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Destins liés ~Crépuscule~ de fan-à-tics



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» Auteur : fan-à-tics - Voir le profil
» Créé le 11/04/2010 à 02:51
» Dernière mise à jour le 11/04/2010 à 02:51

» Mots-clés :   Présence de personnages de l'animé   Présence de poké-humains   Présence de shippings

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Episode 47 : Tu cesseras de craindre, en cessant d'espérer.
Coucou vous tous !! Me revoilà, avec un chapitre de transition, avant de vous relancer dans les deux dernières parties de ce sauvetage ! Mon dieu que c'est long. Mais j'en verrais le bout ! Je le jure !

En attendant, voici un chapitre avec son lot de révélations, comme à l'habitude, d'ailleurs, on revoit un indice que j'avais camouflé vers Azuria, j'espère que vous vous en souvenez tous ! Non ? Et bien c'est simple, si vous vous rappelez bien, Marion est venue à Azuria chez ses parents adoptifs pour leur demander de déménager, la raison ? Peter venait de survivre à une tentative d'assassinat à Eternara et elle craignait pour leur vie ? Si vous vous rappelez bien, elle citait alors une civile qui avait sauvé Peter et disparut dans l'ambulance, la réponse de ce mystère ici !

En attendant, une belle avancée pour les couples…Je vous souhaite donc une bonne lecture, et je vais vous demander de partager avec moi, vos craintes pour l'avenir de nos personnages (qui va mourir d'après vous ? Qui sera avec qui ? Giovanni survivra-t-il ?). je suis toute ouie.

Je vous invite encore une fois à lire la fic de Mixy, Les LARMES DE JIRACHi, publiée sur fanfic-fr. Ainsi également que les fictions de GERMINOKANON (un rapport avec ma fiction ? Non, son OS est juste adorable).

Allez, sur ce je vous laisse et vous dis, à dans deux semaines pour la suite. Moi je vais mourir pour mes études *prend son armure et sa lance*
TAYOOO !!!


-chapitre 47-Tu cesseras de craindre en cessant d'espérer.

Comment une vie bascule-t-elle ? Est-ce un acte, une parole, un mauvais choix au croisement, le hasard ou bien la fatalité ? Il se posait souvent la question, mais une seule réponse lui convenait véritablement, plutôt que de croire en l'existence sordide d'un maître du destin, s'amusant de leurs tourments comme un joueur d'échec, il préférait imaginer le destin comme une immense machine, aux engrenages complexes. Un peu comme une gigantesque horloge. Il voulait se dire que tout évènement avait une cause bien logique, et qu'en remontant simplement le mécanisme, on pouvait y remonter à sa source, et peut être comprendre comment on aurait pu l'en empêcher, en tirer des leçons pour le futur encore à venir.

Mais là, Peter ne savait plus. Il ignorait quand le signal de départ avait été tiré, tout ce qu'il savait, c'était que la course infernale se poursuivait. Où avait-il loupé le coche ? Lors de l'attaque de Carmin ? Non tout ça provenait d'un mal bien plus lointain, plus ancien, plus douloureux ? Giovanni ? Oui très certainement, mais pas seulement, sans Salomée, ce type n'était qu'un bandit quelconque, un monstre, mais caché parmi les siens.

Il grimaça.

Salomée était le grain de sable qui avait enrayé le mécanisme, bloqué le sablier. Elle se trouvait au centre de tout. Peter ignorait même jusqu'à quel point en cet instant.

C'était Holly qui avait accepté de porter les enfants de Giovanni. Elle qui avait mis fin à l'existence de Miyu, en découvrant la vérité sur son mari. Elle qui avait abandonné sa cadette au centre Joëlle. Elle qui avait prié pour que Celebi la protège, la guide vers un meilleur destin. C'était donc à cause d'elle, que Samantha le premier jour de son voyage encadré avait rencontré Eléa. C'était à cause d'elle que Twilight avait été crée. Que Silver avait fuit son géniteur, avait intégré l'organisation, puis infiltré Opale à carmin.

Mais jeter le blâme sur cette pauvre femme était injuste. Qu'y pouvait-elle au juste ? Prisonnière dans son propre corps à des kilomètres de là ? La porter responsable de cette après-midi traumatisante aurait été juste cruel.

Agacé, Peter poussa un soupir profond, et pris sa tête entre ses mains. Il se répéta une énième fois qu'il aurait du voir l'attaque venir, la prévoir, et protéger Silver, les enfants, le prof, comme il se l'était juré. Mais il devait se rendre à une évidence, il n'était capable de protéger personne. Tout ce qu'il était parvenu à faire, c'était pousser ces gamins à intervenir dans un duel, à tricher, et à battre déloyalement un bandit, sans qu'ils n'affichent pour autant le moindre remord.

Autour de lui, les alentours de Jadielle, du stade, ne ressemblaient plus à rien, sinon qu'à un camp de réfugiés. Les autorités compétentes vaquaient d'un amas humain à un autre, en embarquaient certains pour des soins, ou laissaient d'autre sur place. Un des inspecteurs, chargé de fouiller le reste du stade pour éviter une contre-attaque des restes d'intégristes, s'était approché de lui il y avait quelques minutes pour lui faire un bilan. 7 morts, dont deux enfants piétinés. Un nombre important de blessés, dont deux brûlés graves qui ne s'en sortiraient certainement pas. Un autre enfant, Armand, avait été transféré en urgences pour une transfusion sanguine. L'hôpital de la bourgade était bondé. Pour couronner, le tout on comptait une disparue, Samantha Joëlle, une gamine sous sa responsabilité.

Las, il jeta un regard oblique vers une sorte de refuge, où tous les blessés qui ne pouvaient être évacués s'entassaient. Silver, Gold, Akira et une certaine Lily s'y trouvaient. L'enseignante brune, d'abord en état de choc, n'avait pas pu monter avec son élève, et on lui avait administré des calmants, elle se reposait à présent, allongée près du lit de fortune –une plaque de bois posée sur la boue- où reposait son collègue, toujours inconscient. Les secouristes avaient rapidement écoutés la raison de sa perte de connaissance et avaient dit que, dans des circonstances pareilles, rien d'autre ne pouvait être fait.

Les blessures de Gold et Silver étaient moins graves que Peter ne le redoutait, ils avaient perdu connaissance à cause des électrochocs causés par un magneton, mais l'abondance du sang s'expliquait par les immenses lacérations couvrant leurs dos. Encore une fois, les infirmiers et les pompiers avaient juste désinfecté et bandés les plaies.

Lucas les veillait, avec Daniel et l'infirmière Joëlle, silencieux. Eléanore courait d'un bout à l'autre, essayant toujours de retrouver Sam, comme par miracle dans la foule. Mais ce cirque se révélait vain. Depuis plus d'une demi-heure, tout ce cinéma était vain. Tous autant qu'ils étaient, se rendaient face à cette évidence.

Brusquement, une ombre tressauta, Lily se redressa vivement sentant la main d'Akira presser la sienne en retour. Les larmes lui montèrent de nouveau aux yeux et elle souffla avec tendresse :

-Akira, espèce de paresseux…

Le concerné inspira une bouffé d'air, avec une mine ahurie, il scruta le paysage et chercha du regard où il se situait, mais son amie d'enfance le calma, bredouillant :

-C'est bon, le danger est passé maintenant. Tu es à l'abri.

Cependant le professeur continua de fouiller le paysage des yeux, il tenta de se redresser tant bien que mal, mais elle le contint avec inquiétudes :

-Non, Akira, tu ne dois pas bouger ! Ton cerveau a reçu un grand choc, tu risquerais de…

Sans plus attendre, le professeur se pencha et rendit son déjeuner sur le côté.

-Vomir…Acheva-t-elle avec une fatigue nettement perceptible dans son timbre.

Cependant ; elle entoura ses bras autour de son cou, et l'enlaça avec désespoir, laissant librement ses larmes couler. La main d'Akira se crispa sur sa veste ensanglantée, et il maugréa hasardeux, une phrase à peine inaudible. Il dut se recommencer à plusieurs reprises, avant qu'enfin, les sons n'atteignent quelques oreilles attentives :

-Lily…c'est toi ?

La brune eut un rictus crispé, et elle ricana :

-Qui veux-tu que ce soit d'autres ? Franchement, je devrais te laisser tomber dans la boue après tout ce que je subis à cause de toi…

Le professeur ne rit pas à la plaisanterie, elle non plus d'ailleurs, à la place, il murmura une requête simple, innocente, faible, mais qui leur glaça le sang à tous.

- Enlève-moi…ce truc des yeux…

La brune saisit le visage de son partenaire et le regarda avec détresse. Rien ne couvrait son regard, pourtant, ses deux iris outremer, ternes, ne suivirent pas le mouvement et restèrent totalement fixes, sans émotion. D'un ton branlant, Lily balbutia :

-Akira, dis-moi combien j'ai de doigts là ?

Elle ne leva pas le bras, ne présenta pas son membre à son camarade, et son interlocuteur du saisir la panique dans sa voix, car il pâlit, plissa les yeux et tenta hasardeusement :

-5 ?

Le sanglot qui sonna, tel un glas, lui signifia bien qu'il avait mal deviné, et un timbre cassé bredouilla :

-Tu vois quelque chose au moins ? Akira…Akira, dis-moi que tu vois quelque chose !

Le professeur avala sa salive de travers, et baissa la tête, honteux. Oui, il voyait, lamentablement, comme s'il avait la tête pris dans un étau, séparé du monde par une barrière de tissu opaque.

-Enlève-moi…Ce machin…Des yeux…Répéta-t-il avec plus d'anxiété.

Mais Lily secoua la tête, et bredouilla :

-Je ne peux pas faire ça Akira…Tu n'as rien du tout. Rien du tout sur les yeux.

Elle plaqua les mains sur sa bouche et retint un nouveau sanglot. Le professeur resta pourtant stoïque, inerte, blanc, comme ne comprenant pas ce qu'on venait de lui dire. Pourtant, il sursauta, et fixa avec ébahissement ses propres mains, qu'il ouvrait et fermait alternativement. Un sifflement lui échappa.

-Merde…

D'abord à peine audible, comme un murmure, il devint de plus en plus fort, pour finir par mourir au fond du gosier du professeur. Lily se crispa à chacune de ses intonations, puis n'en pouvant plus, elle saisit son visage entre ses paumes, et le força à la regarder.

-Akira, akira, dis-moi que tu me vois !
-Merde…Répéta Yuki, d'un timbre étranglé.
-Akira !
-Je te vois pas ! Lily, je te vois pas du tout ! Juste une forme vague qui pourrait tout aussi bien être celle d'un grotadmorv !

Pourtant Lily sourit, ou bien ce fut plutôt un rictus désespéré.

-C'est déjà bien ! Tu vois quelque chose, tu n'es pas aveugle Akira.
-Et tu vas me dire qu'avec des lunettes ça va s'arranger, peut-être ? Railla le prof.
-Oui, ou avec une chirurgie au laser ! Tu peux voir Akira, maintenant, il faut juste ménager tes yeux !

D'un bon, elle se remit sur ses jambes et se précipita dans la foule, à la recherche d'un secouriste. Akira, quant à lui, se prit la tête entre ses mains, et se crispa davantage. Peter, d'abord hésitant, s'avança finalement vers lui, et balbutia :

-Elle aussi, elle a vécu des choses affreuses pendant votre inconscience…Et pourtant, en la voyant comme ça, s'acharner pour vous, on ne dirait pas du tout.

Akira tressaillit imperceptiblement, puis se tendit.

