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» Auteur : fan-à-tics - Voir le profil
» Créé le 28/03/2010 à 18:13
» Dernière mise à jour le 28/03/2010 à 18:13

» Mots-clés :   Présence de personnages de l'animé   Présence de poké-humains   Présence de shippings

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Episode 46 : Otages.
Me voilà avec la suite ! A vrai dire, normalement, je devais clore cet arc en un chapitre, mais si j'avance à ce rythme, je crois que je suis bonne pour encore 3 bon chapitres…Enfin, après tout, quand on aime on ne compte pas ! –moi qui voulait finir la fic au chap 50, c'est foutu !-

Désolée pour les fautes, je relirai plus tard U_u quand j'aurais terminé cette foutue histoire. Je vais essayer de vous apporter une suite très bientôt d'ailleurs. Bonne soirée ! Et Bonne lecture !


-Chapitre 46-

Tout autour de lui n'avait été que chao, les murs tremblaient, les cris paniqués des spectateurs se répercutaient tel l'écho lointain d'un rugissement bestial. Tout autour de lui avait oscillé, vacillé, hurlé. Tout n'avait été que Terreur. Puis tout avait cessé.

Gold qui courait à ses côtés, lui avait lancé un regard, puis c'était pétrifié, en plein élan, le visage encore tourné dans sa direction, en pleine suspension dans les airs.

Tout était devenu silencieux.

Silver avait frissonné. Il avait d'abord cru à une mauvaise blague, avait tâté un peu la joue de Gold, s'attendant presque à le voir rigoler –il était chatouilleux à cet endroit précis, il le savait-. Mais rien.
Un vague souvenir de son emprisonnement d'opale avait alors refait surface, aussi glacial que le sol de la cellule dans laquelle il avait croupi. Et une certitude s'était emparée de lui.

Samantha était en danger.
Tout se produisait exactement comme le jour où elle avait failli être empalée par un ultralaser.
Et exactement comme ce jour là, seul lui et elle devait échapper à cet arrêt dans le temps.
Il contempla Gold une seconde, hésitant à l'appeler, pour ainsi, peut être, déjouer le sort qui pesait sur lui, comme la dernière fois, mais il se remémora trop aisément la phrase qu'il lui avait lancé, assis sur le banc des remplaçants, une heure plus tôt.

« Il faudra qu'il me passe sur le corps avant de pouvoir te toucher. »

Silver fronça les sourcils, et serra les poings, son cœur se contusionnant.

L'image familière de sa mère s'imposa à lui, il lui sembla sentir ses bras, son étreinte protectrice. Et comme des dizaines de fois dans son enfance, il levait les yeux vers elle, terrifié, les membres encore paralysé par la peur, et elle lui souriait. Son visage tuméfié, ses lèvres explosées sous l'impact d'un énième coup, elle lui murmurait pourtant les mêmes mots alors qu'une auréole ensanglantée imprégnait les mains de son fils qui tentait de la soutenir. La masse poisseuse dans laquelle il avait pataugé toute son enfance conservait encore son odeur, et à chaque fois qu'il repensait à son père, c'était ça, ça qui lui revenait à l'esprit. Ces mots là. Exactement les mêmes.

Et Giovanni n'avait jamais hésité une seule seconde à les suivre, il l'avait piétinée, harcelée, laissée pour morte dans les bras de sa progéniture sans même sourciller. Il n'hésiterait d'ailleurs pas une seconde à le refaire, peu importe la personne à briser.

Brusquement il tourna les talons et se rua en direction du terrain. Seul.

Sa silhouette disparut au détour du couloir.

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-C'est fou ce que le corps humain peut-être étrange. Parfois, il suffit d'une chute dans un escalier pour causer la mort d'un adulte bien portant, et parfois, il résiste aux pires souffrances sans jamais céder. N'est-ce pas ironique ?

La silhouette diffuse de Méfisto se découpa dans la poussière et les vagues tourbillonnantes de ciments. Son regard d'acier se posa sur le corps allongé, disloqué dans les débris, et il souffla :

-Il semblerait que vous, vous ayez un organisme résistant, comme les parasites.

Un éclair rouge rejoignit Méfisto, et un cizayox se mit en garde, fier de son giga-impact. Le visage de son maître se durcit.

-Cessez de faire le mort, je sais qu'un de vos Pokémon a lancé une protection juste avant que mon Cizayox ne vous touche.

L'homme devant lui bougea imperceptiblement, puis se redressa avec une mine fatiguée, déçu, il marmonna :

-J'aurais bien aimé crever sur le coup en fait. Mais comme vous le dites si bien, il semble que je suis du genre tenace, bien malgré moi. J'ai eu beau énerver les grosses brutes sans cerveau telles que vous durant toute ma scolarité, je m'en suis toujours sorti presque indemne.

Akira Yuki se remit sur ses jambes, et Girafarig s'extirpa lui aussi des décombres, sa queue se tourna directement vers Lily, qui se retrouvait piégée dans une prison de verre, produite par Mr. Mime, plusieurs couches s'empilaient les unes sur les autres, comme pour s'assurer que personne ne pourrait se frayer un chemin jusqu'à eux. La brune trembla imperceptiblement en reconnaissant son ami d'enfance, dans un piteux état.

Méfisto afficha un rictus haineux qu'Akira lui renvoya avec intensité. Il ricana :

-On peut savoir ce qui vous prend au juste ? Vous m'en voulez à ce point là ? Ce n'est pas très intelligent ce que vous avez fait par simple vengeance. Vous avez perdu et j'ai gagné. Quoi vous êtes mauvais joueur au point d'attaquer un stade bourré de flics juste pour essayer de me tuer ?

Cette fois ce fut au tour du bandit de frémir, mais de colère, son être entier se contracta, et ses lèvres s'étirèrent, montrant ses dents blanches et acérées.

-Et vous alors, attaquer mon Qg avec juste quelques gosses, ce n'était pas stupide ?

Le professeur haussa les épaules et siffla avec dédain, cachant son vacillement maladroit, le monde tanguait encore sous ses pieds à la suite de l'impact.

-Pourtant, j'm'en suis plutôt bien sorti, et vous, ça a été le début de la fin.
-Exact. Après ça, mon entreprise a perdu beaucoup, elle a été raillée, je ne peux plus me montrer au Comité de Kanto sans savoir quelles preuves exactement Twilight détient contre moi, j'ai perdu mon bras droit, et quand j'ai préparé cette prise d'otage, à peine la moitié de mes forces m'ont suivi.
-Hey, y-a pas écrit : « psy » sur mon front, j'm'en fous de vos problèmes, vous vous êtes fourrez dans la merde, maintenant, démerdez-vous !

Lily se plaqua contre la paroi de verre, et plaqua son oreille dessus, espérant obtenir quelques bribes de leur conversation. L'expression sadique que le bandit affichait ne lui disait rien de bon. Il lui sembla percevoir « prise d'otage » et son sang se glaça.

Ils ne faisaient pas que sceller cet étage, ils prenaient tous les spectateurs en tenaille.
Armand !

Akira lui aussi, à quelques mètres, tiqua légèrement.

Samantha et sa mère se retrouvaient impliquées dans ce foutoir, à cause de lui, et ça, ça le travaillait. De plus, les autorités, dès qu'il y avait des vies humaines en jeu, ne lançait plus l'assaut à l'aveuglette, ils essayaient d'user de diplomatie avec les ravisseurs, ce qui, il fallait l'avouer, ne servirait à rien dans ce cas-ci. Ce type se fichait éperdument des personnes qu'il conservait, comme de sa première chaussette.

-Quel est votre but au juste ? Vous espérez quoi ?

Il jeta une œillade à son girafarig, et posa une main nonchalante sur sa ceinture, prêt à empoigner ses pokéballs. Le cizayox de son ennemi se braqua, et il grimaça.

-Moi ? Lança innocemment Méfisto. –Oh c'est tout simple, je me suis juste promis une toute petite chose la dernière fois que l'on s'est vu.

L'homme redressa la tête et les restes de sa bedaine se dodelinèrent, comme des poignets d'amour, mais pour le coup, c'était plutôt répugnant. Il montra une mine victorieuse, sadique, et souffla :

-Je me suis juré qu'à notre prochaine rencontre, un seul d'entre nous s'en sortira vivant.

Lily tressaillit et elle tomba à terre ; percutant une des parois de sa prison, tremblante. Akira blêmit, et il se mordit la lèvre.

-Et une fois fait, vous relâcherez tout le monde ?

Méfisto arqua un sourcil et garda le silence.

Yuki baissa la tête, et alors, rappela son Pokémon dans sa pokéball, puis mit un genou à terre devant son opposant, lui offrant sa nuque découverte. Le chef des brigands recula, étonné par sa réaction, puis il se crispa, la colère teintant ses joues d'un rouge écarlate, ses arcades couvrant et diminuant ses yeux porcins.

-Vous abandonnez, sans vous battre ?

Akira eut un pouffement, et il murmura, d'une voix plus étranglé par la peur qu'il ne le croyait :

-Exact.

Il frissonna et plissa les yeux. Défaisant sa ceinture et l'apposant sur le sol en signe de rémission.

Pendant une seconde, il se remémora les souvenirs de son enfance, leurs retours de l'école avec Shinobu et Lily, leurs rires communs. Comme ils avaient rigolé à cette époque, maintenant qu'il y repensait. Toutes les fois où ils étaient venus en cours sans rien avoir préparé, et quand ils improvisaient un exposé sur le parecool en l'utilisant comme exemple, ou encore les moments où ils se mettaient à chanter du disney en pleine séance, face à leurs professeur Kain lag.

