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Tranchant comme une lame de Ramius



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» Auteur : Ramius - Voir le profil
» Créé le 10/09/2019 à 12:48
» Dernière mise à jour le 29/09/2019 à 14:11

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Médiéval   Mythologie   Présence d'armes

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Mais ce que j'ai cherché,
L’année suivante, aucun Pokémon ne se montra. Les réserves s’épuisaient. Le damoiseau voyagea loin, en quête des Pokémon disparus. Il chercha longtemps, épuisant les terriers, jusqu’à enfin en rencontrer.

*****

S’il laissait les cicatrices à vif, le temps n’en pansait pas moins toutes les blessures. Passions et souffrances, tous les tourbillons de l’existence se laissaient dissoudre dans le flot du temps. Si tumultueux soient-ils.

Le doyen d’Ushinawareta-ana avait la rancune tenace. Tous les jours, il maudissait les habitants de son propre village, et sa simple présence empoisonnait tout. Mais le reste des habitants, eux, avaient appris à ne plus se soucier de lui.

Ils avaient fait la part des choses. C’était inévitable ; tout l’hiver, la mort avait été sur leurs talons. Ceux qui avaient refusé de se nourrir des kamis abattus par Neko, qui s’étaient contentés de leurs maigres part des réserves de riz et de la pêche d'Akabo, avaient peu à peu dépéri, jusqu’à devenir des ombres. On ne les voyait plus guère : ces irréductibles ne se mêlaient pas aux villageois en bonne santé.

Les affaiblis ne prenaient plus la parole, pas devant ceux dont le sang charriait la force des kamis. Peu à peu, le village oubliait leur existence. S’ils ne voulaient plus survivre, c’était leur problème.

Oui, les Ushiniens avaient accepté leur condition. Ils se nourrissaient comme le faisaient les bêtes. Leur volonté de survivre était à ce prix, qu’ils payaient sans rechigner. Après tout, les paysans n’étaient-ils pas déjà considérés comme des bêtes ?

Le village survivrait, et c’était le principal. Cette considération passait avant toutes les autres.

Pour Neko, les choses étaient un peu plus compliquées. Malgré l’aversion qu’il ressentait envers le doyen à chaque fois que ce dernier s’en prenait à la quiétude du village, le tresseur ne lui en voulait pas. Pas vraiment.

Il regrettait le doyen qu’il avait connu. Il regrettait que les convictions du doyen, que la façon dont il avait traversé la vie, l’aient conduit à une telle déchéance. Cet homme sage ne méritait pas de finir ses jours dans une telle aigreur. Et c’était Neko qui l’avait provoqué.

Le tresseur ne regrettait rien de ses actions ; elles avaient permis, et permettaient encore, la survie de tout le village. Mais il regrettait qu’elles aient eu cet effet néfaste sur le doyen.

En revanche, il y avait un aspect de sa nouvelle vie qui ne lui apportait que de la satisfaction. La promesse qu’il avait faite à Zacian, près de six mois auparavant. Si longtemps… Il avait l’impression qu’au cours de ces six mois, il était passé par tous les états d’esprit possible. Maintenant, il était en paix.

Certes, émotions et sentiments pouvaient l’assaillir avec rage. C’était le lot de chaque homme, après tout. Mais du haut de sa bonne vingtaine d’années, Neko n’avait jamais été aussi serein par rapport à ces ardeurs. Sa raison avait pris la teinte de la glace, pour aboutir à un mélange équilibré et harmonieux.

Et surtout, Neko savait qu’il faisait ce que le Kami lui avait demandé. Il gardait le katana en vie, en le nourrissant généreusement. Le tout, en s’efforçant encore de toujours choisir la voie la moins dommageable, la moins mauvaise, quand un choix s’offrait à lui.

