Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Une leçon de vie de MissDibule



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : MissDibule - Voir le profil
» Créé le 07/10/2017 à 12:28
» Dernière mise à jour le 07/10/2017 à 15:13

» Mots-clés :   Alola   Présence de personnages du jeu vidéo   Slice of life   Unys

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 1 : Lettre ou ne pas être
« Mademoiselle White,

Nous vous remercions pour votre candidature afin de devenir enseignante dans notre établissement. Nous avons jugé votre profil intéressant, mais malheureusement, nous pensons que votre expérience en tant qu’ancien Maître Pokémon vous rend surqualifiée pour occuper ce poste. De plus, nous vous estimons encore un peu trop jeune pour devenir professeure.
Nous conservons cependant votre profil, et nous vous recontacterons si un poste à la hauteur de vos compétences venait à se présenter.

Cordialement, la direction de l’École des Dresseurs d’Ogoesse à Unys. »


Ludvina balança la lettre -qu’elle lisait pour la troisième fois- d’un geste rageur. La feuille et l’enveloppe valsèrent à travers sa chambre, rejoignant le désordre ambiant de la pièce. Tout en réajustant la bretelle de sa chemise de nuit noire à dentelle blanche, la jeune femme à la chevelure brune ondulée et aux yeux bleu-gris jeta un œil à son radioréveil en forme de Poké Ball : il était treize heures trente-sept. Il était treize heures trente-sept, et elle était encore en pyjama.

L’ex-Maître Pokémon d’Unys avait bien perdu de sa superbe. Depuis la perte de son titre, la vie de Ludvina White n’avait fait qu’empirer. Détrônée, la dresseuse avait décidé de se tourner vers son second rêve : devenir enseignante. Elle avait toujours rêvé de faire partager son savoir Pokémon à de jeunes esprits. Mais cette lettre avait brisé tous ses espoirs. Elle fut la première d’une longue lignée d’échecs : Ludvina avait également vu sa candidature refusée dans les écoles pour dresseurs de Kanto, Johto, Hoenn, Sinnoh et Kalos.

Bien sûr, elle aurait très bien pu tenter de postuler dans des écoles ordinaires, mais elle n’en voyait pas l’intérêt : sa passion avait toujours été le dressage Pokémon, c’était cela qu’elle voulait enseigner, et pas autre chose. Lorsqu’elle était petite, la jeune fille possédait déjà un immense savoir Pokémon, qu’elle adorait communiquer à ses amies en jouant à la maîtresse. Elle était faite pour ce métier, elle en avait la conviction ! Peut-être plus que pour être Maître Pokémon, même. Mais ces lettres avaient entaché sa confiance en elle. Elle ne se croyait plus capable de rien.

Ludvina avait toujours été recalée pour les deux mêmes raisons : la première était son statut d’ancien Maître, qui la rendait « surqualifiée » comme aimaient le dire ces écoles hypocrites. Autrement dit : « nous n’avons pas besoin de quelqu’un de plus expérimenté que nous pour nous expliquer comment faire notre travail, merci, au revoir, nous vous rappellerons. Ou pas. ». Il s’agissait purement et simplement de discrimination, ni plus ni moins. La deuxième raison était son âge. Ludvina était constamment jugée trop jeune pour être professeure, ce qui l’agaçait au plus haut point. Elle avait vécu plus de choses dans sa jeune vie que toutes les personnes qui lui avaient écrit ces stupides lettres, elle en était persuadée.

Ainsi, à vingt-deux ans, Ludvina White était revenue vivre chez sa mère, à Renouet. Elle passait le plus clair de son temps dans son lit, en chemise de nuit, à regarder la télévision. Même si elle sortait parfois pour s’occuper de ses Pokémon dans leur enclos, la jeune femme déprimait ferme, et ce depuis plusieurs mois. Pourtant, elle n’avait pas encore reçu la réponse de l’École des Dresseurs d’Alola, mais elle n’avait plus d’espoir. Elle serait à nouveau déçue, et elle pourrait dire adieu à son rêve pour de bon.

