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Blue Rhapsody - 1. Awakening de BlueBreon



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» Auteur : BlueBreon - Voir le profil
» Créé le 30/08/2014 à 14:14
» Dernière mise à jour le 07/07/2015 à 11:34

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CT08 . grâce de vaincre

— Haan ... haan ... haan ... !

Tout en prenant garde de ne pas s'arrêter, Arno jeta un coup d'œil furtif derrière lui.
Le garçon ne voyait absolument rien dans le tunnel noir d'encre. En revanche, il entendait distinctement les battements d'ailes se rapprocher à mesure que les secondes défilaient, emportant son propre souffle avec elles. Il devait se dépêcher ; ses poursuivants n'allaient pas tarder à le rattraper ! Et ses jambes ne le porteraient plus longtemps.

— Ah !

Arno poussa une exclamation qui résonna dans les tréfonds rocheux. Devant lui, au fond du boyau sombre, il aperçut une tâche de lumière blanche, grossissant à chacun de ses pas et éblouissant ses yeux qui n'avaient pas vu le soleil depuis plusieurs heures.

La sortie ! Enfin !

Le garçon redoubla d'efforts pour atteindre l'ouverture qui se dessinait dans la roche. Les battements d'ailes se firent de plus en plus proches et rapides.

C'est baigné dans la lumière du jour qu'Arno bondit hors de la grotte, avant de se plaquer dos contre la paroi extérieure.
Au moment où il laissa reposer sa tête sur la surface dure, une masse grouillante surgit du tunnel dans un vacarme assourdissant. Arno regarda, la respiration sifflante, les innombrables Pokémon à allure de chauve-souris s'extirper de la montagne puis s'éparpiller dans les airs à grands coups d'ailes.
Quand enfin le dernier Nosférapti fut sorti de la grotte, Arno tenta de calmer sa respiration erratique. Le garçon en profita pour tirer sur le col de son pull afin d'y faire circuler un peu d'air frais. Il était encore en nage.

Il en avait assez ! Cela faisait beaucoup trop de sueur en deux jours ! Une fois au Centre Pokémon, il prendrait une bonne douche, histoire de faire passer cette sensation – pour le moins désagréable – de moiteur permanente !

Arno jeta son regard en contrebas : environ trois mètres en aval, il entendit de nouveaux battements d'ailes. Il vit alors Luna, puis Sebii, s'échapper à leur tour de la montagne par deux autres ouvertures. D'autres nuées de Nosférapti jaillirent de l'antre sombre en poussant des cris aigus.

Tandis que Luna observait les Pokémon se disperser avec de grands yeux soulagés, Sebii passa le bras sur son front ; ses cheveux étaient mouillés de sueur.

— Pfiouu ... J'ai cru qu'on ne s'en sortirait pas !
— Sebii !
— Ah, Arno ! s'exclama le garçon aux cheveux blonds. T'as réussi à leur échapper !
— Je t'avais pourtant prévenu de ne pas utiliser de Flash dans le tunnel ! Pourquoi tu ne m'as pas écouté ?!
— Et comment j'aurais pu savoir, moi, que cette grotte était remplie de Nosférapti ?!?
— Il y a toujours des Nosférapti dans ce genre de grotte ! Heureusement qu'on a pu retrouver la sortie !
— Mouais ... Tout est bien qui finit bien, en fin de compte !
— Là n'est pas la question ...

Arno considéra la paroi rocheuse sur toute sa longueur. Elle était assez abrupte, il y avait très peu de prises. Il allait avoir du mal à rejoindre ses compagnons.

— Et puis quelle idée de nous avoir séparés ? Le tunnel Mérazon n'est censé avoir qu'une sortie ; qu'est-ce qu'il se serait passé si l'un de nous s'était retrouvé dans un cul-de-sac ?
— Mieux vaut qu'une seule personne se retrouve dans un cul-de-sac que tout un groupe, non ? À plusieurs, c'est plus difficile d'échapper à un essaim de Pokémon sauvages ! Au pire, s'il était vraiment arrivé quelque-chose, au moins une personne aurait pu aller avertir les secours !
« Je suis choqué par la responsabilité dont tu fais preuve dans ton égoïsme ... »

Le tunnel Mérazon n'était pourtant pas réputé pour être un passage dangereux – à condition de se tenir tranquille. Les Pokémon sauvages ne s'attaquaient que rarement aux voyageurs ; dans la plupart des cas, ces incidents impliquaient des comportements imprudents de la part des victimes.
Arno avait bien prévenu son ami lorsqu'ils se trouvaient encore à l'extérieur de la montagne, à l'orée des boisements de la route 116. Mais non, môssieur Sebii avait décidé de jouer les malins en appelant Archimède ; et lorsque les Nosférapti s'étaient mis à les poursuivre, ils avaient fini par se retrouver au beau milieu d'une bifurcation.

Arno trouvait cela un peu bizarre, d'ailleurs. Le tunnel Mérazon, qui reliait Mérouville et Vergazon, était censé être un long couloir plus ou moins linéaire. Une entrée, une sortie, point. Mais les trois dresseurs étaient ressortis par trois passages différents. Il ne devait pas s'agir de sorties officielles. Peut-être avaient-elles été creusées par des Pokémon sauvages. Après tout, le boyau par lequel il était lui-même sorti était assez étroit.

