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Smirnoff de Domino



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» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 16/09/2008 à 17:05
» Dernière mise à jour le 11/06/2009 à 06:21

» Mots-clés :   Humour   Johto   Romance

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054 - A moitié vide, à moitié plein
« S'aimer dans le dégoût, ce n'est pas s'aimer. »
Ce vendredi matin là, dans cinq foyers, c'était l'agitation.
D'abord, Etienne et Linda étaient au lit, en train de s'aimer comme jamais.
Daniel, stressé, enfila ses habits et sortit de chez lui pour prendre le bus.
Norbert s'était équipé à sa manière et il semblait résolu.
Les quatre membres du groupe Lonely Lust se préparaient également.
Et un autre homme allait comme chaque matin au travail.

-Hmmmm… Il va falloir que j'y aille !
Linda hocha la tête.
-Pour ce truc que tu dois faire avec Norbert et Linus au sujet de ton éventuelle promotion ?
C'était vraiment le mensonge le plus nul qu'il ait pu inventer pour la tenir à l'écart.
-Voilà. Ca va mieux ?
-Oui c'est juste que… On commençait à se sentir si bien tous les deux, ce bébé va tout bouleverser !
Etienne sourit.
-Tu n'es pas heureuse ?
-Si, bien sur… je commence juste à appréhender…
-Dis-moi.
-J'appréhende les réactions des gens.
-On s'en fiche.
-Et pour le travail…
-Linda, Linda, Linda… on va avoir un bébé. Le reste on s'en fiche.
-Tu as raison.
Elle sourit enfin.
Il l'embrassa, se serrant contre elle, leurs corps nus l'un contre l'autre. Il aurait tant aimé que cette matinée dure éternellement, qu'il n'ait pas à se lever pour protéger un ami.
Qu'il n'ait surtout pas à risquer sa vie.

Il arriva avec quinze minutes de retard dans l'établissement vide. Les six personnes étaient là.
-Vous êtes prêts ?
-Vous êtes en retard ! remarqua Daniel.
-Et toi t'es un gamin.
-On est tous prêts, on n'attendait que vous, informa Norbert.
-Ouais, ouais. Désolé, elle voulait pas me lâcher la grappe. Les femmes décidément… Bon, on se déploie dans plusieurs bâtiments. Leur modus operandi c'est d'agir séparément, on va donc faire pareil. D'après Lionel, ce sont de vrais pros, et on risque la mort à tout moment.
Norbert hocha la tête. Daniel sembla embêté, et les quatre jeunes semblaient mal à l'aise.
-Je vous dis ça parce que c'est vrai, hein… Pas parce que ça va arriver… Et j'espère bien que ça n'arrivera pas. Norbert, vous surveillerez les jardins.
-Ok !
-Daniel, tu t'occupes du couloir administratif.
-Hm !
-Les gamins, vous vous chargez du couloir des salles de cours.
-Compris.
-Ok.
-C'est reçu.
-D'accord.
-Moi je serais aux terrains de sport. Soyez tous très prudents. Vous avez ramené à manger ?
-Hm !
-Oui !
-Ok ! Collation !
Tout le monde se mit à manger ce qu'il avait ramené. Une fois la rapide collation ingérée, tous soupirent.
-On a mangé TRES VITE… s'étonna Etienne.
-Le stress, surement… murmura Juliette.
Etienne regarda la jeune fille.
-Vous êtes ensemble, toi et l'avorton…
-Hm.
-Désolé. J'ai pas vraiment pensé… à prendre des gens qui n'auraient pas beaucoup d'attaches. Je voulais prendre Linus, mais il avait sa famille. Et Jonathan… est trop seul, au contraire.
Norbert se mordilla les lèvres. Daniel baissa la tête.
-Ca va, Daniel ?
-Oui… si on considère que j'ai pas dit au revoir à Jennifer hier soir. J'me rappelle même plus du moment où je lui ai parlé la dernière fois…
-Je crois qu'il vaut mieux penser à des choses heureuses, non ? temporisa Norbert.
Etienne regarda le fils de diplomate.
-Vous avez suivi un entrainement militaire, vous… Qu'est-ce qu'on vous conseillait avant une bataille ?
Norbert soupira.
-On nous disait que notre vie n'aurait de l'importance qu'une fois sacrifiée pour la patrie.
Etienne hocha la tête.
-Me sens détendu, moi… Vous en voulez une bonne ?
Tout le monde regarda Smirnoff, étonnés.
-Je vais être papa.
Norbert écarquilla les yeux. Daniel en lâcha son gâteau. Les quatre membres du groupe se regardèrent surpris.
-La dernière fois qu'on avait un truc intéressant à dire, moi et elle, elle a tout dit à ses amies, limite j'aurais été le dernier au courant… Là je sais pas trop si je pourrais le clamer après, alors…
-E… Etienne… balbutia le doyen.
-C'est… c'est super pour vous, m'sieur ! sourit Daniel.
-Vous devriez pas être là… réagit Dylan.
Etienne hocha la tête. Norbert secoua la sienne.
-Il est toujours temps de contacter Lionel pour qu'il…
-Nan… Nan ça ira. Je dois faire ça pour Kenny. Elle et le bébé, c'est autre chose.
-Quand même… s'étonna Shahrukh.
-Vous voulez que l'un de nous vous accompagne ?! demanda Motel.
-Ca ira. Et je suppose – du moins je sais – que séparés vous vous battrez moins bien. Je vais faire ce que je peux. Vous aussi. Si on échoue… Tant pis !
Tout le monde sembla avoir la pression.
-Bien… Il est temps d'arrêter de s'entre-stresser, et de partir en chasse…
Ils se levèrent.
-Il est 13h50. L'opération policière aura lieu à 17 heures. Mais qui sait ce qui peut se passer en 3 heures…
Tous hochèrent la tête.
-Allons-y ! Bon courage à vous !
-Bonne chance… soupira Norbert, pas rassuré.
-Alea Jacta Est… soupira Daniel.
Le groupe Lonely Lust ne dit rien, déjà concentré sur le combat à venir.

