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Destins liés ~Crépuscule~ de fan-à-tics



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» Auteur : fan-à-tics - Voir le profil
» Créé le 24/09/2010 à 19:47
» Dernière mise à jour le 24/09/2010 à 19:47

» Mots-clés :   Présence de personnages de l'animé   Présence de poké-humains   Présence de shippings

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Episode 58 : Ou l'enterrer...?


Yosh, je suis venue, j'ai vu et j'ai…


Eléa : Rien fait !


…En effet, j'ai pas avancé, je bloque sur le premier chapitre qui ouvre le dénouement, le film…Mais bon, ça reviendra, en attendant, je vous offre le chapitre qui suit, j'espère que ce sera le dernier avant le dénouement…


Sam : il serait temps, en effet.

Lucas : à la base ça devait être une fic courte.

…Ca ne l'est pas. Ah-Ah. Et même quand j'aurais fini le dénouement, j'ai un bon nombre de bonus à vous écrire, des histoires sans importances, des scènes de la vie de tous les jours, qui n'auraient fait qu'alourdir l'intrigue principale. Donc bonus, de fin. J'espère que ces bonus vous plairont.

Les nouvelles prévisions pour le tome 2 :


-Aucun camp n'est MAUVAIS ou BON.

-Il y a par contre, Un seul et Unique méchant dans l'histoire. Ce n'est pas forcément celui auquel on songe



Voilà, sur ce je vous souhaite une bonne lecture !



-Episode 58-

Les dresseurs étaient, après tout, faits du même bois.



Pourtant, certains d'entre eux, aux abords du match, ne paraissaient pas aussi enchantés qu'eux par la rencontre, bien au contraire.



Lucas plissa des yeux, embêté, là, au premier rang, aux côtés de Samantha, entre sa meilleure amie et Cristal, très exactement, soupira d'appréhension. Il leva la tête, penaud, vers le terrain, et contempla de nouveau le désastre, dans toute son ampleur.



D'un côté, Daniel, pâle, qui de toute évidence avait du mal à se tenir sur ses jambes, et surtout à faire face à sa petite amie, puis d'un autre, Eléa, droite, appuyé sur l'encolure d'Arcanin, déterminée. A droite, Ramoloss, le meilleur Pokémon du Kazamatsuri, à gauche Evoli, sans surnom, non évolué, petit dernier joyeux de l'équipe de l'héritière Sarl. Cette bataille, n'était rien d'autre que de l'intimidation pure et simple ; Eléanore allait surplomber Danny pendant tout le combat, appuyer sa force et sa supériorité comparé à lui, enfonçant le couteau qu'avait déjà utilisé Nathaniel pour poignarder son fils.



Définitivement, Lucas ne comprenait pas le but de ce défi.



-C'est quand même incroyable, je croyais qu'Evoli était vraiment pas terrible, commenta un garçon derrière lui.

-Oui je m'attendais à mieux avec Eléanore, c'est juste un combat de minus là, un ramoloss, contre un évoli. Aucun évolué, même si c'est Eléanore qui se bat, je crois qu'on va s'embêter, continua un autre, que Lucas connaissait, un certain Trax, grand tige, se prenant pour un héros, et bête noire d'Eléanore également.



Samantha fronça des sourcils furieusement et elle cracha froidement :



-Vous ne comprenez rien du tout. Ce n'est pas parce que ces Pokémons n'ont pas évolués qu'ils sont inintéressants. Chaque dresseur a une raison qui lui est propre pour prévenir de l'évolution de leurs Pokémons.



Elle envoya un regard noir, digne de son frère, aussi froid et acéré que de l'acier, aux deux importuns.



-Eléanore refuse de faire évoluer son évoli pour qu'il puisse lui-même choisir quelle évolution lui convient. Daniel a sûrement une autre raison. Cela ne veut pas dire qu'ils sont mal entraînés.

-Oh la calmos, Sam, on a…

-Si tu veux savoir, mon Libegon a perdu hier matin contre l'évoli d'Eléa. Acheva Sam, intransigeante.



Cela eut au moins le mérite de couper le sifflet aux deux autres.



-Dis, Louka, toi qui est l'ami de Daniel, tu peux me dire, un peu, s'il est fort en combat ? Interrogea Cristal avec un sourire crispé.



Lucas grimaça, et ses poings se serrèrent alors qu'il murmurait :



-Non, Daniel est très nul en combat Pokémon.



Cristal ouvrit la bouche, surprise, et la referma, les yeux ronds, perplexe.



-Donc il a aucune chance ? Hasarda-t-elle.

-Je ne dirai pas ça. Contesta Samantha. – Le ramoloss de Daniel a peut être, dix ou quinze niveau de plus qu'Evoli, il aurait toutes les chances de l'écraser, logiquement. Mais…Daniel ne joue pas offensif, c'est à demander s'il combat vraiment en fait.



Devant la mine ahurie de Cristal, Lucas ajouta, tristement :



-Daniel n'a jamais aimé la moindre compétition. Petits, la simple idée de faire la course, l'option qu'il y ait un vainqueur et un vaincu entre nous deux, le gênait. Contre des amis, Daniel ne veut…tout simplement pas hiérarchiser je pense. Contre les ennemis, il s'en sort, parce qu'il se fiche éperdument des règles dans ce cas. Mais contre un ami, c'est différent.



Et Lucas observa les deux dresseurs qui essayaient d'expliquer la situation à leurs Pokémons, pour débuter le combat, ils venaient de convenir d'un match 2 vs 2, avant d'ajouter, sifflant entre ses dents :



-Je ne comprends vraiment pas, pourquoi Eléanore a voulu d'un tel match. Elle va juste…Forcer Daniel à établir un rapport de force entre eux. Il ne la verra plus du tout comme avant, comme amie.



Samantha ferma les paupières, et inspira profondément, sereinement, songeant aux paroles que lui avaient confié Eléanore pendant leur tête à tête.



-Peut-être…Que c'est justement l'intention d'Eléanore.



Cette fois, Cristal et Louka sursautèrent, Gold lui-même, très peu pris par la conversation fut tiré de ses rêveries par la réplique.



-Qu'est-ce que tu insinues ? Bafouillèrent-ils.

-je crois…Qu'Eléanore sait parfaitement ce qu'elle encoure comme risque. Et je crois même que c'est ce qu'elle vise. Elle veut que Daniel se reprenne, se force à affronter ses problèmes. Et Je pense, qu'elle va se battre au maximum de ses capacités, quitte à l'écraser, pour lui montrer, qu'elle ne sera pas un support pour lui. Qu'elle veut qu'il se relève seul.



Elle tressaillit et se pinça la joue, peinée.



-Parce qu'elle ne sera pas toujours là. Répéta-t-elle faiblement.



Un silence tendu s'installa entre eux, profond, solennel.



-Dans ce cas, c'est un combat de sentiment. Analysa Cristal, au bout d'un moment, anormalement grave.



Samantha dévisagea la cadette des Heart, qui se concentrait sur le combat à venir avec une ardeur, un sérieux inhabituel, occultant même la présence de Lucas dans sa contemplation. Elle sentit sa poitrine se compresser. La sœur de Silver frissonna légèrement en reportant son regard sur son professeur, Yuki, non loin d'elle, à quelques sièges de là, les yeux clos, les bras croisés, attendant simplement le verdict.



Un combat de sentiment, hein ?



Cette année, allait être celle de ses 18 ans, et pourtant, elle n'osait toujours pas l'entreprendre avec l'être qu'elle aimait depuis sa plus tendre enfance. Elle blâmait les autres de couardise, mais elle ne valait pas mieux en vérité.



Il était peut être temps, qu'elle interrompt les préparatifs de la bataille et commence les hostilités elle aussi. Une anxiété écrasante broya son estomac, et elle admira Daniel de loin, le garçon mal à l'aise debout sur le terrain, faisant face au mur qui le bloquait depuis tant de jours.



Pourquoi, était-ce toujours si difficile, d'affronter ses propres démons ?



Samantha observa son amie, Eléa, de loin, qui acceptait d'incarner les rancunes de Daniel sans mot dire. Son appréhension se volatilisa aussitôt, remplacée par une confiance absolue, chaude et lumineuse. Dont les éclats, pouvait rendre dépendant qui que ce fut.



Comment parvenait-elle, à tenir encore debout, n'avait-elle donc pas elle-même, ses propres ombres à chasser de son sourire solaire ? Vraiment, sa compassion, digne de son prénom, risquait de la perdre.



-Evoli, attaque coup'd'main !



L'assemblée arqua un sourcil, en voyant le petit renardeau se jeter sur le ramoloss adverse pour lui tapoter gentiment la tête, l'air de lui assurer ses arrières alors qu'il se révélait son ennemi. Ce mouvement n'avait absolument aucun sens !



-Danse-pluie ! Répliqua Daniel aussitôt.



Lucas plaqua sa main sur son front, et grogna de frustration. En plus son camarade ne prenait même pas en compte, l'erreur de l'adversaire, qui venait, avec sa capacité, de lui monter son attaque physique. Akira prit son menton entre ses doigts, songeur, de même que Sam.



Bientôt, une fine bruine s'abattit sur le terrain, trempant le sable, le rendant plus lourd. Et Nathaniel grommela devant eux un « Bien joué, comme ça tu le ralentiras, cet Evoli ».



-C'est bien pensé, Eléa ne pourra pas faire son coup favori avec Evoli, qui consiste à enchaîner les jets de sable et disparaitre dans le nuage. Avisa Sam, lentement.

-Mais je ne comprends pas la raison de la première attaque. Maugréa Cristal.

-Connaissant Eléa, il y a surement une raison. Et à vrai dire, son coup peut servir dans quelques stratégies. Commenta la brune, en pleine réflexion, une ou deux options en tête.

-Mais il risque de se retourner contre elle ! Contesta Lucas.

-Sauf si Ramoloss n'a aucun coup offensif, physique.



La remarque inopinée de Yuki cloua tout le monde sur place, et ils se figèrent de stupéfaction. Maintenant qu'ils y songeaient, Ramoloss usait sans cesse d'attaque psy et non de la force pure.



Samantha ne put retenir un pouffement impressionné.



Même si elle ne voyait toujours pas où son amie désirait aller.



-Attaque Jet de sable Evoli ! Rugit Eléa d'un mouvement ample du poignet, un large sourire aux lèvres.



Le Pokémon se précipita vers son opposant, et d'un dérapage contrôlé, naquit une gerbe de boue flasque et lourde. Ramoloss réagit immédiatement à l'ordre de son dresseur, et il envoya un psyko pour stopper l'attaque. Il refusait tout bonnement de voir sa précision diminuer drastiquement.



Lucas en eut le souffle coupé. Daniel planifiait une attaque, prévoyait une offensive ? Il montrait un tant soit peu de combattivité, qui plus est, contre Eléa ? Pourtant, le gamin affichait un air neutre, totalement impassible.



-Continue Evoli ! Encore une fois ! Je veux un vrai nuage ! Argua Eléa dans un rire.

-Tu n'y arriveras pas avec cette pluie petite ! Se moqua Nathaniel ouvertement.

