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Smirnoff de Domino



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» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 12/08/2008 à 18:04
» Dernière mise à jour le 11/06/2009 à 06:11

» Mots-clés :   Humour   Johto   Romance

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035 - Bonnes relations
« Le jour de l'Occident est la nuit de l'Orient »

L'hélicoptère arriva à l'héliport de Gizeh, aux environs du Delta du Nil. Un homme en treillis descendit, son jeune fils à sa suite.
-Commandant Finsbury ? Je suis Massad, le chef des armées. Je vous souhaite la bienvenue. Vous êtes bien sur là pour négocier avec la tribu Touareg au sujet du fameux incident…
-Ce sera l'affaire de quelques mois. Je veux m'assurer que tout ira bien et partir en étant sur que rien ne se passera mal par la suite. C'est ma conception de la diplomatie inter communautés.
-Vous avez emmené votre fils ?
-Je ne pouvais résolument pas le laisser seul. J'ai pris des arrangements pour le faire garder par un ami propriétaire. Norbert est tout à fait à même de vivre dans une famille égyptienne. N'est-ce pas, fiston ?
-Oui, papa.

-Salam halikoum…
-Halikoum Salam, jeune homme. Mr Finsbury, ne vous en faites pas, nous prendrons soin de votre fils.
-Et vous serez récompensé en juste office, Imam Yassir. Norbert est très calme et respectueux, il a suivi des cours spécifiquement à l'ambassade, il ne vous causera, je l'espère aucun tracas.
-J'en suis sur. Je cours finir de préparer le thé, profitez-en pour les au-revoir.
Le père de Norbert saisit les épaules de son fils.
-Désolé, fiston, ce n'est pas forcément agréable pour toi…
-Ca ira papa. Je suis préparé, et c'est toujours enrichissant.
-Tu prends toujours le côté positif… Mais je te préviens, Norbert…
Le père prit son air le plus sévère qui soit.
-Je ne veux pas de « bêtises » ici. Compris ? Tu as 18 ans, tu es assez responsable pour comprendre ça, non ?!
Norbert baissa la tête.
-Oui papa.
-Je reviens dans un mois. Bon courage, fiston.
Norbert regarda son père partir, une fois de plus.


Norbert gardait les yeux fixés sur cette photo de lui et de son père devant la nécropole de Gizeh. Il soupira, se leva et se dirigea vers le bureau du proviseur.

