Chapitre troisième -Maléfique un jour, maléfique toujours...
À mon réveil, la première chose que je vis, c'était une horde de Pokémons noirs, maléfiques. Ils étaient environ une dizaine et c'était tous des Pokémons félins ou canins. Leurs regards étaient vides. Java en faisaient partie. Je me sentais comme possédée, et je ne contrôlais plus mes mouvements. Je les suivais contre mon gré, sans savoir où j'allais. Soudain, je me sentis étrangler. Une chaîne m'emmena à l'écart des autres, si vite qu'ils ne s'en aperçurent même pas. On m'enchaina les pattes, si bien que je ne pouvais plus marcher normalement. Je repris enfin le contrôle de mes mouvements. Je ne m'étais même pas aperçu qu'ils venaient de m'enlever un collier qui me contrôlait autant physiquement que mentalement.
Je me débattis, sans résultat. On m'avait même mis une muselière. On me traina dans un enclos très petit sans m'ôter tous ce bric-à-brac qu'on m'avait fait enfiler de force. Environ quinze minutes plus tard, un scientifique à l'allure étrange était venu me chercher et m'attacha à une table d'opération. J'avais très peur. Il me mit un bracelet noir ou il était gravé une tête de mort. Mon corps s'emplit alors d'une puissance que je n'avais jamais ressentie auparavant. Je sentis alors le besoin de tout détruire, de tuer tout ce qui bougeait.
On me mena à une cage. J'y restai plus de trois longues heures. Je ne me contrôlais plus, je grugeais les barreaux, comme si je pouvais les manger. Brusquement, un Démolosse à la corne fendue qui passait par là s'échappa et fonçai sur ma cage. La serrure céda sous l'impact du chien maléfique. Un combat entre lui et moi éclata. Je fis tomber involontairement un éclair sur le dos de mon adversaire. Je le griffai, à la hauteur de son œil droit. Il me déchira l'oreille. Ça faisait une douleur atroce, mais le sentiment de vengeance était mille fois plus fort. Je le paralysai, puis je le mordis à mort. C'est seulement maintenant que je me rendis compte que j'étais, moi aussi, devenue noire et grise.
Tout le monde, humain ou Pokémon, qui essayait de m'arrêter se prenait une décharge électrique ou une morsure au visage. Je fonçais tout droit, sans réfléchir aux conséquences de mes actes. Un Absol me bloquait le passage. Il me coupa au visage avec sa lame. Je le mordis au cou et je gardai l'étreinte aussi longtemps qu'il le faudrait pour le tuer. Je ne me serais jamais crue capable de faire une chose pareille. Il mourut. Et j'en étais contente. J'étais en sang et je n'ai jamais été aussi satisfaite. Soudain je m'envolai et une boule de lumière m'aveugla. Quand je redescendis du ciel, j'avais évoluée.
Je courais à en perdre haleine. Des enjambées tellement plus grandes, plus puissantes. Des sauts inimaginables. Une mentalité plus forte que de l'acier. Mais mon esprit, tel l'acier, ne pouvait pas résister à Math. Ce fut d'ailleurs lui qui stoppa ma course effrénée. Mais ce ne fut malheureusement pas pour des retrouvailles. Il grogna, moi de même. Je le reconnu, mais pas lui. Après tout, j'étais noire et j'avais évoluée. Ma avant que je puisse comprendre en détail la situation, je bondis sur lui, l'électricité fusant dans mes veines, le bracelet n'ayant pas perdu de son étrange pouvoir. C'était très pénible de ne pas pouvoir se contrôler, d'enfoncer ses crocs dans la chair tendre de son meilleur ami sans pouvoir y changer quoi que ce soit. Il hurla de douleur, puisque je venais de toucher son point faible, exactement le même emplacement que Java avait transpercé quelques heures plus tôt.
Son hurlement m'a perforé le tympan. Prise de panique, je me suis enfuie. Ce que je n'aurais pas dû faire. La forêt était plus silencieuse que jamais, son seul bruit étant le froissement des feuilles les unes contre les autres. Mais seule cette silencieuse friction me faisait souffrir horriblement. Je m'en voulais terriblement pour ce que j'ai fait. En une seule nuit, j'ai tué plus d'une dizaine d'êtres vivants et j'ai failli enlever la vie de mon meilleur ami. J'ai légèrement ralentie la cadence, reprenant peu à peu mon souffle, qui, je le croyais, était indéfini.