S'il avait su que ce jour là était le dernier de son existence…Plus il y songeait, plus il regrettait d'être resté passif. Il n'aurait pas évité Lily qui désirait réellement lui parler de toute évidence, il lui aurait dit de ne pas hésiter, de sortir avec Shinobu…Shin, il lui aurait peut être écrit une lettre d'adieu, histoire de prendre ce fait à la légère, de se moquer de son faux suicide. Et Samantha ?

Il fixa le sol et se mordit la langue avec rancune.

Il aurait abandonné cette idée de protocole scolaire, et il l'aurait serrée dans ses bras une dernière fois, en lui murmurant qu'elle était forte, qu'elle pouvait survivre à son départ, qu'elle avait illuminé son existence qui battait de l'aile au début de sa carrière. Il lui aurait simplement avoué qu'il était fier d'avoir fait parti de sa vie, et il l'espérait, de l'avoir aidée.

Le discours d'Eléanore, le jour où il avait découvert le poteau rose, lui revint, ainsi que celui qu'elle avait tenu avant l'attaque du Qg d'Opale. Et il sourit mélancoliquement. Cette gamine, il ne savait pas quelle puissance l'animait, mais lui, il mourait de trouille, sans mauvais jeux de mots. Il avait souvent plaisanté, espérant finir comme un légume, mais l'idée du néant qui patientait pour lui l'horripilait. La seule force qui le poussait encore vers l'avant, c'était le regard déboussolé de Lily au loin. Le même qui allait se peindre sur la frimousse de Sam ou de sa mère, si la prise d'otages voyaient le jour. La possibilité qu'elles puissent l'une comme l'autre souffrir si stupidement, et peut être succombée de cette manière l'effrayait encore davantage. Il n'arrivait pas à dire au revoir à son propre passé, à jeter sur le côté tout ce qui l'avait façonné, à pardonner à ses ennemis, à dire au revoir mentalement à tous ceux qu'il connaissait –à vrai dire il ne se souvenait pas vraiment de certaines filles-. Peu importe, il allait emporter avec lui tout cela.

Puis, après tout, n'avait-il pas toujours dit que son rêve était de crever ? Il était grand tant d'assumer ses paroles.

Il inspira profondément, et pensa qu'au moins, sa vie n'avait jamais été harassante, juste porter par le flux et reflux des existences, il avait savouré chaque moment et ignorer les mauvaises passes.

Méfisto lui jeta une œillade meurtrière, noire et s'approcha de sa proie.

Akira se tendit, luttant pour se montrer, au moins digne.

Lily du sans doute comprendre malgré les murs invisibles qui les séparait et elle se redressa, tapa contre sa prison, en hurlant, des cris désespérés qui ne l'atteignaient même pas. Muette, voilà ce qu'elle devenait. Dans d'autres circonstances, il aurait crié un « alléluia ».

Méfisto leva le bras et Cizayox prépara sa pince.

C'était fini.

Un choc, un coup violent atteignit sa mâchoire et il culbuta en arrière, retombant sur ses fesses. La bouche en sang, le nez tordu, il fixa avec ébahissement son bourreau, celui-ci siffla avec rancune :

-Parce que vous croyez sincèrement que ça va me suffire ? Votre mort ?

Il pointa du doigt l'horizon du couloir et la créature rouge l'imita, un puissant rayon fusa, la rencontre avec les miroirs l'amplifia et il redoubla d'intensité. Le laser passa à quelques millimètres de la tête de Lily et alla s'exploser contre le mur d'enceinte. Le bâtiment entier se secoua et la façade implosa. Grelottante, Lily perdit toutes ses forces et se laissa choir sur le côté, le visage blême. Mefisto fit volte-face vers Akira et le toisa avce méchanceté avant de souffler avec ravissement :

-Vous m'avez humilié ce jour là. Je vais tous vous emporter avec moi, s'il el faut je massacrerai tous les otages devant toi, rien que pour te voir te haïr. Ensuite je mettrai fin à ton existence.

Il pouffa, comme amusé par la bêtise du raisonnement d'akira, puis lâcha froidement :

-Maintenant Bat-toi.

Akira observa Lily qui, les bras resserrés autour de sa poitrine, tentaitv de refouler ses larmes.
Un rayon vert passa devant sa vue, et la seconde d'après, il empoignait sa ceinture de pokéball

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Silver découvrit avec stupeur que l'entrée du stade s'était effondrée, et il dut passer par les loges, sans hésiter, il fila un coup sec à son coude, la couture de son vêtement sauta, et une longue tige d'acier s'extirpa du tissu de son blouson. Il crocheta la serrure et y pénétra pour contourner l'amas de roche. Ses Pokémons firent le reste, son Ursaring, allié à son léviathor rouge, shiney, détruisirent la paroi qui donnait sur le terrain.

Et là, il le vit. Armand pétrifié dans un cri d'avertissement fixait encore un homme debout, devant une silhouette à terre. Samantha. Son souffle se coupa, et l'odeur âcre, amer du sang, toutes ses cicatrises le brûlèrent vivement. Et Giovanni.

La tête de l'adolescente roula sur le côté, et elle perdit connaissance après avoir jeté un dernier regard à son agresseur. L'aura verte se dissipa aussitôt.

Armand aux côtés de Silver reprit sa course sans même s'apercevoir de sa présence, il se précipita vers sa rivale et hurla. Giovanni daigna à peine lui accorder une œillade, un Rhinoféros apparut et d'un coup de poing bien placé, il percuta l'enfant inconvenant. Le corps du gamin quitta terre, il ne comprit certainement pas ce qui se passa. Le Pokémon planta sa corne dans son ventre et le projeta à l'intérieur comme il l'aurait fait d'une carcasse, d'un déchet. Une onde sanguine, une arabesque, une éclaboussure unique et gracieuse dessina la courbe d'Armand avant que celui-ci ne s'écrase au sol.

Peu à peu, le marbre blanc se teinta de pourpre.
Les Pokémons du garçon sortirent de leurs pokéballs et le couvrirent avec volonté, tout en compressant la plaie de leurs pattes pour certains.

Cependant Giovanni les ignora et se pencha vers sa cible. Soudain, le capumain de Gold sortit de la pokéball de Sam, prêt à défendre fièrement sa dresseuse de remplacement. Mais le champion ne fit que balayer l'air de la paume de la main pour que Rhinoféros envoie le petit macaque à l'autre bout du terrain, assommé. L'homme saisit ensuite la chevelure de Samantha et la monta jusqu'à son épaule, il la posa comme un vulgaire sac sur son dos. C'est alors qu'il aperçut enfin sa progéniture rousse.

Tremblant, serrant son coude comme un tic, les traits tirés par l'angoisse, pâle comme la mort, Silver n'avait plus rien de digne ou même de valeureux. Tout comme l'homme devant lui ne pouvait être qualifié de « père » mais juste de monstre.

Le champion de l'arène contempla son enfant avec une indifférence froide, et il avança vers lui, instinctivement, Silver recula, et plaça son bras entre eux, comme pour se protéger. Il s'en mordit la lèvre de honte, mais les palpitations terrifiées de son cœur l'empêchaient d'accéder à toute pensée cohérente.

-Opale n'est décidément qu'une organisation bonne à rien. Maugréa Giovanni. –Incapable de tuer Holly ou toi.

Le rouquin tressaillit et son père s'approcha encore davantage de lui. Il ne parvint pas à refréner son exclamation apeurée. Son géniteur quant à lui, lui lança un regard noir, insensible, et analysa simplement :

-Pour feindre l'obéissance, t'enfuir, et t'amuser à essayer de démanteler mon organisation, tu es fort, mais dès qu'on en vient aux actes, tu n'es qu'un minable. Déjà enfant, tu avais beau me hurler d'arrêter tu ne trouvais jamais la force de me frapper en retour.

Silver sentit ses entrailles se tordre et ses ongles transpercèrent le tissu de sa manche pour se planter dans sa peau, convulsivement. La seule et unique fois où il avait osé s'interposer entre lui et sa mère, osé répondre aux coups en le mordant, il l'avait jeté dans la fosse où il entreposait tous ses Pokémons les plus féroces. Il avait failli mourir piétiné, déchiqueté…Si sa mère n'était pas à nouveau intervenue en acceptant de prendre sa place…Et même une fois sorti du gouffre, il avait eu la stupidité de ne pas être capable d'arrêter ses sanglots, il était resté des jours et des jours allongés à la suite de la correction qu'il avait prise en retour. La salive qu'il avalait de travers possédait encore un relent, un goût amer, de ferraille et de sang.

Le regard d'argent tomba sur Samantha, assoupie, le nez contre le flanc de ce monstre de cruauté.

Combien d'horreurs allait-elle subir si jamais Giovanni parvenait à ses fins ? Son père se souvenait-il d'elle comme de sa fille, ou la prenait-il pour sa femme, et se préparait à la traiter comme telle ?

Il devait intervenir, faire quelque chose ! Il devait bouger, retrouver l'assurance qu'il déployait pour le berner autrefois, pour le pousser à croire en sa docilité, son obéissance. Il devait trouver le courage de le fixer dans les yeux…

-Retire-moi ton accoutrement stupide ! Vociféra le maître de Jadielle.

Violemment il frappa son fils et la casquette, la capuche, les lunettes de soleil, le casque, toutes ses protections futiles contre lui s'envolèrent pour se briser contre les débris épars jonchant le terrain. Silver ne put contrôler son corps et il poussa un cri en se recroquevillant.

Les yeux rivés sur le sol, sur ses pieds, il encaissa les mots qui suivirent :

-Tu es un Rocket que tu le veuilles ou non. Alors maintenant fait ton choix Silver. Tu es avec moi, ou contre moi ?

La grande main de son père toucha son torse et remonta le long de sa clavicule pour que ses longs doigts fins viennent se presser contre son cou. Ce contact le dégoûta, lui fila un haut-le-corps, les images de son enfance s'imprimant sur sa rétine. Il avait haït le moindre attouchement physique pendant des années à cause de ça, de ce simple geste, et tout ce qui s'en suivait.

