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Destins liés ~Crépuscule~ de fan-à-tics



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» Auteur : fan-à-tics - Voir le profil
» Créé le 02/05/2010 à 18:06
» Dernière mise à jour le 29/05/2010 à 12:05

» Mots-clés :   Présence de personnages de l'animé   Présence de poké-humains   Présence de shippings

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Episode 49: Tu cesseras de craindre, en cessant d'espérer-3-
COUCOOOU ! Me voilà en avance –pour fêter la fin des vacs –sniff- avec ce chapitre très (trop) long. Je voulais vous le couper en deux, car après tout 40 pages, c'est beaucoup, mais on m'a dit de ne pas le faire sur msn…Donc j'obéis.

Sinon, je tiens à préciser que ce chapitre ne clôture pas l'arc ! –Vous verrez bien quand l'arc s'achèvera de toute manière-

Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture, et puis…Un bon rétablissement…(je plaisante…Oopa) ! J'attends vos commentaires avec impatience (please !)


-chapitre 49-Tu cesseras de craindre, en cessant d'espérer. Final

Elle s'en doutait, depuis longtemps déjà. Depuis quand ? Peut être depuis toujours, entre eux, il y avait eut une certaine alchimie, sans pour autant qu'on puisse appeler ça de l'amour. Non c'était plus de l'affection, de la tendresse induite, naturelle. Elle n'était pas assez idiote pour ignorer leur ressemblance, tout ce qui les rapprochait. Après les épisodes de Carmin-sur-mer, cette possibilité infime avait grossi en elle. Sans pour autant qu'elle l'accepte.

Elle avait toujours rêvé de retrouver sa véritable famille. Mais elle l'imaginait aimante, pauvre –pour expliquer son abandon- même décédée s'il le fallait. N'était-ce pas le rêve de tout enfant adopté ? Apprendre ses véritables origines, y découvrir un nouveau foyer, où tout semblait, juste normal. Elle souhaitait simplement rencontrer les personnes qui l'avaient mis au monde, scruter leurs points communs sur leurs visages inconnus et familiers ; dans leurs attitudes. Juste ça. Simplement savoir de quoi son passé était fait pour pouvoir avancer, comprendre son propre être.

Mais elle ne désirait pas ça. Elle ne voulait pas être la fille d'un monstre comme Giovanni, le chef de la Team Rocket. Quel intérêt de savoir une chose pareille ?

Tout était plus simple de nier.

Elle prenait juste le bon côté, en imaginant que, d'une certaine façon, être la sœur de Silver aurait put être agréable, mais occultait la vérité, les conséquences de ce demi-vœu. Elle répondait à sa mère par la négative, rejetait leurs ressemblances physiques et caractérielles, et pour autant, elle demandait au roux de poser sur une photo prise par l'infirmière Joëlle, avec elle.

C'était toujours plus simple de nier.

Elle avait toujours agis de cette manière. Au début de son voyage, elle refusait la part de responsabilité à son incapacité à se faire des amis, puis elle faisait mine de ne pas voir le secret que leur camouflait Eléa et Danny, et encore à présent, après qu'Eléa soit revenue vers elle, elle simulait une amitié retrouvée, elle occultait les visions de Celebi espérant les empêcher de se produire ainsi. Juste en fermant les yeux.

Mais la vérité brillait de manière bien trop aveuglante à présent, irradiant ses rêves enfantins, naïfs, les dissolvants dans une lueur trop insupportable pour elle.

Elle niait, tout, tout le temps.

Quelle importance de toute manière ?

Ne pouvait-elle pas simplement rester comme ça ? Fermer les yeux et faire semblant de ne rien savoir, à jamais feindre le sommeil ?

Plongée dans un état semi comateux, Samantha se sentit plus que jamais capable d'une telle lâcheté.

Plus de sensation, plus de peur, plus d'anxiété, plus de bruit.

Les bruits, une chose qui l'avait toujours exaspéré, c'était tous ces nombreux bruits. Autour d'elle, les sons fusaient plus rapidement que le reste. Cela avait toujours été comme ça. Elle trouvait le monde bruyant. La cacophonie ambiante, de tout, des salles de classes, de l'école, tout cela l'harassait, la poussait à fuir le monde.

Eléanore était peut être sa meilleure amie, mais elle avait un timbre de voix bien trop fort, trop puissant pour elle.

Et là, plus rien, le silence total. Enfin.

Elle bougea la main, mais rien ne se passa, elle tenta d'ouvrir les yeux, mais pas la moindre réaction. Il lui semblait qu'elle flottait dans un liquide glacé, la morsure froide engourdissait ses membres et la pétrifiait, toute pensée gelait peu à peu avant d'atteindre son cerveau. La fatigue la plus totale la prenait.

Elle inspira profondément, mais rien ne l'atteignit, pas même la moindre petite bulle de chaleur. Ici, tout était devenu bizarrement silencieux ; calme. Presque serein, et, cet absence de son, de vie autour d'elle ne l'effraya pas, contrairement à la dernière fois, dans le Qg d'Opale, lorsque le temps s'était suspendu.

Pourquoi aujourd'hui était-ce différent ?
Elle l'ignorait, et ne voulait pas le savoir, elle se laissa bercer par ce doux et envoûtant remous. Les bras étendu, juste porter par un flux inconstant, un temps indéfinissable, irréel, elle pouvait sentir un semblant de paix intérieure, plus rien ne l'atteignait, plus de voix, plus de soucis, plus de joie, plus de problème, le temps s'arrêtait. Le monde se résumait alors qu'à la bulle protectrice autour d'elle. Eléanore ? Silver, ses origines ? Twilight ? Tout cela lui parut si futile tout à coup…

Un vague à l'âme l'emporta. Elle n'avait pas la force de sortir de cet endroit, elle ne le voulait même pas. Elle désirait rester dans cet état de loque, de semi-humain.

Tout était tellement plus simple comme ça !

Ici, elle était peut être seule, mais elle vivait dans un calme éternel.

Dehors, elle devait paraître, tous les jours un peu plus, son véritable être disparaissait sous une coque chaque fois plus épaisse !

Dehors, il l'attendait. Giovanni. Ils l'attendaient. Ses amis. Tous patientaient, pour avoir une réaction, une opinion, des envies, un rêve, un avenir. Pourquoi devrait-elle, elle ? Parfois, elle enviait Daniel et son attitude amorphe.

Samantha était juste fatiguée.

Elle ne savait pas qui elle était. Elle n'avait jamais su. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle aurait du.

Elle aurait aimé posséder un quart des certitudes d'Eléanore : être certaine de ses origines, s'élever par rapport à un modèle, à une ligne bien précise.

Mais il n'y en avait jamais.

Elle nageait perpétuellement dans le flou, dans la réalité.
« SAMANTHA ! »

Elle fronça les sourcils, attirée par ce son comme un insecte vers la lumière, mais alors que la chaleur revenait happer ses membres, les voix filtrèrent de nouveau, la douleur la paralysa. Instantanément, elle se ferma pour échapper à cela.

Elle se recroquevilla sur elle-même pour ne pas percevoir ces cris.

Qu'on la laisse tranquille !

Dehors tout faisait bien trop mal !
Dehors elle allait perdre Eléanore !
Dehors son père n'était qu'un monstre !
Dehors son premier amour mourait à petit feu, empoisonné !
Dehors sa vie n'était qu'une vaste plaisanterie, un immense mensonge, de sourires faux.
Dehors…Dehors, tout était trop vrai, trop irréversible.
«Samantha ! Réponds-moi ! »

Elle sursauta, elle crut qu'on venait de poignarder sa poitrine, la carapace autour de son cœur craqua. Cette voix, elle la connaissait. Elle se releva, la sensation de paix se dissipa, la souffrance et les voix vinrent s'emparer d'elle à nouveau, mais elle serra les dents. Cherchant, alerte, d'où provenait cette supplique. A nouveau elle la perçut, à nouveau une pulsation dans sa poitrine déchira ses muscles. Elle ouvrit la bouche, mais rien ne sortit, elle s'arrêta. Secoua la tête et commença à s'éloigner de cette torpeur qui l'empêchait de réagir, elle plongea un peu plus profondément dans ses craintes, et cette fois, elle parvint à ouvrir un œil.

Une image, un décor se dessina devant ses yeux. Elle vacilla, effrayée, aveuglée par l'intensité des couleurs, par cet amas d'informations, cette objectivité cruelle qui la frappait.

Le visage de Silver, et d'Eléanore, tous les deux étaient penchés sur elle. De toute évidence, on l'avait déplacée. Au loin, Peter et Gold servaient de rempart, mais le visage de Giovanni également, inerte, ravi de son petit effet, contemplait tout de même le spectacle. Il la narguait. Il était certain de franchir ce faible obstacle qui se dressait sur sa route pour la récupérer.

Dehors, tout faisait trop mal.

Un autre battement vint creuser sa poitrine, les douleurs lancinantes lacérèrent son être et d'un geste brusque, elle retira sa main de la prise de ses amis, plus particulièrement de celle de Silver.

Elle ne voulait pas de sa pitié, elle ne voulait pas entendre cette voix, la même qui lui avait caché leur lien induit. Elle ne voulait pas le toucher, pas le voir, elle voulait tout nier. Elle voulait juste que tout disparaisse.
« Samantha… » Gémit le roux.
« Sam, pleurs pas, on va te sauver ! » Balbutia Eléa avec une grimace paniquée.

Samantha frémit. Si ses membres n'avaient pas été si lourds, elle aurait passé une main sur sa joue pour cacher ses larmes. Le barrage venait de céder. Chaque perle salée qui lui échappait laissait place à une autre, encore une autre, comme un cri muet d'agonie, de souffrance. Elle n'arrivait plus à s'arrêter, à stopper cette pluie incontrôlable. Pourquoi ?

Elle détourna le regard, et il lui sembla que ce simple mouvement de tête, si faible, si petit, se répercutait en elle, comme le cuivre d'une cloche vibre encore pour transmettre son son cristallin. Son regard se posa sur Akira Yuki, toujours inerte, et les zébrures violacées sur sa frimousse s'accentuaient de plus en plus, fatalement, mortellement.

La réalité faisait trop mal.

« « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « «

Lucas déglutit difficilement, le sbire dont il tenait fermement le poignet le menait de plus en plus profondément dans le Qg, et l'explosion qui avait secoué les murs du bâtiment il y avait quelques minutes n'amoindrissaient pas ses craintes. Plus le temps s'écoulait, plus il se répétait qu'il devait rapidement mettre la main sur les Pokémons de Sam. Eux, eux, ils la guideraient jusqu'à elle.

Le futur stratège Pokémon sursauta. Le sbire l'emmenait dans un couloir, ou plutôt dans un passage barricadé, limité par d'immenses barreaux d'acier, le paysage extérieur, mouvant, menaçant, semblait plongé dans l'obscurité la plus totale. Pourtant ; le brun sentait qu'à l'instar de l'image sombre, calme, ce qui se camouflait derrière ce rideau de fer devait être terrifiant. Les bruits de rongements, les grondements qu'il parvenait à capter ne prédisait rien de bon.

-C'est encore loin ? Croassa le gamin, tâchant de garder un ton exigeant, implacable, pour ne pas à subir une révolte de son « prisonnier ».

Le sbire lui jeta un regard en biais, haineux, et pour la première fois, Lucas remarqua son jeune âge. Il ne devait même pas atteindre les 20 ans. Une question glaça le gamin, quel âge pouvait avoir son camarade, celui dont-il avait brûlé le bras puis balancé il ne savait où grâce à Gallame ? Lucas secoua la tête vivement et se força à camoufler ses tremblements. En vain.

Il ne devait pas penser à cela. C'était trop tard, et comme le disait souvent Danny, c'était fait.

-Nous y voilà.

L'homme devant lui s'arrêta, et désigna du doigt une chambre forte fermée à double tour. De l'autre côté de la barrière protectrice, à moitié camouflé dans la pénombre. Cependant le membre de la Rocket ne bougea plus d'un cil. Lucas l'interrogea du regard, mais il comprit bien vite que ce type n'avait aucune intention de faire un pas de plus, et sûrement pas de traverser l'espace non-protégé.

Le brun déglutit, puis dégaina sa pokéball. Celle de Gallame, il répugnait à l'utiliser de manière abusive, mais lui seul connaissait téléport, et après tout, il se jetait dans la cage aux lions. Par mesure de sécurité, et pour empêcher de se retrouver trahi, enfermé, il sortit mentali, et lui ordonna de rester du bon côté, le sbire, la sortie.

Après un regard hésitant en arrière, il ouvrit la grille.

Le bruissement perpétuel, les grognements qui s'élevaient comme un bruit de fond, se turent d'un coup d'un seul.

Le calme avant la tempête, songea simplement Lucas, crispé.

Il s'approcha de la chambre forte et tâtonna hâtivement la paroi. Puissante et résistante, mais Chamallot avait déjà fait ployer pire, après tout, il l'avait capturé dans la grotte d'Azuria, où ce petit coquin s'amusait à creuser un passage dans le calcaire et le roc par la seule force de son brasier.

Il esquissa un geste pour sortir sa pokéball, relâchant légèrement sa prise sur celle de gallame, et tout bascula.

Le fauve sait capter la moindre ouverture de sa proie.

Une ampleur secoua le terrain, et le gamin trébucha. Une feuille aussi acérée qu'un rasoir lui passa au dessus du visage, sa chute lui évita de justesse une magnifique cicatrice, peut être même une sévère blessure. Cependant elle lui fut tout de même fatale car la ball contenant Gallame lui échappa et alla se ficher bien loin, dans un nuage noir.

Lucas eut à peine le temps de se redresser, qu'il contempla l'obscurité se peupler de regards pourpres et affutés. Un éclair scintilla, comme annonçant l'orage. Et Arcéus savait combien Lucas craignait les orages.

Comme un signal de départ, sous il ignorait quelle impulsion, les Pokémons chargèrent. Lucas roula brutalement sur le côté, et se remit sur ses jambes, pour se plaquer contre la chambre forte. Mentali au loin, hérissa son poil.

Lucas eut alors une réaction totalement stupide, il ordonna à tous ses Pokémons de sortir. Barpaud, Massko, Noctali et chamallot. 4 contre une foule indénombrable.

Le brun ferma les yeux et se mordit la lèvre jusqu'au sang. C'était perdu d'avance.

Si encore, il pouvait avoir du soutien, histoire de forcer la chambre forte par derrière, et trouver, non seulement un refuge, mais aussi du renfort en les Pokémons de Sam.

Les idées s'embrouillèrent en lui.

Il devait lancer une offensive, dite « de masse » comme surf, ou météore, une attaque qui, sans pour autant mettre en échec l'adversaire, ferait reculer le gros des troupes. Mais aucun des membres de son équipe ne connaissait pareille capacité.

-Mas…massko attaque…Attaque…

-CHAUD DEVANT !

Le cri fendit la brume paralysante.

Une rasade de petites explosions secouèrent la masse de Pokémons, et surgissant de nulle part, comme portée par l'onde de choc, Cristal s'extirpa du nuage de gravas et de poussière, portant à bout de bras un cadoizo qui balançaient non-stop des paquets enrubannés.

La jeune fille bondit gracieusement, et écrasa sans ménagement la tête d'un nidoran dans son élan. Le pauvre Pokémon blessé eut le temps de gémir, puis fut récompensé d'un beau présent, qui implosa dans la seconde.

Dans un dérapage contrôlé l'adolescente s'arrêta devant Lucas et le dévisagea longuement, comme si elle le croisait simplement par hasard, sur une plage un soir. Elle sourit gentiment et rougit, embarrassée :

-Louka ! Tu es là aussi ! Je suis heureuse de te voir ! Tu ne sais pas que c'est dangereux ici ?

La phrase aurait pu être touchante dans un autre contexte, et si la gamine n'avait pas saisit le cadeau que lui tendait son Pokémon oiseau pour jeter l'explosif par-dessus son épaule avec nonchalance, éclatant une bonne dizaine de Pokémons terrifiants de ce simple geste.

Elle jeta un coup d'œil aux alentours, et siffla, plaquant les mains sur ses hanches, faussement furieuse.

-Silver a encore exagéré ! C'est pas siii affreux que ça, cette « fosse » !

Le sbire derrière les barreaux sembla complètement tétanisé. Et à vrai dire, Lucas ne savait guère quoi penser, devait-il être soulagé, ou terrifié ? Pendant ce temps, la brunette soupirait, et haussait les épaules, puis d'un air menaçant, balbutiait :

-Un jour je l'emmènerai au ranch Lonlon, près d'Oliville.

Elle frissonna et son teint devint blême tandis qu'elle soufflait :

-Voilà le véritable enfer…

Lucas arqua un sourcil. Et la gamine hurla, tirant ses couettes avec désespoir :

-Y-A DES ECREMEUH PARTOUT !

