Je voudrais pas... de dragibus57

Nath était impatiente de se rendre à Féli-Cité pour y découvrir cette fameuse affaire des Iles Orange à laquelle son patron avait fait allusion. Elle pensa un moment repartir directement pour Sinnoh et passer une nouvelle nuit à l'hôtel de Verchamps.

Mais sa raison lui dictait de retourner d'abord chez elle, à Doublonville - ne serait-ce que pour nourrir ce pauvre Mimi…
D'une part il était déjà tard et voler de nuit n'était pas son fort, d'autre part elle voulait en profiter pour se reposer quelques heures.
Les vols à répétition, aussi agréables soient-ils, n'arrangeaient pas ses problèmes de dos et la fatiguaient plus que si elle avait été en bonne santé.

Quand elle pénétra dans son appart', suivie de Machopeur qui trimballait son imposante valise, le désordre et la poussière lui sautèrent à la figure. A force de vivre dedans, elle ne s'en était pas rendu compte, mais son intérieur avait besoin d'un sérieux coup de plumeau !

Découragée par l'ampleur du travail qui l'attendait, crevée, affamée, elle se laissa tomber sur son canapé et faillit craquer une fois de plus. Elle posa sa tête sur un gros coussin en forme de cœur, très kitch, et ferma les yeux.

Lucario, ce brave Lucario, s'activa en cuisine et revint peu après muni d'un énorme plateau repas. Des pâtes au beurre, deux œufs au plat, une salade verte accompagnée d'une vinaigrette sans moutarde - donc sans sel – et un yaourt aux fruits d'une marque très connue et dont elle raffolait.

Puis il fit un peu de ménage. Il ramassa les vêtements qui traînaient un peu partout, fit tourner une machine et passa l'aspirateur. Macho' lui donnait un coup de main, déplaçant les fauteuils, soulevant la table basse au-dessus de sa tête pour que le loup bleu puisse nettoyer partout correctement.

Miaouss les regardait faire en miaulant de temps en temps. Voilà deux jours qu'il devait se contenter de vulgaires croquettes et il espérait bien que l'un des deux humanoïdes allait lui ouvrir le frigo.

Nathalie, son repas avalé, ne veilla pas longtemps. Elle s'endormit d'un sommeil lourd de médicaments et ne se réveilla pas de la nuit.

Le lendemain, elle commença par appeler la chaîne Féli-Télé pour tâter un peu le terrain. Elle n'était pas du tout certaine de pouvoir débarquer comme ça et demander à consulter les archives…
Mais à sa grande surprise, elle était attendue. Ou plus exactement, on attendait son coup de fil. Visiblement, le sésame de son patron avait fonctionné : le directeur de la chaîne était prêt à l'accueillir et à lui montrer tout ce qu'elle souhaitait.
- En souvenir du bon vieux temps et de ce cher Borg, lui avait-il dit en guise d'explication.

Quelques heures et quelques courbatures plus tard, elle était assise dans une salle vidéo, devant un café fumant, en compagnie d'un monteur assistant.
- On m'a dit de vous passer tout ce que vous voulez, lui dit-il.
- Hum… Et bien, je voudrais visionner ce que vous avez concernant une affaire de Kabuto aux Iles Orange, répondit-elle en se remémorant la conversation téléphonique avec son patron.
- Vous avez la date ?
- Non, désolée …
Elle ne pouvait pas en dire plus, puisqu'elle ne savait même pas de quoi il retournait…

Le jeune homme consulta l'ordinateur relié à sa table de montage et tapa « iles orange, Kabuto » dans son moteur de recherche. Une série de liens apparut, que Nathalie lut par-dessus son épaule.
Elle pointa soudain son doigt sur l'un d'eux :
- Celui-là s'il vous plaît…

Un clic plus tard, elle découvrait une vue panoramique de l'une des Iles, puis un zoom sur un groupe et enfin un plan rapproché de l'infirmière Joëlle. La caméra se déplaçait ensuite sur la gauche, pour filmer d'autres personnes, en tenue de randonnée. A l'arrière plan, on distinguait un campement, avec tentes et équipement de bivouac.
La vidéo ne montrait rien de plus.

- Vous savez ce qu'ils font ? demanda Nathalie au monteur.
- Non, mais je peux trouver d'autres rushes, maintenant que je sais ce qui vous intéresse.
Après avoir visionné plusieurs vidéos, elle fut en mesure de reconstituer les faits.

Une équipe de reporters de Féli-Télé s'était rendue sur l'une des Iles Orange, il y a déjà quelques années de cela, pour tourner un documentaire sur des fouilles archéologiques. Un groupe de paléontologues venait en effet de mettre au jour des restes fossilisés de Kabuto.

Les journalistes avaient interviewé l'infirmière Joëlle, responsable de l'expédition, qui avait alors fait une importante révélation : elle cherchait à étudier l'huile de Kabuto, qui serait une source de vie éternelle, pour en trouver d'éventuelles applications médicales.

Nathalie eut toutes les peines du monde à dissimuler son excitation. Elle venait enfin de mettre le doigt sur le mobile des disparitions de fossiles Dôme ! Quelqu'un cherchait à extraire des Kabuto cette fameuse huile aux propriétés si extraordinaires.

D'autres rushes montraient que l'expédition avait été compromise par l'intervention de la Team Rocket. Jessy et James s'étaient emparés des précieux fossiles avant de détruire la grotte où ils reposaient.
Mais sous l'effet des rayons de la lune, les Kabuto étaient sortis de leur long sommeil et avaient réussi à s'échapper. Toute l'île s'était alors effondrée, provoquant la montée des eaux et obligeant les paléontologues à s'enfuir en radeau.

Une fois la mer calmée, scientifiques et journalistes avaient pu voir les Kabuto partir à la recherche d'un nouveau refuge. D'un commun accord, ils avaient décidé de ne rien révéler de leur fabuleux secret afin qu'ils puissent vivre en paix.
C'est pourquoi ce reportage n'avait jamais été diffusé…

Nath remercia le jeune homme et quitta le bâtiment.

Elle exultait ! Elle, simple chroniqueuse d'une petite chaîne radio, avait réussi là où la police avait échoué. Elle allait enfin damer le pion à ce grand dépendeur d'andouilles de Mahdid !
Que devait-elle faire à présent ? Sa conscience civique l'incitait à informer le lieutenant de sa découverte.
Mais un sentiment beaucoup plus fort la submergea.

L'espoir.
L'espoir fou et insensé que cette huile miraculeuse allait peut-être la guérir. Qu'elle allait faire reculer cette saloperie de sclérose en plaques qui lui bousillait les nerfs. Qu'elle ferait reculer le spectre terrifiant du fauteuil roulant. L'hydre abominable de la dépendance et de la déchéance.

Sa décision fut vite prise. Il fallait absolument qu'elle se procure de l'huile de Kabuto et ce, avant que la police ne mette la main dessus.
Ne serait-ce qu'une petite fiole… Juste de quoi ralentir la dégénérescence des cellules nerveuses. Juste pour gagner quelques années. Juste pour rester digne un peu plus longtemps… S'il vous plaît, quelques gouttes !

Sa prochaine étape serait une petite visite à l'infirmière Joëlle, la seule qui pouvait encore lui fournir un renseignement, une piste qui la guiderait vers les fossiles disparus.
C'est donc d'un pas décidé qu'elle se rendit au Centre Pokémon de Féli-Cité.