Norbert attendit dans les jardins, caché derrière une haie, dos à un mur.
Il était tout simplement mort de trouille. Floper lui tenait compagnie.
-Désolé mon vieux Floper… Mais très franchement là…
Le Pokémon frotta son nez contre son maître qui lui caressa le sommet du crâne.
-S'il m'arrive quelque chose…
Floper secoua la tête.
-Je veux juste que tu montres à Linus le tiroir ou j'ai rangé la lettre qu'il doit lire à tout le monde !
Floper sembla lassé. Norbert avait les larmes aux yeux et il frissonnait.
« Dire que je fais ça pour impressionner un mec ! Je suis complètement taré !! »
Norbert aperçut soudain quatre silhouettes entrer dans la faculté par le mur ou il se trouvait. Par chance pour lui, aucun des quatre ne l'aperçut.
Il y avait un homme en costard violet, portant une canne au bout de laquelle trônait le signe « Pique ». Une grande et belle femme aux longs cheveux noirs portait une robe rouge sang au décolleté vertigineux, jusqu'au nombril. Le troisième semblait porter une armure d'acier, et Norbert reconnut l'insigne du trèfle sur ses épaules. Le dernier avait de longs cheveux blancs et portait une peau d'ours. Il portait aussi un collier au bout duquel reposait un losange rouge.
« Pique, Cœur, Trèfle et Carreau ! Un carré d'as !! Bon sang ce sont bien eux ! »
-Fouillez l'établissement. Il est surement là.
« Ils sont effrayants !! »
-C'est bien vide…
-Comme prévu l'établissement a été évacué… On va se cantonner à de la récolte d'informations. Le premier qui trouve son adresse contacte les autres. La police prépare peut-être un piège, préparez vous à exterminer tout mouchard éventuel.
-Compris !
-Oui…
-D'accord.
-Séparez-vous !
Cœur, Carreau et Trèfle s'échappèrent. Norbert observa son adversaire désigné.
« J'ai mal au ventre… J'ai la colonne vertébrale qui me brûle… J'ai les côtes qui tremblent… Le cœur qui bat à cent à l'heure… Les genoux qui claquent… »
-SORS DE TA CACHETTE.
Norbert écarquilla les yeux. L'homme était bien dos à lui, raide comme un piquet, au milieu du jardin.
-Je sais qu'il y a quelqu'un, alors sors de ta cachette. Je déteste tuer quelqu'un que je n'ai pas vu avant.
Norbert frissonna.
« Je suis trop sensible pour un combat de ce genre. »
Il regarda Floper qui n'attendait qu'un ordre. Norbert somma silencieusement au Pokémon de cesser.
« Ca va, Floper. J'y vais. Tu prends ma suite. »
Norbert sortit de la haie.
-Ici !
L'homme se retourna. Les cheveux noirs plaqués sur sa tête. L'air obséquieux, mais l'œil perfide. Et ce smoking pourpre excitait l'œil de Norbert tant il était clinquant.
-Un blondinet en chemise ? Je ne m'attendais pas à ça… Je m'attendais à une bande de crétins en bleu avec des pistolets…
-Eh non…
-Hm… Vous connaissez surement Kenneth Heine ? C'est notre cible.
Norbert était mal à l'aise.
-Pas du tout.
-Je ne vois même pas pourquoi je vous demande ça… J'imagine que vous êtes là pour moi…
-Voilà, vous avez tout compris.
-Vous ne lâcherez pas l'information à quelconque prix.
Norbert soupira.
-Absolument.
L'homme hocha la tête.
-Je me prénomme Al Bridge. Et vous ?
-N… Norbert Finsbury…
Dès l'instant ou il acheva de prononcer son prénom, Norbert entendit un battement d'ailes. Il se retourna et se baissa. Un Scorvol passa au dessus de lui, et manqua de le décapiter. Il s'en sortit néanmoins avec une éraflure sur l'épaule.
-Ouch…
-Quel dommage… Désolé que vous eussiez à ressentir pareille douleur. J'aurais aimé qu'il vous raccourcisse juste comme il faut… La décapitation, la mort…
Norbert se tint l'épaule et se releva.
-Faites attention…
Le Scorvol s'était posé sur les épaules de son maître. D'un coup, le costard pourpre semblait effectivement approprié. L'un sur l'autre, maître et Pokémon semblaient fusionnés.
« L'homme de pique et son aiguillon, Scorvol… »
-Il y en a peut-être d'autres…
Norbert recula, apeuré.
-Vous tremblez comme un rat pris dans un trou à chats… Vous semblez peu combattif…
Floper sortit de sa cache et tint tête à l'adversaire.
-F… Floper, rentre… Va te cacher…
Le Pokémon regarda son maître, inquiet.
-Vous êtes sur d'être ici pour vous battre, Mr Finsbury ? Je vous sens prompt à partir à la première occasion…
Norbert souffla et ferma les yeux. Il enleva sa chemise et son pantalon, dévoilant un pantalon treillis et son traditionnel débardeur noir.
-Maintenant, ça va mieux !!
-Militaire… Vous semblez en effet entrainé, mais reste à savoir si cela va vous servir à quelque chose…
-Croyez-le ou non, je suis ici pour me battre.
-J'ai encore du mal à le croire en effet… Mais votre Hippopotas vous sera très utile ici…
Al Bridge sortit deux Griknot et deux Carmache.
-Car moi, l'homme de pique, ne me sers que de Pokémon possédant la force de la terre, celle que j'estime la plus violente et la plus piquante en cette terre ! Préparez-vous, je ne vous ménagerais pas !
Norbert fronça les sourcils, déterminé.

Deux hommes entraient dans l'appartement en s'embrassant. Le propriétaire alluma la lumière tout en enlaçant son amant. Lionel s'éloigna de Norbert.
-Bienvenue chez toi…
Norbert regarda l'appartement, spacieux et sobre.
-On dirait les quartiers visiteurs en France… M'étonne pas trop.
-Finie la vie de voyageurs, à nous la vie de couple tranquille et libérée de toute contrainte merdique !
Ils s'embrassèrent à nouveau.
-Je t'aime, Norbert. Je suis vraiment content que tu sois là.
-M… Moi aussi je suis content. Et je t'aime, évidemment !
-Ca me fait penser qu'on n'a pas encore passé de nuit complète ensemble ! remarqua Lionel. Il faut réparer cette erreur.
-On devrait pas attendre les valises et les défaire ?
-On s'en fout !
-Oh Lionel quand même !
Ils allèrent dans la chambre, souriants.

-Et voilà. Tu es installé. Toutes tes affaires sont gaiement séparées des miennes, mais nul doute que tu laisseras tomber cette stupide volonté et que tu te jetteras sur mes affaires le moment venu !
-Pas du tout, ricana Norbert.
-Quoi qu'il en soit, il va falloir qu'on règle nos situations administratives pour les cours.
-Oh, oui… Euh, et pour l'argent… Je veux dire on ne pourra pas toujours compter sur nos pensions…
-Je sais. Va falloir trouver des petits boulots à côté.
Norbert soupira.
-On trouve facilement des trucs avec un CV de militaire ?
Lionel pouffa de rire.
-Forcément ! Mais interdiction de faire un métier ou tu te saliras les doigts.
-Comme ?
-Bosser dans un fast-food ! Je déteste les doigts plein de graisse mangeable !
-Moi j'aime bien !
Lionel soupira en souriant.
-Tu es fou, Norbert.
-Je sais, merci !
-Mais c'est comme ça que je t'adore.
-Moi aussi c'est comme ça que je m'adore !
Ils s'étreignirent et s'embrassèrent de nouveau.

