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Blue Rhapsody - 1. Awakening de BlueBreon



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» Auteur : BlueBreon - Voir le profil
» Créé le 20/08/2014 à 13:42
» Dernière mise à jour le 25/12/2014 à 19:30

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CT07 . WANTED

La mer scintillait sous le soleil de midi. Et malgré le petit vent frais qui soufflait sur la route 115, il faisait plutôt chaud. On était pourtant censé être en hiver. À moins que Hoenn ne se trouvait dans l'hémisphère sud ?
Après avoir essuyé la sueur qui perlait sur son front, Arno rajusta son bonnet, les yeux rivés sur l'horizon. Sur cette même mer, plus au sud, se trouvait la Grotte Island. Lorsqu'il était passé par la Route 104, le garçon l'avait aperçue dans le lointain. D'ici, il était impossible de la voir à cause du Bois Clémenti – et de toute façon, il devait en être trop loin maintenant pour même en voir la silhouette – mais Arno se sentait comme attiré par son aura de mystère.

— ... ... Ce n'est même pas la peine d'y penser. Si on avait un Pokémon Eau, encore ...

Le garçon tourna légèrement la tête pour regarder Moonlight, son Évoli, à cheval sur son sac à dos et son épaule. Le Pokémon se reposait en profitant du soleil, mais avait les yeux bien éveillés.

— Qu'est-ce que tu en penses, Moonlight ? Si tu devenais un Aquali, le problème serait réglé, non ?

Le renardeau lâcha un petit jappement, puis se roula en boule avant de fermer les yeux.
Était-ce censé être un « oui » ou un « non » ? ... Arno regretta qu'un génie n'ait pas inventé un traducteur de Pokémon, ce qui lui faciliterait bien la tâche pour communiquer avec les siens. Il était convaincu de ne pas être le seul dans ce cas.
Bah. De toute manière, le garçon n'était pas spécialement pressé de faire évoluer Moonlight. Il ne pouvait pas dire en toute honnêteté qu'il n'était pas curieux de voir en quoi évoluerait l'Évoli, bien sûr. Mais son partenaire était très bien tel quel. Pour le moment, il ne s'imaginait pas le pousser à évoluer.

Il ne fallait pas trop penser à ce genre de soucis. Il trouverait un moyen d'accéder à la Grotte Island une fois arrivé à Myokara.

La Grotte Island. La Chambre de Regice, le Pokémon Iceberg, golem fait de glace Antarctique, dont on disait qu'elle était impossible à fondre. D'après les dires, son corps gelé était également entouré d'une couche d'air à -200 degrés Celsius ; de quoi transformer en glaçon tout corps à proximité.
Brrr ... Arno se dépêcha d'effacer de son esprit l'image de son propre corps transformé en bloc de glace.
Encore une fois, il ne fallait pas s'inquiéter. Si le professeur Bibacier avait dit juste, il y avait peu de risques qu'il croise le golem en explorant son antichambre. Et puis au pire, si Regice se montrait, cela lui fournirait de nouvelles informations à ajouter à l'Indexon. Il fallait positiver !

— OIIIIIIII !! ARNO !!

Le cri de Sebii fit tressaillir Arno ainsi que Moonlight, qui se dressa sur ses quatre pattes, les poils hérissés par la surprise. Le garçon se retourna. Son ami courait dans sa direction, suivi par un énorme hibou !

— Qu'est-ce que ... ?
— Archimède a évolué !! s'exclama Sebii avec des yeux brillants de joie.

Arno observa plus longuement l'oiseau au plumage brun. Effectivement, ce Noarfang qui se tenait à côté de son ami – et qui faisait maintenant deux têtes de plus que lui – était bel et bien Archimède. Il avait dû évoluer en se battant contre les Pokémon sauvages des environs. Bien qu'au départ, il était entendu que Sebii lève temporairement le pied sur l'entraînement ...

Sebii ayant acquis son premier badge, leur prochaine destination était Vergazon. Arno était parvenu à convaincre le dresseur de faire une pause sur la Route 115, avant de traverser les montagnes. Malgré tout, Sebii ne savait pas s'arrêter lorsqu'il était motivé.