-Et vous, je vais vous montrer que vous vous plantez souvent ! Rétorqua la gamine, sèchement. –Allez Danny, réplique un peu à ça !



L'adolescent pencha la tête sur le côté, légèrement étonné. Son mollusque rose, stoppait toutes les offensives sablées de l'adversaire, et bientôt, une vraie masse de terre suintante, gorgée d'eau, flotta dans les airs, tout autour de lui.



Il grimaça imperceptiblement, tandis que le regard de Sam s'illumina.



Elle surchargeait le ramoloss de terre, pour occuper son esprit, elle lui envoyait un leurre sur lequel ses pouvoirs psychiques se heurteraient ! Maintenant, le Pokémon ne pouvait plus relâcher son attention de la masse, sans risquer de se prendre toutes les attaques qu'il retenait depuis tout à l'heure, et voir sa précision réduite à zéro avec tous ces jets de sable ! Elle le coinçait peu à peu.



-Ramoloss, commence à diminuer ton psyko peu à peu, ordonna Danny, conscient du danger.

-Evoli, ferme les yeux et vive-attaque !



Nathaniel se mit instinctivement en position de combat, interloqué. Le petit renard se mit alors à tourner autour de la masse de terre que retenait Ramoloss emprisonné dans son entrave. Le noyau lumineux, l'aura bleuté se tordit, malmené par la force de l'adversaire. En créant un véritable tourbillon boueux, grâce à la vitesse de la vive attaque, elle prévenait tout relâchement de la part de ramoloss. Elle le gardait enfermé dans sa stratégie.



Si stratégie il y avait…



-Allez Daniel, il va falloir faire plus que ça, pour m'avoir ! Ricana Eléa en jetant une œillade brillante à son petit ami. – Tu lui en veux oui, ou non ?



Miyu derrière le dos d'Eléa, soupira de consternation, avec une tête de mule pareille…



Pourtant, la jeune adolescente, les genoux flageollants, se rattrapa au pelage de son Arcanin de justesse pour s'empêcher de faiblir dans sa conviction. La douleur lancinante qui ne la quittait plus depuis trois ans, palpitant dans sa poitrine et incendiant ses poumons. Elle s'empêcha tout relâchement, jusqu'au clignement de paupières, elle savait, que le moindre pas en arrière, même une simple inspiration, les yeux clos, menait irrémédiablement à une perte de connaissance, une défaite contre la maladie. La voix rauque, elle rajouta :



-Hey, Fiston, qu'est-ce que t'as à me dire alors ?



La pique sembla sortir légèrement Daniel de sa catatonie quotidienne, et il serra les poings, jusqu'à ce que ses phalanges en blanchissent. Malheureusement, cela ne changeait rien à sa situation, Eléanore avait le champ libre pour l'attaquer, elle pouvait altérer le tourbillon pour que dès qu'il relâche l'aura psychique, la force contenu se déverse sur ramoloss…



Daniel se gratta la joue, et fronça les sourcils, son expression faciale arborant enfin un caractère, une trace d'émotion.



-Et alors, quoi ? T'es toujours aussi lent ! Souffla Eléa avec une expression, purement méchante, que Sam ne lui aurait jamais cru capable de faire. –Evoli Morsure !



Le Pokémon renardeau fit un dernier tour sur lui-même, et se servant d'un virage contrôlé comme support, il bondit, pattes en avant, crocs acérées luisantes. Pourtant Daniel rétorqua aussitôt, presque tranquillement :



-Ramoloss entrave sur évoli !



Le Pokémon psy déplaça la force paralysante de son esprit, du sable, à évoli, le stoppant net en plein vol. Les sables, libérés du psyko, trop proches des deux Pokémons, chutèrent sur les deux adversaires, et s'estompèrent dans la boue. Les touchant autant l'un que l'autre. Le leurre venait de tomber.



Evoli s'ébroua, toujours pétrifié dans son saut, et il ferma les yeux aveuglés. Pourtant, Eléanore leva le bras et lâcha rageuse :



-Si tu n'es pas offensif tu vas perdre…Jimmy !



Cette fois, Daniel s'empourpra alors que le sourire d'Eléa s'élargissait. Nathaniel crut reconnaitre en l'attitude de la jeune fille, quelqu'un, sans vraiment mettre un nom dessus.



Pour l'instant, ton Pokémon est aveuglé jeune fille. Contrairement à Ramoloss qui utilise son mental pour se repérer, toi tu as un move-set physique, tu es désavantagé. Ton Pokémon ne pourra plus atteindre son adversaire. Tu n'as plus aucune précision et tu es coincé dans les airs. Mauvaise tactique. Tu as perdu. Songea-t-il cependant, avec morgue.



-Evoli, attaque Puissance cachée, Maintenant !



Sam se redressa subitement, les prunelles écarquillées. Bientôt, le poil du Pokémon évolutif s'hérissa, puis s'illumina, jusqu'à ce qu'une myriade de petites sphères lumineuses pulsent autour d'elle, telles des lucioles. Dans un cri, une pluie de sphères se jettèrent aux quatre coins du terrain. Et l'une d'entre elle, dans la multitude, toucha ramoloss qui recula dans un bruit de Gong.



-Adaptabilité…Rend l'attaque plus puissante…Marmonna Sam, comme réalisant l'avenir de ce match.



Le Pokémon rose eut le malheur, dans l'estoc, de relâcher lentement la pression de son entrave, et évoli atterrit sur ses pattes. Eléa dévoila alors un rictus vainqueur, avant de souffler :



-Evoli, Dernièrecour !



La raison pour laquelle elle avait utilisé coup'd'main au début, était juste pour pouvoir lancer cette capacité, qui ne fonctionnait qu'une fois toutes les autres échouées. Eléa avait prévu que Daniel ne se laisse pas atteindre par aucune de ses avances, et cela, dès le départ.



Le Pokémon renardeau leva la tête, et les spectateurs virent les fantômes des anciens mouvements du combat, apparaître devant eux, pour se matérialiser peu à peu, et dans un vrombissement, frapper de plein fouet le Pokémon Mollusque.



-Psyko Ramoloss ! ordonna Daniel.



Malheureusement, il ne pouvait guère stopper les spectres immatériels des échecs précédents d'Evoli. Et ce ne fut que grâce à son sang froid, qu'il perçut l'ordre à demi camouflé d'Eléa derrière cette cohue.



-Vive-attaque !

-Ramoloss Abri ! Lâcha-t-il aussitôt.



La créature, rudement affaibli, para d'une coque protectrice verte, l'offense, et pourtant, Eléa souffla :



-Je t'ai dit d'être offensif si tu voulais gagner ! EVOLI MORSURE !



Et si la défense avait paré le premier mouvement de cet enchaînement, il n'en fut rien, du deuxième, le Pokémon évolutif mordit sauvagement son opposant, qui s'effondra bientôt au sol. Epuisé.



Daniel alla le chercher sur le terrain, sous la pluie battante, et il le prit dans ses bras en s'excusant simplement.



-Tu t'en tireras pas avec de fausses excuses.



Les mots acides coulèrent dans son dos, aussi froid que les gouttelettes de l'averse artificielle, traversant ses vêtements, atteignant ses os. Eléa le fixa gravement et répéta :



-Ton Pokémon s'est battu pour toi. Ici, comme il y a trois jours. Il a fait tout son possible pour te maintenir en vie. Tu imagines, ce que ça a du être, de voir son dresseur sur le point de se noyer, sans être capable de lui venir en aide ? Tu n'es pas désolé Daniel, si tu l'étais, si tu voulais aider ton Pokémon, il fallait lui donner les bonnes instructions, et le faire gagner.



Lucas souffla un « aouch » compréhensif, et cristal se mordit la lèvre inférieure. Daniel, coupable, blêmit, puis se détendit doucement, comme soulagé, avec un sourire désespéré. Sans un mot de plus, juste caressant le museau de son Pokémon, il le rappela dans sa pokéball et sortit Gobou.



Le Pokémon amphibie se plaça, son antenne tendue, avec rancune, permettant à son dresseur de revenir à sa place derrière lui, bien décidé à défendre l'honneur de son maître.



-Si tu te bats comme ça, tu ne gagneras jamais. Clama Nathaniel.

-Vous la ferme, on vous a pas sonné ! Le rembarra aussitôt Eléa en demandant à Arcanin de rejoindre le terrain.



Nathaniel cette fois, sembla dépassé. Sam quant à elle, revigoré, trépigna d'exaspération :



-Bon sang Eléa, ça fait trois ans que tu combats et tu ne retiens toujours pas la table des types ! Arcanin est de type feu, il n'a aucune chance contre un Pokémon eau et sol ! Tu es impossible !

-Pourquoi j'aurais besoin de la retenir puisque je m'en sors très bien comme ça ! S'offusqua la gamine sur le même ton, virant à l'écarlate, et snobant Nathaniel.

-Parce qu'un jour tu te feras battre à cause de ton ignorance !

-Mais surement pas par toi en attendant nanananaaaa !

-RRR ! Utilise au moins l'attaque flair d'Arcanin pour empêcher Daniel d'esquiver toutes tes attaques !

-Et puis quoi encore ! Vas-y prend ma place tant que tu y es ! Puisque c'est ça, j'utiliserai pas cette tactique DU TOUT !

-RAAAH tu es impossible !

-C'est MON combat !



La puérilité de la bataille tira quelques rires nerveux aux spectateurs, mais ceux-ci, comme si en ôtant leurs regards de lui, ils l'autorisaient à respirer de nouveau, semblèrent tirer Daniel de sa torpeur.



-Quand j'étais dans l'eau…Commença-t-il lentement.



Samantha se souvint de la pluie battante, qui donnait un avantage essentiel à Gobou, et elle se demanda une brève seconde si le Kazamatsuri comptait depuis le début, sur le petit bébé Pokémon.



-Hope, Lance-flamme ! Ignora Eléa.



Le Pokémon poisson perçut le signe silencieux de son maître, de la main, et il se protégea d'un Abri vert translucide.



Daniel haussa le ton, très peu impressionnée par le brasier suffoquant qui submergeait son starter de Hoenn.



-J'ai vraiment cru que j'allais y passer ! J'ai vraiment cru que j'allais couler ! Cette eau qui m'avait toujours semblée réconfortante, lumineuse, est brusquement devenue toute noire, elle m'attirait vers le fond et je ne pouvais rien y faire ! Un énorme nuage d'encre me traînait vers le bas malgré mes efforts, malgré mes Pokémons, à mes côtés. Tout était comme paralysé ! Plus rien ne fonctionnait correctement !



-Vite-extrème Arcanin ! Occulta Eléa les lèvres serrées.



Le Pokémon chien accéléra, et dans un flash aveuglant, passa directement derrière Gobou, ouvrit la bouche, et ravala le torrent de flammes qu'il venait de vomir un peu plus tôt. Sa capacité Torche s'activa, et il leva la gueule vers le ciel, l'incendie qu'il contenait en lui éclatant de puissance.



-Lance-flamme à Nouveau ! Ordonna-t-elle.



