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Destins liés ~Crépuscule~ de fan-à-tics



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» Auteur : fan-à-tics - Voir le profil
» Créé le 25/04/2010 à 01:54
» Dernière mise à jour le 25/04/2010 à 01:54

» Mots-clés :   Présence de personnages de l'animé   Présence de poké-humains   Présence de shippings

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Episode 48:Tu cesseras de craindre, en cessant d'espérer -2-
Voilà le nouveau chapitre !! Je tiens à remercier particulièrement GerminoKanon et Mixy qui m'ont bien encouragée pour le finir ! Et je vais y arriver ! Je vais finir ce maudit Arc ! Je le sens bien ! Puis je vais tous vous faire chialer avec la mort de…

*se fait assommer par sa conscience avant de lâcher l'info*

Bref, après tout ça, je vous souhaite une bonne lecture et j'attends vos impressions, sans elles, j'aurai du mal à terminer cet arc je crois !

Allez SALUT !

Dans le prochain épisode : Le combat final contre Giovanni / Le mystère de la Fosse / Daniel qui devient champion de Bobsleigh (what ?) et deux bisous que de nombreux (j'exagère) fans (idem) attendent ! Saurez-vous deviner lesquels ?

Allez, see you soon !

-Chapitre 48-

Rhode était définitivement, une région sèche, désolée, absolument infecte. La chaleur suffocante suivait l'errant partout, le vent chargé de sable s'infiltrait en lui avec perversité, même les petites oasis autour desquelles se formaient les cités n'apportaient pas vraiment de fraicheur.

Suante, à bout de souffle, Marion inspira profondément ; assise sur le rebord d'une fontaine. Pour une dresseuse spécialisée dans l'élément glace, ce désert prenait des allures de l'enfer. Jouant un peu de l'éventail, avalant une goulée d'eau fraîche, la blonde, cousine de Lucas, se sentait sur le point de défaillir. Ses Pokémons barbotaient dans le bassin central et elle les enviait sacrément.

Elle comprenait les sentiments de Peter, de ne pas la vouloir au Qg tant que Sunny s'y trouvait, et elle le remerciait de sa gentille attention. Mais quand même ! Rhodes !

Marion soupira profondément. Elle remarqua des enfants, dans un coin de son champ de vision, essayant de fouiller son sac, pour lui piquer quelques trucs. Ravis d'avoir dénichés des bonbons à la menthe et quelques pokéballs rares, ils s'enfuirent en courant, se prenant pour les meilleurs voleurs du monde.

La blonde sourit. A elle, ça ne lui coutait pratiquement rien, avec son poste de championne, elle touchait un très bon salaire et se savait hors de danger, alors que ces gamins se servent, ils en avaient plus besoin qu'elle.

Ah, si Peter pouvoit la voir ainsi, à suivre son exemple, le cœur sur la main ! Il serait ému, et avec un peu de chance, répondrait à ses sentiments, malgré leur grande différence d'âge. Mais encore faudrait-il pour ça qu'elle ne se trouve pas à Rhodes !

Sa seule consolation, c'était qu'au moins, elle n'avait pas affronté le regard de Sunny, ni la vision de son corps difforme, par sa seule faute. Peut-être était-ce aussi pour ça, que Peter l'envoyait sans cesse en mission depuis 4 mois, pour lui faire rattraper son retard ? Nan, le maître Dragon était juste prévenant et attentionné, il ne désirait juste pas qu'elle souffre de sa culpabilité. Son geste tendre pour la réconforter le soir du drame le prouvait bien ! Elle avait encore une chance, qu'importe qu'elle atteigne à grande peine les 20 ans et lui les 30. Elle obtenait toujours ce qu'elle convoitait !

Les murmures étouffés de la foule la dépêtrèrent de ses songes éveillés, et elle tendit l'oreille, par habitude. Elle avait vite compris que dans cet endroit désertique, les bandits régnaient, et que si elles voulaient des informations sur la team Ombre, elle ne les trouverait pas en demandant aux passants oppressés, soudoyés, et parfois même menacés quotidiennement.

Les adultes présents parlaient d'une gamine disparue depuis quelques jours, une certaine Lys. Marion avait vu les affiches un peu partout, et assisté aux messages des parents désespérés destinés aux ravisseurs. Une scène horrible, qu'elle désirait oublier rapidement. Apparemment, l'équipe de secours hésitait à étendre les recherches jusqu'au fin fond de la lande aride, de peur de croiser le « monstre noir ». Ou encore « l'incarnation de tous les cauchemars », enfin, une de ces légendes populaires insignifiantes.

-C'est stupide de limiter son champ d'action à cause de croyances infondées. Murmura-t-elle pour elle-même.

Momartik et Rapasdepic derrière elle levèrent le nez, surpris d'entendre leur dresseuse parler à haute voix. Cela faisait pas mal de temps qu'ils n'avaient pas perçu son timbre familier. L'espionnage des activités louches dans la région requérait un silence absolu, moins l'ennemi en savait, mieux on se portait. Ils contemplèrent la blondinette se remettre sur ses jambes, et saisir la poignée de son sac, prête à une expédition imprévue pour faire le travail des autres, quand elle tressaillit.

Avec hâte, elle extirpa de sa poche son pokématos oméga, et accepta l'appel de justesse. Le visage de Makanie, la petite rouquine s'afficha. Malgré son « exil » Marion restait une des têtes pensantes de Twilight, le bras droit de Peter, et elle gérait bon nombre d'affaires avec les autres membres de l'organisation.

-Oui, un problème à Sinnoh, Makanie ? Demanda-t-elle aussitôt avec lassitude.

La rouquine secoua la tête vivement, négativement heureusement, et lui offrit un sourire ironique avant de répondre :

-Non, encore heureux, on est loin de la crise qui se produit à Jadielle.

Marion arqua un sourcil, et se dégagea la frange tout en inspirant un bon coup. Elle ne voulait même pas savoir ce qui se déroulait à Kanto. Elle espérait juste que Peter ne se trouvait pas au pied du mur. Elle se rassura précairement en se disant que si ça avait été le cas, il l'aurait appelé en urgence.

Elle se pinça les lèvres avec amertume. L'incertitude était le plus amer des poisons. Elle devait peut être se préparer à rentrer, après tout, Rhodes était une contrée coupé du reste du continent, elle ne savait pas quand les infos allaient arriver, ni dans quelle mesure elles seraient censurées.

-Alors qu'est-ce qui se passe ? Bafouilla-t-elle, un peu moins confiante qu'un peu plus tôt.
-Tu t'y connais en droit ?

Marion avala de travers et manqua de s'étrangler, les yeux écarquillés, elle dévisagea son amie avec hébétude. Oh non, qui se retrouvait en prison ? Mince, elle avait étudié ça par correspondance, tout en effectuant son voyage initiatique, son savoir restait…intact, oui, ça elle avait bien travaillé, mais elle manquait de pratique réelle. Les seules choses qu'elle avait géré, c'était la légalité globale de Twilight. Si jamais un de leur amie était accusé à tort et qu'il se dirigeait vers la peine de mort, elle n'était pas sûre de pouvoir le tirer de la panade.

Elle rit jaune, le cœur battant la chamade. Oh, elle délirait, personne parmi leurs membres ne risquait pareille punition, certes elle comptait quelques rebelles et insolents, mais rien de bien méchant !

Quoique…Shagi et Paul étaient pas mal dans leur genre fouille-merde ou encore je-défie-l'autorité-parce-que-c'est-marrant. Oh non pitié, pas ça ! Pourquoi n'avait-elle pas étudié la médecine à mi-temps comme Peter ? Mais non, elle avait choisi stupidement le droit ! Au lieu de subir ça, elle aurait juste été responsable des autorisations des membres de twilight blessés, qui devaient se faire opérer en urgence ! Comme Peter à Lavanville !

Hum, c'était pas forcément un meilleur deal, maintenant qu'elle y songeait…

-Alors tu t'y connais, oui ou non ? S'impatienta Makanie, donc le visage se fermait progressivement, à mesure que son ton haussait.
-Oui, oui, un peu ! Répliqua Marion prise de cours.
-Quelles sont les raisons pour qu'on retire sa Licence de dresseur à une personne, plus particulièrement, à un gamin à sinnoh ?

Marion sentit son souffle se couper.

-Makanie, l'un de vous est en cours martiale ? Makanie, c'est important, à Sinnoh, les Pokémons sont retirés au dresseur accusé et relâchés !
-Ca je sais, mon Aaron me l'a dit. T'inquiète c'est pas pour nous. On a aucun problème perso. Je dirais même que Shagi est plus chiant qu'à l'ordinaire encore, donc il pète la forme.

La blondinette respira d'aise, ses jambes se dérobèrent sous son poids et elle s'affaissa sur le rebord de la fontaine avec délectation, ôtée d'un poids immense.

-Mais bon sang, dis le tout de suite, j'ai eu la trouille moi ! Pourquoi tu demandes un truc pareil aussi ? Souffla-t-elle avec une colère superficielle.
-On est allé à la tour de Bonville, en cherchant des indices sur Giratina…Et on va dire que…un nom sur une des tombes de pokémon nous était familier. Et le gérant nous a dit que le dresseur de la créature avait été jugé, et qu'on lui avait retiré sa licence. Alors…On voulait savoir, ce qu'il advenait des gens « coupables ».

Marion se mordit la lèvre, et fouilla dans ses souvenirs, la liste infinie d'article de lois en tout genre lui revinrent, et elle se perdit quelques minutes dans cet amas chaotique de causes à effets. Puis, son esprit s'éclaircit, les yeux clos, elle récita une leçon apprise par cœur alors qu'elle parcourait la route 34 de Jotho.

-Les raisons d'une telle peine sont courantes : soit l'incriminé a sauté au milieu d'un match officiel –peu importe la raison, l'interposition suffit pour être jugé coupable- soit il a été jugé responsables d'actes odieux à l'encontre du comité ou des Pokémons. Ainsi, le coupable se voit ôter tout droit de dressage, il a l'interdiction d'avoir des Pokémons et encoure une peine de prison –entre 5 et 25 ans selon la gravité du crime- s'il déroge à cette punition. Normalement, un dresseur inculpé d'un tel crime passe devant un membre du comité de la région où le crime a eut lieu. Il faut savoir qu'à ce moment là, le champion de la région doit être présent lors de l'audience. Donc, si vous voulez vraiment des renseignements, je te vous conseille d'en parler avec Cynthia.

Makanie resta silencieuse un moment, le regard sombre, grave, étrangement pâle, puis doucement, comme dans un murmure, elle lança :

-Bien. Merci Marion. Ce sera tout. Et ne t'inquiète pas trop pour ton cousin, j'ai cru comprendre qu'il s'en était sorti indemne.

La communication coupa, et alors que le cœur de Marion faisait un bond dans sa poitrine, avant de plonger de nouveau dans l'incertitude, oscillant entre la peur et l'incompréhension, à des kilomètres de là, celui de Shagi ne s'attarda pas des masses.

L'irisien saisit Aaron par le col et lui hurla en face :

-QU'EST-CE QUE TA FOUTUE SUPERIEURE A FAIT A HARRY ?

Le champion des Pokémon insectes, blanc comme un linge, perdu, jeta une œillade désespérée à sa petite amie, espérant y déceler une parcelle d'explication, mais il ne rencontra que deux iris noires et dures. Le regard de la rouquine, et celui de son ami d'enfance lançaient des éclairs rancuniers. L'adolescent d'une voix grondante, dévorée par une crainte bien trop ancienne, s'écria, avec un calme presque plus terrifiant tant il vibrait de colère :

-Où-est-Harry ?

Aaron plissa les yeux et se mordit la lèvre jusqu'au sang. Makanie saisit son expression, et la reconnut, sans plus attendre, elle attrapa l'épaule de son camarade et l'obligea à lâcher prise, à s'éloigner de son petit ami.

Shagi siffla aussitôt :

-Ce n'est pas chez toi qu'il a logé pendant son année de rééducation, tu ne sais pas dans quel état d'esprit il a commencé son voyage initiatique. Ce n'est pas toi le dernier qui l'a vu, Makanie. Tu n'imagines même pas dans quel état il se trouvait.

Mais la rousse raide, resta impassible, alors qu'Aaron soufflait de soulagement, le maître des insectes se prit une claque retentissante qui le fit chuter à terre.

Il leva la tête vers la rouquine, perdu, déboussolé, et ne vit qu'une jeune adulte luttant contre ses larmes. Tremblante de tous ses membres, Makanie n'en paraissait pourtant pas moins furieuse, et quand elle ouvrit la bouche, il peina à reconnaître la femme si douce et charmante qu'il avait connu :

-Si cette femme lui a fait le moindre mal…Et si tu l'as couvert tout ce temps en faisant semblant de rien devant moi…

Aaron sentit son sang se glacer. Makanie envoya un coup de pied circulaire aux pierres tombales qui s'écrasèrent et se disloquèrent avec fracas. Elle écrabouilla sans ménagement une couronne de fleurs qu'on avait abandonnées là et lâcha avec une détermination terrifiante, une volonté inébranlable :

-Je vous jure que l'enfer n'est rien à côté de ce que nous allons vous faire subir.

Et si le champion avait eut la moindre idée de ce en quoi on l'accusait, s'il n'avait pas eut la certitude d'être innocent dans cette histoire, il en aurait frémit.

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Lucas grommela dans son coin, il inspecta les couloirs déserts avec appréhension, la panique mourait peu à peu en lui, cédant sa place à un calme qu'il avait du mal à définir lui-même. L'adrénaline coulait dans ses veines, et le sang pulsait un rythme effréné à ses tempes, et pourtant, il lui semblait être plus lucide, plus terre-à-terre que jamais. Les douleurs lançant son épaule disparaissaient sous un voile de tension, et l'écho des propres battements de son cœur couvraient le silence imposant, terrifiant de la solitude.