— Te voilà encore plus cool qu'avant, Archimède !

Sebii donna une tape amicale à son nouveau Noarfang, qui lui répondit avec un hululement.

— Oui, reconnut Arno. Cela m'étonnes même un peu qu'il n'ait pas évolué plus tôt. Je veux dire, vu que tu te battais tout le temps avec lui, je pensais qu'il aurait déjà gagné suffisamment d'expérience pour évoluer depuis un moment.
— Peut-être que nos adversaires n'étaient pas assez forts pour lui ! AHH ! Ça aurait été super cool que Gobou évolue pendant le combat d'hier !! Du genre, l'évolution qui sauve une situation désespérée ! Ou s'il avait pu activer son Talent !!
— Une « situation désespérée » ? Tu devrais plutôt être content d'avoir gagné sans en arriver là.
— Nan, tu comprends pas ! Les super comebacks en pleine fin de match, c'est ça qui fait une belle victoire !!
— ... Bien sûr ... Pourquoi jouer la sécurité quand on peut frôler la défaite ? ...

Est-ce qu'il se rendait compte qu'il était passé à deux doigts de perdre ? Heureusement pour lui que Roxanne avait fait une erreur, sinon ...

— Tiens au fait, se souvint Sebii, je me suis rappelé de quelque-chose tout-à-l'heure.
— Ah ? Quoi donc ?
— Tu sais, la femme d'hier ? C'est elle qui m'a indiqué que le Champion se trouvait à l'École des Dresseurs !
— Vraiment ?
— Yup ! opina le blond. J'ai pas fait attention sur le coup, mais je suis sûr que c'était elle.

La jeune femme au costume indigo ... Celle qui s'était interposée, la veille, entre Roxanne et Sebii après leur combat. Un membre de la Police Internationale, l'organisation judiciaire la plus puissante au monde. Et une personne que la Championne semblait bien connaître. Depuis qu'ils l'avaient rencontré, Arno se posait beaucoup de questions. La conversation entre les deux femmes lui revenait souvent à l'esprit.

« Le travail ? ... ... ... Vous êtes sur la trace de ces hommes à l'accoutrement bizarre ? »
«  Désolée. Je ne suis pas autorisée à t'en parler. ... ... Ni aux autres, d'ailleurs ... »
« Nos forces d'intervention sont déjà en action. »

La Police Internationale poursuivait quelqu'un. Ils avaient déjà déployé leurs agents dans la région de Hoenn. Était-il possible que les personnes qu'ils recherchaient fassent partie d'une organisation criminelle ? Pour que la P.I. intervienne ainsi, ces gens devaient tout de même être relativement dangereux ... Étaient-ils en sécurité, à voyager ainsi à travers la région alors que de pareils individus sévissaient en toute liberté ?

Il y avait aussi ça ... Les propos que Roxanne avait lancés à cette femme sur un ton de mépris :

« Vous allez encore écarter les Champions d'arène, c'est ça ? »
« Tu n'es pas la bienvenue dans mon arène, je te rappelles ! »

Plus Arno réfléchissait, et plus il lui semblait que la colère qu'avait exprimée Roxanne envers la jeune femme était liée à cette histoire datant de quelques années. Le garçon aurait bien voulu en savoir un peu plus sur la relation entre les deux femmes. Mais la Championne n'avait pas daigné en parler, se justifiant qu'il s'agissait de ses propres problèmes.
Arno pouvait comprendre cette réaction. Lui-même, dans cette situation, aurait réagi de façon identique.

Cette histoire ne faisait que le stresser un peu plus chaque fois qu'il y repensait ...

Quoi qu'il en fût, cette femme était intervenue au bon moment. En utilisant son Tarinorme, Roxanne avait outrepassé son autorité en tant que Championne d'arène ; et même si Sebii lui avait répété qu'il n'avait pas eu peur, cela aurait pu très mal se terminer. Les dégâts subis par le bâtiment lorsque Roxanne avait utilisé l'Élécanon de son Pokémon en faisaient preuve.
D'ailleurs, sans la prévenance de Luna, les écoliers auraient pu être blessés eux aussi.

