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Les Chroniques des Univers: [Tome 3] Le Cristal du destin de imhotep43



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Informations

» Auteur : imhotep43 - Voir le profil
» Créé le 22/03/2009 à 01:09
» Dernière mise à jour le 22/03/2009 à 01:09

» Mots-clés :   Science fiction   Sinnoh

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Chapitre 3: Famille de fous
Le bus à moteur électrique longeait Unionpolis. La ligne 68: Féli-cité/Verchamps passait au dessus de Charbourg, sous la montagne par le tunnel Sud puis dans la périphérie de la ville des concours sans pourtant la traverser avant de redescendre dans les marais. Qu'il était loin le temps où les dresseurs mettaient plusieurs jours pour faire cette même route, se perdant dans les forêts, s'écorchant sur les rochers dans les cavernes du Mont Couronné et s'enlisant dans la boue de la route qui menait à Verchamps. Cyrus n'avait pas connu cette époque-là, à regret. Chaque fois qu'il rentrait chez lui, il ne pensait pas au confort douillet de son lit, mais plutôt aux folles péripéties qui guettaient les dresseurs qui voulaient bien s'aventurer au fond des bois pour y trouver les Pokémon les plus rares et les plus forts.

Demain, ce serait son tour. Il aurait pu être impatient, fébrile même à cette idée, mais autre chose le préoccupait. Avait-il bien fait de laisser Nina ? Son hésitation, et surtout la décision de son père concernant les Pokémon le troublait. En vingt ans, il avait bien du voir que ces compagnons pouvaient faire autre chose que ce se battre. Alors pourquoi refuser ce plaisir à sa fille ? Vu son âge, il avait du le vivre, et ne parlons pas de Sorbier qui avait lui-même voyagé par monts et par vaux pour mieux les connaître.

A cela s'intercalait régulièrement des visions de bébés Pokémon à peine sortis de leur oeuf. Il avait beau être préoccupé, c'était important pour lui de savoir qui il prendrait demain. Depuis la mort de sa mère, autant dire depuis la naissance du jeune homme, ce dernier avait pris l'habitude de gérer toutes sortes de problèmes en un minimum de temps. Son père était très exigeant avec lui. Cyrus devait chaque jour faire ses preuves pour lui montrer que sa mère n'était pas morte pour rien. Puis une annonce dans le haut-parleur le sortit de sa réflexion sans réponse.

"Manoir Pokémon, manoir Pokémon, les passagers nous quittant sont priés de se rapprocher des portes arrières du bus et de libérer l'accès aux sièges rapidement merci."
Et en effet, derrière un épais mur seulement arrêté par un portail presque aussi imposant, la façade sud du manoir s'offrait aux regards des curieux.
"Bienvenue à la maison Cyrus, pensa le jeune homme."

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Il franchit le portail en le faisant grincer sur ses gonds. Le manoir devait sacrément être vieux. Sans les efforts des femmes de ménage et du majordome, cette villa avec piscine, voitures de luxe et autres symboles de richesse évidente se serait très vite transformée en une ruine innommable. Dans les jardins, deux Grahyena et un Arcanin montaient la garde. Reconnaissant leur jeune maître, ils s'empressèrent de lui faire la fête sur son passage.

Cyrus, lui, n'avait pas le coeur aux explosions de joie, il ne l'avait jamais à vrai dire, sa vie se résumant à des victoires souvent jalousées et à des reproches lorsque il échouait. Cependant, il passa machinalement sa main dans la fourrure touffue des deux chiens ténébreux et plus longuement dans celle, plus douce, d'Arcanin. Il était vieux, même pour un Pokémon de cette trempe, mais toujours infatigable. Ses deux compagnons eux, étaient plus jeunes, mais semblaient bien inexpérimentés face au chien de feu. Ramenant ensuite sa main au niveau du visage, le jeune homme sentit la douce odeur de la lotion de toilettage qui s'était imprégnée dans sa manche. Stanislas n'avait pas chômé encore une fois...