***
Dans les rizières, le gel avait cessé et le travail reprenait.

Depuis quelques semaines, l’hiver n’emprisonnait plus les bassins dans son étreinte blanche. Les champs en terrasses avaient été labourés, et les grains prêts à germer avaient été plantés. Ces grains étaient les derniers des réserves du village ; on les avait préservés pour les champs. Ils assureraient, quelques mois plus tard, une première récolte. Ainsi allait la vie des paysans ; ils vivaient au plus près du cycle des saisons.

Ceci dit, c’était un peu le cas de tous les Ushiniens : malgré la taille réduite des rizières, les paysans n’hésitaient pas à employer l’aide des artisans. Et aussi du pêcheur, quand il n’était pas en mer.

Ben dis-moi Neko, t’es resté pas mal rouge pour la saison ! J’ai pas l’habitude de te voir avec des coups de soleil au sortir de l’hiver !

— C’est sûr. Enfin, moi j’ai eu le temps de m’y habituer !

— Ça, répondit Akabo. C’est vrai aussi que ça fait un moment qu’on s’est pas vus.

— T’avais qu’à rentrer de pêche avant que je parte à la chasse ! lança le tresseur, faussement accusateur.

— Oui, bon, t’as vu l’heure à laquelle tu pars ? Si t’étais moins matinal, j’aurais le temps d’attraper du poisson avant de devoir rentrer te dire bonjour !

— C’est drôle, quand même. Des fois, je me dis que ceux qui mangent de bon cœur ton surplus de poisson crachent sur la viande que je ramène. Pourtant, on fait un peu le même métier, maintenant…

— Euh, non, commença le pêcheur avec plus d’ironie que de confusion. Moi au moins je suis en règle avec la loi !

— C’est ça, moque-toi.

— Volontiers ! Bon, ensuite, c’est quand même un peu vrai que je nourris moins de gens. Mais tu sais, mon père disait pareil : les poissons c’est aussi des kamis, et le village vivrait mieux si les vieux acceptaient qu’on chasse !

— Je ne crois pas pouvoir le nier, conclut Neko avec lenteur, avant de prendre un ton plus sarcastique. Sans vouloir me vanter, je peux nourrir tout le village avec un peu d’organisation.

Les deux Ushiniens retournèrent à leur occupation : arracher les mauvaises herbes aquatiques qui essayaient de profiter du riz malgré l’inondation des bassins. Une tâche plutôt délicate, qui demandait de tirer plus fort que pour arracher des panicules, mais moins souvent.

Le temps coulait plus vite avec les actions répétitives. La matinée passa comme une heure, parsemée de tâches répétitives et de bons mots inventifs. Ou grivois, ça pouvait aussi.

Un peu partout dans les rizières, des scènes semblables avaient lieu. La vie allait de son cours, tout simplement. On travaillait, on riait, on passait le temps. La vie de paysan n’était pas toujours la plus belle ; elle pouvait être très contraignante, même. Peine et famine faisaient un peu partie de toutes les familles. Mais c’était aussi une vie simple, satisfaisante. Une vie proche de la nature.

Il n’y avait pas besoin de beaucoup de réflexion, bien qu’elle puisse se développer. C’était surtout l’émotion, qui comblait le temps. Tristesse, parfois. Mais joie, aussi. Bonheur d’être au plus près du monde. Plaisirs simples de l’existence. Terreur de la mort.

Des cris retentirent, au Sud. Neko leva brusquement la tête de son travail pour voir la panique gagner les rizières ; les paysans abandonnaient les champs, et couraient vers le village. Vers la protection de son katana de pierre, surtout.

Derrière lui, les habitants n’auraient plus grand-chose à craindre. Le tresseur s’élança donc à contre-courant, vers le Sud ; en remontant la pente des terrasses au pas de course, il ne tarda pas à apercevoir la cause du mouvement de foule.

Un kami était sorti du bois. Une créature colossale ; moitié plus haute qu’un homme normal, au moins. Et son corps en boule, plus mince vers le haut, ne réduisait pas cette impression. Rien qu’à le voir, on se doutait qu’il était bien plus fort qu’aucun des paysans présents.

