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Écriture : La construction d'un personnage



Dans la lignée de l’article précédent qui traitait de la construction d’une histoire, voici un nouvel article de bases pour cette fois-ci créer un personnage. Car, messieurs-dames, il n’y a pas d’histoire sans personnages ! Encore une fois, d’aucune manière les conseils qui suivent ne sont la Parole Ultime d’Arceus le Grand, et le but est davantage de vous aider à vous bricoler votre manière de procéder personnelle, tout en évitant les principaux écueils des débutants fanfictionnistes. Puissent-ils vous être utiles !

À noter aussi que ce qui suit ne s’applique pas à tous et absolument tous les personnages : davantage les plus importants, protagoniste et son entourage. Vous vous doutez qu’on ne développe pas autant un petit personnage secondaire que le personnage principal, c’est à vous de doser en fonction de l’importance du concerné.

Tout d’abord, pour fabriquer votre petit personnage, il va vous falloir une base. Des bases, il y en a de toutes sortes : vous pouvez avoir envie d’un perso regroupant certains traits de caractères, un que vous définissez par son objectif principal, un qui ressemble à ce monsieur que vous avez croisé dans la rue et qui vous semble intéressant… La façon dont définir le personnage dépend un peu des auteurs. On a tendance plutôt à suivre le premier modèle, et se baser sur un ou deux traits de caractère. Ça a ses risques, bien sûr : notamment celui de construire son personnage “sur un seul axe”, c’est-à-dire que sa personnalité ne sera caractérisée que par un élément donné (par exemple juste une fille timide, ou un type téméraire). Il faut garder à l’esprit qu’un personnage est comme un être humain miniature, un nœud complexe d’éléments de personnalité, de préoccupations, de goûts, de connaissances…

En restant dans l’idée de l’article précédent, on va encore insister sur l’originalité du personnage, qui se traduit surtout ici par le fait d’éviter au mieux les stéréotypes. Dans les stéréotypes de personnages, on retrouve ce dont il est question un peu plus haut, soit les persos sur un seul axe ; mais également des personnalités ou des associations toute faites (un méchant méchant qui veut tuer plein de gens pour le plaisir du geste ; un homme fort et courageux mais pas très intelligent...).

Cela dit, tout cliché n’est pas forcément mauvais à prendre : si l’idée est suremployée, ça signifie quelque part que c’est parce qu’elle fonctionne, non ? Qu’elle plaît, qu’elle est cohérente... Dans ce cas, c’est à vous d’adapter cette structure de personnage à votre sauce : l’enrichir, l’approfondir, voire carrément détourner le stéréotype pour en tirer quelque chose d’original. Tout ça, bien sûr, à condition que ce soit utile à votre histoire, parce que sinon, autant chercher à développer au maximum une personnalité nouvelle, ça aurait plus d’intérêt ! Pour résumer, on peut dire que l’originalité, et bien sûr l’utilité du point de vue du scénario, sont des éléments à rechercher, et qu’adopter un stéréotype peut vous rendre la tâche plus ardue de ce côté-là ; mais rien n’est à jeter !

Bon, par contre, il y a des choses plus difficiles à exploiter que d’autres. Un souci relativement répandu chez les débutants est celui de la Mary Sue (ou du Gary Stu pour ces messieurs). Une Mary Sue est tout simplement un personnage trop parfait : belle, charismatique, populaire, intelligente, et douée dans tous les domaines, voilà comment on peut définir la bestiole dans les grandes lignes. Souvent, ça vient d’une vision idéalisée de la personne qu’aimerait être l’auteur, qui triompherait de tout sans peur et sans reproches.

Mais pour dire les choses de façon simple, ces personnages-là sont généralement insupportables, ou très ennuyeux pour le lecteur. Aucun humain n’est parfait : votre personnage a des défauts comme tout le monde, et c’est ce qui le rend intéressant. Il est parfois difficile, à ses débuts, de cerner la Mary-Sue dans ses propres écrits ; le mieux, c’est d’avoir un avis extérieur (d’un auteur plus expérimenté, c’est bien), mais il existe également un test, disponible sur Internet, permettant de débusquer la bête lorsqu’on la soupçonne (le lien se trouve en fin d’article).

Avec ça, vous ne devez tout de même pas oublier que vous êtes dans une fanfiction Pokémon (à priori). Du coup, vous allez faire un choix : insérer complètement votre personnage original dans l’univers, ou alors lui créer des liens avec des personnages ou des éléments existants. D’une manière ou d’une autre ; votre personnage est clairement un membre de la famille d’un champion d’arène, ou bien, votre perso est ce PNJ qui vend des galettes à Illumis...

Mais il y a deux choses que vous devez garder en tête. La cohérence d’abord (où se place le perso dans la chronologie des jeux s’il connaît telle madame de Pokémon à l’âge adulte ? Dans quel région se trouve-t-il en fonction de la localisation dans les jeux d’éventuels persos qui seraient de sa famille ?…), et puis la question fondamentale : est-ce que ça sert l’histoire ? (ou bien le personnage). Parce que si vous avez décidé que votre perso est le fils de N et d’Elsa-Mina juste parce que vous aimez ces deux-là, eh bien, autant qu’il ait des parents complètement inconnus, ça ne changera rien à votre histoire. Pour que ça soit intéressant, il faut que vous exploitiez ces liens dans votre scénario.