A quoi s'attendait-il franchement ? De la part de cette fille, c'était stupide d'espérer le moindre sérieux.
En attendant, son petit sketch, le groupe de Pokémon grossissait, et les cernait, une troupe de démolosse, bien décidés, se léchaient les babines d'avance et une tribu de Spoink reniflèrent bruyamment. Jamais il n'avait cru un jour craindre ce genre de cochon violet et noir aux allures si, adorables.

Sans plus attendre, Lucas saisit le poignet de Cristal et la ramena vers elle, la concernée piqua un fard et babilla, toute rouge : « Lucas, je ne te savais pas si fougueux ! ». Le concerné soupira et grommela :

-Tu peux tenir combien de temps ?

La brune reprit un air déterminé, et réfléchit quelques secondes avant de murmurer :

-Aussi longtemps qu'il le faudra. Je suis une pro.

Sans plus attendre, elle délivra toute son équipe de Pokémon, un Leuphorie, un corayon, un magby, un méganium, et un Cizayox. Elle tourna sur elle-même et prit une pose grandiloquente alors qu'elle souriait de toutes ses dents.

-Ma spécialité a beau être le soutien, je vais tous les démolir !

A sa plus grande déception, Lucas resta complètement stoïque face à son manège, et elle ricana nerveusement.
Raté.

-Je t'emprunte ton Cizayox et ton Magby, l'informa-t-il simplement.
-Soren et Lethe…Mais, mais… ! Balbutia la brunette, prise au dépourvu.
-Il me faut de l'aide pour détruire cette chambre forte !
-Mais tu as une idée du potentiel offensif de ma Rosette, mon Alex, Ma Martel et mon Sai ?

Lucas analysa le Leuphorie dansant, le corayon chantonnant, le méganium se grattant la collerette, et le cadoizo fouillant son paquetage. Proche de zéro, très probablement. Cependant, le brun lui montra un sourire aguicheur et murmura :

-Ne t'en fait pas je t'aiderai.

Le cœur de Cristal rata un battement, ses joues prirent une magnifique couleur carmin, puis, un frisson lui rappela son rôle et elle siffla :

-Non, moi je t'aiderai, sois un mec et bats-toi, je suis qu'une stratège de soutien, moi !

Le garçon se surprit à rigoler malgré la situation catastrophique. Et instinctivement, il tendit le bras et ordonna d'une voix ferme, celle qu'il cherchait depuis des heures à prendre sans y parvenir.

-Chamallot, utilise lance flamme sur la serrure de la porte. Massko, attaque lame-feuille ! HOSHI, Charge ! Yin ball'ombre ! Protégez-nous !

Cristal sourit imperceptiblement, et elle enchaîna aussitôt.

-Soren –le Cizayox- Attaque taillade sur la porte, Lethe –Magby-, aide avec ta déflagration. Maintenant à toi Rosette –Leuphorie-, E-coque ! Sai -Cadoizo- Cadeau ! Martel –Meganium-, protection sur l'équipe…

Elle eut un rictus, et leva le bras avant d'enchaîner :

-Alex –Corayon- Surf !

Les murs lumineux entourèrent l'équipe des adolescents et la rafale d'eau noya les adversaires qui osaient s'approcher.

Le brun dévisagea sa coéquipière avec ébahissement. Et plus la lutte dura, plus le drôle de sentiment s'immisça en lui. Combattre à côté de cette fille, malgré le peu d'efficacité qu'avait ses attaques, lui était incroyablement agréable, presque naturel. Dès qu'il songeait à une action, et la voyait irréalisable, faute de moyen, elle se dressait, lui permettant de la produire malgré tout. Dès qu'un de ses Pokémons faiblissait face à une estoc ennemie, son leuphorie le soignait automatiquement. Il ne craignait rien, les changements de statuts étaient tout de suite enrayés par Meganium et son aromathérapie, ou corayon et sa régénération, couplée de l'attaque voile-miroir pour la propager. Cristal parvenait même à maîtriser l'attaque cadeau, ordonnant à son cadoizo, quand viser l'ennemi pour que la bombe explose, et quand le donner à un ami pour le soigner. Statistiquement, cela semblait impossible, la capacité se retournait contre son maître dans 75% des cas, et quand il osa lui dire cela, l'adolescente répliqua de but en blanc :

-Désolée, les maths n'entrent pas dans MA logique.

Ce qui étonnait le plus Lucas, c'était que cette fille n'était pas forte, bien au contraire, mais elle savait où se placer, quoi faire, pour permettre à son coéquipier de donner le meilleur de lui-même.

Le souffle coupé, pris dans la bataille, tout entier, il ne perçut pas le cri à moitié étranglée de sa camarade :

-Il n'y a plus de cadeau dans la hotte de Sai !

Les pokémons adverses continuaient d'affluer, innombrables, infinis, remplaçants les anciens, plus furieux et affamés encore.

-Massko attaque…

Le brun n'eut pas le loisir d'aller plus loin, le barpaud, Hoshi, se fit attraper dans les serres d'un roucarnage, il put tout juste le rappeler dans sa pokéball avant que l'oiseau ne s'enfuie, décidé à faire du poisson son repas.

Les adolescents reculèrent, acculés, l'usure les rongeant peu à peu. Paniquée, Cristal fit volte-face vers les Pokémons feux essayant de désarmer la porte en titane et cria :

-Vous avez pas bientôt fini vous ?

Et sans préavis, elle envoya un coup de pied retourné à la cloison. Bien entendu, cela lui causa plus de tort à elle qu'à la porte, et elle sautilla en se tenant le pied une seconde, se maudissant elle-même.

Lucas, remarquant bien le manège, comprit qu'ils ne pourraient pas tenir bien longtemps, cela faisait déjà une bonne demi-heure qu'ils suaient sang et haut, et ils n'en voyaient pas le bout pour autant. Ses poings se serrèrent convulsivement, et il se tendit comme la corde d'un arc.

Ils devaient tenter le tout pour le tout.

Il observa Cristal, et celle-ci le soutint sans sourciller. Pendant une seconde, il eut l'impression, ou plutôt la certitude, que cette adolescente à peine plus âgée que lui, lisait parfaitement en lui, saisissait tout le tissu de son être. Ils sourirent nerveusement, synchrones.

Brusquement ils se tournèrent et hurlèrent dans un ensemble parfait :

-Massko Balle-graine ! Yin Ball-ombre ! Chamallot surchauffe ! LA porte !
-Rosette, Alex, roulade ! Soren coupe-vent ! Lethe déflagration ! Martel Lance-soleil ! Sai laser glace !

L'union de toutes leurs plus puissances offensives ébranla la struture déjà fragilisée, et enfin, la porte s'entrouvrit. Lucas ne perdit pas une seconde, il attrapa Cristal et avec leurs Pokémons, ils se ruèrent à l'intérieur de la chambre forte. Aussitôt à l'intérieur, ils tournèrent les talons, et d'un même mouvement, d'un coup d'épaule violent, ils se jetèrent contre leur seule chance, et la refermèrent derrière eux.

Un tonnerre de chocs et de hurlements se répercutèrent en écho, à l'extérieur.

Pendant quelques minutes, ils n'entendirent que les exclamations frustrées de leurs opposants, et leurs souffles saccadés, les battements de leurs propres cœurs malmenés.

Enfin, l'adrénaline retomba, et les adolescents inspirèrent profondément. Leurs muscles se relâchèrent et ce fut comme si on retirait de leurs épaules un poids trop lourds pour eux qu'ils avaient endurés bien trop longtemps.

Le brun remarqua alors qu'il tenait toujours la jeune sœur de Gold par la taille, et il s'étonna de sa minceur, de la fermeté de son ventre. Il ne pensait même pas qu'on pouvait allier force et fragilité ainsi. Sa peau sous ses doigts lui murmurait une douceur, une attitude frêle insoupçonnable, et pourtant la rigueur, la vigueur de ses muscles traduisaient le contraire.

Ce contact le fit rougir brutalement.

Qu'est-ce qui lui prenait ? Cette fille, il n'avait même jamais songé à lui faire la coure, pas même le moindre sketch. Il secoua la tête avec vivacité.

La gamine trembla sous son étreinte, elle se tourna vers lui et ricana nerveusement, rouge :

-Ouah, c'est ce qu'on appelle un combat…On les as tous dégommés ! J'refais ça chaque semaine s'il le faut…

Elle tressaillit imperceptiblement, mais sous son emprise, Lucas ne put manquer ce simple frisson, cette réaction dégoûtée. Et là, là le visage joyeux, moqueur de la gamine se décomposa littéralement, ses yeux s'emplirent de larmes, un hoquet la secoua.

-J'ai…j'ai…même pas eu peur…Bredouilla-t-elle alors que de larges sillons se traçaient sur ses joues.

Ses épaules se braquèrent et sa mâchoire se raidit tandis qu'elle avouait :

-Même quand ce malosse a failli m'égorger…même quand l'arbok m'a mordu…Même face au Nidoking…

La trace de sang sur sa gorge, il la vit pour la première fois, de même que la marque sanguinolente sur son bras. Il la contempla avec inquiétude, comme la découvrant pour la première fois, et elle fondit en larmes en hurlant son mensonge, comme un besoin vital :

-Je n'ai même pas eu peur !

Doucement, Lucas ramena la tête de l'adolescente contre son torse, et la laissa pleurer, caressant sa chevelure, la retenant auprès de lui, juste un moment, juste quelques minutes….Juste le temps que les sanglots s'interrompent et que lui arrête enfin de trembler.

Lucas ferma les yeux, et tâcha de calmer ses propres terreurs intérieures.

Il avait connu le côté peste de Marion. Toute l'hypocrisie féminine.
Il avait contemplé la beauté de Samantha. Le plaisir des yeux et la douleur du cœur.
Il avait jugé de la détermination d'Eléanore. L'obstination, l'insouciance bornée, presque risible.

Mais jamais, il avait vu les filles être capable d'une telle force d'esprit, d'un calme olympien pendant la bataille malgré leurs angoisses respectives.

Tendrement, il passa une main dans le dos de l'adolescente effondrée et savoura ce simple contact.

C'était bien la première fois qu'il rencontrait une personne capable de conserver son sang froid, de l'émouvoir ainsi, à part Daniel.

Un sourire échappa involontairement à Lucas tandis qu'il resserrait sa prise autour de Cristal.
Juste heureux de ne pas être seul dans la tourmente.

« « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « «
Daniel rampait dans l'aération depuis un moment déjà. Il avait failli tomber au moment de la secousse, mais tenait bon. Se mouvoir de cette manière économisait un maximum sa cheville, et son Ramoloss pouvait se reposer dans sa pokéball, il ne conservait à ses côté que Goboue, qui le guidait avec son radar naturel.

Le jeune Kazamatsuri commençait d'ailleurs à remarquer un nombre important de sbires qui s'agglutinaient sur une porte, scellée par la glace. Curieux, il s'aventura un peu plus profondément, perçut des sanglots se répercuter en écho dans les tuyaux. Ainsi qu'un bruit répétitif, métallique. Le brun ferma les yeux et se concentra.

Il reconnaissait ce timbre. C'était celui de son petit frère Gabriel. Que faisait-il là ?
Et ce son…
L'explication vint d'elle-même.
Du morse.

Daniel soupira, exaspéré. Il n'y avait vraiment que son cadet pour penser à utiliser ce langage codé que plus personne ne comprenait.

Il accéléra la cadence et avisa une sortie, une bouche d'aération. Il utilisa une de ses épées en bois comme levier et fit sauter la grille.

En contrebas, Gabriel se serrait contre Nosferapt et Stalgamin, qui n'hésitaient pas à balancer leurs attaques pour faire fuir les sbires ennemis d'un bon laser glace ou d'une onde folie. Tout était bon pour protéger leur dresseur. Celui-ci, tremblant, caressait avec anxiété la pokéball que lui avaient confié Christopher et Angèle avant qu'il ne parte du Qg.

L'Absol de Silver. Christopher le conservait depuis Opale pour que le roux puisse avoir toujours sur lui son Notensfer –capable d'aspirer le poison d'un corps, par mesure de sécurité-. Mais Gabriel avait préféré garder le Pokémon, pour le sortir qu'en dernière solution, si les évènements se corsaient. C'était égoïste, mais il tenait trop à sa vie pour la risquer stupidement, en rendant une créature à son maître alors qu'il pouvait en avoir besoin lui-même.

Un mouvement attira l'attention, apeuré, de Gabriel. Se plaqua un peu plus contre le mur et balbutia :

-Qu'est-ce qu'il y a Tortank ?

La puissante tortue se dressa sur ses pattes et fixa pensivement le plafond, sa queue se mit à remuer comme un loyal caninos. A cet instant précis, un objet tomba au sol durement, et bientôt une ombre le suivit, tout aussi gracieusement.

-AOUCH !

Daniel serra la mâchoire et tomba sur les fesses, se promettant de sortir ramoloss la prochaine fois, au lieu de se croire en meilleur état et de sauter en bas stupidement. Le brun, une fois la douleur passé, contempla le Tortank, l'ancien carapuce qu'il avait confié à son frère pour qu'il soit protégé. Et un sourire niais lui monta aux lèvres :

-Tu m'avais caché ça…Il a grandi dis donc !

Il n'eut pas le loisir d'en rajouter davantage, le petit génie se jeta dans ses bras, pleurant et rigolant à la fois, maugréant, sarcastique :

-Qu'est-ce que tu croyais au juste ? Je suis un génie pour entraîner les Pokémon aussi !

Cependant, Daniel ne fut pas dupe, et alors qu'il caressait le museau de son tortank ravi, et de l'autre main le dos de son petit frère, une évidence le frappa :

Ils devaient sortir d'ici.
Il ne pouvait pas laisser son frère ici.

Doucement, il saisit Gabriel par les épaules, et le força à s'éloigner un peu tandis qu'il scrutait les lieux, analysant, engloutissant la moindre perche pour s'échapper de cet enfer. Alors qu'il contemplait stalgamin, l'idée germa en lui, aussi florissante, attrayante que les premiers bourgeons du printemps.

-Gabriel…

Le gamin, qui passait une main confuse dans sa tignasse malmenée, la mèche rebelle familiale commençait d'ailleurs à apparaitre, profitant de l'état de faiblesse général, leva la tête vers son aîné. Lequel sourit évasivement.

-On va faire de la luge.

Sans plus attendre, il fit un signe à Tortank, qui, à la plus grande surprise de son petit dresseur, se plaça docilement sur le dos. Vint ensuite Nosferapti et Stalgamin, qui prirent place sur le bidon de la tortue sous l'ordre du gamin.

Daniel obligea Gabriel à s'asseoir sur le sommet du Pokémon, à son tour, puis, retirant les deux épées de ses fourreaux –avec maladresse- il les cala sous les aisselles de son ancien camarade, le remerciant d'une caresse. Sautillant, à cloche pied, il rejoignit les autres sur le Tortank et inspira profondément.

Son regard se porta sur la porte scellée sous la glace, il ceintura Gabriel, et lâcha Ramoloss.

-Ramoloss, choc mental, maintient nous sur Tortank, quoi qu'il arrive. Demanda-t-il simplement.

Le mollusque bailla, puis l'aura bleuté familière les entoura alors que le brun grimaçait. Gabriel eut peur de comprendre.

-Tortank…

Il n'allait pas faire ça ?

-Hydrocanon !

L'impulsion les propulsa littéralement en avant, ils traversèrent la cloison de glace comme de rien, renversant les membres de la Rocket comme s'ils n'avaient été que des quilles dans un jeu de bowling.

Gabriel hurla. Daniel, impassible, hurla à Stalgamin de jouer du laser-glace pour rendre le couloir plus « praticable ». Et les cabrioles commencèrent.

Ils fauchaient impitoyablement tous ceux qui osaient se dresser sur leurs chemins, Daniel, en bougeant légèrement ses épées, les utilisaient comme gouvernail de fortune. Comme dans un immense tuyau, l'aîné n'hésitait pas une seule seconde à partir en vrille, ou même à foncer dans le tas.

Le monde à l'envers, le monde à l'endroit…La tête en haut, en bas.
Gabriel était littéralement mort de trouille.
Ses entrailles se tournaient et se retournaient aux rythmes des cabrioles de l'extrême qu'ils effectuaient sans protection ou ceinture, seulement maintenu par la force mentale du Pokémon rose.
Leurs vies ne tenaient qu'à la volonté d'un foutu ramoloss !

Des larmes de panique échappèrent au gamin mais elles s'envolèrent aussitôt, emportée par le souffle irrésistible de la vitesse. D'ailleurs, la phrase, pragmatique, réaliste de Gabriel s'effilocha sous la bourrasque.

Ils étaient foutus.

Dans un désespoir de cause il pointa la sortie de secours du doigt, et pria pour que son aîné contrôle assez leur moyen de transport pour qu'ils ne chutent pas dans l'abîme.

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Les sanglots avaient cessés d'eux même, aussi rapidement qu'ils étaient apparus sur le visage de Cristal.
Celle-ci flânait maintenant à droite à gauche dans la chambre forte, le regard brillant, les joues rouges de honte et d'embarras. Par réflexe, elle ajusta son short et se rendit pour la première fois compte à quel point il était court.