En tout cas, ils avaient eu de la chance. Seuls, les Nosférapti étaient relativement faciles à battre, mais en très grand nombre, ils pouvaient devenir dangereux même pour un bon dresseur.

— Une fois arrivé à Vergazon, je nous achète du Repousse, se jura le garçon.
— Si seulement tu en avais pris avant.
— N'en profite pas pour me rejeter la faute !
— La bonne nouvelle, c'est qu'on est sortis du bon côté de la montagne ! leur annonça Luna.

À côté de Sebii, la jeune fille tendit l'index en direction du paysage en contrebas.
Sous leurs yeux se dessinaient les premières habitations qui parsemaient les vertes plaines de Vergazon.

— Tu as raison, confirma Arno après avoir jeté un rapide coup d'œil. Je peux même apercevoir le Centre Pokémon.
— C'est loin ? demanda Sebii.
— D'ici, je dirais une dizaine de minutes à pied.
— Parfait ! En route, alors !!
— H-Hé, attends, Sebii ! La falaise est trop raide, je ne peux pas descendre de cette corniche ...
— Ah ? Bah saute.
— Si je fais ça, je vais me briser les os !

Alors que Sebii regardait son ami comme si le problème n'existait pas, Luna se plaça devant la falaise et tendit les bras vers Arno, une expression d'intense motivation sur le visage.

— Saute ! Je vais te rattraper !
— Euh ... Je ne pense pas que ce soit une bonne idée ...
— Eh ? Pourquoi ?
— Bon, ça va, j'ai compris, se décida finalement le blond. Je t'envoie Archimède pour te faire à descendre.
— Merci, Sebii.
— S'il avait sauté dans mes bras, ça aurait pu marcher aussi, non ?

Une fois Arno descendu de sa corniche, le trio se mit en route pour le village de Vergazon.

Perdu dans une vallée montagneuse, c'était un fabuleux petit coin de campagne. Les maisons rustiques et les chemins de terre aménagés par la main de l'homme ne dégradaient en rien la beauté des vastes plaines d'herbe fraîche, dans lesquelles quelques arbres ici et là tendaient leurs longues branches vers le ciel paisible. Le village et ses environs en avaient d'ailleurs gagné le surnom de « montagnes où le vent souffle et où le doux parfum de l'herbe se dégage ».
L'endroit était connu pour calmer toutes sortes de maux et de maladies. L'air pur de la montagne, qui permettait à la nature de prospérer en toute quiétude, avait selon les dires des propriétés apaisantes.

Ils allaient pouvoir jouir de ce bel environnement pour le reste de la journée. Après la mauvaise rencontre de la veille et leur fuite forcée face aux Nosférapti sauvages, Arno espéra qu'ils pourraient profiter d'une VRAIE pause cette fois-ci.




— Voici vos Pokémon.
— Merci beaucoup.

Arno récupéra ses Pokéballs sur le plateau que lui présenta l'infirmière ; puis, d'une voix mal assurée :

— Est-ce qu'il vous reste des chambres pour cette nuit ?
— Bien sûr, lui répondit l'infirmière. Vous êtes trois, c'est ça ?
— Oui.
— Un instant. ... Tenez, c'est la chambre 17. C'est à l'étage.

Arno remercia une nouvelle fois l'infirmière et accepta poliment la clé de la chambre.

« Bien. La chambre, c'est réglé. Maintenant, je vais pouvoir profiter d'une bonne douche-- »
— Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahn ...
— Sebii ... ?
— Il n'y a même pas d'arène dans cette ville ...
— Ça, je te l'avais dit avant que l'on arrive ; la prochaine arène ne se trouve qu'à Lavandia.
— Mais je m'ennuie, moi ! fit capricieusement le garçon. Y a pas un seul dresseur dans ce trou paumé !
— Ce n'est pas la peine de te plaindre ! Je n'y peux rien, moi ...
— Nh nh ... nh nh nnh ...

Luna, tout sourire, fixa les garçons avec ses grands yeux cyans, attendant que l'un d'eux lui pose la question fatidique. Ce qu'Arno finit par faire après un long silence.

— Tu as une idée, Luna ?
— Oui ! Il y a bien un Dôme de Concours ici, n'est-ce pas ! Il paraît que Vergazon organise régulièrement des Concours Pokémon de Rang Normal. On pourrait aller voir ça de plus près, ça peut être amusant à voir, non ?
— Des « Concours » ?? interrogea Sebii en ouvrant des yeux perplexes.
— Ce sont des compétitions qui jugent le talent artistique de certains dresseurs de Pokémon, commença d'expliquer Arno. On appelle ces personnes des « coordinateurs ». Chaque participant fait défiler son Pokémon sur une scène et fait une démonstration de ses capacités, avec l'objectif de remporter les ovations d'un jury. Il y a plusieurs catégories de Concours et différents niveaux de compétitions pour séparer les coordinateurs.
— Hm ... J'ai pas tout compris, mais ça m'a pas l'air d'être fait pour moi, de toute façon.
— Tu l'as dit ... Mais le Dôme de Concours de Vergazon a été rasé il y a quelques années, je crois.
— Eh ??! Vraiment ??

