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Cinhol, le Royaume Perdu de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 26/02/2014 à 09:48
» Dernière mise à jour le 29/07/2018 à 23:14

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Médiéval   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 32 : Vengeance et péchés
J'ai compris le plan de mon ami. Il veut se servir de la météorite pour prendre sa vengeance sur le monde. En fait, nous avons découvert que le métal de cette météorite pouvait accumuler une énergie telle que si elle était libérée d'un coup, elle pouvait entraîner le monde entier vers sa destruction.



*****



Leaf et Syal étaient rentrées à Cinhol. Elles y furent surprises de découvrir une Naglima qui pansait ses blessures suite au siège qu'elle avait subi, mais aussi une Naglima totalement sur le pied de guerre. Partout, des soldats s'activaient, courraient dans tous les sens. On levait des armées venues de tout le Rimerlot, on préparait des engins de guerre, des milliers de chevaux. Mais le plus inquiétant, c'était la fougue des soldats. Ils avaient tous un air comme hypnotisé, leurs yeux brillants du souhait d'en découdre. Personne ne fit attention à elles quand elles pénétrèrent dans la cité.

- Eh ben, ça a bien changé ici, commenta Syal.

Leaf ne put qu'acquiescer. Les Rimerlot avaient toujours été prompts au combat, certes, mais toujours avec un entrain non dissimulé. C'étaient de bons vivants, qui parlaient de la guerre comme ils parlaient des femmes avec qui ils avaient couché. Là, ils étaient tous si stoïques, si sombres... Les civils furent aussi mis à contribution. Leaf et Syal virent un groupe d'entre eux, souvent de jeunes enfants ou de vieilles personnes, qui portaient de l'équipement et des provisions pour les soldats, encadrés par un groupe d'entre eux. Quand une vieille dame qui portait un sac s'avisa de s'écrouler sous la fatigue, elle fut passée à tabac par l'un des soldats.

- Debout, femme ! Hurla le soldat en lui donnant des coups de pieds. La guerre est là, et tu te reposes à terre ?!

- Je... Pardonnez-moi... Je ne peux plus...

- Scélérate ! Tu comptes peut-être laisser les crimes de Cinhol à notre égard impuni ?

- N-non, je...

- Au nom du roi, tous ceux qui refusent le combat contre ces monstres de Cinhol sont autant nos ennemis qu'eux !

Le soldat leva son épée, et la vieille femme hurla. Leaf s'élança, et ses vieux réflexes d'entraînement de la Team Rocket revinrent à elle. Elle bloqua le poignet du garde, l'étourdit avec un coup de tête et lui fit un croche patte magnifiquement exécuté qui l'envoya à terre.

- On se calme, mon gars, lui dit Leaf. Cette femme est exténuée.

- Qui es-tu, chienne ?! Tu oses t'élever contre la volonté du roi ?

Syal haussa les sourcils, et alla relever le soldat pour le placer en face de Leaf.

- Tu ne la reconnais pas dis ? Je ne pense pas que ton roi sera content s'il apprenait que tu as manqué de respect à sa chère amie ?

Le déclic du se faire dans l'esprit du soldat, car il devint soudain moins agressif.

- Je... je ne fais qu'exécuter les ordres de Sa Majesté, se plaignit le soldat. Tout le monde doit être mis à contribution dans la guerre qui se prépare. Tous les fainéants doivent être châtiés !

- Je doute qu'Adam t'ai ordonné de tuer une vieille dame incapable de faire un pas de plus, fit sombrement Leaf.

Leur altercation attira d'autres gardes de la cité, qui empoignèrent leurs épées de façon menaçante en avançant.

- Que se passe-t-il ici ? Demanda l'un d'entre eux.

- Capitaine, ces femmes m'ont empêché de punir une réfractaire au travail imposé par Sa Majesté, se plaignit le soldat.