La surprise passée, il comprenait mieux ce qui était arrivé, et il s'en mordait les doigts. En même temps, comment auraient-ils put prévoir un tel piège ? Se répétait-il en boucle.

Daniel, lui, l'avait senti, le coup venir.
Comment ?
Il l'ignorait. Mais le fait restait intact.

Alors que Peter, Daniel et lui venaient de s'infiltrer dans l'arène par le toit, qu'ils mettaient enfin pied à terre, juste à côté du terrain officiel où se déroulaient les matches du grand challenge de la ligue, tout avait basculé.

L'immense pièce était pourtant vide, pas un seul garde, le responsable des lieux croyant sûrement que le verrou imposant sur la porte de titane suffisait, avec les troupes qui la gardaient à l'extérieur.

Peter avait repéré une sorte de chemin, de passage à la dérobée, et Lucas s'était précipité vers l'issue qu'on lui montrait.

Lucas sursauta, est-ce qu'il avait effleuré l'estrade où prenait place les challengers lors du match officiel ? Il lui semblait que oui, oui, il avait posé sa main sur l'immense plongeoir rouge. Daniel n'avait pas dit un mot, il s'était contenté de le pousser brusquement sur le côté.

Puis un flash, l'éclair avait frappé, le brun qui avait titubé, d'immenses plaques de verres s'étaient dressées, les séparants tous des uns des autres, et sous leurs pieds, le sable du terrain avait vibré, avant de se dissiper, pour montrer de longs chemins en tapis roulants.

Lucas avait été emmené dans une direction, et Peter à l'opposé. Ils avaient courus, hurlés, mais aucun son ne semblait parvenir aux autres. Lucas avait vu Daniel, son pied s'était coincé dans un des rebords du funiculaire, et il avait juste eut le temps de voir que l'articulation formait un drôle d'angle avant que la silhouette de son ami ne disparaisse dans les ténèbres.

Heureusement, Lucas avait sorti ses Pokémons et grâce à Chamallot et Gallame, il avait réussi à briser la prison de verre qui l'obligeait à rester sur le tapis roulant, il avait sauté en dehors du champ dangereux. Il avait eut raison, car un peu plus loin, en avançant dans le couloir, il vit « sa destination finale » : un gouffre empli d'electrode sous tension.

Lucas se retrouvait donc seul, dans le dédale d'un bâtiment totalement sous le contrôle ennemi, bourré de pièges. Il espérait juste que ses camarades avaient pu comme lui, s'extirper de la mauvaise situation, il n'avait aucun mal à croire en Peter, mais peinait un peu plus avec Daniel.

Le cœur gros, la respiration lourde, il déambulait au hasard, espérant retrouver un des disparus, prêts à l'attaque, ses doigts crispés sur le bouton de ses pokéballs.

Il avait eut tort de croire l'intérieur dénué de troupes, plusieurs fois déjà, il avait vu des sbires se précipiter, aux aguets, à la recherche des intrus. Le seul véritable réconfort que Lucas avait, c'était d'être certains que l'opposant n'obtiendrait aucun renfort venant de l'extérieur, Eléanore y veillait.

Des bruits de pas le firent sursauter, et instinctivement, Mentali et Noctali déboulèrent, le pelage hérissé.
Gallame se braqua. L'écho d'une conversation parvint à Lucas, sonnant presque comme une mélodie douce tant elle était incongrue et sereine dans une telle atmosphère.

-Tout le monde se regroupe dans la salle des œufs, mais est-ce que quelqu'un surveille la chambre forte, où on a enfermé les Pokémons de la gamine ?
-Chais pas, t'as qu'à le faire toi ! Très sincèrement, les œufs sont plus importants que le reste ! Puis franchement, j'vais pas dans la fosse pour protéger les Pokémons de la gamine ! J'veux pas crever !
-Ouais mais le boss a dit que…
-Le boss a dit de tuer les intrus POINT !

Les deux hommes en noirs ne purent tergiverser plus longtemps, Gallame en saisit un par derrière, et Massko plaqua le survivant au sol. Lucas s'avança vers les membres de la Rocket et avec un rictus crispé, qui se voulait menaçant, il lança :

-Bien, maintenant, vous allez me montrer cette fameuse chambre forte.

Les sbires s'offusquèrent, l'un d'eux faillit même échapper à la prise d'Arko, mais par réflexe, Lucas ordonna à son Chamallot une attaque feu. Le brasier consuma d'abord la manche, puis s'étendit à la vitesse de l'éclair, les hurlements de la pauvre victime furent assourdis par Mentali qui d'un choc mental, étouffa les étincelles.

Chancelants, frissonnants, retenant à grande peine son envie de vomir à cause de l'odeur de chaire brûlée, le gamin se força à regarder le sbire encore en état de parler, et cette fois, sa grimace malhabile eut beaucoup plus d'effet. Terrifié, il accepta sans autre forme de procès de coopérer. Mais avant de le suivre, Lucas pointa du doigt le pauvre homme au bras calciné, et Gallame le fit disparaitre d'un téléport.

L'amère anxiété, l'ignorance, le brun s'obligea à les ravaler, comme il l'avait fait en apprenant que Samantha était la sœur de Silver.

Les yeux plissés, crispé et tendu, il n'avait pas le temps pour ça.

Daniel, lui, contrairement à son camarade, n'avait aucune impression d'oppression. Encore engourdi à la suite du choc électrique des estrades de l'arène, la cheville douloureuse, il n'avait pas vraiment conscience de l'ambiance lourde.

Les mots de son père tournaient et retournaient dans son crâne, pensée la plus puissante dans la cacophonie habituelle qui le séparait de la réalité.

« Tu as un avantage, et un désavantage, dans ta condition. En temps normal, la peur est bénéfique à l'être humain, son champ de vision s'élargit, il est plus rapide, réactif, vif, ses réflexes sont exacerbés. Toi tu n'auras pas droit à ce 'bonus' vu que tu ne ressentiras pas un tel sentiment. En revanche, avec la peur vient la panique, la confusion, qui altère le jugement, restreint l'esprit, et au final handicapent quiconque en est victime. Toi, tu ne vivras jamais ça non plus. L'idéal, se serait que tu sois en alerte constante, pour que tu ne sois pas surpris au plus mauvais moment. »

Le gamin aux yeux vairons devait reconnaître la part de vérité dans ces propos, malgré sa mauvaise foi. Grâce à ce conseil, il avait vu l'onde électrique parcourir la surface métallique sur laquelle Lucas venait de poser la main, il avait vu le voyant de la machine s'allumer, montrant l'enclenchement d'un mécanisme inconnu.

Après, il n'avait pas forcément agit de la bonne manière. Il était certain qu'il aurait été possible de pousser Lucas tout en évitant d'être touché par le piège. Mais maintenant, c'était un peu tard pour y songer. Déjà, Ramoloss d'un psykoud'boul, avait pulvérisé la paroi de verre qui les entravait, et ils avaient pu s'enfuir avant de voir la fin du parcours mortel. A présent, il avançait dans les couloirs, en essayant de retrouver les autres. Goboue sur sa tête, grâce à son radar naturel, lui indiquait la direction à suivre d'après lui.

Un mouvement sec, précipité l'alerta, et aussitôt, Daniel attrapa ramoloss dans ses bras et lui adressa un signe. Les yeux du Pokémon s'illuminèrent, et les sbires qui déboulèrent dans le couloir ne purent prononcer un mot, ils se raidirent.

L'hypnose aidant, ils passèrent devant l'intrus comme si de rien n'était. Une fois leurs ombres éloignées, Daniel inspira et se laissa choir sur le côté. Il grimaça et une perle de sueur lui roula dans le dos. Il passa une main hasardeuse sur son articulation disloquée. Jusqu'à présent, Ramoloss utilisait Choc mental pour l'empêcher de toucher le sol, mais, à ce régime, le mollusque rose n'allait pas tenir la distance.

Goboue gémit et enfouit son visage dans la chevelure de son dresseur, celui-ci lui murmura une parole réconfortante, et se mordit la lèvre avant d'empoigner sa cheville blessée. D'un geste sec il la remit droite et la remboîta. Il perçut nettement l'os recouvrer sa place normal, et il retint un hurlement. Les muscles raides, courbaturés, les pupilles écarquillés, respirant par à-coup, Daniel siffla. Riolu à ses côtés, lui tendit un os, comme pour lui intimer d'élaborer une atèle de fortune.

S'il pouvait faire ça, ce n'était vraiment, vraiment pas bon. Il n'y connaissait rien en médecine, et avait juste tenté le tout pour le tout. Un ignorant total pouvait-il réellement remettre une articulation en place correctement ? Il se promit de faire des examens dès l'issue de ce calvaire.

A peine y songea-t-il, qu'à nouveau, des cris secs retentirent dans le couloir ; d'autres ennemis. Daniel scruta le paysage, ne sachant pas si avec un tel nombre la même tactique fonctionnerait, et il avisa un conduit d'aération. Riolu défonça sur l'ordre de maître la grille, puis sauta sur le dos du concerné. Ramoloss se cabra, et dans un effort colossale pour lui, il les hissa jusqu'à cette cachette, où ils se terrèrent du mieux qu'ils purent.

Dans l'anarchie de sons et de sensations, Daniel parvint tout de même à discerner quelques mots : « Fille- sous-sol-issue de secours-Boss ». Le brun espéra juste que cela ne sous-entendait pas la fuite du chef Giovanni, avec la dénommée Samantha. –la sœur de Silver au dernière nouvelle, même s'il ne conservait aucun souvenir d'avoir été au courant d'un tel lien, mais au niveau où se trouvait sa mémoire actuellement, une bizarrerie de plus ou de moins… !

Ses pensées dérivèrent une seconde, et il se demanda comment Eléa, ou plutôt Miyu, s'en sortait dehors. Il ne doutait pas que les pauvres sbires à l'extérieur devaient en voir des vertes et des pas mûres. Pour peu, il était prêt à les plaindre !

Et Daniel n'avait tort, son intuition se révélait exacte. Les membres de la Team Rocket mettaient tous leurs efforts dans la capture de l'intrus aérien, en vain. Le dracoloss de Peter, semait la pagaille dans les troupes en enchaînant les piqués et les rafales de vents dévastatrices. Ash, quant à lui, n'en démordait pas, voulant montrer à tous ces spectateurs qu'ils pouvaient très bien en faire autant. Feurisson et Pilou, sur le dos du dragon noir, assommaient tous ceux qui commettaient l'imprudence de s'approcher. Hope, le petit caninos, lui-même, envoyait quelques gerbes brûlantes vers la foule tandis qu'Evoli crachotait en essayant de les imiter, penaud de ne pas y parvenir lui aussi.

Et Eléanore ? Et bien…

Une femme hurla de terreur tandis qu'un corps lui tombait dessus avec violence, puis s'évaporait à nouveau dans un pouf et un « encore raté ! ». Le spectre essayait depuis tout à l'heure de rejoindre les autres à l'intérieur du bâtiment en se téléportant, mais à chaque fois, elle portait son regard sur un opposant gênant, et finissait par lui atterrir dessus. Mais Miyu se le promettait, la prochaine fois, il allait y arriver ! Il devait y arriver ! A chaque fois, Eléa s'affaiblissait un peu plus.

Après tout, il fallait juste qu'il vise bien ! C'était pas compliqué !

L'instant d'après, l'ancien fantôme se retrouva accroché au cou d'Ash, qui, déstabilisé, se cabra, rua, fit une vrille et se projeta contre un arbre pour se débarrasser de son poids mort, avec quelques voleurs par la même.

Miyu, frustré, détestait décidément ce stupide animal insolent !

La réalité charnelle lui plaisait, mais il avait hâte de retrouver son état spectral, pour savourer juste les bienfaits de la liberté d'Eléa, et continuer à pouvoir traverser les murs à son aise, sans difficulté. Agacé, il se concentra à nouveau, songeant à ce à quoi pouvait ressembler l'intérieur d'un repaire de bandit, et se le jura : cette fois c'était la bonne !

Quelques secondes plus tard, à nouveau un homme s'affaissa, écrabouillé, sous un « FLUT ZUT ET CROTTE ENCORE RATE ! ».

Ce n'était pas encore ça.

Elle ignorait que dans les heures qui allaient suivre, elle et Peter pénétreraient –après avoir facilement échappé au piège des tapis roulants- dans une salle qui allait changer le cours de leurs existences à jamais. En venant au secours de Samantha, le maître des dragons s'était préparé mentalement au pire, à échouer, même si ça le répugnait au plus haut point. Mais ce qu'il trouva dans cette pièce, le frappa dans la conviction la plus fondamentale de son être, ce sur quoi se construisait toute sa logique, sa vie : les Pokémons.

« « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « «

« Nous sommes de retour !
Pour vous jouer un mauvais tour !
Afin de protéger le monde de l… »

Miaouss, Jessie et James, fiers d'avoir pour tâche la surveillance de l'issue de secours, répétaient leur rengaine si connue avec une vigueur toute neuve. Qui laissa totalement de marbre l'assemblée qui dut la subir.

Akira, appuyé sur son girafarig, le visage bandé, bailla exagérément, tandis que Gold et Silver affichaient une moue atterrée. Silver, plus résistant que Gold, se tourna vers son camarade –épuisé par le voyage- et lui murmura :

-Je suppose que les voir présent confirme ton hypothèse.
-Crois-moi, j'aurais préféré me tromper.
-Hey les morveux un peu de respect tout de même ! Ecoutez un peu notre devise, sinon à quoi ça sert toute notre mise en scène ?

Les concernés se turent, pas du tout honteux, loin de là, juste…Hors du trip, pour être polis.

Au moment de choisir une destination, un chemin pour aller secourir Sam, Silver avait parlé d'un tunnel sous-terrain qui s'utilisait comme issue de secours, dont il ignorait le débouché, et l'esprit de Gold avait fait un lien incongru. Il se remémorait l'immense passage, semblant être la gueule de la terre menant directement en enfer, que camouflait la cheminée de la maison d'Holly. Il connaissait son emplacement, y étant allé pendant son expédition dans le passé, contrairement à Silver qui lui ignorait totalement l'existence même de son premier foyer.

