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Bienvenue à la Baston SARL, que puis-je pour vous ? de MichikoAoneko



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Informations

» Auteur : MichikoAoneko - Voir le profil
» Créé le 19/08/2023 à 23:06
» Dernière mise à jour le 17/11/2023 à 20:29

» Mots-clés :   Drame   Famille   Paldea   Slice of life   Unys

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Chapitre 7 : Les barrières que l'on se fixe
Ce matin, j’ai vainement tenté de me rendre au travail, mais j’ai été incapable de poser un pied en dehors de l’appartement. C’est comme si une barrière infranchissable se trouvait devant la porte d’entrée, telle une force invisible qui refuse catégoriquement de me laisser passer. J’ai essayé plusieurs stratégies pour me forcer à sortir de chez moi. J’ai essayé de me persuader que cette “impression” n’était que dans ma tête. J’ai essayé de prendre de l’élan, mais à chaque essai, je me suis stoppé net sur le pas de la porte.

Puis, j’ai fini par abandonner en comprenant que cette barrière ne céderait pas. Et mon corps s’est retrouvé inexplicablement attiré par mon lit. J’ai fermé la porte, et je me suis couché, tout habillée.

En y repensant, mon cœur bat la chamade et mes pensées tourbillonnent.

L'anxiété monte en moi à mesure que les minutes s'écoulent. Je me sens minable de ne pas être capable de sortir et d’aller travailler. Et j’ai du mal à comprendre ce qu’il m'arrive. Cela ne s’est jamais produit auparavant.

Je suis profondément enfouie dans mon lit, caché sous la couette, comme pour me cacher tout court.

À part le bruit de ma respiration, c’est le silence total dans l’appartement.

C’est dans ce silence ambiant, qu’une seule et unique phrase résonne très fort.

« - Je suis navré, l’état de votre Pokémon s’est aggravé subitement. Nous n’avons pas pu le sauver. »

Je suis prise d’un soubresaut, et je me mets à sangloter en me recroquevillant.

Si j’avais été plus courageuse, je n’aurais pas amené Pohm au sein de cette entreprise, qui semble tant mépriser les Pokémon.

Je m’en veux tellement. Ce qui lui est arrivé, est entièrement de ma faute.

J’ai envie de disparaître.

***

Les volets sont fermés. Il fait noir.

Et je suis encore dans mon lit. Je ne sais pas exactement depuis combien de temps.

Je n’ai pas touché ni à mon ordinateur, ni à mon téléphone. Je crois l’avoir entendu vibrer, mais je n’en suis pas certaine.

J’étais profondément endormie, mais c’est le bruit lointain de la sonnette de la porte d’entrée qui m’a tiré de mon sommeil. Cela a sonné à plusieurs reprises. Je ne savais pas qui ça pouvait bien être, alors je n’ai pas répondu. Et depuis, je ne parviens pas à me rendormir.

Je ne peux pas rester comme ça. Je ne peux pas rester éternellement dans ce lit.

Dans un premier temps, j'adopte une position semi-assise.

De forts battements résonnent dans mes tempes. Mon esprit lutte contre l’envie de me recoucher. Je dois maintenant m’asseoir au bord du lit.

Je repousse la couette, qui me recouvre.

Mais lorsque j’amorce un mouvement pour glisser jusqu’au bord, je sens que mes membres sont engourdis, comme enveloppés dans du coton. J’ai la tête qui tourne et j’ai la nausée. Je souffle doucement pour faire partir cette sensation désagréable. Au prix de quelques efforts, je me retrouve à la position souhaitée.

Je tremble et ma vue se brouille légérement. Je me sens vraiment épuisée, alors même que j’ai probablement dormi un long moment.

Depuis combien de temps, je n’ai pas mangé ou bu ? Il faut absolument que je mange et boive quelque chose. Cela devrait m’aider à reprendre quelques forces. Mais ai-je à manger chez moi ?

N’ayant pas encore de frigo, j’ai pris l’habitude d’acheter à manger au compte-goutte.

