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Le noir, la mutation et moi... de ghost_grahyena



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Informations

» Auteur : ghost_grahyena - Voir le profil
» Créé le 03/11/2010 à 23:07
» Dernière mise à jour le 15/01/2011 à 03:34

» Mots-clés :   Drame   Présence de transformations ou de change   Romance   Suspense   Terreur

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Chapitre sixième - Démence...
Je me secouai, puis tentant de me contrôler et de reprendre mes esprits, je vis quelque chose de terrifiant. Drakkar était là. Non, ce monstre n'était pas Drakkar. Pas celui que j'aime. Ses émotions étaient telles qu'il tremblait de tous ses membres, et un nuage de brume noire sortit de sa gueule. Ses yeux devinrent rouges au lieu du bleu habituel. Son pelage devint plus sombre que tout ce que j'ai vu dans ma vie, et il était secoué de violents spasmes. De son bracelet exhiba une lueur grise, puis elle s'assombrit et il fut enveloppé en entier.
Il réussit à articuler deux mots mélangés à des grognements avant d'être complètement possédé :

«Excuse-moi.»

Dans un ultime effort, il leva la tête vers moi et lança un nuage de ténèbres qui m'enveloppa avant de me charger. Le nuage résista à l'impact de ses cornes tel un bouclier très puissant, tellement que je ne suis pas sûre que j'aurais pu survivre au choc. Alors je compris. Il voulait me protéger contre lui-même, ou plutôt celui qu'il n'était pas. Avec ses dernières forces, il avait créé un bouclier capable d'annuler ses attaques pendant un certain laps de temps. Pas éternellement.

Je savais qu'il ne me restait pas beaucoup de temps avant que tout lâche. Avant qu'il lance l'attaque fatale. Et que mes souvenirs se désagrègent en mille morceaux, laissant tous mes problèmes de côtés, puis que je succombe à la difficulté et à la cruauté de la vie, trahie par quelqu'un emporté par la souffrance et la rage, qui avaient explosées avant le temps voulu. Cette histoire ne pouvaient pas finir ainsi, c'était impensable, trop dur pour mon esprit et mon âme qui gisaient là, dans le vide.

Et ça arriva. Le bouclier succomba. Subitement, un Medhyena bondit dans la direction de la bête démente dans le but de faire cesser l'agitation de Drakkar, mais il se fit carrément happer au passage, puis son âme quitta son corps, désormais démembré, mutilé et vidé de son liquide vital. C'était triste à voir, et tout c'était passé en une dizaine de seconde. Mais le geste courageux du petit loup ne fit que rendre ma peine et ma culpabilité plus douloureuse, et du même coup retarder ma mort. Drakkar se tourna vers moi, le visage ensanglanté, de la même couleur que ses yeux.
Je sentais que ma fin était proche, maintenant que la distraction était passée et que le fauve avançait vers moi d'un pas menaçant. J'étais paralysée par la peur, et la scène me rappelait dangereusement notre rencontre, en plus macabre. J'avais de la difficulté à le fixer dans les yeux, tellement ceux-ci étaient surnaturels et effrayants. Mais une lueur d'espoir illumina mon cœur, et je l'aimais trop pour le laisser ainsi. Le ciel s'obscurcit aussitôt, puis des éclairs suivis de coups de tonnerre éclatèrent de tout part dans le ciel.

Ma conscience s'emplit d'un courage et d'une détermination sans égaux, tels que je sentis la puissance de la foudre solidifier mes os, stimuler mes muscles et gonfler mon pelage noir d'électricité statique. Mon bracelet me rajouta du pouvoir, puis je me sentis prête à le délivrer de sa démence. Je bondis vers lui, qui fit un brusque saut en arrière afin d'éviter mes griffes acérés. Je le paralysai, puis envoyai une gigantesque décharge électrique dans son bracelet et essayai de chasser la force obscure qui hantait ces lieux par une onde dont je ne sais même pas comment j'ai produite.

Je n'étais toutefois pas assez puissante pour purifier toute la forteresse, mais assez pour sauver Drakkar, qui s'était évanoui entre temps, mais qui avait retrouvé graduellement son apparence normale, ou du moins comme je l'ai rencontré pour la première fois. Avant d'aller le voir, je regardai autour de moi pour la première fois depuis mon arrivée. Il y avait un attroupement de bêtes noires, terrifiées par Drakkar. Et peut-être moi.

Ils me fixaient, mais je quittai mon observation afin de m'occuper de la bête étendue par terre. J'allai près de Drakkar, puis je frottai mon museau sur le sien afin de le faire sortir de son sommeil, ou en d'autres mots, du noir. Il ouvra doucement ses paupières qui cachaient ses yeux d'un indigo vif et brillant, puis m'adressa un sourire. Il n'avait plus l'air d'un carnassier assoiffé de sang, à mon grand bonheur. Il se leva, comme neuf.

À cet instant précis, j'eue un malaise. Tout commença à tourner autour de moi. J'avais mal. Je voyais double, et j'avais l'impression que mon bracelet se resserrait autour de mon avant- bras. J'eu de puissantes convulsions, puis ma vision fut progressivement teintée de rouge. J'avais mal à la tête et mon champ de vue se déforma. Je vis le visage inquiet de Drakkar devant moi, mais je n'étais pas sûr que ce soit lui.

«Détends-toi et reprend le contrôle. Tu vas y arriver.»

Je pense que c'était sa voix. Mais j'avais de gros doutes. Ma tête allait exploser. Un puissant cillement envahie mon cerveau. Les convulsions étaient de plus en plus puissantes, et mes pattes tremblaient. Une vague de chaleur parcourue mon corps.

«Relaxe. Plus tu résisteras, moins tu auras le contrôle.»

