeux au ciel.

- Tu connais la réponse.
- Pas vraiment. Tu as peur d'être comme ton père ?
- Ne sois pas idiote.
- Tu as peur d'être un mauvais père ?
- Non plus. Y'a pas « père » dans mon éventuelle réponse.
- Roland, dis-moi !
- Et toi, pourquoi tu as fait du hors-piste avec mon engin ce matin ?
- … Wow c'était carabiné cette métaphore !
- Merci, je m'exerce chaque jour !

Rachel plissa les yeux.

- Je sens que tu ne veux pas me le dire…
- Tu brûles…
- Roland !!!
- Rachel ça n'est pas une conversation qu'on doit avoir. Réponds à ma question, pourquoi ce matin tu as refusé que je réponde comme à mon habitude aux consignes de sécurité édictées par les pubs à la télé ?

Rachel soupira.

- Si je réponds à ta question, tu réponds à la mienne ?
- Oui !
- Envie pressante de sexe ! Voilà ! Toi maintenant !
- C'est tout ?
- Oui ! Mais ta réaction était tellement marrante que j'ai joué les évasives.
- Traitresse.
- Alors, dis !

Roland soupira.

- Je… n'ose pas discuter avec toi de certains sujets. Entre autre j'ai vite fait une croix sur le fait de t'offrir un Pokémon à Noël comme je le voulais au départ… à cause d'Ursaring…

Rachel grimaça.

- … j'ai peur de parler mariage avec toi à cause de Nathan, de parler Famille avec toi à cause de ce qui s'est passé avec tes parents alors que si tu le souhaites je suis ouvert à une visite à ton père ou à ta mère si tu en exprimes la volonté…

Rachel allait parler mais Roland continua.

- … et d'autant moins bébé à cause de ta fausse couche. Voilà, Rachel, si je ne veux pas qu'on en parle c'est parce que je pense que ces sujets sont encore sensibles pour toi et je n'ai pas envie de te mettre dans une situation embarrassante.

Rachel semblait défaite.

- … merde, je pensais pas que tu faisais attention à tout ça…
- Bah si. Roland est attentif en classe.
- Roland, je suis désolée…
- … de quoi ?
- Bah que tu aies peur de m'en parler, c'est un peu ma faute aussi !
- Non, pas du tout Rachel, qu'est-ce que tu veux y faire enfin… C'est juste moi qui…
- Roland, tu es connu pour mettre le feu aux poudres, pas pour calmer le jeu !
- Eh bah avec toi j'ai pas envie de mettre le feu aux poudres ! Tu as souffert de tout ça et je respecte cette souffrance !
- Bon… eh bah… Ca m'embête un peu mais tu n'es pas obligé de prendre des gants comme ça ! Je suis Rachel ! Rachel, celle qui se bastonne avec des administratrices psychopathes ! Tu penses qu'elle va instituer une tuerie dans l'établissement ?

Roland haussa les épaules.

- Oui ça pourrait être drôle. On instituerait la perte du bébé et le massacre au fusil comme traditions familiales… Quelle belle manière de fonder une famille !

Rachel sourit et regarda Roland.

- Tu vois, c'est une des raisons pour lesquelles j'aime être avec toi ! Tu dilues tout dans ton acide humour !
- C'est un talent, oui !
- Roland, si un jour l'occasion se présente…

Roland hocha la tête.

- Si je me sens prêt, si tu te sens prête… Oui ! Tant qu'on en parle, pour éviter un incident du type Malcolm…

Rachel plissa les yeux.

- Quoi, tu mets ce qui s'est passé entre mon frère et Claire sur le dos de… Claire ?
- Enfin Rachel, c'est évident que sur le coup, ils n'en ont pas parlé, que Claire s'y est très mal pris…
- Mac a été très con aussi, il faut le dire ! Les deux ont eu un réel problème de communication sur le coup !
- Oui mais Claire a trop voulu imposer ce bébé, à la place de Malcolm personnellement je me serais barré !

Rachel plissa les yeux. Roland plissa également les siens.