À propos d'elle, justement :

— ... Je ne comprends toujours pas que tu ne m'aies jamais parlé de Luna, dit-il à son ami sur un ton de reproche.
— Encore ça ? soupira Sebii. Je n'avais aucune raison particulière de te parler d'elle jusque-là ! Si tu m'avais clairement demandé si j'avais une sœur, je te l'aurais dit !
— Je sais ... Mais quand même ...
— En d'autres termes, c'est un peu ta faute.
— Quoi ?! Tu y vas un peu fort, là !
— De toute façon, maintenant que tu la connais, c'est plus vraiment un problème, si ?
— ... Je suppose ... concéda Arno. Où est-elle, d'ailleurs ? Ça fait un petit moment que je ne la vois plus.
— La dernière fois que je l'ai aperçue, elle grimpait sur le flanc du Site Météore.

Arno repéra l'uniforme de Luna sur ce qui ressemblait à une petite terrasse rocheuse.

La jeune fille avait décidé, suite à l'épisode de l'arène, de faire la route avec les garçons, estimant que, puisqu'ils se dirigeaient tous les trois au même endroit, autant faire le voyage tous ensemble.
« On s'amuse toujours plus à plusieurs ! » avait-elle dit.
Ce n'était pas pour déplaire à Arno, qui trouvait que la bonne humeur naturelle de Luna rendait plus sereine l'ambiance du petit groupe.

— ... Elle a l'air d'aimer les endroits en hauteur. Dans la forêt, elle m'a dit qu'elle faisait semblant de léviter en se pendant aux arbres ...
— Elle a toujours été comme ça. Ça a peut-être même empiré depuis qu'elle habite à Lavanville.
— ? ... Qu'est-ce que tu veux dire ?
— Ah ? Elle ne te l'a pas dit ? En fait, elle-- ...

Sebii s'interrompit au milieu de sa phrase. Il se mit à scruter le Site Météore. Quelque-chose semblait avoir attiré son attention.

— C'est qui, ces types ? dit-il comme pour lui-même.

Arno remarqua à son tour les deux individus qui se tenaient en face de Luna. Cette dernière, tournant le dos à l'océan, semblait en train de parler avec eux.
Les garçons étaient assez loin, alors il ne pouvait pas tout à fait voir à quoi ces personnes ressemblaient – tout ce qu'il pouvait voir, c'était qu'ils étaient plus grands que la jeune fille.

— Des adultes ? hasarda-t-il en se référant à leur taille.
— J'en sais rien. ... Tu crois qu'on devrait aller la rejoindre ?
— On n'est jamais trop sûr. Si ça se trouve, il n'y a rien à craindre, mais autant ne pas prendre le risque de la laisser seule.

Après ce qu'ils avaient appris la veille, Arno ne pouvait pas oublier la possibilité que ces personnes soient des criminels. Et si c'était vraiment le cas ...

Il préférait ne pas y penser.




Accéder à la « terrasse » nécessita plusieurs minutes d'ascension sur des blocs érodés de calcaire orange qui avaient un jour fait partie de la surface du Site Météore. Une petite escalade dont Arno se serait passé bien volontiers.
Ce genre d'exercice sous le soleil n'était pas sa tasse de thé. Le garçon avait fini par enlever son pull-over, dont il se servit pour éponger la sueur qui mouillait son visage. Dire qu'à côté de lui, Sebii sous son gros manteau ne semblait pas le moins du monde incommodé par la chaleur !

— Hm ? Quoi ? lui demanda le blond en remarquant son ami le fixer du regard. J'ai quelque-chose sur la figure ?
— Heu ... Non. Seulement ... Tu ne trouves pas qu'il fait un peu chaud ? ...
— Chaud ? Pas vraiment. Je trouve qu'il fait plutôt bon !
— A-Ah bon ...
— En même temps, si tu enlevais ton bonnet, tu aurais moins chaud, non ? Il est plutôt épais.
— Hors de question. Je ne l'enlèverai pas.
— Je m'en doutais un peu ! ricana Sebii. Après, si tu veux continuer à fondre, c'est ton problème !
— Pourquoi tu me poses la question si tu connais déjà la réponse ? ...
— Ho ! Les garçons !!