Le roux ferma les yeux et ses épaules se voûtèrent. Sa mâchoire se crispa, renferment un hurlement de dégout.

Il devait sauver Sam, il était venu pour ça. Se répétait-il.
Il lui suffisait de saisir ses pokéballs à sa ceinture, même, de bredouiller un ordre, un seul, à son ursaring et à Léviathor. Un seul.

Il tourna la tête vers ses deux Pokémons isolés, encore à moitié dans le bâtiment, et un frisson le paralysa complètement, obstrua sa gorge.

Ils trônaient à terre, inertes, déchus, le Pokémon sol de son père devant eux, la corne encore fumante.

Il avait profité de son malaise pour les attaquer, et il n'avait même pas perçut leurs plaintes de douleurs, les échos du combat. Les avaient-ils assommée d'un abîme, ou d'un empal'korn sec ou avait-il préféré les torturer, espérant que les créatures appelleraient en vain leur dresseur sans obtenir de réponse ? Il…Il avait ignoré ses Pokémons alors qu'ils se battaient pour lui ! Qu'ils étaient même, égoïstement, une de ses seules chances de survie ?

-Réfléchis bien Silver, tu crois peut-être avoir ta place dans ce monde, avoir des amis…Mais on n'échappe pas à ses gènes, quoi qu'on fasse. Où que tu iras, on te traitera comme un renégat, comme mon fils, et ça, tu ne pourras pas le fuir. Siffla Giovanni se délectant de la crainte qu'il lisait sur le visage de sa progéniture.

Samantha gémit dans son sommeil artificiel. Silver sursauta.

C'était sa sœur, son unique famille, il devait la protéger, la sauver. Trouver un moyen de lui éviter pareille existence.

Le membre de son père remonta sur sa nuque et il arracha sèchement l'élastique qui retenait la chevelure rousse de l'adolescent. Celui-ci crut bien une seconde que le son était celui de sa colonne vertébrale, ployant sous un impact douloureux.

Il…

-Tu es prêt à me désobéir Silver ? Pour ce monde ingrat ? Pour cette femme qui t'a abandonné ? Elle t'a laissé vivre seul avec moi ! Elle est partie vivre une existence paisible ailleurs sans même t'emporter avec elle !

Il mentait ! Il mentait ! Il le savait parfaitement, Giovanni avait lui-même livré Holly à Opale pour se débarrasser d'elle, ou alors Opale l'avait capturée…mais Jamais sa mère n'aurait fait ça. Elle avait été le seul être à vraiment se soucier de son bien-être. Et il n'était pas question de sa mère, mais de Samantha, sa sœur ! Sa petite sœur qui comptait sur lui, qui le traitait comme le héros qui l'avait sauvé au mont Sélénite ! Une gamine qui avait grandie dans un foyer heureux, qui avait eu une vie normale et qui n'avait jamais rien fait de mal.

Une envie de vomir s'empara de lui.

Le souvenir de l'infirmière Joëlle de jadielle, de la chambre de l'adolescente, des cadres reposants sur le buffet, avec les photos de famille, les sourires, les souvenirs.

Il n'avait jamais connu ça lui.

Sa mère avait réussi à lui épargner les souffrances de son enfance.

Mais pourquoi juste elle ?

Giovanni ricana et il attrapa le bras de son fils avec force, pressant volontairement la cicatrice de son coude qu'il avait vaguement essayé de protéger.

-Alors Silver ta réponse ?

Les mots s'enlisèrent dans le gosier du roux. Et un sursaut désespéré le secoua.

-Tu…

Le visage de Giovanni prit une expression de ravie, de maître total. Silver ferma brutalement les yeux et se poussa à hurler :

-Tu n'a…Tu n'avanceras pas !

Avec ses dernières forces, il s'éloigna de lui et lâcha ses créatures. Un farfuret belliqueux, un Notensfer combattif qu'il avait interchangé contre son cornèbre, un Aligatueur vaillant, et Tengalice furieux apparurent entre lui et son père.

Il…

Giovanni ne sourcilla pas, et il explosa de rire.

-Tu crois pouvoir me battre Silver ? Tu crois sincèrement pourvoir me battre, moi ? Avec cette équipe lamentable ? Tu as beau avoir deux types eaux avec toi, tu as beau avoir construit un move-pool palliant l'absence de Pokémons feux, spécialement créé pour me vaincre…Tu en es incapable et tu le sais ! Je te l'ai montré la dernière fois !

Avec nonchalence, il riposta en appelant un magnifique Persian, un démoloss et un tyranocif, et dans un rictus il se moqua :

-Tu te souviens d'eux ?

Silver vacilla. Comment pouvait-il les oublier, ceux-là, ils avaient toujours été les jouets préférés de son père, ses armes secrètes pour la torture. Ses genoux flanchèrent.

-Tu tiens sincèrement à revivre ce qui s'est passé il y a cinq ans juste pour cette fille ? Je vais devoir te ramener au repaire, avec les deux bras démis ? Avec tout ton dos brûlé ? Je ne demanderai pas de médecin pour s'occuper de tes infections cette fois.

Comme pour illustrer ses propos, Démoloss cracha une gerbe de flamme qui effleura sa jambe. Cette fois Silver ne parvint pas à tenir debout, il s'écroula et resta transi, les yeux écarquillés.

Il…

Il contempla Samantha une dernière fois, une boule compressant son estomac.

Elle n'avait jamais connu ça ! Qu'espérait-elle au juste ? Elle avait été élevé, choyée et aimée ! Qui était-elle pour le blâmer ! Qui étaient-ils tous pour le juger ! Ce type pouvait le tuer ! Ce monstre l'avait tenu sous sa coupe toute sa vie, du début à la fin, il avait fait de son existence un enfer perpétuel ! Il lui avait appris la cocilité à coups de poings ! Personne n'avait le droit de le regarder de travers pour avoir peur ! Il n'était pas lâche il était juste…Il était juste…

Terrifié.

Il secoua la tête vivement.
Il devait…

Le Capumain de Gold…Il jeta une œillade désespéré au ouistiti comme s'il représentait son dernier espoir, mais le petit être tentait de se redresser, une patte cassée probablement. Même Gold ne pouvait rien faire pour lui. Silver frissonna et retrouva le regard noir de son père, le même qui hantait ses cauchemars.

Il…

Il ne pouvait pas la sauver.

C'était juste au dessus de ses forces.

Giovanni dut saisir la lueur de résignation dans le regard de son enfant, et il rappela ses Pokémons, pour traverser le terrain, tel un empereur. Il effleura sa progéniture, et il ne put s'empêcher de s'accroupir et de lui susurrer :

-Tu es un bon garçon Silver. Maintenant reste ici, et occupe-toi du reste.

Sur ce, il appela son Ptera –volé-, monta sur son dos, pour disparaitre par les airs. Un rictus lui échappa, songeant une seconde, que le rouquin ignorait sûrement que Opale prenait tout le monde en otage et qu'en restant ici, il courait droit à la mort, et cette fois, pour de bon.

Le roux, planté là, les genoux dans la boue, le front contre terre, mordant la poussière. Sursauta. L'écœurement le gagna.

Samantha le regardait depuis plus un an avec admiration. Samantha croyait en lui, elle s'était confié à lui pour qu'il l'aide, pour qu'il sauve sa meilleure amie, pour qu'il les protège de ce Peter du futur qui l'apeurait. Elle s'était offerte à lui, à l'image de la plume qu'elle chérissait. Elle avait naïvement cru qu'il tiendrait parole contre vents et marées. Et lui…Et lui alors qu'il était en vérité son grand frère, il l'avait…

Il l'avait juste trahie.

Sans pouvoir y contrôler quoi que ce soit, ses yeux s'emplirent de larmes et Silver hurla.

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Gold vacilla, il tituba une seconde, comme si il avait été stoppé en pleine course. Cependant, il s'ébroua, s'empêchant de penser à cela et continua de plus belle.

Il lui sembla que Silver manquait dans le paysage, mais il pensa simplement qu'il l'avait dépassé à la course. Ou peut-être avait-il décidé d'aller aider Lucas à retrouver la mère de Sam, dans les gradins ?

Sans plus attendre, il s'engagea dans l'escalier menant à l'étage, là d'où provenait les bruits d'explosion.

Les piliers centraux tanguaient dangereusement trouva-t-il en passant devant eux. Instinctivement, il porta sa main sur ses pokéball.

L'absence du rouquin commença à s'imposer à lui quand il parvint enfin sur le palier du second. Il s'apprêtait à se retourner, le souffle court, et à l'appeler de toutes ses forces, craignant qu'il n'ait connu un problème dans leur fuite, mais une secousse violente le ramena à la réalité pitoyablement.

Il se cogna contre la rampe, et se remit sur ses jambes, le pouls battant la mesure d'une musique frénétique inconnue, l'adrénaline imprégnant toutes ses veines. Il retrouverait le rouquin plus tard, après tout, c'était un excellent dresseur, il pouvait se défendre seul, essaya de se convaincre le brun, en vain.

Il se précipita dans le couloir principal, et enfin, il entrevit des ombres au loin se confrontant l'une à l'autre. Il plissa les yeux et plaça sa main en visière pour les discerner. Son cœur rata un battement.

Akira, en mauvaise posture, essayait de se cacher difficilement derrière son Kaorine, laissant la confrontation à son Staross et à son Girafarig, épuisés. L'homme en face de lui, souriait de toutes ses dents, corpulent, il se contentait de donner des ordres à son Nidoking, et son colossinge, tandis que Cizayox lui, n'avait de cesse que de se faufiler derrière Yuki pour le frapper à revers.