-Lily a toujours été forte. « On s'habitue à tout, l'humain s'habitue aux pires sévisses, même manger de la boue lui paraitrait normal si on l'élevait de cette manière. » Elle me répétait souvent ça, quand j'étais gamin, pour me forcer à travailler.
-Ce n'est pas très encourageant. Constata Peter.
-Non…Effectivement…Et, je ne l'ai jamais vraiment écouté.

Un silence s'imposa, durant lequel, Akira essaya à nouveau de percevoir un mouvement, une image de sa main ou de ce qui l'entourait, mais sa mâchoire se crispa face à l'échec. Le maître des dragons l'observa, puis, avec honte et résignation, il souffla :

-Il serait peut-être temps…De l'écouter…Ce conseil.

S'habituer à ne plus rien à voir ? Ne pas espérer au risque de tomber de haut ? Yuki le sentait au plus profond de lui, cette foutue sensation s'immiscer en lui. L'idée folle, que ce genre de choses ne pouvaient pas lui arriver, à lui, pas de cette manière. Mais il savait aussi qu'il ne cauchemardait pas.

-Merde…Siffla-t-il à nouveau en refoulant un sanglot alors que Lily revenait avec un secouriste, essoufflée.

A quelques mètres de là, Daniel et Lucas, restaient, immobiles, leurs regards ternes, veillant maladroitement sur Silver et Gold, inconscients. L'infirmière Joëlle à leurs côtés, pansait les plaies des garçons en silence, aussi pâle que la mort, agissant comme par mécanisme.

Lucas ne bredouillaient pas un mot, se contenta de regarder Akira se faire examiner par ce médecin urgentiste, le cœur lourd. Aussi, Daniel mit quelques secondes à réaliser, quand il ouvrit enfin la bouche :

-Comment on-a pu en arriver là ?

Le gamin trembla, et croisa les bras, attrapant convulsivement les coutures de ses vêtements, s'y accrochant, comme un naufragé à une bouée de sauvetage. Il grinça :

-J'étais à côté d'eux….j'étais…J'étais exactement…J'aurais du voir ça venir…Et ne pas laisser Sam toute seule. J'aurais du…

Daniel vacilla, et contempla son ami avec tristesse, posant vainement une main réconfortante sur ses épaules. Mais ce ne fut pas lui qui parla pour le rassurer, mais la mère adoptive de Sam.

-Tu n'aurais jamais pu savoir ce qui allait arriver. Et même si ça avait été le cas, peut être n'aurais-tu rien pu faire pour Sam. Sans toi, dans la foule, j'aurais pu mourir piétinée. Tu n'as pas à t'en vouloir…Pour ça…
Mais son timbre sonnait faux, comme une rengaine enraillée, une boîte à musique ayant trop souvent joué le même refrain, usée, et écaillée.

Daniel tourna la tête, les lèvres pincées, muet, incapable de lancer un seul mot pour aider son ami. Que pouvait-il bien lancer de toute façon ? Dans l'état dans lequel il se trouvait, rien ne l'atteindrait. Daniel fronça les sourcils et se redressa.

-A quoi ressemble-t-elle ?

La question du lui paraitre tellement absurde, que Lucas sursauta, se tourna vers son camarade, et demanda avec une petite voix étranglée :

-Quoi ?
-A quoi ressemble-t-elle, Sam ? Précisa Daniel, puis il pointa le stade du pouce –Elle s'est peut être cachée quelque part et n'a pas réalisé que le danger était passé, je vais la chercher.

Et avant qu'il n'ait put répliquer quoi que ce soit, Daniel se retrouva à terre, sa joue brûlant encore sous la force du coup. Lucas le poing levé, le fixait avec une expression qu'il ne lui avait jamais connue, emplie de colère et en même temps teintée de déception. Danny ravala instantanément sa salive et baissa la tête.

Avait-il dit quelque chose de mal ?

La réponse ne se fit pas attendre.

-Tu dépasses les bornes avec votre dispute stupide ! Arrête de faire comme si elle n'existait pas ! Tu crois vraiment que c'est le moment ! Tu te crois drôle peut-être ! Mais moi je tiens à Sam, Daniel, et si tu ne la respectes pas elle, respecte au moins ça !

Daniel écarquilla les yeux, perdu.

L'infirmière Joëlle resta immobile devant le conflit, juste, harassée, brisée.

Lucas se décrispa, comme se rendant compte de ce qu'il venait de faire, mais il ne s'excusa pas pour autant, il détourna la tête avec un sifflement, malheureux.

Le remue-ménage cependant, attira l'attention d'Eléanore, qui se dépêcha de rejoindre le groupe. Ses pupilles mordorées brillaient d'un éclat si fort, qu'il rendait son teint encore plus blafard qu'à l'ordinaire.

-Le teigneux et le jaloux ont repris connaissances ? Demanda-t-elle, le souffle court.

Un silence tendu lui répondit et elle admira les vestiges de la scène, perplexe.

-Un problème ? Hasarda-t-elle.

Daniel se remit sur ses jambes et s'approcha d'elle avec précaution, en lui soufflant :

-Evite les caméras, n'oublie pas que tu n'es pas censée te trouver là.
-Ah, parce que de ce genre de détail, tu t'en souviens ? Répliqua Lucas acerbe.

Danny tressaillit et son visage s'assombrit, mais il ne répondit pas. Miyu arqua un sourcil, puis fit la moue.

-Okay…Qu'est-ce qui se passe au juste ? Vous vous êtes disputés ?
-Non, Daniel fait juste son imbécile ! Il fait semblant de pas connaître Sam à cause de leur stupide dispute.

Alors qu'Eléanore, vacilla et dévisagea son coéquipier avec étonnement, incompréhension, Miyu, quant à lui, s'émerveilla littéralement :

-Ouah ? Sans blague ? C'est ce qui s'appelle la rancune tenace ! Moi j'arrive pas à rester fâcher longtemps ! Tope-là mon pote !
Cependant Danny ne l'imita pas, comprenant bien que, en cet instant, il valait mieux pour lui de jouer profil bas. Devant l'absence de réaction, Miyu plaqua ses poings sur ses hanches et soupira intensément, vexé. Il jeta une œillade sur Eléanore, qui flottait toujours inconsistante, depuis qu'ils avaient interchangés leurs places. La gamine jouait avec ses doigts, anxieuse, les tordant presque.

« Ce n'est pas du genre de Daniel de faire ça… » Analysa-t-elle simplement.
« Qu'est-ce que t'en sais au juste ? Si ça se trouve il agit toujours comme ça quand il est fâché. Pense à autre chose, ça nous regarde pas, sa façon de gérer sa colère. » Rétorqua aussitôt l'ancien spectre.
« Non, justement, ça nous regarde ! Sam …Ce n'est vraiment pas…C'est mal tu comprends ! De se comporter comme ça dans ce genre de situation ! »
«En quoi est-ce mal ? Il est honnête avec vous au moins, il ne fait pas semblant et vous laisse pas tomber au dernier moment. Je croyais que tu voulais toujours la vérité ! T'es compliquée. Okay, et s'il te disait qu'il est fâché et qu'il a oublié cette fille volontairement…Et après, tu y feras quoi ? Tu lui diras : Oh c'est pas bien, et tu lui fileras une baffe, qui ne servira à rien ? Bonjour l'intérêt ! »
« On n'oublie pas quelqu'un comme ça ! » S'emporta Eléa. –Et surement pas une de nos amies ! Personne n'est insensible à ce point là ! »

Miyu persiffla, agacé par l'entêtement de sa porteuse. Très sincèrement, il ne saisissait pas toutes les nuances de la morale humaine. Il contempla avec insistance les adolescents blessés, pour détourner le sujet. Eléanore sembla marcher, et elle gémit.

« Ca fait longtemps qu'ils sont inconscients quand même… »
« Un petit quart d'heure. C'est pas la mort. »
« Je peux peut-être…Faire quelque chose… » Proposa Eléa.

Miyu se raidit instantanément et manqua de hurler à haute voix.

« HORS DE QUESTION ! Tu sais, ce qu'implique l'utilisation de tels pouvoirs, tu veux réduire encore plus ton espérance de vie ? Ils n'ont que des blessures légères, douloureuses, mais légères. Eléa, il faut que tu apprennes à n'utiliser nos dons qu'en dernier recours, quand il est question de vie ou de mort ! »
« Mais je peux pas rester là, sans rien faire ! » s'offusqua la gamine.
« Tu sais pourtant que dans l'état où nous nous trouvons, c'est autrement plus dangereux. Plus le temps passe, plus nous utilisons d'énergie, plus tu vas souffrir après coup. Et n'oublie pas ce que Salomée a dit, ton esprit peut être écrasé pendant ce processus. Alors hors de question d'exagérer. »
« Mais, si je les soigne tous, maintenant, nous irons plus vite secourir Sam, et donc… »
« C'est moi qui commande ton corps, et j'ai dit, non. » Répliqua aussitôt Miyu.

Il sut aussitôt qu'il allait le regretter dès qu'elle retrouverait l'usage de son métabolisme, mais il s'en fichait pas mal. Après tout, elle n'imaginait même pas à quel point elle risquait gros. D'ordinaire déjà, elle exagérait…En plus, elle semblait croire que le pouvoir de guérison était sans limite, ce qui était bien faux. Miyu pouvait empêcher les hémorragies de se propager, refermer les plaies sur les organes, ou de la peau, mais une fois les entrailles bousillées, grillées, en un sens, foutue, il ne pouvait rien faire pour cela. Une personne avec un foie perforé, même avec son assistance, n'avait plus aucune chance.

Une plainte étouffée s'éleva brusquement, et Gold ouvrit les yeux. Aussitôt il se redressa, en sueur, ce geste brusque le fit grimacer et comme il se raidit, comme électrocuté. Peter sembla remarquer le réveil de ses protégés et se rua vers eux avec un immense sourire de soulagement. Il se pencha vers le brun, recroquevillé sur lui-même, haletant, et le tâta de partout, comme pour vérifier qu'il était bien entier, avant de soupirer avec sincérité.

-Oh Arcéus merci...

Gold releva la tête, encore tremblant, puis chercha frénétiquement à comprendre ce qui l'entourait, avant de poser son regard sur Silver toujours assoupi. Il frissonna. Ses amis le remarquèrent bien, et Daniel s'approcha avant de lui expliquer doucement :

-Il va s'en tirer.

L'infirmière Joëlle eut un rictus étrange en fond, et elle camoufla une larme avec hâte. Peter sembla saisir l'expression apeurée de Gold, et il posa une main compréhensive sur son épaule, le regard grave, avant de murmurer :

-Tu sais Gold, ce que tu as vécu est horrible…Ce que vous avez tous vécus…Est horrible. Tu…peux pleurer, c'est normal, personne ne t'en tiendra rigueur.

La mine de Gold se crispa une seconde, puis se décomposa lentement, un sanglot le secoua, et ses poings se crispèrent sur sa veste ensanglantée alors que dans un murmure suffocant il avouait :

-J'ai rien pu faire…Ils n'arrêtaient pas…j'ai rien put faire du tout…

Peter enlaça Gold, la mâchoire crispée de honte. Il laissa le brun vider son sac, déverser sa peine, toute la peur qu'il avait ressenti pendant la plus longue et affreuse heure de sa courte existence.

-Silver…J'ai rien put faire…Et, lui…Il m'a dit…il m'a dit que… Ca finirait bien par s'arrêter …Mais ça ne s'arrêtait pas ! Ca ne s'arrêtait jamais ! Hoqueta le brun.