Hope recracha le venin qu'il venait de contenir sur sa proie, et Gobou relança de nouveau une attaque abri pour se protéger, la coque verte le couvrit juste à temps. Pourtant son dresseur continua sa diatribe, portant la main à son front, ses doigts se crispant nerveusement sur son crâne, comme désirant le percer, l'ouvrir et comprendre les méandres des pensées s'entremêlant, le noyant littéralement, en son sein.



-Et tu sais quoi ? Ricana Daniel, doucement. – quand j'ai cru que tout était perdu, que j'allais mourir. Je m'attendais à penser à quelqu'un. A ma famille. A toi, à Lucas ? A n'importe qui en fait. Et rien n'est venu. Juste le silence et le vide. J'ai pensé que ma disparition, n'avait tout simplement aucune réelle importance !



Eléa se crispa, et Arcanin réitéra sa même stratégie pour passer derrière Gobou, récupérer ses propres flammes, et les rejeter, plus flamboyantes, brûlantes encore, sur le petit être. Cette fois, par contre, Gobou n'utilisa pas Abri, il plongea sous terre sous l'injonction muette de son dresseur, et s'isola dans un tunnel, en même temps que Daniel s'exclamait :



-A quoi ça sert que je me sois battu jusque là ?



Eléa fronça les sourcils, et envoya sans chercher à répondre :



-Si tu ne sors pas de ton trou, tant pis pour toi ! Arcanin Danse-flamme dans le tunnel !



Un cyclone de petites braises se condensa autour du chien, zébrant son pelage de dorures ambrées. Puis dans un crissement, le tourbillon se jeta vers le chemin de fuite du petit Goboue. Et cette fois en revanche, Daniel, ayant perdu le contact visuel, répliqua promptement :



-Patience !



Puis il plaqua sa main sur son visage, catastrophé.



Samantha eut un rictus.



-Pourquoi a-t-il l'air si étonné ? Bafouilla Cristal, perdue.

-C'est le premier mouvement offensif de son combat. Expliqua simplement Sam.

-Mais non enfin, il a utilisé une attaque Pysko, ainsi que tunnel ! Se défendit la brunette.

-Tu ne comprends pas Cristal ? Je croyais que tu voulais faire médecine ? L'interrogea Lucas.

La cadette Heart s'empourpra et ce fut Yuki qui récita :



-Les attaques Pysko et tunnel peuvent être utilisés comme mouvement de défense. L'un baisse les stats, et l'autre, peut, dans certain situation, permettre à son dresseur de fuir un lieu. Elles n'impliquent en rien, un mouvement de riposte, contrairement à l'attaque patience.

-Tu comprends, Enchaîna son élève, complice, l'attaque patience, est une capacité qui apprend au Pokémon à encaisser les coups, à gonfler ses muscles jusqu'à saturation. C'est un peu comme si on te demandait de retenir ta respiration le plus longtemps possible. Une fois que tu as atteint ta limite, tu ouvre la bouche, et inévitablement, tu aspires une bouffée d'air. Là, quand Gobou atteindra sa limite, il relâchera tous les dommages atteints sur son adversaire, par pur réflexe.



Cristal écarquilla des yeux.



-Alors, tu deviens enfin sérieux ? Se ravit Eléa.



Daniel se tût et serra la mâchoire. La Sarl ajouta, dans un souffle, un sourire complice, empli de compassion pour la première fois du combat :



-Allez continue.



L'ordre implicite sembla retentir en Daniel, qui bafouilla prudemment :



-Quand j'étais dans l'eau, je n'ai pas pensé à vous, j'ai pensé aux promesses que je vous ai faites, le médaillon de Lucas, le cadeau de ton frère Eléa, et la demande de Makanie de ramener Harry au Qg. Je n'ai pensé qu'à ça !



Eléanore ferma les yeux.

Voilà, ils y étaient.



-Arcanin, Déflagration ! Hurla-t-elle en retour.



Le Pokémon sauta, se cabra, et envoya un déluge de flammes droit dans l'œil de son danse-flammes, le tunnel agit comme un catalyseur, et le sol se gonfla, se boursoufla lamentablement avant d'ouvrir sa gueule béante dans un cri d'agoni, recrachant cette vomissure bouillonnante, le petit Gobou, et autres monceaux de roches se liquéfiant sur place.



Le Pokémon poisson chuta, et roula sur quelques mètres, avant de se remettre droit sur ses pattes et de cracher une onde de choc par tous les pores de sa peau suintante. Le souffle assaillit les spectateurs et renversa le canin qui dut planter ses griffes dans le sable pour ne pas être totalement emporté.



Les crissements stridents, le sables qui vole en tous sens, brûlant, s'infiltrant partout, se calma lentement, pour laisser de nouveau apparaître, un Gobou fatigué, et un Hope, salement touché. Samantha sentit alors une étrange pression enserrer sa poitrine, qui lui coupa relativement la respiration. Elle se rendit compte que malgré les nuages noirs au dessus d'eux, plus une goutte de pluie n'atteignait les deux Pokémons.



-C'est bizarre…Marmonna-t-elle.



Elle fronça les sourcils. A vrai dire, Eléa avait joué étrangement depuis le début, n'utilisant que la fonction torche et autres attaques feus, cela ne lui ressemblait guère.



Yuki à ses côtés, porta la main à son nez, et marmonna un « Pouah, du dioxyde de carbone, ça pue » et Samantha comprit.



Les deux dresseurs adverses se toisèrent, puis leurs visages se crispèrent tour à tour, comme si une force, une douleur grossissant en eux, remontait doucereusement en eux.



Soudain, dans un cri, Daniel hurla :



-Et Harry est mort ! Malgré mes efforts, encore une fois, même si j'ai fait de mon mieux, ça n'a servi à rien !



Eléa afficha un rictus, alors que Daniel concluait, dans un juron enroué, dans une exclamation désespérée :



-Ils ont tous raison, j'suis pathétique !



Brusquement, il leva la main, et Gobou se dressa sur ses jambes arrières, pour générer, et projeter un puissant hydrocanon droit sur son ennemi. Le puissant jet sous pression fonça sur Arcanin, qui jappa piteusement, jusqu'au moment où Eléanore sourit et lâche, sûre d'elle :



-Lance-flamme Hope, et Fonce dedans, avec une attaque Bélier !



Le chien fléchit légèrement, puis bondit sans préavis, ouvrant sa gueule pour vomir de la vraie lave en fusion.



C'est alors qu'un phénomène étrange se produisit. Avec toutes ces combustions, l'air saturé en dioxyde de carbone, chauffa à blanc avec cette dernière étincelle, les molécules s'accélérèrent violemment et quand l'eau pénétra cette atmosphère suffocante, cet élément rapide, son rythme lent et fluide se disloqua. Le jet sous pression se vaporisa tout simplement en pénétrant cette fournaise. Et Hope, encouragée par son lance-flamme, grâce à sa capacité Torche, en ressortit, le pelage luisant, les muscles bandés. C'est sans effort qu'il heurta le petit Pokémon poisson. Une aura lumineuse entoura les deux créatures, et un son de Gong retentit.



Le petit Gobou roula, tourneboula sur quelques mètres, et atterrit durement. Vaillant, il chercha à se remettre sur ses pattes. Hope lui-même, tituba, touché par sa propre estoc. Et chose incroyable, il s'écroula. Eléanore arqua un sourcil, et souffla :



-L'attaque Effort ?



Daniel n'eut pas besoin de confirmer, ses doigts étaient encore en position pour donner le signe, l'ordre désespéré à son coéquipier. Rouge, il balbutia nerveusement :



-Je…Je m'y connais un peu en physique…moi aussi…

-Et avec le contre-coup de l'attaque Bélier, mon propre Pokémon s'est achevé…Malin…J'aurais du utiliser Retour. Grommela Eléa dans un rire.



Elle posa un regard attendri sur Daniel, et ajouta à voix basse, plus pour elle-même :



-Bien joué.



Avant de relever la tête :



-Tu vois que tu n'es pas pathétique !



Daniel se redressa, comme étonné par les propres paroles, et il ricana, en se grattant la joue :



-Je ne voulais même pas quitter la maison au début ! Je voulais rester dans mon quotidien, là où je connaissais le décor, où j'avais un tant soit peu de contrôle sur les évènements. Et pourtant j'arrivais pas à dire non à Lucas. Et finalement, j'étais plus heureux avec vous, j'étais enfin bien. Et pourtant je comprenais rien à ce qui m'arrivait, tout allait trop vite ! Je contrôlais strictement rien du tout. Et obéir simplement aux ordres ne suffisaient plus. Je ne comprends même plus ce qui me rend heureux ou malheureux…



Gobou revint vers son maître en quémandant une caresse, et soudain, le corps du petit Pokémon poisson étincela, lentement, l'amphibie se dressa sur ses patte arrière alors que ses membranes, et autres membres croissaient de manière déraisonnable.



Daniel devint livide.



-Ma-Ma pierre stase.



Il tâta instinctivement son dos, mais il ne rencontra pas les poches rassurantes de son sac à dos, il se raidit et continua à bredouiller, tombant peu à peu à genoux :



-N-No-non…Ma pierre… !



Il chercha ses poches, vides, et rata une inspiration. Son regard vairon se reposa sur son Pokémon, et il secoua la tête :



-N-Non gobou s'il-S'il te plait…



Mais c'était déjà trop tard, le métabolisme du type sol-eau cessa de luire, pour laisser apparaître un Flobio flambant neuf. Daniel sursauta nerveusement, et quand son Pokémon avança vers lui, il eut un mouvement de recul immédiat qui scia son partenaire.



Nathaniel dans l'assemblée, grommela un « chassez le naturel, il revient au galop » neutre. Et cette fois, Cristal lui envoya la première chose qui lui tomba sous la main à la figure, les lunettes de son frère. Celles-ci heurtèrent le crâne du champion dans un son creux, quelques protestations de Gold, et un sourire de Lucas.



-Daniel. Lâcha autoritaire Eléanore. –C'est exactement le même être que l'était Gobou ! Il a juste grandi !



L'adolescent tourna la tête vers lui, et avec un pâle sourire, si triste en comparaison de son habituel regard de shooté, il bredouilla :



-Je…je comprends pas…Encore une fois, je ne sais pas ce que je dois ressentir…Je…Je…



Son poing se crispa dans l'air et il plissa les yeux jusqu'à s'en faire mal.



-Je suis sensé être malheureux pour Harry, plus que pour moi ? Je-Je suis censé être heureux du match-nul ? Je suis c-censé avoir honte ? Et-Ou- pour m-mon Pokémon ? J-Je…

-Tu n'as pas à…Commença Eléa.



Celle-ci voulut faire un pas vers lui, en avant, et dès que son pied toucha le sol, dès qu'elle tenta le moindre appui, un pic souffreteux traversa sa poitrine jusqu'à lui couper le souffle, tout le dioxyde de carbone qui stagnait sur le terrain emplit ses poumons à lui en déchirer les bronches. Elle s'écroula aussitôt. Une exclamation craintive de la part de la foule, mais déjà Daniel se trouvait aux côtés d'Eléa à la redresser doucement, tendrement.