J'étais très faible et j'ai essayé de me reposer, sans résultats. Je ne pouvais pas m'ôter l'expression apeurée, toutefois en laissant une lueur de vengeance dans le reflet des yeux du défunt absol. Tuer les humains m'importais toutefois peu, après tout ce qu'ils ont fait à moi et mon entourage. Après tout, ce bracelet est d'origine humaine. Ce maudit bracelet… Que je portais d'ailleurs encore…Comme quoi tous ces regrets ne sont peut-être pas tous justifiés.
La faim vint alors me piquer les narines, interrompant ma réflexion. Je sentis aussitôt l'odeur délicieuse d'un Tengalice passant par là. De tout évidence, il était énorme, et plus fort que moi. Mais j'avais faim. Et la faim est la seule chose au quelle on ne peut résister. C'est alors que je l'aperçu. Il faisait bien un mètre et demi, et était très costaud. Tout de suite, il sentit ma présence. Mes muscles se chargèrent aussitôt d'une puissance accrue. Non seulement à cause de mon évolution, mais également à cause du mystérieux bracelet qui doublait ou triplait mes pouvoirs, selon mon humeur.
Et je n'étais pas de très bonne humeur. Ceci dit, je ressentis l'effet du bracelet, une force inouïe qui s'ajoutait à mes pouvoirs dévastateurs, courant à travers mes veines. Je ne me contrôlais plus. J'étais entrée dans ce genre de transe, qui me parcourait l'échine pour une deuxième fois. Je m'élançai directement sur ma victime et la paralysai d'un fort éclair suivit d'un coup de tonnerre qui glacerait le sang de quiconque l'entendrait. Je lui mordis la nuque, ce qui eut l'effet involontaire d'annuler la paralysie momentanée.
Je quittai le sol contre mon propre gré et m'éleva, emportée par une tornade végétale s'élevant au-dessus de la cime des arbres. Je me débattais, sans résultats. Les feuilles et les branches qui tournoyaient au-dessus de ma tête m'étourdissaient. Puis tout s'arrêta et je retombai durement sur le sol, toutefois sur mes quatre pattes. Ma furie s'amplifia considérablement et des éclairs fusaient maintenant du ciel tout entier. Un arbre s'arracha du sol et fonça sur moi à toute vitesse, emporté par la force mentale du Tengalice. Je l'évitai aisément et il alla s'écrasé sur une falaise non loin de là. C'était à ce moment qu'un éclair s'était abattu sur le crâne du Tengalice.
Il vacilla, et la violence de l'éclair en eut bientôt finie de lui. Il tomba à la renverse, et la tornade de feuille mourut avec lui. Soudainement, la forêt redevint extrêmement calme… L'odeur du sang chaud et frais me parvint assez vite au museau et j'eue vite fait de le dévoré. Du sang sur le coin de la gueule, je continuai ma route. La forêt semblait sans vie, le peu de Pokémons qui restait ayant assistés au massacre, me fuyais désormais. J'étais seule, et désormais redoutée.
J'avais enfin pu fermer l'œil une petite demi-heure. J'allai aussitôt me rafraichir dans le lac. Je vis l'image d'une créature sanguinaire parmi les étoiles et la lune, qui semblais elle aussi me redoutée, se comprimant pour ne pas être dans l'effigie d'un monstre aussi ignoble que je suis. J'observais le portrait du tueur parfait, qui, et j'en avais l'impression, n'en était pas à sa dernière victime.
J'eu beau me lécher et me frotter aussi bien que je pu, le noir ténèbre de ma fourrure ne se délava même pas. Subitement, une silhouette surgit des buissons. Un majestueux Grahyena. Math. Je courus le plus vite que j'ai pu pour le rejoindre. Il eut un grand mouvement de recul.
-Math, c'est moi!
Il eut de grands yeux.
-Mais… Tu m'as attaqué! Ça ne peut pas être toi.
La bête grogna légèrement.
-Oui, j'ai été sous l'emprise d'une force maléfique, il faut que tu me croies.
Il céda. Une lueur d'espoir emplie ses yeux. Je l'enlaçai aussitôt. Son odeur caractéristique parvint à ma truffe. Ce qui, sans que je m'en rende compte, activa le bracelet.