Encore une fois, le professeur ne put esquiver une estocade de Cizayox et si son Kaorine para en grande parti le coup, l'enseignant roula tout de même sur le côté, touché.

Gold voulut voler à son secours, mais il percuta de plein fouet une paroi invisible, son nez lui rappela douloureusement de ne plus foncer tête baissée quand il se trouvait en première ligne. Il remarqua alors pour la première fois Lily, prostrée dans un coin, qui frappait violemment contre la plaque de verre, à quelques mètres de lui, et pourtant inaccessible. Son Pokémon cradopaud, enchaînait les attaques ruses, mais contre une attaque protection, sa capacité se révélait inefficace.

A nouveau, Akira fit un vol plané au loin, et si le choc mental d'un de ses Pokémon l'empêcha de s'empaler sur un tuyau restant, il permit à son adversaire d'avoir une cible non mouvante. Cette fois, Staross chargea le Pokémon insect pour mettre fin à cette torture, et Girafarig joua du voile miroir pour lui renvoyer sa « plaie croix ». Cependant si la créature surpuissante recula, remis à sa place, une autre intervint, celle qui causait toutes ses explosions jusqu'à présent. Un immense électrode se montra, et envoya une décharge à Akira qui essayait tant bien que mal de se relever.

Gold ferma les yeux, percevant presque le hurlement du professeur. S'en fut trop pour Lily, qui déploya toute son équipe de Pokémon, les attaques plurent sur la paroi qui les retenait tous, et Gold l'imita. Bientôt Typlosion, Tartard, Grolem, Lippoutou, et un Scarhino se dressèrent et foncèrent.

Akira du remarquer ce mouvement désespéré de leur part, et les portes invisibles vibrèrent dans leurs gonds. Il comprit que sa seule chance de fuite, pour rejoindre les autres et obtenir un peu d'aide, résidait dans les secondes qui suivaient. D'un mouvement de bras, et dans un dernier effort il s'écria :

- FLASH !

Son Pokémon se contracta sur lui-même, mais Gold vit le sourire satisfait de Méfisto. L'électrode derrière Akira brilla et une immense plaque, une surface réfléchissante, apparut dans le dos de l'adolescent. Voile-miroir.

Son sang se glaça.

-FERMEZ LES YEUX ! Hurla-t-il.

Lily entendit l'écho de cet ordre, et elle obéit sans réfléchir, par instinct de conservation. Cependant Akira était bien trop loin, seul le bandit, à l'origine de la contre attaque, effectua cette action. L'éclair éblouissant fusa, s'amplifia à cause de toutes les lentilles qui le séparaient de ses camarades. Akira se tourna en direction des autres, espérant pouvoir trouver un moyen de franchir les murs de sa prison en moins dans ce laps de temps réduit…Et sa propre stratégie se retourna contre lui.

Le rayon lumineux frappa le miroir et revint directement vers lui. Il ne perçut qu'un éclair blanc, et le monde se voila, avant de s'éteindre totalement. Une douleur, un spasme lui monta au cerveau et il s'effondra.

Les parois de verre se dissipèrent une à une d'elle-même, et Méfisto contempla le professeur inconscient. Un sourire mesquin ancré sur son visage. Ne pouvant plus y résister, il explosa de rire.

-Tu fais moins le malin maintenant ! Hein ! Tu croyais m'avoir deux fois avec le même coup ! Maintenant tes yeux ont brûlés ! Peut être même que ton cerveau aussi vient de rendre l'âme !

Un ricanement sinistre s'éleva, et sans plus attendre, il planta un coup de pied à sa victime qui resta flasque.

Gold serra les poings. Lily tomba à genoux, tétanisée. Le brun se préparait à sauter à la gorge du bandit, quand on le plaqua au sol violemment. Des sbires d'Opales apparurent un peu partout, les encerclants totalement. L'un d'eux s'avança vers son chef et se mit au garde à vous :

-Nous avons capturés tous les spectateurs, où les réunissons-nous ?

Méfisto contempla son subalterne, puis toisa l'homme qu'il avait juré d'assassiner pour l'avoir humilié. Une idée germa en lui et il lança, comblé :

-Sur le terrain, et sortez toutes les caméras disponibles.

Il croisa les bras, et lâcha, pris dans des folies mégalomanes, prenant un air divin :

-Nous allons partager cet évènement avec le petit peuple.

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Le ciel éclairé d'Avril prenait un tout autre aspect au sommet de la chaîne du mont Argenté, les nuages grumeleux s'entassaient au dessus des pics distordus, livrant les pauvres randonneurs à la grisaille malgré le début du printemps. Gabriel tituba légèrement, déstabilisé par le voyage en téléportation. Le Gallame de son père, fier, croisa les bras sur sa poitrine, et s'en retourna de lui-même dans la pokéball qui trônait à la ceinture de Daniel. Ce dernier fronça les sourcils en voyant les rues désertes du Qg de Twilight.

Ensemble ils se dirigèrent vers le chalet où ils avaient résidés, heureusement Gabriel se souvenait parfaitement de l'itinéraire, donc ils ne mirent que peu de temps. Cependant, une pensée occupait le petit de la bande, une idée qui avait commencé à germer en lui depuis Jotho ; et qui lui revenait, maintenant que l'élément perturbateur –Elza et ses sentiments envers elle- ne se trouvaient plus dans les parages. Il tâcha de mettre de l'ordre dans son hypothèse.

Daniel devant lui, ouvrit la porte, qui grinça timidement et des échos de conversations leurs parvinrent rapidement.

« Dommage qu'on ne puisse pas se dédoubler comme dans les films de Ninja ! J'aurais vraiment aimé assister à ce tournoi ! » Déchanta la voix haut perchée de Cristal.

Un déclic se produisit dans l'esprit du génie.

Se dédoubler ?

Il lui sembla trouver une issue au sac de nœuds qui embrouillait le tissu de son crâne.

La télévision émettait encore, et un nombre de publicités incroyables continuaient de défiler. Les garçons pénétrèrent dans le salon, Daniel se figea, décontenancé, intimidé. Son assurance, déjà précaire, le quittait, alors même que tous les adolescents présents n'avaient pas encore remarqué leur retour.
Gabriel croisa les bras, se concentrant sur la lumière révélatrice qui venait de s'allumer en lui.

« Ceci est un communiqué spécial, nous vous rappelons que nous entamons aujourd'hui le huitième jour depuis l'enlèvement de la petite Lys Mahery, dix ans. L'enfant a disparu lors d'un voyage avec ses parents à Rhodes, si vous avez la moindre information veuillez contacter les autorités au plus vite. »

-Pauvre gosse. Marmonna Blake, attablé, tout en sirotant un soda. –Il parait que certains fous suivent leurs proies pendant des jours, les prennent en photos d'eux, font tout pour être certains de ne pas être retrouvés après le kidnapping.
-Je crois pas que ce soit le cas ici, j'ai vu dans le journal télé qu'elle se trouvait dans la caravane où ses parents entreposaient une cargaison importante, et la caravane a disparue avec.

Gabriel tressaillit, ses yeux s'écarquillèrent.

Christopher se retourna, comme pour répondre, et il sourit de toutes ses dents, avant de hurler :

-Vous êtes revenus !!

Plusieurs regards se détachèrent de l'écran pour se poser sur eux. Eléa esquissa enfin un sourire.

Aussitôt, Daniel et Gabriel se firent écrabouiller, Angèle et son camarade se jetèrent sur eux pour les enlacer de toutes leurs forces, Les bruns à moitié étranglés dans l'étreinte, eurent beau se débattre, l'enthousiasme des deux adultes se montraient bien plus puissants que prévu.

Eléanore se redressa de son siège, son regard croisa celui de Daniel, celui-ci sourit timidement et lui adressa un salut discret de la main. Son visage s'illumina et Régis grimaça, elle allait se précipiter elle aussi, vers son camarade de voyage, quand la télévision grésilla.

Le visage d'un journaliste apparut à l'écran, totalement couvert de poussière et de sang. Ils reconnurent tous le paysage familier représentant le stade de Jadielle, celui-là même où se battait Sam encore une heure plus tôt. Ils virent alors des dizaines de personnes marcher sur le bac de sable et y prendre place, sous la menace de types en noirs, encadrés par des Pokémons. Ils virent nettement Gold et Lily dans la foule, ainsi que Silver et l'infirmière Joëlle, soutenue par Lucas.

« Ceci est un appel au secours » Commença avec gravité l'inconnu devant la caméra.

A partir de cet instant, tout bascula.

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La grotte de Cristal, comme on se plaisait à la nommer, se trouvait plongé dans un silence solennel, respectueux. La maîtresse de Sinnoh, oscillait d'un autel, où trônait la GS ball, à son livre, intriguée. De temps à autre, un fascinant, murmurer tel un croyant devant un miracle, lui échappait, mais rien de plus.

Salomée, à côté de tout cela, assise sur une chaise, méditait, les yeux clos. Elle lui avait expliqué qu'elle usait de la capacité clairvoyance, qui prenait un tout autre intérêt quand un Gijinka l'apprenait. Cette technique lui permettait de comprendre les complexes engrenages du futur, elle remontait ou avançait hypothétiquement le temps, le manipulait à sa guise et pouvait voir sa propre influence. Ainsi, elle rêvait d'enfoncer un couteau jusqu'à sa garde dans le cœur de Giovanni, de le tuer le jour où elle avait fuit avec Gold pour sauver Samantha. Ainsi, elle pouvait enfin partir avec ses deux enfants et vivre heureux auprès d'eux sans crainte. La Team Rocket aurait été dissoute, jamais d'explosion n'aurait eu lieu à jadielle et Silver aurait put connaitre une existence paisible, sans être capturé par Opale, puis tuer dans l'espoir que sa mère révèle des secrets dont elle ignorait tout.