Norbert trouva un travail de bibliothécaire et Lionel en tant que coursier.
-Libraire et livreur ! On fait des études, on s'est entrainé avec des GI par pure distraction et voilà ce qu'on est réduits à faire !
Lionel observa Norbert, assis sur le lit à regarder une vieille photo de famille.
-Ca va ?
Le blond hocha la tête. Lionel vint s'asseoir à ses côtés.
-Ils te manquent ?
-Un peu. J'ai moins de souvenirs avec ma mère, mais… mon père me manque. Même si c'était un sale type, il me manque.
-C'est normal, c'est ta famille, Norbert…
-Maintenant c'est toi, ma seule famille.
-Je sais. T'inquiète pas. Je ne te quitterais pas.
Le brun se serra contre son compagnon qui lui rendit son étreinte.


Etienne entra vers les piscines. Il n'était jamais vraiment venu ici, pas très fana de l'eau en général. Il observa l'endroit. Trois grands bassins alignés. Des gradins pour les spectateurs. Il était surpris de voir toute l'installation que cela prenait.
-Ouah… z'ont pas chômé… Fait super humide.
Il aperçut soudainement une femme au bout du bassin du milieu. Surpris, il s'avança à l'autre extrémité du bassin en question. La femme avait un visage froid mais très séduisant. A dire vrai, Etienne la trouvait plutôt belle.
-Ouah… Les types de la mafia sont mieux gaulés que je ne l'avais cru… Pré-op ou Post-op ?
La femme ouvrit peu à peu son corsage déjà très échancré.
-Wowowo !! J'ai pas demandé de preuves non plus !!
Elle dévoila sur sa poitrine un tatouage représentant le système coronarien avec un souci du détail étonnant. On aurait presque dit que son cœur était à vif. Etienne s'avoua impressionné.
-Cette paire de… Je veux dire : Jolie piscine… tatouage !!
La femme aux longs cheveux noirs referma son corsage. Elle descendit sur l'eau et y marcha. Etienne s'avoua très, très surpris.
-Je me présente… Cardia Takotsubo, dame de cœur…
Etienne restait éberlué devant la femme, telle le nouveau Christ, marchant sur l'eau de la piscine. Elle s'y arrêta.
-Connaissez-vous le cœur ? Votre cœur ?
Etienne regarda la jeune femme de ses yeux noirs sans profondeur. Vu d'ici ceux de la Christ Cardia semblaient rouges.
-Le cœur, l'amour, la symbolique du sang. On raconte que les yeux d'un homme reflètent la nature de son cœur. Je vous sens aimant et attentif, brillant et charmant, sans pour autant pouvoir exprimer cette chaleur intérieure. Vous voulez être à la fois l'homme et la femme… Mais ça n'est pas possible.
-Magnifique réflexion, Jésuslina…
Soudain, la Christ révéla le subterfuge. Un Milobellus sortit la tête et le cou de l'eau, portant sa maîtresse. Etienne hocha la tête, surpris.
-Quel est votre nom ?
-Smirnoff. Etienne Smirnoff.
-Vous avez quelqu'un dans votre vie.
-Si c'est une question, je n'y répondrais pas.
-Dans ce cas là c'est oui. Les gens qui n'ont personne ne le cachent pas.
Etienne soupira « Suis-je bête ! »
-Vous savez, Etienne, il est facile de passer de l'amour…
Milobellus se baissa. Cardia posa le pied sur un Sharpedo.
-…à la haine. L'amour peut-être gracieux et léger…
Un Rosabyss sauta derrière elle.
-…ou bien mordant et charnel…
Un Serpang sauta à l'opposé.
-Certaines personnes sont faites pour aimer, elles aiment sans concession.
Un Lovdisc tournait autour du Sharpedo.
-D'autres préfèrent pratiquer un amour étouffant et égoïste…
Un Tentacruel émergea devant elle. Etienne hocha la tête.
-Experte en Pokémon eau… « Manque de pot moi j'en ai qu'un ! »
Cardia hocha la tête.
-L'eau est l'élément qui se marie le mieux au sang dans l'anatomie humaine. Un homme n'est rien sans eau ni sang.
-J'adhère à ce point de vue, si tant est qu'il faille en avoir un.
-Vous savez ce qui me plait dans cette salle ? Il y a 70 % d'eau et 30 % de surface praticable. Comme à l'échelle planétaire.
-J'ai entendu dire que ça se faisait souvent dans ce genre d'endroit… procédé homothétique chauvin… marmonna Etienne.
Cardia sourit.
-Ne vous méprenez pas. Je ne suis pas ici pour plaisanter avec vous…
-J'avais pigé.
-…mais pour me débarrasser de vous.
-Tout aussi flatteur.
Un tentacule sortit soudain de l'eau et fondit sur Etienne.

-Tempêtesable !!
Les quatre Pokémon dragon attaquèrent Norbert et Hippopotas. Le petit Pokémon se plaça face aux dragons et défendit son maître d'une bien étrange façon : Il aspira le sable par ses narines avec une vigueur importante. Norbert recula.
« Est-ce que je dois sortir Drascore maintenant ? Floper ne pourra pas tenir très longtemps… Même si c'est mon meilleur ami et que je lui fais toute confiance, je doute vraiment qu'il puisse… »
Les Griknot émergèrent de la fumée brune.
-FLOPER ! ATTENTION !!
L'Hippopotas recula. Les petits monstres l'attaquèrent, l'un mordit le nez, l'autre une patte. Floper commença à se débattre devant un Norbert horrifié.
-F…
Il ferma les yeux puis se précipita pour écarter les requins des sables. C'est alors que vinrent les Carmache.
-RELACHE !
Norbert tint Floper qui relâcha sans recul le sable absorbé par Stockage. Les Carmache furent repoussés. Al s'épousseta et regarda Norbert accompagné de Floper.
-Eh bien… Vous êtes vraiment proche de ce Pokémon…
Norbert hocha la tête.
-Ouais. Vous n'avez pas idée. Ca va, Floper ?
L'Hippopotas regarda son maître, étonné. Un des Griknot lui mordait une cuisse et l'autre était accroché à son avant bras.
-Je… Je supporte pas qu'on te fasse du mal, je l'ai jamais supporté, tu sais bien…
-C'est juste un Pokémon, ils se soignent tous seuls… marmonna Al.
D'un grognement, Floper fit partir les dragonnets. Il regarda son maître, plutôt mal en point.
-Ca va, ça va.
Les yeux du petit Pokémon se remplirent de larmes alors que Norbert se relevait difficilement.
-Cela doit vous lancer… Je ne supporte pas de faire souffrir mes victimes, je préfère une mort rapide. C'est plus indulgent.
-Venez donc. On vous attend. Pas vrai, Floper ?
Le Pokémon se tourna vers son maître, attristé.
-C'est rien. Je t'assure.
Al Bridge soupira.
-C'est dégoûtant, tout cet amour… Vous irez en enfer pour avoir osé défier mon équipe.
Norbert ricana.
-C'est drôle ? pesta Al Bridge.
-Très drôle. L'enfer, je m'y prépare depuis l'âge de 16 ans !
Al Bridge ne comprit pas et ne chercha pas à comprendre. Les jardins se transformèrent soudain en sables mouvants. Norbert prit Floper et se dirigea vers le mur.
-Inutile de vous échapper !!
Norbert s'aperçut que des Kraknoix avaient amorcé le changement de topographie. Les jardins de l'université de Doublonville se transformèrent en désert. Faisant tout l'usage possible de son entrainement physique, Norbert sauta et arpenta le mur qui était derrière lui tout à l'heure. Il échappa aux coulées de sables et s'aperçut que le Scorvol d'Al l'avait porté au dessus du tumulte.
-Fameux, n'est-ce pas ? Vous n'en réchapperez pas.
-J'ai déjà vu du sable !
-Hm… Ils disent tous ça avant de mourir.
Norbert fronça les sourcils. Soudain, Floper poussa son maître qui tomba dans le désert improvisé. Norbert et son Pokémon roulèrent dans le sable jusqu'à atteindre le semblant de plat.
-Floper !! Mais que…
L'hippopotame désigna un os qui revint dans la main de son possesseur.
-Oh noooon… soupira Norbert.
Al atterrit à quelques dizaines de mètres de Norbert.
-Vous venez de fiche en l'air un magnifique jardin ! Le travail de plusieurs années peut-être !! grogna le doyen.
-Le paysage m'importe peu. Pour moi ça n'est qu'un prétexte.
-Venez-vous battre !
-Je suis en train !
Norbert aperçut alors Ossatueur qui fondait sur lui. Il esquiva d'un rapide roulé boulé en compagnie de Floper.
-Ouah !!
Le Pokémon joua de l'os contre Norbert et Floper. Le Pokémon tenta d'attraper l'os, mais il se prit un coup. Norbert esquivait également. L'os lui tapa les doigts.
-OUCH !!! Mais c'est pas…
Maintenant endolori, il attrapa l'os sans peur. Tant qu'à avoir mal…
-Tu commences à me saouler toi !
Ossatueur lâcha son os. Norbert se retrouva tout con avec l'os dans les mains et la bête prête à lui coller une rouste.
Soudain, Floper chargea violemment Ossatueur d'une Damoclès bien menée.
-Bien joué, ça, Floper !
Norbert ficha l'os dans le sable et observa son Pokémon attaquer Ossatueur. Al sourit.
L'os commença à fissurer le sable autour de lui. Floper rejeta Ossatueur qui tomba dans l'axe de l'os qui se déplaça jusqu'à sa main.
« Dans quel film j'ai vu ça se faire, moi ?! » songea Norbert.
Ossatueur s'empara de son os. Qui allait-il frapper maintenant ?
-Faites attention, cria Al Bridge, moqueur, il a défoncé des crânes moins solides que le votre !
« Doux Arceus ! » jura intérieurement le doyen.

