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Les Chroniques des Univers: [Tome 3] Le Cristal du destin de imhotep43



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Informations

» Auteur : imhotep43 - Voir le profil
» Créé le 14/03/2009 à 20:02
» Dernière mise à jour le 14/03/2009 à 20:02

» Mots-clés :   Science fiction   Sinnoh

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Chapitre 1: Vingt ans après
"Mais parmi tous ces élus, il est un détail qui est certain. Si toutefois ils ont existé, il en manque toujours un à l'appel... Un élu qui..."

Dans la salle 315 de l'académie Pokémon de Féli-Cité, le professeur d'histoire marqua un temps d'arrêt.

"Vous écoutez, monsieur Versili ?"

Au fond de la salle, à droite, un jeune homme sursauta. Ce jeune homme se prénommait Cyrian Versili, descendant d'une lignée de sang noble que son père tenait plus que tout à mettre en évidence aux yeux de tous, même si le dernier ancêtre qui avait eu le sang bleu devait être mort depuis des lustres. Seul paraissait le côté superficiel de cette noblesse dans le choix des prénoms des enfants, depuis que la particule avait disparu de leur nom de famille.

"Désolé, monsieur, c'est si tentant de regarder par la fenêtre."

Le professeur était strict, certes, mais pas non plus tyrannique. Et par dessus tout, il aimait les têtes bien faites comme celle de Cyrian. Il n'avait pas sa langue dans sa poche, mais il ouvrait rarement sa bouche sans y avoir été invité au préalable... Avec un sourire, le pédagogue s'assit sur son bureau.

"Je vous demande encore quelques minutes d'attention, Cyrian. Les vacances sont proches, je le sais, la fin de l'année aussi. Mais vous me connaissez maintenant. Le cours s'arrêtera lorsque la dernière sonnerie retentira, et pas avant. Même si nous avions quelques heures d'avance sur le programme et que vous n'avez pas d'examens cette année, je trouve très intéressant d'étudier cette période de l'histoire qui n'est pas dans vos manuels.
-Professeur, demanda poliment une élève, vous qui avez vécu cette période, vous pensez vraiment que les Elus ont existé ?"

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L'attention de Cyrian se focalisa sur l'éventuelle réponse à cette question. Lui-même peu amateur de livres dont il tirait ce qui lui semblait essentiel avant de les abandonner, il ne crachait cependant pas sur toute forme de culture qui soit.

"Je serai bien incapable de vous répondre, ma chère. D'une part parce que le comité de la ligue ne souhaite pas qu'on en parle, et d'autre part parce que j'étais à plusieurs centaines de kilomètres lorsque la bataille d'Eternara a eu lieu. Ca fait vingt longues années, à l'époque, je commençais tout juste à enseigner.
-Et pourquoi n'en parle t'on pas ?
-Parce qu'on est en cours d'histoire, là encore, et je vous ai toujours appris à vérifier la véracité d'un fait avant de l'inclure dans une copie. Or, il y'a peu de témoins, et aucun qui ne dise la même chose à ce sujet. Les ragots, c'est pour les vieilles filles qui ont raté leur vie, pas pour des élèves brillants. J'ai mon avis sur la question, mais je n'ai aucune preuve le confortant ou le contredisant."

Oui, encore peu de choses à tirer de tout cela. Cyrian allait replonger dans ses contemplations lorsque la sonnerie finale se fit entendre. D'un air distrait, il quitta la salle de cours, alors que leur professeur distribuait des "Bonnes vacances, à l'an prochain !" à tout va.

Il était peu amateur d'encouragements et de félicitations, les uns ne lui étant jamais adressés, les autres plus souvent pour son nom que pour ses compétences. Il n'aimait pas les discours en général. Se contentant d'un signe de tête assez vague en direction du professeur, il concluait ainsi cette année scolaire, la dernière avant d'entamer une carrière de dresseur. Rangeant dans son sac les quelques affaires qui n'avaient pas déjà quitté son bureau, il disparut presque littéralement de la pièce, sans que personne ne le voit...

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"Cyrus, attends !"

Presque personne.

D'un air fatigué, Cyrian, ou Cyrus comme il préférait que les autres élèves l'appellent, se retourna, pour faire face à une ravissante jeune fille, d'un an sa cadette, et qui avait l'air aussi pressée que lui de partir. La tête du jeune homme s'illumina d'un bref sourire en voyant sa camarade de classe, dont le sac était plein et qui portait pourtant presque autant de livres dans ses bras.

