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Derkomai's Mask de weivern



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» Auteur : weivern - Voir le profil
» Créé le 09/08/2025 à 07:42
» Dernière mise à jour le 09/08/2025 à 07:42

» Mots-clés :   Présence de personnages de l'animé   Présence de shippings   Présence de transformations ou de change   Romance

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Pari sur le bleu de l’Hortensia
Se retrouver coincé sur votre lieu de travail dès votre premier jour de vacances – et les suivants – ne signifiait jamais rien de bon pour ces dernières… d’autant plus quand vous vous retrouviez dans les toilettes. Alors oui, ses congés étaient rarement une réussite (combien de week-end plage passés sous la pluie déjà ? Et s'il vous plaît, épargnez-lui le détail qu'il était météorologue...), mais là c’était le pompon !

Luc soupira longuement, se trainant aux lavabos pour avaler quelques gorgées d’eau et ainsi calmer ses crampes d’estomacs, même si dernièrement cette méthode avait sérieusement perdu en efficacité. Oh, pitié, il ne voulait pas avoir « Aimé de tous et mort de faim dans les toilettes » sur son épitaphe… Mais peut-être n’aurait-il pas à s’en soucier au final vu le bruit d’explosion qui se produisit au-dessus de lui. Luc écarquilla les yeux, fixant le plafond qui vibrait encore légèrement avant de vite se mettre à l'abri dans une des cabines. Il retint son souffle, en équilibre sur la cuvette, alors que les cris et les grognements se rapprochaient.

- Oh m…

La porte claqua et il mit ses deux mains devant sa bouche, comme pour s'étouffer lui-même. Super les vacances, vraiment Suuuu-per. Luc se risqua cependant à jeter un coup d’œil, et fut surpris de voir une jeune fille au visage et vêtements couverts de suie et de brûlures soutenant difficilement un dracaufeu déjà à moitié effondré sur elle. Mais peut-être la chose qui l'étonna réellement fut le regard qu'elle avait pour le dragon… C’était frustrant, franchement frustrant sans qu’il n’arrive à en comprendre clairement la raison. Luc secoua la tête, cette fille devait surtout être effrayée que son pokémon ait perdu conscience alors qu'elle se retrouvait dans un centre météo aux employés zombifiés. Cependant, l'état du reptile n'était sans doute pas irrémédiable et avec un peu d'aide...

Il ouvrit lentement la porte, mais le crissement suffit à faire sursauter la dresseuse.

- Restez où vous êtes ! hurla-t-elle.

Un petit panda s'était placé devant elle, pas le genre de pokémon qu'on trouvait à Hoenn mais Luc se passerait des détails.

- Du calme, du calme, je suis juste un des employés de ce centre.
- On a croisé beaucoup de gens qui prétendaient travailler ici, se crispa-t-elle.
- Pas seulement prétendre, soupira le scientifique.

Il relâcha ses bras tandis que la jeune fille fronçait les sourcils.

- Qu'est-ce que vous voulez dire par là ?
- Que ce sont bel et bien mes collègues.

La jeune fille écarquilla les yeux, murmurants quelques mots étouffés : « Goupelin » et « Nymphali » furent ceux qui se détachèrent le plus nettement, sans doute d’autres pokémons que Luc ne connaissait pas. Elle releva soudain la tête, le poing tremblant, de toute évidence n’arrivant plus à suivre ce qu’il se passait.

- Et vous venez tout juste de découvrir qu'ils sont membres de la Team Magma, c'est ça ? ironisa-t-elle.
- Ils ne le sont pas, il le sont devenus, corrigea-t-il.
- Oui, bien sûr, comme si on pouvait se réveiller un jour en se disant : tiens, beau temps aujourd’hui, et si j’en profitais pour devenir sbire d'une organisation criminelle.
- En un sens, à part le beau temps... Oui, dit-il un peu plus hésitant.
- Vous vous moquez de moi !? Comment ils pourraient...
- Parce qu'il y a Anne ! Elle ne m'aurait pas menti, pas à moi, finit-il dans un souffle. Luc se frotta les yeux, épuisé, avant de reprendre plus fort : Quoiqu'il en soit, on ferait mieux de le réveiller.