- Impardonnable, acquiesça le capitaine. Les ordres de Sa Majesté ne peuvent être contestés. Ils sont la clé de l'extermination de ces chiens de Cinhol.

- Pour la gloire du roi Adam Ier ! Firent en chœur les autres soldats.

Leaf et Syal échangèrent un regard attendu. Elles avaient l'impression de faire face à une troupe de robots.

- Vous a-t-on tous lobotomisé la cervelle durant notre absence ? Demanda Syal. Je crois me souvenir que si vous vous élevez contre Cinhol, c'est pour combattre sa tyrannie, pas pour faire pareil que lui.

- Vous prétendez mettre en doute la volonté du roi ? Alors qu'il est l'élu choisi par le Fondateur lui-même ?! Hérésie. Crime de lèse-majesté ! Si vous n'étiez pas ses camarades, vous seriez pendues à l'instant ! Maintenant, circulez ! Nous avons à faire.

- Pour la gloire du roi Adam Ier ! Répétèrent en chœur les soldats.

Après avoir aidées la vieille femme à se relever et panser ses blessures, Leaf et Syal se dirigèrent vers le palais ducal à grand pas. Elles remarquèrent qu'il n'y avait plus aucune bannière du Rimerlot et de la famille Isgon, mais une nouvelle, qui était accrochée à peu près partout et devant laquelle chaque soldat qui passait s'inclinait respectueusement. Elle était jaune, et représentait une épée étoilée. Après avoir interrogé des passants, les deux jeunes femmes apprirent qu'il s'agissait de la nouvelle bannière du roi Adam.

- Si tu veux mon avis, renchérit Syal, je dirai que Sa Majesté coincé-du-cul a un peu attrapé la grosse tête. Pourtant, nous sommes parties que depuis une semaine...

Leaf ne dit rien. Elle devait parler à Adam au plus vite. Elle se sentait vraiment mal à l'aise dans cette ville autrefois joyeuse qui s'était transformée en une secte de malades dont le gourou suprême semblait être le garçon naïf et empoté que Leaf avait appris à apprécier. Quand elles furent dans le palais, elles virent un homme en armure dont la présence ne fit rien pour les rassurer. Leaf le reconnut immédiatement à sa cuirasse rouge et bleu. Le chevalier avec le Metali. Un des Hauts Protecteurs de Nirina. Astarias, le père de Deornas. D'ailleurs, le prince était aussi à ses cotés.

- Que faites-vous là vous ? S'exclama Leaf en prenant l'une de ses Pokeball.

- Ne vous inquiétez pas, dame Leaf, fit Deornas en s'interposant. Mon père nous a rejoint il y a quelque jours.

- C'est lui le responsable du changement ici ? Qu'est-ce qui se passe, Deornas ? Où est Adam ?

Le visage du prince, mais aussi d'Astarias, devinrent sombres.

- Le roi est avec ses conseillers militaires dans la salle du trône... répondit Deornas.

- Et pas vous ? S'étonna Syal.

- Sa Majesté s'est passé de nos services, dit Astarias. Il a jugé que nos conseils étaient emprunts du sceau de la lâcheté, et a préféré réunir autour de lui les plus violents et impitoyables chefs de guerre du Rimerlot. Il compte attaquer Cinhol très bientôt, et ce en détruisant au passage tous les villages loyalistes que nous croiserons.

- La personne que vous me décrivez là est loin de me faire penser à Adam, protesta Leaf. Que s'est-il passé ?

Alors, Astarias et son fils leur expliquèrent. La mort d'Ylis, tuée des mains de son frère envouté par Ryates à l'instant même où elle avait prononcé ses vœux de mariage. Leaf prit une mine horrifiée, et même Syal fut déboussolée.

- La colère de Sa Majesté est légitime, poursuivit Astarias. Mais je crains qu'il n'oublie sa promesse de ne pas s'en prendre à Nirina, et qu'il ne se venge aussi sur elle...