Qu'est-ce qui lui prenait de se balader avec un bout de tissu aussi court !

-Ouah ! Tu as vu tout cet argent ! S'exclama-t-elle, pour briser la glace, pointant du doigt un amas de billets et autre trésors semblants plus couteux les uns que les autres.

Le brun remarqua un tableau familier dans le tas, il était presque certain de l'avoir vu au musée d'Argenta lors de leur visite.

-Dis…Tu crois que…Bredouilla cristal avec hésitation, lorgnant sur le tas précieux.

Lucas secoua la tête et ne put retenir son exclamation outrée :

-Enfin c'est de l'argent volé !
-Justement : Si on le prend, ça fait un peu de nous des robins des bois, non ? Puis franchement, ça ferait de mal à personne !

Le brun soupira profondément. Cette fille était lunatique, une vraie girouette, elle passait d'un extrême à l'autre sans étape intermédiaire... Il sourit attendri, malgré lui. L'adolescente prit ça pour une approbation, et remplit ses poches et son sac du butin en ricanant.

En attendant, le futur stratège fouillait les tiroirs qui composaient les murs les uns après les autres, mais il ne trouva aucun indice sur Sam ou ses Pokémons. Juste des fiches et un amoncellement de disquettes, de données informatiques stockées.

L'un des seuls dossiers pourvus de papier, ne l'aida pas, la photo d'un gamin aux cheveux bleus et aux prunelles mordorées n'avait rien à voir avec Sam. L'emblème qui scellait le document, un mélange de ceux de la Team Galaxy, magma et Aqua, l'intrigua tout de même.

Il allait renoncer, demander de l'aide à cristal, quand enfin, il perçut un ricochement au fond d'un container. Précipitamment, il l'ouvrit et un rire victorieux lui échappa.

-Je les ai !

Cristal se redressa, et elle répliqua, toute guillerette :

-Bravoo !

Avant de s'arrêter et de murmurer :

-Tu as quoi ?

Lucas manqua de tomber à la renverse. Décidément, cette fille ressemblait trop à Daniel par moment.

-Les Pokémons de Sam ! Expliqua-t-il simplement.

La jeune fille, cette fois, s'émerveilla innocemment.

-Louka c'est génial ! Comment as-tu fait pour les trouver ? Ouah !

Juste avant de croiser les bras et de maugréer, penaude :

-Remarque, en même temps, ça va pas nous aider à sortir de là non plus.

La sœur de Gold passait vraiment, vraiment, d'un extrême à l'autre avec une facilité déconcertante. Lucas, piqué à vif, grimaça, puis rétorqua, comme pris d'une illumination :

-Non, au contraire, grâce à eux, nous allons nous en sortir ! Rentre tous tes Pokémons dans leurs pokéballs.

L'adolescente agit sans contester, et elle le vit l'imiter, avant d'ordonner à Gardevoir de se libérer. Le Pokémon psy apparut fièrement dans la pièce, et enlaça le brun dans un gémissement de soulagement. Après des retrouvailles et des murmures rassurants, le brun dévoila enfin son plan, et lança :

-Gardevoir, tu as un lien avec Gallame, il est de la même famille pokémon que toi ! Essaye d'établir un lien psychique avec lui, demande-lui de nous rejoindre ici !

Le Pokémon recula, et se concentra sereinement pendant plusieurs secondes. Seule l'ondulation ondoyante de sa robe blanche et de sa chevelure affirmèrent que la créature s'y attelait. En moins de temps qu'il n'en fallut pour le dire, la pokéball neuve du Pokémon de Nathaniel se matérialisa dans les mains du brun.

Cristal poussa une exclamation admirative, et ne put s'empêcher de murmurer :

-Ouah, tu n'es pas bête Louka !

Le brun ne sut pas comment prendre la remarque, mais il préféra l'ignorer, vu qu'elle avait dit ça avec un immense sourire ravi. Il enchaîna donc :

-Gallame, téléport, emmène nous dans le couloir, à l'abri !

Il saisit la main de Cristal, et se sentit aspirer vers le haut tandis qu'il chutait inexorablement, l'habituelle sensation de la capacité. Mais aussitôt posèrent-ils le pied à l'abri, derrière les barreaux, retrouvant de ce fait son mentali complètement désespéré, ils reprirent la course.

Le temps pressait, maintenant qu'ils avaient les Pokémons de Sam, il fallait la retrouver. Cristal accéléra brutalement et le dépassa.

-Silver et Gold m'attendent à la sortie ! Silver savait où était Sam, allez, suit-moi !

Sans s'en rendre compte, ils ne se lâchèrent même pas la main durant toute la course.

Alors qu'ils s'engouffraient dans le couloir principal, un vent glacé couvrit le mur d'une couche cristallisée, ils perçurent des cris désespérés tout autour d'eux et virent des dizaines de sbires s'enfuir en courant, lamentablement, sans leur prêter attention.

Un sifflement rauque, comme un raclement immonde se répercuta dans les couloirs, et une forme vague se condensa dans la brume hivernale.

-Lucas ! Cristal !

Le cri de Daniel sonna à leurs oreilles comme la plus douce des mélodies. Du moins jusqu'à ce qu'ils saisissent que le concerné leur fonçait dessus, comme sur un missile. Cristal sauta dans les bras de Lucas en poussant un hurlement strident à fendre le verre –et dans la situation présente, la glace-.

Mais juste avant la collision fatale, les adolescents se sentirent soulever par les pouvoirs psychiques de Ramoloss et ils se posèrent doucement sur le véhicule inhabituel. Ils eurent le temps de sourire, comblés, rassurés par ses retrouvailles, puis la rafale de vent les plaqua contre la carapace de tortank avec la violence d'un ouragan.

Les enfants purent voir un Gabriel sanglotant, les ongles enfoncés dans la structure rugueuse de la coque protectrice de son Pokémon, le visage ironiquement serein de Daniel, et ils hurlèrent :

-AU SECOUUUURS !

S'ils s'en sortaient vivants, ils se promirent de ne jamais plus monter sur des montagnes russes de toute leur vie.

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Les Pokémons des deux opposants combattaient avec une férocité étonnante. Peter regardait son adversaire dans le blanc des yeux, ferme, avec une haine si dense, qu'il parvenait même à se l'expliquer.

Son Carchakrok couvrait d'un voile de sable ce qu'il protégeait, derrière lui, à savoir les enfants. Son draco, lui, menait l'offensive, aussi agile et rusé qu'une anguille, il échappait aux coups d'Elektek et grâce à sa capacité mue, passait outre les spores d'aeromith.

Il percevait les échos des adolescents dans son dos, mais il n'osait pas se tourner vers eux, de peur de louper un instant clef dans la bataille, de faillir à son devoir de sentinelle. Tout ce qu'il espérait, c'était que les enfants montent vite sur Suicune, dont il leur avait lancé la balle, et s'enfuient, loin, à l'abri. Pendant qu'ils le pouvaient encore.

-Ce n'est pas parce que tu as réussi à créer un pseudo rempart entre moi et Holly que tu la sauveras, Lance. Maugréa simplement Giovanni, ayant un rictus amer, en songeant à la façon brusque et inattendue, durant laquelle le jeune maître lui avait volé sa proie.

Le roux n'avait pas réellement songé à cet instant, il avait sorti simplement Draco, et le reptile avait fait œuvre du reste, enroulant et séparant la victime de son assassin.

-Je l'ai déjà sauvée. Maugréa Peter, la voix aigre. En lui, une pulsion, un besoin de ce justifier, de trouver une quelconque logique face à ce monstre, surgissait. Salomée, avait beau lui répéter de garder son sang-froid, rien ne fonctionnait. Il ne comprenait pas, d'ailleurs, comment cette femme pouvait rester inerte, stoïque, devant l'homme qui l'avait vendue, qui détruisait ses enfants.

Ses poings se serrèrent convulsivement et il siffla avec résolution.

Si lui, il mettait la main sur le monstre qui tenait son jeune frère, il ignorait ce dont il pouvait être capable.

Comment un être pouvait en arriver là ? Quel tournant avait-il bien pu prendre, pour finir ainsi ? Qu'est-ce qui pouvait motiver une ordure pareille, un humain, pour le pousser à commettre tant d'ignominies ? Il ne saisissait pas, ne comprenait pas. N'était-il pas, à la base, fabriqué de la même chaire qu'eux ? Construit selon le même modèle ?

« Ne cherche pas Peter. Tu ne te feras que du mal. Ne regarde pas cet homme comme un humain comme toi, voit-le comme un monstre. C'est tout. Penser le contraire est une insulte envers toute la population de ce monde. » Murmura Salomée au fond de lui.

Cependant Lance n'y parvenait pas, ça le dépassait. N'était-il pas père ? Sa famille ne comptait-elle vraiment pas pour lui ? Il ne savait que trop bien, combien les liens pouvaient étouffer, qu'on préférait parfois ignorer ceux qu'on aimait, mais de là…De là à vouloir les tuer ?

Lui…Lui il avait aimé sa nouvelle famille dès qu'il l'avait connue. La nouvelle maman que choisissait son père, après la mort de la vraie, de la sienne, lors d'une bataille entre Team. Il avait trouvé une sœur en Sandra, et la petite Arisa, malgré la haine qu'elle lui portait, avait tout d'un ange à ses yeux, ce jour là. Puis Harry était arrivé, ciment des leurs, symbole bien plus réel, plus consistant qu'un stupide anneau doré aux doigts des amants.

Peter n'était pas « papa » et pourtant, ce petit être qu'il avait tenu dans ses bras, cette petite bouille assoupie ayant à peine vue le monde depuis quelques heures, qui n'attendait qu'à en voir plus encore…
Il ne tolérait pas qu'on puisse simplement ne pas aimer une telle de pureté, si semblable aux Pokémons qui peuplaient le monde.

-Quel est votre but ? Quel est l'intérêt de tout ça ? S'époumona-t-il, le cerveau empli d'adrénaline, de questions, de chao.

Un murmure étouffé provenant de ce qu'il gardait le fit frissonner, et inconsciemment, il tourna la tête dans la direction du petit groupe.

Silver, blessé gravement mais conscient, dans les bras de Gold, ordonnait à son notensfer de retirer la drogue qu'avait fait ingéré Giovanni à sa propre fille, Samantha, mais le Pokémon paraissait plus inquiet par l'état de son maître que celui de la fillette en apparence bien portante. Eléanore, elle, après avoir été assurée qu'on se chargeait de son ami, s'occupait d'Akira Yuki. Mais sa grimace douloureuse, quand elle posa sa paume sur les yeux du professeur, ne laissa pas la place au doute.

Aussi forte qu'elle était, aussi puissants se montraient ses pouvoirs, capable de repousser le poison qui tuait l'enseignant, elle se trouvait totalement impuissante face à la dégénérescence progressive des rétines du brun. C'était terminé, le peu de vision qu'il conservait, c'était des restes, des restes agonisants, pourrissants, qui lui fourniraient, mais le pilier central, l'engrenage fondamental, avait déjà péri.

Doucement, fébrilement, elle plaça le professeur sur le dos de Suicune, et ses genoux flagellèrent dangereusement après cet effort. On hissa aussi Samantha consciente mais inerte, et le Pokémon légendaire frémit, hennit craintivement en sentant l'élue de Celebi si lointaine. Gold obligea Silver à rejoindre le groupe des blessés, mais il refusa en croisant le regard terne, froid de sa sœur cadette.

Sans un mot, guidant le chien bleu d'une main sur le flanc, les adolescents se retirèrent. Miyu et Gold soutenant du mieux qu'ils pouvaient le rouquin blessé.

Giovanni les vit partir et ses lèvres se pincèrent de mépris. Dans une entreprise désespérée, il hurla :

-Holly ! Holly revient ici !

Mais Si sam vacilla légèrement sur la monture, notensfer avait assez fait son œuvre pour qu'elle ne lui obéisse pas aveuglément sous l'emprise de la drogue qu'il lui avait injectée.

Le groupe se dilua dans la pénombre, retournant vers le souterrain, l'issue de secours d'un pas claudiquant.

Le maître des Rocket se maudit. Mais que faisaient les renforts ? Qu'avaient-ils bien fait pour être entourés d'une bande d'incompétents, incapable de venir stopper les intrus quand il le fallait ?

Il ne pouvait pas savoir, que ses troupes se faisaient laminer par une bande de gamin, jouant les champions de luges sur un tortank.

-Elektek, rayon chargé ! Vociféra-t-il à bout.
-Carchakrok, « par ici ! ».

Le Pokémon dragon-sol fit signe du doigt et l'offensive qui vrombissait de puissance, plongeant sur Draco, se détourna de lui pour frapper inexorablement l'autre du lot. Mais la foudre ne fit rien à sa victime. Peter en profita pour ordonner à son Pokémon d'asséner une cage-éclair à Aeromith. Le Pokémon volant, touché, battit de l'aile, et se posa avec un gémissement.

-ATTAQUE COLERE DRACO !

Le Pokémon dragon enchaîna sans plus attendre, il chargea deux fois le Pokémon électrique, avant de retomber sur le côté, mais alors que la confusion aurait du le saisir, Peter lança une baie à son Pokémon qui empêcha cet effet secondaire avant même qu'il ne l'entrave.

Giovanni se crispa.

Ce type, il savait qu'il avait peu de chances contre lui, il le dépassait en niveau, et en nombre de Pokémons. S'il avait eut son équipe au complète sur lui, et non pas ses Pokémons de torture, il aurait peut être pu faire reculer l'adversaire…Mais Giovanni avait conscience de ses faiblesses également. C'était d'ailleurs, cette part de lui qui le mettait en rage.

Cependant, on ne grimpait pas en haut de l'échelon du comité Pokémon avec une force de combat puissante, uniquement, non lui, méritait son siège, il l'avait gagné, à coups de coups bas et ruses mesquines.

Et s'il fallait en user contre ce blanc-bec déchainé, il savait où frapper. A peine se décida-t-il, que son Elektek tomba, sous la force d'un tourbi-sable hors norme, combiné à un ouragan de draco. Le chef des Rocket se crispa et posa sa main à sa ceinture, sa dernière pokéball, son arme secrète…

Puis il ferma les yeux et ricana profondément, s'obligeant à ne pas en user tout de suite.

-Pourquoi…Je me bats…Mon but ? Décidément, on me pose beaucoup la question, ces temps-ci…Marmonna-t-il, âpre.

Peter tressaillit. Salomée en lui soupira, dans la grotte au loin, son visage se ferma.

-Je déteste les contraintes. Avoua Giovanni dans un souffle.

Cette fois, le maître Dragon resta coi. Les prunelles écarquillées.

-Une vie sans contrainte, voilà ce que je désire. Je pensais l'obtenir en gagnant plus de pouvoir, en gouvernant le monde, comme l'idéal des Rockets le préconisait…Mais ma rencontre avec Holly a changé ma vision des choses.

L'expression du roi des bandits s'illumina, se teinta d'une touche de folie tandis que son sourire s'agrandissait, que son regard s'allumait d'une convoitise, d'une obsession à peine voilée.

-La maîtrise totale du temps et des dimensions…Voilà ce que détenait comme pouvoir la stupide famille Guardian.

Il ouvrit les bras devant un Peter effaré, et Salomée, à ses côtés, lié à lui par la pensée, devint aussi glaciale, impitoyable que son adversaire, le fixant comme un vulgaire insecte à écraser. Un nuisible.

-As-tu déjà vu la dimension de Celebi ? Lance ? As-tu déjà contemplé cet amoncellement d'engrenages, de fils ? Holly m'a fait entrevoir ça. Elle m'a montré ce qu'elle appelle la « manipulation du Destin ». Les Guardian peuvent modifier à leur guise le destin du monde ! Choisir qui sera heureux ou malheureux, qui rencontrera qui ! Mais ils n'agissent pas pour une bête raison d'équilibre de l'univers !

Avec vanité, il plaça sa main sur son torse et siffla :

-Je ne serai pas aussi bête, une fois ce pouvoir mien, je compte bien faire en sorte de mener une vie sans contrainte, où tout me sera acquis et amené de droit, sans effort. Je manipulerai tous les destins possibles et inimaginables s'il le faut, pour ça.

Cette fois, Salomée se redressa, et Peter sentit son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine, comme une mélodie, une berceuse mécanique enraillée, cassée. Le monde autour de lui se disproportionna alors qu'il réalisait les ambitions absurdes de son opposant, de l'ampleur de la catastrophe qui s'avançait. La gijinka de Celebi n'avait même pas besoin de lui souffler les réponses.

S'il faisait ça, s'il se consacrait maître de la Destiné, juste pour son propre bien être, il allait laisser le reste du monde dépérir. Les fils structurants la dimension de Celebi, dans un fragile équilibre, s'effondreraient les uns sur les autres, emportant avec eux toute notion de temps, d'espace, de vie…

Le monde existerait toujours, mais sous la tutelle d'un Dieu égoïste, comme un génie malingre s'amusant à détruire ses propres œuvres.

