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Smirnoff de Domino



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» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 09/07/2008 à 15:11
» Dernière mise à jour le 11/06/2009 à 05:38

» Mots-clés :   Humour   Johto   Romance

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012 - Une grande dame
"Ton nom qui tout là haut scintille est le même que le mien"
"Tripping" de Robbie Williams résonnait dans ses oreilles. Il tapait mécaniquement les rapports. Il avait mieux que jamais consigné sur dictaphones les faits et gestes d'Adam et de Jennifer. Sur la table, l'enveloppe contenant le rapport d'inspection qu'il n'avait toujours pas lu. Pourtant au ministère, on l'avait lu ce rapport. On en avait peut-être même tiré des conclusions. Lui n'avait pas envie de le lire.
En fait depuis qu'il était à Rosalia, Etienne Smirnoff était dans un état de dépression profonde due à quelque chose qui le touchait bien plus que dans n'importe quelle autre ville de Johto. Un évènement qui lui était arrivé dans sa jeunesse, et qui l'avait profondément marqué.
Il s'aperçut qu'il avait été distrait et qu'une partie du rapport avait été écrite en majuscule. Il soupira et retira ses écouteurs.
-Et m...
Les autres professeurs avaient l'air plus à l'aise que lui. Il était 11 heures trente et il avait à peine tapé cinq pages alors que normalement il abat bien dix pages en une matinée.
-C'est pas vrai...
Il se leva pour aller se chercher un café, excédé. A la machine, il regarda son reflet dans le plexiglas coloré. Il avait une mine terrible, les yeux rougis par les larmes naissantes, le visage pâli par le stress. En plus le café était dégueulasse. Il se retourna et sursauta, renversant du café sur la personne qui l'avait effrayé.
-Gheu....
-HYAAARG ! C'est brûlant !
-Désolé.... VOUS ?!
Nul autre que Ryan Price ! Le syndicaliste qu'Etienne a précédemment affronté !
-Oh non pas encore vous, merde ! J'vais encore me faire engueuler par le syndicat !
-Foutez le camp j'ai pas que ça à foutre et j'ai du retard sur mes rapports, trouvez-vous un vrai taf !
-Je travaille, là ! Nous allons couper l'électricité dès 14 heures !
Smirnoff regarda Ryan.
-Vous n'êtes pas sérieux ?!
-On ne peut plus ! Comme ça vous serez tous obligés d'arrêter de travailler de force !
-Bordel de merde, on bosse, nous ! On se fait chier à les taper ces rapports ! Et il y en a qui n'enregistrent pas fréquemment !
-Vous pensez aux autres vous maintenant ? Parce que moi je me bats pour vous, sur ce coup là !
-Ah oui ? Et j'dois vous dire merci ?!
-Ouais, vous devriez !
-Je sais pas ce qui me retient de vous enfermer dans un placard...
-Le fait que si vous faites ça j'appelle la pol...
Smirnoff empoigne le chef syndicaliste, ouvre un placard et l'y enferme.
-EEEEH !
-Ca vous apprendra à vouloir faire perdre du temps à de braves policiers travailleurs !
Il retourne vers la salle et descend au pupitre, observé par les autres profs.
-Mesdames et messieurs, c'est une attaque d'Al Qaeda !
-QUOI ?
-HEIN ?
-Je plaisante, c'est pire. Des Syndicalistes ! A 14 heures, ils vont déclencher une coupure d'électricité.
-QUOI ?
-OH NON !
-Je vous recommande d'enregistrer rapidement en utilisant CTRL+S, ce qui vous permettra de conserver vos rapports ! Oui ?
-Et si on veut faire la grève ?
-L'un n'empêche pas l'autre. Il vous suffit, libre à vous, de cesser le travail.
-Moi j'veux pas perdre mes rapports !
-Je viens de vous expliquer comment sauvegarder !
-Moi je ne veux pas qu'ils coupent l'électricité !
-Vous êtes ?
-Luc Duchêne ! Je suis professeur en logistique de dresseur ! (Utilisation des objets NDLA)
-Et alors ? Vous proposez qu'on se fabrique notre propre... Eh c'est pas bête ça... Si quelqu'un avait un Pokémon électrique, on pourrait ne plus dépendre de la centrale pour un moment !
-Vous avez ça ?
-Moi non !
Une vieille prof sortit un Raichu.
-Lui il peut.
-D'accord. A 13h59 on procèdera à la passation de courants, comme ça on pourra finir nos rapports.
-C'est quoi votre nom, jeune homme ?
Smirnoff regarda le vieux.
-Dheu... Etienne ! Etienne Smirnoff !
Il fut alors remercié voire applaudi par les professeurs de la salle. Une telle envolée pour lui le surprit. Il s'aperçut qu'il avait été serviable envers sa communauté. Smirnoff était devenu...