Luna réagit avec beaucoup de surprise. La jeune fille ne devait pas être au courant de ce qu'il s'était passé.

— Si je ne me trompe pas, avança Arno, le bâtiment a été partiellement détruit suite à un incident. Après avoir retiré les décombres, ils ont finalement remplacé le Dôme par autre chose. Une ... « Tente de Combat », si je me souviens bien.
— Ooh ...
— Attends ... Une « Tente de Combat » ? intervint Sebii, soudainement plus intéressé par les paroles de son ami. S'il y a « Combat », c'est que ça doit être pour les dresseurs, non ?
— Je ... je ne sais pas. J'ai oublié de faire des recherches à ce sujet ...

Complètement requinqué, Sebii sortit du Centre Pokémon en faisant craquer ses phalanges.

— Enfin quelque-chose d'intéressant !! Ça va bastonner !
— Sebii ! Tu vas où tu veux, mais cette fois tu ne quittes pas la ville ! Et on se retrouve ici ce soir ! Compris ?
— OK, OK, ne t'énerves pas, monsieur le baron.
« "OK, OK", c'est ça oui ... Je ne le sens pas du tout, sur ce coup-là ... Et pourquoi "monsieur le baron" ?? »

Arno soupira. Il n'aurait pas dû mentionner la Tente de Combat. Pourquoi fallait-il qu'il étale sa science tout le temps, comme ça ? Ça lui retombait toujours dessus d'une façon ou d'une autre. Sebii n'avait pas intérêt à lui refaire le coup du post-it !

— Hn ... C'est bizarre ... Tu es sûr que le Dôme a été détruit ?

Arno se retourna sur une Luna quelque peu perplexe.

— À peu près sûr, oui. Apparemment, tous les Concours Pokémon se déroulent à Nénucrique, depuis. Et ce n'est pas la porte à côté.
— Pourtant, j'ai bien vu des affiches qui disaient qu'un Concours devait se dérouler aujourd'hui, soutint Luna en faisant la moue.
— Des affiches ? De quel genre ?
— Du genre de celle-ci.

La jeune fille désigna un poster très coloré, affiché bien en évidence sous le comptoir de l'infirmière. Poster qu'Arno n'avait même pas remarqué en arrivant au Centre.

— Elle ... elle était déjà là tout-à-l'heure ? demanda le garçon, légèrement incrédule.
— Nh. Je pensais que tu l'avais vue toi aussi.
— Et moi je pensais avoir de meilleurs yeux ...
— Comment dit-on déjà ? ... « C'est le début de la fin » ?
— Heu ... Je préférerais que tu évites de dire des choses pareilles, Luna ...

Le garçon se baissa pour mieux observer l'affiche fixée à une dizaine de centimètres du sol.
Mis à part le ruban – l'équivalent d'un badge pour les coordinateurs – à emblème argenté représenté au centre, il y avait surtout du texte en gros caractères de couleurs. Des informations sur le lieu et l'heure du Concours, qui devait se dérouler sur la place du village, mais rien qui ne répondit aux interrogations d'Arno ; il ne devait plus y avoir de Concours organisés à Vergazon depuis la disparition du Dôme, alors que signifiait cette affiche ?

— D'après l'heure indiquée, ça doit avoir déjà commencé.
— Hrm, hrm.

Après s'être raclée la gorge pour attirer son attention, Luna se pencha sur le côté pour croiser le regard d'Arno. Elle fixa le garçon avec un visage implorant ; Arno crut même voir des petites étoiles dans ses yeux.

— ... ... ... D'accord, d'accord, céda rapidement le garçon. J'ai compris. On va aller voir ça de plus près. De toute façon, il m'intrigue un peu, ce Concours.
— Chouette !! Je suis convaincue que ça va t'amuser, toi aussi !
— Peut-être. On verra bien.
« En attendant, je peux faire une croix sur ma douche ... »

Arno et Luna quittèrent ainsi le Centre Pokémon à leur tour, se dirigeant vers la grand-place au centre de la ville. Il atteignirent leur destination après quelques minutes.

Il semblait que l'affiche disait vrai : à peine arrivés en vue de la place, les deux adolescents aperçurent ce qui ressemblait fortement à des gradins installés en plein air.
Plutôt massifs, faits d'un bois qui avait bien vécu et organisés en hémicycle, ils étaient couverts de décorations en tissus dont on pouvait voir qu'ils avaient été cousus à partir de différentes pièces. Un mélange de cris et d'applaudissements s'en élevait en continu.
Et pour cause : ils étaient bondés de monde ; au moins un millier de personnes remplissaient les bancs en bois et exultaient en contemplant une fille en train de défiler avec son Pokémon sur une petite scène en contreplaqué. Près de celle-ci se dressait un stand destiné à un jury de trois personnes, et une femme très élégante commentait de vive voix les pas virevoltants de la jeune coordinatrice, un microphone à la main.

— On dirait bien un Concours ... Ça fait quand même beaucoup de monde pour une si petite ville ...
— Ah ! Arno, il y a de la place là-haut ! le héla Luna. Allez !
— J'arrive.