Finalement, Cyrus arriva à la porte en chêne massif qui donnait sur le manoir. Si l'accès était libre jusqu'ici, pour quiconque survivait aux chiens, ce n'était pas le cas au seuil de cette énorme porte. Frappant sur le battant, il se retourna une dernière fois pour intimer aux trois chiens de filer. Son père ne leur trouvait qu'une utilité de chien de garde, Cyrus s'occupait de leur donner l'affection que le maître des lieux se refusait à leur offrir. Les Grahyena n'étaient pas des Pokémon bien vus, et Arcanin, bien que plus noble, était trop imposant et impulsif pour rester dans cette maison pleine de porcelaine de valeur inestimable, made in China, de bibelots "chargés de 200 ans d'histoire", mais dont les codes-barres étaient encore visibles à qui savait où chercher...

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La porte s'ouvrit finalement, sans même qu'on se demande qui venait. La régularité des lignes faisait que le bus arrivait presque toujours à 18h33 au manoir.

Presque plus par automatisme que par réelle surprise, une voix prononça:
"Oh, c'est vous, maître Cyrus ! Bienvenue chez vous. Vous allez bien ?
-Très bien, merci, Stan.
-Je vous débarrasse, peut-être, demanda poliment le majordome."

Cyrus confia ses sacs aux bons soins de Stanislas. C'était un homme d'une soixantaine d'années comme on n'en faisait plus. Gentil à souhait, débrouillard et pourtant au service d'un autre homme bien moins sage que lui. Il ne se plaignait jamais, même pas quand il était seul, et le travail ne lui faisait pas peur. Il avait plusieurs personnes sous sa responsabilité et ne s'en plaignait pas. Les quatre femmes de ménage étaient au moins aussi sûres et raisonnables que lui, et si l'extérieur restait son terrain de jeu favori, il confiait sans aucune crainte l'intérieur du manoir au soin des jeunes employées.

"J'ai remarqué que le portail couine un peu ces derniers temps, déjà la semaine dernière, mais je pensais que vous l'auriez noté de vous même entre-temps.
-Cela vous gène t'il, monsieur ?
-Si ça ne tenait qu'à moi, cela pourrait rester comme cela des mois. Mais ça devient assez strident comme son, et les invités de mon père...
-N'en dites pas plus, je vois ce que vous voulez dire. Merci de me l'avoir signalé, votre père donne une réception demain soir."

Stan faisait toujours la différence entre ce qui posait problème à Cyrus et ce qu'il lui rapportait parce qu'il connaissait les lubies de son père. S'il satisfaisait avec grand plaisir les demandes du jeune homme, il lui en était d'autant plus redevable lorsqu'il lui signalait ces petites imperfections dans le manoir qui pourraient lui valoir un sermon de la part du père de Cyrus. L'adolescent, de son côté, appréciait plus que tout Stan, et pour rien au monde il n'aurait voulu le voir remercié pour des broutilles de ce genre auxquelles son père prêtait pourtant une attention démesurée.

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"Vous avez parlé d'une réception demain ? Mon père sait au moins que je ne serai pas là dans la journée ?
-Il le sait, et chose surprenante, il semblerait même que ce soit pour fêter le début de votre carrière de dresseur que cette petite sauterie ait été organisé.
-Mon père, s'intéresser à moi ? Allons Stan, on ne parle pas de la même personne.
-C'est sur son ordre express que j'ai préparé cette surprise.
-Surprise ? Stan, vous devenez vraiment trop vieux je crois...
-J'ai pensé que vous auriez aimé être au courant que les amis de votre père viennent fêter vos débuts avec la même euphorie que vos anniversaires."

Cyrus avait connu de nombreuses fêtes. La seule qui le concernait était son anniversaire. Et Dieu savait que c'était ennuyeux à mourir. Si c'était pour une autre expérience du genre, mieux valait être prévenu en effet.

"Je ferai comme si je n'avais rien entendu, chuchota Cyrus. Merci de m'avoir mis au courant.
-Et merci de n'avoir rien entendu, répondit Stanislas sur le même ton. Votre père est dans la bibliothèque si vous voulez le voir."