Le monde bascula de l'autre côté. Celui du noir. Je ne sentais plus mon corps, sauf la patte où il y avait le bracelet. J'avais l'impression qu'on la tranchait à chaque seconde, mais qu'elle était encore là. J'étais incapable de penser, de raisonner. Je ne voyais rien, que du noir. Je n'étais pas calme, ni énervée. Ni contente, ni frustrée. Je ne savais même pas si mon corps et mon esprit existaient encore. Je n'entendais rien, mis à part un fort cillement très désagréable.
J'eus l'impression temporaire que j'étais en chute libre, puis mon état eut enfin arrêté d'empirer. Ma vision reprenait tranquillement une, puis deux, trois couleurs et ainsi de suite. Par contre, je ne sentais pas plus mes membres qu'il y a... Oh, et combien de temps ? Une, peut-être deux minutes. J'avais espoir de retrouver quelque chose que je connais. Un visage, une voix, un endroit, une odeur…

Mon cerveau retrouvait légèrement ses capacités. Une image commençait à se former devant moi, tandis que le contrôle de mon corps m'échappait toujours. Le noir était dominant dans ce que je voyais, mais des visages de Pokémons étaient toutefois visibles. Ils bougeaient. Leur expression était… un mélange de haine, de pitié, de tristesse, de colère, mais de toutes ces émotions ressortait un soupçon d'amour. Ils avaient tous la même expression faciale, bien que très différents.

Ma mémoire se fraya enfin un chemin dans le chaos, puis je reconnus ces visages pourtant si familiers. Une grande truffe, des motifs là où les yeux, de grandes oreilles, des yeux vifs et lumineux. Une paire de cornes dont une est fendue, une cicatrice, des yeux indigos brillants. Un pelage lustré, une crinière touffue, de longues oreilles, des yeux révélateurs. Math, Drakkar et Java. Des rivaux éternels, des amis précieux.

Avez-vous déjà fait un rêve dont on est le spectateur ? Imaginez cela, mais dans la réalité. Là où la douleur n'est pas perdue dans les songes, où un coup de griffe fait mal. Les trois bêtes étaient plantées devant moi. Elles me contemplaient. Puis, elles changèrent de position. Un donna un coup de griffe à l'autre, l'autre riposta. Le troisième mordit la patte d'un. Celui-ci encorna l'autre. Une bataille était née, si vite. La poussière s'élevait haut dans le ciel. Moi j'étais là, immobile.
Je regardais la poussière sablonneuse retomber, puis s'envoler. Les fauves commençaient à être épuisés. Ils se battaient néanmoins avec beaucoup de vigueur, et j'avais l'impression qu'ils m'ignoraient. Je décollai alors mon regard des majestueuses bêtes, puis me tenta d'observer le paysage. Aucun arbre, ni même de relief. Pas de vert. Que du sable et un peu de terre mélangé à du gravier.
Des Pokémons noirs qui marchaient d'un pas automatisé, chacun munis d'un bracelet. Des cages empilées par dizaines près des frontières constituées de piliers de bois d'environ cinq mètres de haut fixés solidement par… une force psychique ! Un puissant champ de force cernait le gigantesque corral. Quelques humains dispersés ici et là, ayant pour seule occupation d'enchaîner les malheureux Pokémons qui ne répondaient pas à leurs attentes, quelles qu'elles soient. Nous étions en plein milieu de la place, et personne n'osait arrêter la bagarre, de peur d'y laisser sa peau.

J'obtins enfin le contrôle de ma gueule, me permettant ainsi de hurler afin d'obtenir l'attention et d'arrêter le combat. Sans résultat. Je n'avais pas retrouvé mes sens, à ma grande déception. Je ne savais pas exactement pourquoi c'était ainsi. La jalousie guettait mes compagnons, maintenant que j'étais là, alerte. On dirait qu'ils pensent tous que je ne peux pas vivre sans quelqu'un pour me protéger, que je suis fragile et dépendante de tous ceux que je rencontre. Mais c'est totalement faux. Je suis plus que ça. Qu'importe, je m'aperçus de quelque chose de bien plus grave; Java et Math faisaient équipe pour tuer Drakkar. Je ne m'en faisais pas pour lui, mais, en ce lieu, il contrôlait très mal ses pouvoirs et il y avait de grandes chance qu'il tue un de ses deux opposants, ou pire encore; les deux.

Java le brûlait sans relâche, ce qui ne faisait à Drakkar aucun effet puisque lui aussi maitrise la flamme. Java pensait que ça marchait bien, mais non. Quant à lui, Drakkar faisait du mieux qu'il pouvait pour ne pas les calciner vifs. Pour moi. Il avait de toute façon créé un bouclier le rendant indemne après chaque attaque qui n'était pas physique. Math le mordait continuellement, essayant je ne sais comment de fendre encore plus sa corne brisée. Ça, par contre, Drakkar le sentait, et il n'aimait pas ça du tout.

Il était à moitié couché, puis il se leva avec une puissance extraordinaire et renversa les deux Pokémons, qui furent projetés quelques mètres plus loin. Le choc fut dur; Java poussa un gémissement plaintif, et Math réussit à contenir la douleur. Le Démolosse approcha son visage des deux bêtes impuissantes, puis leur adressa un message très clair.

«Que je ne vous revois plus, ou vous mourrez d'une mort atroce. Je vous en donne ma parole.»

Il ne blaguait pas. J'aurais aimé intervenir, mais j'étais encore paralysée. Une larme coula le long de ma joue, jusqu'à tomber à mes pattes. Tout le monde avait vu le sillon bleuté se former sur mon visage. Et cela eu un impact, plus que mon hurlement de tout à l'heure. L'eau salée avait tombé si vite par terre. Mais mes trois amis l'ont vu. Toute violence a cessée.