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» Auteur : fan-à-tics - Voir le profil
» Créé le 07/09/2010 à 20:48
» Dernière mise à jour le 24/09/2010 à 19:48

» Mots-clés :   Présence de personnages de l'animé   Présence de poké-humains   Présence de shippings

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Episode 57 : Déterrer la Hache de Guerre...
Coucou, je vous présente le dernier chapitre de l'arc. Après celui-là, il n'y a plus que le dénouement final. J'espère que vous aimerez le développement de tous les personnages. J'ai absolument voulu tenir mon schéma narratif, et donc ne pas couper ce chapitre, voilà pourquoi il a été si long *a atteint sa limite* Il fait officiellement, avec ma police habituelle, 63 pages. *va mourir* Je le coupe, hein tant pis, comme ça, ça me laisse de la marge pour écrire le film –dont je dois encore décider du générique RAH !-

Si vous avez des idées, faites m'en part pour la chanson.
J'ai cessé de compter le numéro des chapitres –je voulais finir sur le compte de 61- pour la simple et bonne raison que je peux décemment pas numéroter le « FILM » comme les « EPISODES »…*tête en l'air*

Bon, ben…J'espère que vous me direz vite ce que vous en pensez, parce que j'avoue qu'avec les chapitres postés cet été et ignorés, j'avais franchement le cafard. Voilà, sur ce, je vous souhaite une bonne lecture.

Oh, oh fait, vous avez vu comment les Pokémons évoluent dans BetW ?
Moi : ILS SE DECOMPOSENT AAAAHHH ! AU MEURTRE !
Eléa : oh fait pas ton Danny, tu veux ?
Sam : c'est vrai que ça devient lourd !
Danny : …
Moi Mais on traite les Pokémons comme un tas de pixel !
Silver : ce qu'ils sont.
Moi *part traumatisée*
Lucas : dites, les gars, si les pokés sont un tas de pixel, nous on est quoi ?
*silence*
*personnages traumatisés*

Chapitre 57 – Enterrer la hache de guerre.

Les affaires emballées, empaquetées et empilées avec un soin méticuleux, presque maniaque, reposaient à même le sol, oubliées, entourées de deux buissons épineux, bordant unes des routes escarpées, mais surtout abandonnées de Sinnoh, sur le mont couronné, non loin de Frimapic. Un mignon Tenefix aux yeux de diamants, brillants de curiosité, leva la tête, émergeant de cet abri brinquebalants, tintant de casseroles et autres ustensiles de survies compressés, comprimés les uns sur les autres. Le Pokémon sans faiblesse afficha un ricanement timide, mais un éclair tomba non loin de sa cachette et il ravala sa brimade, pour partir s'enterrer dans les couvertures, craintif.

Dehors, une voix féminine, forte, exhorta :

-Scarabrute n'est plus en état de se battre, Le challenger et son papilord sont déclarés vainqueurs.

Barbara baissa le bras et inspira profondément, avant de suivre le rayon rouge venant frapper le Pokémon insecte pour le ramener dans son logis, la pokéball de son maître, Natahaniel. Celui-ci soupira, plaqua les mains sur ses hanches avec résignation, puis s'affuble de son sourire favori : absolument impénétrable. En deux pas, il fut près de son adversaire, une jeune femme pâle, aux mèches brunes, coupés courts de manière fort peu féminine. Celle-ci, auprès de son ami papillon, le caressait en guise de félicitation, les lèvres pincées.

-Tu es une excellente dresseuse pour rendre un Papilord si puissant, c'était un match très intéressant.
-D'un point de vue statistique, Papilord vaut autant qu'un autre, il a juste pas mal de faiblesses, mais il suffit de le jouer contre des adversaires faibles. Je pensais que le un contre un obligatoire du challenge des maîtres ambulants nous avantagerait.

Nathaniel hocha gravement du chef, et avoua :

-En effet, c'était bien pensé, après tout, nous sommes obligés selon les règles de ce défi, de lancer notre Pokémon en premier, et de n'accorder que des matches à un unique Pokémon. Dis-moi petite, à combien d'emblème en es-tu ?
-Vous êtes mon deuxième. Marmonna l'adolescente en serrant son compagnon, très affaiblis dans ses bras, pour lui administrer des soins adéquats.
-Et bien, voilà donc ton deuxième, comme promis, tu as très bien joué, voici la médaille « Naturelle ».

Barbara s'avança vers l'enfant et dépêtra d'une de ses poches une belle pièce en argent simple, d'où ressortaient quelques simples lamelles dorées à la bombe. Un bref dessin gravé représentait sur la tranche un « V » formant ainsi le tronc de ce qui ressemblait à un arbre. La jeune femme se crispa et bafouilla, hagarde :

-Est-ce que je le mérite vraiment ? Je veux dire, vous avez failli m'avoir, avec votre scarabrutte, jamais je n'aurais songé que vous utiliseriez Casse-brique contre un des pans de la falaise, pour surprendre mon Pokémon dans un éboulement, une de ses pires faiblesses…A vrai dire, palier le move-pool inefficace contre mon papilord, grâce à la nature qui nous entoure, me paraissait totalement impossible.
-Certes, mais tu as bien réagi, en utilisant la technique camouflage, pour limiter les dégâts sur ta créature, non ? C'est bien la preuve que tu as compris un peu la leçon. Un match se déroule sur plusieurs tableaux, et avant tout, dans la nature, qui elle regorge en elle-même de possibilité pour nos Pokémons. Je te le dis petite, tu mérites largement ta récompense.

L'adolescente grimaça, puis accepta ce qu'on lui tendait, prudente, elle fit tourner l'objet entre ses doigts, comme ayant peur de le voir disparaître.

-Maintenant, ton indice, la prochaine championne de l'arène Ambulante « Civilisée », se prénomme Marion, c'est une ancienne de la lIgue de Kanto. Elle se trouve actuellement, dans la région de Ishuu. Bonne chance pour la trouver !

L'étrangère hocha gravement du chef, et saisit son sac en bandouillère, pour se remettre en marche, sans défaillir. Enfin presque, sur l'éperon rocheux où Nathaniel, il n'y avait pas d'escalier, juste un sentier granuleux, et surtout, instables, elle finit par dévaler la pente sur les fesses après avoir dérapé. Le patriarche des Kazamatsuri siffla d'admiration en la voyant tant bien que mal essayer de se remettre sur ses pieds dans ses séries de roulades incontrôlables.

Un autre aurait probablement songé à aller l'aider, mais certainement pas lui.

Au lieu de cela, il s'étira dans un bâillement peu gracieux et gratta sa barbe mal rasée, d'un œil absent, il loucha vers ses sacs de voyages, et principalement sur le Tenefix jouant la dedans.

-Orion arrête donc tes bêtises, tu veux ? Gronda-t-il sévèrement.

La créature tressaillit, puis s'avança vers son dresseur, montant sur son dos pour se faire pardonner et s'y agrippant comme le bébé qu'il était.

-C'est incroyable ça, ta mère adore combattre elle, comment se fait-il que tu sois si peu enclin à participer ?

Tenefix gazouilla et se frotta contre son dresseur, ne quémandant que des caresses. Barbara elle, vint lui en donner, gratouillant l'échine du Pokémon, de ses longs doigts fins, jouant entre les pierres précieuses incrustées dans le métabolisme du petit être ténébreux, raison pour laquelle nombre de brigands recherchaient et décimaient cette espèce.

-Tu ne peux pas le forcer à se battre, non plus.
-Il ne me sert pas à grand-chose avec cet état d'esprit non plus. Comment pouvons-nous étudier sa particularité s'il ne la montre pas ?

Coup dans l'eau, Barbara babillait devant son « bébé » et n'entendait plus un traître mot de son amant. Nathaniel soupira, et un léger pincement au cœur, une des rares émotions qu'on parvenait à lui tirer, il attrapa la lanière de ses bagages. Ce geste eut la conséquence de ramener sur terre la savante blonde, celle-ci lui lança une œillade triste, imitée par Orion, postée dans les bras de sa « maman ».

-Tu en as pour combien de temps ? Bafouilla-t-elle.
-Je ne sais pas, d'après Peter, mon fils est assez mal en point.
-En même temps, d'après ce que j'ai compris, avec ce qui lui est arrivé, le contraire aurait été étonnant.
-Moi, ça ne m'aurait pas extrêmement touché. Déclara simplement l'homme mûr en réajustant son chapeau.

Barbara esquissa un sourire, et elle ricana en chatouillant Tenefix dans ses bras :

-Et bien, tous les enfants ne peuvent pas ressembler sur tous les points à leurs parents.

Nathaniel se tût, et remit bien droit son paquetage sur son dos, lui tournant le dos.

- Prend soin d'Orion et des recherches en attendant.
-Tu ne vas pas donner Orion à Daniel ?
-Que veux-tu qu'il fasse d'un Pokémon refusant de combattre dans son état enfin ! Allez, tu m'attends bien gentiment ici, je reviens dès que c'est réglé.
-Promis ?
-Barbara, tu as quel âge ?
-32, et toi 47, et alors, ça t'empêche de faire des promesses ?

Roulement des yeux vers le ciel, et Nathaniel pouffa simplement, amusé.

-Promis, je reviendrai.

Sur ce, il libéra son Noarfrang et monta sur son dos, alors qu'en deux battements d'ailes, il s'éloignait déjà des monts rocheux tranchant le continent de Sinnoh, Barbara mit ses paumes en porte-voix et lui hurla :

-Et n'oublie pas les conseils du livre ! Tu entends !

Personne ne lui répondit, le champion se contenta de lever le poing en guise de confirmation, et bientôt, il ne fut plus qu'une ombre à l'horizon. Barbara resta droite sur la ligne de pic, et une brise fraîche lui souffla dans le dos, lui arrachant un frisson glacial le long de la colonne.

Pendant une seconde, le doute enserra son cœur, la certitude de ne jamais revoir son amant la frappant de plein fouet. Elle scruta la ligne de brume, une chape de plomb encombrant sa poitrine, anxieuse. Puis, aussi vite que le pressentiment terrifiant lui était venu, il s'évapora, de même que la silhouette informe de Nathaniel dans le couchant. Barbara se détendit doucement, et un rire nerveux lui échappa, alors qu'elle se murmurait, raisonnable :

-Enfin, Barbara, tu as quel âge !

Orion leva la tête vers l'adulte, et il pencha la tête sur le côté, soucieux.

Est-ce que l'âge, protégeait-il vraiment des intempéries de la vie et de ses vicissitudes ?

« « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « «
-Félicitations, vous avez gagné le badge de l'arène d'Azuria.

Ondine croisa les bras et soupira, avant de rappeler son Pokémon, Staross, dans sa pokéball, et de sauter sur le rebord de la piscine. Son adversaire, un étrange type tout jeune, refusant de descendre sa capuche, probablement pour camoufler l'immonde coupe au bol qu'il avait sur la tête, fit un pas vers elle, sans un mot, les mains dans les poches de son ensemble bleu.