Je scrute la pièce assombrie et j’aperçois une boîte de biscuit posée sur mon bureau. Ce n’est pas grand-chose, mais ça devrait me contenter quelque peu.

Je tente de me mettre debout, et ce n’est pas simple. Le simple fait de me lever se révèle être une épreuve insurmontable.

Entièrement debout. Les mollets collés à mon lit, ma tête est prise de bourdonnements violents. Je me tiens la tête pour les stopper, en vain.

Je tente d’avancer d’un seul pas. Mais ce seul et unique pas, me fait comprendre, un peu trop tard, que j’ai minimisé mon état.



Je vacille, puis je m’écroule.

****

Je suis à plat sur le sol, incapable de me relever.

J’entends une voix lointaine qui m’appelle.

« - Mila ? »

Je veux répondre, mais aucun son ne sort de ma bouche. La voix qui m’appelle se fait bien plus forte.

« - MILA !?! »

Je me relève alors d’un seul coup, et je suis accueillie par une lumière très vive. Je mets quelques secondes à me remettre les idées en place. Puis je me souviens alors que je suis dans ma chambre. Plus précisément, je me trouve dans ma chambre, celle située dans la maison familiale de la région de Paldea.

Cela fait pourtant deux semaines que je suis partie d’Unys, mais je continue à faire d'étranges cauchemars. On m’a retrouvé inconsciente au sol, dans mon appartement.

J’ai fait un malaise. Et suite à cela, j’ai fait un court séjour à l’hôpital, puis je suis rentrée chez moi, à Paldea.

« - Grande sœur, tu te sens bien ? »

Je remarque alors que ma petite sœur est assise au bout du lit. C'est sûrement sa voix que j’ai entendue dans mon cauchemar. Je me rends compte que je suis restée silencieuse depuis plusieurs minutes, ce qui doit l’inquiéter.


« - Oui, ne t’inquiètes pas
- S’il y a quelque chose qui ne va pas, ne la garde pas pour toi. Tu peux m’en parler. Il ne faut pas que ça termine comme la dernière fois.
- Je sais bien, mais je pensais pouvoir régler ça toute seule. Je ne voulais pas vous causer d’ennuis et de tracas. Et j’avais honte aussi.
- C’est ridicule ! C’est horrible, ce qu’il t'est arrivé. Tu n’as pas à avoir honte. Tu as eu de la chance qu’on te retrouve à temps, ça aurait pu se terminer de façon bien plus dramatique. »


Quand je me suis retrouvée à l’hôpital, j’ai bien été forcée de tout raconter. Je sais que dans d’autres circonstances, j’aurai tout gardé sous silence. Comme je l’avais prédit, ma sœur voulait se rendre à Unys et tout détruire avec ses Pokémon. Mes parents l’ont heureusement dissuadé.

« - Tu crois que Papa et Maman sont déçus ? »

Ma sœur prend alors un air sérieux, qui ne lui est pas très habituel.

« - Ecoute… Papa et Maman nous aiment. Ils ne sont juste pas très doués pour le montrer. Pour eux, le plus important, c’est notre bonheur. Alors, oui, ils auraient aimé que l’on soit toutes les deux de grande dresseuse. Mais ce n’est pas parce que tu as choisi une autre voix, qu’ils en sont déçus. Je ne sais pas pourquoi tu t’en persuades depuis tout ce temps. »

Un silence s’installe.


« - Est-ce que tu venais me voir pour une raison particulière ?
- Oh oui, c’est vrai, je venais te voir ça ! »


Elle me tend une pile de papier, que je n’avais pas remarqué jusqu’à présent.


« - Pour ça ? De quoi tu parles ?
- Et bien, à l'hôpital, tu m’avais expliqué que tu avais envoyé un mail pour recueillir des témoignages sur ton entreprise.
- Ah ça… Je veux plus en entendre parler…
- Regarde, tu as eu plein de réponses ! Plein de personnes peuvent témoigner ! S’écrit-elle en me tendant les documents. »


Je saisis la pile de papier qu’elle me tend. Je lis rapidement en diagonale. Elle ne m’a pas menti, il y a effectivement beaucoup de témoignages, beaucoup plus que ce à quoi je me serais attendu. Malgré cela, je pose nonchalamment la pile de documents sur la table de nuit.