Il y avait la lucarne, une échappatoire quelque peu dangereuse sans aile mais avec ce pokémon…

- Il n’est pas en état, balbutia la dresseuse.
- Mais il est notre seule chance de sortir d’ici, plaida Luc, alors tu devrais m’aider à…

Elle s’était placée devant le pokémon, ses bras tremblants et le petit pokémon à ses pieds levant les poings en guise de menace. Bon… bon, très bien, après tout il pouvait tenir encore quelques heures, voir même une journée, n’en déplaise à son estomac, donc il pouvait attendre… Luc sursauta en entendant les claquements des portes qu’on défonçait. Il écarquilla les yeux, comprenant soudain la situation.

- Ils vous poursuivent ?!

Serena agrippa nerveusement son bras, remarquant au passage la plaie ensanglantée qui s’y trouvait.

- Me dis pas que c'est à vous qu'on doit tout ce qu'il passe ici, et accessoirement le loupé de ma semaine de vacances ? comprit le scientifique.
- On voulait juste aider, dit-elle d’une petite voix.
- C’est réussi, gronda-t-il avant de rabattre son attention sur le dragon.

La vérité était que l'état du reptile était bien pire que ce qu'il avait imaginé. Ce n'était pas un simple K.O, les écailles lacérées de toutes parts et les lambeaux de peau mise à nue, il était clair que même s'il se réveillait, le pokémon n'aurait pas la force d’assurer leurs fuites.

- Sereeenaaaa ! entendirent-ils crier les faisant sursauter tous les deux
- Bon sang, mais qu'est-ce que tu leurs a fait ? hoqueta Luc. C’est à cause de cette histoire de bisou ? s’épouvanta-t-il
- Que… Non ! cria-t-elle en zieutant rapidement le dragon.
- Dr... Dra, entendit-il quelque chose qui ressemblait plus à un cri d'agoni qu'autre chose. Et pour cause, le reptile remuait difficilement, grognant de douleurs alors qu'il semblait mettre tous ses efforts pour se relever.
- Tu n'es pas en état ! cria Serena.

Le pokémon grimaça sans pour autant s'arrêter, fixant la jeune fille comme pour y puiser un second souffle. Il était prêt à défendre sa dresseuse, il ne pensait qu'à ça, et Luc sentit une pointe de honte envers lui-même alors qu'il repensait à Anne, à la manière dont il avait fui quand elle avait tendu ses bras vers lui. Tu ne vas pas te comparer à un pokémon sur ça, se sermonna-t-il. Toujours est-il, la manière dont ce soi-disant pokémon regardait sa dresseuse, et la façon dont elle le touchait, de la douceur et de l'inquiétude à chaque mouvement qu'elle faisait pour le retenir, ça lui faisait étrangement penser à... Je ne savais pas que les jeunes étaient si proches de leurs pokémons maintenant, déglutit-il en secouant la tête.

- Ecoute, dit-il en baissant la voix alors qu'il distinguait nettement des grognements se rapprocher, ils ne tarderont pas à être là. La seule chance qu'il nous reste est de les prendre par surprise.

Pour illustrer ses dires, il sortit une pokéball de sa poche. Serena blêmit, se dépêchant de répliquer :

- On ne pourra pas les battre ! Je n'ai que Pandespiègle qui peut encore...
- Pan ! Se vexa-t-il.
- Oui, c'est comme ça, siffla-t-elle faisant bien comprendre au panda qu'il prouverait sa force un autre jour.
- De toute façon ce n'est pas comme si mon petit Morphéo avait de meilleures chances contre eux.
- Alors...
- Je veux juste qu'ils fassent diversion, expliqua-t-il. Une attaque, deux tout au plus, l'important sera de courir.

Serena ramena son regard vers le reptile qui haletait, obligé de se rallonger tant ses muscles le brûlaient.