La jeune femme avait l’impression d’être maudite. Dépitée, elle attrapa la télécommande posée sur sa table de chevet et alluma son poste de télévision. Les deux présentateurs, un homme et une femme à la coiffure impeccable -ce qui rappela à Ludvina l’état lamentable dans lequel se trouvaient ses cheveux- apparurent alors à l’écran. Ils étaient en train de faire une interview. L’interview de l’actuel Maître d’Unys, Écho. « C’est pas vrai, même la télé m’a trahie… », songea Ludvina, à mi-chemin entre le sarcasme et le désespoir.
« Alors, Écho, vous êtes Maître d’Unys depuis quelques mois maintenant. Votre accession à ce titre a-t-elle été compliquée ? » demanda la présentatrice.

Ludvina avait cessé d’écouter au moment où elle avait entendu le prénom « Écho ». Ce qui était fort dommage, car l’adolescente aux cheveux en macarons était justement en train de chanter ses louanges en la qualifiant de « coriace » et d’ « excellente dresseuse ». Écho… la fameuse dresseuse qui avait détrôné Ludvina en tant que Maître d’Unys. Écho, la dresseuse plus jeune, et pourtant plus talentueuse qu’elle. « Si elle ne m’avait pas battue, je ne serais pas ici à me lamenter… Je suis vraiment pitoyable. », songea-t-elle avec affliction.

La jeune dresseuse secoua la tête pour tenter de chasser ses idées noires. Après tout, Écho l’avait battue à la loyale. Elle était tout simplement plus forte qu’elle. Une fois son titre obtenu, Ludvina s’était reposée sur ses lauriers, et voilà le résultat. Elle se sentait encore plus mal pour ses Pokémon que pour elle-même : ils avaient tant donné, tout ça pour échouer une fois au sommet… Pourtant, elle essayait de se ressaisir ! Mais elle n’aurait jamais cru qu’il serait si difficile pour un ex-Maître Pokémon de retrouver du travail.

La brunette s’enfonça encore plus profondément dans ses draps : aujourd’hui plus que jamais, elle n’avait pas la moindre envie de se lever. Elle ferma les yeux avec la ferme intention de se rendormir, quand soudain, on frappa à la porte. Sans attendre de réponse, Mme White entra dans la chambre sa fille, avec l’espoir d’essayer de la faire bouger. La mère de Ludvina était une très belle femme. La jeune dresseuse tenait ses traits fins et sa soyeuse chevelure –moins soyeuse à l’heure actuelle, il était vrai- de sa mère, à n’en point douter. La quadragénaire demanda doucement à sa fille :
- Ma chérie ? Tu ne veux pas venir déjeuner avec moi ?

Ludvina se retourna dans son lit, de manière à tourner le dos à sa mère, et marmonna :
- Naaaan…
- Ludy, s’il te plaît… Tu as reçu une lettre de l’École des Dresseurs d’Alola !
La dresseuse se redressa brusquement :
- C’est vrai ?? Bah, de toute façon, je vais encore être recalée… se résigna-t-elle en se recouchant aussitôt.
- Tu ne peux pas savoir tant que tu ne l’auras pas ouverte, objecta Helena White. Alors viens vite l’ouvrir… Et arrête de partir vaincue comme ça !
- Bon, d’accord… céda sa fille, agacée, qui tentait de s’extirper avec difficulté de son lit.

Helena White tourna ensuite les talons en direction de la cuisine, suivie de sa fille à la démarche bien moins dynamique. Ludvina se laissa lourdement tomber sur l’une des chaises en bois de la cuisine, comme si ce trajet entre sa chambre et la cuisine avait été le plus éprouvant de sa vie. Sa mère leva ses yeux bleu céruléen au ciel et tendit la fameuse lettre à sa fille :
- Tiens, ouvre-la. Pendant ce temps, je vais te faire quelque chose à manger, il faut vraiment que tu prennes un peu des forces, tu es toute pâle.
Joignant le geste à la parole, elle empoigna une casserole et commença à cuisiner.