-Le boss nous fait confiance, crois-nous petit, nous mènerons cette mission à bout, et nous aurons…
-Une promotion ! S'enthousiasmèrent en cœur le trio de bandits pitoyables.
-J'crois pas nan…Maugréa Akira.
-Il a dit quelque chose le vieux là ? Ou on doit lui rappeler qu'on a battu son foutu Metaloss la dernière fois ? S'insurgea Jessie en fixant avec mépris le professeur.

S'instaura alors un long duel silencieux, mais surtout à sens unique, en effet, si la femme voleuse fusillait du regard son interlocuteur, celui-ci, pratiquement aveugle, resta inerte, sans comprendre qu'on le menaçait réellement. Et cette indifférence sembla effrayer les deux compères à l'arrière, confondant cela pour de l'assurance.

-Jessie…gémit James d'une petite voix peureuse, et si, ils avaient progressé entre temps ?
-Surtout qu'on a plus l'effet de surprise avec nous pour le coup…Ajouta Miaouss.

La femme se redressa, fière malgré ses genoux grelottants, et elle se força à rigoler de manière tonitruante en s'exclamant :

-Et bien, nous pouvons faire ça !

Elle sortit une télécommande de sa poche et appuya sur un bouton –comme toujours-rouge. Les enfants sentirent le sol se soulever sous leurs pieds, puis ils contemplèrent le ciel gris, parsemé par de longs filins, le recouvrant comme un cordage, avant de comprendre.

Ils s'étaient faits avoir comme des bleus.

-J'ai le mal de mer, qu'est-ce qui se passe ? Gémit Akira, hagard.

Girafarig, qui avait évité le piège grossier, émit une plainte désolée pour son dresseur. Gold l'en remercia, car son cri couvrit le sien, plus douloureux : il se retrouvait tout au fond du filet suspendu avec Silver et l'autre prof totalement appuyés, compressés sur son dos meurtri.

-Bien joué Jessie ! S'enthousiasma James, de nouveau empli de vigueur.
-Oui, maintenant, plus qu'à les endormir et on les livre au boss !

Silver frémit et il plissa les yeux. Sa main s'égara sur ses pokéballs à sa ceinture, comme ses camarades, mais un instant d'hésitation les frappa. Quels Pokémons utilisés ? Akira avait vu presque toute son équipe mise K.O lors de son combat contre Méfisto, il lui restait un staross mal en point et un florizarre encore opérationnel. Silver quant à lui ne comptait plus Ursaring et leviathor, que son père avait abattu d'une main de fer. Gold lui, avait laissé son fidèle capumain aux bons soins des urgentistes.

Le mollusque bleu fut appelé par son maître, et Silver serra les dents.
Non, c'était vraiment trop bête, il n'allait quand même pas encore se faire endormir par cette bestiole comme la dernière fois !

Il allait dégainer la pokéball de son farfuret quand une tornade rose s'abattit sur le maraiste, et l'emporta dans son sillage. L'éclair rose abandonna sa victime sur le bord du chemin, inerte, et se retourna, pour foncer sur Miaouss. Une attaque roulade !

Gold et Silver tiquèrent instinctivement quand un hurlement strident secoua le bois.

-VOUS N'ÊTES QU'UNE BANDE D'ABRUTIS !

Jessie et James se jetèrent mutuellement dans les bras l'un de l'autre, quand une silhouette diffuse apparut dans la lumière, comme provenant d'un perchoir surélevé. James eut le malheur alors de prononcer ces mots :

-Cette coiffure, cette attitude, ce Pokémon rose…Je la reconnais ! C'est Blanche de Doublonville ! La dresseuse d'écremeuh !!
-Quoi Blanche est ici ? Se perdit Akira, de plus en plus confus.

Gold et Silver se turent, ils savaient exactement ce qui allait arriver par la suite.

La forme qui les avait secourus se jeta sur les bandits, et avec un regard d'assassin, elle hurla tout en assénant des coups de poings aux malfaiteurs :

-NE – James recula-ME –Jessie essaya de parer un coup mais finit sur les fesses- CONFONDEZ-Miaouss se fit de nouveau emporté par la tornade rose- JAMAIS-Le trio se regroupa, apeuré- AVEC –Ils balbutièrent des paroles à peine audibles tant elles étaient secouées, transformées par la peur- CETTE FILLE !

Cristal se ficha, les mains sur les hanches, dans toute sa splendeur et acheva avec conviction :

-MOI J'AI UN LEUPHORIE ET UN CORAYON !

La tornade rose se stoppa, et lança un cri joyeux tandis qu'ils se présentaient comme deux entités distinctes. Une veine palpitante de la tempe de Cristal menaça d'exploser tandis qu'elle hurlait :

-PAS UNE STUPIDE VACHE A LAIT !

Un silence morbide s'imposa, seulement coupé par les innombrables excuses des membres de la team Rocket battu à plate couture devant leur bourreau ruminant encore sa rancune.

-Frangine ! Se réjouit Gold –d'une manière assez faible- Content de te voir ! Mais qu'est-ce que tu fais là ?

La jeune fille se tourna vers le garçon et lui lança une œillade meurtrière, sans plus attendre, elle le saisit et lui fit une clef de bras. Gold gémit lamentablement, secoué de spasmes douloureux. Silver allait intervenir quand un gamin sortit des fourrés à son tour, dédaigneux, vantard, Gabriel.

-Parce que, vous croyiez sincèrement qu'on allait laisser nos frangins seuls, sans vous venir en aide ? Vous êtes stupides ou quoi ?

Dans sa cachette, Daniel éternua brutalement, quelqu'un parlait de lui ?

Gabriel quant à lui, analysa la situation d'un œil critique, et acheva d'une manière désabusée :

-Quoique, vu comment vous vous êtes fait avoir, je crois bien que oui, vous êtes crétins.

Akira se sentit de plus en plus paumé, on les dégagea du piège grossier, et ils s'en servirent pour emprisonner Jessie, james et Miaouss, bien que Cristal parut hésiter à tuer son frère adoré avec, pour le punir de sa mauvaise manie de se fourrer dans des problèmes aussi graves, pour la citer.

-T'es vraiment une andouille finie toi ! Tu te rends compte de ce que tu me fais subir ? Tu veux que j'ai des cheveux blancs ? COMME MAMAN ?
-Maman est juste très blonde tu exagères…Marmonna le brun en se massant le bas du dos, le souffle court.
-Là n'est pas la question, je ne veux pas ressembler à Maman !
-Tu ne veux pas ressembler à Blanche, pas à Maman…Mais bon sang, t'es jamais contente toi !

Cristal asséna une claque brutale à Silver, avant de se rendre compte qu'il n'était pas celui qui avait prononcé ces mots cyniques, contrairement à l'habitude. Elle s'excusa prestement, et refila le coup à son frangin –le véritable coupable- mais encore une fois, à son plus grand étonnement, le roux ne se plaignit même pas de la méprise, il se contenta de fixer le sol avec une petite mine.

Elle les admira quelques secondes, et remarqua enfin leurs teints blafards et leurs attitudes légèrement en retraite, la colonne voûtée. Elle se renfrogna, et se mordit les lèvres avec anxiété. Puis soudain, elle balança une pokéball à son frère, ce dernier manqua de la louper, heureusement, le précieux bien s'ouvrit pour permettre à Capumain de s'échapper et d'enlacer son dresseur dans un gémissement ravi.

-On est passé d'abord au camp de réfugiés, je l'ai retrouvé, et soigné. Bon, je suis pas une pro ; donc il pourra pas se battre mais…

Elle camoufla un rougissement, embarrassée par sa propre bonne action. Mais son frère émit un faible sourire en enlaçant son compagnon. Celui-ci, une de ses petites pattes avant bandée, munie d'une atèle, gigota, se défit de son étreinte et bondit sur Silver. Comme pour l'épouiller, il se plaça sur sa tête et ricana. Il tenta de faire des chatouilles à sa pauvre cible, mais Silver resta inerte. D'une main hésitante, il caressa simplement le poil du singe et sourit :

-Je vais mieux, merci macaque. Bafouilla-t-il d'une petite voix à peine convaincante.

Cristal blêmit, et fronça les sourcils.

-Comment, vous nous avez retrouvés ? Balbutia le prof, après un moment de réflexion, de silence tendu.
-J'ai toujours la fréquence de la pokémontre de Silver, il m'a suffit de la tracer pour vous retrouver. Eluda Gabriel en montrant son ordinateur portable comme une preuve concrète. –En plus, j'ai une information urgente à confier à Peter, il fallait faire vite. Je pensais qu'il serait avec vous, et que Daniel également.

Le visage de Gold et Silver s'assombrirent. Cristal se crispa de plus en plus.

–Comment vous êtes arrivés jusqu'à nous si vite ? Demanda Yuki.
-Je me suis réveillée après que Peter m'ait assommée, et j'ai demandé à Blake et Sunny de m'aider. Ils ont acceptés, eux aussi, savent ce que ça fait d'avoir des frères et sœurs. Maintenant que nous sommes tous les trois réunis, plus rien ne nous résistera, pas vrai les gars ? Le trio de Jotho, Silver le stratège, Gold le fonceur et Cristal la soigneuse entrent sur le ring ! S'enthousiasma la jeune fille.

Elle omit volontairement de dévoiler la manière dont les deux éleveurs s'y étaient pris pour leur permettre de se retrouver sur le ring, comme elle disait, et à vrai dire, les spectateurs n'étaient pas sûrs de vouloir vraiment connaître les dessous de cette histoire.

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A plusieurs kilomètres de là, Yoann se sentait bien seul et déprimé dans le grand salon du chalet –vide-.

Le cœur lourd, il comprit à quel point il haïssait la solitude. Christopher et Angèle avaient déserté à peu près au même moment que le reste du groupe, pour essayer de guider Gabriel depuis la salle informatique de twilight.

Ce n'était pas qu'il n'avait pas voulu apporter son soutien à Cristal et Gabriel pour rejoindre leurs familles respectives, mais, Peter avait dit non. Sans parler qu'il ne désirait pas vraiment attraper Lucio et le chatouiller jusqu'à ce qu'il cède, et accepte de téléporter les deux concernés, comme le proposait Blake.

Avec lassitude, ne pouvant supporter cette tension, cette atmosphère pesante, le jeune médium, prit une grande décision : Il allait rehausser l'ambiance ! Qu'importe qu'il soit seul, du moment qu'il oubliait quelques secondes la situation critique et se concentrait sur les petits biens de la vie !

Le gamin réfléchit une seconde devant son assemblée, constituée, il faut le savoir, de tous ses Pokémons, feurisson, Fantominus, Noadkoko et Tritosor, plutôt sceptiques quant à l'entreprise que menait leur dresseur.

Que faisait-il pour faire rire tout le monde et pousser à la confiance ? Mais oui, jouer à action ou vérité ! Ca fonctionnait toujours ça ! Bon d'accord là, y-avait pas beaucoup de participants, mais ça pouvait se régler !

-Alors…Commença Yoann avec un sourire entendu. –La question qui va faire le tour de la table : « Pour quelle fille craquez-vous dans le groupe ? Hum, toi d'abord Lucas ! »

Yoann se dépêcha de changer de chaise et essaya tant bien que mal d'imiter le brun, prenant une fleurs desséchés qui se mourait dans un vase sur la table à la place d'une rose.

-Moi, je craque pour Samantha chérie évidemment ! Mais j'avoue que j'oscille entre le rôle de meilleur ami et d'amoureux transi !

Yoann changea de position et fit mine d'une Cristal stressée, complètement rouge et balbutiante, mais irritée :

-Moi j'aime un idiot-Aveugle !

Le médium maugréa un « cette fille a vraiment l'amour vache ». Il imaginait parfaitement son expresison après la déclaration de son « louka ». Il continua son sketch, totalement pris dans son délire.

-Moi je prône l'abstinence : l'amour c'est bien trop de boulot ! Lança le simili d'Akira. Sans avouer, Yoann le savait, qu'il en craquait littéralement pour son élève.
-Moi je craque pour mon papillusion roux, mon chéri d'amour Aaron ! Répliqua la pseudo Makanie transie d'amour.
-Moi aussi je t'aime ma petite aspicot ! Fit l'imaginaire Aaron, totalement gaga.

Ces deux là gardaient leur statut de nouveau couple absolument insupportable, Yoann voyait très bien la scène se dérouler sous ses yeux tandis qu'il la mettait en place.

Alors que Makanie et Aaron roucoulaient dans un coin de la pièce, de manière abusive et bruyante- la présence de la rouquine oblige- la question atteignait Régis, qui d'un air sérieux lançait :

-J'aime Eléanore évidemment, mais elle est bien trop jeune pour tous les tourments de l'amour ! C'est encore une gamine innocente !

Tout ça, bien sûr, devant un Daniel complètement à l'ouest, qui n'aurait sûrement pas remarqué à quel jeu tout le monde jouait. Yoann était presque certain que comme Akira, Régis prenait la jeune fille pour plus jeune qu'elle ne l'était, et n'oserait jamais faire le premier mouvement. Sûrement c'était-il résigné à endosser toute sa vie le rôle de grand frère comme Akira celui de prof.