Devant les jeunes dresseurs, en partie cachée par les silhouettes des deux inconnus, Luna les appela avec un grand mouvement de bras.
Ses interlocuteurs – un homme et une femme – se retournèrent sur eux, l'air quelque peu surpris. Arno ne se rendit compte qu'à ce moment que les individus étaient accompagnés d'un Dardargnan, qui devait appartenir à l'un d'eux. Le garçon ne put s'empêcher de leur jeter un regard méfiant.

— Qui sont ces deux-là ? demanda l'homme à Luna d'une voix énergique.
— Mes amis de voyage ! lui répondit la jeune fille. Ils sont dresseurs, eux aussi.
— Je vois. Hep, vous deux. On a des questions à vous poser.
— Et vous, vous êtes qui au juste ? rétorqua Sebii du ton le plus naturel, croisant les mains derrière sa tête.

L'homme fronça les sourcils.

— Ça ne vous regarde pas.
— C'est pas très sympa de questionner les gens comme ça, sans même se présenter avant ! Un peu de politesse !
— Tu es mal placé pour parler de politesse, Sebii ...
— Ne joue pas au plus malin avec moi, gamin-- !
— Du calme.

La femme arrêta son partenaire d'un geste posé, lui indiquant de la laisser gérer la suite de la discussion.

Arno remarqua qu'ils avaient tous deux les cheveux d'un vert-pomme criard ; l'homme les avaient coiffés en une pointe sur le sommet du crâne, tandis que ceux de la femme formaient deux mèches montantes derrière la nuque.
Mais ce n'était pas la seule similitude. Il avaient également des vêtements très similaires : des bottes, une combinaison moulante noire surmontée d'un épais ceinturon de métal, et couverte par un poncho blanc comme neige. Sur celui-ci était brodé, à gauche du cœur, ce qui semblait être un « A » stylisé, couleur or.

Quel étrange accoutrement ... On aurait dit une sorte d'uniforme. Mais quelle entreprise pouvait bien faire porter ce genre de vêtements à ses employés ?
Puis les mots de Roxanne lui revinrent :

« Vous êtes sur la trace de ces hommes à l'accoutrement bizarre ? »

Un « accoutrement bizarre » ... Est-ce que ces personnes étaient ... ?

— Veuillez excuser mon collègue, plaida calmement la femme, mais nos supérieurs refusent que nous divulguions notre identité. Néanmoins, si vous le voulez bien, nous aurions quelques questions à vous poser.
— Moi,je dis que c'est louche.
— Sebii, s'il-te-plaît ... souffla Arno à son ami. Luna, de quoi étais-tu en train de parler avec ces gens ?
— Apparemment, ils cherchent quelqu'un. Ils me demandaient si je l'avais aperçu.
— Nous recherchons un odieux personnage qui nous a dérobé de précieux documents, leur expliqua la femme. Nous souhaitons le retrouver afin de les récupérer.
— ... Vos supérieurs n'ont pas averti la police ? Ils pourraient vous aider à l'attraper.
— Malheureusement, la situation est un peu plus compliquée que cela. S'agissant de documents confidentiels, ils préfèrent que nous traitions ce problème en interne ... Afin de limiter les fuites, voyez-vous ?
— ... C'est louche, soutint Sebii.
— C'est compréhensible, le contredit Arno.
— Eh ?
— Si tu décidais d'écrire une note sur la stratégie que tu vas adopter face à un adversaire, tu n'aimerais pas que quelqu'un la lise et lui transmette cette stratégie. Dans le cas d'une entreprise, c'est la même chose.
— Comme si j'allais noter ce genre de trucs !

Arno se montra le plus compréhensif possible. Évidemment que leur histoire était louche. Mais si Sebii était du genre à parler franchement et n'hésitait pas à dire le fond de sa pensée, lui préférait jouer leur jeu. Inutile de s'attirer des ennuis. D'autant qu'ils ne savaient pas si ces gens pouvaient se montrer dangereux ou non.

— Nous avons obtenu une piste il y a peu. Ce n'est pas très net, mais nous vous serions reconnaissants de bien vouloir y jeter un œil.

