La fureur de Pacifiville (Galifeu)
Je regardais le ciel se couvrir de gros nuages noirs mais heureusement, nous arrivions près de Pacifiville. Mais quelque part sur ma droite, un trou de lumière s'assombrit soudain, je vis l'ombre d'un serpent géant et j'eu la chair de poule.
Je tournais sur moi-même et seul Dracaufeu, qui se tenait à l'écart de tout le monde, plus furieux que jamais, semblait avoir vu la créature. Et quand il vit que je le fixais, il claqua violemment des mâchoires.
En temps normal, il aurait été en pleine dépression mais là, il était furieux... Je l'avais jamais vu comme ça !
« Gali ! appela Mattiméo.
- Quoi ?
- Faut qu'on aille rejoindre les filles près de la passerelle : on va accoster dans 5 minutes même pas... »
J'hochais la tête et emboîtais le pas de mon ami. J'entendis un bruit d'aile : Dracaufeu avait choisit la voix des airs pour quitter le bateau.
Nous étions tous au centre pokémon pour nous abriter de la pluie. La première chose que les filles firent furent d'essuyer Greuillif qui semblait tout triste depuis l'attaque du balourd. Les filles étaient aux petits soins pour lui, même Calypso qui n'était pas vraiment folle du pokémon des reliques.
Firera regardait Mathias avec un sourire un peu moqueur : le macho n'avait vraiment pas l'air rassuré par la présence de toute cette eau ! Je réprimais un rire et me concentrais sur le poffin que je tenais entre mes pattes. J'allais mordre dedans quand Mattiméo, pour s'amuser, me le vola. S'ensuivit aussitôt une course poursuite pour que je récupère mon poffin quand soudain, je remarquais quelque chose : tout le monde était là sauf Dracaufeu...
Je sais que c'est pas l'amour fou entre nous... Mais quand il s'agissait de Calypso, il est capable du pire comme du meilleur ! Alors, son absence ne me disait rien de bon...
« Personne n'a vu Dracaufeu ? »
Les réponses négatives données étaient teintées d'une pointe d'étonnement. Je m'approchais de la porte, pris un parapluie et m'élançai sous la pluie. Calypso me demanda d faire demi-tour mais j'étais le seul à m'inquiéter du fait que Dracaufeu pouvait faire une grosse bêtise !
Je ne savais pas trop où aller pour le chercher alors j'errais sur les passerelles au dessus des vagues, frissonnant de peur et de froid.
Je tenais le parapluie contre moi, maigre protection contre la morsure du vent mais au moins j'étais à l'abri de la pluie...
« Lifeu !! Lifeu !! »
Je me retournai d'un coup, surpris d'entendre la voix de Greuillif.
« Lifeu !! Elle est où maman ?
-Je sais pas ! Je le cherche... »
Je m'agenouillai face à lui et le pris dans mes pattes. Comment avait-il fait pour me retrouver alors que moi-même je ne savais pas vraiment où je me trouvais...
« Je veux maman... dit-il d'une toute petite voix.
- Rentre au centre pokémon, je vais le retrouver...
- Non ! Je veux rester ! Je veux ma maman ! »
Je soupirai : il allait pas me lâcher ! Je le posais à terre et repris la marche... Greuillif n'arrêtait pas de dire « Maman ! » dans l'espoir que Drac' lui réponde... Mais une idée s'insinua dans ma tête : et si Drac' se trouvait dans la tour dont on voyait dépasser le sommet derrière les rochers ?
Je me précipitais vers le port, Greuillif sur les talons, et nous nous embarquâmes dans une petite barque. Je pris les rames et fis avancer le bateau vers la destination qui me semblait la plus logique : la tour Céleste...
Les vagues avaient failli nous renverser plus d'une fois mais nous arrivâmes à atteindre la berge par je ne sais quel miracle... Greuillif se dépêcha de s'éloigner de l'eau pour se réfugier dans la tour.
« Attends-moi ! » criais-je, inquiet à l'idée que le serpent entr'aperçu soit encore dans la tour.
A mon tour j'entrais dans l'inquiétant donjon. Il faisait sombre et de l'eau ruisselait sur les mur car le vent faisait entrer la pluie par quelques meurtrières en hauteur.
« MAMAN !!! » hurla Greuillif.
Je tressaillis, inquiet à l'idée qu'un plus puissant que moi ai entendu l'appel. Je pris l'orphelin du jour entre mes pattes et je commençais à grimper doucement les marches de granit noir. J'avais mal aux cuisses rien qu'en regardant la taille de l'escalier...