- Il ne pourra pas…
- Tu as sa pokéball, non ?

Serena se mordit la lèvre et cette fois ce fut au tour de Luc de blêmir.

- Me fais pas le coup que c'est un pokémon sauvage.
- Non ! glapit-elle. C'est juste que... Dracaufeu, tu as entendu ? s'accroupit-elle à côté de lui avant de poser la pokéball contre sa tête. Il faut vraiment que tu rentres maintenant.

Son cœur lui parût s'enrayer douloureusement quand la lumière vira de nouveau au bleu. Elle contempla l'objet un moment comme pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas alors que Luc dévisageait tour à tour la ball et le reptile.

- Une pokéball défectueuse ? D'où tu te balades avec une pokéball défectueuse ?! monta-t-il dans les aiguë.
- Je ne savais pas qu'elle...
- Comment ça tu ne savais pas ?! s'emporta-t-il. Tu es une dresseuse ! Le minimum syndical est de s'assurer que ton matériel fonctionne, d'autant plus quand ça concerne un dracaufeu !

Au bord des larmes, Serena bégaya péniblement :

- Il... Il a l'habitude de rester hors de sa pokéball alors je n'ai pas...
- C'est un Dracaufeu ! Tu ne vas pas me dire que tu n'as jamais été obligé de le ramener ?

Le souvenir de New Lavandia lui revint brusquement. Comment le petit reptile avait aussi à l'époque brisé l'emprise de la sphère, le fait que Joëlle lui ait assuré que l'objet était en parfait état de marche et qu'elle n'avait pas fait de nouvel essai depuis, parce qu'elle n'en avait jamais eu besoin. Parce que Dracaufeu n'avait jamais levé une griffe contre elle, même lorsque la colère et la rage faisait rougir ses écailles et flamber sa gueule. Même contre Brice, elle avait toujours su le contrôler, le dragon se pliant docilement à sa demande de ne pas blesser le garçon (bien qu'elle ait dû le rappeler à l'ordre une ou deux fois).

- Je suis désolée de te dire ça, mais si on ne peut pas l'emmener alors...
- Non ! hurla-t-elle.

Sa voix était si désespérée, et Luc avait tellement l'impression en l'entendant qu'elle pourrait... qu'elle avait cet étrange frémissement qui vous faisait penser... Il interrogea silencieusement Pandespiègle qui se contenta de soupirer. Déjà qu'il avait du mal à donner des explications à Nymphali alors cet homme n'allait pas lui aussi lui poser des questions sur la relation plus que compliquée qui existait entre la dresseuse et son pokémon qui n'en était pas vraiment un, et ça commençait de plus en plus à se voir.

La porte explosa soudain dans un torrent de flamme. Et si les deux humains restèrent tétanisés, en une fraction de seconde Pandespègle leva ses Lames de Roc en un bouclier contre le blast et la chaleur.

- Ah... entendit-il sa dresseuse déglutir derrière lui.

Il releva la tête, remarquant à son tour les griffes plantées contre la pointe des rochers, la queue qui battait l'air et le museau rivé vers le petit monstre qui lui avait joué tant de mauvais tours. Mais si Pandespiègle se laissait intimider, nul doute que le métamorphosé prendrait la relève (même s'il était déjà à moitié mort). Un frisson parcourut l'échine du pokémon. Après tout, rien n'assurait que Sacha pourrait parfaitement protéger Serena et elle se retrouverait sans doute avec une ou deux mèches brûlées… il risquait d’entendre Sacha s'en lamenter des jours et des jours. S’ils s’en sortaient.