La jeune fille semblait tout aussi excitée que la foule qui peuplait l'hémicycle. De toute évidence, elle avait vraiment envie de voir ce Concours. Alors qu'il la suivait dans les escaliers aux grincements camouflés par les cris, Arno se sentit presque coupable qu'ils soient arrivés en retard.
Ils s'installèrent sur un banc à mi-hauteur des tribunes, d'où ils avaient une assez bonne vue de la scène centrale.

Tandis que Luna suivit la fin de la performance de la jeune participante, Arno décida d'aborder son voisin de gauche, un homme d'âge mur habillé en tweed, histoire d'obtenir plus d'informations. Il hésita un moment, gêné de déranger l'inconnu au milieu du spectacle, puis :

— Hum ... Excusez-moi ? Est-ce que la ville organise souvent des Concours sur cette place ?
— Hm ?

L'homme considéra les deux jeunes gens.

— Ah, je vois ! Vous n'êtes pas d'ici, les enfants, je me trompe ?
— Nous venons juste d'arriver, l'informa Arno.
— Aha ha ! Dans ce cas, bienvenue à Vergazon ! Il est vrai que la ville a perdu son Dôme, et qu'elle n'a plus organisé de Concours officiels depuis.
— « Officiels » ?
— Oui, Vergazon organisait tous les Concours de Rang Normal, dans le temps ; c'était le point de départ de tous les Coordinateurs débutants. La coordination, c'est devenu comme une tradition ici. Du coup, après la fermeture du Dôme, le maire a décidé d'organiser à ses propres frais des Concours amateurs, ouverts à tous, et ce tous les trois mois !
— C'est vrai que l'on a pas payé en arrivant ... C'est très généreux de sa part.
— Je suis bien contente qu'il ait fait ça !

Luna s'ajouta à la conversation ; sur scène, la coordinatrice avait achevé sa performance et quittait la scène pour se diriger vers un petit local – sans doute temporaire, et permettant aux participants d'attendre leur tour.

— Et comment ! Il n'y avait plus que des dresseurs qui venaient ici, pour la Tente de Combat, mais le maire a ramené les coordinateurs à Vergazon. Et comme il n'y a pas d'enjeu, le Concours attire principalement des passionnés et d'anciens coordinateurs de la région. C'est la garantie d'un bon spectacle !
— Pas d'enjeu ? s'étonna Arno. Il y a pourtant un ruban sur l'affiche publicitaire.
— Ah, ça. La Ligue Pokémon a autorisé le maire à faire fabriquer un ruban pour ces Concours, mais il n'est pas reconnu officiellement. Il n'a absolument aucune valeur d'un point de vue « professionnel ».
— Je vois ...
— Ce n'est pas bête du tout, sourit Luna. S'ils n'ont rien à gagner, les participants pensent juste à s'amuser.
— C'est exact, ma petite ! Et même si ce sont des amateurs, ceux qui participent à nos Concours sont des bons ! Je vous conseille de rester jusqu'à la fin : ce trimestre, on joue en catégorie Sang-Froid, et à chaque fois qu'elle tombe le Concours est toujours très disputé.
— Nnnnh~! J'ai hâte que la deuxième partie commence !
— Haha ha ! Les juges auront bientôt fini de délibérer. Les coordinateurs ne devraient pas tarder à arriver.

Arno reporta son attention sur la scène, qui restait pour le moment vide, à l'exception des juges qui discutaient gaiement devant leur table.

Les Concours Pokémon se déroulaient toujours en deux parties : le jugement préliminaire, pendant lequel les participants se présentaient tour à tour avec leur Pokémon – chaque coordinateur ne pouvant participer qu'avec un seul partenaire – pour être jugés sur l'apparence et le charme de celui-ci, et le jugement secondaire ou « phase de démonstration ».
Pendant cette dernière, les quatre meilleurs participants étaient rassemblés sur la scène et utilisaient l'un après l'autre une des capacités de leur Pokémon, et ce pendant cinq tours. Les capacités, tout comme les Concours, appartenaient à une catégorie ; utiliser une capacité de la même catégorie que celle du Concours faisait gagner des points, et chercher l'originalité pouvait en faire perdre. De plus, certaines capacités pouvaient, si elles étaient utilisées au bon moment, affecter les adversaires et leur faire perdre des points – même dans cette phase, la bonne tenue était de mise.

Bien qu'ils semblaient très différents des combats de Pokémon, les Concours nécessitaient tout comme ces derniers de bonnes compétences d'adaptation, ainsi qu'une préparation longue et fastidieuse.
Enfin, même si Sebii ne se gênait pas pour sauter la partie préparatoire de ses combats ...

— Au fait, Luna. Sebii m'a dit que tu dressais des Pokémon Spectre ?
— Oui ! répondit la jeune fille dont les yeux se mirent à briller. Je les aime depuis que je suis toute petite. Quand je suis arrivée à Lavanville, j'ai décidé d'en faire ma spécialité. En plus, notre grand-mère s'y connaît bien en esprits.
« Ça ne m'étonne pas ... Lavanville est réputée pour être la ville aux fantômes ... »

S'ensuivit un silence.
Arno réfléchit un moment, retournant mentalement sa prochaine question dans tous les sens. Il finit par dire :

— Est-ce que ... c'est pour cette raison que tu as déménagé ?
— Hein ? La raison ? ... Heu ... Pourquoi est-ce que tu me demandes ça ?
— C'est juste que ... Excuse-moi, mais je ne peux pas m'empêcher de trouver ça un peu bizarre. Déménager, comme ça, loin de ta famille, alors que tu aurais pu poursuivre tes études à Fort-Sablon ...