-Bien ! Voilà enfin ma classe définitive… Qui est resté…
Etienne regarda sa classe d'environ 70 élèves qui remplissait une bonne partie de l'Amphithéâtre.
-Hannah, vous êtes restée… Quelle est votre motivation ?
Hannah s'étonna.
-J'aime votre cours, vous êtes sympa. Le reste, bah… Votre collègue Mlle Trautmann est sympa, la prof d'élevage est cool aussi, et au niveau de l'apprentissage des attaques et des fondamentaux ça baigne.
-Vous cherchez de la stabilité… De la tranquillité. Je comprends. Jerry, vous êtes là aussi…
-Ouais.
-C'est parce que je vous ai fait du gringue ?
-Non… J'ai mes raisons.
-Super ça me donne envie de vous demander « Lesquelles » et de vous faire la conversation !
-Eh bah…
-Mais en fait non car je m'en fous ! Sammy vous avez appris le français ?
-P'quoi vous m'demandez ça l'autre ?
-Toujours pas… Ludologue est là aussi…
-Ludovic, putain…
-J'aime qu'on associe la profession au prénom, ça donne tout de suite une bonne idée du personnage. Etienne, prof… Ca va le trottoir, pas trop dur la nuit ?
-Pffff…
-Je m'en doutais, une formalité ! Passons aux cliques. Ce que j'appelle une clique c'est plus de deux personnes côte à côte sans y être obligées, forcées ou même poussées par la torture… Mesdemoiselles… Vous êtes blondes, maigres et jolies, tout porte à croire que vous allez devenir astrophysiciennes…
-Haha-hahaha… Très marrant.
-J'ai trouvé celle qui savait parler ! Nom, mademoiselle, puis noms de vos parasites symbiotiques…
-Je suis Karen Hewish.
-Jewish ?!
-Hewish. Ca veut dire « Il souhaite » en anglais, c'est très mignon.
-Ou très con, au choix. Les deux pintades à gauche et à droite de la reine des rajouts laids…
-Je suis Audrey…
-Et moi c'est Claudia.
-Quelles personnalités reluisantes… Bon. Et l'autre clique… C'est celle qui s'est mise au milieu, au centre exact de la salle, les quatre, là…
-Dylan…
-Juliette…
-Shahrukh…
-Motel.
Etienne les regarda, étonné.
-Vous êtes une secte ?!
-Un groupe de musique, marmonna le leader, brun avec les cheveux très courts. Le teint relativement pâle et les yeux cernés.
-Hmm… Ca n'intéresse pas trop mon cours de stratégie tout ça… Donc je ne vous embêterais pas.
-Flipette.
Etienne regarda Juliette qui ricana.
-Joueuse… Une fille entourée de trois mecs c'est généralement une fille très seule…
Juliette parut gênée. Dylan soupira.
-Vous commencez le cours ?
Etienne sourit.
-Mais c'est lui, votre petit copain !
Juliette soupira. Dylan leva les yeux au ciel.
-J'suis trop fort ! Bon, le cours d'aujourd'hui : Intérêt stratégique de la relation « Humain-Pokémon ». Je vais le commencer avec un cas stratégique, celui de Mamadou N'Sigen, un des plus grands marabouts du Tchad qui avait, vous allez le voir, des méthodes étranges…
Daniel et Adam rentrent avec un café et des gâteaux. Les élèves les regardèrent, intrigués.
-Très bien. Situation du couloir administratif ?
-Le hamster est entré dans le terrier du Grand Blaireau scintillant.
-Bon. Je suis tranquillisé pour moi et ma squaw. Le cas…
-Excusez-moi…
Etienne regarda la chef des blondes.
-Oui, Paméla ?
-C'est Karen !
-Dans mon cours c'est Paméla. Vous connaissez le cas de Mamadou N'Sigen ?
-Non, mais… C'est qui ces nabots à côté de vous ?
-C'est qui les strip-teaseuses à côté de toi ?
-Ce sont mes copines !
-Moi pareil. C'est mes copines. Mesdames et messieurs, voici Adam Merridew, brun, bon parti, pas casé, il a été mon élève et a eu son examen de sixième année…
-C'est des MÔMES ?!
-Et voici Daniel Pentwell, l'élève d'un de mes feux collègues, un garçon tout à fait attachant qui aime l'odeur des fleurs… Plus particulièrement…
-Les pâquerettes et les mimosas…
-Voyez ? Sensible, tempéré, mignon… Faites votre choix, mesdames !
Dylan leva la main.
-Pas vous enfin, votre copine est à côté…
-J'ai une question… Ce sont vos assistants, n'est-ce pas ?
-Bingo… Belle perspicacité…
-Non, Mademoiselle Trautmann nous a expliqué le système avant…
-Sincère en plus. Bon, le cas.
Les élèves sortent des cahiers ou des pochettes.
-Mamadou N'Sigen était donc Marabout, ce qui consiste à résoudre les problèmes des villages. Il officiait dans un petit village tchadien il y a quelque vingt ans. Très concerné par les problèmes de sa petite communauté, il s'était aperçu que les femmes du village étaient parfois attaquées par des Pokémon sauvages lorsqu'elles allaient aux cultures. Les différents Pokémon accueillis au sein du village ne faisaient rien ou presque pour empêcher cela. Le marabout chercha, chercha, et finalement trouva une solution adaptée : Consolider les liens entre Pokémon et hommes. Mais c'était difficile : les hommes se méfiaient des Pokémon et les Pokémon n'en avaient rien à foutre des cultures des hommes : ils mangeaient l'herbe à portée, eux. Le Marabout eut une déduction très simple : Les humains devaient attirer l'attention des Pokémon. Ainsi fut créé le fameux Grelot Zen.
Les élèves hochèrent la tête, impressionnés.
-Oui ça peut paraître étonnant mais cet objet est bel et bien originaire d'Afrique… A l'époque ils l'appelaient « Clochette apaisante ». L'objet permit aux Pokémon de réclamer l'attention des maîtres et aux maîtres de jouer avec les Pokémon. Ainsi les Pokémon se mirent à protéger les cultures par attachement aux maîtres et tout alla au mieux dans le meilleur du monde. Bien, on passe à la phase de déduction : Quel type de problème a été résolu par quel type de solution ?