« C'est ce qu'on appelle un fléau temporel, Peter. Et c'est exactement cette image qu'il faut avoir, car par devers lui, il n'y aura plus que le néant. L'avenir qu'il nous propose, ne survivra pas bien longtemps. »

Il sentit la pression de la menace, de la crainte, de la colère de Salomée surgir en lui, ses accords tremblants, aigus et désespérés se mêlant à la mélopée enrouée, aux tons de ferraille, qui se jouait en lui.

« Son idée, en soit n'est pas mauvaise pourtant. »

L'aveu à moitié arraché de sa compagne spirituelle sonna comme une fausse note dans la mélodie déjà tragiquement chaotique.

« Un maître du temps…Ne serait pas de refus. Jusqu'à présent, la secte des Guardian laissait l'univers, le hasard décider du destin des Hommes. Celebi et eux ne veillaient qu'à enrayer les nœuds qui se formaient dans la gigantesque toile…Mais cela n'a amené que du malheur en ce monde, et la mort de cette famille. De ma famille. »

Salomée se crispa et secoua la tête avec véhémence.

« Un maître du Destin, un être compatissant, qui veillerait à ce que chaque être suive la route qui lui est dûe, la meilleure possible pour lui ! Une civilisation, ou chaque année, on annoncerait le futur à son peuple, individuellement. Voilà une idée parfaite ! Plus de surprise, les morts auraient le temps de préparer leurs affaires, de faire leurs adieux ! »

Elle joignit ses mains et grimaça.

« Je croyais que Giovanni imaginait ce monde comme moi je le voyais. Mais j'ai eu tort. Il ne voyait que lui, assis sur un trône bien trop fragile pour supporter pareille ambition. »

Il entendait Holly. La femme déchue, blessée et tuée. Et malgré toute l'empathie, toute la peine qu'il ressentait à l'égard de cette victime innocente, Peter ne put accepter ses propos.

Mais quel genre de monde, était-ce, cet endroit qu'elle lui contait ? Où les individus ne possédaient plus de choix, plus de libre arbitre ? Il tenait trop à la liberté pour l'accepter.

Même si en lui, s'insinuant vicieusement comme un sifflement doux, répétitif, insistant dans un morceau, cette pensée s'incrusta.

Dans une dimension similaire, y-avait-il une minuscule possibilité, même infime, pour qu'Harry soit toujours avec lui ?

Giovanni sembla capter la détresse teintant les traits de Peter, et il ricana.

-Intéressant, n'est-ce pas ? Si j'obtiens ce pouvoir là, plus rien ne sera hors de ma portée…J'ai attendu trop longtemps pour le laisser filer, ces stupides clones Pokémons ne m'ont servis à rien, j'ai enfin ce pouvoir à portée de ma main ! Je ne connais pas meilleure raison de se battre. Mais toi, Lance, pourquoi te bats-tu ?

Le maître vacilla. Les mots s'alourdirent au fond de son gosier et son ennemi les lui déroba, avant même qu'il ne puisse en faire usage.

-Pour la Justice ? Pour les Pokémon ? A qui feras-tu croire ça ?

Etrangement, les raisons de ses actes, les explications qu'il donnait sans cesse lui apparurent comme pervers et infâmes, prononcées par cet homme.

Il avait raison, il se voilait la face.

Pas qu'il ne désirait pas protéger le monde de ces bandits, qu'il ne voulait pas que cesse les injures envers les Pokémons et les humains, qu'il ne souhaitait pas que ces monstres ne soient pas punis, mais…Ce n'était pas tout. La véritable origine, la force qui le poussait à agir ainsi, la même pulsion qui l'avait convaincu de former Twilight…

C'était Harry.

Harry et sa disparition.

-En vérité, tu cherches la vengeance surtout…

Le timbre de Giovanni, encore une fois, lui parut comme celle d'un amateur effronté s'invitant dans un opéra.

-Comment…
-Comment je sais ça ? Je sais tout sur Twilight. Nous savons tout sur Twilight.

Peter faiblit.

-Si tu cherches vengeance pour ton demi-frère…Tu te trompes de cible. Les Rocket et Opale n'ont rien à voir là dedans. En revanche, je te conseille de fouiller plus dans les affaires des Team Galaxy, magma et aqua.

Giovanni observa le teint blafard de son adversaire et sourit machiavéliquement avant de souffler avec une sincérité sadique :

-Enfin je suppose que tu ne veux pas déterrer ce mauvais souvenir vieux de 6 ans.

Le cœur de Peter rata un battement et s'enrailla, à l'instar de la musique angoissante, distordue, qui faisait déjà danser son horizon.

Salomée se reprit, et lui hurla : « Peter ne perd pas ta concentration ! ». Mais ce fut en vain.

S'ajoutant aux murs pris dans la vague nauséeuse, les souvenirs se mêlèrent à l'oraison, tristement funèbre.

Peter percevait encore le corps d'un Harry tout bébé dans ses bras d'adolescent, gêné par la scène.
Il sentait encore l'odeur de bain moussant qui encombrait la salle de bain après le passage du gamin.
Il voyait encore son sourire innocent à chaque fois qu'Arisa ou Sandra se disputaient avec lui, comme s'il s'amusait de ce manège quotidien, qu'il pensait factice.
Il entendait encore ses cris, quémandant de l'attention après ses minces succès.

« Peter ! Je vais m'inscrire au pokéathlon ce week-end, tu m'accompagnes ? »
« Peter ! Regarde, j'ai appris à Debugant comment marquer un But ! »
« Peter ! Je serai pas dracologue moi, je serai pokétahlète ! »
« Peter ! T'as vu ? »
« Peter ! »
« Peter ? »

Le maître de la ligue se plaqua les mains sur les oreilles, il ferma les yeux, mais les images ne cessaient pas d'affluer, les sons des souvenirs d'enfances retentissaient en lui avec la même vigueur qu'autrefois. Le même gamin de son enfance, aux yeux mordorés, à la tignasse bleu rebelle, le fixait avec inquiétude, semblant lui murmurer : « Tu ne m'abandonnes pas, hein ? ».

Il mentait !
Ce type mentait !

« Peter, arrête, tu sais très bien qu'il est mort depuis 6 ans…Quelle raison aurait-il eu, sinon, pour s'en aller sans laisser de traces ? »

Mais la voix de Salomée, aussi raisonnable et véridique sonnait-elle, ne parvenait pas à tuer cet espoir infime qui brillait encore en lui. Comment pouvait-il simplement y songer alors qu'Harry vivait encore si vivement en lui ?

« PETER ATTENTION ! »

Le maître dragon revit un souvenir qu'il aurait préféré oublier, celui de son père le poussant dans le couloir d'hôpital, accompagnant un Harry de dix ans sur un brancard, le genou en sang. Mais ce n'était pas son père qui lui hurlait, c'était Salomée. Cela faisait tellement longtemps qu'il se réfugiait dans le passé, tellement d'années que cette ombre l'engourdissait, il savait, il sentait qu'un jour, il allait le payer. Dans le présent.

Le choc, du rayon gemme d'Aeromith, contre toute attente, fut aussi puissant qu'il l'imagina, aussi douloureux que l'impact qu'avait eu la vision de son frère alité, le membre retourné. Le corps du maître se souleva de terre, et seule l'intervention son carchakrok et son Draco lui permit de ne pas se briser le cou dans la chute.

La souffrance déchira son torse et lacéra sa peau.

Cependant, lorsqu'il reprit ses esprits, le souffle entravé, la poitrine ensanglantée à cause de plusieurs côtes brisées dont l'une avait transpercé la peau, la vision obscurcit, il ne put que remarquer que Giovanni avait disparu.

Dans un dernier effort, il appuya sur un bouton de son pokématos.
Quelques minutes plus tard, tous les maîtres des différentes ligues recevaient un message détresse préenregistré, avec l'ordre de renouveler une offensive semblable à celle de Carmin-sur-mer, mais cette fois, Sur Jadielle.

Marion, à Rhodes, alors qu'elle fouillait le désert avec parcimonie à la recherche d'une hypothétique fillette, son pokématos vibra dans la poche de son sac. Son visage se décolora progressivement au fil de la lecture, et elle sauta sur le rapasdepic, aussitôt. Elle ne remarqua pas la vague forme mouvante entre les dunes de sables. La petite ombre illusoire vacilla, puis s'échoua comme une épave, esseulée, abandonnée, observant s'éloigner son seul espoir dans la tempête. Bientôt, la terre se teinta de carmin.

Aaron, pieds et poings liés, sur le dos d'Altaria, vit Shagi et Makanie lui prendre sa montre et réceptionner le message, avant de virer de cap violemment.

Cynthia, ayant perçu le commentaire de Salomée, s'éclipsa aussitôt et reçut enfin le dit message, en dehors du domaine sacré. Elle se hâta de rejoindre, Lucio, Marc et Pierre Rochard, et ensembles, avec tous les autres membres du conseil des 4 qui se trouvaient au Qg, ils se téléportèrent. Comme ils auraient du le faire des heures auparavant déjà.

A Azuria, Sacha acquérait la missive et blêmissait. Mais alors qu'il enfilait son blouson, Ondine le retint par la manche, le regard sévère. Le brun se mordit la lèvre et lança sur un ton grave :

-Ondine, ils ont besoin de moi. Ils ont besoin de nous. La situation doit être grave.

La rouquine rougit de fureur, la tv allumée dans le salon répétait en boucle le même message paniqué, concernant la disparition de Samantha, et actualisant le nombre de victimes de cette prise d'otages, devant un Jackie et une Daisy effarés. Elle se crispa et lança avec volonté :

-Je sais.

Elle fit un pas en avant en accrochant sa ceinture de pokéball. Alors qu'elle se tenait sur le seuil de la porte, elle jeta un regard à Sacha et déclara, intransigeante :

-Mais que ce soit clair Sacha, je n'y vais pas pour Twilight. J'y vais pour ne pas perdre d'amis. J'y vais pour toi.

Pikachu sur l'épaule du brun gémit, amusé innocemment par la réplique.

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Miyu s'affaissa.

Le groupe passait enfin sur la passerelle principale, celle au dessus de l'aqueduc souterrain, ils n'avaient plus beaucoup de chemin à faire, mais le spectre se montra tout simplement incapable de faire un pas de plus. Lui qui était mort depuis plus d'une quinzaine d'années, retrouver les douleurs de la chair, l'épuisement, lui sembla surréaliste.

Les garçons l'observèrent tituber, puis tomber à genoux, avec de grands yeux.

-Eléanore, ça va ? Balbutia Gold précipitamment, sa prise se resserrant sur Silver pour éviter qu'il ne chute lui aussi.
-J'…J'…

Miyu porta la main à ses lèvres, ne parvenant même plus à articuler correctement tant sa respiration s'emballait. Il atteignait sa limite, la limite d'Eléanore. Pas étonnant qu'il n'ait même pas réussi à téléporter les enfants à l'extérieur un peu plus tôt. La guérison du professeur l'avait trop épuisé.

Il siffla intérieurement et ses poings se serrèrent.

Il n'avait même pas pu filer une rouste à ce monstre de Giovanni ! Et si les évènements continuaient à évoluer ainsi, il allait bientôt être un poids de plus sur le dos de Suicune.

-Tu n'aurais pas du, transférer le poison du corps d'Akira dans le tien. Murmura Silver, blême.

Gold recula, surpris, alors que Miyu hurlait dans un souffle :

-Fallait bien le mettre quelque part !

Il toussa violemment, et après un spasme rauque, il frissonna. Peu habitué à ressentir de nouveau la douleur.

-J'peux pas faire disparaître le poison, j'peux juste le retenir ou le transférer…Sinon, ça ferait longtemps qu'Eléa serait sur pied…

Ses articulations fléchirent et Miyu sentit déjà l'abandon progressif de son métabolisme. Bientôt, Eléanore allait reprendre les rênes, et lui…Lui disparaîtrait quelque temps pour se reposer, reprendre des forces. L'important, c'était d'avoir pu sauver Samantha. C'était tout ce qui comptait aux yeux d'Eléanore.

-On a pas le temps de faire une pause… Et Suicune…S'inquiéta Gold. –ET Cristal…Lucas…Tous les autres…
-j'peux marcher ! S'offusqua Miyu, rouge.

Il tenta de se mettre debout, mais aussitôt contempla-t-il le paysage de haut, aussitôt qu'il tenta de faire un pas en avant, le monde bascula. Il retrouva violemment le sol carrelé en gémissant. Les deux garçons conscients, tressaillirent et d'une même voix, ils lancèrent :

-Eléanore, ça va ?

Miyu fronça les sourcils et marmonna un juron. Que son corps était lourd, comment pouvait-il espérer encore voler avec une sensation pareille ? Vraiment…

« Miyu ! »

Le spectre frémit en reconnaissant le ton de Salomée. Son être se ferma, mais malgré ses efforts, la mère de Silver pénétra sans problème son intimité et enchaîna :

« Miyu, Peter a été touché ! Giovanni s'est enfui ! Vous devez, VITE partir ! »

-Peter est touché ? Répéta l'adolescente avec ahurissement.

Gold attrapa instinctivement une pokéball à sa ceinture et Capumain se camoufla dans le creux de l'épaule d'un Silver, las. Juste las.

« Il s'en sortira, Peter est fort. Mais vous, il faut que vous partiez, vite de là ! Je refuse que Giovanni fasse du tort à Gold ! Ou même à toi ! »

C'était impossible, Suicune ne pouvait pas partir à pleine vitesse avec des personnes inconscientes sur son dos, sans risquer de les disséminer comme le petit Poucet avec ses cailloux. Et lui qui ne parvenait plus à faire un pas. Amer, il souffla :

-Cette fois…Je crois qu'on a dépassé les limites.

« Je peux le faire ! »

Le timbre d'Eléanore le ramena à la réalité et il sursauta. La gamine devant lui avait presque totalement fondu dans le décor changeant. Il ne voulait même pas imaginer dans quel état elle serait après la fin de l'attaque « force cosmik ».

La vague forme hocha gravement du chef puis regarda Samantha toujours vaguement alerte, sans pour autant montrer signe d'une véritable conscience des évènements. L'ancien spectre perçut son rictus malhabile et sa pensée profonde.

« Une dernière fois…Essaye une dernière fois un téléport. »

Elle n'était pas en état.

« Je peux encaisser ! »

Lui-même d'ailleurs, ne se sentait même pas capable de viser correctement.

« JE REFUSE DE LAISSER GIOVANNI TOUCHER A NOUVEAU QUI QUE CE SOIT ! » Vociféra Eléa.

Miyu, comme Salomée, reculèrent face à la détermination de la fillette. Mais ils gardèrent les bouches closes, les sourcils froncés, refusant de céder. C'était ni plus ni moins que du suicide.

-Je te retrouve enfin Holly !

La voix sardonique de l'ennemi leur glaça le sang. Miyu se tourna faiblement et Gold jeta Silver dans les bras de la gamine, pour tendre son bras, armé d'une pokéball, décidé.

-V-Vous n'approcherez pas ! Rugit-il, les prunelles flamboyantes.

A quelques mètres de là, un hurlement vrilla l'air :

-Daniel A DROITE ! LA SORTIE EST A DROITE !

Le gamin se pencha totalement sur l'épée de bois, et tira sur le fil qui les reliait à lui, et le tortank vira brutalement de bord, à tel point que la remarque de Gabriel passa totalement à côté :

-ATTENDS IL Y A DES ESCALIERS !

Le temps sembla se suspendre quand la tortue de mer émergea, en haut de la pente ardue et parsemée de marche, qui leur parut soudainement beaucoup plus raide que lors de leur escalade. Daniel, sentant son ancien Pokémon quitter terre, s'envoler quelques secondes, fixa le sol dubitativement, et ne trouva rien de mieux que de lancer :

-Ah oui, mince !

Mais sa simple remarque fut couverte par un concert de hurlements. Cristal accrochée comme elle pouvait à Gabriel, braillait en boucle : « Je promets, plus jamais je ne me moquerais de mon frère quand il conduit ! JE PROMETS ! ». Mais c'était bien la seule encore en état de parler, tous les autres avaient le cœur aux bords des lèvres. Leurs souffles se secouèrent, malmenés par les cahots, les tremolos dûs au mauvais état de la piste.

Miraculeusement, Daniel parvint à atterrir convenablement sur la terre ferme, et même à ne pas basculer dans le vide, à rester sur la passerelle praticable. D'une main de maître, il pratiqua un virage en épingle. Ils allaient continuer la manœuvre, parvenant à un des nombreux carrefours de ce labyrinthe, quand le brun remarqua du mouvement sur un passage parallèle au leur.

-J'ai retrouvé les autres. Commenta simplement Danny, dont le sourire soulagé passa inaperçu dans le feu de l'action.

Ses camarades osèrent jeter un œil pour voir ce qui se déroulait, sur cette scène lointaine, séparés des acteurs principaux par un gouffre noir d'au moins dix mètres de longueur. Et les mots sortirent d'eux même, signe d'un soulagement en cet instant plus intense que leur propre peur :

-GOLD !
-SAM !