La femme leur présenta une feuille de papier froissée, sur laquelle était imprimée une photographie en noir et blanc. Celle-ci était légèrement floue, mais on pouvait tout de même y distinguer une silhouette sombre en pleine course au milieu de fourrés.

Arno se figea. Il reconnut presque immédiatement l'individu représenté sur la photo.
Cette longue cape, sur laquelle se détachait un motif en zigzag ... Il l'avait déjà vue, deux jours auparavant. C'était celle du voleur de Rosyères. Il en était quasiment certain.
Mais pourquoi ces gens cherchaient-ils un simple bandit à la sauvette ? Était-ce vraiment lui qui leur avait volé ces documents dont ils parlaient ?

Le garçon lança un regard vers Sebii, qui fixait la photographie avec un air renfrogné. Lui aussi devait avoir remarqué la ressemblance avec son ancien adversaire.
Des individus louches, et le même voleur que la dernière fois, c'était une bien étrange coïncidence.
Que fallait-il faire ? ... Dire la vérité ? Faire semblant de ne rien savoir ? D'abord, que feraient ces personnes une fois qu'il auraient retrouvé ce garçon ? Et s'ils étaient vraiment dangereux ? Ils venaient de dire qu'ils devaient traiter le problème en interne, mais qu'entendaient-ils par là ? Allaient-ils ... ?

— Alors ? s'enquit la femme après un moment. Je sais que ce n'est pas grand-chose, mais l'avez-vous déjà vu quelque-part ?
— ... ... ... Je ne sais pas trop. Ce n'est pas une tenue que l'on voit très souvent ...
— Et ? Vous comptez faire quoi une fois que vous l'aurez trouvé ?

Sebii venait de mettre les pieds dans le plat. Mais cette question intéressait également Arno, qui attendit la réponse de leurs interlocuteurs.

— Et bien ... commença la femme.
— Ça ne vous regarde pas, l'interrompit l'homme. Ce gamin sera sous notre responsabilité une fois qu'on aura mis la main sur lui.
— Alors vous savez que c'est un enfant ?

L'homme tourna son regard perçant vers Arno, qui déglutit en se rendant compte qu'il avait gaffé ; bon sang, il aurait dû prendre le temps de mieux choisir ses mots et son intonation ... Ses paroles venaient tout juste de sonner comme s'il connaissait bien le coupable.

— Bieeen ! fit l'homme avec une certaine réjouissance dans la voix. Pour une fois, on avance ! Je me disais bien que vous faisiez de drôles de têtes en regardant la photo.
— Vous vous êtes pas vu, avec votre tête de Kapoera, persifla Sebii.
— Grr ... Toi, le teigneux, je te conseille de la mettre en veilleuse ! Tu sembles pas comprendre la situation dans laquelle vous êtes !
— Anil, du calme, lui quémanda la femme. Les brusquer ne nous apportera rien.
— Parce que pour toi ils ont l'air de vouloir nous dire quoi que ce soit ? T'es quand même plus maline que ça, Esen !
— C'est bien parce que tu ne sais pas t'y prendre pour parlementer que l'on m'a envoyée ici avec toi.

Anil – si tel était bien le nom de l'homme – adressa un regard méprisant à sa partenaire. Visiblement, il n'avait pas apprécié la remarque d'Esen.

— Je t'en ficherai moi, des palabres ... Quant à vous, vous avez intérêt à nous dire tout ce que vous savez, et tout de suite.

À côté de l'homme, le Dardargnan, qui jusque-là reposait immobile au sol, s'éleva dans les airs dans un bourdonnement aigu. Cela n'annonçait rien de bon. Cet Anil semblait vouloir les faire parler, peu importe la méthode.

Arno songea à appeler Poussifeu dans le cas où la situation s'envenimerait ; face à un Pokémon Insecte, il aurait l'avantage du type. Mais il transportait toutes ses Pokéballs dans son sac. Si l'homme décidait d'attaquer, il n'aurait pas le temps de chercher ses balles. Seul Moonlight, qui observait tranquillement depuis son épaule, pourrait l'aider dans l'immédiat.
Sebii, lui, avait déjà la main sur ses propres Pokéballs, qu'il portait accrochées à sa ceinture.