Les images de leur court enfermement lui lacéraient le corps de l'intérieure de manière bien plus efficace que lorsqu'était venu « son tour ». Il ne pouvait pas contrôler ses tremblements, ou même sa peur. Comment pouvait-on supporter ça ? Vivre après ça ? Qu'était-il censé faire au juste ? Il désirait oublier. Juste oublier ce moment où il avait contemplé toute l'horreur humaine. Même le conseil que Silver lui avait chuchoté juste avant qu'il ne passe, même ça, ne le rassurait plus du tout. Comment ça, il suffisait d'attendre que ça passe ? Comment pouvait-il songer un instant que cela s'achèverait ! C'était bien trop affreux, douloureux, pour que cela puisse se terminer, comme si de rien n'était !

Comment un autre homme pouvait briser à ce point un de ses semblables ?

Le maître des dragons resserra sa prise sur l'adolescent terrifié, les dents grinçantes. Son regard se porta sur le rouquin inanimé au sol, et là, il le vit, les yeux grands ouverts, observant la scène avec une expression indéfinissable. Un mélange d'amertume, et de regrets. Silver capta l'attention de Peter, puis grimaça avant de se retourner sur le côté, seul. Seul avec les fantômes de ses erreurs.

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Samantha détestait le noir. Ce n'était pas qu'elle avait peur, non, après tout, elle détestait manger des tomates, et elle ne craignait pas ce fruit rouge pour autant, mais…Le monde prenait une toute autre allure plongé dans l'obscurité. L'incertitude la gagnait, plus les secondes s'écoulaient, plus le moindre son, le moindre mouvement la poussait à douter de ce qui l'entourait. Il était pourtant presque certain qu'elle n'avait pas été téléporté le temps d'une inspiration, ou encore qu'un monstre redoutable s'était faufilé dans sa geôles profitant d'un battement de ses paupières…Mais elle n'y pouvait rien, contre toute logique ou raison, son cœur se crispait sous l'impulsion de la terreur.

Comment en était-elle arrivée là ? Pourquoi le champion de Jadielle, un bandit s'intéressait à elle ? Pourquoi prendre tant de risques ? Attaquer le stade !

Une crainte s'empara d'elle. Sa mère, Yuki, Silver, Gold et Lucas, comment se portaient-ils ? Elle avait perçu une explosion et un cri avant de s'évanouir. Inconsciemment, elle joignit les mains, pas pour prier, bien que sa mère lui ait inculqué un certain sens de la religion, elle n'y croyait que précairement. Non, si elle exécutait ce geste, ce n'était que pour se rassurer, se mentir à elle-même, lui faire croire qu'on la soutenait.

Qu'avait-on fait de ses Pokémons ? Et Eléanore ? Twilight, avaient-ils seulement conscience de ce qui lui était arrivée ? Quelqu'un savait-il seulement qu'elle avait disparue !

Un sanglot lui remonta le long de la trachée et noya son gosier. L'incertitude quant à ce que son ravisseur attendait d'elle la pétrifia. Les questions fondamentales l'assaillirent.

Depuis combien de temps était-elle piégée ici ? Dix minutes consciemment ? Des heures ? Des jours ? Est-ce qu'il faisait déjà nuit à l'extérieur pour qu'aucune lumière ne perce les parois de sa prison où au contraire, atteignait-on déjà l'heure du zénith ? Et combien de temps resteraient-elle encore ici ?

Une part d'elle-même lui soufflait, entre deux pulsations paniquées de son cœur, que ses amis finiraient bien par venir la chercher. Yuki ou Silver, Lucas, voire même Eléanore viendraient bien la sauver, ils trouveraient une façon de la sortir de là. Mais quand ? Avant ou après le pire ?

Les images qu'elle avait encaissées lors de leur attaque du Qg d'Opale la frappèrent et elle se glaça. La vision du corps de décomposant dans l'eau stagnante lui fila un haut-le-corps et elle plaqua sa main sur ses lèvres, se recroquevillant sur elle-même. La bile manqua de la faire vomir, et eut raison de ses barrières.

Elle ne voulait pas finir comme ça. Pas noyée ! Qu'avait-elle fait au juste pour mériter un tel sort ? Une larme roula sur sa joue, et s'écrasa contre l'asphalte. Ses poings se serrèrent dans une convulsion. Quand ils avaient enfin pu retrouver Silver, le béton sous lui avait pris une teinte écarlate. Et si…Et si ses camarades ne parvenaient pas jusqu'à elle à temps ? Vivait-elle ses derniers instants, seule, oubliée dans le noir ?

Un flash, et elle entendit les propres échos de son souvenir : « Je ne veux pas être comme Cendrillon. ».
C'était la phrase qu'elle avait sorti à Eléa, à Lavanville, pour lui signifier qu'elle, qu'elle n'abandonnerait pas, qu'elle ne laisserait pas le destin l'emporter, qu'elle ne permettrait pas à la vie de la pousser dans une direction spécifique sans qu'elle n'ait son mot à dire.

Etrangement, la peur vacilla, recula en elle quand elle songea à son amie. Eléanore craignait la mort, chaque jour, chaque heure de son existence pouvait être la dernière, et pourtant, elle ne restait pas inerte à s'apitoyer sur elle-même, et c'était sûrement grâce à cette lutte de tous les instants qu'elle se trouvait encore parmi eux. Parce qu'elle n'attendait pas de remède miracle ou de prince sur son cheval blanc prêt à la sauver, elle ne comptait que sur elle-même.

Les jambes flageolantes, Samantha se redressa et scruta, hagarde, le paysage qui la cernait comme un étau. La gorge sèche et pâteuse, elle retrouva les contours flous de la porte de sa cellule. Elle déglutit difficilement, puis se tendit comme un arc et se rua dessus.

Ou du moins essaya.

Elle en avait oublié la chaîne qui retenait sa cheville, et celle-ci la contint avec dureté. Samantha s'écrasa au sol et retint un juron douloureux, sa hanche avait comme semblé se retirer de son corps et elle une sensation désagréable la tiraillait, picotait.

L'agacement, l'énervement, exacerbés par l'état de ses nerfs lui fit pousser un cri furieux.

Bon sang, les criminels de la vraie vie ne pouvaient-ils pas imiter ceux stupides des jeux vidéos ? Oui ceux qui enfermaient les héros, sans les attacher, et qui plus est avec tous leurs Pokémons et la clef juste en face d'eux ? Non mais vraiment !

Elle se redressa avec fermeté et tira de toutes ses forces sur le lien de chaîne, mais les anneaux lui glissèrent des mains, suintantes et moites.

Pour couronner le tout, elle avait droit à des liens même pas rouillés ! Comment était-elle censé fuir dans des conditions pareilles ?

D'un geste rageur, elle attrapa de nouveau ce qui l'entravait, et avisa l'embout auquel se rattachait les maillons, elle en passa un bout pour s'en servir comme d'un levier, et tira de toutes ses forces. Un cliquetis, un grincement lui redonna un peu de courage, et elle accentua sa prise en serrant la mâchoire.

Elle ne perçut pas de bruit, juste un relâchement, avant de basculer en arrière. Le métal lui retomba dans les mains puis sur le ventre dans un choc qui lui coupèrent le souffle. Haletante, les yeux écarquillés, ses muscles se décrispèrent. Un ricanement lui échappa.

Elle avait réussi !
Elle pouvait s'en sortir toute seule !

Samantha se retourna et se remit sur ses jambes, mais elle chancela, sa hanche de plus en plus sensible. Elle grimaça et inspira profondément. Elle n'avait pas le temps pour ça. Maintenant il fallait s'occuper de la porte : dans les films, le héros balayait ce genre de problème avec un cri guerrier et un bon coup de ses pokémons…

Là, elle n'avait pas sur elle ses créatures, et elle ne pensait pas que crier allait résoudre quoi que ce soit. Il fallait donc qu'elle se débrouille elle-même. Qu'à cela ne tienne, dans certains longs métrages, les hommes se débrouillaient seuls aussi, et ils parvenaient eux aussi à enfoncer des portes. Elle se mordit la joue et se décida.

Prenant son élan, Samantha s'élança droit devant. La porte se rapprochait d'elle à vive allure, et elle ferma les yeux, avant de déraper et de s'arrêter net, dubitative.

Non, c'était un mauvais plan, après tout, elle possédait une petite constitution et se battait dans la catégorie poids plume, elle ne pouvait décemment pas battre une planche de bois. C'est dur une planche de bois, malgré les apparences, ça ne craque pas vraiment, les maître de Kung-fu ils trichaient avec leur coup de paume meurtrier ! Aucun doute là-dessus.

Bon d'accord, elle avait fichtrement la trouille de se faire mal ! Mais ses excuses comptaient aussi, non ?

D'un autre côté, elle ne voyait guère d'autres options. La mort dans l'âme, Samantha bondit, et pour son plus grand damne, rebondit.

Elle oubliait parfois que la porte avait deux gardes du corps, alias mur de droite et mur de gauche, tout en béton, qui la tenaient bien fermement. Elle songea une seconde à rester comme ça, face contre terre.

Elle pouvait aussi creuser un tunnel sous une dalle, à l'aide d'une petite cuillère, comme dans les mauvaises comédies des années 20. L'ennui, c'est qu'elle n'avait même pas de cuillère. Puis ça aurait pris du temps, vu qu'elle marchait sur du ciment, elle préférait avoir une pioche, ou une pelle, ou au mieux, l'espèce de marteau-piqueur des ouvriers. En même temps, ça non plus elle n'en avait pas, et c'était bien beau de rêver, mais ça ne faisait pas avancer les choses.

Peu enthousiasmée après cet échec cuisant, Samantha se redressa, un liquide visqueux s'écoula de son nez et se répandit sur le sol. Elle ne désirait même pas voir son état à la lumière du jour, et se contenta de le presser pour faire cesser l'écoulement. D'un pas hésitant, elle s'approcha et tâta ce qui lui bloquait ainsi le passage. Après tout, il lui avait semblé percevoir un rayon de lumière la dernière fois, peut-être allait-elle trouver une aspérité, une encoche, voire même une chatière ! Au point où elle en était, elle espérait n'importe quoi.

Si elle trouvait les clefs, accrochées bien gentiment, elle n'en demandait pas plus.

A peine eut-elle caressé le bois, qu'elle sentit une sorte de poignée, bien qu'elle sache ce geste vain, elle l'attrapa et la tira.

La porte s'ouvrit.

On se foutait d'elle là ? Elle s'était quasiment déboité l'épaule et cassé le nez pour découvrir que c'était ouvert ? Elle se plaignait d'avoir un kidnappeur trop intelligent, et là, elle constatait le contraire.

Malgré la colère évidente, un sentiment de soulagement calma les battements de son cœur. Doucement, elle se redressa, et se mit à avancer prudemment. La lumière la frappa, et manqua de l'aveugler, mais en plissant les yeux, elle put discerner distinctement ce qui l'entourait, et comprit pourquoi la porte n'était pas verrouillée.

Une cloison, des barreaux, entravaient son chemin, sa cellule donnait sur un couloir illuminé par une lueur bleue artificielle, long, qui menait probablement vers une sortie, mais impossible d'y parvenir.

Des barreaux ! C'était d'un cliché pathétique ! Pourquoi tous les méchants suivaient-ils des clichés ! C'était nul ! Inhumain ! Injuste !

Samantha loucha sur les restes de chaîne qu'elle traînait derrière elle, les maillons commençaient à se disloquer, et elle doutait de la possibilité de faire un vrai jeu de levier. Quoique…

Le regard de Sam étincela. Oui, petite, elle s'était toujours demandé ça, devant les films stupides qui passaient en fin de soirée ! Par précaution, elle alla avant vers la porte et vérifia qu'elle n'était pas déjà ouverte.