Daniel afficha un rictus et appuya sur son gouvernail de fortune, tout en lançant platoniquement :

-Accrochez-vous, on saute.

Une exclamation terrifiée mourut dans le gosier des adolescents.

Le Tortank dérapa dangereusement et se mit face à l'abyme sans peur ni reproche. Un nouveau hydrocanon propulsa les enfants comme un boulet de canon, et ceux ci sentirent leurs cœurs rester sur place, derrière eux, ainsi que probablement tout le reste de leurs entrailles.

Le gouffre s'approcha dangereusement d'eux, pour finalement comme les aspirer totalement.

Ils hurlèrent.

Sous le signe de son maître, Goboue ajouta lui aussi un puissant hydrocanon à la course. Ramoloss bailla et s'illumina. Un rayon vert aveugla l'assemblée.

L'onde psychique les fit partir en piqué, les adolescents culbutèrent en arrière et furent secouer par un spasme quand ils arrivèrent sur l'autre passerelle violemment. Sous le choc, ils partirent aux quatre vents, emportés comme ne pesant rien du tout. Pourtant, les retrouvailles avec le sol, le carrelage, et non le vide, bien que douloureux, leur apparut comme une bénédiction.

Plus que ça : Un miracle.

Cristal se redressa dans la panique et tâta chaque partie de son corps comme pour vérifier qu'elle vivait toujours, qu'elle n'avait rien perdu au décollage. Puis d'une main distraite, essaya de rendre un semblant d'ordre à sa coiffure. Les genoux branlants, grelottante, elle fixa un Lucas et un Gabriel dans le même état qu'elle, puis croisa le visage de son frère, juste halluciné.

-J'ai même pas eu peur ! Balbutia-t-elle complètement traumatisée, le timbre incertain. Puis son sourire s'étira nerveusement tandis qu'elle lançait dans un rire jaune : -Il conduit mieux que toi frangin !

Sa promesse avait du tomber dans l'abyme pendant le voyage.

Le conducteur émérite se remit sur ses jambes, étourdi par l'atterrissage en catastrophe. Le monde tanguait, et il avait du mal à danser d'un pied à l'autre avec sa cheville, mais comme il remarqua bien qu'on le dévisageait. Il s'empourpra timidement, puis esquissa un sourire, avant de plaquer sa main sur sa bouche pour aller rendre son déjeuner par-dessus le portique.

Les montagnes russes avaient le don de le rendre malade.

Giovanni, statique, bien que légèrement apeuré –le tortank avait défoncé le macadam à quelques centimètres de lui lors de son arrivée fracassante- ravala sa salive difficilement. S'il n'avait pas usé de son dernier atout, pour ralentir le temps brièvement et s'esquiver, il se serait fait écraser, tuer, si stupidement.

Devant les enfants estomaqués, un celebi voletait docilement, tel un zombie.

Miyu frissonna de dégoût tandis que Silver dans les bras d'Eléanore, fronçait les sourcils durement. Suicune lui-même fit volte-face, son pelage divin se hérissa et il grogna, les babines retroussées.

Ce Pokémon, il n'était pas naturel.

Giovanni sourit malgré les évènements alarmants, et il lança narquoisement :

-Pas mal pour un simple clone, n'est-ce pas ? Il ne peut pas faire grand-chose, mais au moins, il me protège des attaques temporelles et peut me sauver la vie dans des situations similaires.

Salomée se tendit comme un arc, les yeux révulsés, probablement touchée par la lâcheté de son ancien amant, et le niveau où un pauvre congénère, un Celebi, s'abaissait.

Cristal, titubante, vint se placer aux côtés de son frère et attrapa son bras, comme pour lui assurer sa présence dans ce combat final. Lucas, lui, posa un regard à Samantha, affalée sur l'encolure du Pokémon légendaire, amorphe, aux côtés de Yuki, et son sang bouillonna dans ses veines. Il attrapa la ball de Brasergali et se plaça sur la ligne des combattants.

Gabriel encore secoué, trouva tout de même la force de rappeler ses camarades animaux, et il lança la sphère contenant Absol. La créature malédiction se dressa dignement et son véritable dresseur fit les yeux gros, avant d'avoir un semi-sourire reconnaissant. Le jeune génie balbutia, incertain :

-Donne-lui tes instructions Silver, et il obéira !

Il ramassa son frère, toujours accoudé à la barrière, dont le teint verdâtre dénonçait le chao le plus total intérieurement. Miyu se mordit le pouce avec rage.

Si seulement il avait encore Ash, ou qui que ce soit pour donner une correction à ce sale type. Ses poings se crispèrent, ses phalanges blanchirent, tandis qu'il essayait de regrouper ses forces pour une dernière offensive, une fatale cette fois.

Les attaques fusèrent de toutes parts.

-BRASERGALI LANCE-FLAMME !

Le starter de Samantha ne se soucia pas de qui lui donnait cet ordre, cela le démangeait, et il vomit une rasade brûlante sur l'être abjecte qui avait osé toucher à sa dresseuse sans qu'il ne puisse rien faire.

Le celebi de Giovanni glaça l'offensive juste assez de temps pour que son dresseur s'esquive.

-ROSETTE ROULADE !

Le Pokémon rose, le Leuphorie de Cristal chargea sans discontinuer, mais l'être légendaire murait son dresseur de protection pour repousser ce boulet de canon ambulant. Repoussée, le Pokémon revint auprès de sa dresseuse qui sortit son corayon Alex, ainsi que son Meganium, Martel.

-ABSOL COUPE-VENT !

Le Pokémon blanc se mit en position d'attaque et sa corne scintilla, chargeant son énergie pour une estoc redoutable. Giovanni crut pouvoir profiter de ce laps de temps pour se rapprocher de son but, mais il se trompait.

-TAYLOR ROUE DE FEU !

Le typhlosion de Gold passa, rasa l'unique chemin que pouvait emprunter le chef de la rocket et un mur de flammes lui barra la route, les étincelles manquèrent de peu d'embraser le costume synthétique de l'ennemi, qui recula in extremis.

C'est à cet instant précis que l'attaque préparatoire de Silver le prit en revers, comme le prédisait son dresseur, la lame acérée, produite par l'onde mortelle de vent, atteignit Giovanni en plein dos. Le champion de l'arène vacilla, grimaçant, sanguinolent, et l'horreur de son sourire vampirique s'accentua sous l'effet du liquide pourpre.

-AEROMITH POUDRE TOXIQUE ! Hurla le Rocket, revanchard.

Le Pokémon insecte battit des ailes du mieux qu'il put, les attaques feux tâchèrent de disperser les spores, mais Brasergali et typhlosion ne suffirent pas à embraser toute l'attaque. Les adolescents toussèrent, les nez plein, la gorge irritée, quand Cristal s'écria d'une voix forte :

-Alex Voile-miroir ! Martel, proetction ! Rosette E-coque !

Le Pokémon corail se contracta, et une énorme bulle entoura le groupe, le méganium grommela et des dizaines de protections renforcèrent l'attaque. Leuphorie n'eut plus qu'à jeter un de ses précieux œufs sur la barrière ainsi créée. Le projectile éclata et retomba sur les enfants et les Pokémons en une myriade d'étincelles.

Etrangement, Miyu sentit les forces lui revenir à lui aussi, tandis que Daniel et Gabriel le rejoignaient.

Cristal fit une pirouette et s'exclama :

-MAINTENANT MARTEL AROMATHERAPIE !

La senteur, douce et fraîche comme les pins s'engouffra en eux et emplit leurs poumons d'un air vivifié, dont eux seuls purent bénéficiés, coupé du monde dans leurs protections personnelles. Cette idée rassura les combattants.

Avec Cristal à leurs côtés et ensembles, ils étaient invincibles, quelque soit l'ennemi.

Silver plissa les yeux, cette fois, il ne craignait plus les retombés de son père, parce que ce combat vieux de 18 ans allait s'achever, ici et maintenant, et qu'il n'en subirait plus jamais.

Lorsque la barrière se dissipa, l'offensive reprit de plus belle. Plus sûr d'eux, ceux qui pouvaient autorisèrent davantage de leurs Pokémons à se joindre au combat.

Les attaques psy s'empaquetèrent, entre Mentali, Gardevoir, Gallame et leurs psyko, Absol et ses coupe du même nom et Noctali avec ses ball'ombre. Gold sortit même un Lippoutou qui se fit un plaisir d'augmenter la dose.

Les attaques, tels des rayons chargés par les soins de Pharamp, manquaient de si près leurs cibles. Juste à cause de ce foutu celebi qui ralentissait l'estoc à la dernière minute. Libegon partait en piqué, puis jouait des rase-mottes en espérant piéger dans ses crocs le bandit, mais il était toujours stoppé avant, et même les ampleurs de Chamallot et du Grolem de Gold étaient parfois, tout simplement annihilés par la puissance du Pokémon cloné.

Il fallait y mettre fin.

Malheureusement, Giovanni ordonna quelque chose à son Aeromithe, que dans la cohue, la panique de la bataille, personne n'entendit. Silver reconnut néanmoins la posture et il s'écria :

-ABSOL : MOI D'ABORD !

L'attaque bourdon que préparait la mite géante sur la masse de Pokémons psy se retourna contre elle, le cumule avec sa capacité spéciale, lentille teintée, aurait put être fatale sinon. Gold se tourna vers son coéquipier et lui sourit tendrement, le remerciant muettement. Contrairement à sa sœur qui elle sauta de joie en s'exclamant : « PAN DANS LES DENTS ! ».

Cependant, Giovanni essayait toujours de se rapprocher de Samantha. Malgré le véritable rideau qui les séparait. Celebi couvrant ses arrières, il résistait. Mais plus pour longtemps. Silver serra les dents et murmura :

-Cristal, comme tout à l'heure, mais cette fois, piège dans un dôme mon Pokémon et Celebi !

La brunette hocha du chef et lança décidée à son frère :

-J'ai besoin que tu bloques Celebi et que mon Martel et mon Alex l'entourent, tu peux faire ça Gold ?
-Avec la vitesse pourrie de tes Pokémons ? S'exclama son frère, exaspéré.
-Sinon, le pari ne serait pas drôle, tu le sais enfin ! Plaisanta sa sœur adorée avec un sourire mutin.

Ils rirent innocemment, et levèrent le bras, synchrones.

-Gillian, piège de roc ! Layla, vent glacé !

La chevelure du Lippoutou se dressa sur sa nuque et la tempête verglacée tourbillonna autour du Pokémon plante et psy alors que des monceaux de rocs s'alliaient au vent. Lucas prit cependant les devants et il ordonna d'une voix ferme :

-Yang, Gallame, Gardevoir, Psyko, vite, emportez Corayon et méganium à portée de Celebi !

Le starter plante de jotho s'envola, comme une plume, avec sur son dos le Pokémon rose. Au dessus du tourbillon fatal, Cristal réitéra la même stratégie que la dernière fois, et Absol d'une vive-attaque rejoignit le champ juste à temps pour se trouver seul dans le dôme.

Gallame téléporta tous les inopportuns à l'abri. Lucas et Cristal se topèrent la main avec complicité. Silver quant à lui, fit un sourire victorieux !

-Absol, requiem.

Le chant du Pokémon malédiction s'éleva et frappa uniquement le Celebi, grâce à la coque insonore qu'avait érigée la famille Heart. Dans les trois minutes, celebi allait tomber, quelque soit l'issu du combat.
Giovanni se mordit la lèvre inférieure avec fureur et dans une dernière seconde de désespoir il s'écria :

-AEROMITHE, POUDRE TOXIQUE !

De nouveau cristal répliqua de la même manière que la dernière fois, tandis que les Pokémons feux dispersaient du mieux qu'ils pouvaient les restes de spores.

Néanmoins, cette fois, tout ne se déroula pas comme prévu.

Giovanni parvint à se retrouver dans le dôme avec les adolescents.

Tout se passa très vite.

Trop vite.

Personne ne sut exactement ce qui se passa en cet instant.

Samantha se réveilla quand on lui saisit l'épaule d'un mouvement sec, et elle envoya son bras dans le visage de son agresseur.
Brasergali fonça sur ordre de Lucas pour filer un coup de pied brûleur à ce type infâme.
Capumain, sous l'exclamation, autant de Gold que de Silver, lança une attaque météore du mieux qu'il put.
Cristal ordonna immédiatement à Suicune de charger.
Miyu –ou Eléa, en cet instant, même les concernés ne purent faire la différence- l'espace d'une seconde retrouva l'usage de ses jambes et fila un coup de poing monumental à Giovanni.

Celui-ci tituba, saisit les bras d'Eléanore et Samantha, puis bascula par-dessus la rambarde.

Akira, réveillé par le mouvement, fut le premier à empêcher Samantha de sombrer, puis Lucas, Silver et Gold se jetèrent à leurs tours sur la gamine pour la retenir auprès d'eux. Daniel par réflexe, s'empara de la jambe d'Eléa au dernier moment. Mais contrairement aux autres, il ne fit pas le poids et il chuta.

On cria.
Giovanni lâcha sa prise sur Samantha.
Miyu ferma les yeux, aspiré par le vide, l'image d'Eléanore se brouilla devant lui.
Daniel sentit le souffle glacé de l'abyme, comme l'haleine putride de la terre même.

Lui-même ne sut pas exactement ce qui lui permit de garder son sang froid, mais les pensées qui peuplaient constamment son cerveau lui hurlèrent le schéma à suivre comme une évidence.

Ralentir la chute avec ramoloss, se servir des épées de bois comme grappin et se retenir à la première chose possible.

Il dut être assez rapide, ramoloss du forcément agir, également par réflexe, car avec sa tension digne de son maître, il n'aurait pu prévenir le drame. Mais ce ne fut pas le cas.

Daniel lança ses épées munies d'un cordon de sécurité qui les reliait habituellement à sa ceinture quand elles reposaient dans leurs fourreaux.

La course contre la gravité cessa brusquement.
Il resserra sa prise sur la cheville d'Eléa, à demi-consciente.
Giovanni s'accrocha comme une sangsue à la gamine pour éviter une chute mortelle.

Tous leurs corps s'affaissèrent brusquement, stoppés brutalement dans cette chute vertigineuse. Leurs colonnes vertébrales les lancèrent, puis comme un élastique, se remit en place, légèrement contusionnées et tremblantes, mais toujours intactes.

Suspendus ainsi, les pieds dans le vide, se ballotant à droite à gauche, le souffle court, entouré par le rugissement de l'eau de l'aqueduc en contrebas, Daniel prit conscience de la précarité de la situation.

Ses doigts se crispèrent sur l'articulation d'Eléanore, avec une avidité, une crainte toute neuve. Le gamin sentit son cœur battre à tout rompre pour la première fois dans sa poitrine, et ce fut le blanc total.

Plus aucune pensée parasite n'encombra son esprit.

Giovanni ricana machiavéliquement, tandis que leurs amis au dessus hurlaient, quémandaient des nouvelles d'eux. Le boss des Rockets contempla le garçon aux yeux vairons et le remercia silencieusement.

-Hé oui gamin…La Team Rocket est increvable. Même si je meurs aujourd'hui, d'autres prendront la relève, d'autres me vengeront et me ramèneront pour recommencer à nouveau. Cette guerre ne s'arrêtera que lorsque je gagnerai enfin. Souffla-t-il, menaçant.

Le sang pulsa dans les veines de Daniel.

-Miyu ! Miyu réveille-toi ! S'époumona-t-il.

Devant l'absence de réponse, le brun secoua la gamine, empêchant par la même à Giovanni d'assurer sa prise sur elle. La mâchoire serrée, il rugit :

-Je te faisais confiance Miyu ! Tu dois protéger Eléa ! Tu te souviens ?

La gamine gémit sous sa prise. Et Eléanore ouvrit les yeux, comme engourdie après cette trop longue aventure. Son regard croisa celui de Giovanni.

A cet instant, précis, Salomée se téléporta en dehors de la grotte de Cristal, pour se poster juste sur la passerelle au dessus des enfants.

Seul lui, la vit, droite, fière, lui jetant un regard condescendant, impitoyable, et quand elle tendit la paume ouverte dans sa direction, il comprit.

Une onde de choc presque invisible, presque simultanée au mouvement de répulsion d'Eléanore, au réflexe protecteur de Daniel, l'éjecta de son unique soutien, de son unique chance.

Son corps sombra dans les ténèbres et le mugissement infernal de l'eau déchaînée l'engloutit tout entier.

Salomée s'en alla aussi vite qu'elle était venue, ne laissant de son passage furtif, qu'une marque ensanglantée sur le carrelage.

Un silence morbide suivit la fin de cette bataille désespérée.

Grelottante, rouillée, Eléanore tourna la tête vers Daniel, ses deux yeux redevenus tous deux verts, luisaient d'une crainte trop grande, trop affreuse à porter seule. La respiration saccadée, et elle balbutia d'une voix étranglée :

-C'est…C'est pas moi qui l'ai tué…hein ? C'est pas moi ?