La Sarl profita d'une bouffée d'air et de ce mouvement pour le saisir par le col, pour déclarer, le timbre rauque, entrecoupé de soubresauts :



-Pourquoi tu veux absolument comprendre ce que tu ressens ? Tu ne peux pas te laisser simplement porter ? Regarde-toi, j'ai à peine trébuché que tu es là. Ton corps sait déjà ce que tu veux, avant même que tu le comprennes.



Daniel fronça les sourcils, et Flobio, qui avait suivit son maître, se plaqua contre sa jambe avec inquiétude sans qu'il n'émette le moindre frisson cette fois. Eléanore lui sourit gentiment.



-Hé, je crois, que t'es vraiment pas mal amoché, hein… ? Je vais te dire un truc Daniel.



Ses iris d'émeraudes rencontrèrent les pupilles vairons de son petit ami alors que les spectateurs les rejoignaient un à un dans un consensus chaotique. La dresseuse d'Ash souffla alors :



-Tu as le droit d'être heureux, peu importe ce qui t'arrive, tes sentiments n'appartiennent qu'à toi.



Puis son regard se fit plus sévère, et quand on lui envoya un « ça va ? » inquiet, elle rétorqua, furieuse, en pointant Nathaniel du doigt :



-Toi tu es le prochain sur ma liste ! Dès que je serai remise en forme, je te défie, et je vais te battre !



Nathaniel arqua un sourcil, puis observa son fils, qui, contre toute attente, enlaça Eléa avec un demi sourire, presque sincère. Il soupira et se massa la nuque dans un gémissement désespéré :



-Bon, bah je crois que je vais rester là encore longtemps…



Qui se vit bientôt renvoyer :



-Je vais vous virer avec un coup de pied au derrière, vous allez voir.



Dont on n'a nullement besoin de révéler l'auteur.



Samantha observa le couple, entouré par un Lucas soulagé, une Cristal plus qu'enthousiasme, un Hope, désolé d'avoir perdu. Mais surtout, surtout, elle admira Yuki, qui les bras croisés, murmurait que finalement, le petit allait peut être se remettre du choc.



Et bizarrement, même si Nathaniel clamait que son fils venait de faire une crise nerveuse, et une rupture psychotique, elle, elle y croyait.



Oui en voyant Daniel ainsi serrer Eléa dans ses bras, essayant de tousser loin d'elle pour éviter de la contaminer, en recevant l'accolade avec un pauvre rire, et se laisser enlacer...



Elle parvenait à y croire.



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Sacha Ketchum, dresseur de son état, quand il pénétra dans l'arène d'Azuria, ne s'attendait pas du tout à ce qu'il allait y trouver. Pourtant, plusieurs indices auraient du lui mettre la puce à l'oreille, mais tout occupé qu'il était à manger un hot-dog, tout en papotant avec son pikachu, le cœur léger, il n'y prêta pas attention.



Quand la porte de derrière s'ouvrit simplement, sans même qu'il utilise ses clefs, quand il sentit la légère odeur de brûlé dans la cuisine…Non.



Ce ne fut que quand il appela Ondine, innocemment, lui demandant si elle savait où il avait laissé son sac hier, après être rentré, et que personne ne lui répondit, qu'il commença à s'inquiéter. D'un pas plus ou moins anxieux, sa mauvaise foi lui soufflant qu'elle pouvait très bien être au sous-sol et ne pas l'entendre aussi, il arriva dans la véranda.



Pour le coup, il en lâcha son repas, qui s'écrasa comme une masse sur le carrelage défoncé entourant la piscine. Pikachu sauta de l'épaule de son maître pour se ruer vers le bassin dans un gémissement apeuré. Ondine se tenait sur le rebord, l'air épuisée. Le sang de Sacha se glissa.



-Ondine ! Hurla-t-il en se précipitant vers elle.



Il la prit dans ses bras, mais elle garda la tête baissée, l'expression cachée par sa chevelure. Il remarqua une piqûre à la base de son cou, purulent méchamment.



- Qu-Qu'est-ce qui s'est passé ici ?



La championne d'Azuria frissonna, et Sacha tressaillit, par réflexe il la cala contre lui et l'entoura de ses bras, tout en scrutant la pièce à la recherche d'ennemi improbable, quand soudain, une petite voix sourde s'éleva :



-Ils sont venus pour ton pokédex…Mais j'ai réussi à les faire fuir avec Leviathor…Ils sont partis par la porte d'entrée.

-Ondine, ça va ? Trembla Sacha ne pouvant camoufler un sourire en percevant sa voix.



La rouquine plongea son regard à la couleur aussi changeante et envoutante que l'océan, et son expression se durcit.



-Si ça va ? Tu me demandes si ça va ?



Elle ricana. Et Effectivement, le champion de la ligue se sentit stupide, de poser une telle question, alors qu'il voyait un fin sillon carmin s'écouler le long de la nuque de la jeune fille et que ses veines bleutées marbraient sa peau. Il grimaça, et chercha aussitôt la pokéball de son Etouraptor pour l'emmener aux urgences quand la rouquine explosa.



-REGARDE l'ETAT DE MON ARENE !



Il avisa alors la véranda trouée, les vitres brisées, les débris s'accumulant dans les skimers de la piscine, et les monceaux de murs, de sols, totalement dévastés. Ondine plaqua sa main dans ses cheveux et hurla :



-CA VA ENCORE COUTER UNE FORTUNEEEE POUR TOUT NETTOYER !



Et si Sacha n'avait pas été aussi soucieux, préoccupé par la blessure de la rousse, qui de toute évidence, avait été causée par un Pokémon poison et nécessitait des soins, il en aurait ri. Au moins, il y avait plus de peur que de mal.



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Ebenelle, la patrie des Dracologues d'Exception, comme on se plaisait à le dire, très sincèrement, à part les cahutes, à la rustique, le style d'hommes des cavernes, et l'arène, il n'y avait strictement rien à faire dans cette ville. Les habitants se montraient juste soit très agressifs, soit avides de pouvoir. Les gamins manquaient de se tuer chaque jour passé à crapahuter dans les montagnes, quand on ne les envoyait pas directement en première ligne dans l'antre du Dragon.



Et bien évidemment, il fallait enterrer Harry, dans un endroit pareil ?



Peter avait du mal à comprendre, définitivement, quel outrage de plus, on pouvait bien lui faire, aller jusqu'à l'enterrer à côté dans une plate-bande familiale, qui ne comptait rien de moins que les types qui lui avaient détruit la jambe en le forçant à prendre la voie des combats.



-Tu ne veux pas voir tes sœurs ?



Peter ne tressaillit pas, il restait inerte, assis sur sa chaise, tournant le dos au cercueil ouvert, pendant toute la durée de la veillée funèbre. Il savait que dans le salon de la maison ancestrale, se trouvait sa belle-mère, qui cachait ses larmes derrière une voilette, Arisa, toujours en mode statue depuis le retour, et Sandra, qui lattait le premier qui lui parlait. Il envoya une œillade à son père, un vieux bonhomme, aux cheveux gris et aux pupilles mordorées, et il ne lui envoya même pas un sourire de circonstance.



-Quel air las ! Analysa le patriarche des Lance.



Peter reporta son attention sur son activité précédente, c'est-à-dire fixer le mur, et se demander s'il pouvait s'exploser le cerveau en un coup en fonçant dedans. Malheureusement, il y avait la barrière Marion, Steven et Marc, entre lui et son but, et il avait comme dans le doute, que le trio le retiendrait s'il tentait quoique ce soit. Tous contre lui.



-Tu devrais manger un peu, Peter. Argumenta son père.



Le très ô dignitaire, et maître de Kanto, ne trouva rien de mieux à répondre à ça, que le silence le plus borné possible. Pire, il mit son coude sur la table et soupira en roulant des yeux avec une insolence rare, qui lui aurait bien valu une claque dans son enfance. D'ailleurs la claque, il se la prit, une pichenette sur le haut du crâne, mais tout de même.



-Reste poli veux-tu ? Gronda le père, fatigué.



Steven en manque de sucre aurait sûrement pensé un « gnagnagna » et balancé je suis plus un gosse….Et il n'était pas Steven. Il finit par le faire quand même, tiens ! Et son père écarquilla des prunelles, ébahi. De loin, le champion perçut très nettement l'héritier de la Devon rire sous barbe avec Marc et Marion. Ahahaha, très marrant, oui son frère était mort et il reportait la faute sur son père. C'était pathétique.



-Ahlalala…On vous laisse grandir quelques années sans nous, et on en retrouve, un mort, une à moitié détruite, et toi, en couple avec une blonde toute jeunette qui fait sa crise d'adolescence à trente ans.

-Essaye d'abord de pousser Arisa pour voir si elle se casse comme une statue, pour de vrai, ensuite, tu me fileras une baffe pour me remettre du plomb dans la tête.

-Oui, c'est bien dans mes plans. Mais avant je vais demander l'âge de ta petite blonde là, pour savoir si je dois avertir les flics.

-Marion est une fille adorable, ne la mêle pas à notre famille pourrie, tu veux ? Elle a déjà assez souffert avec la sienne.

-Ah ouais ? Elle a fait une crise d'ado et a fugué ? Elle a gagné sa croute en faisant du strip-tease et toi en bonne âme, tu l'as sauvé du ghetto ? Elucubra le père avec de grands gestes ironiques.

-Ses parents sont morts sous ses yeux quand elle avait 4 ans. Elle a été élevée par son oncle, le frère jumeau de son père, qui était tellement coincé du cul qu'il avait réussi à se mettre à dos tout le reste de sa famille. Et pour couronner le tout son petit cousin la déteste en croyant qu'elle lui a volé ses parents.



Il y eut un blanc, pendant lequel le patriarche Lance se contenta de cligner des yeux, la bouche fermée. Puis sans changer d'expression, il pointa Marion du doigt, qui essayait tant bien que mal avec Steven et Marc de bouger Arisa, ou de consoler Sandra, et il lâcha :



-Noooooon ? Je préférais ma version.



Peter gémit et se couvrit la tête des mains, agacé. Sincèrement, il adorait son géniteur, il l'adulait, mais là, il désirait vérifier l'expression « on fait son deuil seul ». Comment pouvait-il vivre si bien, l'enterrement de son propre enfant ? Les images de son retour à la maison, portant le cadavre d'Harry, de l'expression de sa belle-mère, habituellement si forte et digne, la mine blême de Sandra…Toutes les images encore trop fraîches lui remontèrent aux yeux.



-Je savais déjà depuis 6 ans, que je ne le reverrais plus, Peter. Et il aurait été préférable, que tous, vous m'imitiez. Marmonna son père, mélancolique, en observant sa femme, qui prenait sa fille aînée dans ses bras.

-Mais tu te trompais, il a vécu, pendant 6 ans, loin de toi…Et…

-Je ne veux pas savoir ce qu'il a fait pendant ses 6 ans. Je ne veux pas savoir ce qu'il a été pendant ce temps là.

-Mais enfin…Se défendit Peter, perdu.

-Tu te souviens de sa première rédaction ?