Drôle de mec. Enfin, il fallait admettre la défaite quand elle venait. D'un geste las, elle fouilla sa poche, et en dépêtra l'emblème de sa ville, fière broche en forme de goutte d'eau, son élément de prédilection. Avec un sourire, elle expliqua doucement :

-Comme j'ai l'habitude de le dire à tous les vainqueurs, si tu reçois cet emblème, c'est que tu as compris que l'eau est l'élément le plus volatile de tous. Si tu ne veux pas voir tes rêves disparaitre dans la brume, ou tes espoirs fondre comme la glace, tache de t'en souvenir. La mer peut être magnifique et calme, comme terrifiante et tueuse.

L'adolescent face à elle, lui renvoya un rictus vantard, et maugréa vaniteux :

-Je sais ça.

Avant d'empoigner fermement son trophée.

Décidément, elle détestait les personnes comme ça, ceux qui pétaient plus haut que leurs culs. Principal défaut qu'avait tendance à récupérer Sacha. L'envie la démangeait de couper l'herbe sous le pied à cet adorable bambin, avec une réplique bien cinglante.

Elle se contint difficilement, juste avant d'asséner un vrai coup de poing sur le crâne de ce prétentieux. L'enfant se retourna, et croyant qu'il avait capté son débordement, elle eut un rire jaune, aussi sursauta-t-elle quand celui-ci lâcha, froidement :

-Bien, maintenant que je vous ai battu, vous serez peut être plus apte à coopérer.

Et le temps de réaliser pleinement ce que signifiait cette phrase, une pointe acérée piqua sa nuque, menaçante. Plusieurs portes claquèrent dans son dos, et elle discerna les silhouettes, toute encapuchonnées, tantôt rouge, tantôt bleue, tantôt grise, toute arborant un même, drôle d'emblème. Le gamin releva légèrement le tissus de son vêtement et son regard de glace effleura Ondine, hautain.

-Je suppose, que, tu n'es pas un gamin normal, hein ? Siffla Ondine, acide, à son encontre.

Le petit ricana simplement, presque innocemment, mais se tût.

-Qu'est-ce que vous me voulez ?

La foule d'ombres, encerclant son arène, bloquant les issues, eurent un pouffement amusé, et Ondine crut bon d'ajouter :

-Je ne fais plus partie de Twilight, Mais croyez bien que s'il m'arrive quoique ce soit, vous aurez l'organisation sur le dos.
-Tu es bien présomptueuse, rouquine. Répondit pour la première fois le petit.

Ondine tressaillit, quand il bougea le doigt d'une manière professorale :

-T-t-t…Twilight a bien d'autres problèmes que toi en ce moment, nous y avons veillé. En ce moment, je peux te dire, que leur Leader doit être plus bas que terre, alors tes problèmes, croit-moi, ils vont lui passer au dessus de la tête. Vois-tu, nous avions un otage, qui ne nous servait plus à rien depuis quelques temps, donc nous nous en sommes séparés, pour qu'il nous offre l'opportunité que nous attendions. Celle de vous approcher sans que Twilight ne fourre son nez là-dedans.

La rouquine retint son frisson, et tâcha d'afficher une mine sûre d'elle, qui s'effaça aussitôt, quand le gamin ajouta :

- Et si tu ne veux pas subir le même sort que le frère de Peter, tu ferais bien de parler vite fait.

La pointe qui menaçait sa nuque s'enfonça doucereusement, et Ondine jeta un coup d'œil en arrière. Son sang se glaça quand elle réalisa que ce dard appartenait à un Pokémon insecte, un Dardargnan qui plus est. Ses genoux s'entrechoquèrent brutalement.

-Où est Sacha Ketchum, et plus précisément, où est son pokédex ?

Ondine ferma les paupières et sa respiration se coupa lentement.

-Je te l'ai dit tout à l'heure.

Les adultes arquèrent un sourcil devant le timbre grondant de la championne. Ondine plongea un regard noir sur le gamin, et articula lentement :

-L'eau peut être terrifiante.

Et étrangement, ce grondement sourd se répercuta entre tous les murs de la véranda, quand un puissant léviathor surgit des flots dans un mugissement furieux.

« « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « «

Trois jours, cela faisait exactement, trois jours que l'incident était survenu.

Trois jours également, que la fièvre qui l'assaillait ne voulait pas descendre. 39, pas assez pour être préoccupante, trop pour lui permettre de se reposer paisiblement.

Lucas contemplait la porte close de la chambre de Daniel, de loin, où son ami d'enfance, tentait de se remettre de l'aventure, enseveli sous les couvertures, malade comme un caninos. Il savait ce qu'il découvrirait en se rendant dans cette pièce, au bout du couloir.

Il allait voir Daniel, pâle, muet comme une carpe, ne parvenant pas à dormir, dans son lit, plongé dans le noir, un seau à côté de son lit en cas de renvoie, de l'eau sucrée sur la table de nuit pour éviter qu'il ne refasse un nouveau malaise hypoglycémique, et enfin, cette odeur rance, âcre, de renfermé, de maladie.

La grippe, son meilleur ami était juste terrassé par une foutue grippe, voilà ce qu'on désirait lui faire croire. C'est vrai que passer tant d'heures dans de l'eau glaciale, étayait cette hypothèse, mais Lucas, bien qu'il ne reniait pas pour autant l'idée qu'un microbe menait la vie dure à son camarade, restait convaincu que cet affaiblissement général, la raison de la durée de ce virus, provenait de cet accident.

Comment pourrait-il en être autrement après tout ?

-Si tu continues à être aussi peu concentré, je vais finir par t'arracher ma première victoire aux échecs, tu le sais ça ?

Cristal assise face à lui ; derrière une table de jeu à la partie à peine entamée, lui envoya une œillade moqueuse, et elle relança aussitôt :

-Et tu sais aussi, que Daniel ne risque pas de faire un nouveau malaise ? Régis l'a pourtant expliqué, après l'avoir rapidement ausculté, s'il a tourné de l'œil, c'est simplement parce qu'il avait fourni plus d'effort dans les dernières heures, que son organisme ne pouvait en soutenir, il manquait de nutriments, donc lorsque l'adrénaline qui palliait le manque s'est retirée, clash !

Elle rigola nerveusement, et son ricanement résonna dans le salon, sans entraîner d'écho, à la place, Lucas lui renvoya un regard noir.

-A Régis, tu sais ce que je lui dis ? C'est qu'un salopard ! Rétorqua méchamment le brun. Cristal fronça les sourcils à son tour sans émettre un son en retour.

Le concerné se fit un plaisir de répondre à sa place.

-Le salopard peut t'entendre.

Régis, sur le comptoir de la cuisine, l'œil collé à un microscope, caressant les pétales d'un rafflésia Shiney à côté de lui, ne semblait pas particulièrement offusqué par la remarque, contrairement à Lucas, qui lui démarra au quart de tour.

-C'est comme ça, que j'appelle un type qui s'occupe d'abord du shiney que ramène Daniel, plutôt que de son élève qui a tourné de l'œil il y a trois jours.

Régis se redressa, et s'étira en poussant un gémissement courbaturé, avant de reprendre son activité tout en rétorquant :

-Si le sort de Daniel ne m'inquiétait pas, je serai retourné à mon labo à Jadielle, pour continuer mes recherches.

Il marqua une pause, puis siffla :

-D'ailleurs, c'est ce que je ferai la semaine prochaine, d'ici là, la fièvre sera probablement tombée, et en plus, je dois aller fêter l'anniversaire de Lyon avec sa famille.
-Je croyais que le frère d'Eléanore était né en Juin, railla Lucas, les poings crispés.
-Les gosses de riches ont tendance à voir tous leurs caprices réalisés, et va savoir pourquoi, Lyon veut le fêter le 28 février cette année, des lubies de gosses quoi.
-Et vous préférez obéir à un gosse de 3 ans plutôt que d'aid-Louka !

Cristal lui envoya un sourire radieux, et elle pointa son cavalier –à la forme de galopa- , en soufflant victorieuse :

-ECHEC !

Gold renvoya aussi sec :

-Tu n'as pas le droit de bouger les pièces de ton adversaire à sa place, pendant qu'il parle, je déclare cette partie nulle et non-avenue.
-T'as un balais coincé dans le cul décidément, arbitre de mes deux. Siffla sa cadette rancunière, qui ne désirait que détendre l'atmosphère en trichant un peu (et si elle pouvait en plus gagner une partie contre Lucas, alors, qui est-ce que ça dérangeait ?)

Gold se plaqua les mains sur les oreilles et chantonna, bruyamment, puérilement :

-Nananaaaa j'entends pas ! Et toi t'es qu'une grosse écrémeuhmeuh !
-T'as dit quoi là ?

Cette fois Cristal bondit sur ses jambes, renversant la table de jeu par sa brusquerie.

Silver leva les jambes, pour éviter de recevoir quelques pièces volantes, caché qu'il était derrière son livre de stratégie en combat Pokémon depuis son retour. Et Gold devait avoir bien compris le message puisque lui et le roux ne s'approchaient plus depuis trois jours. Et elle qui essayait juste de tous les libérer de cette ambiance pourrie, son stupide frère aurait put au moins être un minimum reconnaissant !

Silver soupira, en voyant Cristal et Gold en venir aux mains, sans parler de Régis qui ignoraient les regards rancuniers de Lucas, Christopher et Angie dans un coin de la pièce qui s'occupaient des Pokémons, Sam et Eléa qui prenaient un bain ensemble dans une autre pièce, Gabriel et Yuki qui s'occupaient des Pokémons en silence…Ca allait péter, forcément, une des soupapes sous pression allait céder.

Il commença intérieurement le décompte.

5.

Gabriel et Yuki soupirèrent bruyamment et caressèrent Tortank et Staross, malheureux comme des pierres dans une pièce si lourde.

4.

Christopher et Angèle sortirent des morceaux de guis.

3.

Lucas se leva d'un bond et marcha d'un pas décidé vers Régis, toujours pris dans ses recherches.

2.

Un bruit de tumulte sortit de la salle de bain close, gardée par un Ash et un Brasergali aux allures de videurs pas commodes.

1.

Capumain se jeta dans la bataille de la famille heart, agrémentait les morsures, les tirages de cheveux, par des chatouilles non réglementaires.

0.

Effectivement, comme le prévoyait Silver, un des côtés explosa, mais ce ne fut pas celui auquel il s'attendait.

Nathaniel se fit littéralement éjecté de la chambre de son fils et se rétama face contre terre, la joue en feu.

Mais pour les évènements, il faut retourner une petite heure un peu plus tôt, et s'intéresser à la raison pour laquelle Lucas lorgnait sur la porte de la chambre de son ami avec autant d'inquiétudes.

En effet, une heure plus tôt, après avoir traversé la moitié du pays sur le dos de son Noarfrang, Nathaniel était enfin arrivé au Qg de Twilight, fourbu, mais décidé. Il avait alors décrété qu'il allait agir en bon père et aider son pauvre « fiston » pour le citer. « Tu l'aiderais plus en partant d'ici » avait décrété Gabriel aussitôt, mais bien entendu, son géniteur lui fit la sourde oreille.

Bref, le quadragénaire était entré avec un pas de conquérant dans la chambre de Daniel, qui comatait là-dedans bien tranquillement depuis 72 heures. Nathaniel s'était écrié : « Ouah, il ne manque plus que la musique, et ça y est, j'entre chez un dépressif ! », haut et surtout, fort.