Le Kazamatsuri plissa les yeux avec douleur, alors que déjà, ses camarades affluaient sur la passerelle et se mettaient à plusieurs pour les hisser sur la terre ferme. Il secoua la tête, et quand enfin, il put la prendre dans ses bras sans la faire chuter à son tour, il passa une main devant ses yeux, et lui murmura :

-Ne t'en fait pas Eléa…Ferme les yeux. Ce n'est qu'un mauvais rêve. Personne n'a tué ce type. Il a juste lâché.

Ses doigts se crispèrent sur le front de l'adolescente, qui renifla, le cœur gros. Sans y croire lui-même, il répéta, comme pour les préserver tous de ce crime, tous autant qu'ils étaient :

-Personne, n'a tué ce type. C'était un accident.

Mais ce n'en était pas un.

Il n'avait pas hésité à secouer Eléa pour le faire glisser.
Eléanore elle, lui avait filé une gifle à son réveil.

Tous, d'une manière ou d'une autre, avait participé à ce meurtre.

Pourtant tous fermèrent les yeux et savourèrent cette paix retrouvée, se jurant que s'il fallait le refaire, ils n'hésiteraient pas une seule seconde.

Au dehors, les membres de tous les conseils des 4 connus arrivèrent. La purge commença.

Cependant, pour nos héros, le combat avait déjà pris fin.

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Marion se rua vers la pièce où se trouvait Peter, guidée par le signal constant qu'envoyait son pokématos. Marc, l'ex champion d'Atalanopolis, et nouveau maître de ligue, succédant à Pierre Rochard, présent également, la suivaient au pas de course.

La vision du corps ensanglanté de leur Leader leur arracha un cri d'effroi. La blonde se jeta littéralement sur le maître dragon et l'enlaça avec désespoir, mais celui-ci gémit, une main sur sa plaie béante pour la contenir :

-C'est bon Marion, j'suis vivant.

Marc, coordinateur de renom, ce qui allait de paire avec son look excentrique, rigola avec ironie.

-Nous fait pas le même coup qu'Harry, Peter ! Ca ne prendra pas cette fois !

Le roux fixa platoniquement ce grand dadet vêtu de blanc et de bleu azure, tout était clair chez ce type, autant physiquement, avec sa peau translucide, ses cheveux et yeux turquoises, que mentalement. Contrairement à son petit ami Pierre, qui lui, portait un costume noir impeccable, et dont les cheveux gris ternes contrastaient brutalement avec le reste.

-On va te soigner t'en fait pas, Peter. Le rassura simplement le deuxième membre du groupe, d'un ton autoritaire, digne du chef d'entreprise qu'il se révélait être.

Sans plus attendre, il sortit un métalosse et lui donna des instructions précises. Alors que le Pokémons saisissait le blessé, prêt à l'emporter à l'hôpital, le maître des dragons murmura :

-Marion, tu prends les décisions pendant mon absence. Les enfants…Les enfants doivent être au sous-sol ou éparpillés dans le Qg…Dépêche-toi de…
-Compte sur moi ! Affirma Marion sans détour.

Peter sourit, s'assoupissant enfin, rassuré, tandis que la créature d'acier l'emmenait avec lui. La blondinette enchaîna aussitôt, et elle suivit les restes de glaces qu'avait laissées le passage en luge sur Tortank. Ses yeux s'agrandirent quand elle vit son cousin au milieu de la foule de rescapée, et ils s'embrumèrent de larmes.

-LULU !!

Le brun tressaillit et il dut contenir l'étreinte de sa cousine désespérée, aux vêtements maculés de sang, qui hoquetait, le tâtait de toute part pour vérifier qu'il était indemne. Cristal, derrière la scène, malgré son attendrissement, grimaça, vexée :

-Pourquoi, elle, elle peut t'appeler Lulu ? Maugréa-t-elle.

Alors pour la première fois depuis de longues heures, un rire secoua le groupe, au plus grand damne de la jeune fille rouge de honte et de colère d'être ainsi tournée en ridicule.

Eux qui se voyaient déjà partir comme des voleurs, reprenant la sortie de secours secrète, se retirèrent par en passant par la grande porte principale de l'arène. Les membres de la rocket, eux, s'en extrayaient en file indienne, prisonniers, saucissonnés et encadrés par les plus puissants dresseurs de toutes les régions confondues.

On leur permit de s'asseoir, et tour à tour, on leur prodigua les premiers soins.

Le calme revenu, les plaies pansées, l'adrénaline dissipée, la réalité des faits les frappa plus fortement encore. Gabriel expliqua sa théorie à Marion, alors que Cynthia essayait de son côté de soigner Peter –les hôpitaux ne prenaient plus aucun blessés depuis la prise d'otage-.

La blonde frissonna, surtout quand Cristal ajouta sa remarque, et elle contempla la façade maussade de l'arène. L'hésitation sur ses traits s'effaça progressivement, et elle lâcha d'une voix ferme :

-Détruisez ce bâtiment.

Un frisson parcourut l'assemblée, et Lucio embraya, sur un ton professoral :

-Attends, il y a peut être encore des sbires coincés à l'intérieur.
-Je sais. Confirma simplement la blonde, austère.

Elle n'attendit pas de réplique, et ne regarda même pas les visages estomaqués de ses collègues, elle enchaîna :

-Mais plus on traîne, plus la Team Rocket a le temps de sauver ses données, de couvrir ses arrières ! Vous avez tous entendus ce qu'ils faisaient ! Nous n'avons plus choix, il faut détruire le mal à la racine, tant pis si ça veut dire se salir les mains !

Ondine un peu plus loin, qui avec Sacha, surveillaient les prisonniers, lança une œillade lourde de sens à son petit ami.

Marion, constatant l'effroi des autres, leur absence d'obéissance, dégaina une de ses pokéball. Un puissant Mammochon arriva dans un éclair rougeoyant et sa dresseuse ferma les yeux tout en lançant, simplement :

-Glaciation Mammochon.

Bientôt tout le bâtiment se recouvrit d'une couche de glace épaisse, condamnant toutes les issues et rendant les lieux aussi arides et impitoyables que la région de Frimapic. Marion rouvrit les yeux pour contempler son œuvre avec une grimace et elle bredouilla :

-Dans trois jours je viendrai dégeler ce truc. Le froid aura eut raison de tout engin électrique d'ici là. –Elle se tourna vers les membres de la Rocket rescapés, blêmes et ajouta, glaciale comme l'élément qui piégeait dans ses serres acérées leur Qg- Priez pour que vos copains soit résistants et survivent jusque là.

Elle tourna des talons et se rongea l'ongle du pouce avec anxiété, jetant des coups d'œil paniqués à la silhouette allongée de Peter, plus particulièrement à l'os qui transperçait son torse. Elle frissonna et manqua de vomir. Ses poings se serrèrent avec volonté.

Tout reposait sur elle maintenant. Il était temps de se montrer utile, de savoir manier son savoir en droit, analyser la situation et choisir le seul chemin accessible. Elle fixa la masse de sbires, qui en avaient déjà trop vus, et lâcha :

-Lucio, utilise l'amnésie de tes Pokémons, efface-leur la mémoire.

Le membre du conseil de sinnoh rehaussa ses lunettes sur son nez et demanda :

-D'accord, jusqu'à quel point ?
-Tout.

Son interlocuteur sursauta, et la monture de ses verres glissa de leur place tandis qu'il balbutiait :

-Pa-Pardon ?
-Efface-leur toute la mémoire. Quitte à ce qu'ils redeviennent de gros bébés s'il le faut. Nous ne savons pas ce qu'ils ont vus, si l'un d'eux a entrevu un Pokémon légendaire dans sa vie, tout sera à refaire. De toute façon, il n'y a rien à sauver en eux. Autant qu'ils recommencent à zéro, si ça se trouve ils choisiront la voie du bien la prochaine fois.

Lucas fit les gros yeux et dévisagea sa cousine longuement. Lucio chercha du soutien auprès de sa supérieure, Cynthia, mais celle-ci lui fit un hochement de tête grave, signifiant tout.

Dans l'urgence, parfois on fait des erreurs, mais dans la situation actuelle, il valait mieux marcher sur le mauvais chemin que de foncer droit dans le mur. Le maître psy céda.

Il demanda de l'aide à Clément, de Kanto et ensemble, ils encerclèrent les sbires apeurés.

Cependant, Marion ne s'arrêta pas là, elle fit face à l'assemblée, à tous ses collègues, et lança :

-Qui, ici présent a déjà vu des Pokémons légendaires dans sa vie ?

Une bonne partie des troupes leva la main, y compris Sacha et Ondine, une expression méfiante tirant leurs traits. Marion soupira devant le grand nombre, et se douta qu'elle n'avait là qu'un aperçu minime du vrai total. Elle s'arracha un bout d'ongle et ses dents claquèrent nerveusement.

Elle n'avait pas le choix.

-Bien. A partir de maintenant, en plus de l'élevage d'abra que nous produisons, nous allons leur apprendre l'attaque amnésie. Quand vous recevrez votre Abra, vous devrez sans cesse le porter sur vous, pour éviter tout kidnapping, et si jamais vous comprenez que vous êtes foutus. Vous devrez utiliser l'attaque amnésie sur vous pour oublier la vue des légendaires, c'est clair ?

Sacha tressaillit : tellement d'aventures, de souvenirs importants risquaient de disparaître dans son cas. Mais il n'avait pas tout entendu.

-Sachez également que…Tous ceux qui ont vu des légendaires, verront leurs noms sur la liste de victimes de la récente prise d'otages. Vous serez officiellement morts aux yeux de la société, aux yeux de l'ennemi.

L'image brève de sa mère, de tous ses camarades, ses compagnons de voyage passa devant les yeux du maître des différentes ligues. La petite bulle d'anxiété, de rancœur qui grandissait en lui depuis des mois déjà, à l'égard de Twilight grossit nette, écrasant en lui toute autre certitude, toute autre pensée. Elle implosa avec une violence inouïe, un vent de révolte souffla en lui avec la vigueur d'un cyclone.

Hors de question de faire endurer le calvaire des parents d'Eléanore à sa mère. Hors de question de vivre avec un mensonge pareil, cette fois l'organisation allait trop loin !

Il ouvrit la bouche, mais ce fut Ondine qui fut plus rapide :

-ET PUIS QUOI ENCORE ?

Elle exécuta un ample mouvement du bras comme pour jeter cette idée absurde de sa vue et elle s'époumona :

-Et la prochaine fois ce sera quoi ? ON DEVRA SE SUICIDER EN CAS D'ECHEC ?

Son visage rougit de fureur.

-CETTE ORGANISATION EST UNE MALEDICTION ! ON RETOMBE DES SIECLES EN ARRIERE !

Marion lui lança une œillade froide, insensible à son sketch, et elle répliqua :

-Tu n'as pas ton mot à dire, tu ne fais plus parti de l'organisation. Tous ceux qui ne sont pas contents, peuvent s'en aller. Mais je ne changerai pas d'avis.

-Dans ce cas je m'en vais.

Ondine sursauta, et pour une fois, un sourire fier étira ses lèvres. Sacha, ferme, venait de prendre sa décision.

-Et tu peux aussi compter sur le départ de tous mes amis. Je refuse de les voir subir ça.

Marion tressaillit imperceptiblement, mais elle se força à rester neutre et à relancer :

-Très bien. Fais comme tu veux Sacha. Mais il va falloir vous assigner à chacun des gardes, une protection rapprochée.
-Je suis assez fort pour me défendre seul, ainsi que tous mes amis. Rétorqua le maître intransigeant.

Sans plus rien ajouter, il saisit la main de sa petite amie et tourna les talons, pikachu les joues crépitantes, sur son épaule, leur fit bien comprendre à tous la suite. Plus jamais ils ne voulaient entendre parler de Twilight.

Marion soupira d'exaspération, mais elle ne chercha pas à les retenir davantage. Elle les fixa juste disparaître dans la ville brumeuse, oscillante dans le crépuscule, ironiquement pourpre, de cette journée infernale. A la place elle observa le groupe de héros du jour.

Le professeur, avec un sourire figé, regardait le paysage sans le discerner totalement, tout en tenant une Samantha silencieuse, dans le vague, une main plaquée sur son cou, à l'endroit de la marque de la piqûre de drogue.
Si elle avait bien compris, c'était cette fille que poursuivait la Team Rocket, de plus elle était la fille adoptive des infirmières Joëlle. La plus grande famille de tout le pays, l'unique organisation efficace en soins Pokémons. Si elle disparaissait, si on la capturait et faisait chanter ses tantes, toute l'industrie du monde Pokémon risquait la paralysie totale. La mort dans l'âme, elle s'avança vers la gamine aux yeux bleus argentés et balbutia :

-Je sais que ce n'est vraiment pas le moment ; mais…Tu comprends la situation…

Samantha bougea à peine, ses pupilles se posèrent sur elle avec une lassitude désespérante. La cousine de Lucas inspira profondément et avoua, penaude :

-Tu comprends qu'on ne peut pas te laisser rentrer chez toi. Toi et ton professeur.

Elle comprenait surtout que leurs noms à tous allaient être notés sur la liste des victimes de la prise d'otage.

Elle contempla Gold, anxieux, qui gardait la tête basse, tout en murmurant à lui-même qu'il ne pouvait pas faire ça à sa mère, qu'il lui révèlerait la vérité sur sa disparition, mais qu'il ne lui ferait pas croire ça…cristal paraissait plus ou moins fatiguée par les évènements.

Daniel, Gabriel et Lucas, non concernés par la menace, dans un coin avec Eléanore, à moitié consciente, restaient prostrés dans leurs coins.

Akira à ses côtés lui tendait tendrement l'épaule en guise de soutien, mais il tremblait à l'idée de faire endurer un mensonge à la douleur familière à son frère et à Lily.

Elle vit enfin Silver, groggy à cause des médicaments qu'on lui avait administrés, mais qui lui lançaient quelques furtifs regards inquiets de temps à autres.

Elle ne désirait pas d'une famille pareille. En ce qui la concernait, ce type n'était pas son frère, et Giovanni n'était pas son père. Elle n'avait qu'une mère, une seule et unique : l'infirmière Joëlle de Jadielle. Et si le roux voulait agir avec elle, dans le rôle du « frangin », il pouvait parler à un mur. C'était trop tard maintenant pour nier, c'était trop tard pour recouvrer leur ancienne relation d'ami. C'était dit, c'était fait.
Même si elle perdait un ami en la personne de Silver, elle ne pensait pas lui pardonner, lui reparler.

Etrangement elle ne ressentit aucun choc, aucune mélancolie.
Plus rien n'avait d'importance.

Silver, reconnut cette expression sur la frimousse de sa sœur, et il baissa la tête, coupable. La drogue avait eu le temps de se diluer dans son sang, Notensfer n'avait pas pu aspirer la totalité du liquide. Sa mâchoire se serra.

Gold s'approcha de lui, blanc, secoué par les décisions que prenaient Marion à tour de bras, de plus en plus hésitante. Sans un mot, il s'assit à ses côtés, tandis que le roux lui murmurait :

-Elle va passer un mauvais mois.
-Comment ça… ? Balbutia le brun.

Silver, ailleurs, commençant à s'assoupir progressivement sous l'effet des calmants, des anti-douleur, maugréa :

-Elle va se réveiller la nuit en nage…Avec des frissons…Devenir paranoïaque, agressive…Lunatique…Faire des crises de manque…Ca va être un mauvais mois pour elle…Vraiment…

Gold lui prit la main et le roux fit la moue.

-Tu seras avec elle, Silver. Le rassura son ami.
-Non.

Le garçon tiqua et le roux plongea ses yeux à la couleur si envoutante dans les siens. Les mots leurs fendirent le cœur.

-Je le sais. Je la connais. Elle ne voudra pas de mon aide.

Il ferma les yeux et soupira :

-Mais elle aura son professeur et Lucas avec elle. Ca me suffit. Je n'ai pas besoin d'être grand-frère.

Sa respiration se fit plus lente, plus sereine. Gold admira le visage blafard reprendre petit à petit un semblant de couleur sous l'œuvre du sommeil. Sa poitrine se compressa.

C'était ce Silver là, qu'il aimait. Celui qui encaissait les coups durs, qui ne faiblissait pas, qui protégeait en silence, à sa manière, qui luttait de toutes ses forces. Le rouquin qui ne demandait ni attention, ni remerciements, qui agissait seulement. Le même garçon qui avait outrepassé sa terreur envers son géniteur pour sauver ce à quoi il tenait, tout en gardant son expression, son style cynique.

Le brun sourit, ému de le retrouver enfin, après tant de moments où il avait craint de le perdre.

Doucement, sans même s'en rendre compte, son visage s'approcha du sien, il posa une main sur sa joue, comme une caresse, et il posa ses lèvres sur les siennes.

Cristal, tourna la tête vers son frère, et le découvrit dans cette position, et un soupir de résignation, d'attendrissement lui échappa. Elle clôt les paupières et sourit timidement.