Démolosse dévoilait ses crocs, un peu de fumée s’échappait de sa gueule tandis que le panda inspirait longuement, le rythme de son cœur accélérant. Pandespiègle avait compris qu'il n'évoluerait pas au moment où Serena avait renoncé à Absol, au seul type ténèbres qu'elle aurait pu et voulu capturer. C'était bien quelque part, parce que son petit corps agile lui convenait parfaitement pour les performances et comme le disait toujours son père : « mieux vaut ne pas évoluer que d'être mal accompagné. » Et Serena n'était pas du genre à être dérangée par un pokémon qui n'évoluait pas, ce qui en soit n'était pas si étonnant pour une performeuse mais il lui en était tout de même reconnaissant. Tout comme il l'était avec la renarde de ne pas avoir plus appuyé sur cela, malgré toutes les difficultés qu'elle avait eu à gérer sa propre évolution.

Evoluer signifiait changer, du style passer de : Sacha incapable de comprendre les signes évidents que lui envoyaient Serena à Romance à Unys II. Quoiqu'il restait toujours un cas désespéré malgré ses progrès. Et l'évolution de Goupelin n'était pas mieux : elle s'était changée en vrai sorcière ! Clairement il ne pouvait pas être pire...

Ses poings se serrèrent, son cœur lourd tandis qu'il approchait du type ténèbre. Goupelin avait peur parce qu'elle ne savait pas ce qu'elle deviendrait, mais lui... il avait justement peur parce qu'il le savait. Le chien tomba dans un bruit lourd devant lui, son pelage noir découpé par la blancheur des os qui couvraient son corps. Pandespiègle tenait sincèrement à Serena, d'une manière différente de Sacha, mais qui ne l'épargnait pas de faire quelques folies pour elle.

5, 5, 5

Luc luttait avec les cartons et documents qu’on avait eu la bonne idée d’entasser devant le boitier d’alarmes, heureusement que le panda géant était là pour lui donner un coup de main. D’ailleurs, ce « Pandarbare » s’était rapidement hissé dans le top 10 de ses pokémons préférés après avoir encastré le démolosse dans le mur.

- Tu es sûre que tu ne veux pas essayer de forcer l’entrée ?
- Ils sont trop nombreux, avoua Serena, et même si on les bat Adèl… Courtney aura le temps de nous rattraper.

Luc n’était pas contre l’idée de déclencher l’alerte du centre, surtout que par extension, celle-ci préviendrait aussi la police de Cimetronelle. Toutefois, il faudrait plusieurs heures pour qu’ils arrivent et il n’était pas sûr de pouvoir jouer très longtemps à cache-cache avec leurs amis Magma, sans oublier cette histoire de ‘5’ qui clignotait sur tous les écrans du centre quand il avait retrouvé ses collègues zombifiés. Vous voyez, ce genre de numéros qu’on retrouvait dans les comptes à rebours...

- La fenêtre reste une option.
- Il est trop grand pour passer la lucarne, pinça-t-elle les lèvres. Et de toute façon il ne pourrait pas nous porter tous les deux.
- Pas très musclé ton pokémon…
- Il n’en a pas besoin, se vexa-t-elle. Et puis, je lui ai suffisamment attiré d’ennuis comme ça.

Luc cligna plusieurs fois des yeux. La jeune fille s’était arrêtée de parler pour se tourner vers le dragon assis dans son coin.

- Euh…
- Hum ?
- Eh bien… Pourquoi un Dracaufeu ? Enfin, ce que je veux dire, tu es une coordinatrice et il y a pleins d’autres pokémons qui font un peu plus « concours ».
- Je ne l’ai pas vraiment choisi, sourit-elle doucement. Ce serait même plutôt l’inverse.
- Du genre collant ?
- Pas vraiment, gonfla-t-elle la joue, et de toute façon ça aurait été normal vu son âge mais... Je crois qu’il voulait sincèrement m’aider, qu’il veut toujours sincèrement m’aider.
- Comme la majorité des pokémons une fois capturés, non ?
- Oui, mais… Vous savez, je ne pensais pas que c’était possible, mais il fait des progrès en danse et…

C’était pas possible ce truc. La tendresse avec laquelle elle regardait son pokémon, Luc aurait bien voulu en voir ne serait-ce que le dixième dans les yeux d’Anne… Ah ! Il n’allait pas vraiment être jaloux d’un pokémon ?!