Malheureusement non, l'immense verrou grinça, et maintint fermement son chemin de fuite barricadé. Qu'à cela ne tienne, Samantha scruta les barres de métal devant elle avec un œil de torve, pour les jauger. Avec un sourire satisfait, elle attrapa le lien déchu, et l'enroula sur un premier cylindre, puis sur un autre, et enfin tira. Elle manqua de s'arracher le pied avec, mais au moins, son but fut atteint. Une des barres était tordue !

Après un coup d'œil hésitant elle se lança. Décidément, les héroïnes de série ne valaient rien, au lieu de pleurer dans la cellule, elles auraient pu agir ! Comme elle ! En plus à chaque fois, elles étaient fines comme tout, alors l'idée de se faufiler entre les barreaux coulait de source. Elle qui était dotée de quelques rondeurs se sentaient capable de le faire, alors pourquoi pas elle ?

Avec ravissement, elle se glissa, tout sourire, elle parvint jusqu'à mi-chemin, quand une douleur fusa dans sa hanche et que tout son corps se bloqua.

Oh-oh.

Avec effroi, elle osa tourner la tête, et sentit son monde s'effondrer. Son derrière bloquait. Si elle avait su qu'abuser du chocolat pouvait se révéler d'une importance capitale…Et bien elle en aurait quand même mangé, mais là n'était pas la question ! Avec force et volonté, Samantha poussa, elle essaya de prendre appui sur les côtés, espérant comme les gymnastes ou les contorsionnistes, s'extirper de cette situation dans une cabriole…mais rien que dalle ! Nada !

Elle poussa même un cri de rage, comme dans les dessins animés stupides pour gamins, mais le métal ne bougea pas d'un centimètre, au contraire, sa hanche lui fit encore plus mal après ça.

Stupide, stupide…postérieur ! Mince alors tout ça à cause de l'adolescence ! Pourquoi ; qui avait décidé que les…derrières, des filles devaient grossir à ce moment précis de la croissance ! C'était stupide ! Injuste ! C'était vraiment, vraiment dégueulasse !

Elle voulut se rassurer en se disant, qu'Eléa elle, avec sa poitrine, n'aurait pas pu passer ne serait-ce que son buste de là. Mais étrangement cela ne la revigora pas vraiment.

Elle tenta de tourner, pour changer d'angle, mais pas la peine, elle grimaça et retint un cri, sa jambe tressauta, comme secouée par un spasme. Les bras ballants, pesant tout son poids, essayant d'attraper cette foutue gravité pour se décoincer, Sam resta là, un bon moment.

Le cœur battant la chamade, la respiration saccadée.

Le silence l'entourait et la couvrait totalement. Et là elle comprit plus intensément encore : elle était toute seule. Définitivement seule.

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A plusieurs lieux de là, une personne au contraire, regrettait sa solitude d'antan. Sa compagnie, aussi charmante se révélait-elle, la pesait.

Cynthia, dans un coin de la grotte, assise près de la cascade, ouvrait et refermait son livre de chants ancestraux de Sinnoh avec nervosité, jetant par moment des coups d'œil perçants vers le rideau d'eau, espérant sûrement discerner l'état de l'ambiance extérieure. La maîtresse Pokémon soupira et corna la page qu'elle lisait, se leva, puis se rassit avec exaspération.

Pour Salomée, qui vivait seule en ses lieux, les mouvements stressés de sa colocataire commençaient sincèrement à l'agacer. D'autant plus que la capacité « lire-esprit » qui la liait tout aussi bien à Peter qu'à Miyu demandait une grande concentration. Avec cette atmosphère suffocante, elle ne parvenait pas à voir si Gold se calmait, s'il surmontait l'épreuve.

La seule consolation qu'elle avait grapillé dans le chao évoluant de Jadielle, c'était que l'adolescent brun qui l'avait autrefois aidé, ne portait pas de blessures mortelles.

A nouveau, Cynthia se redressa ; et hésita à sortir du refuge, avant de se débiner, préférant se rasseoir dans un sifflement agacé.

-Si vous vous inquiétez tant que ça pour la situation extérieure, sortez, allez aider. Souffla Salomée, en position de méditation non loin.

La blonde sursauta, puis se tourna vers elle avec un regard sévère, digne d'une institutrice.

-Pour vous laisser sans surveillance, vous et le Qg ? J'ai promis à Peter, je ne reviens jamais sur ma parole.

Salomée fronça les sourcils, et montra une moue frustrée. Puis son regard s'illumina et elle lança :

-Des enfants que vous avez envoyés à Sinnoh pour aller chercher vos recherches vont revenir au Qg dans moins de dix minutes.

Cynthia tressaillit, elle camoufla un « fascinant, comment savez-vous ça ? » mais se reprit avec sévérité.

-Bien essayé, mais Makanie, Aaron et Shagi ont d'autres projets personnels à Sinnoh, ils ne peuvent pas revenir si tôt. Ils m'ont prévenue qu'ils voulaient s'informer sur Giratina.

La gijinka aux pouvoirs bridés persiffla, les sourcils froncés, elle tâcha de garder le silence. Malheureusement, sa charmante amie, ne lui permit pas de se défiler et avec un air de savant analysant un rare spécimen, elle lâcha :

-Fascinant, même les celebi peuvent se montrer manipulateurs apparemment. Etrange, dans les légendes, on les décrit comme la pureté et l'innocence incarnée.
-Je ne suis pas un celebi, je suis la fusion entre le gardien des époques et la femme qui se nommait Holly, ne confondez pas. Répliqua instantanément l'être fusionnel.

Cynthia écarquilla les yeux, et grimaça un sourire complexe.

-Bien, je le retiendrai à l'avenir.
-Pouvez-vous partir, maintenant, j'ai besoin de me concentrer pour aider Peter et Miyu. Informa Salomée, optant pour une stratégie plus franche.
-Non.

La réponse directe ne plut pas à la gijinka quoi dévisagea son invitée avec colère. La blonde très peu outrée par cette attitude, haussa les épaules et expliqua simplement :

-La dernière fois, vous avez manqué de vous faire tuer.
-Si je ne m'étais pas interposée à Eternara, Peter serait mort dans cette tentative d'assassinat.
-Peut-être, mais en quittant la grotte, vous aussi, vous avez failli y passer, et vous êtes indispensable à l'organisation.
-Je ne me suis téléportée que quelques minutes à l'extérieur, pour pousser Peter.
-Et votre cœur s'est arrêté trois fois dans ce laps de temps, si Lucio ne vous avait pas téléporté ici pendant le trajet en ambulance, vous seriez morte avant de parvenir à l'hôpital.

Salomée se mordit la lèvre et renifla dédaigneusement. Cynthia ne cessait jamais de s'étonner du nombre de personnalité que cette femme arborait, tantôt douce et aimante, tantôt prétentieuse et imbue d'elle-même…Elle ne conservait jamais la même facette bien longtemps. Sans aucun doute un des ses nombreux symptômes. Ou alors, était-ce un signe qu'elle continuait de construire le nouvel être, le gijinka, sur les vestiges de l'ancien. Comme un jeune enfant qui tâte le terrain, la patience de ses parents pour voir jusqu'où s'étendent les barrières de leurs patiences.

-Cela ne signifie pas que je vais recommencer. Que feriez-vous si le Qg se faisait attaquer, si en fait, l'attaque de Jadielle n'était qu'une diversion, vous devrez bien défendre les lieux et quitter cet endroit en me laissant seule.
-De un, je doute que cela se révèle vrai, nous vivons pratiquement dans une forteresse imprenable, de deux, si tel était le cas, si quiconque nécessitait mon aide, vous n'êtes pas égoïste au point de me le cacher. Enfin, vous allez recommencer. Ne me faites pas croire le contraire Salomée, si ceux auxquels vous tenez sont en danger, vous interviendrez, comme toujours. Et la possibilité que Giovanni soit impliqué dans le conflit ne fait que confirmer mes craintes. Je ne vous laisserai pas seule.
-Mon devoir de Guardian est de conserver l'harmonie temporelle. Même si vous le voulez, rien ne me retiendra ici, si Giovanni intervient. Cet homme est un fléau, il incarne tout ce que la famille de Gijinka a toujours combattu, craint. Il sera le destructeur du temps si nous le laissons faire.
-Cela n'arrivera pas, nous y veillerons, à votre place.

Salomée se ferma totalement, elle lui envoya une dernière œillade rancunière, puis son regard se voila complètement, un sourire lui échappa. Cynthia connaissait ce phénomène, il signifiait qu'Holly reprenait le dessus. Généralement, cela ne durait que quelques secondes, mais cela suffisait à la blonde pour entrevoir la femme qui avait sacrifié sa vie pour permettre à l'organisation de voir le jour.

Holly joignit ses mains en prière, et son visage s'illumina d'une félicité émouvante, tandis qu'elle murmurait :

-Gold, comme tu as grandi…

Elle tendit la main vers le vide, et sembla caresser l'invisible tendrement, son expression se teinta d'une mélancolie infinie.

-Tu as quel âge maintenant… ? Tu sembles un peu plus vieux qu'à notre dernière rencontre…

Cynthia s'affaissa, et chercha des yeux les mémos que Peter laissait à Salomée, celui qui contenait toutes les informations sur les membres de Twilight. Elle le trouva rapidement, et lança avec amertume :

-Gold va avoir 18 ans en Juillet.

Holly tourna la tête dans sa direction l'air absente, et elle balbutia avec émotion :

-18 ans…Déjà…

Elle marqua une pause, et grimaça avec peine.

-Mon fils aussi, aurait fêté ses 18 ans en septembre, s'il avait vécu.

Un silence morbide s'instaura entre les deux femmes, et Cynthia avala sa salive, penaude. Seule Holly sembla ne pas se soucier de l'humeur lourde, dense en ressentiments.

Tendrement, caressant l'air, faufilant ses doigts entre les minces filets de lumières comme dans la chevelure d'un gamin brisé, elle continuait :

-Ne t'en fait pas Gold…Ne pleure pas…Mes enfants sont mieux là-bas. Ils ne souffrent plus au moins…Ils ne craignent plus leur père…Ils sont libres. Ils sont enfin déchargés de mes péchés.

Elle soufflait avec compassion, comme dialoguant face à ce garçon à qui elle devait sa fuite, lui intimait de se calmer, d'arrêter de sangloter, lui promettait que tout allait s'arranger. Comme une mère console son propre enfant. Mais ses mots n'atteignirent jamais sa cible, et encore moins la véritable personne qui avait besoin du réconfort d'une mère.

Elle ne se doutait même pas de la souffrance, de l'ironie tragique de ses propres paroles. Elle poursuivait, encore et encore, savourant chacun de ses propos erronés avec délice et soulagement, comme un priant comblé par la vision divine. Alors même que tout ne se révélait n'être qu'illusion.

Mais peut-on réellement faire entendre raison à un fou ?
Le monde pouvait toujours s'effondrer autour d'elle, au moins, elle était heureuse.
Qui étaient-ils pour lui enlever le seul réconfort de son existence ? Qui étaient-ils pour lui dire que ses enfants subissaient toujours l'influence de leur père ? Qui étaient-ils pour dire à cette mère éplorée qu'elle avait failli à son devoir le plus naturel ?

Personne.

Personne n'était en droit de causer un tel acte de cruauté.

Alors ils se taisaient et étouffaient les tourments de leurs cœurs malmenés, espérant, luttant, pour qu'un jour, l'illusion devienne réalité.

Tout simplement.