"Attends, Nina, je vais t'aider, fit-il en revenant sur ses pas.
-Non merci, ça ira, protesta un bref instant la dénommée Nina avant que plusieurs ouvrages ne tombent de la pile qu'elle portait dans les bras.
-Tu sais, je suis peu chargé, et s'il est une chose que je dois bien admettre, c'est que les richards sont très pointilleux sur le savoir-vivre."

Profitant de l'aide de Cyrus, Nina déposa quelques livres dans ses bras, en plus de ceux déjà tombés. Elle était plutôt grande pour son âge, mince sans être maigre, belle sans être surfaite, vêtue d'une robe mi-longue noire qui mettait en valeur son charme naturel et ses cheveux noirs de jais d'une manière très discrète mais néanmoins efficace. Seuls son sourire blanc et ses yeux d'un bleu très clair contrastaient dans cette tenue très sobre.

"Ta robe est magnifique, contempla Cyrus, mais décidément pas pratique quand tu es chargée.
-Oh, ça va, pour la galanterie, tu repasseras, répondit Nina d'un ton faussement outré. Tu n'as pas emmené tes livres toi ? remarqua t'elle.
-Quand on vient d'une famille aussi "particulière" que la mienne, c'est limite si la galanterie n'est pas au programme des leçons de savoir-vivre de la gouvernante. Et pour les livres, je les ai ramenés à la maison au fur et à mesure. Il ne restait que l'histoire et basta. Enfin bon, je me demande encore pourquoi "organisation" est un mot féminin"

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Quand Cyrus parlait de ses ancêtres, le premier mot qui lui venait à l'esprit, et qu'il rejetait instantanément était "noble". Il n'y avait que son père pour croire encore à ces fadaises. Riche, célèbre, puissante ? La seule fierté de son paternel c'était son jardin trophée et le surnom stupide qui lui allait à ravir: "Mr Décorum". Effectivement, pour faire du décorum, de la figuration, il y'avait du monde. Mais dès qu'on sortait de la langue de bois et des "Bonjour madame la Comtesse", "Très joli veston, monsieur le Baron", il n'y avait plus personne.

Cyrus en avait plus que marre de cette atmosphère de non-dit. Il n'avait qu'une envie, partir... Demain dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, lui aussi, il partirait. Direction, le labo du professeur Sorbier, une des rares personnes qui traînaient derrière eux leur souvenir dans ce vieux monde depuis si longtemps après avoir disparu en accompagnant les Elus. A lui tout seul, il était la dernière preuve substantielle de leur existence, et si certains supposaient qu'il en faisait aussi partie, ceux qui savaient vraiment se détachaient de la masse par leur capacité impressionnante à la rétention d'informations.

"Je repense à ce que disait le prof', commença Nina pour faire la conversation. vingt ans, ça fait presque une éternité. Tu n'as pas l'impression toi aussi ?
-J'ai juste l'impression d'avoir raté le bus pour la gloire, répondit Cyrus. A quelques années près, c'était moi qui aurait été l'espoir de toute une nation."

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Dans le couloir, Nina s'arrêta net.

"Tu vas pas me dire que tu regrettes tout ça ? C'est une légende, rien de plus...
-Peut-être, mais il faut admettre que cette légende a mis fin à plein d'autres. Le dresseur qui avait littéralement massacré la ligue à notre âge, enfin, plutôt au tien, et qui avait protégé Sinnoh pendant presque cinq ans, les chefs de toute une époque qui ont disparu de la surface de la terre, et surtout... les Pokémon légendaires.
-Tu ne vas pas me dire que tu crois aussi à ces fadaises ? continua la jeune fille sur un ton moqueur.
-Si j'y crois, et tu devrais y croire aussi. Parce que la personne qui relate tous ces faits, c'est un certain professeur Sorbier."

Cyrus avait un nom dans la haute noblesse de Sinnoh, mais Nina en avait un aussi, dans la recherche Pokémon. Elle s'appelait Nina Sorbier, petite fille désormais grande du professeur Pokémon le plus prisé sur l'île.