Peter s'arrêta net, et il contempla son père, qui appuyé contre le dossier de sa chaise, les yeux rivés sur sa femme, sur l'invisible, sur le doux couffin où reposait leur dernier né, marmonna, mélancolique :



-Je me souviens encore du sujet. Quelle bataille, pour une rédaction de dix lignes à peine, pour un gamin de 7 ans. « Que veux-tu devenir plus tard ? » On a pas idée de demander ça à des gosses qui ont même pas encore passé dix ans sur la planète.



Peter se mordit la lèvre inférieure, une envie de pleurer lui triturant les tripes sinueusement.



-Entre Arisa qui chantonnait qu'elle serait dracologue, Sandra qui hurlait qu'elle serait championne d'arène, et sa mère qui incitait Harry à suivre la voie de tous…J'ai rappelé ce que tu avais mis, toi, sur ta propre rédaction, à cet âge là, pour un peu près le même sujet.



Peter gémit, et plaqua sa paume contre son front, accablé.



-Tu te souviens, à cette époque, j'étais encore en deuil pour ta mère, et j'assurai pas comme papa ; et toi, haut comme trois pommes, tu avais marqué « Un jour je ferai faire la paix dans le monde, et je forcerai tous les gens à s'aimer, à être gentil, et il y aura plus jamais de mort. »



Peter plissa des yeux, et il déglutit, sentant le gout de la réalité infiltré son palet comme un venin trop acide.



-Et tu te souviens ce qu'Harry a répliqué ? Il a levé la tête de son assiette pour la première fois depuis le début de la conversation et a dit très sérieusement « Moi ; je forcerai jamais personne à faire des choses ! ».



Le patriarche des Lance rit nerveusement, et une larme lui échappa, coula sereinement sur sa joue, alors qu'il balbutiait :



-C'est cet Harry là, qui a sa place dans ma mémoire. Personne d'autre.



Peter posa une main compatissante sur l'épaule de son père, mais celui-ci se releva de son siège, et se retira, d'un :



-Il faut que j'aille consoler ta mère, elle se donne trop en spectacle là, et si elle continue, elle va le regretter après.



Le maître dragon resta donc silencieux, les souvenirs, les sons et les odeurs d'antan, dansants autour de lui, comme une boîte à musique, émettant une douce et attendrissante mélodie, qui à chaque seconde, à chaque accord, s'approchait fatalement de sa fin mécanique, prévue.



« Je suis désolée Peter, si ce collier ne m'entravait pas...Si j'avais l'intégralité de mes pouvoirs de Gijinka de Celebi…Si Eléanora en chantant pour sauvegarder l'intégrité des dimensions, ne me retenait pas, j'irais chercher un des possibles de Harry pour le ramener dans notre réalité…Bien vivant…Mais je suis trop limitée, seul Arcéus pourrait permettre un tel prodige. »



Les miroirs, les illusions trompeuses que lui soufflaient Salomée continuellement, se répercutèrent dans le gouffre béant qu'était devenu son cœur, sans y trouver un véritable écho. Il vit alors Marion porter Sandra jusqu'à lui, et la championne d'Ebénelle, après un regard à la blonde, enlaça son frère en sanglotant ; cherchant soutien.



Par mécanisme, il caressa le crâne de sa cadette, et lui murmura des mots de réconfort. Marion lui souriait, bénissant ses actes et espérant l'aider, Steven et Marc s'occupaient de sa famille, son père tenait sa mère dans ses bras, Arisa restait de marbre devant le dernier lit d'Harry…



Et lui, entre toutes les condoléances qui fusaient, entre les amis qui pleuraient, il ne ressentait plus rien. Il était loin, trop loin. Vide.



Il était à table, avec le gamin de 7 ans, qui s'interrogeait quoi mettre dans sa rédaction.

Il dinait avec lui, riait avec lui, s'empourprait en se défendant qu'il était petit, et qu'il avait juste mal choisi ses mots, pour ses propres écrits.

Il pensait à Harry, si gentil, qui lui murmurait que c'était mal de forcer les gens, même pour une bonne cause.



Finalement, c'était lui, qui en ne voulant pas forcer le destin, s'était fait manipulé, et était mort comme un pion. C'était la loi du plus fort qui l'avait emporté sur l'altruisme.



Et Marion, bien présente à l'enterrement, sursauta en voyant son amant, Peter, qui tenait et berçait sa sœur Sandra, le regard lointain, ses prunelles mordorées voilées derrière un rideau de larmes.



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-Vous Pourriez au moins faire semblant de vous entendre le jour de l'enterrement d'Harry !



Makanie leva un œil vers la table, où se battait son père et sa mère depuis plus d'une demi-heure. Il leur avait tout fait, couple de divorcé, ils avaient débuté sur la pension alimentaire, pour passer par l'excuse « si la gosse ne nous regardait pas » et finir purement et simplement par la bataille de bouffe puérile. Sa mère, un restant de petit-suisse, c'est-à-dire du fromage blanc, dans sa tignasse rousse, frappa du poing contre la table, et lâcha avec conviction :



-Mais c'est lui qui a commencé !

-Quoi ? Moi ? Répète un peu pour voir ?

-C'est toi qui ne paye pas la pension !

-C'est toi qui est tombée enceinte à seize ans !

-Tu as accepté de prendre soin de l'enfant !

-Parce que j'étais le plus responsable des mecs que tu t'étais tapé !

-Mais puisque le test ADN a été positif et que c'est bien ta fille, on s'en fout du reste non ?

-NON j'ai vécu un enfer avec toi ! Et je devrais continuer de te payer pour t'en remercier alors que notre fille est grande ? On se fout du monde là !



Makanie soupira et la bataille reparti, et que je te rappelle combien d'amants tu as eu, et que j'ai été avec toi juste pour la petite, à quoi l'autre réplique combien t'es alcoolo et tellement dépressif que t'as même voulu te tuer….la totale plus le bonus. Elle le connaissait par cœur.



Aaron, de son côté, assis à côté d'elle, assurait en mode gobe-mouche depuis au moins dix bonnes minutes, pétrifié. Voilà pourquoi elle ne les lui avait jamais présentés, ses parents. Sincèrement, elle les adorait, sa maman était une vraie diva qui adorait la couvrir de cadeaux et l'emmener faire des soirées entre filles, et son papa était le plus attentionnés de tous, qui lui apprenait tout sur les Pokémons, l'élevage, et adorait faire des attractions X-trème avec elle. Non, sincèrement, elle les aimait, mais, pas dans la même pièce.



Shagi assis à table, en habit de deuil, ne lâchant pas Arisa des yeux, située deux rangées plus loin, avec le reste de la famille en noir, tâchait du mieux qu'il pouvait, d'ignorer la bataille. C'était courtois de sa part, mais il aurait quand même pu lui filer un coup de main ! Elle s'en foutait royal de la politesse !



SES PARENTS SE BATTAIENT AVEC DE LA PUREEE MERDE !



Et Marc, Steven, tous, près des Lance, qui faisaient genre rien ne se passe, comme ses tantes, habituées probablement. Voilà pourquoi elle passait toutes ses vacances ailleurs. Maintenant, elle se souvenait de la raison pour laquelle elle avait quitté le nid familial le plus rapidement possible.



Puisqu'il en était ainsi, il allait falloir recourir aux grands moyens pour les faire taire, et permettre à la cérémonie en l'honneur de son meilleure ami, de se dérouler au mieux. Même si ça lui coutait.



-Je suis enceinte.



Blanc dans la conversation. Son père referma sa bouche, et sa mère écarquilla des yeux, abandonnant sa tirade de victime en plan.



En revanche Aaron se fit littéralement éjecté de la table par le poing de Shagi.



-ESPECE DE SALOPARD ! TU POUVAIS PAS FOURER –



Le reste de la dispute se doit d'être censurée malheureusement, et Makanie tourna la tête pour occulter son petit ami qui se faisait passer par un savon par l'irisien. Ce n'était pas exactement la réaction qu'elle attendait.



-Félicitation ma chérie, tu as réussi à tenir plus longtemps que moi ! Je t'ai bien éduqué ! Lâcha Sa mère avec un sourire comblée, les yeux en étoiles. – En plus avec un membre du conseil des 4, tu ne seras pas à la rue, bien au contraire !

-Bon bah je sais à quoi ont servi mes sous au moins. Analysa le père, froid.



Dans un bruit de fond, Makanie perçut un « J'vais te foutre dans le cercueil avec l'autre tiens ! Ca me fera des économies ! » Suivi d'un cri de fillette qu'elle reconnut comme celui d'Aaron.



Elle le regretterait demain.



-Je te préviens jeune fille, tu as fait une erreur, et tu vas l'assumer, il est hors de question que tu reviennes à la maison la queue entre les…Non mauvaise expression, excuse moi. Se reprit son père.

-Je vais avoooir un petit-fils ! Oh, par contre chéri, je ne veux pas le voir tant qu'il n'est pas propre, j'ai déjà assez bavé avec toi.

-C'est moi qui ait bavé avec les couches !

-Mais l'odeur m'atteignait quand même !



Elle allait se tuer.



-Je comptais avorter en fait. Marmonna-t-elle, la voix basse.



Cette fois par contre, Aaron releva la tête, et envoya balader Shagi sur le côté, pour bafouiller un « Quoi ? ».



-C'est hors de question.



Elle tressaillit imperceptiblement. Sa mère et son père lui envoyaient une œillade sévère, intransigeante. Ce fut le geste de trop, et Makanie explosa, pour leur hurler :



-Vous êtes mal placés pour me dire ça quand même ! M'avoir pour gosse vous a gâché la vie ! Pire, ça m'a gâché la vie ! Et là, on est à un enterrement, l'enterrement de mon meilleur ami ! Que ses parents n'ont jamais compris ! Qui est mort à cause de sa situation familiale POURRIE !



Elle pointa ostensiblement du doigt son géniteur et ajouta :



-Et toi tu as voulu te faire cramer la cervelle quand j'avais huit ans !



Elle implosa avant de leur jeter :



-Alors, franchement, vos gueules !



Et sans préambule, elle attrapa ses affaires et sortit de la pièce en retenant ses larmes, poursuivie par un Aaron inquiet. Les deux adultes se lancèrent un regard déboussolé mutuellement, et interrogèrent muettement Shagi. Celui-ci grimaça et essuya prestement sa lèvre fendu, sanguinolente, avec sa manche, avant de se retirer à son tour, pour rejoindre Arisa.



Alors tout s'acheva ici, dans une esquisse bâclée de relation, une discussion à la saveur amère de la frustration.



Ils ne trouvaient tout simplement plus les mots.



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Le dernier des ennemis pris la fuite, déboussolé, se confondant dans le bois sans un bruit. Et dans un soupir de soulagement, Harley se laissa tomber sur les fesses avec Ursula. Drew, lui se précipita vers Flora, que Soledad soignait à la hâte.



La brunette envoya un pauvre regard désolé à Drew et elle déclara d'une voix enrouée par les sanglots :



-Ils m'ont dit…Ils m'ont dit qu'ils tenaient Max…Et…je….Dardargnan…

-Chut…Ne parle pas, le dard de ce Pokémon a frôlé la carotide ; un peu plus et tu étais morte. Ordonna Soledad froidement, en resserrant le pansement de fortune à la blessée.