- S-Serena ? ne put-il finalement pas s’en empêcher. Toi et Dracaufeu c’est dresseur-pokémon dans le sens dresseur-dresseur et pokémon-pokémon ou alors…

Il se stoppa net devant la mine confuse de la jeune fille. Evidemment qu’elle ne comprenait pas son charabiât parce que lui-même avait l’impression d’avoir une méchante intoxication au spray désodorisant des toilettes. Ça expliquerait pourquoi il délirait comme ça, non ?

- Pandar…

Luc releva la tête, remarquant cette étrange lueur de lassitude dans les yeux du panda comme s’il lui disait…

- Barbar.
- Non ?! faillit s’étouffer Luc.

Le pokémon acquiesça.

- Si ?!
- Il y a quelque chose qui ne va pas ? s’inquiéta Serena.

Heureusement, un dernier carton tomba, écrasant le pied du scientifique au passage qui s’en rendit à peine compte.

- Le bouton rouge ! s’écria-t-il soudain. On vient de trouver le gros bouton rouge, agrippa-t-il la fourrure du pokémon fraichement évolué.
- Darbar… Pandar-bare, roula-t-il des yeux.
- C’est… Une bonne chose, non ? répondit Serena d’un sourire crispé.
- O-Oui… Euh… Oui, c’est une bonne chose, enfin, je veux dire, c’est pas forcément mauvais…

Serena pencha la tête de côté, ce qui ne fit qu’accroître le malaise du jeune homme qui lançait des regards paniqués vers le panda.

- Pandar, dardar ? décida-t-il d’aider le scientifique.

Serena se rembrunit, le regard dans le vague quelques secondes avant de répondre :

- Je n’ai pas changé d’avis.

Luc releva brutalement la tête comme s’il venait de se réveiller, ou d’être frappé dans les côtes par une attaque Cogne.

- Tu penses… Ouh, c’est dur. Tu penses toujours à aller retrouver tes autres pokémons ?
- Je… C’était sans doute des sbires de la Team Magma, et je les ai laissées seules avec eux.
"Les pauvres…" déglutit Pandarbare.
- C’est pour ça que je dois à tout prix les retrouver ! S’il leur arrivait quelque chose je…
"Serena, il va leur arriver quelque chose, c’est obligé avec elles."
- Je ne te suis pas vraiment…
"Tu devrais pourtant savoir ce dont elles sont capables ! Surtout quand tu n’es pas là pour les arrêter… Je ne souhaite ça à personne, même pas au pire des Admins."

La jeune fille cligna plusieurs fois des yeux, une goutte de sueur sur la tempe alors que Pandarbare imaginait les pauvres sbires broyés par des rubans ou torturés par des flammes enchantées. Au passage, il était certain que Goupelin terminerait d’apprendre à maîtriser ses pouvoirs psy avec eux, ce qui n’augurait rien de bon pour lui non plus, même avec son nouveau type…

- Pandarbare ? s’inquiéta Luc.
- Darbar, barar !

Il s’empressa de s’éloigner pour rejoindre Sacha recroquevillé dans son coin. Le pauvre peinait à garder les yeux ouverts, la douleur à peine soulagée par toutes les potions que Serena avait utilisées.

"On y va ?" demanda Sacha la joue encore gonflée.

Pandarbare se sentit un bref instant coupable, du moins jusqu’à ce que la raison pour laquelle le Pandespiègle qu’il était il y a encore quelques heures avait frappé lui revienne en mémoire.

"Tu te souviens de ce que tu as dit un peu plus tôt ?"
"Que les tables feraient une bonne diversion ?"
"Non. Sauf si tu tiens à ce que la diversion te revienne en pleine face."
"Ça ira…"
"Bien. Alors ?"
"Je sais pas ! J’étais juste… Je l’ai vraiment dit ?"
"Oh que oui," sourit gentiment le panda malgré ses dents aiguisées.