-Je… Je peux pas faire ça !
Linus soupira.
-J'ai besoin de ces informations. Mais j'ai aussi besoin que vous ayez de l'autorité sur les professeurs ! Vous êtes le doyen, que diable !
-Linus, j'ai trop de principes…
-Il suffit, espèce de chiffe-molle !
Norbert se raidit.
-Vos sautes d'humeur passent encore, mais vous n'êtes pas là pour faire ami-ami avec tous les professeurs. Votre but c'est d'imposer votre poigne aux professeurs pour que sitôt leur cours commencé ils fassent dans leur froc à la seule idée que vous passiez !
-… Je ne pourrais pas… Appliquer mes méthodes ?
-Vos méthodes pour l'instant se sont résumées à mettre des muffins dans la salle des professeurs…
-C'est bon les muffins…
-Et à vous enticher de Smirnoff…
-Il… Il est très sympathique…
-Eh bien vous n'êtes pas là pour vous faire de nouveaux petits amis !
-Dheu…
-Allez-y, et semez votre patte sur le monde professoral.
Norbert hocha la tête et sortit du bureau de Linus, hébété.

Norbert était sur une chaise, assis au fond de la pièce ou les fidèles priaient. Dans une mosquée, les non-musulmans sont autorisés à entrer mais doivent rester à l'écart. L'imam donnait la prière. Norbert gardait la tête fermement baissée. Il ne se releva qu'en même temps que tous les autres.

Norbert suivait ses cours par correspondance chez Yassir Al-Hassan. L'Imam était marié, et avait un fils et trois filles. Norbert dormait dans la chambre d'amis située juste à côté de celle d'Ayoub, le fils de l'Imam, sous le régime de la séparation hommes/femmes effectuée par l'islam. Les deux jeunes hommes avaient développé une certaine complicité.
-Alors, Norbert…
-Hm ?
-Tu t'es bien rincé l'œil ?
Norbert, en train de faire son lit, se tourna vers la porte. Ayoub entra dans l'encadrement. La peau sombre, relativement imberbe, les yeux et les cheveux d'un noir profond.
-Euh… C…Comment ça ?
-On avait tous les fesses en l'air…
Norbert secoua la tête.
-Je sais pas ce que tu t'imagines, mais…
-Détends-toi… Tout le monde ici n'est pas piqué de la religion. Mon père reçoit souvent des fils de diplomate, de marchand, de militaire… Et moi je m'occupe de la réception… Quand ils sont à mon goût.
Ayoub se saisit des épaules de Norbert qui lui faisait dos.
-Rien qu'à voir tes chemises ouvertes, tes cheveux blonds bien coiffés et cette chaîne en argent, on devine déjà…
Norbert souffla, désarçonné. Il avait promis à son père. Il tendit les bras en arrière et agrippa les fesses d'Ayoub, qu'il rapprocha de lui. Ce dernier se mit à humer doucement la nuque du fils de diplomate. Norbert se sentit électrisé. Ayoub s'éloigna.
-A ce soir…
Norbert eut un discret sourire, puis secoua la tête, se maudissant d'être si faible.