Flora referma la bouche, et déglutit, ravalant un sanglot terrifié ; serrant convulsivement son pokédex contre elle, tremblante. Drew ne put s'empêcher de lui prendre les mains et de les serrer avec conviction, comme pour lui transmettre de sa confiance, dont il manquait cruellement en cet instant.



-Après, tu me montreras ta blessure aussi, Drew. Articula Soledad. –J'ai vu qu'Absol a mal géré son attaque, tu t'es pris un retour de sa capacité.



Incontestable.



Drew ricana nerveusement, contractant la mâchoire pour retenir un gémissement, avec sa hanche abîmée par la capacité coupe-vent. Après tout, il était coordinateur, pas attaquant professionnel. Cependant, un point noir restait à éclairer :



-Et vous, qu'est-ce que vous faites là ?



Il s'adressait surtout à l'inconnu aux cheveux mauves, mais ce fut Ursula et Harley qui répondirent :



-En voilà des manières, nous qui étions venus aider Flora à s'entraîner, et qui l'avons défendu si ardemment en la voyant en danger.



Traduction, ils étaient venus pour essayer d'arnaquer de nouveau leur rivale, et s'étaient retrouvés pris entre deux feux. Bien, logique venant de leur part. En revanche l'autre…



-Paul, de Twilight. Informa simplement l'étranger.



Celui-ci se tourna vers Flora, et expliqua doucement :



-Ton frère Max est en parfaite santé. Il est actuellement en train de voyager à Hoenn, avec un gamin du nom d'Asbel Irving, j'ai reçu un message il y a une heure, et il est toujours sous surveillance.



Elan de compassion, et d'altruisme, qui s'expliquait par le fait que Paul, avait le malheur, ou le bonheur, cela dépendait de qui on interrogeait dans la fratrie, d'avoir un frère lui-même. Il comprenait donc un tant soit peu l'inquiétude légitime de la brune. Ce qu'il ne raconta par contre pas, c'était que Twilight ne l'avait certainement pas envoyé les couvrir, il était venu de lui-même, après avoir mené sa petite enquête.



Il avait donc appris, que l'ennemi, en plus d'être une femme et de manipuler tout ce qui restait des Teams éliminées par Twilight, adorait le chantage, les prises d'otages, et les Leurres. Anastasie qu'elle se nommait. Un ancien duo de la Rocket, un certain cassidy, et Butch, lui avaient fournis –contre leur grès- les infos qu'ils préparaient une attaque massive contre le groupe de Flora. En manque de combat, et surtout d'action, l'ancien rival de Sacha avait pris les devants.



Plutôt mourir que d'avouer qu'il en était réduit à sauver des gens pour le plaisir.



-Merci…Bafouilla Flora, dans un souffle.



Paul détourna la tête dans un sifflement dédaigneux, puis il attrapa ses affaires et se retira sans tirer de révérence. Maintenant qu'il avait bien joué avec son info, il allait devoir la rendre publique et la confier à Peter, qui allait certainement lui retirer l'affaire pour la confier aux membres du conseil des 4.



Ca puait d'être gentil, définitivement.



Pourtant, il jeta un regard en arrière, et vit Drew embrasser Flora tendrement. Il ne put contenir un rictus fier. Il les surveilla de loin, jusqu'à ce que le groupe parvienne jusqu'à un hôpital, et en ressorte, tous ensemble, après seulement, il s'autorisa à partir, estimant sa mission personnelle accomplie.



« « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « «



Aaron courut dans le dédale que formait le bâtiment, au hasard, et ce fut finalement, après plusieurs minutes de courses, qu'il dénicha sa petite amie, assise sur un canapé, en position fœtale, ses pieds nus, ses orteils jouant avec la housse du sofa, pour seule marque de vie. Lentement, il s'approcha d'elle, et il fit un mouvement vers elle, tenta de caresser cette chevelure rousse qu'il adorait, dont il humait le parfum avec délice chaque matin…



Mais il se rétracta et grimaça.



-Tu ne veux vraiment pas de cet enfant ? Balbutia-t-il, confus, un trémolo triste, non-camouflable, dans la voix.

-Mon père n'a jamais voulu de moi. Ma mère non plus d'ailleurs. Je suis un accident comme on dit. Est-ce que tu as une idée, de ce que c'est, qu'être un enfant-accident ?



Aaron blanchit, et ravala un commentaire, un mot de réconfort, avant de déglutir et d'hocher négativement de la tête, déboussolé.



-Ma mère n'avait que 16 ans. Et mon père 19. Ils n'étaient pas du tout prêt à élevé un gosse. Mais ils étaient contre l'avortement. Je crois que j'en veux un peu, à ma mère, de ne pas avoir avorté, pour une stupide question de religion.



Aaron baissa la tête, et Makanie releva la sienne, sans que leurs regards ne se croisent.



-Avoir un gosse, a été le cataclysme de leur vie. Ma mère changeait d'amant toutes les semaines, et mon père était trop doux et gentil pour encaisser ça. Il s'est mis à boire comme un trou. Et quand j'avais huit ans, il s'est collé la tête dans le four près du gaz, jusqu'à perdre connaissance, c'est moi qui l'ai trouvé là dedans. Et j'ai rien trouvé de mieux à faire que foutre le feu à la voiture de l'amant du moment de ma mère pour me venger.



Aaron sentit une sueur froide lui couler dans le dos, quand il perçut la mine fermée, absolument pas repentante de sa petite amie, pour son geste. Celle-ci, lui envoya un rictus ironique, et lâcha :



-C'est super simple, tu prends la bouteille de whisky de papa, qu'il a laissé près du four pour se donner du courage, et tu l'envoies sur la bagnole avant de donner un coup de pied au cul au goupix de maman pour avoir l'étincelle.



Makanie serra les poings. Et elle bredouilla, en reposant sa tête contre ses genoux.



-Quand j'étais gamine, je me suis souvent demandé, après tout ça, quand ils ont décidé de m'envoyer chaque été chez ma tante…Pourquoi papa a fait ça ? Pourquoi est-ce qu'il m'aimait pas assez pour vouloir rester avec moi ?



Cette fois, Aaron, s'agenouilla face à Makanie, et lui prit le visage entre ses mains, en bredouillant :



-Mais non, enfin Makanie, ça n'a rien à voir. Tu sais, ce n'est pas parce qu'il ne t'aimait pas, c'est juste, que certaine fois, certaines personnes, n'arrivent plus à supporter leur vie, et…

-Mais je faisais partie de cette vie, et je faisais partie de l'insupportable Aaron. Répliqua Makanie, sans rancœur, ou même émotion.



Elle l'imita, et saisit la frimousse de son petit ami avec vigueur pour l'obliger à la regarder droit dans les yeux. Sa mine se contracta de peine quand elle murmura :



-Donc j'ai besoin de savoir, Aaron. Est-ce que tu veux de ce gosse ?



Aaron resta silencieux, chercha l'erreur, le piège, ou même la réponse dans les prunelles de sa conjointe, puis il grimaça, avant de répondre faiblement :



-Oui. Je veux de cet enfant.



Makanie tressaillit, et se mordit la lèvre. Elle désirait l'entendre dire, qu'il ne désirait de cet enfant, qu'avec son accord, qu'il souhaitait avec elle, quand elle se sentirait prête, mais il n'en était rien. Résignée, elle afficha un rictus malheureux, et articula, le gosier enroué :



-Dans ce cas, tu l'auras.



Le regard d'Aaron s'illumina, d'abord, d'un espoir vain, qu'il tua aussitôt, pour marmonner un « vraiment ? » perdu, puis finalement pour exploser dans un concert de lumières et de paillettes, d'attentes, d'impatiences et d'amour. Avec ferveur, il prit les mains de sa petite amie, et avec un sourire comblé, il lui assura, rose de joie :



-Tu verras Makanie, cet enfant aura un excellent père. Je serai un excellent papa. Je te le promets.



Makanie ne montra aucune expression, et quand il la lâcha pour s'extasier devant un futur dont elle ne parvenait même pas à discerner la couleur, elle songea :



« J'espère Aaron, parce que cet enfant n'aura pas de mère. »



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Kenny, Zoé et Nando déboulèrent dans le couloir, où le garçon leur avait dit avoir trouvé le pendentif d'Aurore. Et ils se raidirent à la simple vision de ce carnage muet. A côté d'un banc, un pot de fleur avait été renversé puis brisé, là, restait le cadavre du pokédex rose d'Aurore, réduit en miette, et quelques traces de sang imbibant le marbre.



Zoé plaqua sa main sur sa bouche en retenant une exclamation paniquée, avant d'hurler à plein poumon, courant le long de la scène du crime :



-AURORE ! AURORE REPOND !



Nando sortit tous ses Pokémons qui se mirent à analyser les lieux, à renifler le sol et à le gratter, à la recherche d'indices.



Kenny, lui, resta planté là, statufié, pétrifié. Zoé harassée, paniquée, se tourna vers lui, vers ce garçon, qui les prunelles écarquillées, bafouillait des paroles incompréhensibles en tremblant, et elle lui cria :



-MAIS FAIT QUELQUE CHOSE ENFIN !



Le brun eut un soubresaut, puis comme réalisant la scène, il scruta les lieux, hagard, avant de balbutier, comme illuminé :



-La cage d'escalier !



Dans un bond, il repartit en arrière, et se dirigea vers la porte de service, à quelques mètres, là, une flaque de sang, crissa, s'éparpillant en même temps, balayée par la plaque d'acier s'ouvrant à la volée, les gonds couinant.



A vrai dire Kenny n'avait pas réellement réfléchis, mais quand il avait vu la scène, irrémédiablement, un souvenir l'avait frappé, celle d'une Aurore petite, au jardin d'enfant, qui, après s'être fait bousculée et s'être écorchée le genou, avait trouvé refuge derrière les escaliers pour pleurer toute seule à l'abri des regards.



Et tout comme la petite pouponne au visage ravagé par les larmes, hoquetant, levant vers lui un regard désemparé, il la trouva là, écroulée dans les marches, tenant son cou entouré par un foulard sanguinolent.



-Aurore ! Hurla-t-il. Avant de se jeter vers elle pour la prendre dans ses bras et la serrer fortement. La jeune fille ne proféra pas un seul son, la main toujours plaquée sur sa gorge, contre le tissu qui devenait de plus en plus écarlate.



Nando parut en haut du chemin, et repartit aussitôt, Kenny perçut la voix de Zoé appelant les secours, et il bredouilla à sa petite amie, la voix secouée par des sanglots invisibles :



-Hé, t'inquiète frisouille, on va t'emmener à l'hôpital, c'est fini maintenant.



Pourtant Aurore secoua la tête avec véhémence, et d'une main tremblante, elle écrivit un mot par terre, sur le bitume.



« Pokédex »



Kenny secoua la tête, sans comprendre, et il la vit, qui fermait les yeux avec détermination, frappant le mot du poing, faiblement. Une image, une constatation s'imposa à l'esprit de son ami d'enfance :



-C'est toi qui l'a détruit ? Tu as détruit ton propre pokédex ?