Le shiney hunter avait jeté un œil en travers de son edredon.

Yuki avait saisi l'expression de l'adolescent, et avait alors lâché « Ouah, ça va chauffer, faut jamais réveiller quelqu'un comme ça, enfin ! ».

Et effectivement, la frimousse de Daniel était à faire peur, la bataille c'était tout de suite engagée sur le ton des retrouvailles sincères et touchantes devant un troupe d'amis spectateurs, plus ou moins enchantés :

-Qu'est-ce que tu fous là ?
-Peter m'a appelé et m'a dit que tu déprimais fiston, alors je suis venu t'aider.
-Pas besoin de toi.

C'est à peu près à ce moment là de la conversation qu'Eléanore avait proposé à Sam d'aller prendre un bain ensemble, et que les filles s'étaient éclipsées, peu ravie d'assister à ce genre de scène. Elles avaient eut raison, parce que la suite ne s'était guère allégée.

-Fiston…
-Donne-moi mon nom.
-Pardon ?
-Pas de fiston, appelle-moi par mon nom.
-Jimmy ?

Là, c'était Régis, Gabriel et Yuki qui avaient foutu le camp. Daniel s'était remis sous sa couette et avait rapproché le seau du pied de son lit par mesure de sécurité. Nathaniel, très peu déstabilisé, avait croisé ses mains, à la manière d'un philosophe en reprenant de plus belle.


-Fiston. Il faut qu'on ait une conversation, Père, fils, tu vois le genre. C'est important.
-Depuis quand tu t'en soucies, hein ?
-Depuis que j'ai reçu ce livre « le papa parfait en dix étapes » !

Et là, c'est Christopher et Angèle qui furent éjectés, parce que ces imbéciles, les larmes aux yeux, avaient murmurés, béats « nous avons bien fait d'envoyer ce livre Angie, quelles touchantes retrouvailles grâce à nous ! ». Ces idiots ne voyaient vraiment ce qu'ils voulaient bien voir. Parce que vu l'humeur désastreuse de Daniel après trois jours de fièvre, ça tournait au massacre.

-Dans ce livre, ils expliquent que nous devons démêler nos différents dans une conversation, tous les deux !
-Tu crois sincèrement que c'est le moment ? Là, tout ce que j'ai envie de faire, c'est dormir et dégueuler.
-Et ca suffit l'insolence de l'adolescence, je ne laisserai pas passer ça ! Nous allons parler, régler ça, que tu le veuilles, ou pas !

Lucas s'était mordu la lèvre, et il avait clairement vu Daniel, toiser son père avec une expression qu'il ne lui avait vu qu'une fois, celle qu'il avait envoyé à Samantha le jour de leur grande dispute. Daniel avait alors ouvert la bouche et lâcher froidement à son père :

-Dégage.

Et la porte avait claqué, foutant dehors toute la troupe, enfermant l'un avec l'autre le père et le fils, sur le point de s'entretuer. Et de toutes évidences, c'était ce qui s'était produit.

Bien au-delà de toute cette agitation, Eléanore et Samantha avaient eut recours à leur dernière astuce en date pour avoir la paix, elles avaient préparé un bon bain chaud dans l'immense baignoire de la salle d'eau commune. Le ramoloss de Daniel, tristounet depuis le retour de son dresseur, surveillait la baignade, et principalement Eléa.

En tête à tête, en tenue d'Adam, les deux filles barbotaient, heureuse que l'expression avoir le cœur de plomb, ne soit pas véridique, sous peine de se noyer dans la seconde.

-Tu devrais faire quelque chose pour Daniel. Avait hasardé Sam en jouant avec la mousse.
-Tu te soucies de Daniel…Constata Simplement la gamine face à elle, avec un sourire, avant d'ajouter : C'est vraiment gentil de ta part, tu aurais pu l'ignorer, comme il le fait. D'ailleurs, tu as l'air de bien le prendre, pour nous deux, ça ne t'as pas surprise ? Essaya-t-elle, avec un sourire mitigé.

Sam préféra ignorer la dernière remarque, pour éviter les explications longues et surtout, impossibles, de ses visions sur le futur.

-Je ne suis pas comme ça. C'est étrange, mais, malgré tout, je n'arrive pas à lui en vouloir. Tout comme je ne parviens pas à oublier les mois que l'on a passé ensemble. C'est mon ami. Même si ce sentiment est à sens unique, c'est comme ça. Et là, Il a vraiment l'air mal en point, Eléa…
-Que veux-tu que je fasse, Régis m'interdit d'aller le voir, il a peur que je chope sa grippe ! Ricana la gijinka en lui renvoyant un nuage de bulleux.
-Et depuis quand obéis-tu aux règles qu'on te donne, hein ? Renvoya Sam dans un souffle.

Eléanore avait penché la tête en arrière, soucieuse, et son regard s'était perdu dans l'invisible, semblant converser avec elle-même, puis, d'un roulement de tête désabusée, elle avait lancé, doucement :

-Je n'aide pas mes amis comme ça. Je ne me mêle pas des querelles de famille. En fait, je crois que je console, simplement, en prenant dans mes bras, mais je ne prends pas de camp. C'est…Trop compliqué pour moi.

Samantha fronça les sourcils, et elle observa sa camarade, décidément, bien usée par la maladie, les tâches noirâtres sur son corps envahissaient presque tout son buste, et ils léchaient docilement, sournoisement les contours de sa poitrine, se dirigeant nonchalamment vers le cœur, lentement, mais sûrement. Eléanore sembla capter son regard, et elle eut un rictus.

-Oui, c'est aussi pour ça. Je ne serai pas là tout le temps, bientôt, je serai même, plus là du tout. Si je l'aide maintenant, je le connais, il va s'appuyer totalement sur moi, et quand je…
-Ne dis pas de bêtise. L'arrêta Sam, malheureuse.

Eléa lui envoya une œillade triste.

-Je connais les limites de mon corps Sam. Je sais que je ne tiendrai plus longtemps. Toi aussi, il va falloir que tu trouves une…
-Où est passé la Eléa que je connais, hein ? Celle qui se bat ? Tu as arrêté la lutte ou quoi ? Pour ta vie, pour moi ton amie, pour Daniel ton…Commença rageusement la sœur de Silver, s'empourprant fortement, alors qu'en elle, tout blêmissait à cette seule crainte.
-Si tu savais Sam, ce qu'il cache parfois…Et moi je n'arrive pas à alléger son fardeau, parce que je ne le comprends même pas. Tous ses soucis me dépassent totalement. Là, il rencontre enfin un truc que je conçois un peu près, et je suis incapable de lever le ton, de l'aider, sans risquer de tourner de l'œil en pleine tirade.

Elle s'enfonça un peu plus dans l'eau, et bulla honteuse.

-Tu trouveras une solution. Avait déclaré Sam, confiante.

Elle offrit à sa meilleure amie un sourire.

-Comme le jour où tu as accepté mon acte, tu trouveras une solution pour aider Daniel. Je te connais, je sais que tu y parviendras. Assura-t-elle.

Eléa détourna le regard.

Bien qu'elles l'ignorent, Nathaniel, pendant ce temps, avait continué son monologue de sourd, en s'asseyant sur le lit du malade.

-Tu m'en veux pour le divorce. Tu m'en veux pour les tares que je t'ai transmises, et pour finir, tu m'en veux pour un peu près tout ce qui t'arrive en ce moment, même si tu sais pertinemment que je n'y suis pour rien. Avait-il commencé.

Daniel n'avait pas bougé, il avait battu en retraite, tentant de s'allonger pour se rendormir, mais voilà, son père lui avait attrapé le poignet et l'avait forcé à se redresser. Les deux regards vairons si semblables se rencontrèrent.

-Ecoute-moi bien. D'abord, pour le divorce, j'avais prévenu ta mère que je ne l'aimais pas, que je recherchais juste la régularité. Et quand elle t'a mis au monde, j'ai franchement songé à te prendre, et à la quitter sur le champ. Pour éviter ce qui a suivi. J'aurais mieux fait, j'aurais vraiment du m'écouter et t'élever seul, dans mon coin, loin de ta mère. Arrêter la casse à cet instant. Cela aurait évité beaucoup de peine à ta mère, beaucoup de temps perdu, et toi tu contrôlerais le monstre qui est en toi.

Daniel avait alors murmuré quelques paroles inaudibles, détournant des yeux. Nathaniel n'avait pas apprécié, et il s'était levé, forçant son fils à faire de même, à quitter son lit. Daniel avait titubé, la tête tournante, et il avait vomi aussitôt.

-Maintenant, tu vas m'écouter Fiston et surtout, tu vas obéir. Avait ignoré Nathaniel. – Cette organisation ne vous fait que du mal, c'est un endroit pour un adulte, formé et surtout équilibré ! Donc, ton frangin ou ta frangine, il va retourner chez votre mère, et toi tu vas venir avec moi, et on va t'emmener dans un endroit spécialisé. Pour te soigner.
-Monstre, soigner…T'as vraiment une haute estime de moi, hein ?

Les mots avaient claqués, dans l'air, comme une plaie béante. La confiance déjà toute relative que portait Daniel à son propre égard vola en éclat.

-Tu es ce que tu es, on n'y peut rien du tout maintenant, c'est trop tard. Déclara Nathaniel, maladroit. Il avait désiré l'entraîner, dans le salon, vers la sortie, croyant les choses réglées, mais juste avant de partir, à porté de la poignée, Daniel dégagea son main de son emprise, et il balbutia doucement :

-J'en ai marre.

Ses poings se crispèrent, tremblants de ce changement, de cette résolution suintant de peine, de rancune accumulée, et de douleur contenue. Nathaniel arqua un sourcil.

-Les psychopathes ont toujours un problème avec l'autorité, c'est comme ça. Tu es comme moi, il faudra t'y faire.

Et là, la pression avait cédé. Daniel avait frappé son père de toutes ses forces, un poing en plein figure, et sous l'impact, le recul, la porte s'était ouverte à la volée. A vrai dire, il ne sut pas bien lui-même pourquoi il avait réagit si violemment, peut être avec la vague espérance que ça lui fasse le moindre bien, comme les héros dans les séries de secondes zones, qui hurlent et frappent, pour ne plus sentir cette étreinte qui lacérait le cœur, le déchirait et le laissait en petit morceau. Mais il ne se passa rien de tout cela, au contraire, sa poitrine s'embrasa d'autant plus quand il perçut un sourire sur la frimousse de son père.

Une simple œillade, un rictus, et un message implicite : son action confirmait ce que son géniteur pensait.

Plusieurs têtes avaient tournés dans leur direction, et la porte de la salle de bain de même. Daniel pour une fois, ne se soucia pas d'être le centre de toute l'attention, et il se jeta sur son père pour lui décocher un second coup, la mâchoire crispée, le regard aussi froid que la glace. Une seule voix, une seule idée en tête, lui effacer ce sourire hautain, de connaisseur, qui le surplombait, semblait le narguer, lui avouer qu'à chaque hurlement, il se rapprochait plus du monstre que dépeignait Nathaniel.

-Je…Je suis pas comme toi ! Hurla-t-il.

Et une troisième fois, un poing s'abattit sur le visage de Nathaniel.