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Silver n'osait plus dire un seul mot, écoutant d'une oreille absente le débat qui prenait place entre ses camarades. Lorsque Gold s'était repris, -c'est-à-dire, à peu près quand il avait compris que le roux était réveillé- les membres de Twilight avaient cru bon de leur résumer la situation. Alors évidemment, quand la question étranglée, sur la localisation actuelle de Sam, sur le pourquoi de sa disparition, il leur avait simplement dit : « Giovanni l'a enlevée. ».

On l'avait évidemment dévisagé, mais il avait tâché de ne croiser aucun regard. Depuis, les questions fusaient, l'infirmière Joëlle, anéantie dans un coin, la tête basse, paraissait sur le point de rendre l'âme. Et la raison la voulait de son côté, on comptait les échecs de Giovanni sur les doigts de la main, ce qu'il prenait, il ne le rendait jamais.

Gold ne s'était pas approché de lui, il essayait vainement de lui cacher les marques de ses pleurs, mais les sillons rouges sur ses joues trahissaient ses efforts. Et quoi de plus normal après tout ! Silver avait toujours eut l'habitude de vivre ça, son existence même avait été une torture perpétuelle jusqu'à ses dix ans. Mais lui, il avait eut une enfance normale, ou presque.

Silver fronça les sourcils douloureusement. Gold avait enduré cela à cause de lui. Qu'est-ce qui avait pris à cet idiot de lui hurlé des mots pareils en plein milieu d'un champ de bataille ! Non seulement il avait été incapable de protéger sa mère, et cela, jusqu'à la toute fin, mais en plus, cela continuait avec le brun. Pourquoi une bande d'andouilles pareilles se faisaient l'avocat du diable et essayaient de le protéger au péril de leurs vies, il n'en valait vraiment pas la peine.

-Ah si je tiens ce…Ce…Giovanni ! Je…

Le sifflement furieux d'Eléa le ramena à la réalité, les poings serrés, elle paraissait en pleine forme, et prête à en découdre, ses coups revanchards battant le vide.

-Je lui envoie un coup de pied dans les bijoux de famille ! Puis ensuite un autre dans le ventre et je…-La gamine blêmit et plaqua ses mains sur ses oreilles en bafouillant-Ah non pas les oreilles Eléa, ça fait vraiment mal les oreilles !

Elle avait vraiment des réactions étranges cette fille. Sa sœur avait trouvé un cas.

-Hors de question que tu viennes Eléanore, tu vas retourner au Qg immédiatement. Et ramener tous les autres avec toi ! J'irais seul, vous n'êtes pas prêts à combattre un monstre comme Giovanni ! Ordonna Peter d'une voix sourde.

Tous les gamins présents s'offusquèrent, lâchant un « quoi ? » excédé.

-Hors de question d'abandonner Sam là dedans ! On y va aussi ! S'exclama Lucas.
-On peut pas la laisser avec un type comme ça ! Enchaîna Gold, malgré ses tremblements.

Le roux s'assombrit, silencieux, et son camarade brun le remarqua, tout comme Peter. Ils se tournèrent d'un bloc vers lui, mais les mots qui sortirent de leurs bouches furent l'opposés l'un de l'autre.

-Silver, il vaut mieux que tu restes loin de ton père, c'est trop dangereux.
-Silver, on ne peut pas laisser Sam là-bas, pas vrai ?

Le fils de Giovanni blêmit, il se crispa tout entier, mais la gorge serrée, il articula tout de même :

-Je ne…pense pas vous être utile contre Giovanni.

Gold vacilla, Lucas s'empourpra presque instantanément et lui jeta une œillade glacée. Daniel et Joëlle restèrent en retrait, coupé du reste du monde. Peter soupira de soulagement. Cependant Eléanore, ou plutôt Miyu, lança froidement :

-T'es qu'un froussard.

Silver leva les yeux et ne rencontra qu'un visage dur et sévère, qu'Eléa n'affichait que rarement. A vrai dire, il ne lui avait lu cette expression que lors de son combat contre Samantha. Il préféra se taire et baissa les yeux. Son attitude mit la puce à l'oreille de Gold, car il s'interposa volontairement et balbutia hasardeusement :

-Tu…n'as pas le droit de dire ça. C'est normal que Silver…ne…ne veuille pas affronter son père !

Miyu ne fut pas le moins du monde ému par cette petite remarque, il croisa les bras avec agacement, et enchaîna :

-Alors qu'il ne l'affronte pas ! Personne ne lui en voudra pour ça ! Mais qu'il ne dise pas de bêtises plus grosses que lui !Personne n'est inutile, lui plus encore, Il nous sera utile, il connaît tout de la Team Rocket, il connait Giovanni. Samantha l'aime ! Elle tient à lui, elle l'attend probablement en croyant qu'il va venir la sauver ! Que lui dira-t-on quand on la retrouvera ? Silver a eu trop peur pour venir à ton secours, désolés, mais nous on est là ?

Le roux tressaillit et détourna la tête et Lucas plissa les yeux. Il fut comme frappé par l'évidence : les actes de l'adolescent pendant la prise d'otage, son comportement, son air coupable, ses nerfs à fleurs de peau…Et sans pouvoir se retenir, il rugit :

-Tu as laissé Giovanni prendre Sam !

La surprise assaillit les enfants. Gold fit volte-face et ses yeux s'agrandirent de stupeur quand son camarade fuit le contact visuel avec une honte distincte. Lucas faillit fondre sur le garçon, prêt à le faire avouer, par tous les moyens possible que lui dictait sa colère en cet instant, mais Gold leva les bras comme un bouclier, entre eux, Peter tendit la main prêt à arrêter tout mouvement brusque, et surtout, Daniel lui saisit l'épaule droite avec force.

Le brun se retourna et cria si fort, si hargneusement qu'il ne reconnut même pas son propre timbre :

-Lâche-moi !

Néanmoins, son ami ne cilla pas d'un millimètre, il le contempla vaguement, calmement, impassible.

-Il a abandonné Sam ! Siffla Lucas d'une voix brisée. –Comment pouvez-vous le protéger alors qu'il a… !
-Tu n'es pas objectif. Constata Daniel simplement.
-Quoi ? S'étrangla presque le brun.
-Ton jugement est entravé par ton affection pour cette Sam. Répéta le petit aux yeux vairons.
-ET PAS TOI PEUT ETRE ! TU VEUX QUOI AU JUSTE ? LA LAISSER LA OU ELLE EST A CAUSE DE VOTRE STUPIDE DISPUTE ? TU ES LOURD A FAIRE SEMBLANT DE NE PAS LA CONNAITRE !

Daniel se pinça les lèvres, et souffla :

-Je pense qu'aller la secourir est dangereux. Je pense aussi que c'est normal que Silver ait eut peur. Je pense que dire qu'il a abandonné Sam est excessif. Je pense qu'il y a une raison pour laquelle Giovanni a pris Sam, et pour laquelle Silver n'a pas réussi à l'en empêcher. Je pense aussi qu'on devrait tous partir se mettre à l'abri, et réfléchir à un moyen de sauver cette fille d'une façon précise, pour éviter un drame…

Il observa Eléa, qui, blême, le fixait comme un étranger, exactement de la même manière que Lucas le faisait en cet instant. Il sourit tristement, désolé, et balbutia :

-Mais…Je pense aussi au livre que j'ai envoyé à Frédérique de Jotho, à Elza, je pense à ce que je vais préparer à manger ce soir…Je m'imagine pleurer dans un monde imaginaire…Je pense que peut être, on est que des personnages d'un immense bouquin qui subissent les délires d'un auteur sadique devant un lecteur effaré… Je pense à plein de choses…Dont vous vous fichez probablement.

Il baissa la tête, penaud, et relâcha sa prise en bredouillant :

-Je sais que je ne vous empêcherai pas de la sauver, et je vous aiderai, quelque soit votre choix, mais je ne vous laisserai pas vous entredéchirer comme ça. Nous sommes amis, non ?

Lucas se décontracta, et s'affaissa, la respiration lourde. Il retint un sanglot. La tension chuta dramatiquement, Gold et Peter se précipitèrent vers Silver, qui resta silencieux, malgré leurs regards inquiets. Miyu dévisagea Daniel un long moment, et le gamin se mordit la lèvre, embarrassé, triste. L'adolescente plaqua une main sur sa bouche, et tout émoustillé, lâcha avec étonnement :

-j'crois que je vais tomber amoureux là.

Hors de propos, le spectre se mettait à délirer devant une Eléanore catastrophée. Même si elle devait avouer que son cœur se serrait. Danny ignorait beaucoup de chose, et il la décevait sur bien des points, mais il essayait d'aider tout de même. Elle savait que pour lui, c'était sûrement un devoir presque vital, de conserver une cohésion, une harmonie dans le groupe qui l'entourait, par la peur de la séparation, du changement, mais le résultat restait là.

Le problème restait Silver à présent.

Eléanore n'ignorait pas, qu'il craignait son père, mais elle ne comprenait pas sa réaction. A sa place, elle aurait rêvé de mettre une bonne correction à ce monstre. Après, comme le disait Danny, elle était légèrement bornée et subjective sur ce point. Mais ce type ne méritait qu'une bonne correction.

De toute évidence, le roux ne pouvait pas se pousser à la rébellion, il parvenait juste à le fuir, à feindre. Heureusement que Gold et Peter étaient présents pour le soutenir, car elle-même, ne s'en sentait pas capable. Comme Lucas, malgré les raisons, pour le moment, c'était juste, au dessus de ses forces de lui pardonner. Il lui fallait un peu plus de temps, ou un combat, pour régler ça. Pour le moment…C'était juste un ami qui avait trahi une des leurs.

-Mais…Pourquoi…Pourquoi Giovanni s'attaque à ma fille… ? Se lamenta l'infirmière, aussi vive qu'une poupée de chiffon.

Silver contempla la mère éplorée, et les mots sortirent d'eux même, mais ils sonnèrent comme un crime qu'on lui incombait :

-C'est ma sœur.

La femme frissonna, une larme roula sur sa joue. Une exclamation ébahie, pétrifiante, parcourut les spectateurs. Gold sembla stupéfait par cette révélation, bien que complice, et il balbutia, sur un ton désespéré : « Silver ? ».

Peter, blanc, scruta le paysage des yeux, les souvenirs l'assaillirent. Salomée avait effectivement parlé de deux enfants. Mais il n'avait jamais réellement envisagée cela possible, il avait toujours cru en cela comme une chimère de plus de son esprit tourmenté. Mais, maintenant qu'il y songeait, il avait effectivement, été surpris à l'hôpital, de la ressemblance de Sam avec la créatrice de Twilight…Mais…Etrangement son cerveau n'avait jamais fait le lien. Etait-ce à cause de son lien perpétuel, le lire-esprit qui le liait, encore à présent, avec Holly ? Pétrifié, par ce qu'il avait manqué, par sa stupidité, il ne put retenir :

-Bordel de merde.
-Restez poli !

Il plaqua sa main sur sa bouche et les enfants qui l'entouraient le fixèrent comme un fantôme. Instinctivement, il rougit. Quel exemple donnait-il, à balancer des gros mots dans une telle situation ! Si son père l'avait entendu, il lui aurait collé une belle baffe. L'infirmière Joëlle, qui elle aussi, avait ordonné la politesse immédiatement, parut déstabilisée par son réflexe.

Un silence s'imposa.

Gold voulut réconforter le roux, mais celui-ci préféra éviter tout contact avec lui, et il plaça sa paume sur son coude, grelottant. Le brun ne sut pas quoi dire. Il ne parvenait même pas à imaginer combien le roux devait se sentir mal en cet instant. Lui qui n'avait jamais eu que sa fierté, son orgueil pour seule certitude, admirait son effondrement.