"Tu veux dire que... commença t'elle un brin dérangée...
-Ton grand-père a disparu en même temps que les Elus, que des dizaines de mythes, tant Pokémon qu'humains. Les meilleurs dresseurs de tous les temps ont disparu pour être remplacés par Cynthia, son conseil et ses champions, qui n'ont pas bougé depuis vingt années, et encore, même eux, on ne les voit jamais. Ils sont toujours dans des lieux inconnus tant qu'on n'a pas besoin d'eux. C'est quand même extraordinaire ça, tu ne trouves pas ?
-Pas tellement, on retient l'information, et nous, on ne sait rien en fait.
-Justement, continua Cyrus enthousiasmé, c'est ça qu'ils n'ont pas deviné. Tout a disparu. Même en voulant retenir les informations, ils ne peuvent pas empêcher un cataclysme de se produire ou un Pokémon légendaire de se réveiller. Ca fait vingt ans que rien de cela ne s'est produit. Avant les Pokémon veillaient à rétablir l'équilibre du monde, aujourd'hui, le monde n'est jamais déséquilibré, et ces légendes ont disparu !"

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Après un instant de réflexion, Nina haussa les épaules...

"Moui peut-être, mais dans tous les cas, ça ne répond pas à ma question...
-Qui était ? demanda poliment Cyrus. Désolé, quand je m'emporte, je peux aller très loin dans mes idées.
-Pourquoi tu regrettes de ne pas être né trois ans plus tôt ? fit-elle sans détour."

Ce fut à Cyrus d'être silencieux... Ca faisait deux ans qu'il fréquentait ce lycée académique. Deux ans qu'il connaissait Nina, et pourtant, ils ne savaient que peu de choses l'un de l'autre. Ils pouvaient discuter pendant des heures sans rien dire d'intéressant, mais dès qu'on abordait des sujets privés, la conversation se faisait plus hachée, moins naturelle, plus "sélective". Là encore, les propos de Cyrus n'échappaient pas à la règle

"Mon père est un vieil excentrique. Quand il a vu que les élus pouvaient être le signe d'un nouveau changement, il s'est dit que la noblesse de sa famille pourrait enfin lui être rendue, qu'une personne née pendant cette période ne pouvait qu'être particulière. Pendant trois ans, il a essayé d'avoir un fils sans succès. Et c'est bien après les évènements que l'embryon que j'étais s'est finalement implanté et a grossi normalement.
-Et ta mère a supporté ses caprices pendant trois ans ?
-Plutôt bien en effet. A ce qu'on m'a raconté en tout cas."

Petit à petit, ils arrivaient devant l'entrée du lycée académique. Presque sans un regard, Cyrus et Nina franchirent le porche. Ils n'avaient aucun regret, c'est certain. Entre les brutes épaisses qui ne cherchaient que des noises à tout le monde, et les gens "normaux" qui n'en voulaient qu'aux deux adolescents de comprendre plus vite et bien mieux qu'eux, et de déchaîner l'admiration des professeurs, il y'avait beaucoup de gens qui les rejetaient ici.

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Nina était précoce, un an d'avance dans sa scolarité, et si Cyrus, lui, n'avait que dix-sept ans, âge normal pour la fin de seconde année de lycée, son cerveau cogitait tout aussi vite que celui de son homologue féminin. C'était comme ça qu'ils s'étaient rencontrés, rejetés par le reste des élèves "compagnons de déroute" comme aimait le dire Cyrus.

Nina, elle préférait le terme d'"amitié par défaut", et le jeune homme de lui répondre à chaque fois:
"C'est bien le seul moment où je pourrais utiliser le mot "défaut" en parlant de toi."

Ainsi, ils parcoururent les rues de la ville, en direction de l'appartement des parents de Nina.

"Pourquoi tu ne parles jamais de ta mère ? demanda à nouveau sans détour la jeune fille.
-Parce que ça fait un bon bout de temps qu'elle n'habite plus chez nous, fit Cyrus d'un ton gêné.
-Et elle ne téléphone pas ? Elle ne garde pas contact ? Au moins avec toi ?
-Elle aurait aimé je pense, mais c'est impossible. Là où elle habite, il n'y a pas le téléphone.
-Mais elle vit où au juste ?
-Tu devrais le savoir, tu as une magnifique vue sur sa barre d'immeubles.
-Tu plaisantes ou quoi ? souria Nina, tu sais pertinemment que de ma fenêtre, on ne voit presque que le cimetière."

Et Cyrus d'avoir un sourire crispé. Il aurait espéré que Nina comprenne d'elle-même sans dire un mot, plutôt que d'en rajouter une couche.

"C'est ce que je disais, constata Cyrus, d'un ton désespérément neutre. Elle est morte en me donnant la vie. J'ai longtemps cherché à comprendre pourquoi mon père m'en voulait à ce point. J'ai cru qu'il voulait que j'arrive trois ans plus tôt. Mais en fait, c'est surtout que j'ai tué la femme qu'il aimait."