L’univers de Pokémon a cet avantage qu’il permet de choisir différents types de personnages en son sein, et cela peut aller du personnage entièrement canon (c’est-à-dire issu de l’univers, que ce soit de l’animé, des jeux ou du manga…) et très développé aux persos tout à fait originaux à une fanfic. Il faut bien rappeler que cette licence n’est pas spécialiste des personnages canons très codifiés, les ré-interprétations des figures connues de Pokémon peuvent donc s’avérer nombreuses. À l’inverse, Pokémon en général propose des fonctions ou des postes divers, qui laissent à un auteur une grande marge de manœuvre pour imaginer des personnages originaux qui demeurent pourtant cohérents avec l’univers qui sera le décor de la fanfiction.

À titre d’exemple, il y a déjà de grandes différences entre un personnage de dresseur, de coordinateur ou d’éleveur dans sa manière d’appréhender son rapport aux Pokémon, et il ne s’agit encore que de l’aspect le plus évident de la franchise ! En y ajoutant les métiers plus quotidiens, la recherche scientifique, tous les aspects d’une Ligue régionale… la palette de caractères à inventer s’élargit déjà considérablement. Et bien sûr, il y a enfin la possibilité d’incarner le type de personnage qui donne son nom à la franchise : tout fanfictionniste peut être tenté, ou doit pour les besoins de sa fanfic incarner un Pokémon à l’écrit. Avec tout cela, il n’est pas rare de voir des fanfictions mélangeant personnages canon de l’univers et créations personnelles – une chose logique puisque ce cadre laisse avant tout une étonnante liberté.

Les raisons qui peuvent vous pousser à choisir pour votre fic un personnage du canon sont multiples. Approfondir sa personnalité, ses objectifs, expliquer ces derniers par des éléments de son passé en narrant son background, (ces aspects étant souvent peu développés dans le canon), en faire découvrir de nouvelles facettes, leur apporter du réalisme… En revanche, il faut retenir qu’on ne choisit pas un perso du canon au hasard. C’est simple : s’il peut être remplacé par n’importe quel autre ayant plus ou moins le même caractère, autant inventer un personnage à vous. Si vous décidez d’écrire sur un perso existant, cela doit se justifier d’une façon ou d’une autre, et ça doit être un minimum important dans l’intrigue.

De la même façon, les motivations d’un auteur à choisir de concevoir ou de se centrer sur un personnage Pokémon plutôt qu’humain peuvent être nombreuses, et souvent elles se conjuguent dans le processus d’écriture. La première utilité d’un Pokémon est le point de vue différent sur l’histoire, sur le monde même, qu’il apporte dans la quasi-totalité des cas. Il serait même étonnant qu’un Pokémon voie le monde comme un humain, réfléchisse comme un humain... La plupart du temps son opinion sur les choses est candide, innocente, parce qu'il ne comprend pas forcément le monde de l'homme.

Mais sans aller jusque là, ce décalage entre dresseur et Pokémon est souvent la clé d’un texte prenant comme protagoniste le Pokémon, et permet régulièrement de créer par exemple du comique. Les quiproquos sont à l’honneur dans ce genre de situations, et des œuvres entières basent le rire qu’elles veulent provoquer chez le lecteur sur ce décalage entre le monde humain et la compréhension qu’en a le Pokémon (comme la collaboration illapa/Srithanio dont nous vous parlions dans le premier numéro du Journal). D’une manière plus globale, incarner ou se centrer sur un Pokémon permet aussi d’exploiter l’une de ses caractéristiques ou capacités particulières, ce qui offre d’autres possibilités qu’avec un humain dont on a plus l’habitude.

Bien, vous avez plus ou moins votre personnage, qu’il soit original, canon, Pokémon, autre : son nom, son âge, à quoi il ressemble, éventuellement ses objectifs, et surtout ses principaux traits de caractères, en plus de quelques petits détails sur lui que vous avez imaginés de-ci de-là. Maintenant que vous l’avez défini, il va falloir l’écrire.

Quand vous commencerez à rédiger, dans l’idéal, vous saurez à peu près où vous allez. On parle de l’évolution des personnages : à priori, un perso pas trop secondaire ne doit pas rester figé tout au long de l’histoire, ou c’est moins intéressant. Des traits de son caractère se développent, il apprend à vaincre ses peurs ou à réfléchir à ses défauts, par exemple. C’est important pour que le personnage reste intrigant et agréable à suivre. Donc mieux vaut visualiser son parcours psychologique dès le départ, en fonction des événements auxquels il sera confronté !