Poliment, le majordome prit congé, emportant les sacs d'école à sa suite dans le grand escalier de marbre qui menait aux étages. S'il n'avait pas donné sa démission durant tout ce temps, c'était bien pour pouvoir profiter de Cyrus. Le jeune homme songea que quand il partirait, le pauvre Stan s'ennuierait vite.

Presque à regrets, Cyrus longea l'escalier par la droite et frappa poliment sur une porte de taille plus raisonnable que l'immense entrée. Attendant un "Entrez" qui ne tarda pas, le jeune homme prit une dernière inspiration. Encore un face à face avec l'autorité paternelle, ça promettait.

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"Bonjour père" prononça timidement Cyrus en entrant dans la pièce aux murs de velours.

Dans le silence de la bibliothèque, chaque mot était prononcé avec une diction presque religieuse. Le temple de la culture ne devait pas être souillé par les mots inutiles ou écorchés, impies qui auraient sans doute pu faire s'écrouler cette pièce, qui sait... Cyrus s'attendait à un accueil froid, comme à l'accoutumée, et quelle ne fut pas sa surprise lorsque son père se leva, et se rapprocha de lui les bras grands ouverts pour l'embrasser.

"Cyrian, mon fils, quelle plaisir de te revoir. Tu nous as manqué ici, tu sais ?
-Père, vous êtes sûr que ça va ? "

L'homme sembla se renfrogner. Il avait mal pris cette remarque. Tout de suite, ça lui ressemblait plus.

"Qu'insinues-tu, fils ? Tu doutes de la sincérité de mes sentiments ?
-Non, réagit immédiatement Cyrus, pas du tout. Mais dans l'obscurité de la pièce, je vous trouvais assez pâle."

Son mensonge éhonté l'aurait fait rougir, plus jeune, mais à force de fréquenter un égocentrique, on savait comment le flatter et se le mettre dans la poche si on faisait quelques efforts. Apparemment cela marcha, car son père retrouva son sourire assez déconcertant pour quiconque n'y était pas habitué.

"Comment s'est passé cette semaine de cours, dis-moi ?
-Assez bien, pour selon que c'était la dernière, les professeurs ont trouvé de quoi nous occuper.
-De quoi t'occuper ? Toi qui résous les problèmes mathématiques à la vitesse de l'éclair ? Qui récite plus de dates en une heure que quiconque ne saurait en retenir dans toute une vie ?
-Que voulez-vous, la réputation de l'école n'est pas à faire. On nous prépare pour tout et n'importe quoi, c'était normal de tester les limites de chacun.
-L'Académie des Lys Blancs, une école de qualité, je le sais bien. Quand j'avais ton âge déjà, oh bien sûr, je n'étais pas aussi brillant que toi, mais je savais que là bas, je m'épanouirai, et tu me vois maintenant !"

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En effet, pour ce qui était de s'épanouir, il avait réussi. Le père de Cyrus, Andrea Versili, directeur et ingénieur de talent de la société Versili, avait conçu au sein de son entreprise des projets extraordinaires dans sa jeunesse. Le pont à haubans de Rivamar qui traversait la mer sur plusieurs kilomètres pour rejoindre la ligue, le tunnel de Joliberges, pour faciliter l'extraction du fer de l'île située au Nord-Est, et son chef-d'œuvre, le TSA, Train Subaquatique, reliant les îles Pokémon dans un gigantesque réseau ferré, à la vitesse de 300 km/h, dont il se vantait d'avoir conçu le tracé de la ligne, le design des rames et dont, son conseil d'administration ne souhaitant pas le suivre, il avait offert à son unique adversaire sur le marché, moyennant une bonne part sur les bénéfices, le privilège de construire cette ligne que tout le monde reconnaissait désormais comme indispensable. Un géant de la construction était né de la fusion des deux entreprises, et ce grâce à l'audace d'Andrea.