Sacha souffla bruyamment, réveillant la douleur dans ses côtes au passage quoique c’était bien le dernier de ses soucis.

"Je… C’était comme à la sortie du Tunnel Merazon, tu vois ? Donc pas vraiment réfléchi et les nerfs qui craquent et…"
"Sacha. Je crois que justement tu devrais te demander pourquoi ça survient quand tu réfléchis pas."

Le métamorphosé serra ses poings, la bouche horriblement sèche alors qu’il tournait la tête vers la jeune fille.

"Mais… Je ne peux pas, enfin, je ne suis pas et…"
"Tu te rends compte que Luc a déjà senti le truc ?" soupira Pandarbare.
"Quel truc ?"
"Je ne sais pas : ton sourire béat et stupide quand elle s’endort sur ton épaule, ou encore le chocolat chaud que tu as pris l’habitude de lui apporter le soir quand elle est fatiguée… D’ailleurs, tu as plus de flair pour ça que pour sentir ton gâteau qui brûle."
"Pas brûlé, légèrement roussit…"
"A moins que tu veuilles qu’on discute d’où tu as mis ton instinct de survie au moment où cette femme a menacé Serena et… Tu pleures ?"
"Je… J’allais la perdre… J’allais tout perdre et…"

Les larmes montaient comme par reflexe, et il avait beau les essuyer, rien n’y faisait. Le panda se gratta l’arrière de la tête en soupirant avant de donner un coup d’épaule au faux pokémon.

"Tu es bien avec Serena ?"
"Oui, bien sûr que oui," gémit-il malgré les sanglots. "Je n’ai jamais autant aimé voyager depuis que je suis avec elle, depuis que…"

Il s’interrompit.

"Depuis que tu es parti de chez toi ?" compléta le panda. "Ah ! J’en reviens pas que c’était vraiment ça. Qu’au final tu aies toujours voulu rester."
"Que…"

Pandarbare pointait sa griffe en direction du museau du faux-pokémon. Ses iris avaient beau ne plus être visibles, on devinait parfaitement l’exaspération dans ses yeux.

"C’est bon si c’est avec Serena, non ? Je veux dire : je vois pas bien quelle excuse tu pourras trouver, si tu as seulement envie d’en trouver," finit-il avec un clin d’œil.
"Hein ? Quoi ? Enfin, je…"
"L’aime ? Oui, tu l’as déjà dit."

Sacha ramena une aile devant son museau pour mieux cacher ses rougeurs. Il avait juste dit ça parce que pendant quelques secondes, il s’était imaginé à quel point tout serait différent et vide et à quel point ce serait insupportable et….

"Aaaaaaah !" enfouit-il son visage dans ses pattes.
"Comme quoi les Extrasenseur ça a parfois du bon."
"C’est ça ! J’ai pris trop de coups donc ça a l’air vrai alors que c’est faux et ensuite je vais changer d’avis et je vais partir et elle me détestera et…"
"… Ok, tu veux que j’appelle Goupelin ? Surtout qu’elle cherchait des cobayes pour…"
"Non ! Pandarbare, s’il te plait écoute moi. Je veux pas dire ce genre de chose si c’est pour faire comme lui, pas à elle."
"Lui ?"

Sacha détourna le regard tandis que Luc leur faisait signe qu’ils allaient bientôt déclencher le système d’alarme.

"Ne crois pas que tu vas t’en sortir avec ça, mais en attendant…"
"Je peux marcher !" se plaignit Sacha.
"Ne fais pas ta tête de Salamèche," se vexa le panda en chargeant le pokémon feu sur son dos.
"Quelle tête ? C’est juste…"
"Que tu préfèrerais que ce soit Serena qui te porte, je sais."
"Je suis trop grand pour… Et je n’ai pas de préférences !"

Luc n’avait pas osé bouger jusque-là, observant les deux pokémons se disputer avec la certitude que cela concernait…

- Il rougit quand même beaucoup ton Dracaufeu.
- Les allergies.
- Mais il n’y a pas…
- Les allergies.
- Bon… Eh bien, j’espère que cette fameuse allergie est prête à courir.