Nécropole de Gizeh. L'un des plus grands et des plus fréquentés sites touristiques au monde. Il faut dire que le sable est magnifique et que les marchands de boisson fraîche sont très sympathiques.
Accessoirement, il y a quelques pyramides.
-C'est vraiment magnifique…
Norbert prit une photo. Ayoub soupira.
-Quand tu vis tous les jours à côté de ces pyramides, c'est franchement moins magnifique… Les touristes croient que c'est un bonheur… Pas vraiment.
-Alors pourquoi es-tu venu avec moi ?
-Le plaisir de ta compagnie. La vue de toi, dos à moi, dans cette djellaba trop petite…
Norbert regarda ses fesses.
-Quand tu vis tous les jours avec, tu trouves ça moins magnifique aussi !
Ayoub ricana. Norbert sourit et prit un air moins jovial.
-Tu sais qu'ici, ce que nous… faisons dans tes appartements est sévèrement puni…
-Je sais. N'est-ce pas le plus excitant dans tout ça ? L'amour ou la mort…
-Peut-être pas la mort, mais…
-Le plaisir ou la douleur de la torture et d'être un paria si tu préfères. Au fait, jeune occidental, comment as-tu pris goût aux relations avec tes « plus que » semblables ?
Norbert ricana, dépassa la gêne que représentait la question pour lui et décida de fomenter un « pieux » mensonge.
-Quand tu voyages avec des soldats en permanence, tu finis par oublier ce qu'est une fille…
-Moi c'est l'inverse : Mes idiotes de sœurs m'ont dégouté à jamais des femmes…
-Ta première fois c'était quand ?
Ayoub sourit.
-J'avais 14 ans.
-Oh…
-Et lui 43.
Visage surpris du blondinet.
-Bah ça…
-Il était marchand vagabond. Un bel homme viril, musclé, odorant… J'ai voulu expérimenter et il a su me faire plier… dans tous les sens… du terme.
-Quand je pense que moi c'était il y a à peine deux ans…
-Vous, les occidentaux, vous êtes tellement décoincés qu'en définitive vous ignorez tout de l'exotisme de la vie. Pour vous le top du top c'est un cocktail sur une terrasse… Alors que tout peut devenir tellement excitant et dangereux…
-Oh, ça rassure-toi : Je l'ai bien compris…
-Tu me fais quelque peu changer d'avis sur les occidentaux. Tu es plus… Ouvert.
-Désolé de ne pas avoir 43 ans…
Ayoub sourit.
-Tu es le premier de mon âge. C'est cool de t'avoir à la maison pour un temps.
-C'est cool pour moi aussi d'être chez toi. Ta famille est très hospitalière.
-S'ils savaient qu'en réalité ta bouche sert à tant d'autres choses qu'à dire des politesses en arabe…
Ils ricanèrent.


Norbert ferma les yeux et frappa à la porte. Il ouvrit et vit Smirnoff à son bureau en train d'écrire.
-Tiens… Mon petit Norbert… Entrez, on dirait que vous avez un secret de famille honteux quand vous restez sur le pas de la porte comme ça…
Norbert avança d'un pas ferme et déterminé.
-Mr Smirnoff, j'ai quelque chose de très important à vous demander.
-Oh non… Pas « Je te tiens tu me tiens par la barbichette », J'suis nul !
-Avez-vous en ce moment une relation avec un de vos collègues ?
Smirnoff leva un sourcil et leva la tête vers son doyen.
-Et pourquoi Linotte a besoin de cette info ?
Norbert réalisa soudain que la manière dont Smirnoff lui parlait était profondément incorrecte. « Il me prend pour un de ses gamins… Il blague, il surnomme, il me met sur un pied d'égalité avec tous les autres gens… » Il serra le poing. « Linus a raison, je n'ai aucune autorité… »
-C'est moi qui en ai besoin. En tant que doyen des professeurs je dois savoir si je peux parler à vos collègues de vous sans embarrasser qui que ce soit. La politique de l'établissement consistant à limiter le nombre de plaintes au minimum.
-Donc je dois vous dire si je… couche avec un ou une de mes collègues ? Je dois compter les orgies ou…
Daniel et Adam, qui rangeaient des dossiers, se regardèrent, surpris.
-En quelque sorte oui.
-Hmm… Allez demander à Kenny, je n'ai pas le temps pour ces enfantillages.
-Mr Smirnoff…
-Norbert… ?
-C'est MONSIEUR LE DOYEN !
Etienne se releva, surpris par la portée de la voix du doyen. Dans son regard il y avait une sombre colère. Daniel et Adam étaient stupéfiés
-Ok… Je n'ai pas de relation… impliquant un conflit d'intérêt avec aucun collègue… Linda est juste ma colocataire et c'est la seule avec qui je parle.
-Bien. Autant de tergiverses inutiles pour une réponse si simple, je vais commencer à croire que vous me cachez des choses, formula Norbert.
-On cache tous des choses.
-J'avais autre chose à vous dire à vous personnellement…
Norbert hésita.
-Vous êtes sous le coup d'un avertissement pour n'avoir participé à aucun rassemblement pédagogique professoral de votre section depuis la rentrée.
-Oh, ça m'…
-Ne m'interrompez pas !
-…
-Je sais que vous pensez que vous avez de bonnes méthodes, que vous faites du bon travail, mais sachez que dans le vrai monde il y a des hiérarchies, des échelons, des règles, et que malheureusement, il y a le personnel de service en bas, vos assistants ensuite et VOUS. Vous êtes un prof ! Vous n'avez pas à mener de relations aussi pointues avec les membres de l'administration. Vous avez des collègues professeurs que vous devez voir, avec qui vous devez travailler ! Bienvenue à l'école, Mr Smirnoff, ou plutôt devrais-je dire, cher collègue inférieur hiérarchiquement.
Norbert sortit d'un pas presque militaire. Il ferma la porte, puis sembla au bord des larmes. Il se frotta les yeux, se couvrit la bouche et regarda vers le ciel. Il alla vers la salle d'histoire et frappa avant d'ouvrir la porte.
-Oui… Oh bonjour Mr Finsbury !
-Mademoiselle Trautmann… J'ai quelque chose à vous demander.
-Bien sur allez-y.
-Je dois vous demander si vous entretenez une relation particulière avec un de vos collègues en ce moment.
Linda cessa d'écrire.
-Je… vous demande pardon ?!
-Vous n'allez pas vous y mettre aussi. C'est une question simple, elle demande une réponse simple.
-« Aussi », ça veut dire que vous êtes passé voir Etienne avant…
-Contentez-vous de répondre.
-Je savais bien que vous étiez aussi louche que vous en aviez l'air…
Norbert s'étonna. Nathalie et Gus, qui rangeaient les cartes et les graphiques, s'étonnèrent de même.
-Pardon ?! Madame, vous parlez au doyen des professeurs !
-Je sais à qui je parle. Ecoutez, Etienne est mon colocataire, du moins il m'héberge. Je connais tous mes autres collègues de vue ou après quelques conversations au détour d'un couloir. Maintenant la question que vous me posez est profondément indiscrète et indigne d'un doyen.
-Je n'ai pas d'ordres à recevoir d'une employée.
Norbert repartit. Linda soupira.
-Eh bien celui qui a dit « Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera » n'a décidément pas connu Norbert Finsbury… Le temps des cerises, c'est terminé…