-Dans ce cas, il n'y a plus de temps à perdre. Je ne veux même pas imaginer ce que Giovanni est en train de lui faire. Lança Peter, dégainant ses pokéballs.
-Je viens. Enchaîna Lucas aussitôt, comme ramené à la réalité – il se tourna vers Silver, avec une mine de défi, et rajouta-Je refuse d'abandonner Sam là-dedans.
-Moi aussi. Tu auras besoin de mes pouvoirs Peter. Annonça Miyu d'une traite.
-S'ils viennent, je les accompagne. Enchaîna Daniel. –De toute manière, nous ne serons pas des poids, nous vous avons bien aidé pendant la prise d'otage.

Le maître ses dragons retint un cri énervé, mais il se pinça les lèvres, mis au pied du mur, il ne pouvait nier que toute aide se révélait la bienvenue. De plus, ils lui montraient de bons arguments. La mort dans l'âme, il ne refusa pas, le temps filait bien trop rapidement.

-Suicune nous mènera à Samantha directement. Il fait toujours ça. Il suffit de monter dessus, et de lui donner cette instruction ! Informa Lucas avec détermination.

Peter ne désirait même pas savoir pourquoi, il avait atteint son quota de révélations.

-Bien, tu montes Suicune, je monterai sur Dracoloss et je te suivrai. Dit-il en lançant la sphère précieuse au brun.

Le maître de la ligue se tourna alors vers Gold, Silver et ordonna :

-Il vaut mieux que vous restiez ici. Protégez madame Joëlle. Et surveillez le professeur, informez aussi le Qg, pour qu'ils ne restent pas sans nouvelle : Ta sœur s'inquiétait pour toi Gold.

Il admira la mère adoptive de Sam, encore sous le choc, qui semblait pourtant résignée, comme si, au plus profond d'elle-même, elle savait la vérité. Il essaya de lui sourire mais ne montra qu'un rictus malhabile tandis qu'il promettait :

-On vous la ramènera.

Sans plus attendre, il sauta sur son dracoloss. Lucas bondit pour se trouver sur le dos de Suicune. Ils disparurent en vitesse avant que trop de civils ne puissent voir ce spectacle.

Miyu sortit avec hâte, tout sourire, Ash, dracaufeu. Le Pokémon dragon se gratta le cou avec nonchalance.

-Ash, tu suis les deux têtes de hérissons, okay ? L'informa-t-il simplement.

Le Pokémon feu gémit, puis déploya ses ailes. Il allait décoller sans eux, quand Miyu lui chopa la queue pour le retenir.
-Attends-nous enfin : Triple buses ! Grogna le spectre. –Il faut qu'on monte sur ton dos !

Le Pokémon, qui à la base, paraissait partant pour une course poursuite, se cabra, il revint au sol avec fracas et jaugea la personne qui utilisait le corps de sa dresseuse avec méfiance. Miyu lui offrit un magnifique sourire confiant et Daniel eut le réflexe de se recroqueviller pour éviter le jet de flammes.
Miyu, légèrement carbonisé, grillé, resta statique une seconde, avant d'exploser, trépignant de fureur :

-Sale bête ! Tu pourrais m'écouter quand même on se connait tous les deux !

Ash grogna et ses naseaux émirent quelques fumerolles. Daniel eut le malheur de ricaner derrière, et l'ancien fantôme se tourna vers lui avec un regard noir :

-Puisque tu trouves ça si drôle, essaye-toi !

Le brun cessa immédiatement et contempla le Pokémon avec appréhension, un duel silencieux, muet mais électrique s'instaura entre eux. Ce qui devait arriver, arriva, Ash cracha un lance-flamme sur le gamin également, et Miyu rigola à plein poumons devant une Eléanore atterrée. Doucement, elle se tourna vers sa créature, et tenta de lui faire comprendre l'urgence de la situation. Le dragon sursauta, puis avec un grognement, courba l'échine. Les deux gamins hésitèrent une seconde, puis décidèrent avec prudence de s'installer sur son dos. A leur plus grande surprise le dragon décolla. Il se dirigeait déjà à toute vitesse pour rattraper les autres quand Miyu ne put s'empêcher de lancer :

-Bah voilà, tu m'obéis quand tu veux !

Le dragon fonça contre un mur d'un bâtiment, puis disparut avec à sa suite un concert de hurlements outrés provenant de l'ancien fantôme.

Laissés en arrière, Silver et Gold sentirent leurs cœurs se serrer. Le brun observa le roux et l'infirmière Joëlle, embarrassé. Mais devant le silence que ses deux là entretenaient, il baissa les bras. La fatigue commençait à le vaincre lui aussi, il était abattu, usé, et la seule chose qu'il désirait, c'était rejoindre sa propre sœur, et dormir. Dormir jusqu'à ne plus en pouvoir, jusqu'à ce que les souvenirs s'effacent de sa rétine. Néanmoins son inquiétude pour Sam l'empêchait même de pouvoir fermer les paupières.

Irrité, il se leva, et prononça lentement, sans trop y croire lui aussi :

-Bon…je vous laisse, je…Je vais voir si Capumain va bien auprès des secouristes…Et…Appeler Cristal…

Il s'apprêtait à se retirer, quand une prise désespérée sur son pull le retint.
Silver l'empêchait de partir, il lui jeta une œillade embêtée, et osa à peine pointer du nez l'infirmière Joëlle face à lui, qui le regardait sans trop le voir.

Il avait souhaité par moment, avait rêvé, une scène similaire, où le roux lui demandait de rester auprès de lui, comme si sa vie en dépendait. Mais il n'avait jamais imaginé que cela puisse lui être si douloureux en réalité. L'homme qu'il aimait était aussi brisé que lui, et la contemplation de sa chute lui était pire que la sienne.

Doucement, Gold se rassit, le cœur gros, passa un bras autour de Silver, et posa sa tête sur son épaule, ailleurs. Il ferma les yeux, et attendit. Il attendit comme le roux l'avait fait le jour où il avait appris la mort de son père. Juste que cela passe, que cela aille mieux. Et alors, il comprit, il comprit le conseil que lui avait donné le fils de Giovanni avant de tomber dans les mains de l'ennemi. Alors qu'il pensait que voir un acte aussi abject s'achever minablement le toucherait, il ne ressentit rien. Juste rien.

Justement parce que c'était trop horrible.

Il s'en détachait, pour passer à autre chose, et tout ce qui comptait à présent, c'est que cela s'était enfin achevé. Peu importait la commémoration, l'orgueil d'un être humain soumis, tout ce qui comptait, c'était de ne plus jamais survivre à ça.

-Gold…

La voix de Silver, faible, sonna à ses oreilles et il bougea imperceptiblement. Le simple contact de son camarade le rassurait, l'apaisait, malgré les circonstances désastreuses. Son cœur retrouvait un rythme normal. Ce type, ce type agissait sur lui d'une manière bien plus désastreuse, addictive qu'une drogue. Depuis quand sa simple présence à ses côtés, lui étaient devenus indispensable, quand ce sentiment avait-il commencé à s'immiscer en lui, le rongeant, le dévorant, le consumant tout entier ?

Deux doigts effleurèrent timidement les plaies de son dos, puis se rétractèrent.

-Tu as mal… ? Demanda Silver après un moment de réflexion.

Gold inspira profondément, et chercha une réponse au fond de lui. Oui, il souffrait, physiquement comme mentalement : de ses blessures, comme de son incapacité à aller sauver Samantha, de ses sentiments envers le roux, des derniers évènements. Mais…il sourit ironiquement et murmura :

-Ca va passer…Je ne peux pas rester comme ça à jamais, n'est-ce-pas ?

Silver plongea ses iris argentés dans celles mordorées de Gold, et il grimaça. Gold resserra sa prise autour de lui.

Un peu plus loin une autre scène se jouait.

Akira, assis sur sa planche de bois, les yeux bandés cette fois, cachés sous une compresse speciale, avait put entendre toute la conversation ; malgré les efforts de Lily pour couvrir les sons en parlant de tout et n'importe quoi. Depuis la révélation sur les origines de Sam, et de sa localisation ; il s'enfermait dans un mutisme profond, perplexe.

Sa collègue, anxieuse, répétait pour la troisième fois, au moins, la même phrase, se souciant plus de la mine complexe de son ami d'enfance que de la cohérence de son récit.

-Akira, il est important que tu laves tes yeux avec le produit qu'ils t'ont donnés, et que tu ne retires pas le bandeau. La lumière risque de bousiller ce qui te reste de vision. Allez, c'est pas un gros effort. Tu t'y habitueras. Puis, après, quand les hôpitaux seront plus disponibles, je t'emmènerai voir un spécialiste, et on fixera un rendez-vous avec le médecin. Tu…Tu vas voir ça va s'arranger.

Elle répétait ça plus pour elle-même que pour le professeur, elle le savait. Akira s'était fait à l'idée, à l'issue finale, bonne ou mauvaise. Il ne semblait ni y croire, ni même le vouloir. Délaissée, elle rendit les armes, et la pression des évènements eut raison de sa patience, de ses forces. Les larmes commencèrent à s'écouler tranquillement sur ses joues quand un cri fit bondir son cœur dans sa poitrine.

-LILY ! AKIRA !

Elle se leva d'un bond, et scruta la foule. Ses yeux s'agrandirent de stupeur et sa respiration se bloqua de soulagement, d'aise, de bienêtre. Elle ignorait que le bonheur pouvait étouffer son être de manière aussi agréable.

Shinobu Yuki, essoufflé, en nage, se tenait, se dessinait dans la masse. Sans plus attendre il se rua vers eux et enlaça la jeune femme avec passion avant d'étreindre son frère également, lui plutôt amorphe.

-J'ai…j'ai vu le reportage à la télé…j'ai sauté dans le premier train…J'ai cru que…J'ai cru que…Hoqueta-t-il.

Akira ne répondit pas, et il laissa Shinobu s'assurer qu'aucun d'eux n'était mortellement blessé, sans même s'en soucier. Perdu dans ses pensées.

Shinobu avait vaincu sa peur viscérale, il était revenu dans son village natal, faisant fi des risques de croiser ses parents, de ruiner ses années d'exils, de remettre en doute son faux suicide. Juste, juste pour s'assurer qu'ils allaient bien. Lui, est-ce qu'ils combattaient pour ce à quoi il tenait, croyait ?
Non pas vraiment, il ruminait dans son coin, essayait de camoufler ses intentions, et même s'en protégeait. Il parlait à Lily quand elle était fâchée avec lui juste pour l'emmerder, l'empêcher de s'éloigner de lui, sans le lui avouer. Il incarnait le dresseur masqué pour éviter de faire un choix de carrière, de choisir entre l'enseignement et le combat. Il ne désirait pas faire le héros, hanté par le souvenir de la blessure de son Métaloss. Et A présent il fuyait son amie d'enfance parce qu'il craignait ce qu'elle désirait lui dire. Il n'osait même pas secourir une gamine qui croyait en lui sous le prétexte d'une petite blessure. Il était pathétique.

La flemme, la prudence, tout cela n'était que des prétextes biens superficiels pour éviter de le qualifier comme il se devait : de lâche.

-Lily…

La brune se détacha de l'aîné de Yuki et contempla le cadet avec un sourire mélancolique, sachant parfaitement ce qui allait suivre.

-Je vais chercher Samantha.

Le professeur se leva, fit deux trois pas en titubant, puis serra la mâchoire. Girafarof s'extirpa de sa pokéball et vint lui procurer un appui, et même un guide. Grâce à l'affection qui les unissait, le Pokémon psy accepta de l'aider à se repérer dans le paysage. Lily n'essaya même pas de le retenir, ou même d'expliquer la situation à Shinobu, un peu perdu.