Dans un coin de la table, suant à grosses gouttes, à tous les coups, il pensait à Gold, de plus en plus mal à l'aise avec cette question et sa sœur, toujours aussi adorable qui n'hésitait pas à lui susurrer pour se venger de son coup au cœur « Allez, dis-nous Gold, quelle fille apprécies-tu dans le groupe ? »

Ensuite venait le tour de Shagi, et un sourire pervers passa sur la mine innocente de Yoann tandis qu'il enfilait la peau de son personnage ! Voilà ce que le brun allait répliquer en toute innocence :

-Moi j'aime –Et là Makanie le coupait, taquine :
-Laisse moi deviner, tu aimes la gentille Arisa !
Le concerné blêmissait et répliquait avec véhémence :
-C'est ça pour finir en pushing-ball ? –Yoann n'avait que très peu entendu parler de cette fille, mais il était certain que c'était bien le genre-
-Oh ! Alors c'est avec Harry ! –Encore une fois le médium ignorait de qui il parlait mais ça lui plaisait bien, ce scénario !- Je savais que y-avait un truc louche entre vous deux ! C'est pour ça que tu es nympho, pour oublier ton aimé ! Continuait Makanie, ravie.

Shagi se relevait alors d'un bond et partait furieux ! Pan dans les dents ! Yoann rigola tout seul de son délire, même s'il cassait le brun qu'en rêve, au moins, il le faisait !

Peter ensuite se serait invité, pour balancer devant une Marion désespérée :

-Moi j'aime la JUSTICE !

Il eut un rictus amusé, et son esprit s'attarda sur les réactions potentielles de Silver et Gold. Eléa aurait probablement répliqué, de but en blanc « Daniel ! » s'attirant les foudres d'un Régis, désarçonné, et Samantha aurait répondu qu'elle l'ignorait, timide, le plus drôle résidait dans les réponses des deux anciens coéquipiers.

Oui, parce qu'il avait beau se taire, Yoann savait analyser et intégrer les faits, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure que Gold en craquait pour le rouquin ! Il lui jetait des regards à la dérobé, souriait dès qu'il était en sa présence et reprenait une mine maussade aussitôt que le fils de Giovanni se retirait. Maintenant, apparemment, le brun avait décidé de taire ses sentiments et de se faire passer pour un simple ami –quelle idée saugrenue, jugea platoniquement Yoann en triturant ses lunettes d'un air d'expert-

Donc, Gold aurait probablement balbutié, embêté, rouge à l'extrême :

-Bah…moi…j'aime…une rouquine que vous connaissez tous.
-Ondine ?

Silver tomberait forcément à plat avec sa jalousie à peine ébauchée et Makanie s'en mêlerait, en lançant d'une voix penaude :

-Oh désolé mon petit Gold mais Aaron est le seul amour de ma vie !

Avant de reprendre son rituel amoureux en jetant paillettes et petits cœurs tout autour d'eux, assommants les pauvres spectateurs et filant une migraine menaçante à Silver. D'ailleurs, Yoann s'attarda sur cette dernière cible. Il croisa les bras et se creusa les méninges. Qu'aurait-il fait dans ce genre de situation, lui ?

Les faits se matérialisèrent d'eux même dans le fond de son crâne, comme un sketch télévisé. Gold, le fixant avec anxiété, essayant de trouver un indice, un réconfort quelconque dans sa réponse, tout en appréhendant le pire : l'apparition d'une rivale, impossible à battre.

Silver baisserait la tête, en apparence indifférent, et Yoann vit presque le shéma de la pensée du roux s'établir lisiblement. Il ne pouvait pas répondre Cristal, elle était trop bruyante, hystérique et excessive, elle lui filait mal au crâne. En plus c'était la sœur de Gold, et il avait des manières –mêmes superficielles- alors, cette fille était prohibée. Samantha ? Nan, encore moins, ces deux là se ressemblaient à tel point, sur le plan du caractère qu'on aurait put les croire frère et sœur, ça frôlait beaucoup trop l'inceste. Restait…

-Eléanore.

Voilà, voilà Silver aurait probablement répondu Eléanore, la seule fille avec qui il semblait s'entendre, et qui avait assez de caractère pour lui répondre sans pour autant l'énerver. Gold tomberait de haut, complètement traumatisé, alors que le roux aurait probablement balancé ça pour éviter l'interrogation, juste par soucis d'avoir une réponse.

Yoann eut un rire jaune. Oui, c'était bien tout ça, il en oubliait presque la situation catastrophique quand une main claqua sur le bois de la table. Le visage de Blake se dessina à ses côtés, avec un rictus manipulateur, menaçant, et il lui susurra :

-Intéressant, alors, dis-moi, Yoann, pour quelle fille craques-tu toi ?

Ses yeux lançaient des éclairs, et le jeune médium ne sut pas ce qu'il préférait, quand l'homme le détestait, ou quand il essayait de lui forcer la main, avec une expression pareille, on aurait pu croire qu'il se préparait à le dévorer tout crû.

Yoann blanchit, et perdit tout sens de la parole. Sunny se montra à l'encadrure de la porte, et soupira, avant de lâcher :

-Bah dis donc, tu fais de drôle de choses en mon absence Yo-yo.

Elle s'assit en face de lui avec un sourire intriguant, et lui envoya, intransigeante, cette phrase, ironique, aussi acérée qu'une lame de rasoir :

-Moi, la « fille » que je préfère, je crois que c'est Cristal. Elle est facile à assommer !

Pour le coup, Yoann trouva son jeu bien moins drôle.

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Cristal croisa les bras, et trépigna, elle détestait cette situation désespérée, elle détestait quand son frère gardait le silence comme ça alors qu'il souffrait, et plus que tout, elle détestait leur silence après sa déclaration sur leur fabuleux trio ! Bon, c'était vrai, ils n'avaient guère eut d'occasion de se battre tous les trois ensemble, juste une toute petite et unique fois, à Acajou, contre la Team Rocket. Mais quand même !

Elle fila un coup de pied dans la poussière qui s'accumulait sur le vieux parquet de la simple maisonnette.
Akira marchait doucement, claudiquant, complètement appuyé sur son girafarig, il semblait assez mal en point. Gabriel, pour une fois, se montrait assez attentionné à son égard, car il trottinait à ses côtés, son stalgamin, nosferapti dehors, et tirait sur son t-shirt dès que le professeur s'éloignait un peu trop.

Ils abandonnaient le trio de la Team rocket pendus par les pieds à un arbre devant la maison, et cela ne rassurait pas le génie, qui ne cessait de récriminer qu'on accélère le mouvement.

-C'est mal parti. Murmura la jeune fille, de mauvaise humeur.

Elle avait capté le fond du problème, Akira leur avait brièvement expliqué la situation, et résumé ce qui leur était tous arrivés. Le cœur de Cristal se serrait, les entrailles comme prisonnières d'un étau. Elle jeta une œillade inquiète à son frère et ses doigts se crispèrent sur ses pokéballs, plus principalement sur celle de son Cadoizo, Soren, son meilleur Pokémon. S'il le fallait, même si elle se spécialisait dans les tactiques de soutien, elle était prête à intervenir cette fois, pour sauver sa famille. Après tout, ne la surnommait-on pas, la « roulette russe » ? La seule fille capable de contrôler parfaitement l'attaque cadeau du Pokémon piaf.

Pour information, la jeune fille s'était attribué ce titre toute seule.

-Je suis certain qu'il y avait un passage camouflé dans la cheminé, aide-moi à le trouver Silver, c'est toi le spécialiste, après tout…Lança Gold, alors qu'il tâtonnait l'âtre d'une main incertaine.

Le brun n'obtint aucune réponse, et il fit volte-face, pour voir son amour secret, immobile, tenant un cadre couvert de poussière entre ses doigts, juste à côté de l'endroit où Gold avait jeté les fruits, dont il ne restait qu'une vague tâche moisie sur les lattes de bois.

-Un problème ? S'inquiéta le dresseur au capumain.

Le dit pokémon mauve, toujours sur l'épaule de Silver qu'il ne désirait plus quitter, frotta son crâne contre le rouquin pour le sortir de sa torpeur. Celui-ci sursauta, puis reposa hâtivement ce qu'il avait pris à sa place, pour rejoindre son coéquipier avec une grimace.

Cristal, elle, jeta un coup d'œil sur l'objet délaissé, et son souffle s'atténua, glaça. Elle voyait une photo jaunie sous la paroi de verre morcelée, un vieux cliché où une jeune femme ressemblant comme deux gouttes d'eau à Samantha tenait un bébé avec quelques mèches rousses, souriante malgré la fatigue. Elle se tenait dans le salon même, et venait d'accoucher si elle jugeait par l'état du canapé, et le sien. Mettre bas à domicile, quelle idée. Pourtant la jeune femme rayonnait de joie, et montrait son précieux bébé au photographe de fortune. D'ailleurs, Cristal vit un miroir à moitié hors cadre, qui révélait son identité : le fier nouveau papa, ou le roi des fauchetons hypocrites, Giovanni.

Bien qu'elle scrutât la pénombre, Cristal fut incapable de discerner d'autres portraits semblables, celui-ci devait être le seul et unique cliché de la famille qu'aurait pu avoir Silver. Celle que sa mère avait cru posséder. La sœur de Gold ignorait les détails, mais son frère lui avait révélé les grandes lignes de l'histoire, et elle ne put empêcher la bile aigre de lui piquer la gorge. D'un geste vif, elle plaça le souvenir illusoire de cette femme dans sa poche et rejoignit les garçons. Ceux-ci avaient déniché le panneau de contrôle, camouflé derrière une brique, mais ils bloquaient sur la serrure électronique. Gabriel hésitait à brancher son ordinateur, de peur de se faire immédiatement repérer. Silver, lui tripatouillait les câbles, mais ses bras tremblaient, soit à cause de ses anciennes blessures d'Opale, soit par peur, seul lui connaissait la vérité.

-Un problème les enfants ? Demanda Yuki au bout d'un moment peuplé seulement par les cliquetis répétitifs de la manœuvre de voleur.

Agacé, Silver joua du coude et une lamelle d'acier fine s'extirpa de la couture de son vêtement, les adolescents reculèrent d'un pas, surpris. Farfuret sortit de sa pokéball et sous les indications de son dresseur, à peine aidé par le filin d'acier, ils crochetèrent à deux la serrure.

Le passage se révéla, un souffle purulent s'en échappa et les saisit à la gorge.

Akira fut le premier à s'y engouffrer, très peu rebuté, Cristal et Gabriel déglutirent, puis la jeune fille saisit le gamin par les épaules et ils y avancèrent à deux. Gold s'apprêtait à les rejoindre quand il croisa le regard d'un Silver grimaçant. Le roux fixait le nuage sombre stagnant, semblant dévorer goulument l'escalier même. Il ricana et balbutia :

-Dire que j'ai passé ma vie à essayer de sortir de ce trou à rat…Si on m'avait dit un jour que j'allais y retourner volontairement…

Il se raidit et serra convulsivement son coude, hésitant. Gold se tourna, mais il n'eut pas à prononcer un seul mot, à lui rappeler que son unique sœur comptait sur lui, les lèvres de son camarade s'étirèrent dans un rictus désespéré et il marmonna :

-Dis Gold…Tu crois sincèrement qu'un jour, Sam et moi, nous aurons droit à une vie normale ?

Le brun tressaillit et il se tût. Il l'ignorait, sincèrement, voire même, il en doutait. Qui pouvait espérer mener une existence dans la norme, avec un père pareil ? Après avoir vécu tout ça ? Le roux pouvait se vanter d'aller de l'avant, de continuer sa route tous les jours un peu plus, en revanche, il restait incapable d'occulter le passé, aussi fort que se montrait sa volonté, ce qui était fait, restait fatalement, diaboliquement fait. Aussi sincèrement qu'il le désirait, aussi injuste la réalité était, l'adolescent était insignifiant face à elle, sa lutte serait éternelle. Hanté par le fantôme de son père, par celui de sa mère décédée, par le souvenir des heures d'enfer par lesquelles il était passé, c'était déjà miraculeux que le roux puisse se regarder dans la glace tous les matins sans être paralysé par les perspectives de son avenir.

-J'aime beaucoup Sam…

Le timbre étranglé de Silver lui fendit le cœur.

-Mais elle, elle a put aller à l'école ! Tu as vu le hall de sa maison, le mur est totalement recouvert de photos d'elle…Elle a une famille qui l'aime, une mère adorable… Elle a put avoir un Pokémon pour son voyage initiatique, on le lui a même donné avec le sourire ! Elle est capable de contrôler les pouvoirs des Gijinka…

Silver ricana tristement en détournant le regard.

-Personne ne venait se faufiler dans son lit la nuit parce qu'elle n'avait pas réussi à voler un stupide truc dans un stupide musée ! Personne ne la jetait dans la « fosse » dès qu'elle esquissait un geste pour se protéger ! Personne ne lui répétait après chaque coup « si tu en as assez, fais en sorte que cela s'arrête ! » en espérant qu'elle dévoile son potentiel ! Personne n'a jamais eut l'idée de la droguer pour la faire obéir ! On ne l'a jamais vendue, elle !

Il releva sa mèche de cheveux et la replaça maladroitement, tremblant. Gold quant à lui, sentait chaque parcelle de lui se faire écraser, piétiner devant la vérité. Ce n'était pas ce gosse terrifié qu'il aimait, qu'il admirait. Il appréciait le timide ronchon, le garçon qui refusait d'admettre ses peines, qui baissait les yeux, rougissait et balançait une pique acérée, sarcastiquement pour changer de sujet. Et pourtant c'était lui, tout ce qui avait formé, construit le Silver qu'il aimait, son rival. Il écoutait tous les tourments de l'âme torturé de son meilleur ami, et c'était plus horrible qu'il ne l'avait jamais imaginé. Un sentiment, une envie, une pulsion, lui soufflait de le faire taire, de l'embrasser, de lui faire comprendre d'un geste qu'il en avait assez entendu, qu'il comprenait, mais qu'il voulait revoir celui dont il était tombé amoureux.

-J'ai jamais voulu qu'elle connaisse ça ! C'est vraiment…Je souhaiterai ce sort à personne ! Mais…Mais…

Sa voix se morcela tandis qu'il demandait dans un souffle :

-Pourquoi juste elle ?
Pourquoi sa mère n'avait sauvé que Samantha, et pas lui également ? Pourquoi était-elle la seule entre eux à contrôler un tant soit peu ses dons ? Même, pourquoi Giovanni l'avait-il enlevée elle, spécialement ?