-Norbert, l'hypnose est un art particulier. Tu es certain de vouloir apprendre ?
-Ca m'intéresse beaucoup, Mr Al-Hassan !
-Bien… Tu vas commencer par te saisir du pendule – ou de tout autre objet rond ou sphérique au bout d'une chaîne.
Ayoub lança un regard significatif à Norbert qui se retint de rire.
-Puis tu exerces une oscillation de gauche à droite. Regarde bien.
Mais Norbert était distrait par les yeux noisette d'Ayoub qui le regardait. Il se concentra sur le cours de Mr Al-Hassan.
-Au bout d'un moment, les yeux de ta victime te paraîtront particulièrement inattentifs…
-Je comprends oui.
-C'est à ce moment qu'il te faut parler avec douceur et suggestion pour plonger ta cible dans l'état d'hypnose.

Le matin, Norbert se réveilla dans les draps encore chauds. Il regarda Ayoub à ses côtés, souriant et endormi et le secoua.
-Eh ! Retourne dans ton lit ! Ayoub !
-Mmmm… Nan j'veux rester là…
-Si ton père nous voit il va nous tuer…
-Tu veux qu'on refasse l'amour ?
-Non je veux que tu ailles dans ton lit histoire qu'on ne se fasse pas tuer !
-Ok… Si c'est ce que tu veux
Il se leva, nu, laissant sa chute de reins au regard de Norbert, et ramassa ses habits nocturnes.
-Ayoub !
-Quoi ?
Norbert hésita, rougit puis lâcha :
-C'était super !
Il sourit en retour.
-Pareil, c'était super. Comme d'habitude ! Ce soir ?
Norbert hocha la tête en souriant.