— Des menaces, maintenant ? fit mine de s'étonner le blond. De mieux en mieux !
— Je tiens à te prévenir, gamin : si tu te bats contre moi, tu n'en ressortira pas en un seul morceau !
— Ah oui ? J'aimerais bien voir ça.
— Grr ... ! Tu vas voir ... !
— Heuu ? Excusez-moiiii ?

La voix de Luna attira le regard des autres protagonistes ...
Qui découvrirent avec stupeur une jeune fille avec une monstrueuse tête violette agitant une immense langue baveuse et agitant des bras griffus dans les airs.

— BLAAAAARG !!!

Anil sursauta de peur et tomba à la renverse sur les rochers vermillons, et même Esen ne pût retenir un petit cri. Arno considéra un instant la jeune fille, avant de réaliser que cette horrible tête mauve n'était autre qu'un Spectrum. Comme pour confirmer son observation, Luna fit un signe de la main et le Pokémon Gaz se déplaça sur le côté, faisant réapparaître son visage souriant.
Sebii laissa échapper un soupir.

— Voilà, c'est ça que je voulais dire tout-à-l'heure, adressa-t-il à Arno. Luna est une fanatique des Pokémon Spectre.
— ... Ça explique la « lévitation » ...

Maintenant qu'Arno y pensait, il n'avait pas eu l'occasion de voir les Pokémon de Luna en action. C'était chose faite, si l'on pût dire ...

Anil se releva avec un air mauvais sur le visage, furieux après la mauvaise blague de la jeune fille. Cette dernière, cependant, continua de sourire gaiement.

— Ce n'est pas la peine de se battre. Comme votre amie l'a dit, on peut simplement discuter, ce sera mieux !
— ... Sale gamine ... !! cracha l'homme.

Les garçons eurent à peine le temps de réagir lorsque le dard de Dardargnan siffla dans l'air.

L'appendice en lance du Pokémon, lancé à une vitesse phénoménale, s'arrêta à quelques centimètres de Luna, arrêté de justesse par les mains crochues de son Spectrum.

— Luna !! s'écrièrent ensemble les deux garçons.
— Anil ! Que fais-tu !?
— Ces gamins commencent sérieusement à me taper sur les nerfs. Je m'en vais leur apprendre à respecter leurs aînés !

L'homme brandit sèchement son bras gauche devant lui ; Arno remarqua que celui-ci portait une sorte de bandeau ... Non, plutôt un bracelet fin. La réaction d'Esen ne se fit pas attendre :

— Que ... ?! Tu ne vas pas l'utiliser contre ces enfants !?
— Ah oui ? On nous a pourtant autorisé à recourir à la force, si nécessaire.
— Cette force n'est en aucun cas nécessaire ici ! Arrête !

Que se passait-il ? Qu'est-ce que cette femme cherchait à empêcher son acolyte de faire ?? Non, non, peu importe ! Ce type venait de tenter de blesser Luna, il fallait qu'elle s'écarte de là au plus vite !
La jeune fille fixait avec peur le dard du Pokémon Guêpoison, qui tremblait dangereusement dans les mains de Spectrum.
Arno voulut intervenir. Mais ses membres refusaient de l'écouter. Avait-il trop peur, lui aussi, pour ne serait-ce que donner un ordre à Moonlight ou pour crier à Luna de s'échapper ? ... À côté de lui, Sebii semblait lui aussi un peu décontenancé, comme absent.

Soudain, un épais fil blanc sorti de nulle part s'enlaça autour du bracelet de l'homme. L'instant suivant, Esen et Anil avaient tous deux les poignets prisonniers de chaînes de soie.

— Et voilà, je me retrouve encore dans l'embarras~ ...

Arno se retourna en entendant cette voix de jeune garçon. La voix de celui que Sebii et lui avaient rencontré deux jours plus tôt.
Sur un petit pic rocheux à proximité, enveloppé dans sa cape verdâtre bariolée de rouge, se tenait le voleur de Rosyères. Sur son épaule, un Mimigal retenait fermement les liens d'Esen et Anil produits par son attaque Sécrétion.