Presque arrivé devant la tour où vivait la jeune fille, celle-ci marqua un temps d'arrêt, murmura dans sa barbe un "Mais t'es vraiment une pauvre gourde, ma fille !" que Cyrus fit mine de ne pas entendre. Elle avait un peu raison, même si le jeune homme ne lui en tenait pas rigueur.

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Au pied du digicode, au bord de la place sur laquelle le bâtiment imposant donnait, Cyrus posa une dernière question à l'adolescente, surtout pour changer de sujet et finir sur une bonne impression. Il ne voulait pas que Nina s'en veuille de quelque chose dont il avait fait le deuil des années auparavant.

"On se voit demain à la distribution des Pokémon ? fit-il avec un sourire forcé.
-Ah, c'est ce que je voulais te dire, en fait...
-Tu vas pas me dire que...
-Si, mon père refuse. Il dit que je peux être brillante sans m'encombrer de ces "bestioles" comme il les appelle.
-Arrête, tu te fous de moi ? fit le garçon interloqué.
-C'est un gars d'Hoenn, tu sais. Pour lui Pokémon égale arme. Et franchement, ça ne m'enchante pas plus que ça vu tout ce qu'il m'a raconté."

Cyrus avait pensé passer du temps sur les routes de Sinnoh, mais jamais, jamais il n'avait pensé faire ce trajet seul. Pour lui, Nina faisait partie intégrante de ce voyage dans tous ses projets d'avenir... Il tenta désespérément de la raisonner.

"Et tu comptes vivre toute ta vie en laissant penser tes parents à ta place ? Ton grand-père adorait les Pokémon.
-Ca ne compte pas. Et puis, Sorbier n'est pas mon grand-père en fait.
-T'en as d'autres des comme ça ?
-Si, je te jure, grand-père est un surnom affectueux. En réalité c'est l'oncle de mon père. Mon grand-oncle quoi. Il n'a même jamais eu d'enfants. Par contre, c'est mon parrain, même si je ne l'ai jamais vu réellement.
-Parce qu'il a disparu, je sais. En même temps, grand-père disparu, c'est comme parrain disparu. Mais dis-moi, si je ne t'avais pas posé la question, tu m'aurais dit que tu ne viendrais pas demain ?
-Si on n'avait pas parlé de ta mère, tu m'aurais dit qu'elle était morte ? "

Se regardant au fond des yeux, les deux répondirent d'une seule voix un "non" qui ne les surprit pas plus que ça, l'un comme l'autre.

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Au moment où les deux adolescents allaient se séparer, la jeune fille reçut un appel sur son portable, qu'elle prit, se séparant de Cyrus d'un signe de la main discret, quand celui-ci eut posé les livres à ses pieds.

La technologie avait fait un bond immense. Portables pour presque tout le monde, liaison internet étonnantes de rapidité, et transports routiers, même si le côté écolo des gens du coin se ressentait toujours dans la conception de chaque véhicule, garantie non polluante. Cyrus ne pouvait s'empêcher de penser que la génération avant la sienne avait parcouru cette île à pied des dizaines de fois, des centaines peut-être, quand ils n'allaient pas relever le challenge des autres ligues, après plusieurs mois de bateau, alors qu'aujourd'hui, il fallait tout juste une demi-journée pour faire Sinnoh-Hoenn avec le TSA.

Alors que le jeune homme allait rejoindre le bus pour Unionpolis qui partait à deux rues d'ici, il entendit Nina retenir un cri au téléphone. Il n'était pas bête, après deux ans de contacts avec l'adolescente, il savait faire la différence entre un silence d'hésitation et un silence de stupeur.

Se retournant vers elle, il ne put que la contempler une dernière fois, alors qu'elle lui souriait à son tour, d'un air de dire:
"Tout va bien, ne t'inquiète pas..."

A cette distance, nul n'aurait pu dire si ce sourire était forcé ou pas. Même pas Cyrus. Mais il lui faisait confiance et elle aussi. Si l'un des deux avait un problème, c'est immédiatement à l'autre qu'il en parlerait. Et puis revenir sur ses pas, c'était prendre le risque de rater son bus, et surtout de donner l'impression de lui faire du harcèlement moral. Cyrus n'avait jamais éprouvé cette amitié et il ne comptait pas le faire tout de suite, pour des broutilles, si ça se trouvait. Et puis demain, en revenant de Litorella, il passerait la voir, et peut-être même qu'il changerait son avis sur les Pokémon. Oui, ce serait nettement mieux.

Quittant la petite place, il rejoignit l'arrêt de bus, et repartit chez lui.