Par contre, il vous faut différencier une bonne évolution du personnage avec des incohérences dans son comportement et sa personnalité. Le personnage doit avant tout rester cohérent avec lui-même ; pour reprendre l’un des exemples précédents, une fille timide qui d’un coup devient hyper extravertie, ce n’est pas logique, pas réaliste. L’évolution se fait petit à petit, et elle se fait de manière logique : réfléchissez à la manière dont réagit un être humain ordinaire et posez-vous la question : est-ce que c’est crédible ? Est-ce que c’est naturel ?

La cohérence du personnage avec lui-même s’applique avec encore plus de rigueur pour les personnages issus du canon. En effet, en choisissant un tel protagoniste, il vous faudra respecter les aspects qu’en donne le canon, et mieux encore, exploiter tous les éléments que vous avez sur lui ! Pour cela, vous pouvez vous servir dans les fiches personnages de Poképédia, ou mieux encore rejouer au jeu où le personnage apparaît, ou relire le manga, revoir l’animé… vous devrez aussi tenir compte non seulement de la personnalité et de la façon de parler du personnage, mais aussi de ses connaissances, l’endroit où il habite, son emploi, bref, tous les détails de sa vie, pour vous baser dessus. D’un côté, cela offre une certaine contrainte, mais on peut aussi considérer qu’il est plus facile de partir sur une base solide que d’inventer de toutes pièces un personnage original. Tout cela dit, vous pouvez aussi choisir de changer totalement le caractère du personnage : mais évidemment, cela devra être justifié, et encore une fois servir l’histoire.

En ce qui concerne les personnages Pokémon, leur principal atout peut aussi être le défi majeur des auteurs de fanfictions. Car comme évoqué précédemment, il serait illogique que nos monstres préférés pensent et agissent exactement comme des humains. De fait, cette richesse venant de leur point de vue différent sur le monde devient également une contrainte à respecter. La difficulté s'accroît encore lorsque l'on songe que les Pokémon peuvent non seulement avoir une opinion, mais encore des intérêts différents de ceux de humains voire de leur propre dresseur. Lorsqu'on y réfléchit, c'est aussi l'occasion d'éclairer une histoire sous un jour totalement différent. Et si le gentil Sacha parti à l'aventure avec son fidèle compagnon empêchait en réalité Pikachu de vivre son propre rêve, raison pour laquelle il a tant de mal à le suivre au début ? Même s'il est également possible d'incarner un Pokémon sachant communiquer d'une manière ou d'une autre, à la manière de Miaouss de la Team Rocket, ce qui est aussi l'occasion d'une collusion plus franche entre conception humaine et Pokémon du monde et des différentes situations.

En allant plus loin dans cette idée, certains auteurs imaginent régulièrement des êtres hybrides entre humains et Pokémon. Le conseil le plus fréquent donné aux écrivains dans ce genre de cas est de veiller à la cohérence de cette hybridation : dans quel cas est-elle possible ? Tous les Pokémon sont-ils concernés, ou s'agit-il d'êtres existants en plus des Pokémon classiques et des humains dans le monde dépeint, voire d’un seul cas particulier ? D'un chapitre à l'autre, il faut que les règles de l'univers soient clairement identifiées par le lecteur et ne varient pas.

Puisqu'on parle de frontière entre humain et Pokémon, l'exemple d'un personnage canon en particulier est intéressant : Mewtwo, génétiquement créé pour être le plus puissant de tous les Pokémon dès le premier film, se considère rarement uniquement comme un Pokémon mais a aussi beaucoup de réflexes purement humains, au point de décider de devenir dresseur à son tour. Un auteur voulant insérer un Pokémon canon dans sa fanfic aurait avec Mewtwo l'opportunité d'explorer cette frontière entre humain et animal, mais devrait aussi se soumettre à cette contrainte de son mental pour respecter le caractère du personnage. De fait, malgré quelques risques d'originalité puisque Mewtwo est très utilisé dans les fanfics en général, il reste largement assez de choses à développer chez lui pour que l'exercice demeure intéressant !

Enfin, il est compréhensible que cette frontière soit plus fine lorsqu'on met en scène des univers tels celui des Pokémon Donjon Mystère, où le monde Pokémon ressemble beaucoup à celui des humains malgré les ajustements nécessaires. Les Pokémon semblent aussi réfléchir davantage à la manière d'humains, pourtant il ne faut pas oublier les différences qui subsistent bel et bien. Et dans ce cas, le conseil peut être répété : en matière de psychologie des Pokémon, la cohérence de votre univers de fiction doit primer avant tout.

Pour résumer tout cela, que votre personnage soit original, canon, ou Pokémon, ou extraterrestre mutant banane-alligator, on peut juste retenir quelques mots récurrents : réalisme, diversité (des traits de caractères, des détails qui donnent de la richesse au personnage), cohérence (avec le personnage lui-même, avec le canon, avec l’univers), originalité ; et tout doit pouvoir se justifier et servir l'histoire. Si encore une fois, cet avis n’est pas universel, ces quelques petites clés devraient vous aider à construire et écrire vos petits personnages. Et comme toujours, en cas d’interrogation, n’hésitez pas à contacter un membre du Comité de Lecture !


Liens utiles :

Test de la Mary Sue (français)
Test de la Mary Sue (anglais, plus juste)


Par le Comité de Lecture

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