Gallame intervint, et d'une coupe psycho repoussa le gamin qui agressait son ancien maître, pendant que son dresseur actuel, Lucas, se ruait vers son ami pour le retenir. Il le ceintura fortement ; mais contrairement à la dernière fois, le gamin se débattit, battant des pieds, criant, hurlant, sans se détendre le moins du monde, malgré son souffle erratique, la sueur qui dégoulinait sur son front et son teint de plus en plus blafard, lui conférant avec sa chevelure d'ébène, un aspect cadavérique.

-JE SUIS PAS COMME TOI ! TU ENTENDS ! S'écria-t-il de plus belle.

Il aurait voulu lui hurler tellement de choses au visage, lui cracher tellement plus, mais rien ne semblait l'atteindre, comme d'habitude, il souriait, étrangement supérieur à tout ça. Et chacun de ses cris s'échouaient sur le rivage de son faciès, pour augmenter la pression, la vague de satisfaction emportant Nathaniel.

Daniel serra des poings. Entendait-il seulement ce qu'il disait ? Comprenait-il seulement ? Comment pouvait-il ignorer ce qu'il lui lançait ! C'était bien un appel au secours, pour une seule fois, il cessait la vague comédie de la tranquillité ! Qu'est-ce qu'il avait bien fait, de travers, pour mériter un tel regard, un tel surnom, monstre, rien que ça ! Mais c'était pas plutôt lui le monstre, pour le traiter ainsi, occulter ses hurlements, fermer les yeux sur son propre enfant qui se tordait, se noyait presque dans ses soucis devant lui.

Il n'avait pourtant jamais ennuyé personne avec des problèmes de peu d'importance, il avait fait face à l'adolescence, seul. Parce qu'après tout, dans quel genre d'impasse peut bien tomber un enfant de son âge ? Il n'avait jamais voulu les embêter avec des tourments si futiles, même s'il en suffoquait. Alors pourquoi, pourquoi la seule fois où vraiment, il admettait, il sentait dans chaque fibre de lui, qu'il ne parviendrait pas à s'en libérer, refusait-on de lui venir en aide, l'isolait, se moquait de ses sentiments !

Ce n'était pas parce qu'il vivait les évènements au ralenti, ou en accélérer, qu'on le désignait de mou, de psychopathe, qu'il ne possédait pas de cœur.

Daniel émit un crissement sentant sa gorge se serrer, s'obstruer pour ne devenir qu'une masse étouffante et suintante.

Pourquoi ne parvenait-il même pas à le dire à voix haute, ces pensées, ces sentiments, ces mots qui le meurtrissaient à ce point. Comme si ce type méritait qu'il le ménage !

Nathaniel s'essuya le nez prestement, il saignait légèrement. De leur côté, Samantha alla chercher Eléa, et la ramena dans le couloir, des serviettes les couvrants à la hâte.

-Daniel, calme-toi…Marmonna Lucas, désemparé. – tu vas revomir, tu vas…s'inquiéta-t-il.
-J-Je suis pas comme toi ! Merce, moi j'ai jamais fait chier mon monde ! J'ai toujours obéit à la lettre ! J'ai..J'ai vraiment tout fait pour jamais…Pour !
Daniel plissa les yeux à s'en fendre les paupières. Il aurait voulu hurler. Son discours semblait si complet, si tranchant dans son esprit, et là il n'arrivait qu'à bredouiller quelques mots, sans force, sans même la conviction.

Pourquoi ces foutus mots ne voulaient pas sortir ! Ca le brûlait tellement !

Un ricanement s'éleva dans la salle. Nathaniel riait ouvertement, et il toisa son aîné avec une lueur de défi teintant ses yeux, alors qu'il sifflait :

-C'est ça, c'est ça ! Voilà ce que je veux voir ! Il faut extérioriser tout ça, tout ce qui va pas entre nous, c'est ce que dit le bouquin. Tu révèles enfin ton vrai visage, j'en avais assez de ta gueule d'apathique ! Ne dit-on pas que les plus grands tarés sont les mieux cachés ?

Un frisson parcourut l'assemblée, et cette fois, Lucas perçut le tremblement qui remonta l'échine d'un Daniel, dévasté.

Cette fois, Lucas lâcha consciencieusement Daniel, qui ne se fit pas prier, il se jeta de nouveau sur son père.

-C'est toi qui dit ça ! Mais tu vois, moi je ferme ma gueule ! Toujours, je me tais ! Mais tu veux mon avis ? Tu veux mon avis sur ton compte ? Tu le veux vraiment ?
-Evidemment que je le veux, t'es sourd en plus d'être un con ou quoi ?

Une bouffée d'air emplit les poumons de Daniel, mais au lieu de le revigorer, il crut les sentir imploser tandis qu'il armait encore son poing. Et chaque coup, chaque parole qui lui échappait, n'était que insulte et traits grossier, instable, menteur de ce qu'il désirait vraiment dépeindre.

Le père et le fils roulèrent sur le côté, comme des chiffonniers.
Gabriel se décomposa.
Eléanore siffla.
Lucas fronça les sourcils, s'empêchant de bondir à son tour pour venir en aide à son ami.
Christopher et Angèle comprirent leur bourde.
Samantha ferma les yeux douloureusement sur cette scène, comme tous les autres.

-C'est toi le plus lourdingue de tous ! Tu me bassines avec ton histoire de psychopathe, en fait t'es juste un gros mythomane voilà ce que je pense !

Voilà, il avait jeté le tout sur le tas, et pourtant quand il sonna à ses oreilles, il n'y découvrit qu'une accommodation, un raccourci de plus, un manque total de classe, une vérité saugrenue.

Cela recommençait, comme dans son enfance, cette maudite langue lui tournait le dos, pour devenir un ennemi autant que l'être face à lui, qui continuait de sourire gravement, juste heureux.

Silence, les deux se séparèrent et se toisèrent avec gravité, Nathaniel persiffla dédaigneusement, alors que Daniel, calmé, par la force des choses, par son impuissance, par le manque d'efficacité, ou plutôt par la fatigue, continuait, par à-coup.

Sa mâchoire se serra alors qu'un flash, abrutissant, aveuglant, lui tourna la tête, en même temps que ses muscles raides se crispèrent, dans une douleur trop familière, trop proche de lui. Un sentiment qui l'avait entravé pendant plus de 18 heures. Il se recroquevilla imperceptiblement, ses paumes se desserrant, ne laissant que fines entailles sanglantes, seuls vestiges de sa folie hargneuse. Les sons coulèrent dans sa bouche avec l'amertume de l'indifférence.

-J'ai compris ça dans la mer, avec ce cadavre sur le dos. Je flippe, j'ai eu la trouille de ma vie là-bas. Tu dis que des conneries. En fait c'est Lucas qui a raison, je ressens des émotions, c'est juste que je n'arrivais pas à les analyser. Et toi…

Il pointa ostensiblement son père du doigt, et sa voix se brisa :

-Toi t'es qu'un gros égoïste manipulateur ! T'en as jamais rien eu à foutre des autres, y-a juste ta propre personne qui compte ! Et c'est pour ça, t'es tellement tourné vers toi, que tu t'es pas capable de compassion, t'es pas capable de sentir les autres, ni même des les écouter ! Et ton sketch là, c'est que pour attirer la foutue attention sur toi ! Toujours sur toi ! Je vois même pas pourquoi je te parle de ça, tu retiendras rien du tout !

Nathaniel cracha à terre, avec rancune, et il réajusta son chapeau, avant de maugréer :

-On dit aussi que les psychopathes se comprennent bien entre eux. C'est bien pour ça que j'ai jamais voulu de gosse.

La blessure béante suppura, suintant de pus et dégoulinante de nymphe, piquante, acide.

Cette fois Gabriel devint livide dans le dos de Lucas, et il recula tremblant, se cognant contre un Lucas, dévasté, désolé par ce qu'il venait d'entendre. Samantha elle-même sursauta, elle admira Eléa, au visage neutre, malgré ses poings serrés, et elle se mordit la lèvre.

Pourquoi personne n'intervenait-il ? Ce type, ce type osait émettre la pire insulte qu'un enfant pouvait entendre, une phrase insupportable.

Nathaniel se redressa de toute sa hauteur et il renvoya narquois, supérieur :

-C'est tout, t'as fini ? Alors quoi c'est tout ce que tu as à me dire ? C'est beaucoup de bruit pour pas grand-chose, hein ? Tu sais quoi, j'ai toujours vu que t'avais une case en moins. Dès qu'on changeait fleurs dans les vases, ça te mettait dans tous tes états, t'as su parler qu'à je sais plus quel âge ! T'étais une plaie ambulante ! Jamais simple, toujours compliqué ! On pouvait pas te parler sans savoir si tu écoutais ou non ! Tu vois, pareil, exactement pareil. Et même quand tu essayes de nous différencier, tu utilises nos ressemblances dans ton argumentation.

Nathaniel plissa méchamment des yeux tandis que son fils se voyait déposséder de toute force. Et son père mit le mot juste, celui qu'il cherchait désespérément, qu'il ne pouvait qu'effleurer, pendant toute cette dispute, sur ce qu'il ressentait en cet instant. Comme pour lui confirmer sa totale reddition.

-C'est pathétique Daniel.

Daniel baissa la tête, battu. Les articulations plus faibles qu'après son naufrage, plus mous et inconsistants que du coton. Le venin coulait déjà dans ses veines.

Nathaniel siffla d'admiration et s'essuya les mains, comme après un travail bien fait, et il s'exclama, fier, avec son habituel sourire :

-Ouah, voilà une bonne chose de faite. Ouah, le bouquin dit vrai, ça fait énormément de bien de dire la vérité, pour une fois !

Il ricana, mais seul le silence lui répondit. Il scruta la foule des yeux, surpris par si peu de réaction, mais ceux-ci lui renvoyèrent son regard, abasourdis, juste, peinés. Il arqua un sourcil, et souffla, innocemment un :

-Quoi ?

Silence à nouveau, Lucas et Samantha tressaillirent imperceptiblement, et n'y tenant plus, ne pouvant contempler davantage la vision de Daniel, dévasté, agenouillé au sol, le regard dans le vague, ils firent un pas en avant, et ouvrirent la bouche, prêt à reprendre le flambeau, déterrer la hache de guerre et à se battre à sa place. Mais ce ne fut pas eux qui prononcèrent le premier reproche.

-Si tu ne voulais pas de gosse, fallait pas en faire.

Gabriel leva la tête vers son père, aucune larme inondant ses joues, mais ses prunelles vairon accablées d'une froideur insolente. Juste un miroir, un pot-pourri de mépris et de désolation.

-Je vois pas ce que tu viens faire dans notre vie. En fait. Que ce soit clair, même mort tu prendrais encore trop de place ! J'aurais voulu…j'aurais voulu que t'existe jamais !
-Tu serais pas né si je n'existais pas ! Répliqua aussitôt son père, sur le même ton.

Gabriel tourna des talons, et s'en alla aussi vite qu'il put, la porte d'une chambre claqua dans le lointain, et bientôt, Tortank, Nosferapti et stalgamin suivirent le même chemin que leur maître dans un gémissement déboussolé. Nathaniel resta inerte, puis il ronchonna, mauvais joueur.