Il correspondait à la description qu’avait fait Supedo. C’était la bête qui avait tenté de condamner le village à la famine. Et maintenant, il revenait, sans doute pour parachever son œuvre.

Neko se sentit envahi par la rage. Fallait-il que le destin ait été aussi ironique ? Autrefois, la grêle avait emporté ses parents. Maintenant, un être de glace, apparenté à cette même grêle, s’en prenait au village tout entier.

Il était hors de question qu’il le puisse. Il avait déjà fait trop de dégâts. Et il n’en ferait plus aucun.

Porté par la colère et la mélancolie, le tresseur se rua vers l’ennemi, la main sur le manche du katana. Avant qu’il n’ait pu l’atteindre, celui-ci leva un de ses bras interminables, difformes ; et d’un geste presque négligent, il lança une rafale de cristaux de grêle.

Neko dut se jeter dans un des bassins inondés pour échapper à l’attaque. Il n’en ressortit, trempé, que pour constater que c’était désormais le kami qui courait vers lui. Et il courait vite, ce salaud.

Le choc survint, prenant presque Neko par surprise. Il ne leva son arme que juste à temps pour échapper à celle du kami, qui n’était autre que son bras. Un bras qui s’était couvert d’écorce en un instant ; et malgré le craquement très satisfaisant provoqué par la morsure du katana, les dégâts ne semblaient pas très importants.

Le kami sauta sur plusieurs mètres, mettant un bassin entre lui et son adversaire humain. Aussitôt, des pulsations parcoururent les débris d’écorce sur son bras ; et l’armure végétale commença à se reconstituer, à une vitesse alarmante.

Le tresseur s’élança dans l’eau, qui lui arrivait aux chevilles, pour ne pas laisser au kami le temps de se régénérer entièrement ; avant de trébucher, et de se retrouver une fois de plus immergé.

Des filaments de riz avaient agrippé ses chevilles. Neko battit vigoureusement des jambes pour s’en dégager, mais arracha plusieurs plants dans la manœuvre. Et en se relevant pour faire à nouveau face au kami, il sentit un grêlon s’écraser sur le sommet de son crâne.

Dans un éclair de lucidité, il comprit les intentions du kami. Il s’en prenait au riz. Il comptait le harasser sous sa grêle, s’en servir comme d’une arme contre son adversaire, et sans doute aussi le geler, tout simplement. S’il pouvait invoquer la grêle, il pourrait invoquer le gel.

Avec un hurlement, le tresseur se jeta sur le colosse. À nouveau, leurs armes se rencontrèrent en un choc qui ébranla le jeune homme, sans avoir l’air de déstabiliser le kami le moins du monde. Puis en un second. Et un troisième.

La force du katana coulait à plein flots dans les veines de Neko, lui permettant de résister à ce duel inégal ; et le tranchant redoutable de l’arme imposa bientôt au kami de se retirer, ses bras réduits en charpie.

Il se remit à sauter par-dessus les bassins ; mais cette fois-ci, il ne s’arrêta pas au premier. Au contraire, il continua de bondir souplement et d’atterrir lourdement, jusqu’à atteindre l’un des bassins les plus à l’Est.

En le poursuivant, Neko constata avec effroi l’état des plants de riz. Ils mouraient. Si le kami ne s’arrêtait pas bientôt, le village tomberait définitivement à court de réserves, et serait incapable de survivre. La chasse ne suffirait jamais : les proies devenaient méfiantes, et moins nombreuses. Sans riz à planter, Ushinawareta-ana disparaîtrait, ses habitants poussés à l’exode où à la mort.

Soudain, alors qu’il était sur le point de rejoindre son ennemi, le tresseur sentit ses pieds s’accrocher fortement au riz. Le kami avait réutilisé son tour consistant à employer les plants contre leur planteur.

Pour la troisième fois, Neko s’étala de tout son long dans un bassin inondé. Mais cette fois fut plus dure que les deux précédentes. D’abord, parce que le froid commençait à le gagner ; il le sentait s’infiltrer dans ses vêtements imbibés d’eau, et mordre brutalement sa peau.