Un étrange pressentiment me donnait envie de prendre mes pattes à mon cou. Mais j'arrivais près du sommet et je percevais l'écho de la voix de Dracaufeu... Et si j'avais fait demi-tour, Greuillif m'aurait faussé compagnie...
« Elle te hait maintenant... Tout ça à cause de la réincarnation des reliques !
- En quoi cela te regarde ? » cracha le dragon orange.
Mylène Arisia se tenait face à lui et en la voyant, je me suis tout de suite planqué avec l'écureuil derrière la lourde porte en bronze qui permettait de rejoindre le toit. Je ne voyais rien mais j'entendais tout...
« Je devine à ton air que tu n'aimes pas ce que je viens de te dire... Mais cela est vrai ! Te voiler la face ne te servira à rien ! Mais... Mais je peux t'aider à reconquérir ta dresseuse... Définitivement ! »
Ma curiosité fut plus forte, je regardais la scène me mettant contre le mur, juste derrière le cadre en lapis-lazuli du lourd battant de porte. De là, Greuillif et moi, nous pouvions voir Mylène de dos face à Dracaufeu tenant une relique le représentant prêt à mordre, à tuer s'il le fallait... Tous deux étaient trempés de pluie mais Drac' avait l'air de ne rien sentir...
« Mais pour cela... J'ai besoin de la relique... »
Dracaufeu se redressa, et grogna légèrement. Il tendit la statuette vers Arisia. Je l'imaginais bien en train de sourire à cet instant.
« Maman... Fais pas ça... Pas bien... » murmura Greuillif.
Alors que l'historienne allait prendre la précieuse relique, Dracaufeu la lança en l'air et dès qu'elle fut à porté de crocs, il la broya avec une facilité déconcertante. Je crus voir une brume rougeâtre s'élever au-dessus des morceaux de la statuette . Dracaufeu paraissait plus furieux que jamais, plus furieux... Mais surtout plus dangereux et plus puissant... Mylène Arisia recula doucement.
« Qu'as-tu fait ? Es-tu inconscient ? As-tu la moindre idée de la portée de ton geste ? dit Arisia qui semblait folle de peur.
- Oh que oui j'en ai conscience... »
Le dragon orange rugit, montrant toute sa colère, sa haine, sa rage... Greuillif se blottit contre moi apeuré. La « maman » rugit de nouveau, mais pas vers Mylène, cette fois, il s'adressait à quelque chose au-dessus de lui... Mylène semblait tétanisée, mais elle se ressaisit et réussit à faire appel à son Alakazam pour qu'elle puisse s'en aller grâce au téléport de ce dernier.
Je levais les yeux et vis le serpent géant... Il paraissait planer au-dessus de Dracaufeu tel un oiseau de proie ayant repéré une cible alléchante.
Greullif fut pris de tremblements, et moi aussi... Si cette chose attaquait, personne ne pourrait l'arrêter...
Dracaufeu s'apprêtait à lancer sa rafale feu mais le serpent vert s'enroula rapidement tout autour du dragon orange.
« Tu sais très bien que tu n'as aucune chance... » sourit cruellement Rayquaza.
Mon vieil ennemi essaya de se libérer de l'étreinte mortelle mais il n'avait pas la puissance nécessaire. Le dragon vert le garrotta plus étroitement encore. Soudain, Dracaufeu perdit connaissance.
Rayquaza, le roi Dragon, le lâcha et le laissa s'écrouler au sol, inerte. Il tourna alors ses yeux d'or vers le battant de porte derrière lequel Greuillif et moi étions prêts à nous liquéfier de terreur.
« Allez prévenir vos dresseuses : la relique sacrée de la Haine a été détruite. »
Mes jambes se dérobèrent et je m'écrasais lamentablement au sol. J'étais paniqué et je ne pouvais que regarder le dragon orange se relever difficilement alors que le dragon vert s'envolait.
Dracaufeu regarda lui aussi dans notre direction avant de dire : « Je n'ai plus ma place parmi vous... Sache que j'aurais été fier de t'affronter en tant que Brasegali... »
Il détendit ses ailes et s'envola à son tour, dans le sillage de Rayquaza.
« Maman... » fit Greuillif avant d'éclater en sanglots.
La pluie venait subitement de s'arrêter et la colère du ciel s'était soudain apaisée... Je me remis debout, pris l'orphelin dans mes pattes et entrepris de descendre les marches tel un somnambule. Ce qui venait de se passer resterait à jamais gravé au fer rouge dans ma mémoire...