SOCIABLE ?!

"Mon Dieu mais qu'est-ce que j'ai fait !! C'est horrible !"
-Ah bravo monsieur Smirnoff !
-Quel courage !
-C'est agréable de voir quelqu'un d'aussi attentionné.
Smirnoff était troublé. Il était tellement troublé qu'il venait de RENDRE SERVICE à des gens de sa profession.
-Bravo mon pote. Chapeau !
Il regarda le type qui venait de lui tapoter sur l'épaule en allant chercher son café tout en prononçant la phrase la plus choquante qu'Etienne ait jamais entendu

A l'âge de cinq ans, Etienne était déjà particulier. Par les fenêtres de la villa qu'il habite à Mérouville, qu'il a toujours habité, il regardait dehors ce que personne d'autre ne pouvait voir. Les poubelles des voisins sont régulièrement assaillies par des Chaglam. Des Nirondelle ont élu domicile dans la gouttière des voisins d'en face. Un Castorno est le vrai coupable des renversements de poubelles dans le quartier : Mr Pace a tort d'accuser les skateurs.
Il va voir sa mère, Coralie Smirnoff. A l'époque, elle est encore toute vouée à son second enfant.
-Maman, il se passe plein de choses dehors.
-C'est la rue, mon chéri... Il ne se passe pas grand chose.
Etienne part dans le couloir, peu assuré. Il n'avait pas l'habitude de crapahuter dans la maison. Dehors c'était tellement mieux.
Il passe devant la chambre de sa grande sœur qui a quatre ans d'écart avec lui.
-Estelle tu veux jouer ?
-Nan Etienne.
-Oooh...
Etienne va dans sa chambre. Elle est parfaitement rangée, toujours. Ses parents ne lui achetaient plus de jouets, il n'y prêtait aucune attention. Ils avaient longtemps cru le petit atteint du syndrome d'Asperger c'est à dire d'autisme. Mais nullement, Etienne était juste dans son monde. Un monde ou les humains et les choses avaient peu de place.
-Fils, ça va ?
L'enfant tourna la tête vers un grand homme souriant, portant des lunettes, une veste noire et un pantalon. Il approcha de son enfant et il le prit dans ses bras.
-Tu vas bien, mon grand.
-Oui papa. Il s'en passe des choses dehors.
-Tu as vu toi aussi ? Les Noarfang ont pleuré toute la nuit !
-Leurs cris sont toujours tristes.
-C'est normal, ça. Et tu as entendu les Lineon qui grattaient les murs ?
-Oui... Ils ont senti la pluie comme tu l'as dit.
Le père avait enseigné au fils à observer convenablement le comportement des Pokémon et à interpréter leurs gestes. Le père et le fils partageaient une complicité similaire sur toutes ces choses qui relevaient des Pokémon. Et c'est pour ça que Smirnoff ne jouait pas. Il préférait regarder.