Ludvina entreprit d’ouvrir l’enveloppe, sans grande conviction. Puis elle parcourut, mot après mot, ligne après ligne, le contenu de la lettre.
- Alors ? lui demanda sa mère sans se retourner.
Helena White n’eut pour seule réponse qu’un immense bruit de fracas. Alertée, elle fit immédiatement volte-face, et vit sa fille étendue par terre, dans une posture plus que ridicule. Elle était tombée de sa chaise sous le coup de l’émotion, un sourire béat collé sur son visage. Son premier sourire depuis très, très longtemps. Helena White sourit à son tour.

La candidature de Ludvina White en tant que professeure à l’École des Dresseurs d’Alola était retenue.

***
Ludvina descendit précipitamment de Malika, son élégante Lakmécygne. Le Pokémon Cygne l’avait gentiment transportée jusqu’à Parsemille, la ville des vents, où se trouvait l’immense aéroport d’Unys. La jeune professeure en herbe était sur le point d’embarquer dans l’avion qui l’emmènerait tout droit dans la lointaine région d’Alola. Dès lors qu’elle avait reçu cette fameuse lettre qui lui avait redonné espoir, Ludvina avait commencé à se préparer pour ce voyage. Selon la lettre, elle était attendue à l’École des Dresseurs d’Alola dans les plus brefs délais. Elle avait donc réservé le premier avion disponible, tant elle n’en pouvait plus d’attendre. Ainsi, à peine trois jours après avoir reçu la lettre, elle partait déjà.

La jeune femme rappela Malika dans sa Poké Ball -non sans l’avoir chaleureusement remerciée avant- puis se tourna vers le gigantesque aéroport faisant également office d’Arène Pokémon. Heureusement, Carolina, la Championne, avait eu la présence d’esprit de séparer son arène du reste de l’aéroport. Un petit coup d’œil vers le bâtiment de combat rappela à Ludvina le jour où elle avait elle-même triomphé de l’arène Vol de Carolina. Mais elle chassa bien vite cette pensée : son rêve de Maître était derrière elle, désormais. À présent, elle allait être institutrice.

Il était vrai, cependant, que cela ne transparaissait pas vraiment à travers sa tenue très décontractée : short en jean, t-shirt blanc, veston noir, baskets noires et roses, sans oublier sa casquette blanche et rose dont elle ne séparait jamais, Ludvina White ressemblait plus à une adolescente qui partait en vacances au soleil qu’à une future enseignante. Mais elle ne s’en rendait pas vraiment compte, car Ludvina était quelqu’un d’insouciant, qui n’accordait que peu de crédit aux conventions.

Elle se décida enfin à pénétrer dans l’aéroport plein de vie. Partout, des voyageurs s’affairaient et couraient, valises à la main. Les guichets étaient bondés, malgré tous les efforts du personnel de l’aéroport pour essayer de contenir le flux incessant de touristes à l’air confus. Cette agitation troubla légèrement Ludvina, qui inspira profondément pour essayer de recouvrer son calme. De nouveau sereine, elle se mit à fouiller frénétiquement dans sa besace rose. Il s’agissait là de son unique bagage, ses affaires ayant déjà été envoyées au préalable à Alola, afin de faciliter son voyage.

La jeune dresseuse trouva rapidement ce qu’elle cherchait : son billet d’avion. Celui-ci lui indiqua qu’elle devait se rendre au terminal A22. En suivant les indications données par les panneaux -heureusement qu’ils étaient là- elle arriva à bon port. Là, une immense salle grouillant d’humains et de Pokémon l’attendait. Plusieurs sièges étaient mis à disposition des voyageurs, dont la totalité semblait occupée. « Alola a l’air d’être une destination touristique de premier choix… », pensa Ludvina. En effet, Alola était une région tropicale très exotique, qui attirait bon nombre de fonctionnaires en manque de soleil.

