Bienvenue à Lavanville de Xabab

Safrania


« Michael Grey ? Vous êtes officiellement le gagnant de notre grand jeu organisé en partenariat avec toutes les plus grandes radios de Kanto ! Félicitation ! »

Cette phrase lui avait paru étrange dès la première fois où il l'avait entendu, pourtant gagner un jeu n'avait en soit rien de particulièrement anormal, si tenté qu'on ait avant cela participé à cette opération. Et bien évidemment Michael, ou Mike comme avait l'habitude de l'appeler le peu d'amis qu'il lui restait à l'aube de ses quarante ans, n'avait jamais appelé la moindre radio.
Pourtant il était l'un des gagnants.

Trois jours après sa victoire, il avait reçu le prix dans sa boîte aux lettres : un certificat offrant une semaine dans un hôtel grand luxe et un accès à une multitude d'activités touristiques de premier ordre. Cela ne pouvait être plus vrai.
Au départ il n'avait pas été tenté par cette aventure, préférant se consacrer à l'écriture de son cinquième roman que son éditeur attendait de pied ferme pour le mois de juin prochain, un délai qui le rendait fou et le faisait s'imaginer en train de massacrer ce vieux Bill avant de faire sauter sa maison d'édition.

Dès qu'il avait reçu son prix, Mike avait contacté ce dernier et lui avait demandé de prendre quelques jours de vacances, lui donnant comme excuse le fait qu'il en avait vraiment besoin afin de continuer à pondre des papiers de qualité. Bill, par appât du gain avant tout, ne lui avait pas refusé et l'avait même poussé dans cette direction.
« Si c'est tout ce qu'il te faut pour avancer alors fonce, lui avait-il dit. En plus je n'ai pas à te payer ton séjour, ne te prive pas et reviens en forme. »
Mike l'avait remercié et avait commencé ses valises pour la semaine prochaine.

Il ne savait rien de cette ville dans laquelle il se rendait, cette Lavanville que la brochure décrivait comme la plus grande cité touristique au monde. Néanmoins les images faisaient envie et il ne pouvait se refuser ce voyage. Après tout il était temps qu'il prenne un peu de bon temps, cela n'était pas arrivé depuis longtemps…
L'écrivain ne pouvait que remercier la station de radio de son erreur.


***


Azuria


« Dépêche-toi, bordel ! Tu vas encore nous mettre en retard et comme toujours les gens vont mal nous regarder par ta faute. »
Elle ne répondit rien et se concentra sur les dernières valises pendant que Randy finissait sa troisième bière de l'après-midi. Ce type était un ivrogne, le pire du coin et sans doute aussi le plus violent de toute la ville. Il n'était jamais plaisant, insultait tous ceux qui osaient ne pas se décaler de son chemin dans la rue et crachait souvent dans les bars pour se faire respecter, ce qui le rendait ridicule. Mais par-dessus tout Randy était son mari.

Elle fit un signe à son Gardevoir afin de l'aider à ranger plus rapidement, lui faisant comprendre que son homme perdait patience et qu'il n'hésiterait pas à la frapper si l'envie lui passait par la tête.
« Merci, murmura-t-elle à son pokemon qui lui répondit par un sourire. »

Maëva ne pouvait pas lui résister, faisant chacune de ses volontés quand il le demandait. Quand ils avaient gagné à ce jeu radio, Randy ne lui avait pas demandé son avis et avait ordonné qu'ils se préparent pour partir, stipulant que des vacances lui feraient le plus grand bien. Cela était un peu ironique quand on pensait que l'homme n'avait jamais travaillé de sa vie et que seul sa femme s'occupait de fournir le loyer chaque mois pendant qu'il dépensait le reste de son salaire dans l'alcool et les sorties entre potes.
Elle repensa au temps où il était encore doux et attentionné, où il lui avait promis le bonheur et une robe blanche. Elle avait eu la robe ainsi qu'une bague dont elle se séparait toujours quand il n'était pas là ; on ne pouvait pas en dire autant de son bonheur.

Pourtant elle espérait encore que celui-ci se réalise, comptant sur ce séjour dans cette ville inconnue qu'était Lavanville pour ranimer la flamme qu'il avait envers elle. Maëva voulait retrouver son homme.
Elle ferma la valise et demanda à Gardevoir de la porter jusqu'à la voiture. Les vacances les plus palpitantes de sa vie allaient commencer.


***


Bourg-Palette


Dan coinça son arme entre deux chemises et referma sa valise. Il était prêt à partir.
Arrivé à la voiture il lui vint une appréhension, comme si quelque chose ne tournait pas rond dans cette histoire. Bien entendu le fait qu'il n'ait jamais participé à un jeu radio n'aidait pas à le mettre à l'aise mais cela semblait au-delà de cela. Cette ville n'apparaissait nulle part ailleurs que sur sa brochure et quelque chose lui disait qu'il vivait une expérience unique mais dangereuse.

Il vérifia le faux tapis de son coffre et s'assura que sa mitraillette soit toujours au bon endroit. En tâtant le siège passager, il sentit la poignée de sa paire d'automatiques qu'il gardait toujours près de lui au cas où il serait attaqué sur la route. Il ouvrit le volant, le referma en voyant ses grenades apparaître, vérifia le couteau dans sa boîte à gant, ceux qui se trouvaient accrochés sous le siège ainsi que le flingue à droite de son siège dont il pouvait aisément se saisir en cas de soucis.
Enfin, il ouvrit sa fausse roue de secours et raccrocha minutieusement le lance-grenade qui s'y trouvait. Il était prêt pour les vacances.

Dan était un ancien militaire à la retraite depuis trente ans et complètement parano. Après avoir bossé dans le génie pendant des années, le vieil homme voyait des attaques terroristes jusque dans son réfrigérateur et tout était sujet à une fouille minutieuse lorsqu'il entrait dans une pièce. Il ne sortait rarement de chez lui, ne parlait plus à personne depuis le mort de son Caninos deux ans avant et passait ses journées à chercher des bombes de la fenêtre de sa maison.
Pour lui cette invitation à Lavanville était un défi lancé par un groupe terroristes, une bande de malade qui lui tendait un piège parce qu'il avait découvert leurs manigances. S'il répondait aujourd'hui à ce jeu radio, c'était avant tout pour sauver sa patrie comme il le faisait au temps de l'armée et comme il pensait le faire depuis qu'il avait perdu la tête.