Deux ans plus tard, Etienne a sept ans.
La famille Smirnoff n'a pas de métier spécifique en vue. Coralie Smirnoff est critique littéraire. Erwan et son frère Simon sont dans la police Pokémon, au service déminage. Sa sœur Estelle est férue de toilettage de Pokémon mais son frère la voit plutôt styliste ou coiffeuse. Etienne ne sait pas trop, et si on lui demande il ne sait pas quoi répondre et son père ricane avec lui en lui disant "Tu feras ce que tu veux, va" Et puis il y a cette dame qui mange avec eux mais qui n'est pas de la famille. C'est elle qui a préparé le repas et briqué les parquets. C'est elle qui emmène Etienne à l'école. C'est la gouvernante, Debra Rozzini. Etienne la surnommait "Debra toute rose", à cause de son prénom tout d'abord, et ensuite parce qu'elle portait régulièrement une robe rose à motifs jaunes. Et surtout elle est originaire de Rosalia. Tous mangeaient ensemble car Erwan n'avait jamais pu supporter que la femme qui était le pilier de la maison mange dans la cuisine.
-Etienne, tu as le choix.
Il fit un grand sourire en regardant son père.
-Soit le plat de gauche soit le plat de droite !
Les deux étaient sous cloche opaque. Etienne brûlait de ces repas en famille, avec ce perpétuel choix de plat du jour.
-Celui-là !
Pizza trois fromages ! Sa préférée !
-Ouais !
Dans l'autre, un assortiment de boulettes de riz aromatisées : Sauces et épices rendaient chaque boulette intéressante. Etienne regarda Debra avec un grand sourire. La femme de maison avait le chic pour faire les meilleurs plats possibles. Ah ça, elle parlait peu mais avec elle chaque repas était magique.

A neuf ans, Etienne vécut la tragique mort de son père dans un accident de travail. Il mourut le jour même du premier jour d'Etienne à l'académie de Mérouville. Le jeune homme et sa famille se tenaient devant le bras de mer ou se tenait le Mont Memoria. A Hoenn, les enterrements sont faits à mi-chemin entre un enterrement viking et une commémoration japonaise : Le corps recouvert d'un drap, est laissé à la dérive, puis récupéré par le fossoyeur de l'autre côté de la montagne. Là le corps est incinéré et placé dans une urne ou la famille peut venir le voir. Les Pokémon du défunt sont symboliquement relâchés dans la nature.
Etienne pouvait difficilement supporter le choc de la mort de son père d'autant qu'il n'avait absolument rien pour combler ce vide affectif. A l'époque il n'avait même pas de Pokémon. Ce jour là, deux personnes seulement parmi la foule trouvèrent moyen de le rassurer.
D'abord son ami Kenneth qu'il avait connu à l'école préparatoire un an avant.
-Désolé...
Ils se serrèrent amicalement dans leurs bras. Kenneth était le seul enfant de l'âge d'Etienne à être là. Il était venu avec une tante qui vivait à Nénucrique contre l'avis de ses parents. Ce geste symbolique scellera l'amitié des deux enfants pour onze ans encore.
Et puis il y eut Debra qui raccompagna Etienne jusqu'à la maison alors que sa mère et sa sœur restaient à Nénucrique quelques temps pour se recueillir.
Dans le train qui les ramenait à Mérouville, Debra et Etienne restèrent face à face. Le petit garçon évitait de pleurer car il ne voulait pas montrer sa peine.
-Tu vas pleurer, oui ?!
-Je veux pas.
Debra redressa le menton d'Etienne et lui colla une pichenette derrière les oreilles.
-AÏEUH !!! Uuuuh....
Etienne se remit à pleurer comme une madeleine. Debra essuya chacune de ses larmes tout en lui caressant les cheveux.
-Là, là, ça va passer mon bonhomme. Il faut lâcher tout ça. Si tu gardes tout tu ne t'en relèveras jamais.
-C... C.... C'était pas gentil de me faire mal !
-Et alors ? Tu croyais qu'après ça plus rien n'allait te blesser ? Mais si Etienne. La vie est encore plus sale après. Moi quand mon père est mort je suis restée des mois enfermée comme une idiote. Toi tu dois perpétuer le souvenir de ton papa et le faire vivre, à travers toi. Même si tu es une chiffe-molle ! Regarde-toi tout abattu que tu es !
-Pardon...
-Ton père avait accepté l'idée de la mort, il savait que c'était le risque, il t'en a parlé, non ?
-Boui...
-Je sais que je suis très méchante avec toi mais Etienne, les humains sont faibles. Ils n'ont jamais la force de faire de grandes choses, et quand quelqu'un réalise de grandes choses ils se l'approprient !
Etienne hocha la tête.
-Sois fort, Etienne. Sois fort.
-Mais je pleure là...
-Pleurer c'est explorer sa force intérieure. Puisque tu pleures, tu ne sombreras pas dans le chagrin.