Samantha se tendit comme un arc, et n'en pouvant plus, elle fit un pas en avant, s'agenouilla près de Daniel, et lui murmura doucement :

-Ne l'écoute pas.

Lucas sembla retrouver ses fonctions motrices, et il la rejoignit, pour poser une main sur l'épaule de son ami d'enfance, compréhensive. D'une voix étranglée, Lourde, il murmura :

-Hey, tu me disais pas que ton père t'indifférait Danny ?

Régis, fronça les sourcils, ferma les yeux, et partit sans autre préambule, enfilant son manteau et emmenant Rafflésia avec lui. Mais même le bruit de la porte d'entrée, le vent frais de février venant secouer la tignasse du brun, ne le sortit pas de sa tétanie. Cristal attrapa le bras de son frère et se serra contre lui, cette conversation tumultueuse ramenant des souvenirs un peu trop acides. Gold l'étreignit en retour et jeta un regard implorant à Silver, qui lui préféra suivre le chemin de Régis, et quitta la salle. La confrontation le dépassant probablement complètement, lui qui n'avait jamais connu de véritable relation paternel, et il n'avait guère envie de désigner cette scène comme torture morale, comme il le pensait, il craignait bien trop de briser ce silence protecteur. Cette accalmie tant désirée, sans être réparatrice malheureusement. Christopher et Angèle se précipitèrent à sa poursuite en silence.

Eléanore dans tout ça, observa Daniel, prostré, et elle se mordit la lèvre inférieure. Si un regard pouvait tuer, alors avec celui qu'elle posa sur Nathaniel, flamboyant de rancune, furieux, elle l'aurait annihilé dans la seconde, de la manière la plus horrible qui soit.

Mais elle se contenta de détourner la tête, pour observer Daniel, dans un sifflement rageur, le teint empourpré de frustration. Elle remarqua un tic nerveux, son petit ami sembla tressauter une seconde, ses poings se serrèrent convulsivement alors que son regard se faisait vague.

Eléa plissa des yeux malheureuse, elle connaissait ça. Il essayait d'accéder à son refuge, mais le tourbillon de ses pensées encore bouillantes de rage, l'emportait au loin, sans qu'il ne puisse même effleurer cette sérénité. Daniel baissa la tête et eu un sanglot, un seul et unique, frissonnant. Il plaqua sa main sur son visage, sur sa bouche, avec l'énergie du désespoir.

« Tu n'as pas le droit de pleurer ! »

C'était les paroles que lui avait lancé sa sœur Alice, il y avait longtemps, pour épargner sa mère, pour sauvegarder sa famille. Parce qu'il ressemblait trop à son géniteur, parce qu'elle refusait de voir les traits de l'homme qui venait de les abandonner, déformé par la peine, alors qu'il était la cause de la leur, et cela, même indirectement.
Eléa serra les poings, et pendant une seconde, elle se demanda, ce qui pouvait encore le tourmenter davanatage, les mots de son père ? La mort de Harry, le fait de voir que l'eau, cet élément dans lequel il avait toujours grandi, évolué, avait manqué de le tuer ? Ou simplement, être encore au centre des regards, alors que son univers s'effondrait, et que sa propre honte le rongeait totalement.

Miyu derrière elle, bafouilla, apeuré, désolé :

« Il va céder. Il va pleurer. »

Et pendant une seconde, Eléanore le crut.

Daniel se recroquevilla, et il hoqueta, plusieurs fois, jusqu'à ce qu'un semblant de pleurs lui échappe.

Lucas parut totalement désemparé, et Sam blêmit complètement.

Pourtant, l'écho se fit plus dur, plus faux, et il se métamorphosa en ricanement, en un rire gras. Daniel releva la tête, gorge déployé, avec un sourire barrant sa frimousse toute entière.

Et étrangement, ce sourire là, fit bien plus froid dans le dos à Eléanore que la moindre larme. Nathaniel, lui, fronça les sourcils, alors que son fils se relevait, chancelant, sur ses deux pieds, toujours ricanant. Il resta sceptique, et il fixa sa progéniture, interloqué.

-Je…je suis fatigué, je vais retourner dormir…Bredouilla le garçon, comme si de rien n'était, envers ses amis.
-Hey, une minute, gamin, je t'ai dit que tu venais avec moi ! S'interposa son père, d'une voix rude.

En revanche, Daniel ne prononça pas un seul mot quand son regard vairon se posa sur son père, ses lèvres se tordirent à peine, imperceptible dans le mouvement rieur auquel il se forçait. A la place, il se gratta la joue, et il lui tendit une main, comme gage de paix, une demande, aux doigts tremblants, blêmes.

L'assemblée sursauta.

Nathaniel resta coi, puis il haussa les épaules, Il mumura, confiant :

-Si tu me sers la main, ça veut dire que tu acceptes.

Il s'apprêtait à prendre serrer le poignet de son fils pour l'emmener avec lui quand le timbre d'Eléanore retentit brutalement, comme un hurlement désespéré :

-TU AS ENCORE DES CHOSES A LUI DIRE !

Daniel se pétrifia, et même son rire faux mourut dans sa gorge. Eléanore serra les poings, droite sur ses jambes, elle plaqua une main sur son cœur et éructa :

-Ne me ment pas ! Je sais que tu as encore des choses à lui dire ! Alors quoi, tu t'arrêtes là ? Tu vas le laisser te traîner dans la boue, décider de ta vie ? Tu crois pas qu'il en a déjà assez fait ?

Daniel ramena son bras contre lui, et ses lèvres se pincèrent. Nathaniel foudroya la jeune fille du regard, et elle le lui renvoya avec la même intensité.

-Si tu n'arrives pas à le dire à voix haute, à le lui dire…Commença-t-elle, grondante.

Elle tapa sur sa poitrine et se pointa ostensiblement du doigt avec défi alors qu'elle crachait :

-Alors, dis-le moi. Dans un combat !

Elle renvoya son bras vers son petit ami, avec un sourire vainqueur, lâchant non sans hâte :

-Je te défie Daniel !

Sam derrière tout ça, ne put retenir un pouffement amusé face à la scène ô combien familière.

Eléanore avait sa propre manière de régler les conflits. Et si elle se fiait à la mine stupéfaite, et reconnaissante à la fois du garçon, elle ne parvint pas à la lui reprocher.

« « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « «

Drew s'étira avec délectation, les yeux encore embrumés, il repéra le plafond de la tente, tendu, la lumière tamisée, seul indice montrant l'heure avancée de la journée. Le coordinateur grommela d'indignation, et se réfugia dans le sac de couchage vide, comme dans un cocon.

Avant de se redresser brusquement, tout à fait réveillé cette fois. Pour confirmer ce qu'il pensait, il tâta la place à côté de lui, encore tiède.

Flora n'était plus là.

D'un mouvement, il s'extirpa de sa couche…Et y retourna aussitôt histoire d'enfiler un caleçon, au moins.

Quelques minutes plus tard, il sortait de la tente, et faisait face à la brise de midi, parcourant le chemin carillon, emportant au passage quelques feuilles mordorées dansantes conjointement dans le vent.

-Bien dormi ?

La voix de Soledad manqua de lui arrêter le cœur, mais il parvint à camoufler sa surprise, d'un mouvement cynique de la main, remettant sa frange en place. Sa rivale en concours eut un rictus, peu dupe, et avala une gorgée de café.

-Il est 13h45 aux dernières nouvelles. Anticipa-t-elle simplement.

Esquisser deux fois le même mouvement, aurait grillé sa couverture, aussi, Drew afficha clairement une mine ébahie. La dresseuse de talent, devina sa question avant même qu'il ne puisse refermer sa bouche, et la rouvrir, après avoir déglutit et reprit contenance.

-J'ai pensé, vu votre activité d'hier, que vous aviez besoin de repos.

Touché, Drew détourna le regard, une légère rougeur sur les joues et il toussa pour dissiper le malaise, seulement présent dans son esprit, car la coordinatrice avait depuis longtemps intégrer le genre de relation qu'entretenaient les deux anciens rivaux.

-Flora est parti s'entraîner près de la rivière avec Givrali. L'informa de nouveau Soledad.

Cette fois, le coordinateur se demanda franchement si cette fille ne possédait pas le don de double vue, parce que s'il était si prévisible que ça, ou qu'elle le connaissait à ce point, et bien, cela l'effrayait franchement. Il fit un pas vers le sentier, et alors, comme une dernière mise en garde, Soledad ajouta :

-Tu as mis ta chemise à l'envers.

Malheureusement, il n'eut même pas le loisir de sursauter, un cri strident secoua le sous-bois. Une jeune femme aux cheveux roses déboula des buissons, ses grandes couettes hautes aux anglaises ordonnées, n'étaient plus du tout ordonnées en fait, parsemées de brindilles et feuilles volantes, couverte de boue, elle et sa robe de dentelle, elle s'agenouilla, le souffle court.

-Ursula ?

Fut la seule parole qui vint à l'esprit du coordinateur. Et il s'en voulut aussitôt, évidemment, à qui pouvait appartenir une voix aussi stridente à part à l'ancienne rivale d'Aurore.

Pourtant la jeune femme se remit sur ses jambes flageolantes et bafouilla, confuse :

-O-On…

Soledad arqua un sourcil, et posa sa tête sur le dos de ses mains finement entrecroisées, très peu stressée.

-Onavoulupiégéfloraavecharleytoutàl'heuremaisuntypenousadoubléetmaintenantflorabaignedanslesang ! Lâcha d'un trait la jeune femme rouge.

Frisson, Drew balbutia, en proie à un affreux pressentiment étreignant son cœur dès la mention du nom de son amante :

-Pardon ?
-Flora est tombée dans une nouvelle embuscade ! Résuma éreinté leur adversaire. –Harley et un autre type combattent ces mecs mais Flora a…

Trop tard, Soledad et Drew venaient de quitter la clairière en plan, renversant chaises et tables pliables, et tout le reste du campement, dégainant leurs pokéballs avec hargne.

Quand ils arrivèrent au lieu d'entrainement, Le dresseur vêtu d'un drôle de cosplay de cacturne, aux cheveux violets et bouclés, tentaient tant bien que mal d'éviter une attaque dard venin en hurlant comme une fille, son Pokémon essayant de protéger son maître contre les ennemis du mieux qu'il pouvait, même en pleine course. Au milieu de tout ce carphanaëum, luttant contre des hommes encagoulés aux emblèmes étranges, un autre garçon à la mine sévère, aux cheveux mauve, se tenait. Et encore derrière lui, Flora gisait, la main sur le cou, ensanglanté.

« « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « «

-Monsieur Silver, monsieur Silver !

Le rouquin ralentit l'allure, à peine essoufflé, malgré son pas rapide, et la distance parcourue en à peine quelques minutes. Il finit par s'arrêter totalement, non loin des serres de combats, où certains de ses Pokémons traînaient d'ailleurs, depuis le début de la matinée. Dire qu'il s'y était rué, pour y trouver refuge, auprès de ses créatures, se révèlerait totalement…vraie. A son plus grand damne.

-Monsieur Silveeeeeer !