-Tu veux la sauver ?

Le roux sursauta, il dévisagea son compagnon brun, qui lui, ne bougeait plus, ses prunelles mordorées posées sur lui sans trace de jugement, ou même de reproche. Il se surprit à répondre immédiatement, avant même d'avoir réfléchi à une possible réponse, comme si cette évidence se tenait déjà toute prête, au fond de lui, intacte.

-Bien sûr que je veux la sauver !

Gold lui sourit tendrement et lui tendit la main, paume ouverte, comme pour lui intimer la marche à suivre, le capumain du gamin sauta de l'épaule du roux pour revenir vers son dresseur d'origine, et se dressa sur ses pattes arrières, attendant lui aussi un mouvement de sa part. Cependant le roux ne bougea pas d'un pouce, au contraire, tout son être sembla prêt à prendre la fuite sur le champ.

Il avait mis tant de temps à s'enfuir de ce lieu maudit, et il savait, il sentait que s'il y remettait les pieds, il ne s'en sortirait pas indemne !

-Silver…

Le ton de Gold, grave, lui parvint, et il contempla sa mine décidée avec culpabilité. Pourquoi lui, n'arrivait-il pas à surmonter cette peur, comme Gold ? Pourquoi n'était-il pas capable d'avancer ! Il savait pourtant, que s'il rebroussait chemin maintenant, jamais il ne pourrait se regarder en face.

-Silver, c'est tout ce dont tu as besoin de savoir ! Je veux dire, qu'est-ce que ça t'apportera, de connaître la raison pour laquelle, seule elle, a eut une enfance normale ? Les choses se sont passées ainsi, fouiller dans le passé ne le changera pas ! En revanche, tu peux empêcher à ta sœur de ne jamais voir ce que tu as vu ! Tu peux lui permettre d'avoir ce que tu n'auras jamais !
-Mais je…
-Et puis qu'est-ce qu'on s'en fout d'avoir une vie normale ! Tu veux que je te dise la vérité ? La norme c'est chiant ! C'est abjecte même ! C'est pas parce que tu as une famille habituelle que tu es heureux pour autant ! C'est seulement une question de volonté ! Regarde Eléanore !

Silver se redressa, et Gold plissa les yeux. Il réagissait au moins, quand il l'évoquait, elle. Dans un murmure presque inaudible, enroué, il ajouta :

-Ne t'en fait pas, je trouverai un moyen pour qu'on s'en sorte tous. Je n'abandonnerai personne derrière moi !

Doucement, Silver attrapa la main que lui tendait son ami, et celui-ci l'attira aussitôt vers lui, pour l'enlacer vivement. Le roux sentit bien le frisson qui remonta l'échine de Gold, et il l'entendit gémir à cause des douleurs dans son dos. La culpabilité l'assaillit de nouveau, il voulut se dégager de son étreinte, mais le brun le tenait bien, malgré sa faiblesse passagère.

Le roux s'étonna lui-même, de l'effet de cette étreinte, ses peurs les plus profondes, les plus paralysantes s'atténuaient, pour réveiller en lui une certitude. Samantha comme Gold ignoraient tout de ce dont Giovanni était capable de perpétrer.

Gold avait déjà le dos en bouilli à cause de lui. Samantha passait probablement les pires heures de son existence. Tout ça parce qu'ils sous-estimaient Giovanni. Parce que lui, le fils du monstre, avait craint de la douleur.

S'il ne partait pas avec eux, s'il ne les accompagnait pas, alors il risquait de les perdre tous les deux. Et cette terreur là, se révélait bien plus douloureuse.

Lentement, les deux garçons avancèrent et s'engouffrèrent dans le passage.

Silver ignorait encore comment ils allaient pouvoir se sortir de cet enfer dans lequel il se débattait depuis la naissance, mais il était certain d'une chose. Jamais il ne permettrait à quiconque d'être blessé par sa faute. Sentir au creux de sa paume la main de Gold secouée de spasmes, hoquetant de souffrances contenues, imaginer l'état de Sam quand ils la retrouveraient…c'était déjà plus que ce qu'il ne pouvait supporter.

-Silver…

Le roux tourna nonchalamment la tête vers son camarade, blafard. Il n'aimait pas le contempler dans cet état, il le préférait plein de vie, même s'il lui filait mal au crâne, et si, par moment, il préférait couper le son dans leurs conversations pour ne pas subir de front toutes cette énergie débordant de lui.

-Je te promets que je ne le dirai à personne, mais…

Gold pressa la main qui tenait dans la sienne, si fine, si élancée, comme celle d'une femme, comme celle d'Holly, brisée maintes et maintes fois. Comment avait-il put ne pas percer à jour les maltraitances que le roux avait du subir dans son enfance avant ?

-Dis-moi ce que te faisait Giovanni…Je veux être prêt à…Voir ce qu'il a fait à Sam…

Le roux ferma les paupières, comme pris dans une lutte entre son orgueil et sa raison, puis, dans un souffle, il commença, froidement :

-Il n'a probablement pas eut le temps de la violer, ou d'ordonner un viol. Giovanni a quelques habitudes. ON la trouvera probablement dans l'ancienne aile où il enfermait ma mère. Ou alors dans une prison souterraine. Un endroit où il n'y a aucune lumière, sauf artificielle. Il trouve ça plus « pratique », parce qu'il suffit de briser un certain point, pour que tout s'effondre sur sa victime. Il faudra donc être assez prudent, ne pas se faire repérer, il n'hésitera pas une seconde à nous enterrer vivants.

Gold essaya de garder un air impassible, comme son compagnon, qui lui semblait totalement détaché. Comme si ces paroles ne l'atteignaient même pas, comme s'il n'était pas le premier concerné. Il remarqua au loin, Cristal, Gabriel et Akira, qui les attendaient. D'un geste discret de la tête, il fit signe à sa sœur de continuer et la brunette grimaça avant d'obéir. Cependant, chaque mot que prononçaient Silver, elle aussi, tous l'entendirent.

-Il aime plonger sa victime dans le noir, sans eau ou nourriture, ça peut durer longtemps…Jusqu'à la perte de connaissance…Il utilise toujours ses Pokémons pour torturer. Persian et Tyrannocif c'est pour lacérer, il a un électek pour choquer, et un aeromith pour diverses autres utilisations, surtout avec la poudre. Généralement, il ne sort son Rhinoféros qu'en dernier recours, pour écraser ou briser les membres.

Silver leva les yeux et sembla réfléchir quelques secondes avant de ricaner ironiquement :

-Il ne la forcera pas à participer à l'entraînement des rockets elle, et ça m'étonnerait qu'il la vende aux Team adverses pour voir si oui, ou non, elle peut leur échapper, mais ce n'est pas à exclure non plus.

Ses yeux s'illuminèrent et il bafouilla :

-Il y a aussi la « fosse » ! C'est l'endroit où il conserve tous les Pokémons qu'il a capturé, c'est une sorte d'immense labyrinth souterrain où errent des Pokémons dangereux ! Il y jette les gens qui le dérange, il y a des Sharkos et des Groink, qui sont spécialement affamés et conditionnés pour se jeter sur tout ce qui peut être consommé. Si tu tombes dans la fosse Gold, surtout, tu cours, tu ne t'arrêtes jamais ! Si tu arrêtes de courir, que tu t'épuises avant les Pokémons, tu es mort.

Cristal frémit, et une pensée s'insinua en elle, en même temps que l'image d'un jeune Silver particulièrement distant avec son équipe Pokémon.

-Aussi…La dernière fois que je me suis fait prendre…Giovanni avait trouvé un nouveau jouet…C'est une drogue extrêmement puissante. Une seule dose, une seule fois, et c'est la dépendance. Si on en injecte dans le corps, c'est la tétanie d'abord. Tous les sens arrêtent de fonctionner. Ensuite, quand on reprend connaissance, plus rien ne semble avoir d'importance, c'est la docilité totale, plus de libre arbitre ou de réflexion. Le monde est tellement flou, confus, que tu ne fais que suivre les ordres. Si…Si vous êtes touchés par cette drogue, il faut tout de suite que Nostensfer ou un autre Pokémon vous débarrasse du poison.

Et le monologue continua, longtemps, beaucoup trop longtemps. Alors que les mots s'évaporaient, disparaissaient les uns après les autres, leurs traces, elles, perduraient, constellaient les teints blêmes de son assemblée écœurée.

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Peter inspira profondément, les mains raides, et moites, il essaya de se rassurer en tenant fermement ses pokéball. Malheureusement, ses phalanges blanchissaient à vue d'œil, et il ne se sentait guère plus à l'aise pour autant. Il tentait d'établir un lien avec Salomée, de prendre contact avec elle, comme il le pouvait si aisément, à l'habitude, mais rien.

-C'était bien le moment d'avoir une de tes « absences » Salomée…Grommela-t-il, craignant le pire.

Il analysa les lieux, le tapis roulant l'avait emmené bien plus profondément qu'il ne l'avait prévu, et il l'avait échappé belle. Il espérait juste que les autres enfants avaient put s'en sortir indemnes, ou tout du moins vivants.

Il persiffla, coupable. Comment avait-il put louper un piège aussi grossier ? Décidément, il devait être aveugle. Le timbre familier d'Arisa, sa sœur de cœur, ou en tout cas, c'était ainsi qu'il la voyait, retentit en lui, comme un reproche bien douloureux :

« Toute façon qu'est-ce que t'en sait, des douleurs d'Harry ? T'es jamais là ! T'es incapable d'être un vrai frère pour lui, de le comprendre, et tu veux le protéger ? Reste tout seul dans ton coin, t'as déjà fait bien assez de mal comme ça ! Avant de protéger qui que ce soit, soit capable de te protéger tout seul ! ».

Il savait que la jeune fille, avait la langue bien pendue et la rancune facile, surtout à son égard, mais plus que toute autre injure à son égard, celle-ci grossissait encore en lui, rognant un peu plus chaque jour, à chaque échec, une part de son être.

Un bruit sec, répétitif le tira de ses souvenirs et il sursauta. Des sbires approchaient, avec brusquerie, il dégagea une des sphères rouges et blanches de sa poche et sortit de sa cachette, pile au moment où un « POUF » éclata dans le couloir.

Lance eut tout juste le temps de voir les bouilles de ses adversaires qu'ils se retrouvèrent au tapis, sonnés, assommée par Eléanore, qui avait –enfin- réussi à se téléporter à l'intérieur du bâtiment. Dans un concert de gémissement, le spectre ricana et ne put s'empêcher de balancer :

-Oh faut pas exagérer, Eléa n'est pas si lourde que ça !

Puis Miyu remarqua enfin Peter, qui abasourdi –tant d'entendre une gamine parler d'elle à la troisième personne que par la mise à terre de trois adversaires en un coup sans Pokémon- sursauta quand le spectre s'exclama :

-Oh, justement, je pensais à toi.

Si Peter se sentit soulagé de la retrouver indemne, il aurait mieux fait de se souvenir d'un autre reproche que lui lançait souvent Arisa : « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ».

Mais l'adolescente se redressa sur ses jambes, coupant court à toutes occasions de réminescences.

Soudain, elle porta la main à ses lèvres, blême. Peter craignit une crise, comme celle à laquelle il avait assisté dans la grotte de Cristal, mais l'ancien fantôme se dégagea, tremblant, suintant, et balbutia :

-Quelle horreur…

Brusquement, elle se rua dans les couloirs, Peter se précipita à sa poursuite, au détour d'un couloir, il la vit détruire une porte en titane d'un claquement de doigt. Le pouvoir des Gijinka avait quelque chose de terrifiant.

Pourtant, rien n'aurait put le préparer ce qu'il allait découvrir dans cette chambre sombre, simplement illuminées par les longs tubes phosphorescents qui longeaient les murs en file indienne. Une sorte d'auréole verte, maladive émanait des engins grognants dans le passage. Miyu, pâle, se raidit, son regard mordoré se s'embruma d'une colère noire.

-Cet idiot a recommencé ! S'insurgea-t-il.

Peter s'avança avec hésitation dans la pièce, et il discerna enfin ce que les tuyaux protégeaient comme un trésor précieux. Des œufs. Des dizaines d'œufs.

Un écho sourd manqua de lui vriller les tympans, un long hurlement se répercuta dans son crâne et le compressa. Dans un gémissement, il se maintint les tempes et plissa les yeux. Il put tout juste voir Miyu remballer la dizaine d'ennemis qui essayaient de fondre sur eux, les téléportant il ne savait où. L'ancien fantôme posa genou à terre haletant, mais ses poings serrés et sa mâchoire crispée démentait l'épuisement de sa hargne.

-Eléa, ça va ? Qu'est-ce qui se passe ?

Mais ce ne fut pas la voix d'Eléanore qui lui répondit, mais celle de Salomée, vibrante, consummée par une haine sans égale :

« Giovanni piétine les règles les plus fondamentales de l'existence, voilà ce qui se passe ! »

Comme pour lui confirmer ses dires, un ordinateur grésilla, un écran montra la photo d'un Elekthor, prise devant le toit de la central si on en jugeait par le décor, et un bip lancinant zébra l'atmosphère. Une lumière dense glissa le long d'un des câbles jonchant le sol et vint s'infiltrer dans une colonne de verre encore dépeuplée.

Sous les yeux écarquillés du maître dragon, un œuf jaune et noir se matérialisa de rien.

Au loin, dans la région de Hoenn, d'énormes nuages orageux couvrirent la mer, prêts à inonder les terres sous une rafale de pluie et d'éclairs, comme dans les antiques récits rapportant les colères des dieux Pokémons.
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-Gabriel ! Gabriel revient ici ! Hurla Cristal paniquée.

Mais le jeune garçon, portant son ordinateur de poche à bout de bras, courait dans les couloirs, jetant des coups d'yeux affolés à son écran, son air de plus en plus pincé.