Aurore esquissa un sourire, et grimaça de souffrance. Enfin, les médecins affluèrent auprès des enfants, et commencèrent à soigner la jeune fille. Deux heures plus tard, Aurore ressortait d'une opération, et reprenait Tiplouf dans ses bras. L'ennemi avait rien trouvé de mieux que de tenter de l'égorger pour l'empêcher d'appeler les secours, mais elle ne s'en sortait qu'avec une cicatrice.



Bien évidemment, le concours, avait vite été oublié dans les têtes des adolescents.



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Arisa inspira profondément, et se leva de table, sans volonté quand le prêtre annonça simplement : « Bien, nous allons commencer la marche funèbre ». Elle hoqueta, vacilla très légèrement, mais tâcha d'afficher une mine imperturbable. Son père et sa mère lui posèrent une main réconfortante sur chaque épaule, avant de partir devant.



Elle ne comprenait toujours pas, comment ces mots si, impalpables, si irréalistes, pouvaient terrasser ainsi son être, alors même qu'elle avait fait face aux pires dracologues de tout Ebénelle dans son enfance. Quand elle avait caressé une dernière fois le visage d'Harry, elle n'avait pas put supporter cette froideur macabre, alors que dans son souvenir, il continuait à venir se nicher dans le creux de ses bras, après un cauchemar dans le secret de la nuit. Elle avait si souvent enlacé son petit cadet, et caressé ses cheveux, s'endormant elle-même plus paisible, rassurée par sa chaleur, par son souffle régulier…Elle croyait avoir compris, maos ces quelques sons la dévastaient, et malgré ses efforts, ils perçaient sa coquille protectrice, ramenant ses souvenirs en surface avec la même facilité qu'aux premières heures du deuil.



Une main se posa sur son épaule à nouveau, et en se tournant, elle trouva son propriétaire, Shagi, avec un pauvre sourire.



-Allez, c'est qu'un mauvais moment à passer. Bafouilla-t-il , maladroit.

-Ouais…Et Après, c'est terminé, hein ? Renchérit tristement Arisa, sa poitrine lacérée de toute part.



L'irisien s'empourpra, et il bredouilla, confus :



-Heu, tu es…très jolie comme ça.

-Comme pour un enterrement.



Bon d'accord, c'était pas une réplique très intelligente, à dire en un jour pareil, mais bon, que voulait-elle, qu'il lui dise pour lui remonter le moral ! Il subissait le contre-coup lui aussi ! Il avait juste sorti la première phrase qui lui était venu, et c'était celle-là, qu'y pouvait-il, hein ? Il était un mec ! Forcément, si elle se trémoussait comme ça, avec son ensemble noir qui l'amaigrissait, qui s'arrêtait sensuellement au niveau des hanches, avec juste un tant soit peu de dentelles sobres aux endroits stratégiques, comme le décolletés, le découpés…



Shagi se reprit, le moral à zéro. Bon d'accord, là il atteignait des sommets de bêtises. Il avait beau se rincer l'œil, l'idée même l'horrifiait dans la situation actuelle.



-Makanie est enceinte. Avoua-t-il, le cœur lourd.



Arisa resta coite, quelques secondes, puis passa une main sur son regard cerné, avant de gémir :



-Il faudra que je lui envoie des fleurs…Des lys…Ou un truc dans le genre.

-Elle veut avorter.

-Ah.



Les deux jeunes adultes se turent, et soupirèrent, éreintés, avant de relancer, penauds :



-Ca fait juste trop bizarre de se parler pendant qu'on l'enterre.

-Ouais, un peu. Marmonna Arisa.



Shagi se massa la nuque, embarrassé. La foule commençait à se serrer, les uns contre les autres, pour suivre le couffin de bois minuscule que l'on acheminait lentement mais sûrement, vers un champ de squelettes où il allait se perdre et pourrir, sous une plaque de marbre, ironiquement propre. C'était juste dégueulasse.



-Shagi…J'ai pas envie d'entendre le prêtre dire des bêtises sur lui. Il le connaissait même pas. Bafouilla Arisa, son regard émeraude embrumé par la peine.

-Moi non plus.

-J'ai pas envie de voir son nom affublé de dates non plus.



Shagi leva la tête vers son amie, et grimaça, le timbre éteint :



-Moi non plus Risa…



Arisa serra la main du garçon convulsivement dans la sienne, tout en marchant.



-J'ai pas envie de comprendre que c'est terminé. Avoua-t-elle dans un sanglot invisible.



L'irisien répondit à l'étreinte, tout en admirant la masse d'inconnus se pressant, semblant concourir pour savoir qui d'entre eux allaient avoir l'air le plus triste, verser le plus de larmes. A côté de ça, lui et Arisa, la famille de défunt, à proprement parler inertes, les joues sèches, ils devaient avoir l'air particulièrement insensibles.



Pierre Rochard et Marc lui firent un salut rapide, désolé, loin d'eux, résignés. Eux aussi, ils ne pleuraient pas. Son père, Marin, près de la tante de Makanie, étaient avec eux. Il détestait décidément les enterrements. Cela ne reflétait en rien la réalité, ceux qui criaient n'étaient pas toujours ceux qui souffraient le plus. Il assistait juste à un spectacle affligeant de fausseté.



-Tu veux partir ?



La question lui échappa, sans même qu'il n'essaye de la retenir. Arisa tressaillit et elle lui envoya une œillade interrogative, perplexe, aussi, ajouta-t-il :



-N'importe où, pour oublier. Faire autre chose.



Il baissa la tête, et se pinça les lèvres :



-C'est ce que j'aurais voulu faire, quand j'ai appris pour ma mère.



Arisa arqua un sourcil, puis haussa simplement des épaules sans véritable envie ni même autre enthousiasme. L'irisien la tira hors de la procession, et ils s'éloignèrent du cimetière, pour errer sur les sentiers sinueux d'Ebénelle.



-Vous n'avez pas de mer ici… ?

-On a plusieurs rivières et autres falaises, et on a l'antre du dragon.



Shagi avisa les montagnes, les éperons rocheux menaçant et le mugissement perpétuel d'une rivière en contre bas, au fond d'un abyme mortel. Oui, évidemment, cette ville était très accueillante et rassurante, en toute ironie.



-Quand j'étais gamine, je me suis perdue à Ebénelle, pendant la visite chez nos grand-parents. On m'a cherché partout. Les parents étaient fous d'inquiétudes à ce qui parait, Sandra et Peter ont presque agressé et jeté au fond du gouffre un étranger pour qu'il se rappelle quand il m'avait vu pour la dernière fois.



Elle ricana doucement.



-En fait, ils m'ont retrouvée dans l'antre du Dragon, dans un nid de Draco. J'avais tellement hâte de devenir Dracologue, que j'étais entrée là-bas sans permission. C'est là bas, que j'ai attrapé mon draco Shiney. Je n'aurai même pas eu à passer l'initiation, l'épreuve, en fait, à mes dix ans. Même si je l'ai quand même fait.



Arisa passa une main dans ses cheveux courts, et caressa du bout des doigts la perle ornant ses cheveux, avec mélancolie. Contrairement à tous les dracologues, elle en possédait deux, ce qui signifiait qu'elle avait attrapé deux minidraco dans l'antre. On la traitait de petite génie, d'espoir, on la comparait à Peter, le héros de la dernière génération, et ils voyaient en elle, la nouvelle maîtresse de leur ère.



-J'ai toujours voulu être dracologue. Je le sais. Mais j'ai douté, devant Harry. Marmonna Arisa, en détournant le regard et ramenant sa paume contre sa poitrine, accablée.

-Harry avait beaucoup de charisme. Quand il m'a dit que ma mère était morte, je n'en ai pas douté une seule seconde. Toutes les infos qu'il m'a livrées, j'y ai cru. Et pourtant, même moi, je ne sais de ma mère, que son nom : «Anastasie ». J'ignore même de quel pays elle venait, pourquoi la guerre lui est tombée sur le nez…



Il cligna des paupières, serra la mâchoire, et avoua, serrant les poings d'impuissance :



-Ca doit être de famille. Ce charisme qui donne envie aux autres de vous suivre.

-J'aurais préféré qu'il n'ait pas de charisme et qu'il ait assez de force pour réussir l'épreuve de l'antre.

-C'est trop tard pour penser à cela maintenant.

-C'est trop tard pour tout, hein ?



Le timbre ironique, tremblant d'Arisa lui creva le cœur. La jeune femme se détacha de lui, et se raidit, frissonnante. Elle secoua la tête avec force et déglutit plusieurs fois, avant de bafouiller :



-Mais je ne veux pas enterrer mes souvenirs d'Harry avec lui !



Shagi se tût, et il ferma douloureusement des yeux.



-Vous semblez tous vouloir l'oublier le plus vite possible ! Vous l'avez enfermé dans une espèce de boîte comme ça ! Vous espérez quoi au juste ? Qu'avec son corps, toutes nos erreurs vont partir avec lui ? Vous voulez jeter la clef de votre mémoire ou quoi ? C'est quoi ce délire ! C'est aussi notre faute si ça s'est terminé comme ça ! Je comprends…Je comprends pas votre foutue logique ! A mentir à Papa, à Maman…A l'enfourner comme ça…



L'irisien ne cilla pas, et Arisa recula, avant de s'époumoner, son teint pâle s'empourpra de colère, ses sourcils tiquant nerveusement, luttant contre l'abandon, contre ce qui lui restait de dignité pour retenir les sanglots :



-Moi je ne veux pas oublier !



Elle se crispa en serrant ses mains l'une contre l'autre, comme camouflant un trésor au creux de ses paumes, une minuscule pépite, trop fragile pour survivre dans la tourmente encore.



-Chaque minute passée avec lui. Chaque moment, même les derniers, même son dernier regard. Surtout son dernier regard, c'est la preuve que j'ai échoué, que je n'ai pas été assez forte pour le retenir. Je n'oublierai rien du tout !



Elle hoqueta, et se rétracta, dans un spasme, dans un élan de honte.



-Même toi, même toi, tu sembles vouloir l'abandonner, comme ça. Me dis pas le contraire, tu l'as dit toi-même. Mais merde, qu'est-ce que vous avez tous avec vos condoléances ! Vous savez ce que j'en fait de vos « Soit heureuse que dans le peu de temps qu'il lui ait été accordé sur terre, il en ait eu une partie avec toi ? » : Je m'en contrefous ! J'aurais voulu qu'il reste plus longtemps sur cette putain de terre ! Et le peu de temps, je vous le fiche dans le cul ! Si c'était pour que ça fasse si mal au final, il aurait mieux fait de jamais entrer dans ma vie ! Mais il est venu ! Et maintenant je fais avec ! Et…Et…Il est parti ! Et vous encore avec « il reste un peu avec toi » j'ai envie de gueuler : mais non bordel ! Vous l'enterrez ! Vous refusez d'en parler ! Il ne reste pas avec moi ! Vous me l'arrachez ! Vous avez pas le droit de l'oublier comme ça !



Elle se recroquevilla et secoua encore la tête, en bafouillant, le timbre enroué, écrasé sous le poids de ses propres maux.



-Je veux pas le laisser tout seul là-bas Shagi…Je l'ai déjà trop abandonné ; trop souvent…J'ai trop souvent lâché sa main.