Norbert et Lionel regardaient une cassette de Star Wars ensemble. Dans le film, le héros faisait tomber son sabre, mais grâce à la force, il le récupérait aussitôt, même à distance. Ils avaient Floper entre eux deux. Ca faisait presque un an qu'ils étaient installés ensemble.
-Ce film est une source d'interrogations déontologiques pour moi, soupira Lionel.
-Explique.
-Bah, tout le monde a applaudi la scène du baiser entre Luke et Leila.
-Hm.
-Avant de s'apercevoir qu'ils étaient frères et sœurs !
-J'avoue que ça m'avait un peu dérouté moi-même à l'époque !
-Par contre si baiser entre Luke et Han Solo il y aurait eu…
-La carrière de Harrison Ford se serait arrêtée aussitôt… répondit Norbert, cynique.
-Tu te rends compte que les américains préfèrent qu'un frère et une sœur s'embrassent plutôt que deux hommes ?!
-Lionel…
-Quoi ? C'est vrai, non ?
-Même si ça avait été sa mère, ils auraient applaudi ! Si les cinéastes voulaient développer de vraies romances entre hommes, ils l'auraient fait depuis longtemps. En l'occurrence ils ne veulent pas. Un auteur de romans a dit un jour : « Si je n'écrivais pas que mes personnages sont noirs ou blancs dans mes histoires, essaieriez-vous de le deviner ? »
-Et alors ?
-Que le cinéma ne montre pas de relations entre hommes ne veut pas dire qu'il déteste les homosexuels. Ca veut juste dire que ça ne les intéresse pas dans le contexte d'une histoire ! Moi-même si j'écrivais une histoire d'amour, j'y mettrais probablement plus facilement un homme et une femme que deux hommes. Plus facilement des blancs que des noirs !
Lionel s'étonna.
-Question de scénario ! Je voudrais bien que mes personnages se marient, aient des enfants… Echappent aux discriminations sociales si ça n'intéresse pas le propos de mon histoire !
Lionel baissa la tête. Norbert lui passa une main par-dessus l'épaule de son compagnon et le regarda de ses grands yeux gris-verts.
-Et puis bon, ça ne serait pas intéressant d'écrire une deuxième histoire d'amour !
Lionel regarda Norbert en souriant.
-Même quand je vais déprimer, tu me remontes le moral en une phrase !
-Eh, c'est mon rôle. Je suis ton… « Partenaire de vie » d'après la télé !
Lionel éclata de rire.
-Les gens de la télé ont le chic pour rabaisser les pauvres couples à de simples partenariats !
-Mais qu'importe ! Moi je sais que toi et moi c'est important. J'ai pas besoin que cette boîte me le rappelle !
Ils s'embrassèrent.

-Norbert, je te présente Angèle. Ma sœur.
-Jeune homme…
-Bonjour !
Lionel avait attendu qu'ils franchissent la barre des un an et demi pour présenter le seul membre de sa famille qui habitait sur le continent Poképolite.
-Voilà… Norbert et moi sommes… ensemble depuis bientôt deux ans.
Angèle hocha la tête. Blonde aux yeux las, typiquement le genre de fille qui même à 20 ans paraît en avoir 40. Inversement à 40 ans elle en fera 20 physiquement. Mystères de la nature…
-Je vais vous chercher à boire ! informa Lionel avant de partir vers la cuisine.
Norbert regarda Angèle qui observait son frère partir.
-Je suis contente de vous rencontrer… et que mon frère m'appelle pour autre chose qu'une dépression ou une tentative de suicide.
Norbert sembla interloqué.
-Pardon ?!
-Mon frère est sujet à de grosses crises de dépression. Je vous mets juste en garde parce qu'il ne vous le dira jamais. Il ne le dit jamais à ses copains.
Norbert resta étonné par cette révélation.

Norbert s'éveilla en pleine nuit. Lionel n'était pas dans le lit. Il se leva et chercha son compagnon dans l'appartement. Il le trouva sur le canapé du salon, installé dans la pénombre de trois heures du matin. Norbert s'étonna, surtout lorsqu'il perçut un sanglot.
-L… Lionel, tu pleures ?
-Non. Va te rendormir.
Norbert vint s'asseoir aux côtés de Lionel qui semblait au comble du malheur.
-Ca va ?!! Pourquoi tu fais cette tête, Lionel ?
-Je… je sais pas. Je me suis senti vide. Rien ne me paraissait intéressant.
-En te levant à trois heures du matin, c'est clair… Pourquoi tu m'as pas réveillé, on aurait pu en discuter…
-Je suis un homme malheureux, Norbert, c'est tout.
-C'est les études, c'est ça ?
En fait il pensait que c'était sa faute, et il pensait aussi à ce qu'Angèle lui avait dit.
-Non, c'est pas ça.
-Viens, on va se recoucher.
-Je suis pas fou, Norbert.
-Je pense pas ça du tout ! Ca va aller Lionel, c'est rien de grave, hein ?
-Je sais pas.
-Viens. On va se coucher.
Norbert réussit à le faire se lever et le ramena au lit. Là, il se serra contre lui, plutôt intrigué par cet instant. Il songea à des tas de choses qu'il ne souhaitait pas voir arriver.