Il était alors un jeune PDG de 25 ans, aux cheveux bruns et aux yeux d'un vert intense, qu'il avait transmis à son fils. Il avait rencontré quatre ans auparavant la mère de Cyrus, Maeva. Son empire était au beau fixe, son coeur était pris, c'était encore le monde d'avant... Le TSA fut sa révérence au monde de la construction. Il restait toujours actionnaire de sa société mais des conseillers faisaient le travail à sa place. Il avait choisi de se retirer lorsque ce projet, palliatif à la disparition de Maeva, était arrivé à son terme. Il risquait la faillite en privant son entreprise d'un tel succès, mais il risquait de perdre son projet, si son conseil ne se décidait pas à lui laisser les mains libres.

Son coup de poker avait fonctionné, et son principal rival avait fusionné avec lui. Il ne recommencerait pas, par contre. Gagnant sur tous les tableaux, implanté partout, que demander de plus. Grâce à lui, les îles Orange devenaient accessibles aux gens sans bateau, Pokétopia florissait de voyageurs venus des quatre coins du monde alors que des chantiers estampillés "Versili" se multipliaient sur ces îles et sur d'autres. Il était un des piliers de l'autonomie, de l'indépendance des îles Pokémon face au monde.

Dans le contexte de crise qui suivit la guerre, il s'en était fallu de peu pour que des nations étrangères viennent mettre leur nez dans les affaires du coin, et ne cherchent à s'approprier les Pokémon pour leur compte. La planète entière connaissait désormais les pouvoirs de ces créatures, depuis que la paisible île d'Hoenn s'était transformée en un charnier sans nom. De telles choses ne passaient pas inaperçues et les paisibles îles attirèrent très vite les regards indiscrets.

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L'archipel devint un point de convergence des regards, et lorsque la crise avait menacé, chacun n'attendait que le feu vert des dirigeants pour apporter son aide, moyennant bien sûr un accès plein et entier aux ressources inestimables que constituaient les Pokémon. On pouvait dire que c'était grâce à ce moyen de transport peu cher et rapide qu'était le TSA que des gens comme le père de Nina avaient pu tout recommencer, et que le dressage de Pokémon restait un privilège des habitants de ces îles. Et Andrea ne manquait pas de faire admirer les décorations qu'il avait reçu pour cet acte. Il était quelqu'un qui agissait pour le bien de la majorité, et en cela, il était un bienfaiteur reconnu. L'inconvénient majeur étant qu'il se mêlait de tout, et surtout de ce qui ne le regardait pas.

"Comment va ton amie Nina ? reprit Andrea.
-Très bien, répondit poliment son fils, toutefois vraiment surpris que son père connaisse le nom de son amie. Je ne t'avais jamais parlé d'elle pourtant ?
-A tort d'ailleurs, tu vois, j'ai percé ton secret quand même, fit-il, faussement amusé. On ne cache rien à son père."

Un instant, Cyrus ne sembla pas comprendre. Et puis la vérité éclata comme en plein jour. Des gens bien fréquentaient "L'Aca des Lys" comme il l'appelait. Des gens dont les parents avaient travaillé certainement avec Andrea par le passé. Et n'était-ce pas à Feli-Cité qu'habitait le directeur de la Banque Centrale de Sinnoh, un ami de golf de son père ? Il y'avait aussi une succursale de la firme Versili dans la ville, d'ailleurs Cyrus passait devant lorsqu'il raccompagnait Nina chez elle.

Ainsi il le faisait surveiller par ses relations. Sympathique, mais peu original au demeurant venant de son père.

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Cependant, quelque chose gênait Cyrus. Andrea avait, comme son fils, l'habitude de ne rien faire inutilement. Pourquoi cela l'intéressait-il autant alors ? Il devait craindre que son nom soit entaché si son fils venait à entretenir une relation sérieuse avec cette fille du bas-peuple. Cyrus le rassura donc.

"Ce n'est qu'une amie, père, rien de plus. Pas de quoi vous inquiéter, ce n'est pas aujourd'hui que je découcherai."

Andrea sembla amusé de tant d'audace. Pour lui, son fils mentait c'était certain. Il n'arrivait pas à le savoir quand c'était le cas, et il l'accusait quand cela ne l'était pas. Ou alors pensait-il que son fils avait une relation parce que cela l'arrangeait.