La jeune brune jeta un œil à l’écran électronique qui indiquait le temps restant avant l’embarquement : vingt minutes. Elle pesta : cela ne l’enthousiasmait guère d’attendre debout pendant tout ce temps. Elle scruta donc la salle à s’en tordre le cou pour tenter de dénicher une place assise. Ce fut payant, car elle trouva finalement un siège disponible, au fond de la salle. Bien déterminée à ne pas se le faire dérober, Ludvina se dirigea d’un pas décidé vers la place libre, quand soudain, quelqu’un la saisit par le bras.

Surprise, elle fit brusquement volte-face et se retrouva face à un jeune homme aux cheveux bleu nuit, accompagné d’une jeune femme blonde à lunettes portant un énorme chapeau. C’étaient ses amis de toujours, Tcheren et Bianca. Ludvina ne les avait pas vus depuis une éternité. Ils avaient longtemps été proches, mais… une fois qu’elle était devenue Maître, tout avait changé. Tcheren avait échoué à la battre à plusieurs reprises. Ce qui, évidemment, avait créé des tensions entre eux, car le jeune homme était pour ainsi dire obsédé par la force pure, et ne supportait pas de perdre en boucle face à Ludvina.

Il avait finalement décidé de devenir Champion d’Arène, avec succès, mais entretemps leur relation s’était effilochée, et ils ne se voyaient quasiment plus, chacun étant trop occupé par ses fonctions. Un fois détrônée, Ludvina n’avait plus jamais osé se montrer devant Tcheren, qui lui était devenu un brillant champion. Quant à Bianca… Elle était d’un naturel distrait, et avait tendance à toujours tout oublier, y compris appeler ses amis. Sans compter le fait qu’elle était elle aussi très prise par son travail d’assistante auprès du Pr. Keteleeria. Mais elle restait malgré tout quelqu’un de très gentil, avec le cœur sur la main.

Ludvina était partagée entre sa joie de revoir ses amis et la gêne occasionnée par ces retrouvailles sur le fil. Elle ne put s’empêcher de poser la question qui la démangeait :
- Mais… Qu’est-ce que vous faites là ?
Tcheren eut un petit rire qui surprit Ludvina. Le voir sans ses lunettes la surprenait toujours autant. Elle se fit la réflexion qu’il était cependant bien plus beau sans.
- Eh bien, tu as l’air ravie de nous revoir, on dirait, déclara Tcheren.

Son habituel ton sérieux ne permettait pas à Ludvina de savoir s’il était ironique ou non. Elle préféra penser que non.
- Au contraire, tu te trompes, je suis très contente que vous soyez là, affirma-t-elle avec un grand sourire. Ça fait si longtemps…
Elle avait décidé d’écouter son cœur. Il était inutile de continuer à se torturer ainsi. Il y avait des torts des deux côtés, et il était grand temps de faire table rase du passé. La simple présence de ses amis dans cet aéroport lui prouvait qu’ils pensaient la même chose qu’elle. Du moins, Ludvina l’espérait.
- Oui, c’est vrai. C’est précisément la raison pour laquelle il est peut-être temps de tourner la page, tu ne crois pas ? lui demanda Tcheren.

Ludvina hocha la tête, ravie de voir que même après tout ce temps, ils étaient toujours sur la même longueur d’onde.
- Ta mère nous a prévenus de ton départ il y a quelques jours, intervint soudain Bianca. Elle était triste qu’on ne se voie plus… Alors j’ai appelé Ren -eh oui, il y a une première fois à tout- et on a décidé de venir te voir à l’aéroport. On ne pouvait pas te laisser partir sans avoir eu l’occasion de se revoir !
- Bianca a raison, Ludy. Tu vas être enseignante, comme tu l’as toujours rêvé ! Dans une toute nouvelle région, qui plus est. On est vraiment heureux pour toi, fit Tcheren, l’air sincère.