Mais surtout, cette fois-ci, les plants de riz l’attaquèrent furieusement. Ils poussèrent tout le long de son corps, entravant chacun de ses mouvements, jusqu’à réussir à l’immobiliser malgré la force qu’il mettait à se débattre.

Sans appuis solides, il ne put pas se libérer. Il resta dans l’eau, le froid s’immisçant lentement jusque dans les interstices entre ses os. Et tandis qu’il gisait, le kami colossal invoqua un blizzard.

Un vent de montagne, mordant, charriant son lot de grêlons assassins. Protégé par l’eau et par le riz, Neko ne le sentit pas. Mais il le vit dévaster les champs. Petit à petit, les plants se flétrissaient sous la violence du gel, le linceul blanc de la glace asphyxiant le moindre bassin, et n’épargnant que celui où se trouvait le tresseur alors qu’il enserrait Ushinawareta-ana dans une étreinte mortelle.

La récolte était perdue.

Lorsqu’il fut satisfait de son œuvre, le kami tourna casaque et s’enfuit vers la lisière de la forêt qui s’étendait à l’Est. Au fur et à mesure qu’il s’éloignait, Neko sentit se desserrer l’emprise des tiges de riz qui l’entravaient ; à leur tour, elles mouraient, et en mourant elles le libéraient. Il se contorsionna comme un forcené pour accélérer le processus, et dès qu’il le put, il se releva.

Aussitôt, un frisson secoua son corps entier. Il se mit à trépigner sur place, essayant de se réchauffer quel qu’en soit le prix. Quand il s’en cru capable, il s’élança sur les traces du kami. Un cri retentit, derrière lui.

Neko ! Non !

C’était la voix du doyen. Le tresseur se figea ; puis, embêté d’avoir obéi au ton autoritaire du vieil homme, il se retourna brusquement.

Quoi ? hurla-t-il. Qu’y a-t-il, encore !

— N’y vas pas ! répondit le doyen en criant, et Neko vit qu’il courait vers lui aussi vite que son état décharné le lui permettait. Ne le poursuis pas !

Un pincement saisit le cœur du tresseur. Le doyen choisissait bien son moment, c’était le moins qu’on puisse dire.

Et que veux-tu que je fasse d’autre ?

— Reste ! lui demanda le vieil homme en arrivant à son niveau. Si tu poursuis ce kami, tu ne reviendras jamais.

Neko entendit avec surprise la tristesse dans sa voix.

J’ai rêvé, cette nuit. J’ai vu arriver tout ceci. Et tu n’en reviendras jamais. Alors, Neko, je t’en supplie : reste.

— Je ne peux pas, répondit-il en se laissant gagner par la tristesse du vieil homme.

— C’est un piège !

— Bien sûr, que c’en est un !

Voyant l’air étonné du doyen, le tresseur s’expliqua.

Bien sûr. Un kami vient ici, il dévaste tout, et il repart. Il veut que je le suive. Mais si je ne le fais pas, il devra revenir. Et ce qu’il détruira, alors, ce sera le village. Comprends-tu ? Je dois partir, le plus tôt possible. Je ne peux pas y échapper.

— Et je ne pourrais pas t’en empêcher… Tel est ton destin. Bon vent, Neko.

La gorge nouée, celui-ci ne put pas répondre. Il bafouilla un vague remerciement. Puis, n’y tenant plus, il se lança enfin dans la forêt.

***
Deux jours.

Neko n’avait que trop conscience, et une conscience douloureuse, du fait que son village n’avait pas mangé à sa faim depuis deux jours. Seuls les poissons pêchés par Akabo permettaient aux habitants de survivre. Leur faim devait être devenue quotidienne, et lancinante.

Lancinante aussi était la satiété du tresseur ; deux fois il avait tué pour se nourrir. Deux fois, il lui avait semblé manger plus de culpabilité que de viande.