Quand Gold se détacha du rouquin, l'ampleur de son geste le pétrifia, en même temps que l'évidence lui déchira les entrailles.

Ses pupilles mordorées se posèrent sur Marc et Pierre Rochard qui se tenaient la main tout en veillant Peter.

Il était temps d'arrêter les faux-semblants. Il ne pouvait plus nier. Il ne souhaitait pas être juste un ami.

Silver, cligna des paupières dans son demi-sommeil, en proie à un étrange rêve, pas forcément désagréable.

-On bouge, on peut plus rester ici. Annonça Marion de but en blanc. –Lucio, transporte Peter, les hôpitaux de Kanto sont peut être overbookés, mais pas ceux de Jotho, transporte le à..Irisia, là bas ils font les meilleurs soins possibles.

Elle claqua des mains et lâcha :

-Regroupez-vous tous dans un coin, une équipe va vous ramener au Qg. Je reste ici pour m'occuper des détails de l'affaire….

Les enfants se remirent sur leurs jambes flageolantes. Daniel se pencha vers Eléa, comme pour lui intimer de les imiter et elle lui fit un sourire pâle. Elle attrapa sa main et se mit sur ses deux pieds, mais elle eut l'impression d'être foudroyée sur place par ce simple geste, elle vacilla, tenta de faire un pas en avant pour se rattraper, mais sa jambe ploya sous son propre poids, aussi résistante que du coton.

Elle se rétama lamentablement au sol.

-Eléa, ça va ? Demanda immédiatement Daniel en s'accroupissant –avec une grimace douloureuse à cause de sa cheville- à son niveau.

Elle releva la tête, le monde tournait, elle manquait d'oxygène. Ca commençait. Elle chercha Miyu du regard, mais ne le dénichant pas, elle le supposa aussi épuisé qu'elle, en train de prendre un peu de repos. Le veinard.
Elle ricana et manqua de s'étouffer. D'un geste las, qu'elle voulut digne, elle assura à Daniel qu'elle pouvait marcher, mais elle put à peine se remettre debout, faire un pas, que le même manège recommença. Son autre jambe ne put supporter le corps qui s'appuyait tout entier sur elle.

Un frisson lui remonta la colonne vertébrale et elle s'engourdit toute entière.
Non, tout mais pas ça.
Pas ses jambes…

Répondant à sa détresse, Ash accourut, avec tous ses Pokémons et ils se jetèrent vers leur dresseuse pour la cajoler. Mais la gamine resta stoïque. Pire, alors que Ash passait son museau chaud dans son coup, que Pilou lui léchait la joue, qu'Hope jappait joyeusement et que Torch et évoli se frottait contre elle, un sanglot lui échappa.

-Non…

Elle porta une main sur sa bouche.

-Non…

Daniel posa une main sur son épaule, la dévisageant, tous les regards semblaient portés sur elle, tandis qu'elle balbutiait :

-J'peux plus…j'peux plus marcher Danny…

Peter blanchit, et si sa respiration n'avait pas été si hasardeuse à cause de ses côtés, elle se serait coupée, à l'instar de celles de Marc et Pierre, en proie à un souvenir trop douloureux.

-Tu es sûre Eléa ? Je veux dire ce n'est pas la fatigue ? Demanda Daniel.
-Oui, ne t'en fait pas Eléanore, ça doit être la fatigue…Tu as pu te relever après tout ! Compléta Lucas, livide, s'approchant d'elle à son tour.

Samantha et Akira, comme coupés du reste du monde, semblèrent ne même pas se rendre compte de la situation.

Alors que Gold et Cristal eux-mêmes, bien que moins liés à la gamine, se pincèrent les lèvres d'inquiétude.

-On demandera à Régis de t'examiner. Ne crie pas tout de suite au loup, regarde tes jambes sont…

Daniel arrêta sa phrase en son milieu, il remontait le pantalon d'Eléa le long de ses mollets, mais le tissu ne découvrait qu'une masse noirâtre et battant à la mesure d'un pouls chaotique. Son visage se ferma. Il releva la tête vers la gamine, et celle-ci comprit à son regard la vérité. Ses pupilles se voilèrent, un spasme la secoua plus violemment qu'à l'ordinaire, et elle cracha une gerbe de sang.

Marion réagit au quart de tour.

-Lucio ! Vite, emmène-les au Qg et porte-là à Régis, il saura quoi faire ! Dépêche-toi !

Le maître psy s'éloigna des sbires qui tombaient comme des mouches, et se précipita vers le pokégroupe, en une minute, toute la troupe disparut dans un éclair.

La tension retomba brutalement, comme l'air d'un ballon de baudruche percé s'enfuit dans un sifflement strident, la bulle qui les oppressait diminua.

Marion observa ce qui restait des troupes, et elle allait balbutier une nouvelle instruction, complètement perdue, quand un Altaria se posa en catastrophe dans le champ. Aaron manqua d'être propulsé, mais Makanie le retint de justesse. Le maître des insectes regarda sa petite amie toujours fâchée, et la remercia muettement, elle vacilla et son regard brilla de larmes contenues. Celui de Shagi en revanche, s'animait d'une colère noire, il mit pied à terre et sans bonjour, sans même se soucier de savoir s'il dérangeait, interrompait une bataille décisive, il se rua vers Cynthia.

La vue de Peter, alité, dans un état critique ne fit qu'attiser sa rage dévastatrice.

-Ca vous suffit pas d'envoyer à la mort un seul de la famille ? Faut que vous les tuiez tous, c'est ça ? Cracha-t-il sèchement à la blonde.
-Shagi qu'est-ce que tu veux dire… ? Bégaya le maître des dragons.
-Je ne comprends pas jeune homme. Marmonna Cynthia.
-NE MENTEZ PAS !

Le timbre vibrant de colère de l'irisien coupa l'herbe sous le pied à bien des spectateurs.

-MARC, PIERRE ! ELOIGNEZ PETER D'ELLE !

A la plus grande surprise de tous, les deux champions obéirent instantanément, lançant une œillade inquiète, méfiante à Cynthia. Pierre eut tout juste le temps de demander : « Tu nous expliques Shagi ? », que le brun pointa d'un doigt accusateur la maîtresse de Sinnoh et rugit :

-Cette fille a retiré sa licence de dresseur à Harry !

Peter tourna la tête vers la blonde, qui jusque là, avait eu toute sa confiance, et la dévisagea, stupéfait. En revanche la concernée pencha la tête sur le côté et demanda naïvement :

-A qui ? Tu sais, j'ai retiré beaucoup de licences de dresseur dans ma vie…Je ne me souviens pas de tous..
-A HARRY ! HARRY D'ETERNARA ! Explosa Shagi. –IL Y A SIX ANS ! UN ABRUTI NAÏF QUI BOITAIT ! IL VENAIT DE COMMENCER SON VOYAGE ! SON KAPOERA EST MORT DANS LA BATAILLE POUR LAQUELLE IL PASSAIT EN COURS MARTIALE !

La frimousse distante de Cynthia s'assombrit brutalement et elle baissa la tête.

-Ah…Oui…Je me souviens de lui.

Peter blêmit, et si Marc ne l'avait pas retenu, il se serait jeté sur cette femme, quitte à aggraver ses blessures, mais étrangement, ce fut celui qui empêcha la maîtresse de Sinnoh de se faire attaquer qui lui hurla :

-Qu'est-ce que tu as fait à Harry ?

Cynthia, bien qu'une ombre passa sur son visage, reprit son masque habituel la seconde suivante, et elle marmonna :

-Rien. Je n'ai fait qu'appliquer la loi. Il s'est interposé dans un combat Pokémon pour protéger son Pokémon d'une attaque. Son Pokémon est mort et lui a failli y passer. Les deux combattants ont eut droit à un procès. On leur a retiré tous les deux leurs licences. Pour Harry je crois que ça ne devait durer que quelques mois, c'était une suspension provisoire.
-Pourquoi tu ne m'as pas prévenu ! L'argua Peter.
-Je ne savais pas qu'il avait un lien avec toi. Il s'est présenté comme Harry d'Eternara. Sauf erreur de ma part, Peter, toi et ta famille vous êtes d'Ebenelle.
-ILS ONT DEMENAGES A ETERNARA SOMBRE CRUCHE ! S'emporta Makanie en entrant dans la conversation.
-Restez polis. Tempéra la blonde, agacée. –Je n'ai rien à me reprocher. Les psys étaient unanimes au sujet de ce gamin, il était instable, pas en état d'élever des Pokémons. Il ne désirait même pas faire de voyage initiatique.

Cette fois Shagi resta muet, il siffla avec haine et mépris. Peter baissa la tête brusquement et fronça les sourcils. En revanche Makanie ne s'arrêta pas :

-ET vous avez cru qu'en lui enlevant son seul soutien ça allait s'améliorer peut être ?

Cynthia tressaillit, mais elle répliqua, amère :

-Ce n'est pas moi qui fais les lois.
-Encore heureux. Cracha Makanie. –Parce que..
-Makanie !

La rousse se stoppa et elle dévisagea Peter, las, anéanti.

-A quand remonte cette histoire au juste ? Demanda-t-il doucement.
-Au moment de sa disparition. Asséna la jeune femme, comme si elle tenait la coupable devant elle.

Peter grimaça, et il observa Cynthia avant de retenir un sanglot et de balbutier.

-Laisse-la. Elle n'a fait que son devoir. De toute manière…

Il ferma les yeux et balbutia :

-C'est trop tard. Giovanni m'a dit qu'Harry était mort et enterré depuis 6 ans.

Et si le ciel sembla tomber sur la tête de la rouquine, de Marc et Pierre, Shagi écarquilla des yeux et murmura pour lui-même : « c'est quoi ce délire ? ». Lui, Peter, en revanche, déglutît difficilement, face à ses propres mots. Mais bizarrement les dires à haut voix, lui fit du bien. Sa phrase eut beau tuer l'espoir viscéral de revoir son petit frère, définitivement, la peur se retira également. Qu'y avait-il de plus à craindre ? Le pire s'était déjà produit.

Ils n'eurent pourtant pas le loisir d'approfondir davantage la question, Lucio réapparut dans un « pouf » et assura :

-Régis s'occupe de la petite, tous les autres sont bien arrivés.

L'ambiance détestable l'assaillit, et il balbutia :

-Heu…je dérange peut être ?
-LUCIIIOOOOO VIENT M'AIDEEERR ! Gémit Aaron, larmoyant, toujours saucissonné sur le dos d'Altaria.

Le maître psy redressa ses lunettes et fixa Makanie et lui, en alternance, avant de maugréer :

-Je ne veux MEME pas savoir ce qui se passe entre vous. C'est clair ? Vous faites ce que vous voulez dans le lit, mais par pitié, tu gardes ça pour toi !

La remarque aurait presque pu être comique dans d'autres circonstances. Cependant Marion le prit de vitesse.

–Lucio, transporte Peter, les hôpitaux de Kanto sont peut être overbookés, mais pas ceux de Jotho, transporte le à…
-Irisia, mon île est connue pour ses soins. Compléta Shagi par habitude.
-Irisia, répéta Marion avec fermeté.

Lucio soupira, il avait vraiment l'impression d'avoir évolué en transport public ces derniers temps, mais il obéit, et avec Marc et Pierre, ils se retirèrent à nouveau.

Cynthia, vexée, se tourna vers Aaron avec sévérité, et son subordonné gémit :

-Je suis désolée madame…Je…Je n'étais pas au courant…Balbutia-t-il.

La blonde s'avança d'un pas ferme vers lui, et Makanie, par instinct, toujours méfiante à l'égard cette femme ; se plaça entre elle et son petit ami. Arrachant une larme émue à celui-ci, qui se croyait déjà largué. Cependant, la maîtresse de Sinnoh l'ignora, et un sourire curieux lui étira les lèvres, comme de rien, elle demanda :

-Aaron, alors, tu as bien rapporté les partitions fascinantes que je t'avais demandées ? Hein ?

Un soupir exaspéré sonna dans la plaine. On ne la changerait jamais celle-là.

Shagi, plissa les yeux méchamment, en observant la scène, toujours peu convaincu, tandis que Marion se retirait pour régler les derniers détails protocolaires des dernières décisions de twilight.

Elle ne se rendait pas compte elle-même combien elle allait briser de vies par ce simple acte.

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Le retour dans la vallée argenté, au quartier général de Twilight, se fit dans le silence le plus total. Si Yoann accueillit tout le monde avec une étreinte –même si son excès de civilité pouvait s'expliquer par son désir de fuir vite Blake de plus en plus collant-, peu d'entre eux s'attardèrent sur les retrouvailles.

A vrai dire, le groupe se dispersa pour savourer un repos bien mérité. Les Pokémons rentrèrent dans leurs pokéballs respectives, et leurs dresseurs éreintés, s'allongèrent dans leurs chambres respectives, n'aspirant qu'à des lendemains meilleurs.

On administra à Sam des calmants, juste pour qu'elle ait droit à une nuit tranquille avant la tempête, et celle-ci s'endormit sans un mot sur le canapé, sous les regards inquiets de ceux qui la veillaient.

Eléanore quant à elle, fut emmenée dans sa chambre, où Régis –bien que furieux d'apprendre ses folies- l'ausculta du mieux qu'il put. Le verdict du cependant attendre, car l'adolescente perdit connaissance pendant l'examen. Daniel resta seul à son chevet, la cheville bandée, tandis que le savant partait faire des analyses de sang.

Le soir commença à tomber, et les cieux étoilés couvrirent la chaîne de montagne qui leur servait de refuge. Les membres de l'organisation rentrèrent progressivement, les uns après les autres, d'humeur maussade.

Dans la nuit, au journal télévisé, un journaliste fit le bilan de cette journée catastrophique.

La lune elle-même semblait partager cet avis, car elle s'auréolait d'une lueur pourpre morbide, et aucun nuage n'osait la recouvrir.

Akira entendit la liste de nom de la trentaine de personnes ayant succombés à la prise d'otage, et un frisson lui mordit le corps quand il discerna le sien, ainsi que celui de Sam.

Dans quel état devait être la mère de Samantha ? Et ses parents ? Shinobu Lily et Kain Lag ? Il préféra ne pas y songer, il n'en avait pas la force pour le moment.

Gold quant à lui, à l'autre bout de la pièce, rassurait sa mère, hystérique, depuis une bonne demi-heure à la suite du récit mouvementé de son fils aîné. Cristal, lassée par ce manège, finit par prendre le combiné et à hurler les quatre vérités à sa génitrice avec une hargne mesquine, l'arguant que c'était comme ça et pas autrement, puis elle raccrocha brutalement. Son aîné dut recommencer le manège pour consoler sa mère, et cette fois, cela pris plusieurs heures.

Alors que Marion s'affalait dans ses appartements, la tête dans les paumes devant son cousin, mal à l'aise, Eléanore émergea du sommeil dans l'intimité de sa chambre.

-Eléa ?

L'adolescente tourna la tête pour voir le gamin qui la bordait.

Elle adorait toujours autant sa douce attention d'utiliser le prénom par lequel ils s'étaient connus. Elle aimait l'intonation qu'il lui conférait, la manière dont le son roulait sur sa langue et se dissipait dans l'air comme une note de musique, que l'on écoute juste pour frémir, non par obligation.

Daniel la dévisageait avec une gravité inhabituelle, une moue incertaine, presque anxieuse, à peine dépeinte sur sa frimousse. Elle s'étonnait encore, de voir que, malgré le peu de changements dans ses traits, dans son expression, il émanait de lui une aura de sentiments, d'impressions communicatives. Un peu comme le regard d'une créature abandonnée, dont tous les tourments intérieurs semblent luire au fond de ses iris scintillants. Quelques années auparavant, si on lui avait décrit le gamin devant elle, comme un petit caninos blessé quémandant un peu d'affection, elle se serait exclamé « mais bon sang c'est pas un mec ça, c'est une lopette ! Je refuse d'être fixée par des yeux de remoraid frits, c'est insupportable ! ». Il était étrange comme les opinions pouvaient évoluer.

Mais pour sa défense, elle devait bien atteindre les quarante de fièvre –si ce qu'elle avait entendu dans son coma n'était pas un rêve-, alors elle délirait probablement.

Eléanore inspira profondément, oui cela ne pouvait être que ça, Daniel n'affichait d'expression concernée que trop rarement pour que cela soit vrai.

D'un seul coup, son enthousiasme, sa gaieté, chuta radicalement. Elle sentit aigrement la fatigue l'envahir de nouveau, de la même manière traitresse dont elle s'était ôtée de son organisme, quelques secondes plus tôt, dès qu'il avait prononcé son nom. Tout ça pour mieux revenir, plus douloureuse et assommante. Tout son corps lui paraissait lourd, le monde tanguait devant elle, et plus que tout, ses jambes la brûlaient.

Harassée, elle remonta la couverture jusqu'à ses oreilles, espérant s'y camoufler, s'y cacher de la maladie, retrouver un cocon rassurant. Ses paupières lourdes luttaient pour rester ouverte. Son corps aspirait au repos bienfaiteur, à l'absence de sensation pour une courte durée, même si sa raison, elle la poussait à garder ses sens en éveil, malgré la douleur.