La concernée était très émue. Non seulement ses deux meilleurs amis avaient réapparu de nulle part, mais en plus, c’était dans le but de faire la paix. Elle nota qu’ils utilisaient toujours les surnoms qu’ils s’étaient donnés il y a si longtemps, signe qu’au final, ils ne s’étaient peut-être pas tant éloignés que cela…
- Merci d’être venus... Ça me touche beaucoup, rien ne pourrait me faire plus plaisir, répondit-elle, sincèrement ravie.
- Vraiment rien, tu es sûre ? demanda alors Tcheren tout en rajustant sa cravate orange vif -maintenant qu’il n’avait plus de lunettes à redresser sur son nez, rajuster sa cravate était devenu son nouveau tic favori.

Ludvina, confuse, dévisagea son ami qui arborait un sourire triomphant. Celui-ci échangea alors un regard avec Bianca, qui opina aussitôt du chef. De concert, Tcheren et Bianca sortirent chacun un petit sachet de leur poche. Celui de Tcheren était bleu violacé, tandis que celui de Bianca était orange vif. Puis ils tendirent chacun leur présent à Ludvina, qui était tellement touchée par le geste qu’elle en perdit ses mots :
- Je… Vous… C’est pour moi ??
- Ah non, mince, t’as raison, c’était pour notre autre amie d’enfance invisible, celle qui se trouve juste à côté de toi ! se moqua gentiment Tcheren.

Après avoir réalisé que les deux paquets lui étaient effectivement destinés, la jeune femme les attrapa doucement et s’empressa de les ouvrir. Dans le paquet orange vif de Bianca se trouvait un collier constitué d’une délicate chaînette d’argent ornée d’un magnifique pendentif bleu cristal en forme de croissant de Lune. Quant au paquet bleu-violet de Tcheren, il contenait un étincelant bracelet plaqué or décoré d’un cristal rougeoyant en forme de Soleil.

Ludvina était subjuguée par la beauté de ces bijoux, qu’elle s’empressa de mettre, grâce à l’aide de Bianca qui lui précisa :
- On a choisi un Soleil et une Lune car les divinités protectrices d’Alola représentent ces deux astres ! Enfin, d’après Tcheren, hein, parce que moi j’en sais rien…
- Oh mais tu as très bien retenu, Bianca, car c’est tout à fait cela. Comme ça, ce sera comme si les dieux d’Alola étaient toujours avec toi pour te protéger, Ludy, fit le jeune homme à l’air infiniment sérieux.

Ludvina n’aurait pu rêver meilleur scénario : ses deux amis -avec qui elle venait tout juste de se rabibocher- lui faisant un merveilleux cadeau avant qu’elle ne s’envole vers ses rêves… L’essor de la jeune dresseuse n’était pas seulement matériel : elle avait le sentiment que sa vie entière prenait un nouveau départ, comme si elle avait le droit à une nouvelle chance. Une chance qu’elle comptait bien saisir, avec ou sans l’aide des dieux.

Emplie d’une joie nouvelle, qu’elle n’avait pas éprouvée depuis longtemps, Ludvina sauta au cou de ses amis :
- Merci infiniment… Je vous aime ! Je vous promets qu’on ne se perdra plus jamais de vue !
- On t’en fait également la promesse, lui assura Bianca.
- Tu as notre parole. Allez, Ludy… C’est l’heure de partir vivre tes rêves. Je suis certain que tu vas très bien t’en sortir, conclut Tcheren, le sourire aux lèvres, ce qui était rare chez le garçon.

Ludvina sourit à son tour : c’était bien connu, Tcheren avait toujours raison.

***
L’apprentie professeure était émerveillée par la vision qui s’offrait à elle derrière le hublot : c’était la toute première fois qu’elle voyait Unys depuis le ciel. Cependant, elle détourna à contrecœur son regard de la petite fenêtre. La jeune femme avait à faire : la directrice de l’École des Dresseurs d’Alola lui avait envoyé un livre à lire concernant les rites et coutumes de la région. La directrice, dans sa lettre, lui avait chaudement recommandé de le parcourir : « …ci-joint un ouvrage que je vous conseille vivement de lire si vous ne voulez pas commencer l’année en étant moins érudite que vos élèves. ».