« - Peu importe, je n’ai plus envie de m’occuper de ça. »

Elle me regarde avec une expression que je suis totalement capable de déchiffrer. Elle est à la fois agacée et sur le point d’exploser. Elle a envie de me hurler dessus et de me secouer pour me faire réagir. Mais, elle se retient.

Elle soupire comme pour chasser toute l’énergie qui est en elle.


« - Réponds-moi franchement. Tu veux que cette entreprise s’en sorte aussi facilement ?
- Je n’ai pas dit ça, mais je veux juste laisser ça derrière moi.
-Tu veux que d’autres personnes subissent la même chose que toi, et toutes les personnes qui t’ont précédées, ?
- Je…
- Et veux-tu que d’autres Pokémon finissent comme ..
- C’est bon, j’ai compris ! Te fatigue pas à essayer de me convaincre ! »


Cette réponse plutôt virulente de ma part, laisse ma sœur bouche bée. Elle n’est clairement pas habituée à ça. Je vois bien qu’elle ne sait pas trop quoi dire.


« - Désolé, je ne voulais pas te crier dessus. C’est juste que je ne pense pas être assez forte. Cela me semble trop difficile pour moi toute seule.
- Qui t’a dit que tu étais toute seule ? »


Je ne réponds rien, un peu étonnée par une telle affirmation.

« - A défaut de pouvoir cramer l’entièreté de leurs locaux ainsi que leurs employés avec les flammes de mon Flamigator, je veux au moins leur faire déposer le bilan. »

Elle reprend le tas de papiers.


« - Et pour que cela arrive, je vais avoir besoin de ça.
- Et moi qu’est-ce que je dois faire ?
- Pas grand-chose, je vais juste avoir besoin de ton propre témoignage. Tu as déjà fait une grande partie du boulot en récoltant ces informations. »


Elle marque un temps.

« - Prends du temps pour toi, soigne-toi et repose-toi. Je m’occupe du reste. »

Je me lève et je la sers dans mes bras.

« - Merci.»

Je desserre mon étreinte. Puis, sans un mot, je me dirige vers mon portemanteau, pour enfiler une veste.


« - Qu’est-ce que tu fais ? Me demande-t-elle.
- Je vais…le voir…
- Tu veux que je vienne avec toi ?
- Non, j’ai besoin d’être seule.
- Je comprends, je te laisse tranquille alors. »


Inès sort de ma chambre, tandis que j’enfile la veste que j’ai en main. Je suis devant le miroir mural, et j’observe quelques instants les deux-trois mèches blanches qui parsèment ma chevelure noire.

Je ne m’en étais même pas rendu compte avant mon séjour à l’hôpital. Le médecin m’a expliqué, que dans de très rares cas, un fort choc émotionnel pouvait provoquer l’apparition de tels mèches

J’hésite à mettre un chapeau ou un bonnet pour les dissimuler. Mais je ne le fais pas, car je m’apprête seulement à me rendre dans le jardin. Et si malgré tout, quelqu’un m’aperçoit, je m’en fiche.

Je descends au rez-de-chaussée, et pousse la porte d’entrée qui ne me bloque aucunement.

Je me dirige vers l’arrière de la maison, et déracine une fleur du jardin au passage. Je suis un petit chemin en pierre qui mène à un espace, particulièrement à l’écart de la maison et de son grand jardin central.

C’est un espace qui paraît hors du temps, et dans lequel le silence est le maître-mot. En son centre trône une petite pierre tombale, que l’on a érigée pour rendre hommage à Pohm, parti bien trop tôt.

J’y dépose la fleur que j’ai cueillie juste avant.

Ce qu’il va se passer ensuite, je n’en sais rien.

Rester sur cette voix ou encore en changer ? Je dois d'abord guérir avant de creuser la question.

Mais pour l’heure, l’avenir me paraît particulièrement incertain.