Cet exercice, pour la plupart des gens, se qualifiait de malheureux, car l'avenir qu'on y voyait, était bien réel, mais inaccessible, du moins, pour elle, car avec le pouvoir bridée à cause de son collier, remonter le flux temporel se révélait hors de sa portée. Tout ce qu'elle y voyait, bien que véridique, ne se révélait qu'en vérité qu'une illusion d'une autre réalité parallèle. Mais sentir le couteau s'enfoncer dans la chair de l'homme qui avait détruit son passé, entendre les battements de son cœur s'arrêter subitement, lui procurait une joie incommensurable, et pouvoir effleurer les visages flous des entités que sa progéniture aurait pu devenir la comblait de fierté.
-La Gs ball s'illumine Salomée ! S'étonna Cynthia précipitamment. –C'est peut être en réaction avec mes chansons, j'ai déniché un livre de chants sacrés qu'ils effectuaient pour amener les Pokémons légendaires ici chaque année…J'ai fredonné, tu crois que c'est de ma faute ?
-Celebi doit simplement s'agiter. Ne t'en fait pas, il ne peut pas sortir tant que la Gs ball n'est pas à proximité des deux plumes sacrées. Et seul un guardian peut l'invoquer auprès d'elle, et seulement au prix d'un effort épuisant.

Cynthia s'affaissa et elle ne put un retenir « Quel dommage ! » suivi d'un « Cette famille est vraiment fascinante… Il n'y a pas d'autre mot ! ».

C'est alors qu'Eléanore se précipita à l'intérieur de l'enceinte, le souffle court, les joues rouges. La Gijinka se tourna vers elle, et la dévisagea avec étonnement.

-Qui es-tu ? Balbutia-t-elle.
-J'ai pas le temps pour ça !

Eléa secoua la tête vivement et Cynthia daigna lui accorder un regard, inquiète par l'empressement dont elle faisait preuve. Elle ne put néanmoins, pas retenir son commentaire :

-Techniquement, ici tu as tout le temps dont tu désires !

La gamine ne s'attarda pas le moins du monde sur la mine amusée de Cynthia et expliqua d'une traite :

-Mes amis sont victimes d'une prise d'otages ! Peter part les aider, mais il refuse de me laisser y aller, alors apprenez moi un tour de Gijinka en vitesse pour que je puisse y aller aussi !
-Quoi ? S'étrangla la blonde.

La mère se Silver resta stoïque, à peine touchée par la nouvelle, puis elle frappa des mains, prise d'une illumination et lança, guilerette :

-Oh ! Tu es la Gijinka que je dois entraîner, c'est ça ? J'ai vu un papier dessus tout à l'heure !

Eléanore vacilla et ses lèvres se crispèrent sur un sanglot désespéré, exaspéré. A bout, impatiente, stressée, elle ordonna, brisée :

-Dépêchez-vous un peu ! Y-a-t un tour qui me permet de me téléporter jusqu'à Jadielle ? Un tour qui me permettrait de les aider sans risquer de…De…De tomber à cause de ma maladie !

Salomée pencha la tête, et réfléchit, avant de souffler :

-Je connais un tour, qui te permet d'accéder à la mémoire ancestrale de tous les Gijinka, ainsi tu pourras tout connaître d'eux, tu pourras obtenir les pleins pouvoirs en une seconde.

Eléanore sursauta, et Cynthia poussa une exclamation ébahie, le regard brillant d'intérêt.

-Apprenez-le moi ! Supplia l'adolescente –ainsi que la maîtresse de Sinnoh, mais ce n'est qu'un détail-

La femme hocha négativement du chef, le regard grave.

-C'est un tour dangereux, il permet la fusion totale des deux êtres qui compose le Gijinka. Il est limité dans le temps, et fatigue énormément.
-Peu importe ! Eructa aussitôt Eléa.

Cynthia cependant tilta, et balbutia :

-Eléanore, il me semble que tu es malade…Tu penses aux conséquences ?
-Vous pensez aux conséquences de cette attaque sur mes amis ? Répliqua acerbe Eléa, les larmes aux yeux.
-Tu viens de dire que Peter s'y rendait en personne, tout se passera bien, tempéra la chercheuse, avec calme.
-Non ! Pas sans moi ! Et si…Si l'un d'eux est gravement blessé ? Si Peter se retrouve pris en tenaille ? Je ne peux pas rester ici sans rien faire !

Salomée et Cynthia campèrent sur leurs positions et Miyu au dessus d'elle, sentit la fureur émaner du corps de sa porteuse, celle-ci d'ailleurs, attisait la sienne, bien que plus froide et latente. Il fronça les sourcils, et s'apprêta à crier lui aussi quelque chose à l'adresse de Salomée, espérant la faire chanter, la manipuler sous le prétexte absurde qu'elle lui devait AU MOINS CA, mais la femme le prit de court.

-Cette condition va pomper toutes tes forces, tu ne pourras te concentrer sur rien d'autre, cela empirera ta santé, accentuera tes faiblesses. Il est même possible que ton esprit s'annihile au contact de toute cette dose de connaissance. C'est pour cela que je veux d'abord t'entraîner mentalement avant.

Une peur sourde s'empara du spectre dont le regard mordoré dériva sur Eléa. Mais celle-ci les poings serrés, ne cilla pas le moins du monde, et ses prunelles camouflaient un brasier de volonté, de certitude.

-Je tiendrai le coup ! Gold, Samantha, Silver, Lucas et Akira ont besoin de moi. Je ne les abandonnerai pas sous prétexte que ça peut être dangereux. Je suis plus forte que ça.

Cynthia inspira, émue, touchée par cette détermination, et Salomée écarquilla des yeux.

-Gold ?

Elle se recroquevilla et tituba légèrement.

-Tu as bien dit Gold ? Le petit Gold est impliqué dans tout cela ?

Eléa écarquilla des yeux, elle s'était attendu à la voir buter sur le nom de son fils, mais rien, peut-être, comme lui avait dit Peter, les prénoms n'étaient-ils même pas parvenus jusqu'à ses oreilles. Mais alors, pourquoi Diable, celui du brun avait un impact si important sur elle ?

-Qui est à l'origine de la prise d'otages ? Balbutia brutalement Salomée, en saisissant Eléa par les épaules.
-Je…Je ne sais pas, ils ont cité la Team Opale, ou Rocket, je suis partie assez vite.

Elle songea une seconde au chahut qu'avait engendré l'appel au secours des otages, cristal s'était littéralement ruée chercher Peter, le maître avait pris sa décision en quelques minutes, et avait interdit à tous les autres d'intervenir, jugeant la situation comme « trop dangereuse pour des dresseurs non expérimentés comme eux ». Elle n'avait pas supporté ce discours que régis avait soutenu, et sans même savourer ses retrouvailles avec Daniel, elle lui était passé devant le nez et avait accouru ici, tandis que Peter empruntait son Suicune à cristal.

Cette fois, Salomée pâlit, et elle siffla avec une haine intense : « Giovanni encore et toujours toi… », avant de poser sur elle un regard résolu.

-Bien, je vais te permettre d'utiliser cette technique. Cependant, je veux t'accompagner.
-Quoi ? Bafouilla Cynthia –Mais c'est insensé, vous ne pouvez pas quitter la grotte !
-Avec Lire-Esprit, j'accompagne chaque jour Peter. Je peux accompagner cette gamine aussi et la conseiller, ainsi je pourrais aider Gold comme il m'a aidé.

Elle garda la bouche close, mais ses pensées furent si vives, si débordantes de colère, que chacun perçut la suite. Elle désirait mettre fin à l'existence de Giovanni également.

Cependant, les détails de ce genre importèrent peu sur le moment, tout ce qui se prenait du sens, c'était son acceptation. Eléanore approuva d'un signe de tête.

Elle se fichait pas mal de tout ça, de cette histoire, tout ce qu'elle désirait, c'était sauver ses amis. Elle pira intérieurement pour qu'ils aillent bien, chacun d'entre eux.
Doucement, Salomée posa son front contre celui de la gamine ; et elle murmura :

-Force cosmik.

L'espace d'une seconde, d'une respiration, il sembla à Eléa que la grotte entière s'écroulait sur elle tandis qu'elle chutait dans un océan étoilé. Puis la sensation s'évapora, elle crut flotter, le corps léger, inconsistant. Elle croisa le regard mordoré de Miyu, ainsi que celui de Salomée, et tout lui parut comme naturel. Elle tendit le bras vers le fantôme, qui l'imita. Leurs doigts se frôlèrent et se traversèrent.

Elle ferma les yeux.

Miyu allait prendre sa place, dans son corps, toute la puissance qui sommeillait en elle s'ouvrait, et en contrepartie…En contrepartie, elle allait en subir les conséquences dès la fin de cet état. Elle voyait tous les tournants et les aboutissants de sa décision aussi clairement que son propre reflet dans un miroir. Le nom d'attaques Pokémon qui lui avaient toujours parut inutiles prirent une toute autre ampleur, les possibilités infinies qui s'ouvraient à elle, l'ébahirent.

Elle sourit.
Avec ça, elle pouvait les aider.

Quand elle rouvrit les yeux, son regard vert émeraude avait cédé sa place à celui mordoré, total, du spectre. Elle observa ses membres, et inspira profondément, comme débarrassée d'un poids. Sa maladie, elle ne se fatiguait plus à cause des symptômes de sa maladie, tout cela ne l'atteignait plus. Elle leva les yeux vers Salomée, qui l'observa une seconde avant de murmurer :

-Bonjour Miyu.

Eléanore sursauta, et elle vit son corps répondre avec vantardise :

-Ouah, c'est trop bizarre d'être de nouveau tout en chaire !