Mais il y avait si peu de proies ! Dans sa traque, Neko devait bien se nourrir ; après le premier jour, qu’il avait passé à courir pour se réchauffer, il s’était presque effondré de fatigue.

Les environs du village étaient vides de proies. Le tresseur avait bien remarqué, au cours de ses chasses précédentes, que les proies se raréfiaient. Il s’en était inquiété. Jamais il n’aurait cru qu’il pourrait trouver des proies un jour, et plus aucune le lendemain.

Ce n’était pas normal ; il y avait sans doute là-dessous quelque manigance obscure, conspiration inavouable… Quoi ? Pourquoi ?

Dans la tête du tresseur, les doutes tournaient sans fin, se croisaient et croissaient, et au milieu de leur tourbillon ne pouvait rester qu’une seule certitude inébranlable. Il ferait tout ce qu’il fallait pour cela, mais il sauverait son peuple.

Deux jours plus tôt, tout était tellement plus facile. Deux jours plus tôt, la vie était un long fleuve tranquille, dont toutes les influences s’équilibraient. Deux jours ; mais il n’avait suffi que de quelques minutes pour que tout bascule.

Comme il était loin, ce Neko qui prétendait orgueilleusement être en paix avec ses passions ! Elles n’avaient attendu que cet instant pour frapper.

Maintenant, il avait peur. Peur pour les siens qui souffraient. Peur de la bête qu’il traquait. Peur de la mort, tout simplement.

Maintenant, il sentait s’éveiller en lui ses plus vieilles blessures. La colère. La haine. La souffrance due à la perte de sa famille.

La partie raisonnable de ses pensées criait que ce n’était qu’une coïncidence si, toujours, le gel était impliqué dans les pires moments de son existence. La preuve : sa rivalité désormais oubliée avec le doyen n’avait pas eu besoin du moindre grêlon pour se déclencher.

Si les passions avaient été vulnérables à la raison, bien des empires ne se seraient jamais effondrés.

Que le kami des glaces soit responsable ou non de l’orage de grêle qui avait ravagé les récoltes une dizaine d’années plus tôt, le tresseur voyait sa marque dans cet événement. Ses passions se déchaînaient. Et, il le savait bien, cela risquait de lui faire commettre une erreur au moment d’affronter à nouveau son adversaire.

Avant cela, il faudrait déjà trouver cet adversaire. Neko avait perdu sa trace dès son entrée dans les bois deux jours plus tôt. Il devait donc chercher par des moyens détournés.

Il y avait sans doute une raison logique à cette disparition soudaine des proies. Le kami avait très certainement ordonné aux siens de s’écarter de la lame du tresseur. Peut-être qu’attirer Neko à lui n’était pas son but. Peut-être voulait-il simplement affamer le village.

Pourtant, les habitants des bois devaient bien être allés quelque part. Par exemple, sans doute vers ce kami. En suivant leurs traces, l’Ushinien était donc certain de tomber sur lui.

Et alors, il ne se laisserait pas humilier une seconde fois. Ses passions, ses faiblesses, seraient sa force. Elles nourriraient le katana de Zacian, qui en retour pourrait insuffler plus de force à son porteur.

Le kami des glaces avait commis une erreur cruciale, dont il n’était pas près de se remettre. Neko n’était pas un homme comme les autres : il était le dépositaire du pouvoir d’un Shuyona-Kami.

Ce même pouvoir qui le mettait sur la piste de ses proies. Il n’était pas un habitant des bois, et n’avait pas l’habitude de leurs coutumes ; pourtant, ses sens exacerbés repéraient les branches brisées, les odeurs légères, les empreintes dans la terre. Et il savait alors qu’il était sur le bon chemin.

Il était le seul homme de l’île à pouvoir rendre justice à son village. Et il avait avec lui la force de son arme, force alimentée par la sienne propre. Ensemble, ils ne pouvaient devenir que de plus en plus puissants.

Le tresseur était en chasse. Et ses proies toutes proches apprendraient bientôt leur erreur. Elles n’auraient jamais dû s’attaquer à son village.