L’alarme se déclencha, recouvrant le cri surpris de la jeune fille.

5, 5, 5
Le petit groupe s’était trouvé un vieux débarra où était entassé des stocks de matériel que tout le monde avait oublié, y compris Luc qui redécouvrait toute une réserve d’agrafes et de stylos. Serena de son côté faisait les cents pas à la recherche d’un plan pour sauver ses deux pokémons portés disparus, quoiqu’elle semblât bien la seule inquiète. Le panda restait étrangement calme alors que le dragon sursautait à chaque fois qu’il entendait le mot « Goupelin » comme s’il était synonyme d’apocalypse.

Au bout d’un moment, il finit par se relever malgré la douleur pour s’approcher de la jeune fille qui ne manqua pas de lui faire toute une salve de reproches.

- Tu étais sérieux tout à l’heure ? demanda Luc au panda.
"Oui, sauf qu’ils ne le savent pas. Enfin, plutôt Serena maintenant parce que Sacha a l’air d’avoir eu une sorte d’illumination post-traumatique."
- Mais…
"Au fait Luc, les paris sont encore ouverts sur quand est-ce que Sacha va se déclarer."
- Attends, attends il y a trop de choses qui vont pas !
"Si tu préfères il y a aussi le pari sur combien d’œufs ils auront."
- Tu ne comprends pas ! cria-t-il ce qui fit relever la tête de la jeune fille dans sa direction. Luc s’empressa de lui faire un signe de main pour dire que tout allait bien avant de reprendre plus bas : Serena, c’est bien une humaine ? Je veux dire, c’est pas un métamorph ou un zoroark ?
"Plutôt l’inverse."
- Dracaufeu est un métamorph ?!

Il avait à nouveau crié trop fort et Serena s’était soudainement mise à dévisager son dragon. Sacha se dépêcha de secouer la tête, faisant signe que non, il n’était absolument pas un métamorph. Juste un métamorphosé… pensa le panda tandis que Sacha retournait vers eux en boitillant.

"C’est quoi cette histoire de métamorph ?" grogna Sacha le front en sueur pendant que Serena continuait de le toiser de loin.
- On… On se posait juste des questions existentielles.
"Des paris existentiels," corrigea le monstre.
- Comme est-ce qu’on a plus de chance de déclarer sa flamme quand on est un pokémon feu… Oh, qu’est-ce que je raconte encore ? Tu es un pokémon, bon sang, un pokémon. Tu vas pas me faire croire que tu ressens ce genre de… choses pour ta dresseuse.

Sacha écarquilla les yeux et recula d’un pas avant de balbutier :

"Je suis pas bien sûr de vous suivre…"
"Il parle des bisous."
- Hein ? gaspa Luc à deux doigts de rendre l’âme.
"Il n’y en a eu que deux ! DEUX !"
- C’est plus que moi…

Luc fut soudain pris d’un fou-rire tant la situation lui paraissait désespérante. Il n’allait quand même pas être jaloux d’un dracaufeu… quoique quelque part vous aviez juste à vous faire capturer et le tour était joué.

- Ça donnerait presque envie de devenir un pokémon, soupira-t-il.

Pandarbare se tourna brutalement vers le faux-pokémon comme s’il venait de tout comprendre.

"C’était un accident ! Un accident !" se défendit Sacha. "Ecoutez Luc, je… Moi et Serena c’est juste compliqué, très compliqué même."
- Bien sûr que c’est compliqué : tu es un pokémon ! Mais… La façon dont elle te regarde, comment elle parle de toi… En fait, je crois que préfère ça, parce que s’il n’y avait rien entre vous deux, ce serait d’autant plus désespérant.

Serena s’était approchée pour essayer d’entendre quelques brides de conversion. Mais ils firent tous rapidement silence, pas comme si cela l’étonnait vu toutes les messes-basses qu’ils faisaient ces derniers temps.

