Conseil de guerre
Le lendemain, Elrond entra dans la chambre de la blonde. Elle était vêtue d'une robe noire avec des dentelles sur son décolleté. Ses bottines bouges claquaient sur le sol de marbre et ses collants allongeaient sa silhouette. Ses gants de satin arrivaient à la moitié de ses avant-bras et elle portait une magnifique couronne dorée.
Le seigneur elfe la félicita pour sa tenue magnifique qui la rendait désirable et redoutable.
-Vous êtes pleine de surprises Cynthia. Je n'ai rarement vu une humaine surpasser en beauté certains des premiers-nés.
-Merci du compliment. Je suis belle, n'est-ce pas ?
-Oui. Je voulais vous rappeler que notre réunion va débuter dans quelques minutes. Si vous voulez bien me suivre.
Quelques minutes après, sur une des terrasses de la cité, des représentants de tous les peuples libres de la Terre du Milieu se réunirent. Elrond présida la séance et commença par un petit discours.
-Etrangers venus de terres lointaines, vous êtes réunis pour répondre à la menace du Mordor. Vous vous allierez ou vous serez détruits. Montrez leur l'anneau Frodon.
Le jeune hobbit se leva et posa le bijou d'or sur l'autel central. Tous regardèrent avec attention l'arme de Sauron. Un des étrangers, un homme du sud se leva.
-Pourquoi ne pas s'en servir ? Depuis longtemps mon père, l'intendant du Gondor, tient à distance les forces du Mordor. Donnez au Gondor l'arme de notre ennemi et laissez nous l'utiliser contre lui.
Aragorn se leva.
-L'anneau unique ne sauvera pas la Cité Blanche. Il n'obéit qu'à Sauron, il n'a pas d'autre maître.
Le dénommé Boromir s'énerva contre le rôdeur, incapable d'admettre avoir tort. Lorsqu'un des elfes se leva pour défendre Aragorn, Cynthia apprit que leur guide sauvage était en réalité l'héritier du trône du Gondor. Elle n'avait rien dit jusque là et s'ennuyait presque entre Gandalf et Frodon. Elle décida de se lever et de prendre la parole, n'ayant pas apprécié le ton employé par Boromir à l'égard de son ami Aragorn.
-Aragorn à raison, nous ne pouvons pas l'utiliser.
Pris au dépourvu, le guerrier sursauta avant de se montrer agressif et étonné.
-Qui êtes vous ? Je ne vous ai jamais vue.
-Je suis Cynthia et je viens d'un autre monde. Détruire l'anneau est la seule chose que je puisse faire pour aider ce monde.
Elle avait résumé très succinctement sa situation, ce qui n'empêcha pas son interlocuteur de répliquer hargneusement.
-Le rôle d'une femme n'est pas au combat. Vous n'avez rien à faire ici.
Cynthia ne s'attendait pas à une telle remarque machiste. Elle avait changé de tenue le matin même et Frodon admirait alors ce qu'il pensait n'être qu'une robe d'apparat. Personne ne pouvait imaginer que ces vêtements étaient la marque des pouvoirs qui avaient servi à ôter des centaines de vies. La dresseuse qui avait récupéré partiellement ses dons se planta devant Boromir. Bien qu'elle fasse une tête de moins que lui, elle le regarda avec détermination.
-Sachez que je sais me battre. En douteriez vous ?
-Vous ne m'impressionnez pas. Je persiste à croire que vous n'avez pas votre place ici, les faibles n'ont rien à faire au combat.
Tout s'enchaîna très vite. Elle perdit son sang-froid et s'entoura d'une lueur pourpre. Une petite attaque Vibrobscur fit voler Boromir à vingt mètres. Lorsqu'il se releva, la dresseuse était toujours entourée d'une aura froide qui se dissipa subitement. Elle balaya l'assemblée du regard, jubilant de voir tous ces regards emplis de surprise et teintés de respect, voire de crainte.
-Que ceux qui ont d'autres remarques le disent. Y a t'il quelqu'un d'autre qui soit gêné par le fait que je sois une femme ?