"Tu peux tout me dire, fils. C'est une fille intelligente, douée, comme toi. Vous feriez un couple parfait."

Depuis le temps, on avait présenté à Cyrus des dizaines d'enfants de son âge et du sexe opposé. Que des filles de gens respectables, avec qui il aurait pu s'entendre dans une autre vie peut-être, mais certainement pas dans celle-là. "Parfaites" elles aussi, mais en vérité toutes plus pimbêches et coincées les unes que les autres. A côté Nina, c'était une relation peu enviable. Pas de patrimoine, pas de nom, pas d'héritage.

"Non père, je vous jure, ce n'est qu'une amie."

Alors, Andrea tiqua. Comme d'habitude, l'œil droit sautait un tout petit peu dans son orbite alors qu'imperceptiblement, l'homme se raidissait. Et Cyrus comprit. Nina avait bien un nom à y songer.

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"Me caser avec Nina, soupira Cyrus. Ca vous arrangerait bien, hein ? Vous savez qu'elle est liée à Sorbier. Même aujourd'hui, même alors que tout ça a coûté la vie à mère, que ça a détruit mon enfance, vous voulez me voir porter le flambeau des Elus. Vous êtes méprisable, père.
-Parle-moi sur un autre ton, je te prie, petit insolent, s'offusqua son père. Ce n'est pas de ma faute si ta mère est morte que je sache.
-Parce que naître est un crime maintenant ? Sans vos traitements stupides, je ne serais pas là aujourd'hui, et mère serait encore avec vous. Vous seriez gagnants sur les deux tableaux, n'est ce pas ? Et moi qui croyait que votre lubie des Elus avait cessé. Vous n'avez fait qu'attendre pour que je vous serve de marionnette.
-Ca suffit ! tonna Andrea. Tu m'exacerbes ! Ma patience a des limites !
-La mienne aussi père, répondit Cyrus sur le même ton. Nina est une amie qui m'est chère, ce n'est pas le jouet de vos agissements stupides et insensés. Je ne vous la livrerai pas sur un plateau, pour la bonne et simple raison qu'elle ne sera pas dresseuse ! Qu'elle ne partagera pas avec moi cette initiation comme nous l'aurions certainement fait si elle avait fait le choix de continuer."

Cyrus avait certes hurlé, mais avait fait comprendre à son père ses arguments de manière très raisonnable. Alors qu'Andrea allait reprendre la parole, Cyrus prit l'initiative.

"Inutile, je connais la chanson, je serai consigné dans ma chambre jusqu'à demain. Ne m'attendez pas pour dîner ce soir.
-Cyrian, attends ! tonna le patriarche."

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Une voix ferme, qu'on ne pouvait discuter. Cyrus hésita entre partir de la maison dès maintenant ou rester en bons termes avec son père pendant encore quelques heures. Finalement, il relâcha la poignée de la porte en soupirant.

"Oui, père ! en insistant avec dégoût sur le mot associé à son géniteur.
-Tu te trompes sur une chose. Maeva est morte, je t'en ai tenu pour responsable, il est vrai. Mais même le chagrin le plus extrême qu'a entraîné sa mort ne remet pas en cause une chose essentielle ..."

Cyrus hésita, il voyait venir son père. Il allait lui expliquer ce qu'il attendait de lui pour "jouer franc jeu". Et lui, en bon fils, lui pardonnerait tout dès demain pour l'aider dans sa quête. Cependant, il ne s'attendait pas à ça.

"... tu es mon fils, fit Andrea d'une voix presque inaudible."

Cyrus resta un moment désemparé, hésitant entre sauter dans les bras de son père, enfin reconnu depuis le temps qu'il l'attendait, et l'envie tout aussi pressante de quitter cette atmosphère de mensonge. Père mentait-il aussi sur ses sentiments ? Ca ne le surprendrait qu'à moitié. Et il n'aimait pas être manipulé comme un vulgaire pantin. Il avait sa dose de déceptions pour une vie entière.

"Bonne nuit, père."

Il tourna la poignée, sortit et referma la porte sous l'oeil médusé de son père avant de filer vers sa chambre. Quelle famille de fous.