- J'ai dit une connerie ?
- Tourne ta langue sept fois dans ta bouche parfois !
- Je préfèrerais la tourner dans la tienne !
- Crade. Chut.
- Bwoooh… Il était à quelle heure ce film déjà ?

Roland écarquilla les yeux.

- IL COMMENCE DANS VINGT MINUTES !!!
- Oh la vache ! Vite-vite-viiiiite !!!

***

Yann et Dimitri passaient - à leur propre surprise - une très bonne soirée.

- Il est génial ce film ! Enfin cette suite d'épisodes transformée en film…
- C'est marrant sans être trop gamin ! Sourit Dimitri.

Ils se mangeaient un saladier de chips tout en regardant leur DVD.

- Finalement la vie craint pas tant que ça ! Sourit Yann.
- Maintenant que t'es là…
- Je sais, ouais, je mets l'ambiance.
- Quand tu vas partir demain ça va faire vide…

Yann haussa les épaules.

- Tu sais chez moi des fois c'est pas simple. Quand on sort j'ai l'impression d'avoir l'étiquette « Deux Papas » sur le front, c'est pas facile. La première fois qu'on est allé dans un fast-food, eux ils étaient à l'aise mais pas moi !

Dimitri plissa les yeux.

- Oui en effet ça craint.
- Et c'est juste un exemple. Mais des fois… J'me sens comme si j'étais gay aussi. Pas au fond de moi mais à l'extérieur.
- Hm…
- Et c'est lourd.
- J'crois que quelque part on aura toujours des problèmes… On sera jamais vraiment tranquilles… marmonna Dimitri.
- Ouais. Quand je vois à quel point les adultes autour de moi se prennent la tête, j'me dis que finalement aujourd'hui je suis dans une bonne situation.

Dimitri pencha la tête sur les côtés.

- Tu crois ?
- Crois-moi avec le recul plus tard… on dira que c'était pas si mal notre jeunesse.

Dimitri acquiesça.

- Moi mon personnage préféré c'est Cow-Boy.
- Naaaaan c'est moi, Cow-Boy !! Grogna Yann.

***

Charlie et Léopold rentrèrent à la maison.

- … ah oui c'est vrai que Yann n'est pas là… marmonna Charlie.
- Tu m'en veux pas ? Demanda Léopold.

Charlie s'étonna.

- De ?
- … de pas t'avoir dit tout ce que je lui ai dit ?
- Un peu, forcément, mais… au moins maintenant on sait à quoi s'en tenir et… je suis content que tu sois entre les mains d'une bonne personne et que ces séances te fassent du bien.

Léopold sourit.

- Merci.
- Maintenant…

Charlie étendit ses bras.

- Ces deux-là ne parlent pas beaucoup mais ils seront toujours là pour toi !

Léopold sourit et vint se blottir dans les bras de Charlie.

- Yann est pas là… on va pouvoir faire du bruit !
- Pourquoi tu crois que j'ai été aussi laxiste sur le fait de le laisser dormir ailleurs ?
- Charlie t'es immonde ! Ricana Léopold.

***

Roland et Rachel regardaient leur film.

- Tu te rappelles… chuchota Roland.
- Hm ?
- Quand on sortait ensemble la première fois. On a été au cinéma aussi.
- Ah oui… Pour voir une bouse infâme d'ailleurs…

Roland soupira.

- Retour à la case départ on dirait.
- On a grandi quand même. Je crois.

Roland acquiesça.

- On a grandi.

Rachel posa sa tête sur l'épaule de Roland.

***

Yann dormait au pied du lit de Dimitri.

- Tu fais gaffe demain en te levant, hein ?
- Au pire si j'te marche dessus…
- Non, Dimitri, pas au pire ! Pas du tout !
- Ok, ok… Le prends pas mal !
- Hmph…

Dimitri éteignit sa lampe et les deux commencèrent à s'endormir.

- … Yann, tu dors ?
- … si j'te réponds oui, tu m'croiras ?
- … non c'était juste pour savoir.
- Dimitri, parfois… Tu m'épates !
- Ah ouais ?
- Ouais… marmonna Yann.

Qui s'endormit néanmoins avec le sourire, et le sentiment d'avoir passé une bonne journée.