Etienne esquivait les tentatives d'attaque de Tentacruel. Mais même en contournant les bassins, il s'aperçut que les tentacules de cette bête-là étaient très longs.
-La vache ! Si j'avais su que j'aurais à me battre dans une arène aussi grande ! J'aurais mis un survêtement !
Cardia sourit, énigmatique. Tentacruel cessa d'attaquer.
-Vous avez enfin compris ! Je suis trop loin ! Va falloir changer de piscine !
Cardia sourit, lunatique. Rosabyss sauta dans l'autre bassin.
-Un Rosabyss ! J'ai peur !
Rejoint par Serpang.
-C'est que des poiscailles ! J'vais pas me mettre à nager tout d'un coup !
Soudain, Serpang fondit sur la jambe d'Etienne et la mordit.
-OUARG !!!
Il tira le prof de stratégie dans l'eau.
-NAN !! Je…
« Je sais pas nager… Bah vas-y, n'hésite pas, crie-le sur tous les toits, crétin ! »
Etienne s'en foutait d'être face à une femme de la mafia – Non le problème c'est qu'il avait honte de ne pas savoir nager. L'ennui c'est que le poisson anguille lui tenait fermement la jambe et ne semblait pas résolu à le lâcher à moins qu'il n'entre dans l'eau.
Etienne soupira et enleva son manteau de cuir et son pull.
-Y'a mon portefeuille et je tiens à ce pull !
Cardia sembla indifférente à la maîtrise de lui-même affichée du professeur. Elle ne tint pas compte du badge choc. Quand au sex-appeal d'un homme torse-nu, étant elle-même déjà en ménage, elle n'y prêta que peu attention.
Etienne se jeta à l'eau. Mais même là, Serpang ne le lâcha pas.
« Saloperie d'anguille à la con !! J'vais avoir des traces de suçons en rentrant à cause de toi ! Si Linda m'engueule je t'envoie la facture !! »
Etienne sortit Debra, son Flagadoss. Elle écarta psychiquement les adversaires et remonta à la surface, son maître sur le dos.
-Youhou ! Moi aussi j'ai mon dada des mers ! cria t-il à Cardia, impassible.
« Maintenant il faut que je trouve un moyen d'attaquer directement cette femme. C'est pas en restant assis sur ma Flagadoss que je vais la battre… J'espère qu'elle ne va pas me chourer mon portefeuille ! »
Il s'aperçut soudain qu'elle était revenue sur Milobellus. Pour autant, pas de traces de l'aileron de Sharpedo dans l'autre bassin.
« Oh bordel… Si on voulait que j'apprenne à nager, fallait pas me faire rejouer Les dents de la mer !! Mauvaise idée !! »
Il regarda autour de lui. La forme triangulaire noire était sous l'eau.
-Et meeerde !!! Rejoins le bord !! Rejoins le bord, Debra !
Le Pokémon était immobilisé par Serpang et Rosabyss qui la retenaient sur place, l'un avec sa mâchoire, l'autre avec ses pouvoirs psychiques. L'aileron se déclara face à Debra et Etienne. Le Pokémon sortit sa tête de l'eau et s'apprêta à mordre. Etienne retint le nez de la créature à distance à bout de bras, malgré la constitution de la peau de l'animal. La femelle Flagadoss était apeurée.
-Aaaaargh putain j'ai mal !!!
-Vous êtes fou… La peau de Sharpedo libère de véritables épines… Vos mains vont être terriblement blessées.
-Vaut mieux ça qu'un Flagadoss infirme !
Debra eut comme un soupir d'attachement envers son cher dresseur.
Etienne lâcha le nez de Sharpedo d'une main, prit une Pokéball et l'envoya derrière Sharpedo.
Estelle réussit à larguer Sharpedo en deux coups de Queue Poison. Etienne retrouva ses mains libres alors que requin et vipère se livraient une guerre des crocs. Etienne regarda ses mains abimées.
-La vache… J'en ai jusque sous les ongles !! Ouille…
Le Seviper d'Etienne usa de Ligotage contre Sharpedo.
-Ce truc a une défense minable, on devrait pouvoir s'en débarrasser rapidement… Ca va Debra ?
Il regarda derrière lui, et les deux serpents de mer étaient en pleine immobilisation.
-Tu m'étonnes qu'on n'avance pas !! Debra, attaque Repli !!
La queue de Flagadoss commença à l'avaler, littéralement. Etienne leva les fesses et se posa sur le coquillage en question. Les deux serpents lâchèrent la femelle symbiotique, et s'écartèrent. Etienne plongea sous l'eau avec le coquillage qui avait complètement englouti le Pokémon. Une fois sous l'eau, il sembla apprécier ce moment de communion avec lui-même. Il vit Sharpedo, immobile, à l'envers et sourit. Agitant les mains, il en libéra les échardes sous l'eau. « Contrôle exemplaire de la situation, Smirnoff ! Retour sur le champ de bataille prévu pour cinq, quatre… »
Etienne reparut sur le dos de son Pokémon, recraché du coquillage.
-Me revoilà !
Estelle revint vers Etienne, victorieuse.
-Merci ma toute belle ! Reviens !
Etienne regarda Cardia qui le fixait.
-Arrêtez de me mater c'est très gênant, j'ai pas l'habitude.
-C'est pas ça… J'aime l'assurance de ceux qui n'ont pas à en avoir…
Debra rejoignit le bord. Etienne se retrouva sur la terre ferme et rappela son Pokémon.
-Je maîtrise ! J'ai déjà battu un de vos Pokémon, non ?
-Vous avez eu Sharpedo, mais vous n'êtes pas prêt de me battre.
-Oh, ça, ça peut attendre.
-Pourquoi prendre le risque de m'affronter ? Vous auriez pu éviter cette confrontation.
-Oui, je sais… Mais parfois on ne choisit pas ce qu'on doit faire…
-Vous êtes piégé dans une vie que vous ne voulez pas. A devoir faire des choses que vous ne voulez pas. A devoir accepter ce qui tantôt était inacceptable. Vous sentez que le piège se referme sur vous… Et un jour… Il se refermera… Et vous ne pourrez plus reculer.
Etienne regarda Cardia, impassible.
-J'ai l'impression que c'est pareil pour vous, coincée avec une bande de mafieux, incapable de faire du mal à une mouche, vous vous retrouvez à faire la leçon à un pauvre type au bord d'une piscine et pourtant vous n'arrivez pas à toucher les Assedic. Clocharde, va !
Cardia sourit.
-Mais de nous deux, celle qui est la plus heureuse, c'est moi.
-Forcément, y'a qu'une fille ici, moi j'peux pas être « heureuse », j'suis un mec !
Cardia sourit de nouveau.
-Psyko !
Etienne retomba à l'eau à cause de Rosabyss, au mieux de sa forme. Cardia rappela Tentacruel et le balança dans la piscine d'Etienne.
-On va voir qui va plaisanter maintenant !

