Bienvenue à Lavanville de Xabab

Parmanie


« Tu crois qu'il ne faut pas ? Pourtant papa dit que c'est notre jour de chance et que cette erreur de la radio est la meilleure chose qu'il pouvait nous arriver avec le récent chômage de maman. Et puis l'hôtel a une piscine. »
Silence. Elle descend de son lit, enfile ses chaussons.

« Je sais tout cela parfaitement. Mais que veux-tu ? C'est papa qui décide de tout cela, pas moi. Et puis il y aura sans doute pleins de choses à voir là-bas. »
Silence.
« Je serais prudente et puis tu seras avec moi. Je ne pense pas qu'on risque grand-chose à s'y aventurer. Et puis dans le meilleur des cas on aura droit à de superbes vacances gratuites comme le préciser toujours papa. »

Elle se mit à rire de ses derniers mots tout en enfilant les bretelles de son sac sur ses épaules.
« Maman ! cria-t-elle. Je suis prêt à partir !
– Parfait ma chérie, répondit sa mère de la cuisine. Va rejoindre ton père dans le garage. »

La petite fille d'environ dix ans se précipita vers la porte avant d'être retenue par la poignée de son sac.
« Arrête ! Lâche-moi ! »
Cela sembla fonctionner et elle fut de nouveau libre de ses mouvements. Malgré cela elle semblait en colère contre lui, il n'avait pas a user de la force pour l'empêcher de partir en voyage avec ses parents.
« Tu n'as pas le droit de faire ça, lui lança-t-elle. Je veux bien discuter avec toi pour savoir ce que tu en penses mais il est hors de question de m'empêcher de partir ! Je pourrais faire du mal à maman et tu sais très bien qu'il ne faut pas la rendre triste, je refuse. »

De son doigt elle pointait le mur, un air menaçant sur le visage. S'il ne voulait pas qu'elle parte alors il n'avait qu'à rester ici, peu lui importait malgré qu'il soit son meilleur ami. Elle devait suivre ses parents.
Au bout de quelques secondes la petite fille se calma et laissa un sourire s'échapper sur son visage.
« Merci beaucoup. »

Cela fait elle se détourna du point de sa chambre qu'elle fixait et avança vers la porte. Elle le sentit derrière elle ; il était d'accord pour la suivre dans cette ville pour le moment.
« Camille ? lui lança sa mère du bas de l'escalier. Arrête quelques minutes de parler à ton ami et va rejoindre ton père, il t'attend. »
La petite l'écouta et descendit les escaliers quatre à quatre. Elle gagna rapidement le garage, embrassa son père et lui donna son sac qu'il rangea dans le coffre à côté des valises.

« On est partit ma puce ? lui demanda-t-il en souriant, ce à quoi elle ne répondit pas, se contentant d'aller s'attacher à l'arrière en riant. »

Cela fait il ferma le coffre et attendit sa femme qui le rejoignit quelques secondes plus tard, l'air grave.
« Elle lui parlait encore, annonça-t-elle immédiatement. Je l'ai entendu.
– Brume ? »
Elle hocha la tête, ce qui sembla inquiéter le père.

« Je ne comprends pas… Brume est mort depuis un an et c'est seulement maintenant qu'elle fait son deuil.
– Je sais mais on ne peut rien y faire. C'est sans doute une passade, elle était folle de ce pokemon et ils jouaient toujours ensemble. C'est sans doute le contrecoup, mieux vaut laisser les choses se tasser. Les vacances lui feront du bien. »
Le père approuva d'un signe de tête malgré son malaise à l'idée de savoir que sa fille s'adressait au défunt pokemon de la famille.

« Tu as raison, approuva-t-il. Ce n'est qu'une passade. »
Elle lui lança un sourire et le prit dans ses bras entre lesquels il se sentait bien en toutes circonstances depuis vingt ans de mariage.
« Je suis vraiment heureux d'avoir gagné à ce jeu, continua-t-il sans sortir de cette étreinte. Et ce bien même quand je n'ai pas participé. Cette ville a l'air parfaite pour les enfants, Camille s'amusera bien là-bas. »

Il pensait sincèrement ses paroles et ce fut avec cette idée en tête qu'il monta dans la voiture et alluma le moteur. Ils partaient aujourd'hui en vacances, ce qui n'était pas arrivé depuis trois ans à cause de son travail.
« Allons-y. »

La voiture s'engagea dans l'allée du lotissement où vivait la petite famille et rejoignit la grande route. Ils seraient à Lavanville dans cinq heures s'ils ne se perdaient pas en chemin et suivaient l'itinéraire compliqué fourni par l'agence qui avait remis le prix du concours. La famille avait hâte de se poser dans l'hôtel de luxe que leur promettait la brochure, de se prélasser dans la piscine et de laisser passer le temps pendant une semaine. Camille ferait son deuil de Brume et tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes, ils étaient décidément des gens chanceux.

C'est ce que pensaient le père et la mère de la fillette qui en revanche appréhendait différemment la situation. Elle ne savait pourquoi mais elle sentait comme une part de vérité dans les paroles de Brume. Ce dernier n'avait pas voulu qu'elle suive ses parents dans cette ville et il devait y avoir une raison à cela. Connaissait-il Lavanville ?
Camille tourna son regard sur le siège à côté d'elle mais n'osa pas lui demander ; elle avait peur de la réponse qu'il pourrait lui donner.

Le petit pokemon tremblait, il semblait avoir peur. Pourquoi ? Camille avait beau le voir, elle était parfaitement consciente qu'il était mort. Que pouvait donc craindre un mort ?