- Il a considéré Padreis comme une victime alors qu'il venait de tuer son aimée, lui rappela Deornas. Nirina est, tout comme lui, manipulée par Ryates. Le roi ne l'ignore pas, et je suis sûr qu'il ne reniera pas sa parole envers vous, père.

- Je prie le Fondateur pour que tu ais raison, fils. Car alors, je n'aurai pas pire ennemi qu'Adam Haldar, fut-il le fils de mon frère.

- Et le duc Isgon ? Demanda Syal. Il est où ?

Astarias et son fils échangèrent un regard emprunt d'une grande douleur.

- Mon oncle n'est plus capable de prendre part aux questions militaire, je le crains, répondit Deornas. Il a perdu ses deux enfants en même temps. Sa souffrance n'est pas mesurable.

- Isgon s'en remettra, certifia Astarias. Ou du moins, il chevauchera aux cotés du roi pour exercer sa vengeance à l'encontre de Ryates.

- Il faut qu'on parle à Adam, dit Leaf.

Elle ne savait pas trop ce qu'elle pourrait lui dire après ça. Elle avait vu combien il était amoureux de la fille d'Isgon. La perdre alors qu'elle devenait sienne...

- Vous devrez attendre que le roi en ait fini avec son conseil de guerre, dit Astarias. Interrompre ou contrarier Sa Majesté ces temps ci n'est guère prudent...

Elles suivirent donc le conseil d'Astarias, jusqu'à que toute une batterie de militaires et de généraux sortent de la salle du trône. Des types que Leaf n'avait jamais vus lors de son séjour à Naglima, et qui lui donnèrent une drôle d'impression.

- Ce sont tous d'anciens militaires du Rimerlot qui ont été mis à pied par le duc Isgon parce qu'ils voulaient rentrer en guerre contre Cinhol pour réclamer leur indépendance, leur murmura Deornas. Ils sont connus pour user de méthodes violentes et ne reculeront devant rien pour « libérer le Rimerlot », comme ils disent. Ils voient en Sa Majesté une occasion de prendre leur revanche, et Sa Majesté voit en eux des outils pour conquérir Cinhol plus rapidement.

- Charmant...

Adam devait vraiment être bouleversé et en pétard. Lui qui méprisait tout ce qui était hors la loi et en dehors de son code de moral très strict, se servir de généraux mabouls pour arriver à ses fins... Leaf et Syal furent introduites par le héraut. Adam était seul sur son trône, avec seulement Shinobourge à ses cotés, et ne se leva pas pour les accueillir. Leaf fut frappée par son visage fermé, sombre et visiblement épuisé, mais plus encore par ses yeux. Jadis d'un bleu ciel innocent, ils s'étaient comme assombris, et brillaient en plus d'une lueur meurtrière. Il tenait Meminyar dans sa main, et l'épée ne cessait de briller d'une lueur dorée contenue. Comme le roi les regarda approcher sans rien dire, Leaf prit les devants.

- Adam... Nous avons appris ce qu'il s'est passé. Nous sommes sincèrement navrées, et...

- Pas besoin d'être navrées, coupa Adam d'une voix tranchante. Ça ne me sert à rien. Ce qui peut me servir, en revanche, ce sont les nouvelles que vous apportez. Qui se joindra à moi, dans l'Ancien Monde ?

Leaf et Syal furent prises de court. Déjà, Adam n'appelait jamais le monde réel « Ancien Monde » en leur présence. C'était signe qu'il le considérait déjà comme un monde étranger et qu'il avait fait de Cinhol le sien. Ensuite, son ton froid et déterminé contrastait vraiment avec le dernier souvenir que Leaf avait d'Adam.

- Eh bien... J'ai pu parler à mon père de la situation ici, commença Leaf. Il me croit, mais ne peut rien en dire au Sénat pour l'instant. Mais il va commencer à mettre les sénateurs en garde contre Nirina qui assure officieusement l'intérim depuis la disparition de Tibaltin...