-Maintenant !!
Floper chargea Ossatueur alors que Norbert le tenait à terre. Les deux étaient plutôt cabossés.
-Eh bah on s'en sort plutôt bien, hein, Floper !
L'Hippopotas regarda son maître, affligé. Le doyen avait en effet de nombreuses commotions, quelques bleus et probablement des hématomes bien dissimulés.
.-Tu sais à quoi je pense ? C'est très bête mais je pense au diner demain chez Linus ! J'vais pouvoir leur raconter que j'me suis battu, ça va être poilant…
Floper soupira. Son maître était énervant à rire dans une telle situation. Norbert s'effondra à genoux. Le Pokémon émit de l'inquiétude.
-Je… J'en peux plus ! Tu… Tu te sens capable ?!
Floper sembla perplexe, puis il fit face à l'ennemi. Al Bridge ricana.
-Eh bien, eh bien… Griknot, Carmache…
Les quatre Pokémon ressortirent de leurs Pokéball. Ils s'enterrèrent dans le sable.
Floper plongea dans le sable, ne laissant que ses yeux dépasser. Il fit face aux ailerons.
Les deux premiers, un Griknot et un Carmache, avancèrent. L'Hippopotas fonça droit sur les Pokémon dragon et les arrêta d'un coup de tête. Norbert soupira. « Il y met presque autant de bonne volonté que pour m'empêcher d'aller foutre en l'air ma paye aux soldes ! »
Floper latta l'autre Griknot. Il se dirigea promptement vers le dernier Carmache qui se mit soudainement à évoluer en Carchacrok.
-Le hasard est toujours en faveur de celui qui a les cartes en main…
Carchacrok sortit du sable, projetant Floper hors de sa cachette. Norbert était abasourdi devant ce qui se déroulait. Un dragon requin des sables contre un hippopotame…
-Par le Saint Groudon…
Hippopotas retomba dans le sable, près de Norbert. L'immense créature s'avança vers le doyen et son Pokémon.
-Ooooh… Je crois que c'est la fin !
Floper ferma les yeux, se leva sur ses pattes arrière, et créa une Abîme en retombant.
-Impossible !! s'écria Al Bridge.
Carchacrok s'effondra dans la fosse créée par le Pokémon.
-Damoclès ! ordonna Norbert.
Floper fonça droit devant et frappa Carchacrok à la tête. Le Pokémon sembla assommé. Et Floper quelque peu mal en point.
-Tu commences à ressentir les effets de Damoclès…
Norbert attrapa son Pokémon et le posa sur ses épaules.
-Repose-toi. Tu en as fait assez.
Carchacrok fut rappelé. Al Bridge soupira.
-Vous avez vaincu mes quatre mordeurs, mon Ossatueur… C'est très bien tout ça… C'est surtout vain et futile !! Scorvol !!
Le vampire ailé des sables fonça sur Norbert, pinces déployées.
-Tu veux des pinces ?! Tu vas en avoir !!
Norbert sortit Ginette, sa Drascore. Le Pokémon retint à bout de pinces l'adversaire ailé.
-Je vois… un duel de scorpions… Ce serait presque amusant si je n'avais pas prévu une guest-star de qualité… OCROUPI !
Un Laggron apparut derrière Al Bridge. Scorvol arriva pour saisir son maître qui échappa à la déferlante d'eau boueuse. Norbert se leva, éreinté.
-L'entrainement est là, mais le poids de l'âge se fait sentir, mon cher Floper…
Le Pokémon tapota l'épaule de son maître.
-Je sais, mais courir sur un tapis roulant ne remplace pas un bon combat réel !
Les jardins de la faculté, déjà dévastés par le sable, se retrouvèrent remplis d'eau boueuse.
-Mes chaussures… geignit le doyen avant de se faire réprimander par son Hippopotas.
Norbert avait de l'eau jusqu'aux genoux. Drascore arrivait à peu près à tenir. Mais la situation du doyen était relativement précaire.
« Je suis incapable de faire le moindre mouvement… Lui il vole… En face, Ginette doit s'occuper de Laggron… »
La canne en Pique d'Al déploya une hachette. Norbert écarquilla les yeux.
« Voilà ! Là, je suis vraiment dans la mouise !! »
-FINI DE JOUER ! LA PARTIE EST FINIE POUR VOUS !!

Jonathan Ludges entra dans la faculté.
-Y'a personne ?! Bon, bah… Vais m'avancer dans mes dossiers…
Il se dirigea vers son bureau.

Etienne ressortit de l'eau, à la surprise de Cardia, en effectuant la désormais célèbre « Nage petit-chien », esquivant le Tentacruel.
-Comment…
-Ah vous connaissez pas ça ? C'est un truc ça s'appelle : « Envoie un Foretress dans les tentacules de la pieuvre ! »
Cardia soupira. Elle allait rappeler Tentacruel, mais cela ne fonctionna pas.
-Eh oui quand deux Pokémon se touchent, impossible de les rappeler ou même de les capturer. C'est une loi de la nature ! En fait le Foretress fait Tour Rapide pour bien s'emmêler dans les tentacules…
Cardia écarquilla les yeux. Une explosion retentit, successive à la Destruction de Foretress. Etienne fut porté par la vague jusqu'au bord. Il sortit de l'eau.
-Vous connaissez la différence entre Destruction et Explosion ? Destruction conserve les parties intactes et projette de la matière. L'Explosion c'est juste un souffle, sans matière. Tout dépend de l'usage qu'on veut en faire…
Tentacruel était KO à son tour. Rosabyss et Serpang retournèrent dans le bassin de leur maîtresse.
-C'est bien joli tout ça mais j'ignore toujours comment vous battre !
Cardia sourit. Lovdisc visa Etienne et lui tira un Pistolet à O en pleine figure.
-On va explorer cette piste… marmonna la tueuse.
Elle sortit deux bouteilles de parfum en forme de cœur. « Cardia thym », parfum noir, et « Cardia Lys », parfum rouge. Elle lança les bombonnes dans chaque bassin qui prit la couleur du liquide.
-L'une des bombonnes contient de l'acide. L'autre du cyanure. Tombez dans un bassin et c'est la mort.
-Fan de Charlie Owens ? marmonna Etienne en référence au célèbre cas stratégique.
Cardia sourit.
-Peut-être…
-Non, vous n'êtes pas aussi intelligente.
Cardia fronça les sourcils.
-Lovdisc !!!
Le Pokémon envoya des Pistolet à O pour esquiver l'attaque qui menaçait sérieusement de le faire tomber dans un bassin.
-Ouah purée !!! Un Lovdisc va me tuer ! Mamaaaan !!