D'abord surprise, Luna finit par lui sourire.

— C'est vrai que ce n'était pas évident au départ. Mais j'étais très motivée ! ☆
— Je crois que moi, j'en serais totalement incapable ... Tu es vraiment forte, Luna, avoua Arno.
— Mais non, mais non, tu exagères ! l'arrêta la jeune fille. Je suis tout à fait normale !
— Je suis sérieux. Tu es partie à des heures de bateau de tes parents et de ton frère, alors que tu n'avais que huit ans ; tout le monde ne pourrait pas sourire comme tu le fais. Et en plus, tu es une tête à l'école.
— Hé hé ... Noui, c'est pas faux.
« ... Noui ? »

Luna eût un léger gloussement, qu'Arno ne put s'empêcher d'accompagner.

— Enfin, je dis ça, mais tu es sûrement rentrée chez toi pour les vacances, non ?
— ... ... ... En fait, non ... Ce sont plutôt mes parents qui passent me voir, pendant les vacances de Noël et d'été.
— Ah, pardon. Évidemment, si tu étais revenue à Wénora, je m'en serais ... ...

Tiens ? Ses parents passaient la voir lors des vacances ? Il y avait quelque-chose de bizarre, mais Arno ne voyait pas trop quoi. D'où venait cette étrange impression ? ...

Les questionnements d'Arno furent interrompus par un grand brouhaha : le reste du public autour d'eux était en ébullition, alors que les quatre concurrents encore en course arrivaient sur scène pour la seconde partie du Concours. Même Luna lui tourna presque le dos pour concentrer son attention sur la petite plate-forme circulaire.

Bah, ce ne devait pas être très important. Et puis il n'allait pas faire l'indiscret, surtout quand Luna semblait si bien apprécier le Concours. Tant pis pour sa curiosité.

— ET VOICI ENFIN ARRIVÉ LE MOMENT QUE VOUS ATTENDEZ TOUS ! NOS QUATRE MEILLEURS CONCURRENTS VONT FAIRE LEUR ENTRÉE POUR LA DERNIÈRE PARTIE DE CE CONCOURS ! VEUILLEZ LES ACCUEILLIR COMME IL SE DOIT !

Sur les paroles de la commentatrice, les cris redoublèrent d'intensité, accompagnés par une salve d'applaudissements. Arno sentit les tribunes trembler sous ses pieds. Ébahi par cette ferveur, il se tourna vers l'homme en tweed.

— Les gens sont toujours aussi enthousiastes ?
— Toujours ! Et ce sera sûrement encore plus bruyant lors de la remise du ruban.
« J'espère que ces tribunes sont solides ... » songea Arno en déglutissant.

Le garçon se contenta d'observer pendant que la commentatrice présentait les coordinateurs. Deux petits garçons, chacun accompagnés d'un Zigzaton et d'un Marill, une vieille femme – qui se fit affectueusement siffler par quelques personnes dans les tribunes – et son Spinda, et enfin une jeune fille et son Évoli. Lorsque cette dernière fut présentée, Luna laissa échapper un « Ho ! » joyeux.

— La fille de tout-à-l'heure ! s'exclama-t-elle.
— Elle s'appelle Lily, leur apprit l'homme en tweed. Elle a déjà participé au Concours la dernière fois. Elle est très douée, pour une gamine.
— Les gens ont l'air de bien l'apprécier, remarqua Arno.
— Oui, une vraie coqueluche. Elle a le don pour mettre le spectacle ! Vous allez voir.
— Arno, elle aussi a un Évoli~!
— ... Où veux-tu en venir ? ...
— Nh nh ... Je devrais peut-être vous organiser un rendez-vous ?
— Juste parce qu'on a tous les deux un Évoli ... ?
— Quoi ? Elle est jolie, non ?
— Ce n'est pas le problème, Luna !

Sur scène, la fille en question balayait le public du regard avec un petit sourire, son Évoli assis diligemment sur ses cheveux verts foncés qui se terminaient en des boucles anguleuses. Alors qu'elle avait le visage tourné dans leur direction, Arno vit son sourire s'élargir.

— Je crois qu'elle t'a souri, gloussa Luna.
— Impossible. Il n'y a aucune raison pour qu'elle fasse une chose pareille. Tu te fais des idées.
— ET C'EST PARTI POUR LE PREMIER TOUR ! tonna la commentatrice. CHERS COORDINATEURS, EN PLACE ! D'APRÈS LES RÉSULTATS QUE VOUS AVEZ OBTENUS PLUS TÔT, LES JUGES ONT DÉTERMINÉ VOTRE ORDRE DE PASSAGE ! EEEET C'EEEST NOTRE TENDRE MARINE QUI AURA L'HONNEUR DE COMMENCER !