La voix se fit plus aigüe, et trouva même un écho féminin. Non il se trompait lourdement, son plus grand damne, c'était les deux pots de colle qui le suivait. Christopher et Angèle le rejoignirent, en sueur, haletant comme des pauvres malheureux, dans les vêtements de dentelles aux épaisseurs innombrables. La blondinette, étrangement, fut la première à surmonter cet épreuve physique et à réagir, le regard flamboyant :

-Qu'est-ce qui vous prend de vous enfuir comme ça, au milieu d'une dispute, Daniel a l'air au plus mal !

Silver persiffla en détournant les yeux, une imperceptible rougeur colorant ses joues blanches. Il savait bien, cela, mais l'ambiance, là bas, se révélait juste, insoutenable. Que pouvait-il bien y faire après tout ? Il n'avait pas les qualités, la patience, et encore moins la compassion d'un psy. Devant toutes ces plaies refermées, suturées à la va vite, qui se rouvrait d'un coup d'un seule, plus béantes et infectées sous le poids des années, que pouvait-il dire ? Alors que lui-même peinait à résoudre ses propres problèmes. Acide, il cracha :

-Ca vous va bien de dire ça, à qui la faute, si la dispute a commencé ? Quelle idée aussi d'envoyer un manuel du bon père à ce type ?

Angèle recula, écarlate, puis avec les yeux plein de larmes, elle pointa christopher du doigt, et hurla, pour la première fois depuis longtemps :

-Tout ça c'est ta faute !

Le concerné blanchit, et il prit la tête entre ses mains, secouant avec véhémence tout en balbutiant :

-Je suis désoléééé maman, je pensais pouvoir aider notre fils !
-Comme la dernière fois !
-Nous faisons que des bêtises dernièrement Maman, comme j'ai honte !
-Moi aussiii papa, qu'est-ce que nous allons bien pouvoir faire ! D'abord notre petit rouquin d'ainé, ensuite notre petit Daniel ! Se rétracta Angèle, le timbre tremblant de rage, se confondant de reproches et de regrets petit à petit.
-Nous sommes des parents ratés ! Constata Christopher horrifié.
-Nous ferions mieux de nous suicider…Pleura Angie.
-A la tronçonneuse ! Hurlèrent-ils de concert.

Silver arqua un sourcil. Ca risquait d'être assez difficile, ça.

-Vous n'êtes pas ses parents…Grommela-t-il, simplement, pour faire cesser, ces jérémiades stridentes, qui pour dire vrai, commençait à lui refiler la migraine.

Un silence suivi cette phrase, pendant lequel, Chris et Angie, dans les bras l'un de l'autre, dévisagèrent Silver, étonnés. Les nuages de déprimes, et autres démons de regrets se firent littéralement désintégré par l'illumination, l'explosion de paillettes, d'amour, qui suivit.

-Vous voyez, vous pouvez nous réconforter ! Vous êtes doué monsieur Silver ! Lâcha Chris.

Il en doutait. Angie se jeta sur lui pour lui prendre les mains, à la manière d'une prière, enthousiaste.

-Maintenant, allez faire la même chose avec Daniel !
-Vous devez pouvoir le comprendre avec votre passé, et c'est votre ami, allez l'aider !

Outre l'anecdote sur son passé qui accentua les maux de tête qui le lançait, un flash s'imposa à son esprit et Silver grimaça. Sèchement, il échappa à la prise d'Angèle, et siffla, de mauvaise foi :

-Mon seul ami dans cette pièce là-bas, c'est Gold, et sa sœur s'occupe très bien de lui à ma place !

Silence. Silver réalisa sa gaffe. Il sursauta et osa jeter un coup d'œil par-dessus son épaule. Malheur, trop tard, il rencontra un Chris et une Angèle, en plein nirvana, planants totalement, remerciant le ciel de ce miracle, un sourire béat tranchant leurs frimousses remerciant les dieux, dans un rayon de lumière venu de nulle part.

Alors, là, le coup de grâce, pour la créature nocturne qu'il était, plus efficace qu'une épée faite de lumière pure, Christopher bredouilla, tout simplement tremblants de joie :

-Vous êtes jaloux monsieur Silver ?

Le squelette de Silver craqua presque quand il détourna la tête, sombre, suant à grosses gouttes pour le coup.

-N-Ne déformez pas mes paroles, je n'ai jamais dit ça ! Se crispa-t-il totalement.

Trop tard. Le délire était lancé.

-Maman, maman, notre fils fait sa crise de jalousie ! C'est trooop mignooon ! Gazouilla Christopher, aux anges.
-Il envie la propre sœur de son petit ami, c'est troooop chooou ! Pépia Angèle, babillant.
-CE N'EST PAS MON PETIT AMI ! S'enflamma Silver, le teint aussi pourpre que ses cheveux.
-Ne vous en faites pas monsieur Silver, Sa sœur ne vous volera pas votre Gold ! Roucoula Angèle sans se soucier des protestations.
-Et Cristal elle vous fera un câlin à vous aussi si vous demandez ! Ajouta Christopher tout guilleret.

Un frisson remonta l'échine du rouquin, à cette simple perspective. Cristal, le prenant dans ses bras. On parlait bien de la fille qui voulait massacrer tous les écrémeuh de la planète ? Quand il tenta d'imaginer une simple Cristal, sous un jour attirant, tout ce que son esprit créa, fut l'image d'une fille, dans la pénombre, les yeux brillants d'une envie de tuer, un hachoir en main.
La conversation dériva, du côté des deux ex bandit, et l'effroi s'empara progressivement de Silver alors que les deux énergumènes, qu'il avait toujours qualifié de grand gamins, commençaient à décrire des scènes hautement censurées.

Par manie, il tenta de couper le son.
Il n'avait pas de casque.

-C'est pour ça qu'il ne peut pas se concentrer sur Dannnyyy ! Il pense à…
-Il est a-mou-

Silver eut alors une réaction plus que pitoyable, il plaqua ses paumes sur ses oreilles et hurla :

-NANANA JE VOUS ENTENDS PAS !

Il tourna des talons et s'enfuit à toute vitesse, dans cette même position. C'est en pleine course que sa raison rapliqua au galop, lui fauchant les jambes en une seule constatation : Il venait de réagir comme Gold.

Silver se ramassa lamentablement sur le sentier, confus, réalisant pleinement l'horreur de la situation. Le mal de tête implosa.

Impossible, il ne pouvait pas, réagir comme Gold. Lui il était le type cool, le rival froid et hargneux. Il ne pouvait décemment pas réagir comme un…Comme un…Un gamin ! Comme ce type ! Surtout pour une raison, aussi, aussi…Futile !

Les restes lointains des exclamations enamourées de Chris et Angie lui parvint, et aussitôt, il se vit répondre, s'enfonçant davantage :

-JE SUIS PAS JALOUX !

Il se serait filé des claques, rien que pour ça, alors pourquoi, pourquoi diable ajouta-t-il, histoire d'enterrer une bonne fois pour toute sa réputation :

-C'EST JUSTE DEPLACE COMME GESTE ENTRE UN FRERE ET UNE SŒUR !

Génial, maintenant, en plus de nier avec mauvaise foi, il s'autoproclamait expert en relation fraternel, avec un cv comme le sien, et une sœur qui ne lui parlait que quand on l'y obligeait, depuis plus de trois ans. Pathétique, voilà, c'était juste pathétique.

Il se mordit la lèvre inférieure, bien conscient, qu'il niait ce qu'il avait d'ores et déjà accepté. Accablé, énervé, il s'assit, et prit sa tête entre ses paumes en soupirant de colère.

Il ne désirait pas de sentiments pareils ! Il ne souhaitait même pas tenter le coup et risquer de se blesser si âprement. Il avait déjà donné. Cette peur, le paralysait, le gênait. Il ne pouvait même plus voir Gold en face maintenant, après avoir compris l'étendu de ce qu'il ressentait.

Ses poings se serrèrent, et avec rancune, il se tira les cheveux et maugréa :

-Mais bon sang, comme je fais pour enlever ce foutu truc ! Ca devrait pas être compliqué ! Comme un bouton off ! Ou s'arracher des cheveux blancs ! On tire un bon coup, ça fait mal une fois, et c'est fini ! Hop !

Il se figea.

Il s'empourpra davantage avec le sous-entendu grivous caché dans sa phrase et se décomposa lentement.
Mais qu'est-ce que c'était que cette métaphore à double sens ?! En plus il avait même pas de cheveux blancs ! Et puis quoi encore, avec ses yeux bleu argentés, des cheveux blancs, berk, ce serait immonde ! Il n'avait pas de cheveux blancs ! Et il n'avait certainement eu aucune image en tête en proférant son exclamation à voix haute ! AUCUNE !

Silver arrêta de gigoter, se battant contre sa conscience, et il eut un moment de solitude, planté là, au milieu du sentier désert, très long.

Il se crispa à nouveau.

Il se mettait à parler comme une fille en s'inquiétant pour son look en plus, comme si en ce moment sa plus grande préoccupation c'était de savoir si les cheveux blancs lui allaient bien ou non !

Et ce fut le début très longue et vaine séance de crêpage de chignon.

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« Mesdames et messieurs, c'est ainsi que s'achève le premier tour de notre concours de Lavandia ! Merci de patienter quelques minutes le temps que les juges rendent leur verdict ! »

Nando s'installa sur un des sièges de la salle d'attente avec un soupir, serein, inchangé depuis toutes ses années, il caressa les cordes de son luth pour apaiser un semblant d'anxiété. Son Héliatronc à ses pieds dansa d'un pied à l'autre, ou plutôt d'une racine à une autre, en fredonnant en rythme.

-C'était une très belle prestation.

Le barde leva la tête pour voir Zoé, avec ses éternelle lunettes de soleil, et son ensemble de campeur, ses cheveux courts attachés en une queue de cheval basse, le temps qu'elle aille les couper. Elle lui envoya un sourire confiant et il lui renvoya :

-Oui, j'ai confiance en nous.

La coordinatrice croisa les bras sur sa nuque, et avoua :

-Rien n'est joué. Mais j'espère tomber sur Kenny et Aurore, j'aimerais prendre notre revanche !

Le pacifiste ne répondit rien à part un ou deux accords improvisés. Cependant, une visite impromptue le tira de sa litanie solitaire. Kenny se frayait un chemin à travers la foule, en jetant des regards anxieux autour de lui. Affublé d'un béret et d'un blouson rapide, il fit un signe de main aux deux coéquipiers, avant de courir vers eux, essoufflé :

-Vous avez vu frisouille ? Hasarda-t-il.
-Pas depuis sa prestation. L'informa platement le barde.
-En revanche j'ai vu Tiplouf jouer près de la fontaine il y a quelques minutes. Compléta Zoé.
-Je sais, mais elle n'est pas près de la fontaine. Compléta l'ami d'enfance de la brunette, en se mordant la lèvre.
-Tu t'inquiètes ? c'est mignon ! Se moqua gentiment la rouquine.
-"La vie est un sommeil, l'amour en est le rêve, Et vous aurez vécu, si vous avez aimé. » Dit Musset. Ajouta Nando, énigmatique.

Kenny lui servit un rire embarrassé assortit d'un sourire flamboyant, orné de belles rougeurs sur les pommettes.