Cristal observa son frère, Silver et Akira en retrait, bien trop épuisés pour jouer au chat et à la souris avec le gamin et elle trépigna. Anxieuse, déchirée entre le choix, elle pataugea quelques secondes avant de hurler au groupe arrière :

-Ne bougez pas ! Je reviens avec lui !

Les hommes restèrent muets, mais ils ne suivirent pas vraiment son ordre. Silver reconnut escalier non loin d'eux. Un passage qui menait jusqu'à l'aile consacrée à Holly dans ses souvenirs. Alors, sans s'en rendre véritablement compte, le coupe se disloqua de nouveau.

Cristal ne le comprit même pas, en cet instant, elle ne songea qu'à Gabriel. Le sale gosse ! Elle avait cédé à ses suppliques, il l'avait bien eut avec ses pleurs, elle avait cru, que comme elle, il craignait pour la vie de son frère ! Tout ça, c'était du cinéma, comment avait-elle put se montrer aussi crédule ! Harassée, fulminante, Cristal hurla :

-ARRÊTE TOI TOUT DE SUITE OU JE TE TRUCIDE AUSSI SEC !

Mais le brun, toujours en pleine course –qu'il était rapide malgré ses airs de génie renfermé et ses petites jambes !- lui lança une œillade et lui répliqua :

-Le signal ! Je reçois de nouveau le signal !
-Quel Signal ? Enragea la brune.

Elle manqua de glisser, et se rattrapa à la palissade de justesse. Cet endroit lui filait décidément la chaire de poule, comme un gigantesque gouffre, dont on s'était amusé à rejoindre les deux bords de falaises par des palissades craquantes. D'innombrables tunnels de tous les côtés menaient elle ignorait où, et sûrement pas au bonheur. Elle percevait le coulis tumultueux de l'eau dans le lointain abyme. Chris et Angèle, lors de leurs départs, lui avait montré un plan de Jadielle, au cas où, et elle se souvint d'un détail qui lui avait paru particulièrement étrange. L'aqueduc souterrain qui traversait toute la cité, passant juste sous les soubassements de l'arène.

Une sensation affreuse la glaça. SI elle avait raison, alors ce type pouvait empoisonner toute la ville en déversant ce qu'il désirait ici.

-Le signal à cause duquel j'ai commencé ce voyage ! Eructa Gabriel, à bout de souffle, en haut d'un long escalier en colimaçon.

Sa voix sortit Cristal de son cauchemar éveillé et elle se rua à nouveau derrière lui. Les paroles d'explications que lui lançait le gamin ne lui parvenant qu'à peine :

-Il y a longtemps, j'ai étudié les recherches du professeur Mirage, un expert Pokémon. Il avait inventé un procédé révolutionnaire, grâce à une machine, il extrayait les souvenirs des Pokémons, et pouvait les recréer dans une surface limitée. Y compris les Pokémons légendaires. Mais il a été arrêté, parce qu'il collaborait avec la Team Rocket, et il est passé sur la chaise électrique.

Cristal fronça les sourcils.

-Quand j'étais gamin, je me suis intéressé à ses recherches, j'ai même publié quelques hypothèses pour améliorer son système sur internet. Il se trouve que les machines qu'utilisait le prof émettaient un certain signal. Et j'ai gardé une sauvegarde de celui-ci. Et alors qu'il était mort depuis peu, j'ai capté cet exact signal. J'ai essayé de découvrir la raison, mais mon stupide frangin m'a retrouvé, on est tombé dans un piège à cause de son encore-plus-stupide copain, et c'est seulement grâce à Ondine d'Azuria qu'on s'en est sortis. Les voleurs se sont enfuis sans que je comprenne ce qu'ils manigançaient.

Cette fois la jeune fille était plus que perdue, le copain encore plus stupide, il parlait de Lucas, là non ?

-Et peu après que mon frère soit parti en voyage, j'ai de nouveau reçu un signal identique à l'ancien. J'ai essayé de le tracer, et je suis arrivé au mont Sélénite, puis ensuite sur Eléanore, plus précisément sur le starter d'Eléanore.
-Le draceufeu Shiney ! Devina Cristal, oubliant la complexité de la chose et sa colère pour se réjouir d'avoir trouvé juste.
-Exact. –Approuva Gabriel. –Le signal a alors stoppé, puisqu'il avait trouvé son origine. De moins, jusqu'à ce que plusieurs autres signaux fassent surface. Quand on est tombés dans le mont Sélénite, nous avons trouvé plusieurs Pokémons shiney. Ce qui est extrêmement rares. Le pourcentage de chances qu'ils se trouvent réunis en ce même lieu par hasard est proche de zéro.
-Mais Louka m'a dit que vous les aviez sauvés d'une bande de Rocket ! Dans ce cas ça devient logique, s'ils voulaient réunir des shiney.
-Oui c'est ce que je pensais. Sauf qu'on a découvert que c'étaient des shiney artificiels grâce au kraknoix de Sam qui n'arrêtaient pas –à cette époque- de changer de couleur. On a tout simplement cru que la Rocket avait capturé des Pokémons et grâce à des modifications génétiques, avaient trouvés un moyen de les pousser à devenir des shiney.
-Ce n'est pas le cas ? Balbutia Cristal, à bout de souffle.

Gabriel secoua la tête, et se mordit la lèvre.

-Ca ne collait pas ! Mon ordinateur s'habituait aux signaux qu'émettaient les Pokémons et ne réagissait plus ; sauf à certains moments, comme avant que le climat ne change brusquement ! En plus, les Rockets que nous espionnions ne capturaient pas les Pokémons, ils les prenaient en photo. Tu comprends ?
-Pas vraiment…Non…Admit Cristal.
-T'es vraiment cruche toi ! De plus en plus de civils disaient voir des Pokémons légendaires, parfois aux mêmes moments, mais à des lieux l'un de l'autre. Dimensionnellement impossible ! De plus, un Pokémon légendaire se fiche totalement d'être vu ou pris en photo, il ne se méfie pas !
-Et… ? Stagna Cristal, toujours dans le flou.
-Le plan Artémis de Twilight consistait à la capture simple des Pokémons légendaires, pour éviter que des bandits se les approprient, mais après, vous les laissiez dans la nature librement, les croyants protégés parce que les pokéball rebondiraient forcément sur eux.
-Bah oui enfin ! Les Pokémons légendaires sont des esprits de la Nature, on n'emprisonne pas la nature, réfléchis des fois !

Gabriel soupira, l'air de dire, je suis entouré d'une bande d'ignares.

-Mais le plan Artémis n'a servi à rien, au contraire, la météo a empiré !
-Oui, d'ailleurs, c'était vachement bizarre. Admit Cristal.

Le petit frère de Daniel lorgna sur son Nosferapti vert, pouvait-il ordonner à son Pokémon de mordre cette fille à la tête, histoire de lui retirer le trop plein de sang qui encombrait de toute évidence son cerveau au point de la rendre stupide ?

-Mon hypothèse, lâcha-t-il exaspéré, c'est que les Rockets ont trouvé un moyen de rendre définitive la matérialisation, l'illusion du professeur Mirage. C'est pour ça qu'ils ne capturent plus les Pokémons ! Ils se contentent de les emprunter, ou de les prendre en photos ! Après, pour les shineys, ils devaient probablement vérifier s'ils pouvaient, à partir de données de Pokémons normaux, les matérialiser en tant que shiney. Le signal que je captais, c'était à chaque fois qu'ils mettaient leur « machine » en marche !
-Mais…Et pour la météo ?
-Il faut toujours trouver un juste milieu, trop de Pokémons légendaires qui régulent par leurs simples existences le climat, ne doit pas faire de bien, tout comme leur absence totale ! Regarde, si ma théorie est juste, et d'après ce qu'on dit Christopher et Angie sur lui, Ash est le premier Pokémon qu'ils ont créé ainsi ! Et il agit comme un Pokémon normal. Les Pokémons légendaires créés artificiellement doivent être pareils, ils essayent de faire ce que leurs instincts leurs dictent !

Cristal pila, la respiration saccadée, elle scruta le sol, comme suivant une bestiole rampante particulièrement vicieuse, puis, frappée par la réalité, par la laideur de la vérité, elle s'écria :

-Mais c'est affreux ! Presque tous les membres de Twilight ont vu des Pokémons légendaires ! S'ils ont les machines du prof Mirage et qu'ils extraient ça de la mémoire de…De Peter…ou pire de Sacha ! Ils…Ils…

Mince, Gabriel n'avait pas songé à cela. Il était juste fier de son hypothèse. Cette fille n'était pas si bête finalement !

Le jeune garçon, déjà épuisé, puisa en lui un second souffle pour accélérer. Il ouvrit la porte blindée et pénétra dans un des couloirs de l'arène. Il remarqua sur l'écran que le signal provenait d'une pièce non loin, et il allait s'y précipiter quand une main le chopa par le col. Le portable du gamin lui échappa des bras et tomba, ricocha sur l'asphalte, avant de s'éteindre.

Gabriel se retourna prêt à hurler sur celui qui avait causé ce drame, mais son cri s'éteignit au fond de son gosier.

Un homme mûr, vieux, au regard noir et glacial. Giovanni.

Le maître de l'arène, en ce temps de crise, loin de venir aider ses subordonnés, se dirigeaient vers la cellule de sa prisonnière, pour mettre son plan à exécution, avec un calme olympien. Certain que les opposants qui osaient infiltrer son arène, ne feraient pas long feu. De toutes manières, les espions pouvaient détruire tout ce qu'ils voulaient, ils ne comprendraient rien, et il avait sauvegardé tout ce dont il avait besoin pour reproduire un système identique n'importe où. Mais en croisant ce gamin qui révélait à tout va tout son plan, toutes ces années de travail acharné comme de rien, prêt à tout dévoiler, il n'avait pas pu rester stoïque.

Il fallait le faire taire.

Cristal déboula à cet instant. Son cœur rata un battement.

-GABRIEL !

Le Nosferapti vert planta ses crocs dans le bras du kidnappeur de son dresseur et Stalgamin lança un vent glacé puissant, surpris, Giovanni recula. Gabriel atterrit sur ses pieds, et avant même qu'il puisse analyser la situation dans sa globalité, un cri le fit tressaillir :

-COURT !

Ses jambes bougèrent d'elles même, il ne ramassa même pas son ordinateur, et se rua vers la pièce qui émettait le signal. Nosferapti et Stalgamin le couvrirent.

Cristal s'interposa entre Giovanni et le gamin, les genoux tremblants.

La porte derrière elle claqua, signe que le petit s'était enfui. Vacillante, elle dégaina sa pokéball et déglutit.
Giovanni coula un regard hautain vers elle, puis un sourire sadique lézarda sur son visage froid.

-V-Vous n'avez aucune chance ! Bredouilla Cristal, intérieurement morte de peur. –Rendez-vous sans faire d'histoire ! R-Rendez-nous Sam !

Le chef des bandits ne bougea pas d'un poil, à peine touché. Cette attitude rappela diablement à la sœur de Gold le comportement insupportable qu'avait Silver au début, et elle se ragaillardit involontairement. L'accumulation de tout le stress, de toutes ces révélations, déborda, explosa en elle. L'incompréhension, l'ignorance, l'incertitude, l'impuissance, tous ces sentiments qu'elle haïssait au plus au point l'envahirent.

Cet homme incarnait tout ce qu'elle combattait, le meurtrier de son père, le responsable de tous les tourments de milliers de Pokémons innocents ! Il avait brisé son frère, Silver, et bien d'autres encore, dont elle ignorait même l'existence !

L'image, le cliché d'un autre temps qu'il avait pris le jour de la naissance de Silver oscilla devant sa rétine, alors elle ne put contenir ce cri du cœur. Peu lui importait d'obtenir une réponse, tout ce qu'elle désirait, même si ça ne changeait rien, même si ce geste était vain, c'était balancé le fond de sa pensée à ce type.

-Pourquoi faites-vous ça au juste ? S'écria-t-elle.

Cette fois Giovanni sursauta et une vague émotion déforma son expression glaciale.

-Pourquoi ? Répéta-t-il, comme surpris par l'interrogation, ridicule.
-Vous êtes quoi vous ? Mégalo ? Vous voulez gouvernez le monde c'est ça ? Qu'est-ce que ça vous apportera au juste ? Pourquoi faites vous tout ça ! Qu'est-ce que ça vous apporte au juste ?

Le champion de Jadielle ne répondit pas, et fixa la gamine comme un phénomène de foire particulièrement ahurissant. Agacée, Cristal dépêtra de sa poche la photo d'Holly tenant un Silver tout bébé et s'époumona :

-Vous n'allez quand même pas me dire que vous n'avez pas aimé cette femme ! Elle a porté votre fils ! Votre sourire, votre geste, tout ça c'était de la comédie ?
-Non ce n'était pas de la comédie.

La phrase de Giovanni vint si rapidement, si naturellement que Cristal eut l'herbe coupée sous le pied, elle manqua de trébucher et contempla cet être immonde, incompréhensible.

-Vous…
-Elle était commode. Elle m'adulait, tout ce que je disais, elle le prenait comme parole d'évangile. C'était agréable, et si simple de la berner. Elle me révélait tout, même les secrets les plus impensables sur sa famille qu'elle détestait. Vraiment, Holly était une femme utile. Avec elle, je n'ai jamais eut l'impression de faire de compromis, ou d'avoir des contraintes. Juste des occasions, des opportunités grandioses que cette andouille me servait sur un plateau d'argent, naïvement.