- Ça ne se fait pas d’exclure sa dresseuse, bougonna-t-elle.

Mais les deux pokémons se figèrent d’un coup, relevant le museau vers la porte. Serena et Luc comprirent immédiatement le message, se dirigeant d’un signe entendu vers l’issue de secours qu’ils avaient repéré un peu avant.

- C’est reparti pour le cache-cache, souffla Luc. Pandarbare, est-ce que le petit chéri de Serena est paré ?
- Pan ! confirma le pokémon au garde à vous après avoir de nouveau forcé le pokémon à monter sur son dos.
- Q-Quoi ?! Attendez ! cria-t-elle en se lançant à la poursuite de Luc.

Le scientifique avait pris la tête du groupe, rien d’étonnant comme il était le seul capable de se repérer dans les longs couloirs du centre (la majorité du temps). Dans tous les cas, il avait repris des couleurs et il presque possible de parler de bonne humeur. Et c’était bien ce qu’il ressentait : de la bonne humeur face à toute cette situation complètement folle et qui ne lui laissait pas d’autres choix que d’accepter les choses telles qu’elles étaient : l’apocalypse zombie ou la pseudo-romance d’un pokémon qui de toute évidence s’en sortait beaucoup mieux que lui.

5, 5, 5

- Luc ?
- J’en ai pour cinq minutes, s’excusa-t-il en sortant sa carte d’employé.

Ils s’étaient suffisamment éloignés et il avait trop jeuné pour résister au distributeur. Et puis, les Lava Cookie, comment pouvait-on lutter contre ces merveilles ?

- Vous en voulez ?
- Ça ira… Bon, d’accord, céda-t-elle en voyant le regard de ses deux pokémons.

Elle les laissa grignoter, vérifiant régulièrement qu’aucun Magma n’apparaissait au détour du couloir.

- Donc… qu’est-ce qui te plait chez lui ?

Serena entendit son pokémon feu tousser violemment et elle-même avait l’impression que sa gorge s’était ratatinée sur elle-même.

- Je vous ai déjà dit…
- Tu vas lui faire de la peine.

Serena tenait beaucoup à son Dracaufeu mais certainement pas de cette manière-là !

- C-C’est juste mon pokémon.
- Ton « juste » pokémon se démène sacrément pour toi.
- Parce que je suis sa dresseuse ! Et les pokémons sont du genre à tout faire pour leurs dresseurs. Tiens, d’ailleurs, j’ai connu un Pikachu qui…
- Alors ce n’est pas ton petit chéri ?
- Exactement !
- Simplement ton petit ami.
- C’est ça !
- …
- C’est pas ça ! hurla-t-elle.
- Si seulement ça pouvait être autant pas ça entre Anne et moi que vous deux, pouffa Luc.

On devinait presque de la fumée s’échapper de la tête de Serena. Ce fut d’autant plus terrible quand elle se tourna vers le dragon pour le supplier de dire quelque chose et qu’elle se rendit compte qu’il n’était pas en meilleur état qu’elle.

- Décidemment, ces allergies ne le laissent jamais tranquille, se moqua Luc.

Elle en voulait à l’employé, de la manière qu’il avait de lui faire croire à quelque chose d’impossible, de lui donner l’impression qu’il avait mieux comprit qu’elle alors que… Alors dis-lui qu’il a tort !

Mais à la place, elle se leva et commença à s’éloigner rapidement malgré les protestations du reste du groupe. Evidemment qu’il avait tort ! Alors pourquoi c’était si dur de lui dire ? Et pourquoi Dracaufeu réagissait de manière aussi… Comme si…

- Serena !

C’était peut-être qu’il projetait ses propres espoirs sur eux, ou bien qu’il avait envie d’assurer un peu plus que tout ce qu’il avait pu faire jusqu’à présent – comptez-y comment il avait fui quand Anne avait failli l’attraper. Oui, pour un scientifique ça l’affichait mal, mais hey, de toute façon autant le dire : Au fait Serena, je crois que je vous soutiens à fond tous les deux.