Elle avait conscience des évènements qui se déroulaient autour d'elle, mais, comme on entend au loin une émission de radio, donc, rien n'était bien clair depuis sa perte de connaissance. La foule de devoirs et autres choses qui lui restaient à accomplir lui vinrent à l'esprit et, dans un réflexe, elle désira se redresser. Aussitôt, elle gémit, et son dos se braqua, sa tête bascula en arrière pour retrouver l'oreiller, et elle décida que, finalement, elle verrait bien tout ça plus tard.

Régis pouvait patienter un peu avant d'examiner de nouveau ses jambes, de toute manière, elle connaissait déjà, fatalement, le verdict.

Peter aussi, de même tous ceux voulant lui faire la moral ou la mettre au courant des décisions futures, qu'ils aillent au diable.

Samantha ne pouvait certainement pas attendre, après tout ça, mais en même temps, elle ne pouvait pas non plus se lever.

Le dilemme était donc clos, elle parlerait à Sam si celle-ci prenait la peine de venir la voir.

Hasardeusement, elle chercha Miyu dans la salle, s'attendant presque à le voir, avec un rictus moqueur, prêt à lui lancer une remarque acerbe. Elle déchanta, se remémorant que le spectre, après tous ses efforts, se reposait, mettant toutes ses forces restantes dans la lutte quotidienne contre sa maladie. Pour le coup, elle pouvait crever la bouche ouverte.

Ce n'était pas vraiment drôle, il faut croire que dépassant un certain seuil de fièvre, on n'a pas les pensées assez claires pour faire de l'humour.

Comment en était-elle arrivée à une telle conclusion ?

Lasse, Eléanore ferma les yeux et chercha un relent de fraîcheur dans ce monde, mais rien, tout bouillonnait en elle, et le lit, humide de transpiration, grattait horriblement. Elle respirait déjà par à-coup et sa nuque raide ne sentait plus l'oreiller.

-Eléa… ?

Oh elle aimait vraiment le son de sa voix à Daniel. Depuis quand était-il là, d'ailleurs ? Ah oui, une dizaine de minutes… Ou une heure ? Depuis le début ? A vrai dire, il lui semblait qu'elle avait perdu connaissance pendant le voyage. Non, faire un malaise, c'était mauvais genre, elle s'était assoupie, voilà, assoupie.
L'adolescent devant elle soupira, et se gratta la joue nerveusement. Il paraissait pris dans ses réflexions, Eléa sourit. Il était toujours pris dans des univers lointains, c'était adorable. Elle le fixa, attendrie, puis cligna des yeux avec hébétude.

-Tu as changé de coupe ?

Sa voix résonna, si rauque et entrecoupée par des bouffées d'air difficile, qu'elle peina à la reconnaître. Cela ne devait pas être beau à voir. Ou plutôt à entendre. D'ailleurs ce qu'elle disait avait un côté vraiment superficiel…Qu'est-ce qui lui prenait au juste ? C'était trop tard pour commencer les retrouvailles, le moment était passé, ils n'avaient pas eu le temps, ils ne le retrouveraient jamais, autant faire comme s'ils ne s'étaient jamais quittés donc…

Le brun, d'un autre avis, tressaillit, puis passa sa main dans le fantôme de sa chevelure, plus qu'embarrassé. Il était adorable avec cette petite bouille de gamin pris au dépourvu. Il reposa son regard vairon sur elle. Elle comprenait aisément que ce genre de particularité physique en rebute certain, le contraste flagrant entre le bleu et le marron dérangeait un peu, mais en même temps, il en ressortait une homogénéité sombre, paradoxale, tout en affublant son porteur d'une bonne dose de complexité. Quoi que, dans le cas de Daniel, il en détenait déjà assez, de la simplicité gratuite pouvait bien aider ; songea Eléa à regret.

-O…Oui, c'est papa…Il ne m'a pas laissé le choix.
-Ca te va bien. Commenta-t-elle doucement, simplement heureuse que le brun réponde à sa question stupide.
-Mais je lui ressemble beaucoup comme ça….Maugréa l'adolescent, penaud.

Eléa émit un rire encombré, étranglé, puis elle lança, certaine :

-Oui, mais seulement physiquement. Tu n'es pas du tout comme lui intérieurement, heureusement.

Le brun la dévisagea, puis ses joues se teintèrent légèrement, il recommença à se masser la nuque et à se gratter la joue. Après un nouveau moment de silence, il respira à nouveau, timidement, comme pour se donner du courage. Comme elle aurait aimé pouvoir faire de même, avaler une grande lampée d'oxygène, mais tout son diaphragme semblait entièrement écrasé sous une pression, un poids invisible. Décidément, Salomée ne lui avait pas menti, en disant qu'elle paierait l'utilisation de la technique des gijinka.

-Eléa…

La concernée laissa ses paupières se fermer, juste quelques secondes, pour que le monde cesse de tourner, mais il lui sembla encore plus instable qu'auparavant, le mal de cœur s'empara d'elle. Comme culbutée à droite et à gauche, de haut et en bas, sur un tourniquet, elle se fit une énième remarque. Elle adorait vraiment sa façon de l'appeler par ce prénom.

-Tu te souviens, de ce que tu m'as dit-heu-Fait ! A-Avant que je parte ?

Eléa grimaça, triturant un bout de sa lèvre, comme aux prises avec les souvenirs, ce qui n'était pas faux. Elle se plongeait vraiment à contre cœur dans ce souvenir, pour le moins humiliant.

-Je…Je…

Il allait finir par se déchiqueter la joue à force de se gratter.

-Je veux être sincère avec toi. Articula-t-il enfin en plissant les paupières.

Eléanore déglutit, avalant de travers sa bile. Ca commençait mal. Elle lutta contre les pleurs, qui la saisissait, se régalant de sa fatigue et donc de ses barrières mentales affaiblies. Il ne pouvait pas mieux choisir son moment ? Elle désirait juste dormir là, oublier cette journée affreuse, passer à demain, pas l'entendre lui dire qu'il ne l'aimait que comme amie, voire moins. Tout son être la tirait, ce n'était vraiment pas la peine de la déchiqueter de l'intérieur également.

-Je…Je ne sais pas si je t'aime.

Elle tressaillit et sa gorge se serra, heureusement, allongée sur le côté, l'unique larme qu'elle ne parvint pas à renflouer mourut dans les plis de l'oreiller avant d'être remarquable. Elle s'apprêtait à sourire faiblement et à lui rétorquer un « Oh tu sais c'est pas grave, je m'en fiche ! » un gros mensonge en sommes…Mais, Daniel pourtant, ne s'arrêta pas là, et il bafouilla :

-Mais…

Ses poings se serrèrent, et il se crispa, tendu.

-Mais, je n'aime pas quand nous sommes séparés, je veux savoir ce que tu deviens, je veux t'aider, être auprès de toi…Surtout quand tu vas mal…Je m'inquiète pour toi… Je…

Il grimaça.

-Je n'aime pas te laisser toute seule. Tu me manques, et je…Quand je suis avec toi…j'ai l'impression que je peux tout faire. Tout…me semble clair et simple…Je…

Il ravala ses mots et scruta la pièce, déstabilisé, déboussolé. Parler sentiment, de ses sentiments à lui, n'était véritablement pas sa tasse de thé. Le gamin, persiffla, il abandonna sa tâche d'occuper ses mains et essaya de retrouver un second souffle pour continuer. Mais le silence perdura encore. Eléanore le fixait, de ses grands yeux verts émeraude brillants de fièvre, de confusion. Elle essayait probablement de savoir où il voulait en venir, et d'ailleurs, lui aussi, il aurait apprécié le savoir.

-Tout ça pour dire…Que je sais pas, je t'aime beaucoup mais, je ne sais pas si c'est de l'Amour comme il faut, mais je…Je… Si c'est pas ça, je ne veux pas te faire souffrir, parce que…Je ne veux pas te faire de mal, et avec mon père et…Je sais pas si j'en suis capable, si je…je ne suis pas normal après tout, donc je…Je ne sais vraiment pas.

Il sentit les mots s'enliser au fond de son gosier. Exaspéré, il baissa la tête. C'est alors qu'une faible prise se glissa contre sa paume, il sursauta, et vit les doigts d'Eléanore s'entrecroiser aux siens. Il la contempla avec étonnement, et elle lui sourit faiblement. Malgré son état pitoyable, son teint blafard, blême, ses immenses cernes et les sueurs froides s'écoulant sur son front, elle rayonnait, du moins pour lui. Elle fit mine d'hausser les épaules, comme pour le rassurer, et elle étreignit plus sûrement sa prise.
Il ne put que constater la constitution frêle de la gamine, comme ses doigts fins s'opposaient aux siens, couverts de callosités, assez rugueux. Cela ne devait pas être très agréable, l'espace d'une seconde, il regretta de ne jamais avoir écouté Alice, et ses conseils esthétiques, il était certain qu'elle lui avait conseillé dans le passé une certaine crème hydratante pour éviter ce genre de situation.

-Je ne veux pas d'une personne normale Daniel, et on peut pas vraiment dire que je le sois moi-même.

Ils ricanèrent nerveusement, et il se perdit dans l'intensité de son regard. Il en oublia totalement son dilemme sur ses mains de fermier. A nouveau, il perçut le picotement, l'engourdissement gagner sa poitrine, tandis qu'elle murmurait :

-Et pour tes questions…Moi non plus…Je ne sais pas si c'est vraiment de l'amour, c'est, vraiment la première fois que je ressens ce genre de choses, à ce point là…Alors je te propose…

Elle sourit gentiment.

-On va chercher une réponse tous les deux.

Cette fois, les chatouilles lui retournèrent l'estomac, distordant ses entrailles à la fois d'un sentiment agréable, et de doutes.

-Mais et si je…
-Tu crois sincèrement que tu peux me faire plus de mal que ma maladie ne le fait déjà ?

Il se rétracta, elle l'avait coupé avant même qu'il ne prononce la fin de sa phrase, elle avait lu en lui, anticipé. Tout comme lui avait su le voir d'instinct quand Miyu avait pris sa place. Il frissonna et il l'interrogea, hésitant :

-Alors…tu veux qu'on…essaye quand même ?

Eléanore ne répondit pas, elle se contenta d'hocher la tête, tout sourire, et de lancer timidement :

-On ne le saura jamais sans essayer.

Il vacilla, décontenancé par l'argument, puis rougit légèrement. Eléanore pencha sa tête sur le côté, et se moqua aisément :

-Cette fois, tu réagis plus vite.
-L-La dernière fois, tu m'as pris par surprise ! Se défendit Daniel, gêné.
-On aurait pas cru. Continua Eléa, amusée.

Les deux enfants observèrent d'un œil torve leurs mains jointes, enlacées, et ils rigolèrent instinctivement, synchrones.

-Et, maintenant…Qu'est-ce qu'on est censé faire ? Demanda Daniel. –Tu ressens quelque chose de différent ?
-Disons, que maintenant, là tout de suite…Je me dis que je t'ai pris souvent la main sans qu'on soit ensemble pour autant.
-Oui…C'est vrai. Concéda Daniel, dubitatif.
-Pourtant…c'est pas…vraiment pareil qu'avant. Analysa la jeune fille alitée.

Daniel sourit, attendri. Cela se révélait Une de rares exceptions pour laquelle il acceptait bien le changement.

-C'est vrai. Souffla-t-il dans un murmure.

A nouveau, un silence embarrassé peupla les minutes, où Eléa se contenta de porter le membre de Daniel jusqu'à son visage et à murmurer avec délice : « tu as les mains glacées ». Il se retint de lui faire remarquer qu'elle était brûlante surtout. Il se tassa un peu plus sur lui-même. Que devait-il faire maintenant ? Il n'avait jamais fait très attention à ce genre de rituel, même si Lucas en parlait souvent, ou qu'il avait vu sa mère l'effectuer avec nombres d'hommes. Il connaissait les étapes, mais ignorait, comment on s'y rendait.

Habituellement, il appréciait le silence, ainsi, il pouvait s'évader dans une autre dimension, une réalité agréable, où il rêvait éternellement et contemplait les autres vivre leurs vies loin de lui…Mais là…

-Je…ne crois pas que ce soit une bonne idée de s'embrasser tout de suite…Et toi ? Demanda-t-elle.

Le gamin passa rapidement une main sur sa bouche, et son geste vif signifiait tout. Elle voulait recommencer ? Mais, et s'il réagissait comme la dernière fois, à retardement ?
Eléa sourit.

-Oui…Vaut mieux le faire quand on est prêts tous les deux, la dernière fois j'ai agis sur un coup de tête.
-Je…Je…Un coup de tête, mais pourquoi tu…

La fillette fronça les sourcils, sa patience courte, déjà exacerbée par la maladie, commençait à s'effriter. Si elle revoyait Nathaniel, elle lui envoyait son poing dans la figure.

-Peu importe. Et si tu…Me racontais ton voyage ?

Le brun sursauta, et se décrispa. Il commença à décrire les étapes de son séjour à Jotho, sa rencontre avec Elza et les autres, ses entraînements quotidiens, la manière dont il avait appris –tant bien que mal- à manier deux épées –en bois parce qu'en vrai acier, c'était dangereux-…

Au fur et à mesure du récit, il se détendit. Bientôt, il ne se soucia plus de leurs deux mains jointes l'une à l'autre, ni de leurs doigts qui s'entrecroisaient. Tout était bon pour éviter le silence qui le ramenait irrémédiablement vers ses questions, vers les évènements de la journée. Il la croyait endormie, tant elle paraissait paisible et sereine, les yeux clos, mais elle finit par murmurer :

-Danny…

Il tourna la tête vers elle et elle le regarda, presque suppliante.

-T…Tu peux m'aider à me redresser ?

L'artiste sursauta, et il lâcha sa prise pour s'approcher un peu plus d'elle ; Doucement, il passa ses bras autour de sa taille et la positionna tout contre son épaule. Il fut surpris de la sentir si faible et molle, presque flasque, maigre, un peu comme une immense poupée de chiffon. Sans la force ni la vitalité qui la secouait, pourtant, elle bouillonnait, elle en était presque moite, ça en devenait inquiétant.
Les bras d'Eléa ballotèrent contre son dos, effleurant sa colonne vertébrale avec la douceur d'un tissu. Son visage calé au creux de son cou, son souffle ardu glissant sur sa peau, le déstabilisa.

-Tu as des hanches osseuses…Commenta-t-elle simplement, ce qui le détendit légèrement.

Oui, assez, on lui disait souvent qu'il pouvait passer pour une fille avec un corps pareil, pourtant, il ne manquait pas de masse musculaire. C'était probablement pour cette raison qu'il conservait sa carrure maigre.

Son organisme à Elle, au contraire, si on occultait son état de faiblesse extrême du moment, il mélangeaient les deux genres avec harmonie, à la fois les courbes féminine et la vigueur de la chaire masculine. Ses muscles tendus dénonçaient la vitalité habituelle qui l'habitait.

Il s'étonnait d'ailleurs que leur étreinte, soit si naturelle, puisse se produire si aisément. Elle n'était pas en verre, il ne redoutait pas de la briser sous sa prise. Néanmoins, sa fragilité actuelle le poussait à se montrer précautionneux. Son cœur battait de manière extrêmement tranquille, et pourtant, Daniel ne pouvait s'empêcher d'être intimidé.

La main d'Eléa remonta le long de son dos faiblement. Elle devait être déçue, il n'avait pas vraiment un beau corps masculin, il pouvait camoufler ce fait sous des couches de vêtements, mais pas dans ce genre de contacts physique.

-Tu as un grand dos aussi. Balbutia-t-elle. –C'est assez rassurant.

Daniel soupira. Elle se mettait à délirer, il percevait d'ailleurs sa température s'élever. Les membres ankylosés, il tâcha de continuer sa tâche, tout en réfléchissant à ce qu'il pouvait faire pour la soigner.
D'un bras, il installa un dossier fait d'oreiller et d'édredons. Mais alors qu'il la relâchait pour qu'elle s'y installe confortablement, elle se cramponna à son t-shirt. Il arrêta son mouvement et l'observa, étonné.

Elle releva les yeux vers lui, leurs joues se frôlèrent et son souffle, sifflant comme un murmure, lui caressa le visage. Ses iris coulèrent vers sa bouche entrouverte et ne s'en détournèrent plus.

Tendrement, elle se pencha vers lui, attira son visage contre le sien, et leurs lèvres se joignirent, presque naturellement.

Et le silence se prolongea. Mais cette fois, il ne dérangea plus du tout Daniel.

Puis tant pis si en vérité elle souffrait d'une bête angine contagieuse et non de sa maladie habituelle, cela valait quand même le coup.

Dans sa pokéball, Ash grogna, jurant de cramer quelques tifs à ce gamin dès sa sortie.

Finalement, sans que nos héros ne s'en rendent vraiment compte, la journée pris fin, et une nouvelle débuta.