« Charmant… », avait alors pensé Ludvina en lisant cette phrase pour la première fois. Cette lettre avait été assurément écrite par quelqu’un de très strict. La jeune femme jugea préférable de suivre à la lettre –c’était le cas de le dire- les indications de la directrice de l’établissement, qui répondait au nom de Severa Kaena. Ludvina se fit alors la réflexion qu’avec un nom et un phrasé pareils, la directrice de l’établissement devait être le genre de personne qu’il valait mieux éviter de contrarier.

Ludvina se plongea donc dans une lecture attentive du livre, intitulé « La culture inexplorée d’Alola », écrit par… « Severa Kaena ?! Hé ben, elle perd pas le nord, la vieille ! M’envoyer un livre qu’elle a elle-même écrit… Faut avoir un sacré culot, quand même. », s’étonna la jeune dresseuse, effarée. Au vu du discours très « vieille école » de la directrice, Ludvina se figurait d’ores et déjà qu’il s’agissait d’une femme âgée aux cheveux grisonnants. Elle espérait au moins que la confiance que la directrice accordait à son talent était justifiée…

Et elle dut bien admettre que c’était le cas. Même si la directrice semblait être quelqu’un d’assez orgueilleux, Ludvina était forcée de reconnaître qu’elle écrivait remarquablement bien. Passionnée, la jeune femme emmagasina bon nombre d’informations sur Alola au cours de sa lecture, bien plus qu’elle ne l’aurait cru au premier abord.

Elle apprit par exemple le nom des quatre îles d’Alola, mais également quelle était la langue utilisée par la plupart des natifs d’Alola pour communiquer entre eux. Même si la langue commune demeurait la plus utilisée, beaucoup d’indigènes lui préféraient leur dialecte national, le Lawaïen. Severa Kaena avait par ailleurs jugé bon de laisser quelques annotations adressées directement à Ludvina dans son ouvrage. L’une d’elles concernait justement le Lawaïen : « Mlle White, je vous suggère de commencer au plus tôt votre apprentissage de cette langue afin d’éviter d’être rapidement débordée par les événements. ».

La dresseuse à casquette ignorait ce que la directrice avait bien voulu dire par-là, mais cela ne lui inspirait rien de bon. Elle nota donc sur un pense-bête : « acheter livre de grammaire Lawaïenne ». La jeune femme espérait que le Lawaïen n’était pas une langue trop difficile à apprendre, car elle n’avait pas vraiment envie de dilapider ses économies en livres de grammaire. Une fois son mémo écrit, elle se replongea dans la lecture de « La culture inexplorée d’Alola ». Elle entamait le chapitre trois : « Légendes et mythes d’Alola ».

Ainsi, page après page, chapitre après chapitre, Ludvina découvrait l’exotique et si particulière région d’Alola. Très absorbée par le passage consacré au Gardien de l’île de Poni, Tokopisco, Ludvina entendit à peine la voix synthétique qui retentit soudain dans l’habitacle de l’avion : « Votre attention s’il vous plaît, chers passagers. Nous allons bientôt amorcer notre descente vers l’île de Mele-Mele, dans l’archipel d’Alola. La température extérieure est actuellement de trente-cinq degrés… ». « Trente-cinq degrés ?! Alola n’a pas volé sa réputation, ça c’est sûr ! », songea la jeune femme.

Elle referma son livre d’un coup sec et jeta un nouveau coup d’œil au hublot : elle distinguait déjà l’île luxuriante où se mêlaient nature et urbanisme. Parmi ces dizaines de bâtiments se trouvait l’École des Dresseurs d’Alola où Ludvina s’apprêtait à commencer sa nouvelle vie…

Il n’y avait pas de point de non-retour : cette fois-ci, l’heure du nouveau départ avait bel et bien sonné.