- Ça ne me sert à rien, coupa Adam. Je me moque de ce que Nirina peut bien faire dans l'Ancien Monde. Je veux mettre fin à son règne ici. Si le Sénat ne peut pas me soutenir en m'envoyant des troupes, il m'est inutile.

Leaf prit garde de ne pas avoir l'air indignée, même si elle l'était.

- J'ai aussi pu parler à quelque uns de mes amis dresseurs, poursuivit-elle d'une voix égale. Je n'ai pas pu tout leur expliquer, par prudence, mais chacun m'ont prêté quelque uns de leurs Pokemon, que j'ai amené avec moi. Je crois que ça, ça peut t'être utile en cas de bataille.

- Oui, c'est déjà ça, en convint le roi. Et de ton coté, Syal ?

- L'Amiral Rashok est d'accord sur le principe d'une alliance avec toi, si tant est que Stormy Sky ait quelque chose à y gagner, dit la capitaine. Il veut bien te fournir un vaisseau et son équipage pour...

- C'est trop peu, coupa à nouveau Adam. Je veux écraser Nirina rapidement. Un assaut unique et précis. Les forces de Stormy Sky seront la pierre angulaire de notre attaque sur Cinhol. J'ai besoin de bien plus que d'un vaisseau.

Syal haussa les sourcils.

- Stormy Sky ne fait rien sans rien, mon gars. On veut bien te prêter un vaisseau comme gage de bonne foi dans nos futures négociations, mais si tu veux plus, il nous faudra des garanties.

- Et j'en donnerai à Stormy Sky. Allons donc rencontrer l'Amiral Rashok.

- Maintenant ? S'étonna Syal.

- Bien sûr maintenant. Mon armée s'apprête à partir pour Cinhol d'un instant à l'autre. Leaf, tu les accompagneras. Tes Pokemon seront utiles. Ils ont reçu l'ordre d'attaquer que lorsque les forces de Stormy Sky lanceront l'assaut. Et je tiens à être là pour le coordonner moi-même. Alors ne traînons pas.

Il se leva, et alors que Shinobourge se mit à le suivre, il l'arrêta.

- Non. Toi, tu restes là, et tu pars avec Deornas et les autres.

Adam se retourna à temps pour ne pas remarquer le regard indigné de son Pokemon. Il tendit la main pour exiger son anneau de transfert, que Leaf lui donna à contrecœur. Après quoi, sans un autre mot, il se le passa au doigt tout en tenant l'épaule de Syal, et les deux disparurent. Leaf secoua la tête, accablée. Est-ce que ça valait encore le coup de se battre pour Adam ? Elle n'en était plus certaine. Mais bon, s'il réussissait son coup, Cinhol tombera vite, et avec lui Ryates et Uriel. Après, Leaf pourrait lui dire adieux. Sans trop de regret, d'ailleurs. Elle n'appréciait pas l'homme qu'il était devenu. Avant de partir toutefois, elle se mit à la recherche d'Anis. Elle la trouva - comme par hasard - à la bibliothèque, en train d'éplucher plusieurs livres à la fois. Cette vision familière la fit sourire. La guerre pouvait bien être à leur porte et le monde sombrer dans le chaos, l'historienne ne renoncerait pas pour autant a atteindre son objectif, qui semblait être de lire dix fois chacun tous les livres de Naglima.

- Oh, Leaf, ma chère. Je suis ravie, heureuse, contente de ton retour.

- Je repars bientôt. L'armée d'Adam part pour Cinhol.

- Ah oui. Le jeune Adam est fort en colère, en effet. Tragique évènement, tragique...

- Vous ne venez pas ?

- Non. J'ai prêté mes Pokemon à Deornas, mais je reste ici. J'ai quelque chose à découvrir...

- Mais encore ?