-Poison-Croix !
La Drascore de Norbert frappa Laggron. Native du Grand Marais de Sinnoh, la femelle scorpion était tout à fait agile. Laggron recula mais frappa le Pokémon d'un Tir de Boue qu'elle contra au mieux.
« Ca s'annonce super mal !! »
Al, porté par Scorvol, fonçait sur Norbert. Lequel esquiva au mieux.
-Vous ne pourrez pas toujours m'éviter !
-Et vous ne pourrez pas toujours voler ! Tempêtesable !
Floper tenta d'attaquer mais Scorvol évacua le danger avec ses ailes.
« J'avais oublié sa capacité spéciale Voile Sable… » soupira intérieurement Norbert.
-VOUS ETES LA, SEUL, SANS PERSONNE !
Norbert fit la moue.
-TOUT CE QUE VOUS ETES A MES YEUX C'EST UN OBSTACLE !!
Al agita sa hache pour tenter de toucher Norbert qui reculait et se baissait.
« J'ai du mal à bouger, je m'embourbe !! »
Al s'approcha et réussit presque à frapper Norbert.
« Pourquoi n'est-il pas plus à l'aise ? C'est étrange… Il vole avec son Pokémon, ça a l'air habituel, mais il a du mal à me frapper avec un objet qui semble pourtant lui être familier… »
Al leva sa hache, proche de Norbert.
-CREVEZ !

Norbert attendait sur une chaise dans la salle d'attente. Autour de lui, des tiqués, des femmes aux yeux cernés voire remplis de larmes, des inadaptés sociaux. Lionel sortit du cabinet.
-A plus tard, docteur Graham.
Norbert se leva. Les deux hommes sortirent. Silence de mort.
-Je suis désolé…
Lionel resta silencieux.
-Comprends-moi, j'étais… inquiet…
-Merci.
Norbert regarda Lionel qui hochait la tête.
-Avant toi, personne n'avait osé… me faire comprendre que j'avais peut-être un problème. Ma famille s'était toujours voilé la face. Pour eux, je suis juste un connard suicidaire dépressif…
-Ca va s'arranger.
-Ouais. Je sais. Maintenant, je sais.
Norbert sourit.

-C'était bien sympa…
Ils revenaient d'une sortie au restaurant.
-Ca fait trois ans, toi et moi, sourit Lionel. Toujours pas de routine qui s'installe ?
-Toujours pas !
-Tant mieux.
-Tu travailles de plus en plus tard…
-Entre les stages et les livraisons, c'est vrai que… toi et moi on se voit moins…
-La semaine dernière c'était sympa le concours à Vergazon !
-Ouais.
Ils croisèrent une très belle femme blonde et bronzée.
-Lionel ?! Lionel c'est toi ?
-…Béa !
Elle le serra dans ses bras et l'embrassa sur la bouche, devant Norbert ébahi.
-Tu vas bien ? s'écria la grognasse.
-Ouais… E…Et toi ?
-Tu m'présentes pas ?
-Béatrice, voici Norbert… Un ami !
-Ahon… enchantée ! Bon, à plus !
Béatrice partit. Lionel continua à marcher mais Norbert était scié.
-Quoi ?!
-T…T…TU LUI ROULES UNE PELLE ?! JE SUIS JUSTE UN AMI ?! A QUOI TU JOUES ???
-Norbert, je peux tout…
-Je rentre seul !
-M… Mais…

Lionel rentra à l'appartement. Norbert était devant la télévision, l'air consterné.
-Norbert… J'aurais dû te le dire… Mais je voulais pas que tu souffres…
-Tu es bisexuel, c'est ça ?
Lionel hocha la tête. Norbert soupira.
-T… tu te rends compte ! Tu m'aimes seulement à moitié !!
-Je sais…
-Tu regarderas toujours autant les femmes que moi ! Tu…
-Norbert, toi je t'aime ! Les femmes c'est juste… sexuel !
-C'est pour ça que tu es malheureux ?
Lionel hocha la tête.
-J'imagine que…tu n'as pas fait que des livraisons dans ton job…
Lionel secoua la tête, embarrassé. Norbert soupira.
-D'accord.
Lionel regarda Norbert.
-Ca… Ca ne te fait rien ?
-Non. Je pense que… je pourrais m'y faire. On a une relation bien assez forte pour supporter des coucheries.
Lionel soupira.
-Je t'en demande beaucoup trop…
-Je sais… Mais un couple c'est aussi des sacrifices, non ?
Ils se donnèrent une étreinte dans laquelle Norbert semblait exprimer des tas de doutes.


Etienne esquivait les tirs de Lovdisc. Le prof s'aperçut que Serpang et Rosabyss ne tiraient pas, à l'inverse.
« Ces deux bassins toxiques ça n'arrange ni elle ni moi… Le seul bassin propre c'est le sien… Si je reste sur la terre ferme… Bon, tant pis, je suis pas un as de la nage mais… »
Etienne plongea dans le bassin central. Cardia sourit.
-Siphon !
Serpang et Rosabyss activèrent leurs tourbillons. Etienne se retrouva pris dans les courants.
-Eeeeh ! Laissez-moi au moins sortir un Pokémon !!
-Vous n'êtes certainement pas sur votre terrain de prédilection… marmonna Cardia.
Etienne sortit une Pokéball de l'eau. Scarhino apparut. Cardia s'étonna.
-Qu'est-ce que ça peut me faire ?
-Et si on jouait à « Fais-là tomber de son Milobellus ? »
Cardia ricana. Elle sortit un vaporisateur.
-Insecticide ?
Il s'agissait en fait d'une bombe fumigène. Le gaz endormit Scarhino.
-Eh ! Mon Timothy !! grommela Etienne en rappelant son Pokémon. Il appela Debra, histoire d'être posé sur quelque chose et d'échapper aux courants.
-Juste devant moi… Sur cette espèce de vache des mers… Vous n'avez pas honte ? soupira Cardia sur Milobellus.
-C'est pas une vache c'est un Flagadoss ! Vos lentilles de contact sont nulles !
-Je vais vous achever !
-Vous n'êtes même pas trempée…
-Milobellus !! Ouragan !!
Debra s'enfonça dans l'eau. Cardia lança l'attaque tout en restant sur Milobellus. Debra réapparut derrière elle. Etienne reprit place sur la terre ferme et rappela son Flagadoss. Il envoya Erwan, son Capidextre.
-Voilà ! Je sais comment vous battre !!
Cardia s'étonna et regarda derrière elle.

