Chapitre 3 : Au revoir Rosalia
***** Rosalia, Johto *****
Il fallut plusieurs jours à Rainy pour prendre une décision, et même après ce délai, elle n'était pas certaine de quoi faire. Il était évident que le discours de son frère ne la convainquait pas, mais elle ne rejetait pas le fait de partir à l'aventure, seule (ou presque) et loin des parents. Et même si son esprit pragmatique lui interdisait de croire les âneries qu'il racontait, au fond d'elle, elle n'était pas non plus contre le fait de partir sauver le monde, bien qu'elle ne sache de quoi. Pendant ces jours d'attente, Arthur ne cessa de lui en parler et lui implora de ne pas en parler à leurs parents, que ça devait rester entre eux.
A la Tour Carillon, des équipes de spécialistes humains s'étaient mis à enquêter sur les causes de sa destruction, car il n'en restait absolument rien, si ce n'est l'énorme lance d'or plantée dans le sol que personne n'avait osé dégager, de peur de froisser encore plus la divinité des lieux. Très peu de Pokémon natifs avaient été retrouvés et n'en dégageant aucune explication, beaucoup croyaient à la colère de Ho-oh. Chaque nuit, Arthur sortait et allait à l'emplacement de la Tour Carillon. Désormais, il ne craignait plus les lieux et s'était même familiarisé avec les spectres toujours en vie. Sa promenade dans le domaine s'achevait devant le lourd pilier en or stylisé. Il s'asseyait devant celui-ci et le touchait, ressentant une grande chaleur. Au cours de ces nuits blanches, il s'entraînait également au combat, tentant de manier de nouveau l'aura comme il l'avait fait au sommet de la tour. Même s'il n'était toujours pas certain que ce fut une bonne idée, le Riolu voulait ardemment partir et explorer le monde, voir le sauver s'il le fallait.
« Eh Arthur ! lui dit sa sœur alors qu'une fois de plus il s'apprêtait à sortir. Pourquoi chaque nuit tu t'en vas à la tour ?
C'était rare qu'elle l'appelle par son prénom. En effet c'était la plus part du temps des surnoms méprisants qu'elle utilisait.
- Je me sens bien, là bas. Et je m'entraîne aussi. Tu devrais venir, il y a quelque chose que je pense, tu aimerais voir.
- J'ai besoin de dormir, tu sais ! dit Rainy.
- Si le monde est détruit, tu ne pourras plus dormir du tout. Puis pour tout ce que tu dors, une nuit de plus ou de moins ne changera rien !
Après un grognement de mécontentement, la Riolu s'extirpa de ses draps et rejoignit son frère, qui venait d'ouvrir la fenêtre. Ils se retrouvèrent donc dans le jardin, et c'était la première fois que Rainy sortait en pleine nuit.
- J'ai froid ! se plaignit-elle.
- Ne t'en fais pas, ça ira mieux tout à l'heure, dit Arthur en pensant à la chaleur de la pique d'or.
Sa sœur ne comprit pas et de ce fait ne trouva rien à redire, se contentant de suivre le Riolu. Ils arrivèrent au portail et celui-ci était encore plus barricadé que lorsque la tour était debout. Mais Arthur savait comment monter : depuis l'arbre. Rainy n'était pas rassurée à l'idée de rentrer dans le domaine de nuit, mais son frère l'impressionnait car pour une fois, il était assuré. Après avoir passé le petit bâtiment d'entrée, ils débouchèrent sur le chemin menant à l'emplacement de la tour. Tout autour, la forêt était calcinée et les spectres erraient sans but parmi ces arbres morts. A son arrivée, Arthur siffla doucement et tous les Pokémon se retournèrent vers lui, soudains heureux, avant de le rejoindre.
- Des... Des fantômes ! paniqua Rainy.
- Calme-toi ! lui dit son frère. Ils sont gentils.
En effet les Pokémon voulaient jouer avec le Riolu et celui-ci leur proposa qu'ils les accompagnent jusqu'à la pointe d'or. Les deux frères et soeurs reprirent ainsi leur marche, escortée par une dizaine de spectres joyeux. Il leur fallut quinze bonnes minutes de route avant d'atteindre leur but, et à la vue de cette sculpture enfoncée ainsi dans le sol, Rainy fut impressionnée.
- Approche-toi, dit Arthur en la tirant par le bras.