Quelques minutes plus tard, Miyu, -après avoir dévalé l'escalier sur les fesses, encore peu habitué à remarcher- s'enfuyait de la grotte, avec Eléanore sur ses talons, le pressant d'accélérer.

-Roh c'est bon ! Je vais aussi vite que je peux ! Maugréa-t-il.
« Mais téléporte-toi ! Fait quelque chose ! » S'offusqua-t-elle.
-Oui oui ! Je le fais dès que je sors du périmètre sacré de la groo…

Il pila net. Daniel se tenait debout devant lui, patientant pour son retour. Percevant du bruit, le gamin se retourna, et lui sourit gentiment :

-Je…Peter est déjà parti, et j'ai pensé que tu tenterais quelque chose, alors…
-Tu comptes m'arrêter ? Accusa aussitôt Miyu, qui avait vu les épées accrochées à sa ceinture, aux côtés des pokéballs.

Cependant le gamin secoua la tête négativement.

-Non, Lucas est mon ami, et j'aime beaucoup Yuki, Silver et Gold, je veux aussi les aider. Et je sais que je n'ai aucune chance de t'arrêter, suffisait de te voir, tu ne m'as même pas dit bonjour, tu as foncé juste après la nouvelle.
-Et ton modèle réduit ?
-Gabriel est à l'abri avec Christopher, et Angèle, il ne viendra pas.

Miyu sourit de toutes ses dents, tandis qu'Eléanore rougissait, attendrie, une main sur son cœur. Il n'avait toujours pas cité Sam, mais au moins, il désirait la soutenir dans son entreprise.

-Cristal voulait aussi venir, mais Peter l'a assommée quand elle a tenté de monter sur Suicune avec lui. Expliqua-t-il simplement.

Il la regarda, et lança avec certitude :

-Alors, tu as un plan, Miyu ?

La surprise les secoua, et si Eléanore se sentit fébrile sous l'intensité de son regard, sa perspicacité, Miyu lui, se montra tout simplement enjoué, et avec amusement il lança :

-Toi, je t'aime de plus en plus !

Les deux enfants virèrent à l'écarlate.

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Lucas baissa la tête, intimidé, et par réflexe, il resserra sa prise sur la main de l'infirmière Joëlle à côté de lui. Il scruta la foule autour de lui avec appréhension, cherchant les visages familiers dans la foule. Il ne retrouvait toujours pas Samantha, et sa mère adoptive commençait sincèrement à perdre son sang-froid.

Il s'affaissa, son cœur battant la chamade dans sa poitrine tandis qu'il évaluait rapidement la situation.

Déjà, il avait mal au bras, quand un des sbires l'avait saisit par derrière et plaqué contre le mur, il avait nettement perçut un crac provenant de son épaule, et la douleur ne le quittait plus. Il avait bien tenté de couvrir la mère de Sam, pour qu'elle s'enfuie, mais seul contre une dizaine de bandits, il n'avait pas tenu longtemps. Maintenant, toutes les pokéball des otages se retrouvaient entassées dans un coin du stade, les siennes comprises, et un voleur les passait une à une sous une sorte de machine pour les scanner.

Si cela la tension critique se résumait à cela, il aurait pu se convaincre qu'ils pouvaient encore s'en sortir, mais en arrivant ici, ils avaient retrouvés Silver qui essayait de garder en vie Armand, en compressant contre sa plaie à l'abdomen. Puis ensuite, avait suivi Gold, hurlants et se débattant, aux prises d'un colosse, puis une Lily dans le même état, et enfin, le pire. Méfisto était arrivé tel un empereur en traînant derrière lui la carcasse d'Akira Yuki.

La foule avait poussé une exclamation horrifiée, voyant probablement en lui leurs propres futurs. Malheureusement, tout ne s'arrêtait pas là. Lucas aurait préféré.

A peine avait-on choisi un otage pour qu'il parle à la caméra et annonce au monde entier le retour d'Opale, que les évènements se précipitèrent.

Des bandits avaient saisis Silver et jeté Armand dans la foule, un médecin essayait tant bien que mal de le soigner devant ses parents gémissants. Le roux, inerte, s'était retrouvé, écrasé, face contre terre. Et le tumulte avait porté l'attention sur lui, l'attention de Méfisto. Il s'était approché de lui et avait susurré :

-Tiens mais voilà le responsable de tout ça ! Comment vas-tu sale gosse ? Tu te souviens de moi ? Non bien sûr, tu dois te rappeler de Gilles, non de moi. Mais vois-tu Gilles n'est plus là.

Le rouquin n'avait pas cillé, il n'avait même pas arboré une œillade provocatrice de son crû, au contraire, il avait tourné la tête en direction de Gold et son expression s'était crispée. Et méfisto avait sourit diaboliquement, il pointa du doigt Silver, puis Akira, et lança :

-Si toi et lui vous êtes là, je suppose que le reste de l'équipe aussi.

Lucas ignorait les détails de l'opération, il connaissait son existence et les grandes lignes cependant, et il ne put contenir un frisson d'horreur quand Méfisto se retourna vers ses subordonnés pour crier :

-Hey, Tous ceux qui étaient présents à Carmin ! Retrouvez-moi les personnes qui nous ont fait suer ! Ils doivent se trouver parmi les otages.

La réaction n'avait pas tardée, le premier à être empoigné, fut Lily, qu'on balança dans la boue, alors que plusieurs d'entre eux criaient : « C'est elle qui a mené la rebellion dans le métro ! ». Gold se fit happer également, et un type manqua de l'étrangler en hurlant : « Et lui il s'est fait passer pour l'un des notre ! Jean est en prison parce qu'il n'a pas pu fuir à cause des brûlures de son typhlosion ! ». Le dresseur de capumain se retrouva bientôt non loin du rouquin, et essayant de camoufler les tremblements de sa voix il lui balbutia : « On va s'en sortir…T'en fait pas, on va s'en sortir Silver… ». Mais il déglutit bien trop difficilement pour que ses mots ne prennent un ton rassurant.

Les secondes s'écoulèrent une à une, mais aucune Samantha ne fut extirpée de la masse pour être présentée en chien de fusil aux autres. Agacé, Méfisto croisa les bras et abandonna la lutte. Lucas pria intérieurement pour que Sam ait trouvé une cachette, mais sa peur lui soufflait une autre possibilité autrement plus effrayante. L'infirmière Joëlle, frissonnante, ne cachait même plus sa panique, et répétait en boucle « où est Sam ? ». Les pleurs des otages, les gémissements des parents d'Armand, les plaintes pétrifiées, terrifiées tournaient comme un gigantesque tourbillon, un ouragan autour d'eux. Ils percevaient à peine les échos lointains de la police, à l'extérieur, qui demandaient les réclamations de leurs ravisseurs.

A la place, le grognement sourd du maître des bandits se répercuta en eux avec la puissance d'un tremblement de terre.

-Les types que vous voyez là…Commença-t-il simplement en désignant Lily, Akira, Gold et Silver.

Il montra son plus beau sourire, presque innocent, et il acheva avec délectation :

-Sont les raisons de notre attaque sur ce stade.

Un murmure horrifié parcourut l'assemblée. Lucas se mordit la lèvre et tressaillit, fronçant les sourcils. Qu'espérait-il au juste ? Retourner tous les spectateurs contre eux, puis les rejeter dans la cage aux lions ? En assistant à une tuerie dans les règles ? L'esprit humain était faible, surtout sous la pression, et il était simple de montrer un bouc émissaire, en annonçant implicitement qu'une fois débarrassé d'eux, plus rien de graves ne risquait de leur tomber dessus…

-Où est Sam ?

L'infirmière Joëlle venait de se redresser, Lucas avait réagit trop tard, elle se tenait debout et fixait avec désespoir les enfants qu'elle avait accueilli les bras ouverts chez elle. La vision du professeur favori de sa fille, inerte, mourant, outrepassait sa propre terreur, et son timbre morcelée répétait en boucle cette même question, défiant du regard les adolescents un à un.

-Où est ma fille Samantha ? Relança-t-elle à nouveau.

Elle contempla Gold qui sembla la chercher aux orées du terrain, Lily stupéfaite, se mettait elle-même à fureter les lieux, sa face blêmissant de plus en plus à chaque fois qu'Armand entrait dans son champ de vision. Enfin, Joëlle dévisagea Silver. Le petit rouquin, celui-là même qu'elle avait pris en photo accompagné de sa fille, la veille, poussée par la demande ardente de son enfant. Le regard fuyant de Silver lui conféra toutes les réponses qu'elle demandait, à elle, et à toutes les personnes présentes.

L'adrénaline, la fureur pulsa rageusement dans le corps de Lucas qui bondit sur ses jambes et hurla à plein poumons :

-Où est-elle ? Où est SAM !

Un des sbires le saisit aussitôt pour l'empêcher de déclencher une mêlée, mais il n'arrêta pas pour autant ses cris emplis de colère. Ce qui ravit Méfisto au plus haut point. Alors que l'infirmière Joëlle ployait à genoux et fondait en larmes, il demanda sadiquement :

-Alors, d'après-vous, quelle punition méritent-ils ?

Devant le silence tendu des spectateurs, seulement secoués pas des sanglots discrets, des murmures apeurés, il croisa les bras et devina :

-Exactement : la pire qui soit.

Sans plus attendre, il fit volte-face vers ses hommes de mains et ordonna froidement :

-Faites ce que vous voulez d'eux.

Il accentua son œillade victorieuse sur Silver et rajouta :

-Tu te souviens certainement de nos compétences en torture, même en 24 h, on peut te briser. Et cette fois, nous ne nous arrêterons certainement pas pour essayer de t'extirper des infos inutiles.