Giovanni haussa des épaules avec dédain, puis il grimaça :

-Tout s'est compliqué après la naissance de Silver. Elle n'avait plus d'yeux que pour lui, et après…Après elle a tout découvert, elle est devenue hystérique. Gênante. Elle ne m'était plus utile, que pour élever le mioche correctement. Et encore, elle lui a bourré le crâne d'idées à la con, de liberté, à cause d'elle, Silver est incapable d'utiliser les dons de sa famille.
-Vous…Marmonna Cristal, rouge de colère, les yeux plissés, envoyant des éclairs.
-Elle est devenue gênante, voire même dangereuse, donc je m'en suis séparé, par erreur.
-Vous ne l'avez jamais aimé ! Sale monstre ! Elle n'était qu'un pion pour un but dont vous ignorez même la finalité !

Cette fois Giovanni parut véritablement choqué par les paroles de l'adolescente et il secoua la tête en ricanant, puis il lança une œillade meurtrière à la petite avant de lancer froidement :

-Tu es incapable de comprendre le génie de mon but !
-Croyez-moi, je pense que ça vole tellement bas que même le plus idiot pourrait le capter ! Railla la sœur de Gold, dont la colère, cette fois avait totalement dévoré la peur, et même la raison.

Le père de Silver rigola à voix basse, son timbre sonna familièrement aux oreilles de Cristal, l'accent, le ton, tout cela lui rappelait de manière dérangeante Silver, et ça la dégoûtait. L'homme en face d'elle alla s'appuyer sur un mur et l'observa passivement. Cristal remarqua alors une drôle de sacoche à la ceinture du type, à l'endroit où l'on plaçait habituellement les pokéball. Il lui sembla discerner une sorte de piqûre qui s'en échappait.

-Tu n'as jamais rêvé d'un monde dans contrainte ?

Cristal pencha la tête. Mais elle n'eut pas le loisir d'en savoir davantage, Giovanni donna un coup à une des briques du mur sur lequel il s'appuyait, et le sol se déroba sous les pieds de la gamine. Tout le couloir s'ouvrit en deux, seuls les rebords furent épargnés. La sœur de Gold hurla, et elle perçut un « Dit bonjour à la fosse », avant de glisser dans une sorte de toboggan vertigineux, et de sombrer dans les ténèbres les plus totales.

Giovanni une fois sa besogne faite, haussa les épaules et se retira, impassible, en direction de la cellule de Samantha.

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Peter se glaça, qu'est-ce qu'elle avait dit ?

« Détruit ces œufs Peter. » Répéta plus froidement le timbre de Salomée, intransigeant.

Un frisson de dégoût assaillit le maître dragon. Miyu, lié lui aussi avec Salomée, qui entendait tout, s'insurgea instantanément, les bras en croix, placé devant la console de contrôle, il secoua la tête vivement :

-NON ! Ces Pokémons n'ont rien demandés ! Ils veulent juste vivre comme nous tous, ils ont le droit de vivre eux aussi ! Ils ne sont pas responsables des actes de ce…De ce type !
« Leurs existences même bouleversent toute la planète Miyu. Si nous ne les détruisons pas, le climat va continuer d'être indomptable. »
-Et bien qu'il le reste ! S'emporta Miyu, fébrile. –Ca ne fait de mal à personne un peu de flotte de temps en temps ! Qu'est-ce qu'on en a à foutre que ça pleuve dans un désert ! Chuis certaine qu'ils sont contents là-bas !
« Là n'est pas la question. C'est mal. »
-Mais bon sang, on en a rien à foutre de ce qui est mal ou bien ! Laissez les vivre, ils n'ont rien fait !

Peter resta stoïque, pris entre deux feux contraires. Inerte. Il comprenait parfaitement les deux points de vues, l'un comme l'autre. Il adhérait d'ailleurs aux deux avis. La situation actuelle de la planète était intenable, un jour ou l'autre, elle basculerait et emporterait avec elle des millions de vies. Cependant, mettre fin à la vie d'un Pokémon, cette idée lui était insupportable.

A l'image d'Eléanore, essayant tant bien que mal de l'empêcher d'obéir à Salomée, se superposa celle de son jeune frère, Harry. Il adorait les Pokémons, et détestait combattre dans un match officiel. Combien de fois l'avait-il vu s'interposer en plein match pour éviter que sa créature ne souffre ? Combien de fois avait-il fui tous les dresseurs qui passaient à Eternara, et qui, voyant la famille que cet endroit camouflait, le défiait juste pour son nom ? Harry aurait désapprouvé cette attitude. Il aurait trouvé un moyen d'éviter la catastrophe, et de sauver les Pokémons. Mais Harry avait disparu depuis 6 ans.

Peter secoua la tête.

-Il doit y avoir une autre solution ? Marmonna-t-il.

Miyu se détendit, un sourire éclaira son visage, blanc.

« Il n'y en a pas. Peter. » Rétorqua Holly.

-Bien sur que si ! Il y en a toujours une ! S'emporta le maître Dragon. –je…Je…On pourrait les envoyer dans une autre dimension ? Comme le font Palkia et Dialga !

« Dans ce cas, autant les tuer, c'est ce qu'il advient des Pokémons, ils se réincarnent dans une dimension parallèle, avec tous leurs souvenirs. » Expliqua Holly.

Peter recula. Et secoua la tête brusquement.

S'il en venait à une telle extrémité, il ne valait guère mieux que les bandits qu'il combattait ! Lui, il respectait les Pokémons, il ne les considérait pas comme des pions, mais comme des camarades. Ces créatures apportaient la joie de vivre à des milliards de vies, ils redonnaient le sourire après les larmes, parfois, certaines personnes y dédiaient toutes leurs existences ! Lui compris, avait juré d'être un dracologue aimant, ils étaient son gagne-pain, plus, ils étaient sa sauvegarde.

Ses dragons l'avaient sauvés un nombre incalculable de fois ! Agir ainsi, revenait à cracher sur la pureté de ces êtres, leur innocence.

« Ils seront plus heureux morts, Peter » Insista Salomée fermement.

Miyu se raidit.

-Non c'est faux ! Eléanore ! Explique lui ! Il ne m'écoute pas ! Eléanore !

« Ta porteuse est à bout de force Miyu, ne lui demande pas plus d'effort sauf si tu veux voir son esprit se disloquer. » Conseilla simplement la femme.

L'ancien spectre sursauta, et scruta le paysage, à la recherche de la silhouette translucide de son amie, et il la trouva, presque imperceptible, qui peinait à garder les yeux ouverts. Elle n'entendait plus ce qui se passait autour d'eux depuis un bon moment.

Peter tressaillit. Il contempla cette rangée d'œufs devant lui. Quelle différence y-avait-il avec de vrais ? Il posa une main sur le verre, et la coque protectrice réagit à ce contact, elle s'ouvrit pour dévoiler son précieux trésor. Le maître dragon caressa la carapace dure, chaude, pulsant de vie et de volonté. Sa gorge se bloqua.

Il ne pouvait pas faire ça !

« Peter, si tu ne le fais pas, ces Pokémons seront utilisés à mauvaise escient, ils causeront bien plus de dégâts que tu ne peux l'imaginer. » Susurra Salomée.

Mais…

« Harry est probablement mort Peter. Il ne reviendra pas. Et c'est sûrement à cause de ces Teams, peut être même à cause de ce plan précis. Tu crois que ces bandits se soucieront des vies qu'ils briseront ? Giovanni se fiche éperdument des autres, c'est un fléau temporel, tout ce que les Guardian ont toujours craints et combattus. Si tu laisses ces bêtes vivres, d'autres souffriront. »

Peter déglutit et ses mains tremblèrent. Pour la première fois de sa vie il entendit alors Salomée hausser le ton.

« C'est le principe du sacrifice non ! Pour sauvegarder la majorité, une minorité doit succomber ! Notre société a toujours fonctionné ainsi ! Ce que tu fais n'est pas mal Peter, c'est la justice ! Ce que tu fais est un acte héroïque tu m'entends ? »

Elle avait raison.

Le chef de twilight ferma les yeux, puis d'un pas lent, exagéré, il se dirigea vers la console de contrôle, Miyu essayait vainement d'attirer l'attention d'Eléa, et il ne comprit même pas qu'il avait perdu la bataille. Posément, le maître des dragons actionna le système, et le déconnecta. Tour à tour, le message « l'œuf numéro X est mort » s'afficha.

Peter sentit une part en lui se briser.
Une mélancolie sourde, dévorante, une tristesse consumante le saisit.
Las, il se sentit vide.
Totalement vide.
Dépourvu de toute combattivitté, d'envie de se battre, de volonté.
Il était devenu comme les monstres contre lesquels il luttait : un tueur.

Ses pupilles passèrent du panneau de contrôle à Eléanore, ou plutôt Miyu dont les larmes coulaient librement sur ses joues, à cause des cris des Pokémons agonisants dans l'œuf, si semblable à lui. Des êtes qui n'avaient même pas eut le temps de connaître les délices de l'existence.

Abattu, mais sachant bien qu'il n'y avait rien d'autre à faire, l'ancien spectre serra la mâchoire et ferma les yeux, se mordit la lèvre, se boucha les oreilles, jusqu'à ce que tous, eurent cessé de l'appeler à l'aide.

Gabriel déboula alors dans la salle, rouge, haletant, et il s'écria :

-Cristal se bat contre Giovanni deux couloirs plus loin !

L'instinct de survie reprit le dessus, le temps pressait. Par automatisme, Peter lui ordonna de rester à l'abri ici, et avec Eléa, ils sortirent de la pièce.

Mais à leur arrivée, il ne restait rien.

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Silver courrait, le plus rapidement possible, malgré ses blessures, et sa panique, il se repérait dans ces lieux facilement. Il eut un sourire amer, en même temps, il avait grandi là dedans. Il savait où il mettait les pieds.

Le roux pila, son cœur ayant raté un battement. Il cessa sa course, le regard dans le vague, ses prunelles d'argent posées sur une porte en ferraille verrouillée. Ses entrailles se tordirent tandis que les souvenirs de sa mère lui revenaient. C'était ici, qu'il l'enfermait. Cette porte menait à l'aile qui lui dédiait, ou plutôt, dans laquelle il la confinait. Il y avait là-bas la cellule pour les « châtiments » et la « chambre de la honte »…C'était à son souvenir, le lieu le plus surveillé de toute l'arène. Il faisait croire aux envoyés du comité Pokémon, que c'était l'endroit où il entreposait les créatures de l'arène. Des bestioles comme ça, il y en avait effectivement, et il se faisait un plaisir de les jeter dans leurs griffes, lui ou Holly, à la moins incartade. Devant tous les sbires censés les surveiller, les superviser.

Il camoufla un frémissement et se crispa.

Si Samantha se trouvait à un endroit, cela devait être ici. Tremblant il avança vers le scellé, mais ses doigts se contractèrent sur du vide et il recula.

Comment allait-il la retrouver ? Giovanni était-il avec elle ?

A nouveaux les souvenirs affluèrent, combien de fois avaient-ils vu sa mère subir le courroux de son père ? Où Giovanni l'avait obligé à regarder ? Et cette fois, plus encore qu'avant, il était fautif. Lucide, il savait, il sentait qu'encore une fois, il serait incapable du moindre geste contre l'ombre cauchemardesque qui avait hanté toute son enfance, si encore on pouvait la qualifier comme telle. Malgré sa promesse.

Silver déglutit. Il ne savait pas vraiment s'il était capable de supporter de perdre une autre personne à cause de ses actes. Non, assurément, il ne pourrait pas survivre à ça. Et malheureusement, il avait appris il y avait bien longtemps, que l'expression « avoir le cœur brisé » n'était qu'une illusion malsaine, car celui-ci continuait pourtant de battre, malgré tout.

-Samantha est là-dedans ?

Le timbre d'Akira Yuki leur parvint. Celui-ci, appuyé contre son girafarig, les yeux bandés, semblait parfaitement conscient de la situation –pour une fois- grâce à son lien psychique avec son Pokémon. Devant le silence morbide de l'adolescent, il comprit, et sans plus attendre, il empoigna la hanse de métal et tira.

Silver frissonna, et ce ne fut pas à cause du vent glacé qui s'infiltra partout en lui, comme le souffle mortel d'une bête souterraine, non, loin de là. Ses cheveux s'hérissèrent sur sa nuque.

Il la voyait. Elle se trouvait juste là, coincé dans le premier couloir de ce dédale sans fin. Ses vêtements souillés par le sang, ses cheveux emmêlés et le teint blafard, mais là, vivante. Qui plus est dans une drôle de position, coincée entre les barreaux de sa prison, comment avait-elle fait ?

-Sam !

La jeune fille releva la tête, secouée en entendant l'utilisation de son vrai prénom. Ses yeux s'écarquillèrent à la vue de ceux se tenant sur le seuil de sa prison. Un sourire béat lui monta aux lèvres, malgré la douleur, malgré la peur, et de grosses larmes lui échappèrent.

-Vous êtes venus…Bredouilla-t-elle.

Les enfants se ruèrent vers elle, et elle les suivit du regard comme s'ils n'étaient qu'illusion, un tour de plus de son kidnappeur. Instinctivement, elle attrapa la veste d'Akira, et sentant le tissu bien réel sous ses doigts, ricana, hoqueta, renifla bruyamment.

-Vous êtes vraiment venus !

Les sanglots, les spasmes la secouèrent, et quand Gold parvint à l'extirper de sa prison en tordant un peu plus les barreaux. A peine libérée, la jeune fille se jeta dans les bras de son professeur et pleura tout son saoul. Son enseignant caressa ses cheveux avec tendresse, en lui murmurant que c'était fini, le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine.

-J'ai cru que…J'ai cru que j'allais mourir ici ! Gémit Sam.

Silver se mordit la lèvre, désemparé. Mais l'adolescente se tourna vers lui, et sans crier gare l'enlaça à son tour.

-Ton père est un monstre ! UN MONSTRE !