A la pause déjeuner, Etienne était content : Le rapport de Jenny était presque fini, celui d'Adam en bonne voie de finissage cet après midi. Il ne mangea pas avec les autres professeurs car il avait en tête des tas de choses. Il était empli d'une intense tristesse profonde, comme une nostalgie insatiable. Il était d'un naturel mélancolique mais là il en était presque à se pendre. En plus le collège de Rosalia est un taudis sans nom.
-Et elle fout QUOI la femme de ménage bordel !!!
Son cri résonna dans le hall vide. Il soupira en secouant la tête. Il regarda l'enveloppe du rapport de Kenneth. Il ne savait pas ce qui le poussait à ne pas lire ce truc. La morosité peut-être. La peur sans doute. Le fait d'être dans ce bourbier peut-être.

Debra emplit les années de jeunesse d'Etienne de rires et d'allégresse. Sa mère se remaria vite avec un dénommé Ian Grandier. Etienne se refusa d'abord à l'appeler papa.
-Mais enfin Etienne c'est ton père maintenant...
-Non, Debra, mon père est mort.
-Ta mère va être très malheureuse si tu ne le respectes pas...
-Pourquoi je devrais ! C'est juste un type qui vient prendre une place déjà prise !
-Ecoute Etienne... Tu n'as qu'à l'appeler Papa pour te moquer de lui.
-Quoi ?
Debra hocha la tête.
-Quand j'étais petite, un vieux de mon village importunait toutes les mères du comté en prétendant qu'il avait fréquenté toutes nos mères. C'était très embarrassant, il traitait nos pauvres mères de tous les noms grivois des filles qui fréquentent trop d'hommes, alors qu'elles n'y étaient pour rien. Et un jour nous, les petites filles de l'école Ebenezer Pocketts décidions de l'appeler Papa, pour lui faire croire que nous étions toutes ses filles ! Si tu savais comme ça l'a calmé !
Etienne ricana.
-D'accord. Je l'appellerais papa, mais toi tu comprendras que c'est pour souligner le fait qu'il ne le soit pas !
-Exactement !
Ainsi chaque appellation par Etienne à son beau-père par Papa était sujette à fous-rires entre les deux.

A sa quatrième année à l'âge de treize ans, Etienne reçut pour premier Pokémon un Capumain. Etienne vit en ce Pokémon un moyen de combler son vide affectif. Il avait enfin son propre Pokémon. Lorsqu'il fut de retour à la maison, il fut félicité par sa mère et son beau-père. Sa sœur le regarda d'un air désabusé très habituel chez elle. Debra regarda Etienne avec Capumain.
-Tu vas lui donner un surnom ?
-Un surnom ? Je sais pas...
-C'est ton Pokémon, tu fais ce que tu veux.
Son tout premier Pokémon. Il y avait là quelque chose d'assez exceptionnel. Si seulement son père pouvait voir ça.
-Il peut, car à travers toi il vit.
Etienne regarda Capumain et décida de l'appeler Erwan.

-ETIENNE MONTE DANS TA CHAMBRE !
Etienne regarda sa mère avec des yeux éberlués.
-Mais...
-Donner à un Pokémon le nom de ton père je trouve ça... Ignoble !!
-Mais maman c'est juste pour...
Elle se tourna vers Debra.
-C'est vous ! C'est vous n'est-ce pas ?
-Je n'ai rien fait, je lui ai demandé s'il voulait lui donner un surnom et...
-Allez manger à la cuisine ! TOUT DE SUITE !
-Très bien madame...
Etienne regarda une de ses meilleures amies en ce monde, presque sa seconde mère, aller manger à la cuisine, comme si elle était une rien-du-tout. Il prit son assiette et s'apprêtait à la suivre, lorsqu'elle cria :
-Etienne, reste à ta place.
-M...
-Reste à ta place.
Etienne se tint à cette extrémité. Il aurait tant voulu l'aider sur le moment.