Elle se raidit, quand une main compréhensive effleura sa joue dans une caresse désolée. Shagi lui envoya un rictus moqueur où la seule peine se lisait dans ses prunelles violacées.



-Si la plupart des gens préfèrent oublier, c'est parce que tout le monde n'a pas ton courage Risa.



Le cœur d'Arisa battit à tout rompre dans sa poitrine, et pour la première fois depuis des jours, au lieu de son venin acide, rongeant son être de l'intérieur, il déversa une douce chaleur réconfortante, en elle, qui brûla la glace ankylosante paralysant ses membres.



L'irisien baissa les yeux, et marmonna dans un souffle :



-C'est plus simple, de tourner le dos, et d'avancer sans regarder en arrière.



Il haussa ensuite les épaules, et reprit son masque sarcastique et cynique pour balancer :



-Enfin, je dis courage, mais ça peut être pris pour de la bêtise aussi !



Le doux bienêtre qui inondait son corps devint aussi bouillonnant que de la lave en fusion, et elle sentit la colère lui monter au nez.



-Dans ce cas tu peux parler, toi aussi, tu es aussi bête que moi !

-Ah ouais ? Pourtant c'est pas moi qui me suis coupé les cheveux et qui ressemble à un garçon maintenant !

-Tu devrais peut être parce que bientôt tu vas te faire draguer par un mec. Regarde Harry te prenait déjà pour une meuf, la preuve !



Shagi devint livide, et il relança aussitôt :



-Ah ouais ! Ben t'as l'air d'un lutin ! La première fois que je t'ai vu, déjà, t'avais rien d'une fille !

-Et toi la première fois que je t'ai vu t'étais qu'un sale gosse malpoli qui ne faisait que regarder en arrière chaque soir en regardant la mer !



L'irisien se rétracta, et se mordit les lèvres. Un silence embêté s'instaura entre les deux adolescents, et Arisa se calma, reprenant une attitude distante. Les secondes s'égrainaient une à une, ajoutant du sel sur leurs plaies à vif, quand la cadette des Lance, marmonna :



-Et au final, je suis tombée amoureuse de ce garçon malpoli et mélancolique. C'est ironique, non, si je n'avais jamais vu ton vrai visage, peut être qu'Harry serait toujours avec nous. Si j'avais su tenir mes sentiments à l'écart, et agir comme un vrai mec…Je…



Une pression sur ses lèvres la fit taire et une paume sur sa nuque l'obligea à approfondir le contact. Elle rosit joliement, et quand il se détacha d'elle, le regard profond de l'irisien, leurs souffles courts s'entremêlant l'un l'autre, caressant leurs peaux, leurs visages si proches comme les caresses brûlantes qu'ils rêvaient d'échanger, elle s'y noya totalement.



-Ouais, mais t'es une fille, rien ne le changera. Et moi je suis un mec, un mec amoureux de toi en plus. Et personne, ni mes souvenirs, ni même Harry, ne m'arrêtera.



Cette détermination irradiant de lui, cette certitude émanant de chaque pore de sa peau, il y avait longtemps qu'elle ne l'avait plus revu. Pourtant quand il la renversa, la plaqua contre une des parois de la falaise, elle le repoussa violemment en lui envoyant son poing en pleine figure.



L'irisien s'écroula sur les fesses, et quand il releva les yeux, il toisa, non pas une arisa furieuse, au regard noir, mais elle, et toute son équipe de dangereux Pokémons dragons, dans le même état d'esprit. Sans préavis, Arisa lui attrapa le col et le souleva de terre, jusqu'à ce que leurs deux nez se touchent presque.



-Répète encore une parole sexiste comme ça, et tu n'auras plus rien d'un mec Shagi. Menaça-t-elle.

-Et toi ressort encore une fois une ânerie comme ça sur ton frère, et je te pousse du haut d'une falaise ! Rétorqua Shagi aussitôt, colérique.

-Je ne fais que dire la vérité ! Si…

-Mais C'est trop tard maintenant ! Et tous les Si du monde ne ressusciteront pas plus Harry, que mes séances de matage sur la plage enfant, ne me rapprocheront de ma mère !



La réplique cinglante pétrifia Arisa, et Shagi en profita pour lui voler un deuxième baiser, plus passionné, et par inverser les rôles. Cette fois, elle se retrouva, dos contre terre, face à lui. Les Pokémons frémirent, préparant déjà un attaque, quand l'irisien souffla à Arisa :



-Et je continuerai à t'embrasser, à te répondre, jusqu'à ce que je retrouve ma Arisa. Celle qui avait les cheveux longs, celle qui ne se laissait pas abattre, celle qui se relevait quoi qu'il arrive, et qui savait me remonter le moral même quand…

-Et qu'est-ce que tu feras, quand tu la retrouveras, hein ?



La jeune femme envoya une œillade, à la fois pleine de défi, et d'appréhension à Shagi, qui lui répondit par un sourire complice tout en murmurant :



-Alors dans ce cas, j'irais beaucoup plus loin qu'un simple baiser.



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Sacha soupira de soulagement quand le médecin lui avoua qu'il n'y avait rien à craindre pour Ondine, et il prit les médicaments contre le poison de Dardargnan, qu'il posa sur la table de chevet de la rousse. Après avoir embrassé la championne endormie sur le canapé par les antalgiques, il laissa la rousse aux bons soins de Pikachu. Il voulut monter jusqu'à leur chambre, là, où vraisemblablement, il avait laissé son sac, mais en pleine ascension des marches, quand il buta sur une masse non identifiée. Il s'accroupit, curieux, et reconnut une de ses affaires de rechange, puis une autre, et encore une autre. Lentement, il remonta la piste, et découvrit son sac éventré, gisant sur le parquet, juste devant une fenêtre ouverte à la va vite.



Mentalement, il fit le bilan de ses biens, et un doute l'assaillit, d'abord doucement, sinueusement, jusqu'à devenir une certitude mordante.



Il n'y avait plus son pokédex.

On le lui avait volé.



Il avala alors de travers sa salive, comprenant le désastre dans toute son ampleur :



L'ennemi avait maintenant entre ses mains une encyclopédie, comportant les données sur tous les légendaires qu'il avait croisé au cours de ses voyages.



Ils étaient dans la merde jusqu'au cou.



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-Je ne vois pas Arisa. Marmonna Sandra, qui a tête sur l'épaule de Peter, semblait un tant soit peu inquiète. –Elle a réussi à échapper à ce calvaire. Marmonna en retour son frère.



Debouts, dans le cimetière, au milieu de la foule, ils attendaient que le prêtre, daigne ne faire son éloge pour le défunt. La championne d'Ebénelle serra convulsivement la fleur, une chrysanthème, qu'elle désirait poser sur le cercueil, en dernier hommage. Devant eux, Steven et Marc gardaient une distance raisonnable, le voyant d'une caméra pointé sur la cérémonie. Encore plus loin, ils percevaient les sanglots de leur mère, rassurée plus ou moins par leur père.



-C'en est fini de notre famille, n'est-ce pas Peter ?



Le timbre enraillé monta jusqu'à l'aîné des Lance, qui grimaça un sourire peu convaincu, alors qu'il murmurait :



-Mais non voyons, nous avons perdu Harry, mais l'amour que nous nous portons les uns envers les autres ne partira pas avec lui.



Pourtant, en cet instant, l'un comme l'autre, se sentaient tellement vides, que le simple fait de prononcer cet absurde mot leur paraissait irréel. Absolument absurde. Sandra ferma les yeux, et camoufla un sanglot dans un ricanement moqueur :



-Oui, qu'est-ce que je raconte comme bêtise encore moi ? Après tout, tu es là, pour l'enterrement, c'est bien la preuve que tu m'as pardonnée…



Peter se tût.



-Je suis encore désolée pour ça, j'ai vraiment confondu admiration et amour…Je n'aurai jamais du t'embrasser. Même si nous n'avons aucun lien de sang, tu es mon frère et je te considère comme tel…Et…

-Je sais Sandra, ne t'en fais pas. Coupa Peter, avec un pauvre sourire.



Sandra rougit et contempla la masse nonchalante d'humains, dont les visages familiers se perdaient dans une foule d'inconnus.



-J'en fouetterai bien quelques uns, qui n'ont rien à faire ici…Siffla-t-elle sans véritable conviction.



Son frère lui envoya une accolade gentille sur l'épaule, avec le même enthousiasme, par mécanisme.



Brusquement, il vit Marion se glisser jusqu'à Marc et Steven, pour leur souffler quelques mots à l'oreille. Ceux-ci s'éclipsèrent aussitôt, blêmes, et par automatisme, il sut, que Marion allait se diriger vers lui. Il ne fut pas en reste, la blonde montra une frimousse désolée, et bafouilla confuse :



-Un message urgent…Mixylia a été blessée en protégeant la flûte temporelle à sinnoh. Elle a été volée.

-La flûte pour appeler Arcéus ? s'exclama Sandra, les prunelles écarquillées.



Marion hocha gravement du chef, et bredouilla :



-Mais il y a pire, Paul vient de nous envoyer un message, le groupe de Flora a été attaqué. D'après nos infos, celui d'Aurore aussi. Ils visaient les pokédex.



Peter serra les poings, et Marion le lui saisit comme pour le soutenir, tandis qu'elle marmonnait :



-Et ils ont eu, celui de Sacha. Il vient de nous appeler.



Le silence de mort qui suivit cette réflexion fit comprendre à Sandra le sérieux de cette situation et quand son frère tourna des talons, elle le rattrapa par la veste et souffla :



-Tu ne vas pas partir pendant l'enterrement d'Harry ? C'est la moindre des choses, d'être là pour…



Peter ne lui adressa même pas un regard, la tête basse, il murmura piteusement, coupable :



-Je crois que j'en ai déjà trop fait pour Harry…Ou pas assez…



Ses poings tremblèrent, quand il passa un bras autour de l'épaule de Marion, et se détacha de sa famille pour quitter les lieux. Sandra ne réagit pas plus, elle se laissa choir, seule, au milieu de la foule, le cœur lourd comme du plomb alors que le prêtre, entonnait d'une voix chantante.



« Si nous sommes réunis aujourd'hui, c'est pour rendre un dernier hommage à un garçon qui nous a été enlevé trop tôt »



Peter, à quelques pas de là, aux côtés d'une Marion triste, plissa les yeux, alors qu'il sifflait, sa poitrine implosant sous cette vérité insupportable :



« Ca ne cessera jamais… »



Il ne pourrait jamais rattraper ses erreurs auprès de son frère.

Il ne pourrait jamais empêcher le mal de s'étendre comme une gangrène, la moisissure croupissant sur les ordures.

Il ne pourrait jamais arrêter ce cercle de haine.

Il ne pourrait jamais stopper le cycle universel de la vie pour prévenir des morts d'innocents.



Cette pensée si forte, trouva écho en lui, répétée indéfiniment par sa peine, sa rancune, et Salomée, cloitrée dans une parcelle de son esprit. La Gijinka afficha un rictus, et d'une voix mielleuse, elle souligna, prenant un accent plus grave encore :



« Oui, ça ne cessera Jamais… »