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Calendrier de l'Avent 2017 de Corpus09



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Informations

» Auteur : Corpus09 - Voir le profil
» Créé le 17/12/2017 à 11:17
» Dernière mise à jour le 17/12/2017 à 16:42

» Mots-clés :   Fanfic collective   Song-fic

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Jour 17 : Let it snow, par Flageolaid
Je suis la neige.
Douce et insouciante, je tombe.

Vous ne me croyez pas ? Je suis pourtant la pâlotte petite besogneuse de l'hiver qui peint le monde en blanc et recouvre les cimes du monde en toutes saisons.

Partout où il le faut, je tombe sous forme de petites étoiles scintillantes. Pas d'insulte, je ne travaille pas en industrie ! Chacun de mes flocons est un ouvrage d'artisanat, sculpté par et à travers moi, révélant toutes les nuances de ma nature.

Partout où il le faut, je tombe légère et gracieuse, portée par le souffle froid de l'hiver, je m'entasse, dans les villes ou dans les prés, sur les toits ou sur les arbres, redessinant le relief des lieux que j'envahis.

Et je m'applique à rendre le monde plus beau. Parfois glace plus que neige, je souligne les courbes des choses d'une couche brillante, figeant leur grâce éphémère pour une saison, un mois, une nuit.

En ce jour, je m'efforce d'envelopper la région que l'on nomme Johto d'un confortable manteau blanc, cousu main par mes soins. J'ai commencé à tomber aux premières lueurs de l'aube et continué même après le coucher du soleil, sans m'arrêter une seule seconde.

Mais alors que j'observe le tableau monochrome peint par petites touches tout au long de la journée, je remarque une tache brunâtre qui enlaidit mon œuvre au nord-ouest de la région, sur une route bordée de sapins. Une tempête de sable y souffle depuis quelques temps déjà, m'empêchant de tomber et balayant au loin mes flocons tassés.

Je n'ignore rien de la situation : deux dresseurs se battent là depuis plus de vingt minutes. L'un des deux s'arrange pour que la tempête de sable perdure, l'autre se soigne et laisse son adversaire se fatiguer. Il leur reste encore quatre Pokémon chacun. Quand diable leur joute finira-t-elle ?

Je veux tomber.

Oui, je veux finir mon travail. J'enrage d'être retardée par ce faux climat qui souille le fruit de mon labeur ! Je l'entends me narguer en contrebas, cette tempête de sable sans cesse régénérée par ces ignobles Pokémon. N'en déplaise à Arceus, de toute sa création, je n'aime que le type Glace.

Une bourrasque, suivie d'une bourrade ou d'une boutade, et revoilà l'ouragan ocre qui se moque encore. Je n'en peux plus...

changement d'ambiance

C'est la guerre !

Pourquoi attendre ? Je suis pourtant la cruelle besogneuse de l'hiver qui gèle et endort et tue, non par envie ou par devoir, mais par nature. La vie redoute la froideur que je représente. Il est temps pour ce faux climat de me craindre à son tour !

Pour mener à bien cette bataille, je sonne mes cohortes de flocons déployés sur la région. Que toutes les unités se préparent à l'assaut ! Pas de quartier ! Pas de prisonnier ! Que notre victoire soit écrasante !!!

Ainsi débute ce corps à corps impitoyable, neige contre sable. L'usurpatrice ricane ; à terre, Cisayox cède sa place à Hippodocus qui expulse une nouvelle rafale ensablée. La tempête ennemie se gonfle, plus forte et plus violente. Que s'imagine cette prétentieuse, cette parvenue ? M'arracher la victoire ? Ha, je ris !

Nos troupes se percutent, se persécutent. Le ballet de nos régiments ne semble pourtant pas déranger le duel qui se poursuit au sol. Aucun des deux dresseurs ne lève la tête, sinon ils verraient qu'il fait nuit noire. Quelle idée de combattre à l'heure où ses congénères s'abandonnent au sommeil !

Dans les airs, mes étoiles de givre fendent l'éther avec fougue. Mais rien n'y fait, les bataillons adverses tiennent bon. Je déteste ces petits soldats difformes, solides comme le roc dont ils ne sont que la miniature. Comment parviennent-ils à repousser l'assaut implacable de mes sujets confectionnés avec amour ?

Leurs escarmouches se poursuivent, brutales, déchaînées, féroces, vaines. Un milliard de flocons affrontent un milliard de grains de sable sans qu'aucun des deux camps n'arrache la victoire. Quelle frustration !

Je veux tomber !

C'est un massacre ! La tempête de sable me gifle, je l'empoigne, elle m'étrangle, je la mords. Nous en venons aux mains, nous sortons nos griffes. Et entre nous, le vent rugit, se réjouit, se régale, se gausse.

Ce chenapan soutient les deux camps ; il ne vit que par et pour le conflit. La quiétude le tue, aussi se sentit-il si vif, si vivant, à souffler ainsi tout ce sable sur la foule des flocons. Je hais le vent autant que je l'aime. Savoir cet ami précieux indifférent à ma cause me trouble et me tourmente. Je me sens devenir eau claire, prompte à me mettre dans tous mes états.

Mais à force de revenir sans cesse à la charge contre l'usurpatrice, cette tempête de rien finit par s'affaiblir. Son infanterie vulgaire bat en retraite ; je sonne l'assaut ultime, l'attaque fatale.

Hélas, mon moment de gloire n'aura pas lieu. En bas, Tyranocif entre sur le terrain, gonflant les troupes ennemies de nouveaux effectifs. Plus puissante que jamais, la tempête de sable m'écarte d'une pichenette, salissant mes doux flocons de son geste grossier.

Cette rivale se comporte d'une façon qui m'insupporte, peu lui importe ce que cela lui apporte ou qui remporte ce duel, elle veut que je m'emporte. Très bien ! En hurlant, je m'élance contre ce faux climat, armée de ma haine la plus glaciale. Je frappe, je feinte, j'assène, je pare, je tranche, je gèle, j'esquive, je punis, je cogne, je défends, je rosse, je transperce, j'assassine.

Je veux tomber !
Je veux tomber !
Je veux tomber !!!


Je m'acharne, odieuse et furieuse, encore et encore, cruelle et mortelle, tant et si bien que j'en détruis mon ennemie. En un éclair, toutes mes épines de gel se débarrassent du sable figé dans les airs. Alors je me précipite avidement au sol, je tombe enfin pour achever mon œuvre du jour.

Dresseurs et Pokémon semblent surpris. Ils comprennent pas la disparition soudaine de la tempête de sable. Ne devrait-elle pas durer encore huit tours ? Malheureux ! Depuis quand la météo suit-elle vos règles enfantines ?

L'un des deux garçons se reprend assez vite et compte tirer avantage de ma présence :
« Aquali, utilise Blizzard ! »

La créature bleutée souffle alors une rafale enneigée qui étale mes flocons sur cette minuscule portion de Johto – un grain de sable – non recouverte de ma douceur, de ma pureté. Mon ouvrage est fini, je l'admire avec la satisfaction de l'ouvrière consciencieuse.

Joie !

[D'après Battle of One, de 30 Seconds To Mars (2005)]