Il posa la patte de sa sœur contre la surface métallique, et la Riolu en ressentit la chaleur, étonnée.
- C'est tout ce qui reste de la tour, continua-t-il. Cette pique est tout le temps chaude et de l'énergie semble s'en échapper. Si tu as froid, tu n'as qu'à rester contre elle. Moi je vais aller m'entraîner.
L'écoutant, Rainy se blottit contre le pilier en or, et observa son frère s'entraîner au combat. Les spectres lui envoyaient des Ball'Ombre qu'il devait éviter, au risque d'être blessé à leur contact. Parfois, il joignait ses mains et poussait au sol, mais la Riolu ne comprenait pas bien pourquoi. Cependant elle le comprit lorsqu'alors qu'il reprenait cette position, des nervures bleues apparurent sur ses pattes, avant de se transmettre dans le sol et que celui-ci explose en une tornade bleue. Voyant ce spectacle, elle en resta bluffée, ne sachant quoi dire.
- J'ai réussi, dit Arthur aux spectres, tout fier.
Un d'eux lui fit comprendre qu'il devait continuer, de sorte qu'il puisse le réussir lors du premier coup. Le Riolu acquiesça et s'acharna, réussissant parfois à produire une explosion. Une heure passa et Rainy ne se lassait pas de voir cette belle énergie bleue. Mais son frère prit alors la même position que s'il créait une Aurasphère, et au bout de longues secondes, une boule bleue instable apparut.
- Tu dois stabiliser ton énergie ! lui cria Rainy, soudain entraînée et crispée pour son frère.
Celui-ci l'écouta et se concentrant encore plus, fit grandir la sphère qui peu à peu, prit une belle forme ronde. Lorsqu'il arriva à sa limite, il tira son projectile sur un arbre, qui explosa. Sa sœur se précipita vers lui.
- C'est incroyable ! Tu maîtrises vraiment l'aura ! Depuis quand ?
- Depuis que je suis allé à la Tour, lui rappela Arthur. Et toi tu sais l'utiliser ?
- Oui... Je sais faire une Aurasphère ! »
Alors le Riolu s'écarta et elle prit place, préparant son attaque. Celle-ci fut exécutée plus vite que celle de son frère, mais étonnement eut moins de puissance. Durant les heures qui suivirent, ils s'entraînèrent tous deux mutuellement, et à ce moment Arthur se sentit vraiment proche de sa sœur. Ils rentrèrent chez eux vers trois heures du matin et y revinrent le jour suivant, et ainsi de suite. A chaque fois qu'il y allaient, ils discutaient avec les spectres et s'exerçaient au combat, soit contre leurs amis soit l'un contre l'autre.
« Hé Arthur, dit un soir Rainy, tu veux toujours partir ?
- Oui, pourquoi ?
- J'y réfléchissais et... peut-être que j'aimerais venir avec toi ! Mais j'aime bien aussi comment on vit en ce moment, à s'entraîner la nuit, et je n'ai pas envie que ça s'arrête.
Le Riolu fut étonné et touché par les paroles de sa sœur, et se redressa sur son lit.
- Moi aussi j'aime la vie que je mène en ce moment, lui répondit-il. J'ai toujours voulu être proche de toi et je peux enfin l'être, mais je n'aie pas le choix, si ce que m'a dit Ho-oh est vrai, alors je dois sauver le monde.
- Tu sais où aller au moins ?
- Non, répondit Arthur en réfléchissant. Je crois qu'il me faudrait parcourir le monde et c'est en chemin que je découvrirai où je dois me rendre. Je veux partir avec toi, et trouver plein de compagnons sur la route.
La Riolu soupira longuement.
- Je pense que je ne peux pas laisser mon frère partir seul sur les routes. C'est d'accord, je viens avec toi, mais tu n'as pas intérêt à me causer de problèmes !
Arthur sourit et se rallongea.
- Dès le moment où on devra sauver le monde, on va s'en attirer des problèmes, dit-il.
Rainy sourit à son tour.
- On n'en parle pas à Papa et Maman, j'imagine ? demanda-t-elle. Ça m'étonnerait qu'ils veuillent nous laisser partir.
- Tu as raison, dit Arthur. Ils finiront bien par comprendre. »
Alors les frères et sœurs se rendormirent afin d'être prêts à la journée qui allait suivre, une longue journée qui les préparerait à leur départ.