L'adolescent ne répliqua pas, les yeux ternes, dans le vague, il ne passa qu'une brève lueur de peur, puis elle s'éteignit aussitôt. Mais cette étincelle suffit à paniquer Gold, qui se débattit d'autant plus.

-Silver ! Silver ! Hurla-t-il. –Je…

Sa gorge se serra, et il refusa d'imaginer ce qui avait pu arriver à Samantha pendant son absence, et même quelle implication le roux pouvait avoir dans cette histoire. C'était tout simplement impensable. Il lisait la peine, le regret, la honte dans l'expression de son coéquipier, et tout cela criait la vérité. Quoi qu'il ait pu se produire, il n'en était pas responsable ! Un frisson le glaça, quand il revit les geôles froides d'Opale, l'image du corps frêle du rouquin baignant dans son sang le transperçait encore de part en part dès qu'il y songeait. Et ca allait recommencer ! Tout allait recommencer alors qu'il se remettait à peine de ses plaies ! Il…

La mine paniquée, effrayée que le roux avait affiché sous lui, lors de leur « baiser accidentel » le frappa de plein fouet. Et les mots sortirent d'eux même, lui arrachant la glotte, lui raclant le palet et lui transperçant les poumons :

-JE NE LES LAISSERAI PAS TE TOUCHER !

Silver, habituellement, était probablement bien trop fier pour laisser filtrer ses émotions, il niait, il évitait de parler du sujet qui fâche. Depuis son emprisonnement, il ne s'était pas confié à lui une seule fois, jamais il n'avait conté les horreurs qu'il avait subit. Non, ils parlaient au travers des souvenirs qu'ils partageaient d'Holly. Dans les heures infernales qu'il avait vécus enfermé, il avait du montrer une résistance à toute épreuve, une dureté phénoménale et un sang froid immense, comme il l'avait conservé une fois sa liberté recouvrée. Aussi, quand le roux tourna la tête vers son ami, Gold s'était attendu à tout, du « comme si tu le pouvais minable » au « Tu m'files mal au crâne, arrête de hurler », à tout, sauf à ça.

Silver secoua la tête de droit à gauche, comme pour lui signifier de ne pas intervenir, et une larme roula sur sa joue, repassant sur un sillon déjà rouge.

Le cœur de Gold se fendit en deux.

Méfisto se régala face à ce spectacle, et il enchaîna :

-C'est une excellente idée gamin.

Sans ménagement, il envoya Akira Yuki dans un de ses sbires, la poupée désarticulée bougea imperceptiblement, mais le chef l'ignora et lâcha :

-Tous dans la même pièce, faites cela dans un ordre précis, et qu'aucun d'eux ne rate une seule seconde de ce la représentation. Je veux entendre leurs hurlements d'ici.

Lucas se tortilla, essayant d'échapper à ses liens, mais les adolescents, et les professeurs furent emportés loin d'eux. Et bientôt, au silence morbide qu'avait imposé cette déclaration, se substitua une mélodie semblant provenir tout droit des suppliciés damnés.

Le meilleur ami de Daniel plissa les yeux sentant les sanglots le gagner, et il se concentra sur autre chose pour ne pas sursauter à chaque nouveau bruit. Priant intérieurement que cela cesse rapidement, d'une façon, ou d'une autre.

Une heure plus tard, Peter posait pied à terre devant le stade, son regard mordoré brillant d'une colère noire, tel l'orage décrit dans la genèse.

Eléanore, ou plutôt Miyu, de même, atterrissait non loin de là, manquant de tomber à la renverse parce que la gamine avait mal évalué le niveau du sol et les avait fait réapparaitre à dix mètres de hauteur.

Daniel gémit, se tenant le bas du dos, tout engourdi, tandis que la Gijinka constatait avec étonnement qu'elle n'était « plus capable de flotter dans les airs sous cette forme ». Quelle poisse.

Le gamin ne sut pas vraiment quoi répliquer à cela, et il l'aida à se remettre sur ses jambes, en évitant de croiser le regard doré qui contrastait tellement avec celui habituel d'Eléa. A vrai dire, tout son être marchait, fonctionnait différemment, chaque mimique n'avait plus rien à voir avec celle qu'il connaissait, aussi une œillade lui avait amplement suffit pour savoir la vérité. Même si au début, il ne s'attendait pas à recevoir une réponse affirmative.

-Bon on s'grouille ! Répliqua aussitôt l'adolescente.

Sans plus attendre, elle se précipita vers le stade, et fonça droit dans le mur, pour se rétamer lamentablement. Daniel resta statique une seconde, juste ébahi. Miyu bondit sur ses jambes et s'exclama furieux :

-Je peux plus traverser les murs NON PLUS ? C'est TROP NUL !

Eléanore au dessus de ça, eut envie de le frapper. Heureusement, une explosion survint un peu plus loin, et une fissure créa un passage à quelques mètres d'eux seulement.

Le maître des dragons trancha la foule de policier et brisa sans ménagement les barrières, les scellés indiquant l'enquête. Les négociateurs s'approchèrent de lui, comme pour le contenir, mais il leur présenta l'étoffe de sa cape, pourvu de l'insigne de Twilight et de la marque des champions de la ligue.

Instinctivement, les forces de l'ordre reculèrent. Peter ne fit pas dans la dentelle, il dégaina ses pokéballs, un dracoloss bomba le torse. La créature dragon leva l'encolure, et souffla un ultralaser surpuissant qui traversa la structure de en ciment comme du beurre.

Un agent Jenny, probablement plus courageuse que les autres, s'interposa, et ne put s'empêcher de hurler :

-Vous mettez la vie des otages en jeu en fonçant ainsi dans le tas !

Mais Peter ne lui accorda que cette réponse vibrante de fureur :

-Non, je les sauve.

Sans plus attendre, il relâcha toute son équipe, Altaria, Draco, Leviathor, Drattack, et Carchakrok s'ajoutèrent à la liste des combattants. Les deux Pokémons volants battirent des ailes pour s'occuper de la voie aérienne, et le reste suivit son dresseur. Peter rangea la pokéball de Suicune dans son manteau, et il s'infiltra dans le stade.

Les policiers virent alors avec stupéfaction, deux gamins, le suivre au pas de course. Cependant s'ils les forces de l'ordre affichèrent des mines défaites, elles ne valaient pas la comparaison à celle qu'afficha Peter en les entendant arriver.

-Qu'est-ce que vous faites là ? Eructa-t-il.

Daniel se tassa un peu, mais il ne montra aucun signe de regret pour autant. Miyu quant à lui, croisa les bras et il répliqua :

-On fait comme toi ! Allez, maintenant c'est trop tard !

Le maître des Dragons blêmit, mais malgré lui, il ricana et lança :

-Vous êtes vraiment têtus.
-Autant que toi !
-Pas faux. Avoua Peter, mal à l'aise.
-Que peut-on faire pour aider ? Demanda ardemment Daniel en s'imposant dans la conversation.
-Vous n'êtes pas assez forts pour battre Méfisto, laissez-le moi, je veux que vous protégiez un maximum les otages, et si vous pouviez vous occuper de quelques sbires.
-Sans problème ! Assura Eléa.

Le Kazamatsuri libéra toute son équipe qui se dispersa dans le couloir, et il posa une main sur la garde de ses épées, dans son dos, avec une grimace anxieuse. Miyu sursauta, et il envoya les sphères contenant l'équipe d'Eléanore. Malheureusement, si Ash, Pilou, Torch, et Evoli montrèrent le bout de leurs museaux, ils restèrent plantés là, assis, au milieu du passage.

-Allez, tous avec moi ! S'enthousiasma le spectre.

Les Pokémons se grattèrent nonchalamment et le fantôme de Miyu poussa une plainte exaspérante :

-Mais qu'est-ce qui cloche encooore ?
-Tu n'es pas leur dresseuse…Essaya Daniel doucement.
-Mais ils me connaissent bien !
-Je suppose, qu'ils ne veulent obéir qu'à Eléa.
-Comment ça qu'à Eléa ? S'étonna Peter.
-Trop long à expliquer, éluda Miyu aussitôt.

Le corps de l'adolescente fronça les sourcils et elle sembla réfléchir ardemment, puis lasse, elle lâcha :

-Bon, ils obéiront à leurs instincts ! Ils peuvent bien se débrouiller seuls, Eléa les a entraînés pour ça !

Sans plus attendre, ils reprirent la course, et l'équipe d'Eléa, après un moment de flottement, abandonnés dans le couloir, se mit également en marche, intrigués.

La lumière du jour les aveugla un moment quand ils débouchèrent enfin sur le terrain. Les sbires se tournèrent tous vers eux, comme une seule entité. Méfisto croisa le visage de Peter, et il sourit.

-Tiens tiens, le héros débarque, tu n'en as pas assez Peter ? Ce n'est plus de ton âge tout ça tu ne crois pas ?

Le maître dragon eut un rictus, et il grogna sans une once de peur :

-Si tu savais le nombre de fois où j'ai rêvé de te foutre une correction !

Il leva le bras. Soudain, Altaria, Drattack et Dracolosse se dessinèrent au dessus d'eux, et une bourrasque s'abattit sur le stade. Le tas de pokéball captives s'envola, comme un château de cartes ; Ce fut comme le signal de départ.

Miyu s'approcha de la foule et avec assurance, ordonna :

-DEHORS !

Les spectateurs n'eurent pas le temps de reprendre leur souffle, la plupart d'entre eux disparurent dans un éclair flamboyant. Eléa sourit, et posa un genou à terre, le contre-coup de la technique la rattrapant. Lucas, un des uniques rescapés se précipita vers elle, mais elle lui signifia de rester à sa place d'une œillade sévère.

Elle se crispa à nouveau.

Une protection empêcha les otages de se faire toucher par un écho de la bataille.