Les sifflets reprirent un bref instant lorsque le prénom de la vieille dame fut énoncé ; il devait s'agir d'une coordinatrice locale. Les autres concurrents s'alignèrent à côté d'elle selon l'ordre de passage du premier tour.

— Tiens ? Cette « Lily » va passer en dernier ?
— Ho, tu t'inquiètes pour elle ? le taquina Luna.
— Pas du tout. Mais après ce que j'ai entendu tout-à-l'heure, je ne m'attendais pas à ce qu'elle prenne la quatrième place.

Le Spinda de Marine, la vieille dame, commença par une première attaque Reflet qu'il mêla à une petite danse, ce qui ravit le jury et le public. Zigzaton et Marill enchaînèrent ensuite avec une attaque Tonnerre pour l'un – ce qui surprit Arno, et sans doute une partie du public, qui ne savait pas que les Zigzaton pouvaient utiliser cette capacité – et une attaque Météores pour l'autre. À chaque attaque lancée, les voix s'élevaient et les juges prenaient quelques notes.

Au tour de Lily, la jeune fille ferma les yeux, un sourire malicieux aux lèvres, leva son bras gauche dont l'épaule était dénudée par un t-shirt trop grand, et claqua des doigts.
Son Évoli bondit du sommet de sa tête et exécuta, dans une pirouette, une Queue de Fer qui renvoya les rayons du soleil dans tous les sens, faisant apparaître ça et là de magnifiques taches de lumière, s'évanouissant chacune après une fraction de seconde pour laisser place à une autre.
Des applaudissements retentirent. Avec ce coup, cette fille allait marquer des points auprès des juges. Mais ce n'était pas tout : déroutés par les éclats de lumière qu'avait projeté l'Évoli, Zigzaton et Marill tressautèrent violemment ; une réaction brusque qui allait leur valoir des points de pénalité.

Luna accompagna les autres spectateurs dans leurs applaudissements.

— Profiter d'être dernière pour apeurer les autres Pokémon après leur présentation ... Lily est plutôt futée, pas vrai ?
— Oui ...

Trop futée, même, pour Arno. Depuis le début du jugement secondaire, Lily avait semblé extrêmement sûre d'elle, comme si tout cela n'était qu'une formalité. Il s'emballait peut-être un peu dans son raisonnement – ce ne serait pas la première fois – mais cela lui semblait tellement bizarre ...

Tout en continuant de cogiter en silence, Arno regarda le Concours se poursuivre dans la ferveur et la joie qu'apportait le public du Dôme éphémère.
Les quatre tours suivants s'enchaînèrent rapidement, réservant à chaque fois leur lot de surprises. Si les deux garçons perdirent pied dès le second tour, la vieille dame parvint à rester en course par d'excellentes contre-tactiques face aux coups finement calculés de sa jeune adversaire. Au premier tour déjà, son Spinda était parvenu à faire passer son trouble inaperçu grâce aux doubles créés par Reflet. Sans conteste, cette femme était tout comme Lily une coordinatrice de talent.

Ce fut sous un tonnerre d'acclamations qu'à l'issue du cinquième et dernier tour, les juges finirent par déclarer la jeune fille vainqueur du Concours Amateur de Sang-Froid de Vergazon.
S'ensuivit une petite cérémonie minimaliste lors de laquelle un homme bien en chair – qui s'avéra être le maire du village – remit à Lily le petit ruban orange à attache argentée, symbole de sa victoire à cet événement local. La jeune coordinatrice accepta la récompense avec joie, avant de le présenter au public en le brandissant, ce qui déclencha de nouveaux applaudissements qui firent trembler les gradins de plus belle.

— Ha ha ha ! Et voilà, elle a encore gagné, la petite jeune ! applaudit l'homme en tweed.
— Elle avait déjà gagné le Concours précédent ??
— Oui, et avec la même facilité. Elle a de l'avenir, c'est moi qui vous le dis !
— Je pense aussi ! Et toi, Arno ?
— Ah ? Heu ... Je ne sais pas trop ... Sans doute ?
— ?

Arno n'arrivait pas à se défaire de cette sensation étrange qu'il avait vis-à-vis de cette fille. Et cette sensation se fit plus insistante encore lorsque Lily planta son regard d'émeraude dans le sien.

Cette fois-ci, Arno n'aurait pu nier que cette fille le regardait. Lily le fixait avec son sourire espiègle. Il en était certain.
Lorsque la coordinatrice quitta la scène à la suite de ses pairs, elle continua de le fixer jusqu'à disparaître de son champ de vision, derrière une extrémité des tribunes.
Le garçon se leva immédiatement et, ignorant les appels de Luna, se faufila à travers les autres spectateurs pour descendre de l'hémicycle.
Lorsqu'il parvint à s'extirper de la masse grouillante qui quittait la structure de bois – certains pour rentrer chez eux, d'autres pour aller bavarder avec le maire et les juges – Arno scruta les environs. Mais rien. Personne. Lily était-elle déjà partie ? ...

Déconcerté, le garçon longea les tentures colorées des tribunes, le regard dans le vague, avant d'être rattrapé par Luna.