-N'empêche que ça ne m'avance pas. Résuma-t-il après avoir repris un peu de sérieux.
-Ne t'en fais pas, c'est toujours un moment difficile pour Aurore, le premier tour, c'est sa bête noire. Elle reviendra pour les résultats. Le rassura Zoé avec compassion.

Kenny grommela, quelque chose comme qu'il aurait aimé partager ce moment avec elle pour pouvoir la rassurer, mais il n'osa rien dire à voix haute devant la rouquine. Pourtant, d'un coup d'un seul, il devint aussi livide que la glace. D'abord, il recula d'un pas, puis s'élança sans ménagement vers un autre couple de concurrent, pour en saisir l'homme par les épaules et hurler :

-Où avez-vous trouvé ça ?

L'homme tenait dans ses mains le pendentif en forme de cœur d'Aurore, et il y avait du sang dessus.

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Ambre marchait dans les rues du Qg de Twilight, trottinant plus qu'autre chose, jetant de temps à autres, des coups d'œil émerveillés face à l'architecture étonnante des lieux. Ses longues mèches blondes nouées en catogan voletaient de gauche à droite pour une énième fois, quand elle se stoppa brusquement, aux abords du stade, des serres de combats.

Sparky se rua vers elle pour lui sauter dans les bras, et il fut bientôt suivi par son dresseur. Ritchie la rejoignit, le souffle légèrement fatigué, et il lui sourit gentiment.

-Ta marraine est une vraie pipelette ! Concéda-t-il. – J'ai encore du mal à croire que Cynthia peut être une femme comme ça.
-La solitude fait à la fois, beaucoup de mal, et beaucoup de bien.

Réponse sibylline digne de ses grands jours de rêverie, son petit ami ne s'en formalisa pas. Elle continuait d'analyser les lieux, avec la même curiosité qu'au premier jour, le même air envoûté, émerveillé, le casque sur ses oreilles diffusant des musiques en discontinu, passant du classique au rock métal.

-C'était gentil à elle, de nous accueillir dans son chalet, le temps qu'on trouve une nouvelle destination. Ajouta le dresseur du pikachu méché (bien trop occupé à se faire cajoler distraitement par la jeune femme).
-Vérifie qu'elle n'a pas caché toutes tes cartes et autres guides des régions, pour nous retarder, et nous garder plus longtemps auprès d'elle. Rétorqua Ambre aussitôt, ni jugement, ni même reproche dans son timbre, juste une constatation, une mise en garde sans importance.
-Personnellement, Aaron me fait plus peur que ta marraine, je crois qu'il m'en veut toujours pour la fois où je l'ai eu avec mon papillusion. Heureusement qu'il est parti pour l'enterrement, ses regards noirs commençaient à me mettre mal à l'aise.

Il ricana, tendu, le cœur lourd des pressions, de le deuil qu'il avait lui-même abordé, et Ambre lui sourit tendrement. Elle lui fit signe de s'asseoir avec elle sur un des murets de pierre bordant un talus nivelés, le long de l'avenue, bordant les serres de combats. L'Irving leva les yeux vers les cieux dégagés, l'azuré du dôme au dessus de leurs têtes se révélait magnifique, d'ailleurs, le Morphéo, Lloyd, de la jeune chercheuse, en mode grand soleil, bronzait paisiblement sur un banc, aux côté d'un roigada, Léon, plus fumant, cuit, qu'autre chose. Ambre leva le bras, et ses mains effleurèrent sans les toucher réellement les pourtours des nuages voguant à la dérive, portés par ce vent qu'elle aimait tant.

Ritchie suivit son regard et il lâcha un rire attendri, tout simplement heureux de voir que peu importait les évènements, la fille dont il était tombé amoureux restait la même, brumeuse, insaisissable. Elle avait beau le pousser dans ses derniers retranchements, l'exaspérer par moment, au plus haut point, ce sentiment qu'il éprouvait à son égard ne le quittait pas, il le rongeait chaque minute davantage, au contraire.

-Que veux-tu faire, après toute cette aventure, toi ? Demanda-t-il avec compassion.
-Continuer à avancer. Encore et toujours. Répondit gravement la blondinette.
-Ca je m'en doutais, mais est-ce que tu sais au moins, où te mènera ce chemin ? Plaisanta le jeune homme.

Ambre lui envoya une œillade entendue, et lui fit un demi-sourire mystérieux, comme omniscient.

-C'est plus amusant, d'en avoir la surprise, tu ne crois pas ?

Peu de gens pensaient réellement comme Ambre, et à vrai dire, Ritchie était quasiment sûr que l'inconnu apeuraient la plupart des humains, pourtant, elle, cette part de brouillard, ce flou, l'attirait comme le danger. Doucement, il soupira, et elle lui offrit son épaule pour qu'il y pose sa tête.

-Je n'aime pas cet endroit.

Son timbre vibra dans l'air, saisissant d'une mélancolie étrange. Les prunelles vertes, comme deux immenses prairies s'étendant jusqu'à l'horizon, se posèrent sur lui, et les cercles d'or brillèrent d'un éclat solaire quand son regard se posa sur lui. Elle lui offrit de nouveau un sourire, comme toujours, et à vrai dire, il lui avait rarement vu d'autres expressions.

-C'est bête, comme réaction, mais je n'aime pas cet endroit.
-Pourtant, tu avais l'air si émerveillée…
-Justement, c'est ça qui me dérange.

Ambre se pinça les lèvres et elle ferma les yeux sereinement, son corps se détendit en même temps qu'elle aspira une bouffée d'air pur de la montagne.

Elle ne comprenait pas bien elle-même, mais la caresse de la bise, son odeur mêlées, mélangeant milles et un lieux de liberté, lui paraissait tellement familier. Et c'était justement cette sensation d'être rentrée d'avoir trouvée un endroit qui rappelait à tout son être, à chaque fibre de son corps, qu'elle appartenait à une terre, à un endroit. Elle détestait cette sensation d'emprisonnement, de déjà-vu, cette senteur qui emplissait ses poumons. Ce paradis idyllique, dans lequel elle marchait pour la première fois, chaque brin d'herbe, chaque claquement contre la roche, sonnait à ses oreilles comme des retrouvailles, une mélodie d'enfance, dont on fredonne l'air sans se remémorer la provenance.

Ambre rouvrit les yeux, et le paysage s'irisa de vie, de fantômes pâles aux reflets d'argents, tintamarre colorée, ribambelle de hurlements chatoyants, de jeux ennuyeux, de rires tristes, de pleurs de félicités. Les martellements sur le sol, hagard, parfois pressés, les danses sur la grande place, où les ombres des danseurs s'étiraient dans une embrassade d'extase, roulant, s'acoquinant avec la boisson et les fêtards. Là, elle voyait une gamine qui jouait, chantait sereinement, s'amusant à faire virevolter les pans de sa robe, à saisir la grâce du Pokémon qui l'accompagnait, alors même que ce mot paraissait émaner d'elle. Les miroitantes pierres ambrées, feu, plante, eau, aube, scintillaient telles des trophées, sur les façades ses demeures, comme des yeux toisant ce bonheur qui enserrait tragiquement son cœur, comme marquant la fin, le glas de la fin de cette époque.

-Ambre ?

La jeune femme sursauta, et elle observa Léon, son Roigada, un peu plus loin, mais celui-ci ne prononça pas un mot, ce fut Ritchie, la mine soucieuse, qui se révéla à l'origine du bruit, qui en ouvrant simplement la bouche, avait balayé le bal des spectres et leurs attrayantes fêtes, aux allures si débordantes de vie et pourtant aux relents si macabres.

-Tu vas bien ?

Ambre hocha la tête, insouciante.

-Des histoires plein la tête, simplement…J'imaginais ce qu'avait put être la vie ici, par le passé.
-Je suis venu rarement ici, quand j'étais membre de l'organisation, mais…Déjà, Cynthia nous disait que cet endroit était probablement l'ancienne capitale Saharienne. JE crois que c'est ton domaine, cette époque, non ?
-Oui, on peut dire ça, les légendes de cet empire ont toujours bercé mon enfance.
-Je n'ai jamais été extrêmement doué en histoire…Lança simplement Ritchie. –Mais je crois me rappeler qu'aucune de ces légendes ne sont extrêmement joyeuses.

Ambre hocha de la tête, sans rien ajouter.

-Dis Ambre…

Ritchie serra plus vivement la main de sa petite amie.

-Un jour, on gagne, un jour on perd, Ritchie. Cette fois, on a juste perdu, bien plus qu'on ne le croyait, mais des fois, on gagne aussi bien plus que l'on ne l'espère. C'est une balance, universelle, qu'il faut accepter pour avancer.
-Mais parfois, avoue que le sort s'acharne sur certaines personnes.

Ambre ferma douloureusement des paupières et un silence entendu s'imposa de lui-même, plus vicieuse confirmation que la parole.

-Ritchie…

Le dresseur au pikachu, un peu perdu, leva les yeux vers elle. Il paraissait assez fatigué, le sommeil continuant de le fuir depuis leur retour.

-Tu veux que je te raconte une de mes histoires ?

Roigada soupira de l'autre côté du sentier, d'exaspération, en revanche, Ritchie, lui ricana :

-Pourquoi pas ?

Ambre se mit à caresser le dos de sa paume avec le pouce, dans un geste lent, cyclique, presque maternel, et elle débuta doucement, comme un murmure, un conte secret n'appartenant qu'à eux :

-Cette histoire, se déroule dans une dimension différente de la notre, où les Pokémons n'existent plus, où ils ne sont plus qu'essences, esprits veillants sur le monde. Et dans ce lieu, reculé, un jeune garçon recherchait sa maison.

Elle leva les yeux.

-Il en avait bien une, où des gens l'aimaient, s'inquiétaient pour lui, mais étrangement, là, il ne ressentait qu'un énorme vide, comme un masque de routine qu'il enfilait à chaque fois qu'il passait le seuil de sa demeure.
-Ce n'est pas vraiment une histoire très joyeuse, commenta Ritchie.
-Dis donc, tu la veux mon histoire, ou pas ? S'offusqua faussement Ambre. – Si tu n'es pas content, il ne fallait pas la demander !

Ritchie rigola rauquement, et il se laissa porter par l'écho lointain que devenait le timbre chantant d'Ambre.

-Le fait est que, beaucoup de personnes, ressentent ce genre de malaise. Ils peuvent avoir tout ce qui compose le bonheur, sans y gouter, le savourer. Ils peuvent s'en vouloir, ou bien garder cela au fond de leur être, la douleur reste présente, et elle grossit.

Cette fois, Ambre soutint le regard que lui lançait son Pokémon, accusateur, et elle relança doucement :

-Parce que parfois, on n'accepte pas le bonheur que l'on nous donne d'office. Parfois, on a besoin de le chercher, pour trouver celui qui nous convient. Il existe des milliards de bonheurs, qui s'entrelacent, telle une rosace incertaine, tout comme les individus, leurs choix…Les dimensions, le temps…

Elle sourit vaguement.