Anis remonta ses lunettes rondes sur son nez et soupira.

- Je ne sais pas encore. Mais j'ai appris récemment que notre ennemi Ryates était en fait mon ancien professeur, celui qui m'a initié à l'Histoire alors que j'étais toute jeune. Ses paroles m'ont troublé. Il a affirmé connaître la vérité, et avoir agit en conséquence. Et depuis le début ici, j'avais le sentiment que quelque chose nous échappait. Quelque chose d'important. Quelque chose qui pourrait changer le sort de ce monde... et sans doute du nôtre.


***


Deornas se rendit dans la chambre du duc Isgon, pour lui annoncer le départ de l'armée. Depuis le tragique mariage, le duc restait apathique dans ses quartiers, sans parler à personne. Seul Deornas venait le voir parfois, pour n'y trouver qu'un homme sans âme, ayant perdu toute sa fougue et son énergie légendaire. Et ça plus qu'autre chose, ça faisait mal à Deornas. Lui aussi souffrait. Il avait considéré Padreis comme son frère, et avait aimé Ylis. Pas comme la fiancée qui lui avait été un temps promis, non, mais comme un frère pourrait aimer sa jeune sœur. La famille d'Isgon était presque la sienne, car la mère de Deornas était de Rimerlot de son vivant. Cette fois ci ne fit pas exception. Isgon se trouvait sur son tabouret, à regarder par la fenêtre sans bouger ne serait-ce qu'un muscle. Au moins, ce que Deornas lui dit le fit réagir.

- Mon oncle, l'armée est prête à partir. Nous allons assiéger Cinhol.

- Parfait. Sois assez gentil de faire préparer mon cheval. J'arrive bientôt.

- Vous... êtes sûr ?

- Le combat a toujours été un bon remède contre la dépression. Ça m'empêche de trop penser, et c'est bien. Et puis, j'ai deux choses à faire à Cinhol. Planter ma hache dans le corps de ce démon de Ryates, et reprendre le seul héritage que Padreis a laissé.

- Vous voulez parler du prince Alroy ?

Isgon hocha la tête.

- Astarias a beau croire ce qu'il veut, le roi Adam n'épargnera pas Nirina. Je l'ai vu dans son regard. Il est habité par la haine. En un sens, je l'envie. J'aurai préféré haïr que me morfondre.

- Qu'Adam exécute Nirina est une chose, mais Alroy... Par Arceus, ce n'est qu'un enfant innocent ! Protesta Deornas.

- J'ai fréquenté les Haldar depuis de longues années. Ils ont le sang chaud, bien plus chaud que le mien, malgré ce qu'on peut dire. Ils sont fiers, arrogants, prompts à la colère, et quand ils ont une idée, ils l'ont pas au cul. Festil était comme ça. Rushon était comme ça. Nirina est comme ça. Et Adam a eu beau grandir dans un autre monde, je sens qu'il partage le trait de ses ancêtres à ce sujet. Je ne veux pas prendre de risque. Je récupérerai et cacherai Alroy avant qu'il ne le trouve.

- Ce serait une trahison, mon oncle. Le roi voudra le fils de Nirina en son pouvoir, afin que personne ne puisse contester son droit au trône.

- Qu'Uriel emporte le trône et celui qui a le cul dessus ! Tonna Isgon. Je me fiche des guerres entre les rois et les reines, à présent. Que les Haldar se démerdent entre eux, maudits soient-ils, tous autant qu'ils sont ! J'en ai bouffé toute ma vie, de ces égocentriques aux cheveux blonds, aux yeux bleus et aux visages suffisants. Cet enfant, Alroy, est tout ce qui reste de ma lignée !

Il croisa le regard de Deornas, et baissa les yeux aussitôt. Ce geste n'échappa pas au jeune homme.

- Est-ce bien vrai, mon oncle ?