-Erwan.... Etienne, là tu...
Etienne regarda Kenneth.
-J'veux dire.... voilà quoi... Le nom de ton père à un Pokémon...
-Les Pokémon sont comme les humains sinon meilleurs. Les hommes ne m'ont apporté que la colère et les cris. Avec Erwan je me sens compris.
Kenneth baissa la tête.
-Et moi, je te comprends, moi...
-Je sais Kenneth. Je ne disais pas ça pour toi.

-J'ai été heureuse d'être à votre service toutes ses années madame...
Etienne ouvrit la porte de la maison et vit sa nounou, valises aux pieds, face à sa mère.
-M... Debra ?!
-Désolé Etienne, je dois partir.
Etienne lança un regard mauvais à sa mère.
-C'est toi qui...
-Non, Etienne je prends ma retraite.
Il se tourna vers Debra, attristé. Sa mère lui prit les épaules.
-Je suis désolé, chéri, madame Rozzini savait qu'un jour elle devrait partir...
-D'accord.
Debra s'accroupit.
-Tu es un grand garçon maintenant, mais tu peux pleurer, si tu veux.
-Quand vous serez partie.
Il l'aida à charger ses valises dans la voiture de l'oncle Simon qui l'emmenait à Rosalia ou elle allait finir ses jours.
-Merci, Etienne.
-Je veux pas que vous partiez...
-Ne t'en fais pas, je serais toujours à tes côtés, comme ton père.
Etienne hocha la tête.
-Et n'oublie pas : Quoi que tu fasses, avec qui que tu sois, n'oublie jamais que tu seras toujours seul et que personne ne pensera à toi à ta place. Sauf les gens qui t'aiment vraiment. Ton père, ton oncle, ta sœur, ta mère...
-Et vous. Et vous allez beaucoup me manquer.
-On n'aura qu'à s'écrire. Pense à rester un garçon fort, compris ? Tu as les cartes en main, à toi de faire ce que tu veux de ta vie.
Elle partit. Coralie et Estelle Smirnoff assistèrent alors à une scène d'une tristesse indéfinissable : Etienne, au milieu de la route, pleurant tout en serrant son Capumain dans ses bras.
Après ce jour, Etienne devint faible. Un adolescent faible et fragile. C'est après cela qu'arriva notamment l'incident avec Cumberdale par exemple.

Un mois plus tard, Simon vint chercher Etienne à la maison, un samedi, et il l'emmena en voiture jusqu'à Johto.
-On va voir Debra c'est ça ?
-Pas exactement.
Etienne sembla ne pas comprendre.
-Comment ça ?!
Le frère du père d'Etienne semblait mal à l'aise.
-Dis, tu donnes toujours à tes Pokémon des surnoms des membres de la famille ?
-Oui. J'ai appelé mon Pomdepik par ton prénom.
Simon tâta sa barbe en ricanant.
-T'as jamais osé me dire que ça te piquait quand je te faisais la bise, hein ?
-Héhéhé ! Ouais !
Une fois arrivés à Rosalia, Etienne vit qu'ils étaient devant une maison de retraite. Etienne descendit de la voiture. Son oncle lui prit la main et l'entraina à l'intérieur. Il y avait des tas de personnes âgées. Simon entraina Etienne jusqu'à une chambre.
-Etienne, ta nounou n'en a plus pour très longtemps.
Etienne réalisa que son oncle l'avait emmené ici pour qu'il lui dise au revoir... Encore !
-Oh non... Oh non pas ça !
-Va la voir, bonhomme.
Etienne s'approcha du lit. Debra le fixa.
-Hey, bonhomme.
-Hey...
-Ne t'apitoie pas sur mon sort. Je savais que j'allais y passer.
-Pourquoi ne m'avoir rien dit ?!
-Tu allais m'empêcher de partir, et je ne voulais pas t'imposer un spectacle aussi pitoyable... Ecoute Etienne, je vais dire à ton père là haut quel grand garçon tu es devenu.
-Je suis pas grand.
-Mais tu vas faire de grandes choses, je le sais. Ecoute, les Pokémon sont tes amis, n'est-ce pas, plus que les humains.
-Oui, c'est mon père qui me l'a appris...
-Alors continue de les aimer comme tu le fais. Eux au moins ils ne te quitteront jamais.