Elle se prépara au deuxième et dernier voyage des survivants, et alors Lucas lui hurla au dernier moment :

-Silver et les autres sont dans une autre pièce !

Puis l'illusion se dissipa, sa silhouette se brouilla avant de s'évanouir totalement.

Miyu vacilla, le souffle court, La souris électrique, Pilou, paralysa l'importun qui voulut profiter de son relâchement pour s'attaquer à elle, et Ash lui crama le derrière. Elle sourit. Même s'ils ne l'écoutaient pas, au moins, ils faisaient quelque chose pour la protéger.

Malheureusement la situation empirait dramatiquement, les sbires relâchaient leurs Pokémons, une armée de démoloss affluait vers eux, Daniel avait beau se frayer un chemin dans la foule pour assommer le plus possible de bandits avant qu'ils n'aient pu émettre le moindre son, ils étaient bien trop nombreux pour lui et ses Pokémons.

Alors que le gamin aux yeux vairons se faufilait derrière un des types aux décorations plus reluisantes, surement un chef, un chien ténébreux lui mordit la cheville, et il se retrouva sur le dos, le souffle coupé. Il eut à peine le temps de dégainer ses épées de bois pour éviter de se faire trancher la tête. Goboue intervint alors, d'un pistolet à o bien placé, il fit vaciller le sbire. Le gallame de Nathaniel s'occupa du reste avec une coupe psycho.

Miyu ne savait plus où donner de la tête.

Peter quant à lui, luttait contre Mefisto, et se trouvait en mauvaise posture, car il n'avait pris que dracoloss, préférant que les autres aident les gamins dans son dos. Sans parler de Silver, Gold, Yuki et Sam qui restaient introuvables.

Le spectre se remit sur ses jambes et essaya de pétrifier les créatures opposantes à l'aide d'un cage-éclair, qu'il alliait à celui de Pilou, mais il fatiguait.

Une secousse ébranla alors le stade. Lucas revint en courant, accompagnés des forces de l'Ordre, et de ses Pokémons. Son chamallot hennit et un nouveau séisme déstabilisa les adversaires. Le brun sécha les restes de ses pleurs, et tenta un sourire. De toute évidence, en voyant les otages à l'abri, la police avait retrouvé l'usage de ses jambes.

-Lucas tu vas bien ! S'exclama Daniel dans un sourire rassuré alors qu'il ordonnait à son Riolu d'assommer d'une masse d'os un nouveau bandit.

Sa tactique, d'abattre d'abord les dresseurs plutôt que les Pokémons sembla illuminer l'esprit de Lucas et il pointa du doigt Méfisto. Ils échangèrent une œillade complice.

Les deux adolescents chargèrent, synchrones. Peter, vit avec désespoir son dragon tituber face à une attaque de l'électrode du chef d'Opale. Mais alors qu'il s'apprêtait à assister à sa propre fin, une emprise psychique s'empara de la sphère animée de vie.

Le mentali de Lucas, le poil hérissé se contracta. Méfisto rugit :

-C'est un duel ne vous mêlez pas de ça !

Il n'eut pas le temps de prononcer un mot de plus, Daniel se plaça dans son champ de vision, toute la rage, la rancune d'être interrompue, trouva une nouvelle cible. Et le cizayox abandonna le maître dragon pour se concentrer sur le garçon. Celui-ci croisa ses fers, et une aura noire l'entoura : Son Riolu s'interposait.

L'attaque riposte !

Le petit chiot répliqua à l'estocade avec une puissance qui dépassait de loin son niveau normal.

Méfisto retint un hurlement rageur. Il s'apprêtait à se ruer sur le gamin aux yeux vairons, quand il vit son visage fondre, pour que sa constitution laisse place à celle d'Eléanore, la gamine aux cheveux verts. Un frisson d'angoisse le saisit, et avant qu'il n'ait pu dire quoi que ce soit, il se fit soulever au dessus de terre, prisonnier entre quatre protections provenant d'un ramoloss.
Le Massko de Lucas ne fit que saupoudrer la prison d'une attaque spore pour mettre fin au combat. Avant de sombrer dans l'inconscience, il souffla avec rancune :

-Vous parlez d'une bande de héros, se mettre à cinq contre moi…

Peter vacilla sous la remarque, tandis que Daniel derrière lui, l'aidait à se remettre debout. Une sensation affreuse s'insinua en lui, et quand Miyu jeta un regard indifférent à l'être malfaisant, avant de murmurer, c'était trop tard :

-L'important c'était de vous arrêter, on se fiche des moyens pour y parvenir.

Le bandit s'écrasa, vaincu une bonne fois pour toute, et d'un geste violent, la Gijinka le fit disparaitre, il était probablement déjà en partance pour les cachots de Twilight, au fond de la grotte de cristaux. Et ça ne leur faisait, ni chaud ni froid. Au contraire, Eléa fit volte-face aussitôt, et alors que les combats battaient leurs pleins autour d'eux, vrombissants, tonitruants, elle s'exclama :

-Il faut retrouver les autres !

Lucas hocha gravement du chef, et il indiqua d'un mouvement de tête une porte au loin avant de hurler :

-Ils sont là-bas !

Peter sursauta.

-Silver ? Où est Silver ? Balbutia-t-il, comme se rendant seulement compte de son absence.

Lucas se pinça les lèvres.

-Et Gold ? Yuki ? Et Sam ? Enchaîna Eléa, blême.

De nouveau le brun baissa la tête. Les cœurs des protagonistes se serrèrent, et ensemble, ils se précipitèrent dans la direction qu'il leur avait montré. Seul Daniel resta inerte, il dévisagea longuement son meilleur ami, inquiet de le voir si pâle, et alors les mots sortirent :

-Samantha a disparu Daniel… ! Et…Je…J'ai accusé Silver d'en être responsable ! C'est…S'il est…
-Samantha ?

Le timbre du garçon aux yeux vairons sonna avec curiosité dans le chao ambiant. Distordu, bordés des illusions de la panique, des regrets, Lucas ne perçut pas l'interrogation sincère de son camarade, et il n'y discerna qu'une inquiétude similaire à la sienne. Alors, il craqua et éclata en sanglots.

Un peu plus loin, une porte s'ouvrit à la volée, et Peter pénétra dans la salle sans ménagement pour assister à un spectacle dont il se serait bien passé.

Les enfants avaient perdus connaissances, et une Lily se débattait encore aux prises avec un Bandit, enchaînant les coups de pieds, esquivant du mieux qu'elle pouvait, se faisant surprendre par derrière, puis ramenée au sol, avant qu'elle ne s'échappe à nouveau.

Un son infâme s'éleva dans la pièce, et tous les sbires vacillèrent avant de tomber, assommés. Miyu se rua à l'intérieur, et aida une Lily sanglotante à retrouver un peu de contenance. Mais elle ne parvint pas à calmer ses hoquets. Peter chercha du regard Silver, Gold, ou même Akira, qu'il dénicha au fond, entassés les uns sur les autres.

-C'était…C'était affreux…ils ont…ils ont…

Lily tremblait comme une feuille sous l'étreinte d'Eléanore, qui refusait de fixer ses amis dans un état pareil. La voix de la brune se brisa, et elle balbutia :

-Même les enfants…Même les enfants…Et Armand…Et Sam…Mon dieu…

Elle se recroquevilla sur elle-même, incapable de soutenir davantage.

Quand Peter rejoignit les adolescents, il constata les marques zébrées sur leurs peaux, dûs à des chocs électriques, et en essayant de ramasser Gold, son gant se teinta de sang.

« « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « «

Une goutte d'eau s'écrasa sur sa joue, et Samantha fronça les sourcils, un pli barra furieusement l'arête de son nez tandis qu'elle émergeait de son demi sommeil.

Le matelas sous elle, se montrait particulièrement dur. Hagarde, elle se hissa dans la position assise, et scruta, le paysage flou, dansant devant elle, indécise. Une migraine assaillit son crâne et elle gémit. Doucement, elle tenta se remit sur ses jambes, et se dit qu'il faisait un froid de canard dans sa chambre.

Cependant, après un moment de confusion, elle trouva les lieux bien ternes et gris, pour qu'il corresponde à sa maison. Elle secoua la tête, et sa chevelure, gorgée d'humidité claqua sur son dos, lui arrachant un cri surpris. Elle fit un pas en arrière, et un lien enserra ses chevilles, elle tomba à la renverse, sur l'asphalte.

Cette fois, elle écarquilla des yeux, et put distinctement constater qu'elle ne se trouvait pas chez elle. Et encore moins dans un lieu familier. Une pièce nue, sombre, tout en béton, avec pour seule ouverture une porte en bois, d'où filtrait un mince rayon de lumière.

Sam trembla, tentant d'ordonner ses pensées, mais rien ne lui vint à l'esprit, si ce n'est le regard noir, de conquérant, et la silhouette diffuse d'Armand. Un cliquetis tinta, et elle découvrit avec stupeur des chaînes à ses pieds, directement reliées au sol.

Tout lui revint avec la brutalité traitresse d'une claque.

Une voix retentit dans l'obscurité de son enclos :

-Bien dormi Holly ? J'espère que tu apprécies ta nouvelle maison ? Tu croyais sincèrement pouvoir me berner en te rajeunissant ? Tu oublies que je te connais parfaitement, tu auras beau changer d'apparence, je te reconnaitrai toujours.

Un frisson donna le haut le cœur à Sam, et elle balbutia :

-Où suis-je ? Vous vous trompez ! Je ne m'appelle Pas Holly ! Je m'appelle Sam ! Samantha Joëlle !

Mais personne ne lui répondit en retour, elle perçut juste un ricanement lointain, comme se moquant de sa situation. Le bruit sourd d'une porte qu'on claque, et cette fois, l'unique source de lumière provenant de la porte disparut.