Comme Isgon serra les poings et s'apprêtait à fondre en larme, Deornas se ravisa. Isgon n'avait sûrement pas besoin qu'on lui parle de ça maintenant.

- Je suis désolé. Oubliez ça. Je vais préparer votre cheval.

Mais avant que Deornas n'ait pu sortir, Isgon dit :

- C'est à cause de ça qu'ils sont morts...

Deornas se retourna, surpris.

- Ylis et Padreis. C'est parce que j'ai péché qu'ils ont périt. Arceus m'a puni en me prenant mes enfants.

- De quel péché parlez-vous ?

- Le pire d'entre tous. Envers ta mère. Envers Astarias. Et envers toi.

Deornas sentit qu'Isgon était prêt à dire la vérité. Il s'assit, et demanda :

- Vous êtes mon père, est-ce exact ?

Le duc hocha la tête.

- Juste après le mariage de ta mère avec Astarias, ce dernier fut porté disparu en mission, lors de la guerre contre la Tribu des Chevaux, raconta Isgon. Tout le monde le pensait mort. Ta mère était inconsolable, comme tu peux l'imaginer. Astarias était l'homme de sa vie. Bien que très différents, ils s'aimaient comme deux âmes sœurs. Et moi, j'avais toujours aimé Elya. Bien que j'étais son chevalier protecteur, et que cela m'était interdit. Et un soir de faiblesse, tandis que ta mère était en larme... nous avons cédé au péché. Elle parce qu'elle était perdue et bouleversée, et moi parce que je l'étais de la voir ainsi. Je ne voulais pas profiter d'elle, par Arceus, je le jure ! Mais c'est arrivé. Le matin, j'étais horrifié, et je suis resté au parloir d'un prêtre toute la journée. Et c'est le lendemain qu'Astarias refit surface. Elya avait retrouvé sa joie de vivre et son bonheur. J'étais heureux. Je pensais que notre moment d'égarement n'aurait aucune conséquence. Mais j'avais tort.

- Ma mère était tombée enceinte, comprit Deornas.

- Oui. Elle ne savait sans doute pas bien de qui, car Astarias est revenu que deux jours après notre aventure d'un soir. Elle espérait que ce soit de lui. Et moi aussi je l'espérais. Mais quand tu es né, j'ai dû me rendre à l'évidence. Tu n'avais rien d'un Haldar. Tu étais un Rimerlot pur sang. Et puis, Elya mourut lors de l'accouchement. C'était un signe. Une intervention d'Arceus pour nous faire payer notre égarement. Elle est morte à cause de moi... et maintenant, ce fut le tour de mes enfants. À cause de mon péché, je...

Deornas le prit par les épaules et le secoua presque.

- Arrêtez. Ce n'est en rien votre faute. Arceus ne vous a pas puni pour ça. Et vous savez pourquoi ? Parce que s'il l'a fait, ça impliquerai que le dieu auquel je crois est un dieu cruel et injuste. Et je ne veux pas le croire. Moi, je ne vous reproche rien. Alors ne vous reprochez rien non plus.

Isgon le regarda d'un air misérable.

- Tu n'es pas furieux ?

- Non. Je pensais l'être, mais maintenant que je connais la vérité, je suis juste soulagé. Comment pourrai-je vous en vouloir, à vous ou à ma mère, alors que si vous n'aviez pas fait ça, je n'aurai jamais existé ?

- Tu vas le dire à Astarias ?

Deornas secoua la tête.

- Nul besoin n'est de le faire souffrir. J'imagine que c'est pour cela que vous ne lui avez rien dit ?

- En partie... et aussi parce que j'ai été lâche. Je suis un homme méprisable, Deornas. Par la barbe du Créateur, ne deviens pas comme moi. Soit comme ton père : un homme honorable.

- Ce n'est pas mon père qui m'a appris ce que c'est l'honneur, mais vous, mon oncle. Venez. Allons chercher mon neveu, et venger mon frère et ma sœur.