— Dis, tu aurais pu m'attendre, s'indigna-t-elle gentiment. Qu'est-ce qui t'as pris de partir aussi vite ?
— Désolé ... C'est juste ... J'ai cru voir cette fille me fixer ...
— ... Ho, ho ... fit Luna en jetant au garçon un regard ravi.
— Je t'arrêtes, ce n'est pas ce que tu crois. Je pensais ... Je crois que l'ai déjà vue quelque-part.
— Et j'ai failli croire que tu n'allais pas me suivre~

Arno releva subitement les yeux ; devant eux, à quelques mètres seulement, Lily était adossée à une des poutres des tribunes, et le regardait en souriant. Leurs regards se croisèrent à nouveau. À ce moment précis, Arno sentit tous ses doutes s'évaporer.

Il reconnaissait les yeux vert d'émeraude, le sourire malicieux, tout comme cette manière de commander son Pokémon d'un claquement de doigts et ces attaques calculées.

— Le voleur à la cape ... Ou plutôt, « la voleuse » ?
— Ha ! fit Lily, satisfaite. Je savais que des deux, c'était toi le cerveau !
— Est-ce que tu as aussi fait exprès de terminer quatrième au début du Concours ?
— Très impressionnant~ Je pensais pourtant avoir été suffisamment discret ...
— C'était bien trop arrangeant pour toi pour n'être qu'un hasard.
— Euh ...

Luna leva la main comme pour demander la parole.

— Tu veux dire que cette fille ... est le garçon en vert d'hier ?
— Eh bien ...
— Hehem ...

Lily ouvrit les bras de manière théâtrale :

— Pour votre information, je ne suis pas une fille !
— Pas possible, contesta Arno du tac au tac.
— Totalement, confirma Luna avec un hochement de tête.
— C'est la vérité !! Si vous ne me croyez pas, vérifiez par vous-même !
— NON NON NON NON NON !!!

Arno arrêta Lily avant qu'il ne commence à enlever son pantalon de toile fine. Luna lui lança un regard un peu déçu.

— Pourquoi pas ? C'est le meilleur moyen de savoir, non ?
— J-Je le crois sur parole ! Pas la peine d'en arriver là.

Arno était prêt à concéder que la personne qui se trouvait en face de lui était bel et bien un garçon. Après tout, sa voix était bien celle du voleur encapuchonné ; et lorsqu'il l'avait rencontré la première fois, il avait bien pensé, sur le moment, qu'il avait affaire à un garçon.
Mais il fallait avouer qu'une fois face à face, il était difficile de ne pas se tromper. Lily avait une silhouette véritablement androgyne.

— Hé ! Arno, Luna !

Tiens, encore une voix qu'Arno ne connaissait que trop bien ; se retournant, il vit Sebii venir à leur rencontre. Ne lui avait-il pas pourtant dis de les retrouver au Centre Pokémon ? ...
Le garçon blond avait l'air un peu las. Il bailla en arrivant à leur hauteur.

— Moi qui pensais que j'allais pouvoir me défouler. Les dresseurs de cette Tente de Combat ne sont pas du niveau de Roxanne ...
— Ah, Sebii--
— Mais qui voilà~? Ne serait-ce pas notre cher blondinet ?

Coupé par Lily, Arno se contenta d'attendre la réaction de Sebii, que le coordinateur cherchait sans doute à provoquer légèrement. Son ami mit un moment avant de percuter ; puis son visage récupéra son énergie habituelle, et il pointa un doigt nerveux vers Lily.

— Encore toi !!? Qu'est-ce que tu fais ici ?! ... Attends, t'es une fille ?!?
— Ravi de te revoir aussi. Et je suis un garçon, merci.
— Il participait à un Concours organisé par la ville, dit Arno en allant à l'essentiel. Son nom est ... Lily, c'est ça ?
— Je ne m'appelle pas non plus Lily, rétorqua le coordinateur. Ce n'est qu'un nom d'emprunt que j'utilise pendant les Concours. Les gens me prennent tous pour une fille, donc autant jouer le jeu jusqu'au bout. Et comme ça, je m'attire le soutien de pas mal de personnes. Bon, surtout des hommes, alors ça craint un peu ...
— Ça, on s'en fiche complètement ! s'exclama Sebii.
— ...

« Lily » se montrait bien loquace. Arno trouvait cela un peu étrange, mais c'était peut-être l'occasion d'obtenir quelques réponses.

— J'ai des questions à te poser, commença-t-il. En particulier à propos de ce qui s'est passé hier. Pourquoi est-ce que tu nous as omis le fait que l'on s'était rencontrés ? Et c'est quoi cette histoire de documents volés ?
— Quels documents volés ?
— ...
— OK, pas la peine de me regarder comme ça ! En ce qui concerne ta première question, je me suis déjà expliqué hier. C'est moi qu'ils veulent, donc si quelqu'un doit risquer quoi que ce soit, c'est moi. Pour la deuxième ... Disons que je suis tombé sur des trucs nuisibles, et que j'ai préféré les prendre avec moi plutôt que de leur laisser. Forcément, ils n'ont trop aimé la blague, et maintenant ils me courent après.
— T'es bête ou quoi ?! Si ces documents sont dangereux, pourquoi tu ne vas pas les donner à la police ??
— On voit que tu ne sais pas de quoi ils sont capables, blondinet. Si j'implique d'autres personnes, elles seront aussi en danger, peut importe qu'il s'agisse de dresseurs ou de policiers.
— Dans ce cas, pourquoi te montrer en public comme tout-à-l'heure ? Et pourquoi venir te présenter comme ça ?
— Ne t'en fais pas pour ça : même si ça m'étonne un peu moi-même, ils ne connaissent pas mon identité. Tout ce qu'ils ont sur moi, c'est que je porte une cape et que je possède un Mimigal. Quant à la conversation que nous avons actuellement ...