-Et ça ne t'embête pas ?
Ayoub soupira.
-Les hommes ne sont pas faits pour les relations durables de toute façon.
Ils se baladaient dans les rues de Gizeh en pleine nuit, en direction d'une boîte de nuit clandestine.
-J'aimerais bien vivre une grande histoire d'amour un jour…
-Tu vois, tu n'y songes même pas avec moi.
-Tu ne désires pas fonder de relation solide !
-Pas d'enfant, pas de légalité…
-Dans ton pays, pas dans le mien !
-Pas d'attache… Même dans ton pays, ta maison ne devient pas la mienne si on se… lie légalement.
-Y'a pas de mariage pour nous là d'où je viens. A croire qu'ils veulent qu'on devienne tous dépressifs !
Ils continuèrent à marcher. Leur complicité amicale était devenue forte, chacun ressentait pour l'autre une affection ambigüe
-Tu faisais quoi, plus jeune ?
-J'ai été chanteur dans une chorale entre 13 et 16 ans. Mes parents sont de fervents témoins d'Arceus.
-Témoins d'Arceus… Rien à voir avec l'Islam…
-On en est loin en effet…
Ils arrivent devant un escalier descendant dans les bas fonds de la ville. Ayoub se tourna vers Norbert.
-Tu n'acceptes rien. Ni pilule, ni sachet, ni seringue. Si tu prends un verre, tu le surveilles.
-Pour quelqu'un qui ne croit pas en les relations solides tu me couves…
Ayoub regarda son amant depuis bien trois semaines. Son visage s'approcha. Norbert sentit quelque chose dans l'approche d'Ayoub, comme une tendresse calibrée exprès pour lui. Le baiser qu'il lui posa sur les lèvres n'avait rien de sexuel. Norbert étreignit avec douceur son compagnon.
-Quand on va descendre parmi les hommes, les femmes et les travestis, cette étreinte n'aura plus de sens pour moi…
-Je sais… Je sais, se lamenta doucement Norbert.


Norbert était revenu de son escapade chez les professeurs, qui avaient tous été mécontents de son arrivée. Il s'assit à son bureau et commença à écrire. Il regarda la photo de son père et lui en Egypte, face aux pyramides. Son père avec un regard lassé mais compréhensif et lui avec des yeux tristes et un sourire pincé. De lents applaudissements retentirent et Norbert aperçut Linus dans la porte.
-Félicitations, cher ami. Ils sont dans une rage folle.
Norbert soupira.
-Ce n'était pas de gaité de cœur, mais…
-Vous avez la liste ?
-Oui… Voilà…
Linus s'empara de la liste et la déchira en mille morceaux.
-Quoi mais…
-Je n'avais pas besoin de savoir qui sortait avec qui, voyons, Norbert ! Je suis le proviseur ! Je me moque éperdument de ce qu'ils font, ces enseignants minables en dehors de leurs cours pompeux.
Norbert regarda Linus, terrifié.
-Si je vous ai fait ça c'est parce que vous m'avez défié, il y a quelques jours. Je n'apprécie pas la défiance, sous aucune sorte. J'ai donc décidé que… Vous seriez tout comme moi un doyen détesté par ses confrères.
Norbert sentit le ciel lui tomber sur la tête.
-V… Vous vous êtes vengé de moi ?!
-N'employez pas de termes aussi sales…
Il se dirigea vers la porte.
-J'ai juste replacé vos fesses à la place ou elles devraient être. A savoir : Mon adjudant. Sachez qu'ici, personne ne dicte sa loi à Linus Winchester, et surtout pas le « petit » Norbert Finsbury. Sur ce, je tiens à vous rappeler qu'il y a encore 7 mois avant la fin de l'année… Et que vous ne pouvez pas démissionner sans mon aval… Comme c'est bête, parce que je compte bien vous garder ! Bon courage à vous…
Linus repartit vers son bureau, et Norbert réalisa toute la cruauté qui était face à lui.

Norbert et Ayoub faisaient leurs devoirs ensemble, Norbert ses devoirs par correspondance et Ayoub ses études d'Arts et Lettres. Le Rapion de Norbert et le Zigzaton d'Ayoub dormaient côte à côte.
-Si on a le temps, on pourra se faire un musée avant ton départ.
-Ca me dit, ouais… Marmonna Norbert.
Ayoub posa sa main sur la cuisse de Norbert.
-Je sais que c'est moi qui t'ai dit de ne pas t'attacher, mais…
Norbert regarda Ayoub.
-Tu me manqueras plus que les autres, Norbert Finsbury.
-Moi non plus je suis pas prêt d'oublier cette escale égyptienne…
Leurs visages allaient se rapprocher lorsqu'une porte grinça. Ils se retournèrent vers l'Imam Yassir.
-Norbert…
-Mons… *déglutit* Monsieur Al-Hassan…
-Ton père passe cet après-midi. Tu pars.
La voix avait sonné comme une excommunication.
-B…Bien monsieur Al-Hassan.
Le père regarda les deux jeunes hommes, méfiant.