-Akira…Commença-t-elle avec appréhension.

L'enseignant esquissa un mouvement vers elle, et les mots coulèrent tout seul.

-Tu aimes cette gamine…n'est-ce pas ?

Shinobu sursauta, retenant une exclamation, en revanche Yuki lui, resta de marbre, et avec résolution, une confiance inhabituelle, il répondit :

-Plus encore que tu ne peux l'imaginer…

L'expression de Lily se tordit. Akira laisse le temps s'écouler, puis alors qu'il se dirigeait vers Silver et Gold, il perçut nettement :

-Une fois mon diplôme obtenu, j'irai travailler à Azuria.

Akira tressaillit tandis que Lily serrait la manche de Shinobu avec vigueur. Elle lui fit un sourire qu'il ne put jamais voir.

-Et j'espère que toi aussi, tu viendras travailler là-bas…C'est ça que je voulais te dire.

Le tuteur de Sam camoufla une grimace émue, les souvenirs de leur enfance commune, tous les trois, revenant frémir en lui, comme une douce promesse trop longtemps chimérique. Il avait été stupide, de repousser une véritable conversation avec elle.

Lentement il marcha vers Gold et Silver, résolu. Arrivé devant eux, il leur tendit la main et murmura :

-Vous désirez vraiment rester plantés là ? Allez, on y va !

Les adolescents s'entre regardèrent, hésitant, et Silver grimaça, cependant Gold posa une main compréhensive sur son épaule, et lui murmura :

-Cette fois, je serai avec toi, ce sera différent. Ta petite sœur compte sur toi, Silver.

Le roux frissonna.

-A une seule condition.

Le timbre du Rocket, vibrante, cassée, comme usés jusqu'à la corde, retentit dans l'air comme les prémices d'un avenir jusqu'alors indiscernable.

-Si Giovanni me reprend…Ne vous interposez pas. Parce qu'il vous tuera avec moi. Je ne veux pas que quelqu'un meurt pour moi…Pas comme ça.

Akira arqua un sourcil, et il siffla, Gold fronça les sourcils et déclara avec conviction :

-Ca n'arrivera pas.

Les mots se répercutèrent en eux alors qu'ils moururent dans le chao ambiant. Ensemble, ils firent un pas vers la sortie du camp de réfugiés.

Un secouriste les vit se retirer, chancelants et brinquebalants, il se précipita à leur rencontre et hurla :

-Hé ! Vous ne partez pas comme ça !

Puis se plaqua la main sur le nez avec une exclamation de dégout intense. Un immense nuage nauséabond l'entoura, et Lily s'interposa avec son grotadmorv devant un Shinobu catastrophé. Les forces de l'ordre se replièrent, jugeant que cela ne valait vraiment pas le coup.

-C'est pour ça que j'adore ce Pokémon. Sourit Lily, en voyant les inopportuns se rétracter, revenir sur leurs pas.

Elle regarda derrière elle, son ami d'enfance s'enfonçait déjà dans les bois. Une boule se forma au creux de son estomac, et alors qu'ils disparaissaient à l'horizon, elle hurla :

-REVENEZ EN VIE !

Néanmoins, elle n'obtenu aucune réponse, et seule, abandonnée, elle alla s'asseoir aux côtés de Shinobu et de l'infirmière Joëlle, et comme eux, joignit les mains dans une prière muette, envers un dieu en lequel elle ne croyait plus.

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Suicune passa le rideau de protection humaine comme le vent s'engouffrait dans une gorge, puis aussi aisément, gracieusement, il se stoppa.

Lucas mit pied à terre, et constata avec étonnement, l'estomac encore retourné par le voyage et le stress, qu'il se trouvait sur le toit d'un bâtiment surplombant la ville de Jadielle.

L'arène. Songea-t-il instantanément.

Il scruta le paysage, et se sentit minuscule. Samantha se trouvait si proche, et si inaccessible à la fois. Son regard tomba sur une porte close, une sorte de trappe qui devait mener à l'intérieur. Il s'approcha et tira, mais la poignée lui resta dans les mains. Il sortait son chamallot quand Peter arriva à son tour. Son dracoloss en imposait bien plus, aussi il lui fit signe de continuer sa route, comme pour faire croire qu'il n'avait fait que survoler le bâtiment.

Malheureusement, Ash lui, n'y alla pas de main morte et s'écrasa au sol, balançant sans une once d'hésitation, Daniel et Miyu à terre.

Les sbires qui gardaient l'entrée principale furent alertés, et quittèrent leurs postes. Ils pouvaient repasser pour l'infiltration discrète. Miyu se dépêtra de l'emprise de Daniel, qui lors de la chute, l'avait instinctivement enlacé pour lui éviter de subir de trop gros dégâts. Cependant le spectre n'y prêta guère attention, il se redressa et se dirigea vers la trappe.

-On peut entrer par là ? Demanda-t-il.
-Je suppose. Maugréa Lucas.
-D'accord, pousse-toi, j'ouvre.

Il ne lui laissa pas le temps de s'étonner, le corps d'Eléanore se crispa, elle tendit le bras, et le plongea sur la serrure. Les spectateurs sursautèrent, la chaire se liquéfia sur place, pour se mouler et prendre l'exacte forme du verrou. Elle déverrouilla l'issue devant eux, les mines catastrophées, ébahies de peter et Lucas la refoirdirent cependant.

C'était à croire qu'ils venaient de voir une de leur connaissance se transformer devant eux.

Bon, c'était un peu le cas, vu qu'il avait utilisé les propriétés de métamorph, l'attaque morphing, que possédait son espèce. Mais quand même, un peu plus et ils fracassaient leurs mâchoires sur le sol. C'était si étonnant que ça ?

Daniel fut le premier à s'en remettre, et en passant devant Lucas, il balbutia timidement :

-Il faut croire qu'elle peut faire ça maintenant…Allez, entrons.

Peter secoua la tête avec détermination et hocha du chef.

-Oui, nous n'avons pas de temps à perdre. Suivez-moi, et surtout, restez groupés, il ne faut pas qu'on se sépare, d'accord. Si c'est le cas…Et bien…Vous avez tous un moyen de communication et mon numéro ?

Il y eu un silence, montrant bien l'évidence.

-Peu importe, balaya le maître de la paume de la main.

Il allait s'engouffrer dans le passage, quand il vit qu'Eléanore partait dans le sens opposé. Il s'arrêta.

-Que fais-tu ?
-Je vais faire diversion, emmener les sbires un peu plus loin, pour que le gros des troupes se dispersent. Avec Ash et les autres, se sera simple.
-Mais…
-Hé, je fais ce que je veux, et je risque rien monsieur-jamais-d'accord, je me téléporterai jusqu'à vous au moindre risque !

Peter hésita, puis il poussa un soupir à fendre le cœur. Il marcha jusqu'à elle et lui confia deux pokéballs, puis referma les doigts de la gamine sur ces biens précieux.

-Voici Altaria et la pokéball de Dracoloss. Ils te protégeront et t'aideront. Fait attention à toi.

Miyu ricana :

-Hey, tu parles à la prudence même là ! Le railla-t-il.

Les spectateurs présents firent la grimace. Peter s'engouffra ensuite dans le passage, avisant une échelle de secours. Daniel se tourna vers Lucas, baissa la tête, puis avant que son camarade ne parte à son tour, il s'avança vers lui et lui lança :

-Attends Lucas ! Si jamais on est séparé pendant la bataille…
-Ca n'arrivera pas. Le coupa le brun, décidé.
-Je sais, mais au cas où, insista le rêveur. –Je veux que tu prennes ceci !

Il défit la pokéball du Gallame de son père à sa ceinture, et la lui transmit.

-Il te protègera. Et moi…je suis incapable de dresser ce Pokémon de toute façon. Avoua-t-il penaud.

Lucas dévisagea son compagnon, puis avisa le cadeau, tristement. Quand il releva les yeux vers son ami, toute sa rancune, sa colère envers lui, s'envolait, retrouvant la lueur loyale, dénonçant le lien sans borne qui les unissait, et il murmura :

-Dis-moi Danny…Tu ne te souviens vraiment pas de Sam… ?

Le gamin se crispa, et sans la moindre expression peinée, juste emplie d'une culpabilité sans raison, comme un gamin accusé à tort, il répondit :

-Juste que je ne l'aime pas des masses. Rien de plus, son nom n'évoque qu'un peu de rancœur en moi, même si je ne sais pas pourquoi.

Lucas fronça les sourcils et sa main se glissa sur le pendentif autour du cou de son ami, celui qu'ils partageaient. Il lui sourit gentiment et ses doigts caressèrent les contours de la braguette du vieux Jeans de Marion.

-Quand ce sera terminé. J'arrangerai ça ! Tu te souviendras d'elle, je trouverai la raison qui te pousse à l'oublier, et je l'arrêterai ! On sera de nouveau comme avant. Tous amis.

Il porta la main au jumeau du bijou, autour de son propre membre, et il lui brandit.

-Et à ce moment là, je te rendrai ton pendentif, et tu me rendras le mien.

Daniel eut une mine rassurée.

-Dans ce cas, il faut survivre tous les deux. Analysa-t-il.

Lucas hocha la tête avec gravité et ensemble ils se serrèrent la main, avant que le brun de s'engouffre à son tour dans le boyau ténébreux. La logique voulait que Daniel ne les rejoigne immédiatement, mais au contraire, il se tourna vers Miyu, qui le fixait avec impatience.

-Miyu…

L'ancien spectre sursauta, peu habitué à entendre quelqu'un l'appeler, lui spécifiquement.

-Ouais ? Demanda-t-il avec étonnement.
-Eléa…Elle est toujours présente, quelque part en toi…N'est-ce pas…Elle n'a pas disparue, pour toujours ?

L'ancien fantôme chercha l'ombre de l'esprit d'Eléanore, qui flottait dans l'air, de plus en plus limpide, invisible. Elle s'épuisait, même si elle essayait de la cacher. Il grimaça mais répondit :

-Oui, ne t'en fait pas, elle est toujours là ? Je ne suis présent que pour un temps. La situation empêchait juste Eléa d'agir vraiment.
-Tu l'appelles Eléa et pas Eléanore, toi aussi…Souffla Daniel.
-Ca lui convient mieux, nan ?

Daniel sourit.

-Je trouve aussi.

Il inspira, et souffla profondément, visiblement déchargé d'un poids qui l'inquiétait. Puis sans préavis, il enlaça Miyu. Le Spectre piqua un fard, et dans son esprit, il envoya rapidement :

« C'est lui qui fait le premier pas, pas moi Eléa ! »

Mais le gamin se détacha bien vite et lâcha simplement :

-Veille bien sur elle.

Il courut vers la trappe et posa le premier pas sur un des barreaux de l'échelle, puis, se grattant la joue avec embarras, il murmura :

-J'ai été heureux de te rencontrer Miyu…Et rassuré également…j'avais peur que la personne qui côtoyait Eléa tout le temps ne soit pas…sûr.

L'ancien Pokémon plaqua les mains sur ses hanches, avec un air faussement vexé. Mais l'artiste devant lui ricana, et déclara avec un ton plus joyeux :

-Mais, je suis heureux de voir que tu es…un Pokémon…De confiance.

Puis il disparut à l'intérieur de la bête monstrueuse.

Miyu resta statique quelques secondes, puis il rit innocemment.

-Je l'aime vraiment ce gamin, il me plait ! Acheva-t-il.

Sans plus attendre, il se précipita vers la rambarde du toit, et sauta, même si Ash faillit le laisser tomber, il rattrapa le corps de sa dresseuse à la dernière minute, et dans uen cabriole aérienne, ils partirent en piqué vers les sbires Rocket, semant la panique dans les rangs ennemis dans un hurlement enthousiasme.