Maladroitement, Silver répondit à son étreinte, et avec la voix étranglée il murmura :

-Je sais…Je suis désolé Sam…

Il ferma les yeux et se concentra sur les spasmes qui secouaient l'unique famille qu'il aimait, sa sœur. Et, même si c'était égoïste, même s'il voyait bien les plaies qui marbraient sa peau, même s'il remarquait la bosse au niveau de sa hanche, il ne put qu'être rassuré. Car même si elle tremblait, si elle avait peur, si elle avait mal, elle restait toujours vivante. Il avait une chance, une chance de la protéger dignement cette fois. Et la première chose qu'il allait faire, c'était endosser seul le blâme de cette famille maudite. Tant qu'il serait vivant, Samantha n'apprendrait jamais ses véritables origines. Elle était trop fragile, trop normale pour supporter pareils gênes.

Gold, spectateur muet face à ce spectacle, seul comprenant sa complexité, sa profondeur, sourit fièrement.

Doucement, Silver banda les blessures les plus graves de sa sœur, il avait l'habitude, et connaissait bien les premiers soins. Puis, Akira la prit dans ses bras et la porta, elle s'accrocha désespérément à son cou, et enfouis son visage dans le creux de son épaule, comme pour s'y cacher. Mais avant de s'enfermer totalement dans un mutisme protecteur, elle balbutia à son enseignant :

-Vos yeux…qu'est-ce qu'ils ont ?
-Petite faiblesse, rien de bien méchant. Plaisanta Yuki sans grandes convictions. –Allez, on rejoint les autres, et on sort.

Ils firent un pas en avant, mais une silhouette noire leur barra la route. Silver tressaillit imperceptiblement.

Giovanni.

Et apparemment, il était furieux qu'on emporte ce qu'il croyait être sa femme.

-Silver, comme on se retrouve…Maugréa l'heureux père.

Le roux se rétracta, et Capumain baissa les oreilles, apeuré. Gold se plaça avec lui et lui posa une main réconfortante sur son épaule. Hélas, le roux ne la sentait même pas.

-Toujours aussi encombrant décidément. Analysa Giovanni, d'une voix simple. –Sois un gentil garçon et arrête tes bêtises. Rend moi Holly.
-Je m'appelle Sam ! S'époumona Samantha dans les bras d'Akira. Celui-ci resserra sa prise sur son élève grelottante.
-C'est ça.
-Elle a raison. Elle ne se nomme pas Holly, elle s'appelle Samantha Joëlle et c'est mon élève. Marmonna le professeur, rancunier.

Giovanni roula des yeux, éreinté, très peu dupe.

Doucement, Yuki obligea Sam à défaire son emprise sur lui, et il la confia à Gold. La gamine se crispa sur du vide et elle se rattrapa aussitôt sur le brun, terrifiée. Silver la tête vrombissante, eut tout de même le réflexe de se placer devant eux, comme bouclier humain s'il le fallait. Cependant Akira ne leur laissa pas le choix.

-Girafarig, emmène-les loin d'ici à l'abri. Ordonna-t-il sèchement.

Le Pokémon girafe se cabra, et d'un bond, il prit le col de Gold Silver et Sam dans sa gueule, et s'enfuit à toutes jambes. Du moins, il essaya, un rhinoféros et un persian se jetèrent sur lui, et l'empêchèrent de disparaître. Les enfants se retrouvèrent à terre, Samantha et Silver se recroquevillèrent instantanément.
Akira siffla. Giovanni pouffa :

-Tu croyais sincèrement l'échapper Silver ! Puisque tu es là, tu vas me servir, tiens.

Le maître de l'arène fit un signe à son Persian. Cependant Akira s'interposa, il sortit florizarre et son Staross et d'une main assurée, retira ses bandages aux yeux. Le couloir se dressa devant lui, flou, mais présent. C'était tout ce dont il avait besoin. Il savait que la luminosité allait corrompre ce qui lui restait de rétine, il savait également qu'avec l'enchaînement qu'il allait tenter, il annihilait ses dernières chances. Mais avaient-ils le choix ? C'était sa carte maîtresse, il ne l'avait jamais tenté en situation réelle et ignorait s'il elle allait réellement fonctionner, cependant, l'heure n'était plus à hésiter. Il fallait qu'il abatte ce persian et ce Rhinoféros en un coup, pour que les enfants puissent partir.

-Staross, tour rapide, au dessus de florizarre ! Florizarre, lance-soleil !
-Imbécile, à l'intérieur d'un bâtiment, ça n'aura aucune effet ! Se moqua vertement Giovanni.

La lumiattirance de Staross, accentuée par le mouvement rotatif, rapide du Pokémon sous les néons eut un effet dévastateur, brillant, aveuglant comme un petit soleil. Akira jaugea la densité de la lumière, et il sentit le haut le cœur lui revenir, la pièce tournait, dansait, s'estompait. Et quand tout devint blanc devant lui, il s'exclama :

-Staross ARMURE ! FLORIZARRE A TOI !

L'action réfléchissante de l'armure joua le rôle de lentille, et la fleur dorsale du Pokémon plante se contracta, se dressa, avant de tirer un puissant jet coloré.

Le bâtiment entier chancela. Les deux Pokémons adverses furent littéralement emportés, mis K.O sans la moindre chance. Le tremblement attira également l'attention de Lucas, Daniel, Gabriel, Peter, Eléa et Cristal tous disséminés aux quatre coins de l'arène.

Sans plus attendre, le professeur se rua vers les enfants, il allait attraper Sam dans ses bras quand une douleur lancinante dans le dos le fit vaciller. Un choc à la tête, et ses idées s'engluèrent dans son esprit dans une cacophonie lourde. Il s'effondra avant d'avoir put réagir.

Giovanni, siffla, admiratif, derrière, mais son Elektek et son aeromith, eux, se cabrèrent de dédains, fier d'avoir mis à terre celui qui avaient abattu deux des leurs si facilement.

Samantha, écrasée par le poids de son professeur, par le poids de la peur, le secoua dans un gémissement. Mais elle eut beau l'appeler, il ne réagit pas, il resta flasque, mou. On aurait presque dit qu'il dormait paisiblement, si une marbrure violacée ne suivait pas le même chemin que les veines de son cou.

Apeurée, elle se redressa, pour voir un dard probablement venimeux enfoncé profondément au niveau des reins. Gold et Silver se redressèrent et leurs souffles se coupèrent. Le roux serra les poings à s'en blanchir les phalanges.

Tout se reproduisait selon le même shéma !
Encore !

-Allez Holly, ça suffit, tu tiens vraiment à ce qu'il meure lui aussi ? Si je le jette dans la fosse alors qu'il est dans cet état, tu sais qu'il ne survivra pas.
-Je m'appelle SAMANTHA ! Cracha la gamine en pleurs, alors qu'elle secouait de plus en plus fort son professeur.

Giovanni s'avança vers sa proie, sans se soucier des deux autres. Mais alors qu'il atteignait enfin Sam qui fermait les yeux d'impuissance, il s'arrêta, coupé par le cri de son fils.

-Relâche-là !

Giovanni se tourna vers lui, sans trop espérer, et il lança froidement :

-Tu oses me répondre Silver ?

Le roux se tendit comme un arc, blême. Les mots l'étouffèrent lui-même, et il ne parvint pas à esquisser à un mouvement. Mais le visage ravagée par les larmes de Sam, la vision de Yuki étendu à terre, alors qu'il avait tenté de tous les sauver, et la proximité de Gold, qui serait sûrement la prochaine victime le poussa à continuer :

-Je…Tu n'as pas besoin d'elle ! Bafouilla-t-il.
-Ah non ? Se moqua Giovanni – C'est toi qui va la remplacer peut être ? Tu es incapable de faire le quart de ce qu'elle peut faire, tu es un parasite inutile Silver, j'ai déjà trop perdu de temps à essayer de te rendre efficace.

Gold se raidit. Ce type, était encore pire que ce qu'il imaginait.
Il contempla Silver, et posa son regard sur Samantha. Les deux amis du roux semblèrent tout saisirent, se comprendre mutuellement, et ils murmurèrent dans un souffle anxieux : « Non ! ». Pourtant Silver prononça quand même les mots qu'ils redoutaient.

-Je peux le faire ! Laisse-la !

Giovanni soupira, puis observa une énième fois son fils, peu fier, qui essayait de garder sa superbe, le peu qui lui restait de dignité. Il haussa les épaules et lança simplement :

-D'accord, toi, à la place d'Holly.

Les épaules du roux ne s'affaissèrent pas de soulagement, mais les battements de son cœur et le mal de tête qui enraillait ses pensées s'atténuèrent. En revanche, ceux de Sam et Gold fit une embardé. Seul Giovanni resta inerte, totalement impassible, tandis qu'il lançait froidement :

-Mais avant arrête-ça.

Aeromith fonça sur le roux et à coup portant ou presque, utilisa son attaque rayon signal.
Les hurlements stridents des enfants furent couverts par le bourdonnement des ailes toxiques du Pokémon.

Brusquement pour Silver, tout devint silencieux. Il avait été habitué à toutes sortes de douleurs possibles et inimaginables, aussi, ressentit-il à peine les picotements quand la chair de son épaule, là où passait une artère, se déchira sous l'impact.

Il voyait son sang s'éparpiller goutte à goutte contre l'asphalte, que Gold se pressait à ses côtés en lui hurlant des paroles qu'il n'entendait pas.

Bon sang, il pouvait couper le son dans la réalité aussi ? C'était bête de s'en rendre compte seulement maintenant.

Le monde lui était toujours paru étrangement flou, distant, comme s'il n'en avait jamais connu les codes fondamentaux. Les autres, les gens normaux, plus particulièrement, lui paraissaient totalement inaccessibles. Ils paraissaient baigner dans une oisiveté, dans un bonheur lent et graisseux.
Il n'avait jamais compris pourquoi le sort s'était acharné sur lui, pourquoi son père agissait ainsi. Il s'était toujours contenté de subir, d'attendre dans son malheur croupissant une occassion, une vague lueur pour s'en échapper. Toute sa vie se résumait à cela, craindre en silence, s'enfuir, avoir un aperçu amer d'une vie qu'il ne savourerait jamais, et revenir, plus cassé encore. Il ne s'était pas souvent rebellé, juste lâchement échappé. Il craignait bien trop son père pour l'affronter de face.

Pourtant, en cet instant, une question lui passa à l'esprit.

Pourquoi avait-il peur de son père ?

Elle se révélait tellement simple, tellement évidente qu'il ne sut pas y répondre.

Après tout que risquait-il ? La mort ?

C'en était risible, presque comique, n'était-ce pas ce qu'il se sous-entendait à chaque coup dur, en se répétant « ça finira bien par passer, d'une manière ou d'une autre » ? N'était-ce pas inconsciemment ce qu'il attendait pour mettre fin à ce manège macabre ?

La mort…Oui c'était vraiment le pire qu'il pouvait lui faire. Tout s'arrêterait, plus rien ne l'atteindrait alors…Il pourrait enfin se reposer alors…Alors…Pourquoi avait-il peur ?

Gold devant lui, lui serrait la main si fort, il devait lui hurler de s'accrocher, de ne pas lâcher prise, de ne pas mourir. Il n'y avait vraiment pas de quoi en faire tout un plat pourtant, il se sentait bien. Il allait bien. Il ne croyait pas au paradis ou à l'enfer, mais il aimait l'expression le « repos éternel ». Cela sonnait bien…

Est-ce que sa mère avait été à ce point soulagée, quand elle avait fermé les yeux une dernière fois ?

Silver se détendit, il avait froid, mais ça ne le dérangeait plus. Si c'était la dernière étape à passer pour ça. Son regard bleu argenté se posa sur Samantha, et là, il retrouva toute la dureté, la cacophonie de la réalité.

Gold sentit la prise de Silver répondre à la sienne, et il le regarda avec désespoir, mais la main de l'adolescent roux, plaquée sur sa plaie pour retenir le fluide sanguin qui s'en échappait, dérapa. Plusieurs étincelles vertes pétillèrent près des lèvres de la blessure et elle se résorba légèrement. A peine, juste assez pour le maintenir en vie, juste assez pour lui permettre de crier :

-SAMANTHA DERRIERE TOI !

Gold sursauta, et il put simplement voir Giovanni saisir Samantha et la soulever de terre comme un vulgaire objet. Il rigolait, et jeta une œillade répugnée à son fils, maugréant un :

-Décidément, tu ne meurs jamais toi.

Le roux, de nouveau alerte, mais bien amoché, grimaça, incapable de faire quoi que ce soit. Samantha se débattait à tout rompre, elle mordit son agresseur, le roua de coups de pieds mais rien n'y fit. La patience, la limite de Gold fut franchie. D'un bond il se redressa, et Silver eut beau murmurer un « tais-toi », rien n'arrêta le brun :

-Vous n'êtes qu'un abruti ! Si vous aviez porté qu'un peu d'attention à votre fils, vous verriez que ses blessures mortelles se soignent juste assez pour lui permettre de survivre !

Il grimaça avec amertume, dégout, et lança :

-Mais remarque, à quoi je m'attends au juste ! Holly par-ci Holly par-là ! Vous n'êtes même pas capable de comprendre que vous avez capturé votre propre fille !

Giovanni fronça les sourcils et Samantha se raidit.

Qu'avait-il dit ?

-Soit. Quand bien même, elle serait la fille de Méfisto, elle m'appartient maintenant ! Railla Giovanni avec ironie.

Sans plus attendre il dégagea une piqûre de son sac et la planta aussi sec dans le cou de sa victime. Celle-ci eut un soubresaut, puis tout s'éteignit. Son, Vision, Gout, Odorat, Toucher. Ses pupilles se dilatèrent et ses pensées s'alourdirent.

Dans un bruit mât elle s'étala au sol tandis que Giovanni rangeait son arme, victorieux, et répliquait narquoisement :

-Elle n'est plus vraiment en état de contredire mes ordres je crois.

Et avec délectation, il ajouta :

-J'ai gagné.

A cet instant précis, Eléanore, ou plutôt Miyu, et Peter, parvenaient enfin sur le champ de bataille de fortune.