Norbert rouvrit les yeux. Al était figé, la hache enfoncée dans un bouclier de protection. Norbert regarda Floper qui regardait Togepi, entre les bras du doyen des professeurs.
-Rune Protect, tout simplement… J'avais pas très envie de me servir de lui tout de suite mais…
Floper grimpa sur la hache et frappa Scorvol d'un coup de patte dans les yeux. Le scorpion s'écarta.
-Plaie-Croix et Casse-Brique !
Laggron fut lacéré par les griffes de la femelle scorpion qui lui asséna ensuite un grand coup de bras. Assommé, le Pokémon retomba en arrière. Al, lâché par son Scorvol, tomba au sol, sa hachette tombant dans l'eau, qui se retira suite au KO de Laggron. Norbert soupira alors que le sable était aspiré par des Kraknoix. L'homme si classe tout à l'heure était maintenant couvert d'eau boueuse.
-Argh…
Drascore attrapa l'homme bien piteux. Norbert, épuisé, se releva.
-Et voilà. Je vous ai attrapé.
Al Bridge soupira.
-Vous avez fait très, très fort… Ce n'est pas n'importe qui, qui peut échapper à mon équipe de Pokémon Sol…
-Merci bien. Mais j'avais avec moi les meilleurs alliés qu'on puisse avoir.
-Cependant je doute que vous empêchiez les autres d'assassiner la cible…
-Oh, on va se débrouiller… Les jardins sont crades, ça va prendre des heures pour être nettoyé…
-Vous êtes venu seul ici… Pourquoi ?
Norbert regarda Al Bridge.
-Je… C'est ainsi qu'il en a été décidé.
-…En réalité vous êtes un homme profondément seul. Vous n'avez jamais été vraiment heureux avec quelqu'un, et aujourd'hui vous venez seul face à la mort pour vous prouver quelque chose. J'ai raison ?
Norbert ne répondit pas.

Norbert rentra de sa soirée à une conférence de sa faculté d'administration. Il trouva Lionel dans le canapé transformé en lit avec deux femmes. Scène plus ou moins habituelle. « D'habitude c'est trois ou quatre… »
Il se rendit à la cuisine. Les plats à réchauffer étaient sur le buffet, avec un mot : « Désolé. »
Norbert acquiesça. Ca passerait si ça ne faisait pas bientôt cinq ans qu'ils étaient ensemble. Il mangea seul.

Silence de mort. Coupable du côté de Lionel. Assuré du côté de Norbert qui faisait sa valise.
-T… Tu es sur ?
-Il vaut mieux que je parte, Lionel. J'arrive plus à supporter.
Le futur policier baissa la tête.
-Je t'aime…
-Je sais ça, mais… Je n'arrive plus à supporter tout ça… Je sais que elles et moi c'est différent… Mais je peux plus supporter de te partager.
Lionel hocha la tête, malheureux. Norbert se serra contre lui.
-Jure-moi qu'on restera au moins amis…
-Mais oui Lionel…
-J't'aime tellement !!
-Mais moi aussi… Je suis désolé de devoir en arriver là… Mais je souffre… et plus important je te fais souffrir en t'imposant ma souffrance. On se fait du mal.
Lionel acquiesça.
-Allez. Il vaut mieux… Que j'y aille.
-Norbert…
-Hm ?
-Tu iras… à Ecorcia. Je… Y'a un ami à moi qui peut t'avoir un appartement.
Norbert hocha la tête.
-J'espère que ça ira pour toi.
Norbert partit de l'appartement, laissant un Lionel malheureux. Qui saisit un téléphone. Il tapa un numéro.
-Allo ? Sandy ? Hm… Tu es toujours libre pour le…Disons le 22 ?


Etienne regarda Cardia qui s'était retournée.
-Vous pensez pouvoir me battre ? Peuh ! Votre singe est si minable !
-Et vous ne savez pas nager !
Cardia s'étonna.
-Comment… C'est ridicule !
-Alors plongez.
-Je ne vois pas pourquoi. J'ai une robe de très haute couture.
-Enlevez-là.
-Je n'ai rien en dessous.
-On n'est pas à ça près !
Cardia haussa un sourcil, mais Etienne affichait bel et bien un sourire pervers. Cette provocation, il n'aurait pas pu la faire avant. Et surtout, il n'aurait jamais pu bluffer ainsi devant une femme avant d'avoir retrouvé l'amour de Linda.
-Vous avez raison, admit t-elle. Je ne sais pas nager.
-YES !
-Comment l'avez-vous compris ?
-Vous empoisonnez l'eau.
Cardia s'étonna.
-Vous empoisonnez des bassins ou vous auriez pu vous réfugier, mais en réalité, vous avez toujours eu peur de l'eau. Ce qui explique que vous n'y avez pas trempé un pied depuis le début. Moi je ne nage pas super bien, mais grâce à vous je l'ai fait. J'ai peur de l'eau depuis une mauvaise expérience à la piscine, et vous ?
Cardia hésita à répondre.
-J'ai failli noyer mon bébé dans son bain... D'après ma mère, j'aurais aussi vu mon père dans une baignoire après son suicide. Ce qui explique ma peur.
Etienne hocha la tête.
-J'ai échappé à vos pièges, et maintenant je vais mettre fin à vos agissements.
-Bah voyons. Hydrocanon !!
Milobellus eut un mouvement de recul.
-ONDE DE CHOC !
Erwan se plaça au bord de la piscine et électrocuta le bassin. Cardia, Milobellus, Lovdisc, Serpang et Rosabyss se retrouvèrent choqués. La dame de cœur tomba à l'eau. Etienne sifflota.
-C'est mignon tout ça…
Une fois les Pokémon KO, Etienne récupéra Cardia qui était vivante. Il utilisa Coralie, son Korillon, pour la ficeler comme un saucisson.
-Et voilà. Une femme sexy ligotée, avec moi, tout seul… J'aimerais bien voir jusqu'où va son tatouage…
Erwan et Coralie tirèrent leur maître vers l'arrière.
-M… MAIS LACHEZ-MOI ! QUI SERT LA BOUFFE ICI ???

Daniel circulait à travers les couloirs, attendant son adversaire.
Alors qu'il allait passer dans un couloir, un poing le frappa. Jonathan vit qui il avait assommé.
-Oh bah merde… Eh mais attends… Personne un vendredi… Ce serait pas aujourd'hui que…
Jonathan se tapa le front.
-Quelle tête de con ! Ca doit être aujourd'hui que l'autre tête d'ampoule devait affronter les crevards de la mafia !!
Jonathan traina Daniel par les pieds et l'allongea sur un canapé dans son bureau.
-Pauvre chiard ! J't'ai cassé le nez !
Il entendit un bruit de porte forcée. Jonathan composa une combinaison sur un coffre protégé par un code secret. Il en sortit une Hyperball qu'il rangea dans la poche de sa tenue. Il ferma son bureau à clé et aperçut un type avec de longs cheveux blancs et portant une peau d'ours sur le dos en train de forcer la porte du bureau de Kenneth.
-Salut…
Le type leva les yeux vers Jonathan. Une vraie tête de sauvage.
-T'es qui, toi ?
-Moi ? J'bosse ici. Pourquoi ? Et toi, t'fous quoi ici ?!
Le type se releva.
-T'as pas à le savoir. Mais rien que pour m'avoir vu tu vas crever.
-Ok, ok…