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Un cliquetis significatif retentit dans le silence angoissant de sa cellule. Samantha frissonna, et tenta de se redresser, mais toujours bloquée par les barreaux, elle fut incapable du moindre mouvement. Sa hanche la lança douloureusement.

La silhouette bien connue de son ravisseur se dessina dans la pénombre, et Samantha sentit son cœur vrombir dans sa poitrine, les battements assourdissants, relent de sa panique, couvrirent tout. L'espace d'un instant, juste le sang pulsant à ses tempes, et cet homme, cet étranger, ce monstre, ne l'atteignirent. Plus rien d'autre.

La Terreur incarnée.

L'être ouvrit la bouche, et les sons sonnèrent, fracassèrent l'air, il sembla à Sam qu'elle détruisait de par sa simple existence.

-Pourquoi n'utilises-tu pas tes pouvoirs Holly ?

Aucun son ne parvint à se dégager du nœud qui se formait au plus profond de son gosier, et son palais, sec, rèche, rendait l'exercice même de respirer douloureux.

Giovanni devant elle perdit patience, et son poing frappa les barres de métal qui entravait Samantha, celle-ci cillèrent, grincèrent dans leurs socles, et la hanche de Samantha perpétua ce mouvement, ce tremblement, elle gémit malgré elle. Mais le son qu'elle émit lui apparut rauque, essoufflé, comme déjà éteint.

L'espoir qu'elle entretenait jusqu'à présent, celui de s'échapper, de voir un sauveur inconnu lui porter secours, s'évapora d'elle, et le désespoir la glaça tout entière dès qu'il posa la main sur elle. Deux doigts rugueux saisirent sa mâchoire et l'obligèrent à fixer son ravisseur dans les yeux. Celui-ci afficha un sourire immense, fier :

-Ne crois pas qu'on viendra te chercher comme la dernière fois. Le pauvre sbire qui t'aidait à sortir toute les semaines a été dévoré par les Groink depuis belles lurettes. Il n'y a plus personne pour toi ici.

Un sanglot lui remonta dans la gorge, puis, retomba sur son estomac, le perforant d'anxiété, d'incompréhension. Elle plissa les yeux avec force, et pria, pria pour que tout cela ne soit qu'un immense cauchemar. Malheureusement, une claque magistrale mit tous ses sens en éveil, et elle dut se rendre à cette évidence : c'était sa vie, qui devenait un véritable enfer.

Qu'avait-elle fait au juste pour mériter ça ? Pour quoi elle, précisément ?

Le champion de l'arène, loin de tourments de sa victime, se souciant très peu du crac qu'avait émise la hanche de la gamine ployant sous la force du coup, l'attrapa par le col, et la tira avec colère :

-Qu'est-ce tu espérais au juste ? hein ? A récolter des preuves contre moi ? Tu croyais sincèrement pouvoir me donner à la police ? Petite idiote ! Tu te croyais au dessus de tout soupçon, du danger ?

Une autre gifle fit vaciller Samantha qui serra les dents. Une sorte d'explosion se produisit en elle, de la souffrance, à l'injustice, naquit la rébellion, la haine ? Des larmes d'impuissances lui échappèrent. Avec vigueur elle tenta de renvoyer le coup à son ravisseur, mais Giovanni l'arrêta sans difficulté et lui tordit le poignet.

-Non seulement tu me donnes un fils incapable, sans pouvoir, mais en plus tu oses te dresser contre moi. Tu ne m'as vraiment servi à rien, pire tu as gâché tous mes plans d'avenirs !

Cette fois, Sam hurla, hors d'elle à l'entente du nom de Silver :

-Quel avenir ! Votre place est dans une prison à CROUPIR ! Silver est un garçon adorable, il vaut mille fois mieux que vous !

Le regard de Giovanni se braqua, il lâcha alors sa prise sur elle, et recula. Samantha, contre toute logique, se sentit encore plus apeurée, terrifiée. L'homme devant elle se dirigea vers le mur face à elle, et tapota quelques touches sur un clavier qu'il fit apparaitre par un jeu de levier. Une caméra se dressa, et pointa sa cible, ainsi qu'une pokéball. Le dresseur l'ouvrit, et un immense tyrannocif bomba le torse, son petit regard porcin, cruel fit manquer un battement de cœur à Samantha. Et elle se surprit à regretter qu'il ne se stoppe pas sur le coup, son myocarde.

Giovanni s'installa narquoisement, hautainement, face à elle, et la fixa avec défi.

-Silver ? Cet abruti ? Etrange, il n'a pourtant rien fait pour te venir en aide, et tu protèges ce mioche minable ? Où est-il, ce gamin valeureux ? Ce morveux ? Il n'est bon qu'en tant que pion, pour un sacrifice utile.

Samantha tressaillit, et un haut-le-corps la secouan instinctivement, elle chercha à se rétracter, à fuir, quitte à retourner se terrer dans sa cellule, dans le noir. Elle était prête à tout, à disparaître même dans les ténèbres, pour échapper à ce regard meurtrier, à ces paroles aussi hideuses que la personne qui les prononçait.

Ses ongles crissèrent contre les lamelles de métal, et se retournèrent pour certain, mais ses prises glissaient, elle fut incapable de se dégager de l'étau qui l'enserrait, l'étouffait. Un souffle angoissé, aussi palpitant et brûlant, bouillonnant que sa crainte lui échappa. Devant l'air victorieux de son kidnappeur, orgueilleux, certain de sa victoire, elle s'arracha un cri. Plus pour se convaincre elle-même que pour provoquer l'être qui la retenait :

-SILVER VIENDRA ME SAUVER ! ILS VIENDRONT TOUS ME SAUVER ! ET VOUS FINIREZ EN PRISON !

Les mots sonnaient si faux, même à ses oreilles.

-tyranocif, lame-roc. Lança simplement le maître de la terre.

Samantha frissonna, la créature leva les bras, et cracha un projectif terreux, rigide et acéré, qui passa à quelques centimètres de son visage, une douleur vivre lacéra son épaule, touchée profondément.

-Personne ne viendra Holly. Maintenant utilise tes pouvoirs. Pour la caméra. Sourit-il.

Tyranocif réitéra son mouvement, et cette fois, ce fut un de ses genoux qui se disloqua sous un projectile. Elle ne pensa même pas à hurler, sa respiration, son souffle se coupa entièrement, se bloqua.

-Holly, je ne le répèterai pas. Utilise tes pouvoirs maintenant. J'ai besoin d'une image de toi en action. Après, je mettrai fin à tes souffrances si tu le souhaites. Avec Silver si ça peut te convaincre. Ne serait-ce pas mignon, la mère et le fils crevant ensemble ? Je t'avouerai que ça m'aiderait, deux cloportes gênant en moins !

Un pic terreux se ficha dans le pied de Sam et des éclats acérés se plantèrent dans sa hanche. Mais elle ne réagit pas si ce n'est pas une plainte aigüe. Ce manque de coopération acheva la courte patience de Giovanni qui se redressa et exulta :

-Holly cette fois ça suffit ! Tu vas bouger oui !

D'un geste rageur il attrapa la frange de Sam et la souleva, pour mettre en évidence son œil intact, luisant de fièvre et de larmes contenues.

-J'ignore comment tu t'es débarrassée de mon collier qui devait te brider, ou encore comment tu as rajeuni ou soigner ton foutu œil…Mais si tu as réussi à le soigner une fois, tu y arriveras une seconde pas vrai ? Je peux te l'arracher de nouveau ? ca et ferait bouger, ça ? Ou il faut que j'aille chercher cette andouille de Silver pour que tu me supplies de te frapper à sa place ?

Samantha avala sa salive et elle fut incapable de prononcer une seule syllabe, ou même un mot, seuls les pleurs lui échappèrent. Qu'est-ce qu'ils voulaient au juste ! Qu'attendaient-ils d'elle ? Qu'elle joue le rôle de cette Holly ? C'était au dessus de ses compétences !

-Tu es seule Holly ! J'ai été stupide, quand j'ai compris que tu essayais de m'enfermer, je t'ai envoyée dans une embuscade d'Opale pour qu'ils te tuent à ma place, qu'ils se concentrent sur le leurre que je leur envoyais plutôt que sur mes actions ! J'ai attaqué le village des Guardian et je les ai massacrés jusqu'au dernier pour éviter de voir leurs pouvoirs se retourner contre moi. J'ai stupidement pensé que Silver pouvait avoir hérité de tes dons, et qu'ils m'obéiraient aveuglément ! Mais tes gènes pourris ont tout fait foirés !

Il rejeta sa prise et le crâne de Sam heurta la barre de métal violemment.

-Mon objectif était foutu ! J'ai du chercher un moyen d'attraper les foutus Pokémons légendaires pour remédier à ça ! J'ai appris à cloner, j'ai travaillé avec le professeur Mirage un véritable con ! Et tout ça…Tout ça pour rien d'autre qu'apprendre à cloner sans véritables résultats !

Il leva le bras et pointa tyranocif, avant de lancer un ultimatum d'une voix grave et sans pitié.

-Alors tu vas utiliser tes pouvoirs, devant cette caméra que je puisse enfin m'approprier ton don ! Si tu ne le fais pas, je le prochain tir touchera une de tes rotules, puis je te couperais les membres un par un. Je trouverais le moyen de te faire céder Holly ! Même si je dois allez chercher Silver chez les Opale, et ramener sa tête devant toi !

La vision de Samantha se brouilla, les mots, le discours, tout tourbillonna en elle, le paysage dansa devant ses prunelles, jusqu'à s'effacer complètement. Un violent mal de crâne s'empara d'elle et la compressa, en même temps qu'une rage sans nom.

Ses poings se serrèrent tandis que l'évidence, la fatalité s'immisçait dans chaque cellule de son être.

Elle allait mourir ici.

Ce type la tuerait, et il n'en montrait aucun remord, et ce type…Ce type c'était le père de Silver.

Ses membres cédèrent, et elle glissa jusqu'au sol, froid. Tout son corps frémissait, palpitait, comme un gigantesque organe à la chaire à vive, sanguinolent. Et le contact frais de sa prison, tout cela, ne l'atteignait pas ; il lui semblait se consumer de l'intérieur, un bruit strident, assourdissant couvrit tout le reste, et elle s'effaça. Tout s'effaça.

Son bras se leva, tremblant, et elle pointa Tyranocif avec détermination. Le Pokémon sol grogna, poussa un rugissement et jeta son projectile droit vers elle.

Toute la rancœur contenue en elle, la peur, lui échappa, une véritable tempête de sentiments s'échappa d'elle par tous les pores de sa peau. La roche qu'on lui balançait dessus se désagregéa et redevint poussière, mais l'onde de choc ne s'arrêta pas pour autant, elle souffla son baiser mortel dans tous le couloir, et la caméra censée tout enregistrer se disloqua, rouilla à vue d'œil avant de s'effondrer dans un grésillement.

Giovanni vacilla, les bras dressés devant lui dans une barrière protectrice. Il contempla la gamine en sueur qui glissait jusqu'au sol, le regard enfiévrée et un ricanement lui échappa. Il s'intensifia, et prit une ampleur dantesque, infernale.

Peu importait la caméra brisée après tout, il avait d'autres méthodes pour la faire sienne, pour obtenir ces pouvoirs. Tout qui comptait maintenant, c'était son objectif, plus proche que jamais.

Le maître de l'arène se retira d'un pas de conquérant, ses yeux noirs perçants, brillants d'ambition, de folie.