Voyage à travers les mondes de Folly

- Viens, je crois qu'ils sont allés par là !

Les sbires passèrent devant l'auberge et en firent le tour, sans succès. Apparemment, ils avaient été prévenus de l'arrivée de Seth et de Syllia, car un bon comité de sbires les avait accueillis. Ils avaient réussi à s'enfuir, échappant à leurs poursuivants en se glissant dans le Centre Pokémon.

- Vous pourriez me dire merci, au moins ! pesta l'infirmière Joëlle alors que les deux intrus poussaient un soupir de soulagement.
- Z'avez un sacré caractère, vous, dit Syllia en dévisageant l'infirmière.
- Au fait, demanda Seth, comment ça se fait que vous soyez à la fois à Charbourg et ici ?
- Meuh non, c'est pas la même ! répliqua Syllia.
- Alors comment tu expliques qu'elles se ressemblent autant ?
- Euh…
- Oh, vous devez parler d'une de mes nombreuses sœurs, non ? dit l'infirmière.
- Sœurs ? Jumelles, plutôt, non ? répliqua Seth.
- Euh, oui, c'est ça ! répondit Joëlle.
- Je viens de penser à quelque chose pour rentrer dans la base, déclara Syllia.
- Déjà ? Comment t'as fait ?
- Je me sers de mon cerveau… Tu sais, cette chose qu'on a dans la tête et qui sonne creux, dans ton cas ! Bon, bref, infirmière Joëlle, je vais avoir besoin de vous !
- Hein ? De moi ?

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Il faisait vraiment sombre. La lumière sortait des baies vitrées de la base de l'Assemblée Cauchemar, gardée par une armada de sbires. Soudain, une silhouette avec des cheveux roses et un tablier bleu se fit voir. L'infirmière Joëlle, évidemment, qui portait une boîte blanche avec une grosse croix rouge dessus. Les sbires semblaient un peu surpris de la voir, et la regardèrent s'avancer vers eux.

- Il est interdit d'avancer plus loin ! s'exclama un sbire en barrant l'entrée.
- Mais…
- Ordre de maître Horok ! Interdiction d'entrer, sous peine de punition !
- Mais… dit l'infirmière, les larmes aux yeux, je voulais juste m'assurer que tout le monde allait bien…
- Euh… Je… répondit le sbire, ne sachant que dire.
- Je voulais juste vous aider, moi… continua l'infirmière en se mettant à pleurer.
- Oh, désolé, mademoiselle, je ne voulais pas…
- Crétin ! Tu l'as fait pleurer ! répliqua un sbire en tapant sur la tête du premier.
- Attendez, je vais vous raccompagner jusqu'au Centre Pokémon, proposa un autre sbire.
- Non, c'est moi ! répliqua un autre.
- Pas question ! C'est moi !
- Ne… Ne vous battez pas, s'il vous plait... murmura l'infirmière. Si vous voulez, vous pouvez tous m'accompagner, ça ne me dérange pas…
- Mais il ne restera personne pour surveiller la porte !
- Bah, on ne va pas partir très longtemps ! On y va, mademoiselle !

Sur ce, l'armada de sbire partit vers le Centre Pokémon, laissant la voie libre à Syllia et Seth qui s'étaient cachés dans un buisson. Ils s'introduisirent dans la base et descendirent les escaliers, étant donné qu'il n'y avait pas d'étage supérieur et que les prisonniers devaient sûrement être retenus en bas.
Il faisait sombre et un peu d'eau coulait sur les murs, signe que cette partie du bâtiment était en-dessous du niveau de la mer et que l'isolation était vétuste. Il n'y avait qu'une salle dont la porte était blindée, et le seul moyen de descendre était de passer par cette salle. Seth ouvrit la porte et lui ainsi que Syllia entrèrent. Il y avait une grille devant l'escalier, et un panneau de contrôle un peu à côté.

- Bon, je vais m'en occuper, fit Seth. Isaac m'a donné les bases, je devrais m'en sortir !
- C'est qui, Isaac ? demanda Syllia.
- Un pote ! C'est un vrai génie, son Q.I doit dépasser les mille !
- Euh… T'exagères, là…
- Peut-être, mais bon, ça veut dire ce que ça veut dire ! Et… Hop là !

Soudain, la grille devant l'escalier s'ouvrit mais une autre emprisonna Seth. Les voyants qui clignotaient sur le panneau de contrôle s'éteignirent, signe qu'il ne fonctionnait plus.

- Et mince… J'aurais dû m'en douter, ça avait fait la même chose avec la Tour Loyau…
- La Tour Loyau ? Bon, bouge pas, je vais essayer de te sortir de là !
- Hum, non, il doit y avoir un courant électrique, alors tu ferais mieux de ne pas toucher à ça !
- Pas question que je te laisse ici !
- Vas-y, je vais me débrouiller ! Je suis plus vieux que toi, je te rappelle !
- Bon, je te fais confiance ! Débrouille-toi pour te sortir de là !
- Bonne chance, dit-il avant que Syllia ne descende l'escalier.

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Syllia avait sorti son Noctali de sa pokéball, se préparant à une éventuelle attaque, mais il n'y avait personne. Enfin, au bout d'un moment, elle finit par arriver dans une grande salle dans laquelle Louka était attaché.

- Bon sang !!! Tu vas bien ??? s'exclama Syllia en se ruant vers son ami.
- Oui, c'est bon, j'ai rien ! Tu ferais mieux de partir, je pense qu'il doit y avoir des pièges, ici…
- D'abord, je te libère, pour le reste, on verra le reste après !

Sur ces mots, Syllia détacha les liens aux poignets de Louka, et vérifia qu'il allait bien. Soudain, une trappe s'ouvrit dans le mur, laissant sortir le canon d'une arme. Syllia eût le réflexe de se placer juste devant Louka, puis il y eût une détonation. Louka vit avec horreur le corps de Syllia tomber dans ses bras, une tache de sang s'élargissant au niveau de son cœur.

- Tiens bon, on va te sortir de là ! s'exclama Louka en enlevant sa veste et en la plaquant sur le cœur de son amie pour tenter de stopper l'hémorragie.
- Laisse tomber… Je suis finie… Juste… Dégomme ce crétin pour moi… Et tiens ta promesse, ou je viendrais te hanter… murmura Syllia avec un sourire qui se voulait rassurant.
- Non ! Tu viendras le voir, mon match ! C'est toi qui va battre Horok ! Pas moi ! Reste, je t'en prie !!!

Syllia fit « non » de la tête et sourit une dernière fois, avant que l'éclat de vie de ses yeux ne disparaisse, quittant le corps de la jeune fille. Son corps était encore chaud et le sang tiède s'élargissait un peu plus sur la chemise blanche, la teintant de rouge. Le Noctali et le petit Ouisticram s'approchèrent de corps inerte de leur dresseuse, essayant de la réanimer. Louka, lui, était agité de soubresauts, sa respiration devenant irrégulière et s'accélérant. Soudain, un cri de désespoir sortit de sa bouche, sa voix déformée par les sanglots qui venaient de s'emparer de lui.
Après quelques minutes, il passa ses doigts sur les paupières de la jeune fille pour les refermer.
Il ne supportait pas de les voir sans leur étincelle habituelle.
Il laissa sa veste sur elle et se dirigea vers l'escalier, les deux Pokémons restant derrière. Ses poings tremblaient et des larmes de colère et de tristesse coulaient sur ses joues.
Il allait le détruire, celui qui avait ravagé sa région natale, celui qui avait tué son amie.
Son cœur ne battait plus que de rage pour l'homme qui avait arrêté celui de Syllia.