Etienne se réveilla en sueur. Quel cauchemar horrible !!
Pourtant c'était vrai. Elle était morte. Il soupira et déprima jusqu'au petit matin.

Etienne resta encore plus à l'écart des autres. Kenneth vint le voir.
-Etienne, tu devrais...
-Non.
Kenneth soupira. Une fille le dépassa.
-Etienne Donovan Smirnoff !
Etienne releva la tête. Linda, treize ans, apostropha Etienne de la sorte.
-Je me doute qu'il t'arrive des trucs terribles. Ca ne sert à rien de t'enfermer tout seul dans ton coin. Allez, lève-toi !
Etienne hésita, puis il se leva.


A 14 heures, Raichu se substitua au groupe électrogène lorsque l'autre abruti coupa le courant. Tous purent terminer leurs rapports. Etienne tapait comme un automate. Il voulait en finir. Dans son iPod, du Queen, à fond, pour que ça atteigne et stimule le cerveau. Il effectua une vingtaine de pages en trois heures à coups de chansons rapides qui lui donnaient du tonus. Ryan Price arriva dans la pièce mais il fut jeté dehors par les profs eux même, excédés.
A 17 heures, il acheva sa tâche, éteignit son ordinateur et son iPod. Les profs le saluèrent comme si c'était un héros. Ces salutations le dégoutèrent, lui qui avait fait de toute tentative de contact social une ineptie sans nom.
Etienne s'arrêta dans le hall. Il regarda à gauche, à droite... Personne. Pas de caméras non plus.
Il sortit Estelle, son Seviper et Debra, son Flagadoss. Debra lui aspergea la tête d'un Pistolet à O, ce qui fit qu'il était trempé. Le serpent envoya un Lance Flammes en direction d'un détecteur de fumée. Etienne rappela ses Pokémon et courut vers la sortie alors que les douches censées éteindre le feu s'écoulèrent dans toutes les pièces y compris la salle informatique. Etienne rappela ses Pokémon et fit semblant d'être sorti à temps. Des professeurs excédés sortirent de la salle.
-Bon sang c'est ce sale petit con de syndicaliste ! Il est parti par là ! Soupira faussement Smirnoff
Les professeurs sortirent, trempés et incapables de terminer leur rapports, les ordinateurs étant tous foutus. Il vérifia que ses dictaphones et l'enveloppe de Kenneth étaient intacts. Il avait une heure à tuer en attendant le retour de ses élèves.
Plus rien ne le retenait vraiment de lire ces rapports. Il avait accompli son devoir de salaud de service, l'honneur était sauf.
Les doigts déchirèrent méticuleusement l'enveloppe. Il vit alors le tableau de rapport destiné aux professeurs.


Smirnoff soupira. "Mouais ça aurait pu être pire... Il aurait pu me mettre 69 pour me ridiculiser carrément.
Comme il devait toujours perdre du temps, il se dirigea vers le nord de la ville.