— ... Tu t'es finalement montré de ton propre chef, dit Esen au voleur avec un calme retrouvé ; puis, lui montrant son bras entouré de soie blanche : Es-tu bien sûr de pouvoir nous retenir prisonniers avec cela ?
— Ne sous-estimez pas la soie de Mimi, s'il-vous-plaît.
— Toi !!!

Sebii pointa le garçon encapuchonné du doigt.

— J'en avais pas fini avec toi la dernière fois !!
— S-Sebii ... !
— ... Ce garçon semble te connaître, observa Esen. Se pourrait-il que tu te sois fait des compagnons ?
— Hmmmmn ... Désolé, mais moi, je ne vois vraiment pas qui c'est ce type~.
— De quoi ?!! d'exclama Sebii.
— Te fous pas de nous, le mioche ! ragea Anil. C'est évident que tu es entré en contact avec eux !
— Ils m'ont peut-être simplement vu passer par là ? J'ai beau me montrer discret, je ne suis pas infaillible. La preuve, vous avez même réussi à me prendre en photo. Bien qu'elle soit plutôt ratée~.

Tiens ? Tentait-il de cacher leur précédente rencontre ? Il ne pouvait pas avoir oublié ce qui s'était passé il y avait seulement deux jours ...
Est-ce que ce garçon ... cherchait à les protéger ... ?

— Si tu les connais pas, pourquoi donc prendre le risque de te montrer, dans ce cas ?
— ... Je sais que je suis censé vous fuir comme la peste. Mais j'ai du mal à supporter le fait que vous vous en preniez à d'autres sous prétexte que vous n'êtes pas capables de faire votre boulot correctement.

Anil grognait rageusement en essayant de se défaire – sans espoir – des liens de Mimigal,. Même Esen commença à montrer du mécontentement face à l'accusation du voleur à la cape.

— ... Bien. Et que comptes-tu faire, à présent ?
— Hmm ... On va faire un petit marché : je vous relâche, vous laissez ces trois-là tranquilles et on se fait une petite partie de chat ensemble. Ça vous va~ ?
— Grrr ... Quel sale petit ... !
— De toute manière, si jamais vous blessiez des civils innocents, je pense que votre patron serait de très mauvaise humeur. C'est donc dans votre intérêt d'accepter mes règles ...
— ... ... ... Bien. Tu as ma parole.
— Esen ?!?
— Nous y gagnerons plus qu'en nous en prenant aux autres ...
— Et comment je peux être sûr que vous tiendrez parole~?
— Ne me sous-estime pas, s'il-te-plaît.
— ... Super super~! En revanche, je vais laisser un petit cache blanc sur le bracelet de monsieur. Juste pour être sûr~!
— Grr ... Saleté ...

Arno était sidéré ; ce voleur venait-il sérieusement de convaincre ces deux individus d'accepter ses conditions ? Alors qu'il s'était mis dans la plus mauvaise position possible. Qui était donc ce garçon ?
Il regarda tour à tour Sebii, qui semblait avoir accepté – à contre-cœur – le manège de l'encapuchonné, et Luna, qui contemplait ce dernier comme s'il s'agissait d'un super-héros. Il devait lui-même l'admettre : sans son intervention, rien ne dit qu'ils s'en seraient sortis indemnes ...

Le voleur compta doucement jusqu'à trois, puis ordonna à Mimigal de lâcher ses fils de soie, avant de bondir en direction d'une caverne dans laquelle il s'engouffra aussitôt.

— Vite ! lança Esen à son acolyte.
— Bordel, je vais me le faire, ce mioche !

Esen et Anil, les mystérieuses personnes en uniforme, s'élancèrent presque aussitôt à sa poursuite avec le Dardargnan, se débarrassant au passage des débris de soie qui pendaient de leurs bras.

Ils laissèrent ainsi les trois jeunes dresseurs sur la terrasse de calcaire. Tous les trois restèrent silencieux un moment, tentant de mettre de l'ordre dans leurs esprits.

Finalement, Luna se tourna vers les deux garçons, et s'exclama d'une voix enjouée :

— Je sens que le voyage va être vraiment amusant avec vous !



BR1-07.WANTED/fin