-Je vais te raconter l'histoire d'un garçon, désirant simplement survivre en ce bas monde, et qui malheureusement, s'y est perdu. L'histoire d'un garçon qui en un sens, n'a rien d'un héros, ressemble à n'importe qui…

Elle se tût, et sentit le souffle régulier de Ritchie dans son cou, assoupi. Le pouvoir de la main que l'on caresse avait encore marché ! Amusée, elle lança, faussement indignée :

-Et bien, normalement, une tragédie, ça n'est pas censé endormir les gens !

Sparky bailla bruyamment sur ses genoux, et Ambre gonfla sa joue, vexée.

-Et bien, tu t'y mets toi aussi !

Et cette fois, lui n'avait pas l'excuse de la mimine magique !
Le Pokémon la contempla, passif, et elle haussa des sourcils, avant de rendre les armes.

-Bon, bon, je suppose, que ce genre de propos philosophiques n'intéresse personne. C'est vrai, les gens veulent des héros contrôlant le temps, un héros au destin plus grand que lui. Ils ne désirent pas de petite histoire sur un homme comme eux.

Elle soupira, devant Sparky, de plus en plus perdu, alors qu'elle murmurait, pour elle-même :

-Pourtant, je trouve que la plus petite, et banale des vies, est déjà en soit, une aventure extraordinaire, tu ne trouves pas, Sparky ?

Le pikachu mêché, pencha la tête sur le côté, puis, il se roula en boule pour suivre son dresseur dans le pays des rêves, devant une Ambre, désabusée.

C'est à ce moment précis, qu'elle remarqua un rouquin qui se prenait la tête, en proie à une vraie combat intérieur, un peu plus loin sur le sentier.

Puisque tout le monde s'y mettait !

Sans véritable lien logique reliant les évènements qu'elle usait en tant qu'excuse, elle sortit une tablette de chocolat et en croqua un morceau généreux.

La troupe d'amis, passa sous le nez de la jeune fille, blonde, sans même la remarquer. Du moins, pour certains, Eléanore, se dirigeant vers les terrains pour livrer son combat, sentit son regard attiré étrangement vers le rebord du sentier, à l'endroit exact où se tenait Ambre. (Et le type qu'avait combattu Sacha lors de sa première ligue, endormi sur son épaule, ainsi qu'étrangement un Silver en train de manger un peu de chocolat en grommelant, le visage bas, masqué par sa chevelure flamboyante, malgré son humeur noire)

Eléa, perchée sur le dos de son Arcanin, Hope, frissonna une seconde, les prunelles écarquillées. Là, face à elle, la ressemblance la frappait. Cette fille blonde, qui riait, en tendant un nouveau morceau de chocolat à un Silver au plus bas, elle ressemblait à l'être éternellement chantant de la grotte Cristal. Bien entendu, comparé à la beauté atemporelle de la martyr, elle se voyait plutôt désignée comme une caricature aux traits grossiers, mais, les traits, la gestuelle, la forme de visage, jusqu'à son petit air absent…

Eléanore secoua la tête avec vigueur. Non elle disait n'importe quoi. Et puis quoi encore, comme si une personne pouvait conserver les caractéristiques d'une femme défunte, de son aînée de plus de 2 000 ans ? Elle siffla, et avec une caresse sur le museau, ordonna à Hope d'accélérer pour joindre les terrains. Oubliant son tourment si futile, et surtout, si fantasque.

Elle avait bien déliré, hein ?

Eléa jeta un coup d'œil suspicieux à la jeune femme, et celle-ci sembla capter son regard, elle lui répondit d'un signe de main naïf et innocent, avec un sourire béat lumineux.

L'héritière de Sarl tiqua nerveusement et s'empressa de partir vers le terrain. Vraiment, cette fille et son air de famille avec Eléanora, c'était flippant.

Alors que la dresseuse d'Ash se ruait loin de cette blondinette, un autre membre du groupe avait remarqué l'inconnue bizarre, sur leur territoire. Plus précisément, il avait remarqué la proximité du roux avec cette étrangère. Gold en aurait mordu, déchiré sa casquette.

Cristal observa son frère trépigner sur place, sur un rebord du sentier, fixant rageusement Silver et une blondinette, pas plus sexy que ça. Elle arqua un sourcil.

-Tu viens, Gold ?
-Regarde-le !
-Quoi ?
-Lui ?
-Qui ?
-Eux !
-Hein ?
-RAH EUX LA-Bas !

Gold pointa un doigt accusateur, écarlate, rouge de jalousie, les joues en feu, vers le groupe qui ornait le chemin. L'air de dire :

Voilà, il le laissait deux minutes, en pensant qu'il avait besoin de s'esquiver, de solitude, de calme, et il le retrouvait au bras de la première nana pas trop mal qui traînait. Don juan de mes deux !

Cristal croisa les bras avec un soupir, peu convaincue, et surtout, lassée. Elle désirait assister au combat, et voir Nathaniel se prendre une raclée virtuelle pour ce qu'il avait osé dire.

-C'est qu'il a l'air aux anges ce con en plus ! Grommela Gold, de plus en plus stressé.

Cristal laissa couler son regard sur Silver, le rouquin continuait de se cacher derrière sa crinière flamboyante, tout en mangeant du bout des lèvres, prostré par terre, accroupi, comme un gamin puni. Elle confirma sceptique :

-L'a plutôt l'air au bord de la crise de nerf.

Coup dans l'eau, Gold l'ignora royalement, et celui-ci renvoya :

-Regarde en plus, il a pris une fille qui fricote déjà avec un autre mec ! Une vraie nympho ! Elle pense qu'à le mettre dans son lit ça se voit c'est écrit sur son visage !

Nouveau roulement de tête, et Cristal pragmatique, réaliste, analysa en avisant la mine comblée de la blonde :

-Elle a plutôt l'air plus obsédée par son chocolat que par les mecs.

C'est vrai quoi, avec le canon qui lui dormait dessus, avec une tête posée sur l'épaule, sa main dans la sienne, elle pourrait profiter. Si Lucas avait été à sa…

Cristal se pinça les lèvres pour éviter d'autres médisances, par solidarité féminine. Elle avait déjà vécu ça, elle n'avait pas osé faire comme dans les mangas et embrasser le bel endormi par timidité.

Elle se détestait ! Raaah, pourquoi n'avait-elle pas osé !?

La sœur s'emportait dans un délire, et son frère dans un autre, quel bel esprit de famille. Et sincèrement, mieux vaut rester dans l'esprit emplis de regrets de Cristal, parce que vu les échos que faisaient Gold devant son illusion générée par la jalousie –non il n'était pas jaloux juste inquiet pour Silver – c'est ça – c'était pas beau à voir. Si mièvre et niais que l'on risquait une carrie rien qu'en regardant.

« Silver on t'as jamais dit de pas accepter de chocolat de la part des inconnus ! Et le médoc du violeur alors tu connais pas ? – IIH ! Mais qu'est-ce que tu fais, recrache ce chocolat tout de suite ! Toooi je t'interdis de lui en donner ! La blonde reprend ton chocolat ! NOOON NE l'embrasse pas pour lui reprendre je te l'interdis ! AHH ! Mais c'est pas vrai ça fait trois ans que j'attends et elle, elle reste trois jours et elle l'embrasse déjà pour du chocola- c'est pas juste ! IIH ! RECRACHE ! RECRACHE ! Nymphomane brûle en enfer ! Arrêtez de vous becotteeeer ! »

A noter, que Silver et Ambre, gardaient depuis le début du délire, une distance entre eux d'au moins un mètre, et qu'elle se contentait de lui filer quelques carrés de chocolat de temps à autres.

-Vous avez besoin de vacances monsieur Gold.

Le brun sursauta, son cœur faisant une embardée plus que violente à l'apparition de Chris et Angie.

-M-Mais…M-mais elle est en train de le dragueeeer ça se voit ! Normalement c'est les mecs qui offrent des chocolats aux filles ! Pas l'inverse !
-Et bien offre lui du chocolat alors, esquiva Cristal.
-T'as pas entendu ? Je suis un mec je vais pas offrir du chocolat à Silver à un autre mec !
-Avec ces cheveux, ça peut passer.
-Ne traite pas Silver de fille !
-D'accord je vais te traiter toi, de fille alors, parce que franchement là, c'est déprimant de t'entendre piailler !

Un silence s'imposa entre la fraternité Heart, seulement entrecoupé par leurs respirations saccadées et leurs petites plaintes agacées. Christopher toisa l'un, puis l'autre, puis lâcha tout guilleret :

-Ne vous en faites pas monsieur Gold, Silver a juste besoin de temps il réalise juste-

Angie se jeta sur son ami pour lui éviter de vendre la mèche et répondit aux regards interloqués par un sourire nerveux, et un ricanement plus que suspect.

-Il veut juste dire, que votre patience va être récompensée Monsieur Gold. Je suis certaine que le feu vert ne va pas tarder, il faut juste y aller en douceur et gentiment ! Articula-t-elle.

La frimousse de Gold fut comme frappée par l'espérance divine, et cristal en bondit de terreur tant elle crut voir un troisième Chris et Angie apparaitre en son frère, avec une mine si larmoyante de bonheur innocent. Cependant la gamine ne perdit pas le nord, et elle s'empêcha de demander :

-Et moi, vous croyez que le feu vert approche avec moi ?
-Bien entendu ! Arangèrent les deux énergumènes, ignorant totalement de quoi il était question et agissant plutôt par pur réflexe.

Une seconde plus tard Cristal avait embarqué son frère avec elle, pour se ruer vers les gradins du match qui se préparait, parce qu'elle devait absolument être à côté de Louka pour ne pas louper le feu vert.

Christopher et Angèle sourirent, attendri.

Puis ils virent soudain rappliquer Gold à toute vitesse ; le regard déterminé, en criant : « Mais j'vais quand même donner une leçon à cette voleuse ! », avant de se faire choper par la peau du cou par sa frangine, et littéralement traîné en arrière malgré ses protestations de gamin jaloux.

A quelques pas de là, Ritchie se réveilla doucement, sur l'épaule d'Ambre, et sursauta :

-Oh pardon, je me suis endormi ! Bafouilla-t-il.

Ambre secoua la tête, et ôta une de ses oreillettes de son Mp3, avant de sourire :

-Tu avais l'air très content, tu as fait un beau rêve ?
-J'ai rêvé de ma sœur Brigitte et de ma mère. Et toi qu'as-tu fait ?
-Je me suis fait un nouveau copain !

Tic, Ritchie tourna lentement la tête dans la direction que lui présentait Ambre et tomba nez à nez avec un Silver au trente-sixième dessous, et surtout, au bord de la crise de foie, pour overdose de chocolat –personne ne refusait ce que lui proposait généreusement la blonde-

Largué, parce qu'il avait eu le malheur de s'endormir, et aussitôt remplacé pendant sa sieste. Quel petit ami pathétique il faisait.

-Oh, Ritchie, regarde, là-bas, on dirait qu'un match commence ! S'enchanta Ambre sans se soucier de la tension à sens unique qui s'instaurait entre son petit ami, et son camarade roux qui broyait du noir.

Les jeunes hommes écoutèrent la remarque, et leurs iris se posèrent sur l'évènement lointain et encore flou se jouant à l'horizon. Etrangement, leur animosité, morosité, s'envola, et un sourire mystérieux, passionné étira leurs lèvres.

Les dresseurs étaient, après tout, faits du même bois.