Le coordinateur croisa les bras, tout sourire.

— En te voyant dans les gradins pendant le Concours, je me suis dit : « Ça fait trois fois que je les rencontre en moins d'une semaine, ça doit être le destin ! » et j'ai pensé que ce serait sympa que l'on fasse connaissance~
— Le destin ? Il est timbré ...
— Hem ... La première des choses à faire, dans ce cas, aurait été de nous donner ton nom.
— Vous pouvez m'appeler Wally. Enchanté !
— C'est ton vrai nom ?
— Presque. C'est comme ça que m'appellent mes proches, en tout cas. Et vous deux, vous êtes Arno et Sebii, n'est-ce pas ?

Sebii regarda Wally d'un œil suspicieux.

— T'as l'air bien renseigné, dis-moi.
— J'ai juste tendu l'oreille aux bons moments. Vous n'aviez qu'à être moins bruyants !
— Grrr ...
— En revanche, il y a une personne qui n'était pas avec vous la première fois.

Luna, comprenant que l'on parlait d'elle, fit un signe au coordinateur.

— Je suis Luna, la petite sœur de Sebii ! Enchantée !
— L-La petite sœur ?!
— En fait, ils sont jumeaux ...
— Jumeaux ?! Tu te paies ma tête, c'est ça ? Comment un idiot comme lui peut-il avoir une sœur comme elle ?
— Hé !! J'entends tout, je te signale !

Wally zieuta dans la direction de Luna. Il secoua brièvement la tête et expira lentement. Il resta ensuite silencieux un petit instant, puis :

— Hmm ... Maintenant que j'y pense ... Je m'ennuie un peu, ces jours-ci, et ça ne me ferait pas de mal de voyager avec d'autres personnes~
— Hors de question que tu viennes avec nous !
— Je m'adressais au chef du groupe, blondinet. Arno ?
— Depuis quand je suis le chef du groupe ?! ... Et pourquoi est-ce qu'on devrait te laisser venir avec nous ? Tes intentions sont peut-être justes, mais tu n'en restes pas moins un voleur et on ne sait pas ce que tu mijotes ...
— Arno.

Le garçon sentit Luna tirer légèrement sur la manche de son pull.

— Je ne veux pas décider pour vous deux, mais Wally nous a quand même sauvé hier, non ? Même si c'est effectivement un voleur, ce qu'il a fait montre bien que c'est une bonne personne, tu ne penses pas ?
— ... Je ...

Elle n'avait pas tort. Peu importe ce qu'il en disait, si Wally n'était pas intervenu pour entraver l'homme en poncho, qui sait ce qui pu leur arriver ; Luna avait bien failli se faire gravement blesser par cet homme un instant avant. Le fugitif aurait très bien pu s'enfuir en les laissant dans le pétrin, mais il ne l'avait pas fait.

Alors qu'il était en pleine hésitation, des mots vinrent à l'esprit d'Arno.
Des mots qu'il avait entendu des années plus tôt, et qui résonnaient avec cette promesse qu'il avait faite.
Il pouvait encore entendre clairement sa voix :

« Si tu ne laisses pas les autres t'approcher, tu ne sauras jamais s'ils sont gentils ou méchants, tu sais ? »

... ... ... ... ... ... ... ... ... ...

— Tu as raison ...

Le garçon prit un moment de réflexion. Puis il regarda Wally dans les yeux.

— Il y a encore des choses que j'aimerais savoir. Sur ces individus en poncho, par exemple.
— Je vous dirai tout ce que vous voulez. Alors, marché conclu~?
— ... On a une chambre au Centre Pokémon. On repart demain matin.
— Je suppose que je n'ai plus qu'à me prendre une chambre moi aussi !
— Nh nh~
— T'as pas intérêt à nous attirer des ennuis, « Lily ».
— Si les ennuis nous tombent dessus, ça ne sera sûrement pas de ma faute, blondinet.

Arno soupira devant les répliques cinglantes que se lançaient Sebii et Wally. Avait-il pris la bonne décision en acceptant le coordinateur ainsi ? Rationnellement parlant, il n'en avait aucune idée.

Et pourtant, au fond de lui, il savait qu'il avait bien fait.
À sa place, c'était ce qu'elle aurait fait. C'était le bon choix.

Chassant les souvenirs de sa tête, Arno suivit ses compagnons qui regagnaient le Centre Pokémon, alors que la journée poursuivait son cours, et il se réjouit intérieurement.
Il allait enfin pouvoir prendre une douche !



BR1-CT08.Grâce de vaincre/fin