Etienne captura la femelle Ramoloss. Une voix se fit entendre.
-Eh bien, les garçons, on s'amuse bien ?
Etienne se retourne vers Linda qui les regarde, assise dans l'herbe.
-S... Salut, Linda !
-Hey, Linda ! Tu descends pêcher avec nous ? Sourit le blondinet
-Non merci les garçons. Il n'y a pas de Pokémon eau qui m'intéresse en ce moment... En plus je suis pas trop d'humeur.
Elle se lève et part. Kenneth tapote l'épaule d'Etienne.
-Vas-y !
-T'es sur ?
-C'est le moment idéal.
Etienne donne sa canne à Kenneth, et il arpente la pente.
-L... Linda !
-Oui, quoi ?
-Euh...
Il sort une Pokéball.
-Bon anniversaire !
Linda regarda Etienne.
-Tu t'en es souvenu ? Je pensais que personne n'y avait pensé ! Merci !
Elle ouvrit la Pokéball. C'était un Korillon.
-Ooooh... Il est adorable ! C'est Kenneth qui...
-Il a juste eu l'idée, c'est moi qui l'ai capturé.
-Je vais l'appeler Corey ! Merci infiniment, Etienne !
Elle lui donna un baiser sur la joue. Etienne devint tout rouge.
-Etienne, ça va aller ? Tu vas pas griller sur place ?
-Oh ça va, toi, hein ! Ricana Smirnoff en redescendant vers son ami.
Ils regardèrent la femelle Ramoloss. Etienne la prit dans ses bras.
-Je vais l'appeler Debra.
Kenneth prit une grande inspiration.
-Tu es sur que...
-Oui. Oui c'est ce que je veux. Je veux l'immortaliser elle aussi.
Kenneth hocha la tête.
-Tout le monde la trouve bizarre, ton attitude de donner des noms de personnes à tes Pokémon. Ton père, ton oncle et maintenant ta nounou...
-Un jour ce sera ton tour peut-être.
Kenneth fit une moue bizarre.
-Comment je dois le prendre ?
-Bien.
Kenneth hocha la tête.
-Et toi tu trouves ça bizarre ? Je veux dire, j'aurais pu faire comme toi, tu surnommes tes Pokémon comme les stars du rock, ou comme Linda avec les grandes figures de l'antiquité, mais moi...
Kenneth regarda son ami qui semblait frustré d'être incompris.
-Toi tu as choisi de leur donner quelque chose qui t'appartient vraiment. Mon Cornèbre s'appelle Warner parce que le premier disque que j'ai acheté c'était du Marilyn Manson, quand à Arakdo c'est Airey, comme le leader des Deep Purple. Toi tu as décidé que tes Pokémon formeraient ta famille. La famille que peut-être tu n'as plus, mais qui reste avec toi, au fond. Nos Pokémon sont un peu part de nos âmes, après tout. Nous passons beaucoup de temps avec eux, c'est normal de les aimer au point de leur donner des surnoms qui nous tiennent à cœur.
Etienne hocha la tête.
-Merci, Kenny. Je me sens mieux maintenant.


Il avança à pas trébuchants sur le gravier.
S'appuyant petit à petit sur les blocs de marbre.
Puis il arriva.
Etienne se mit à genoux et il observa, médusé, la pierre tombale.
-J'aurais jamais cru que je reviendrais ici un jour...
Son visage se crispa de tristesse.
-Vous étiez... Une femme incroyable, et sans vous je crois que ma vie aurait eu bien peu de sens. J'espère que vous êtes encore fière de moi.
Il soupira.
-J'avais jamais remarqué que vous étiez aussi âgée quand vous êtes partie... Je croyais que... Vous existeriez toujours, là, auprès de moi. Mais finalement j'ai du me rendre à l'évidence : Tout n'est pas éternel. Tout tombe en poussière un jour ou l'autre. C'est pareil avec moi. Le petit Smirnoff est tombé en poussière quand sa vieille Debra ne lui a plus tenu la main. Le grand Smirnoff est un sale petit morveux de trente ans qui fait la leçon à tout le monde.
Il éclata en sanglots. Les passants dans le cimetière furent étonnés de voir un homme adulte pleurer comme ça devant une tombe.
-Vous me manquez tellement... Et j'avais juré de ne jamais pleurer sur votre mort... Je crois qu'au fond.... Les... Les serments sont faits pour être brisés....
Il cuva ses larmes sur la tombe de sa nurse.
-Je vais vous laisser sinon mes élèves vont me regarder de travers.
Il se releva, tremblotant.
-J'espère au moins que là ou vous êtes vous n'avez plus de parquet à cirer, de lits à faire ou de vaisselle à ranger.
Il quitta le cimetière, secoué mais libéré d'un poids qui lui pesait depuis trop longtemps. Il aperçut Adam et Jennifer, trempés. Il essuya ses dernières larmes et les rejoignit.
-Bah alors ! On a pris un bain ?! C'était bien au moins ?
-Une douche plutôt...
-Vous étiez où ?!
Smirnoff eut l'air songeur.
-J'ai été voir les sœurs Kimono. Elles sont super bonnes !
Adam et Jennifer soupirèrent de consternation, et alors qu'ils partaient vers le centre Pokémon pour y passer la nuit, Smirnoff essuya une dernière larme d'émotion.