Alors que l'on pouvait entendre le vent souffler, Cynthia regarda de nouveau l'assemblée avant de se rasseoir.
-Bien, je vois que nous sommes d'accord sur ce point.
Elrond profita du silence pour dire une vérité.
-L'anneau doit être détruit.
L'un des nains, un roux à la longe barbe se leva et prit sa hache.
-Qu'attendons nous pour le faire ?
Il se jeta sur l'anneau avec son arme. D'un coup, sa hache éclata en fragments pendant qu'il était repoussé au loin.
Frodon sembla souffrir du choc mais Cynthia ne l'aperçut pas. Elle avait eu une vision lors de l'impact. Un immense œil de flammes s'imprima dans son esprit pendant une fraction de secondes.
Devant l'échec de la tentative du guerrier trapu, Elrond annonça qu'il n'existait qu'un seul moyen de détruire l'anneau.
-Il faut l'emporter dans l'abîme flamboyant d'ou il apparut autrefois et le jeter dans les crevasses de la Montagne du destin. L'un de vous doit le faire.
Boromir fit alors une rapide description du Mordor, mettant le moral de l'assemblée au niveau de la fosse ou résidait Lugia. Cette quête était tout bonnement suicidaire. L'entente précaire ne se maintint pas longtemps. Une nouvelle querelle entre elfes et nains éclata, suivie d'une joute verbale générale.
-Nul ne peut faire confiance à un elfe !
-Mais vous n'en avez que faire de mon peuple.
Au milieu de cette dispute, l'anneau semblait se délecter du chaos dont il était la cause. Cynthia, Gandalf, Frodon et Elrond désespéraient de voir les peuples libres incapables de s'unir. Cynthia tenta de les faire taire plusieurs fois.
-Nous avons un problème plus grave que la frontière nord du Gondor ou l'on ne met jamais les pieds ou du goût de la bière des nains et de la douceur des chants elfiques.
Personne ne l'écoutait, alors elle perdit son calme.
-VOS GUEULES !
Son cri couvrit à peine la dispute, même si le seigneur de Fondcombe sursauta. Frodon se leva et cria.
-Je vais le faire !
Comme par miracle, tous se retournèrent vers le hobbit inébranlable dans sa conviction.
-J'emporterai l'anneau en Mordor, bien que je ne connaisse pas le moyen.
Le vieux magicien et Cynthia se levèrent.
-Je vous aiderai à trouver ce moyen, aussi longtemps que vous aurez à porter ce fardeau.
-Je me joindrai à vous Frodon. Il n'est guère dans mes habitudes de lâcher mes amis quand ils sont en position critique.
Aussitôt, Aragorn fit serment de protéger le porteur, suivi de l'elfe Legolas et du nain Gimli. Au grand déplaisir de Cynthia, Boromir se joignit à eux. Aussitôt, un cri se fit entendre et le jardinier de Frodon se mit avec le groupe.
-Monsieur Frodon n'ira nulle part sans moi !
Elrond fut amusé de l'attachement de Sam à son ami.
-Non en effet. Il n'est guère possible de vous séparer, même s'il assiste à un conseil secret et vous non.
Sam rougit, mais la surprise n'était pas terminée.
-Nous venons aussi !
-Il faudrait nous renvoyer chez nous attaché dans un sac pour nous en empêcher.
Elrond fut moins amusé de voir que son conseil secret était aussi visité qu'un moulin. Pippin crut bon de se justifier.
-En tout cas, vous avez besoin de gens intelligents pour ce genre de mission … quête … chose ?
-Alors là, tu es hors course Pippin !
Gandalf soupira devant la franche détermination des semi-hommes tandis que l'elfe présidant ce conseil regarda le groupe avant de sourire.
-Dix compagnons. Qu'il en soit ainsi. Vous formerez la Communauté de l'Anneau.
Alors que les membres du groupe se réunirent dans une posture héroïque, une petite voix, celle de Pippin, s'éleva et fit voler en éclats l'instant mythique, faisant rire Cynthia au passage.
-Chouette. Ou est ce qu'on va ?