Norbert partit avec son père dans l'après-midi. Ils entendirent soudain des coups et des cris venant des fenêtres de la maison. Norbert se retourna mais son père lui prit l'épaule et le ramena vers lui silencieusement.
-P… Papa…
-Oui, Norbert ?
-Euh… Ce qui s'est passé…
-Je ne veux rien savoir.
-Je sais, ça… Mais…
-Fiston…
Le père militaire regarda son fils.
-Ca ne me dérange pas tant que tu ne m'en parles pas. Compris ?
-Papa, c'est juste une part de moi, c'est…
-Tu es malade, fiston.
Le sang de Norbert se glaça dans ses veines, et sa colonne vertébrale surchauffa.
-Quand tu parles de… « Ça », c'est une maladie qui s'exprime. Comme une tumeur, tu vois.
-P… Pas… Pas du…
-Et c'est à cause de ça que ta mère est partie, aussi. Tu te souviens ?
Norbert baissa la tête, honteux.
-Allez, viens. L'hélicoptère ne nous attendra que deux heures.
-Papa, on peut…
-Oui, fiston ?
Les yeux du fils étaient remplis de larmes.
-On peut aller à la nécropole ? Voir les pyramides ?
Le père soupira.
-Si tu veux… Mais arrête de pleurer. Tu es un homme. Les hommes ne pleurent pas.
-Pardon, Papa…
Là bas, Norbert demanda à un touriste de les prendre en photo. Norbert était empli de malheur, et le père faisait façade. Ils rentrèrent vers l'hélicoptère.
-Papa…
-Oui fiston ?
-Est-ce que… Pourquoi tu me gardes avec toi ?
-Sinon tu n'aurais personne et je ne voudrais pas passer pour un mauvais père.
Norbert hocha la tête et regarda le sol poussiéreux. Il se demanda ce que c'était, dans ce cas là, un vrai « Mauvais père ». Soudain, il aperçut un Hippopotas dans le sable. Il caressa la créature qui se jeta dans ses bras. Il l'emmena vers l'hélicoptère, content d'avoir un peu d'affection dans ce monde de brutes.


Norbert ouvrit la porte de la cafétéria du personnel. A son entrée, un silence de mort se produisit. Les gens le regardaient. Au bout d'un moment les conversations reprirent. Il alla se servir et vit la table de Smirnoff.
-Bonjour…
-Oh, doyen Nonosse… Vous voulez vous asseoir ?
-Euh, je…
-Nan, vous n'allez pas fricoter avec un membre de la plèbe, ce serait malsain… Y'a la table dans le coin, au fond. Très pratique pour s'isoler.
-Mais…
-En plus j'attends ma relation personnelle. Il se peut qu'on couche ensemble pendant le repas, je ne voudrais pas que vos petits yeux de doyen Nonosse soient offensés.
Norbert balbutia, mais Smirnoff sourit.
-Les chiens ne font pas des chats… Les disputes ne font pas les amis.
Norbert hocha la tête et partit à la table du fond. Voyant les regards qui le fixaient, il prit la chaise qui tournait le dos à tout le monde.
Et pour le coup il avait tout le monde à dos.

Linus sortit de son bureau à 14h30 pour aller voir Norbert, car il avait besoin du recensement du personnel qui assurait ses cours. Il trouva la porte fermée.
-Enfer et Damnation, Norbert ! Que vous ai-je dit à propos de cette porte ?!
Norbert était en larmes, sur son bureau, exténué par ce début de journée et par la terrible conversation avec Smirnoff à la cafétéria. Et par Linus qui le tenait par les amygdales, pour rester politiquement correct.
-Ouvrez, Norbert ! J'ai des choses à voir avec vous enfin ! Norbert !!
Linus soupira et il entendit soudain des sanglots. Il frappa la porte du plat de la main.
-Ca ne marche pas avec moi, ça, jeune homme ! Bon sang…
Linus repartit à son bureau. Norbert regarda la porte face à lui, les yeux rouges, embués de larmes.