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Bienvenue à la Baston SARL, que puis-je pour vous ? de MichikoAoneko



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Informations

» Auteur : MichikoAoneko - Voir le profil
» Créé le 19/08/2023 à 23:01
» Dernière mise à jour le 19/08/2023 à 23:01

» Mots-clés :   Drame   Famille   Paldea   Slice of life   Unys

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Chapitre 5 : Dissonance
Ce matin, je suis arrivée au dernier moment au travail pour une raison très simple. Je veux croiser le moins de personnes possibles aujourd’hui, en particulier les employés de cette entreprise.

La seule personne que je veux croiser, c’est cette fille. Je dois absolument la convaincre de m’aider. Mais je me rappelle que je ne connais ni son nom, ni son poste ici.

Mais, j’ai accès aux documents administratifs des employés de la structure. En cherchant son nom, je tombe sur l'historique des contrats qui correspondent à mon poste. Je suis intriguée par l'important nombre de contrats qu'il y a. Je devrais garder ça de côté.

Je dois tout d'abord me concentrer sur ce que je cherche. Jefinis par découvrir qu’elle s’appelle “Molly Anderson” et qu’elle travaille au service après-vente. Mais je ne peux clairement pas me pointer dans ce service, et lui parler mine de rien, car ce serait bizarre et bien trop risqué. Cela risquerait même d’atterrir dans les oreilles d’Ayden ou de M.White. Et je ne veux pas aggraver mon cas.

Je dois agir lors de la pause-déjeuner de ce midi. Cela ne paraîtra pas trop étrange si je m'assois en face d’elle et que je lui parle. Le brouhaha des discussions alentour, me permettra de ne pas être entendu.

Je dois d'abord faire en sorte qu’elle se joigne à moi, je m’occuperai des détails plus tard.

***

Il est l’heure. J’ai passé une matinée intense. J’ai dû rattraper tout mon retard d’hier, tout en ne négligeant pas mon travail de ce matin. Si j’avais su que j’avais tant de retard, je serais resté hier soir pour faire des heures supp’.

Mais maintenant, il est temps d’aller manger. Et je ressens un peu d’appréhension.

Bien que ce soit elle qui m’ait prévenu à propos d’Ayden, je n'oublie pas qu'elle faisait en sorte qu’on ne voit pas avec elle cette fois-ci. Je me heurte donc à un refus pur et simple de sa part. Mais je dois au moins essayer de lui parler.

Je remets ma pancarte habituelle, et me dirige vers l’ascenseur.

Je prends mon repas dans mon vestiaire, et observe la Pokéball de Pohm. Je l’ai amené avec moi ce matin pour me donner du courage. J’hésite même à l’emmener avec moi, dans la salle de repas, en le cachant dans l’une de mes poches. Mais je me ravise, car c’est décidément trop imprudent.

Je me souviens très bien de cette réponse de M.White qui après avoir compris que je ne me battrais pas avec Pohm, avait répondu : “C’est dommage, mais on verra…"

Je n’en avais pas tenu rigueur ce jour-là, mais après réflexion, j’ai peur que l’on me force à me battre, si l’on sait que j’ai mon Pokémon avec moi.

Je referme la porte de mon casier, repars avec mon sandwich en direction de la salle.

Je pénètre avec une certaine pression dans la pièce. Il y a moins de monde qu’avant-hier, ce qui ne m'arrange pas vraiment. Je balaye l’endroit et constate deux choses.

D'un, ni Ayden, ni M.White ne sont là, et ça me va très bien.
De deux, cette fille prénommée “Molly Anderson”, est assise seule à la grande table.

C’est l'occasion parfaite.

Je vais m'asseoir nonchalamment en face d’elle, et entamer la discussion mine de rien. Si on s’entend bien ensemble, alors elle acceptera de m’aider. Je me dirige vers elle, un peu nerveuse. Les relations sociales n’ont jamais été un domaine dans lequel j’excelle.

Je vois qu’elle semble obnubilée par l’écran de son Vokit, et qu'elle ne m’as pas remarqué.

Je m’assois en face d’elle, et lance un timide :

« - Bonjour…»

Elle relève doucement les yeux de son écran pour voir qui lui adresse la parole.

« - Je ne me suis pas présentée la dernière fois, je…»

Mais, elle se lève et s’en va, sans même m’adresser la parole. Instantanément, elle jette le reste de son repas en quatrième vitesse, et quitte les lieux, me laissant seule abasourdie.

Sa réaction veut clairement dire : “Ne me parle pas.”

J’entends plusieurs rires sur le côté, et je vois trois femmes me dévisager et pouffer de rire en prime. Encore une fois, j’ignore qui elles sont.

Mais je sais bel et bien une chose, je n’ai plus faim.

Je me lève, un peu honteuse, jette mon propre repas à la poubelle et sort immédiatement. Quand je passe à côté de celles qui semblent se moquer de moi, j’entends, une messe basse :

« - Elle fait vraiment trop pitié…»

Mais je décide de ne pas y répondre, même si j’en meurs d’envie.

Je me contente de filer à travers le long couloir, afin de prendre l’ascenseur pour retourner travailler. Mais j’entends qu’on m’interpelle :

« - Hey l’étrangère ! »

Je me retourne et reconnaît l’une des trois filles qui se moquaient de moi.

Elle continue à s’avancer vers moi. Le bruit de talons de ses escarpins résonne dans le couloir. Cette fille a quelque chose d’impressionnant, comme une sorte d’aura écrasante. Elle est également très belle. Elle a de longs cheveux soyeux et bouclés de couleur blond platine. Sa peau couleur ivoire est semblable à de la porcelaine. Elle a l’air excessivement maquillé. La tenue qu’elle porte laisse apparaître un décolleté plongeant.

« - Je … J’ai…»

Les mots restent coincés dans ma gorge. Elle me déstabilise complètement. Je n’ai pas apprécié la façon dont elle m’a appelé, mais je ne parviens pas à le lui dire. Elle est maintenant à seulement deux petits mètres de moi. Son badge est retourné, et donc, je ne peux pas voir son nom. Mais ça n'a pas d'importance.


« - T’as pas intérêt à t’approcher de mon copain, d'accord ?
- Pardon ? Je ne comprends pas…
- T’es sourde ou quoi ? Reste éloigné de mon fiancé où tu auras affaire à moi ! »


Elle me pousse du plat de la main, si fort que je manque de tomber en arrière.

« - Bon ça suffit ! On ne se connaît pas, et je ne sais pas qui est ton fiancé. Alors, explique-toi ! Je n’y comprends rien ! »

Elle souffle.


« - T’es vraiment pathétique… N’essaye pas de m’embrouiller, ça ne marchera pas avec moi. … Ayden m’a tout raconté. Dès le premier jour, tu l’as invité à boire un verre. Et comme il est très gentil, il a accepté par politesse. Donc t’en as profité pour te jeter sur lui. T’as pas honte ?
- Quoi, mais c’est complètement faux ! C’est lui qui m’a invité et qui …. ! »


Elle me coupe la parole.


« - À ce que je vois, en plus d’être, une traînée, t’es une mythomane. T’es cinglée, ma pauvre.
- Je ne mens pas. Si tu ne me crois pas, c’est ton problème. »


Sur ces mots, je repars vers l’ascenseur.


« - Hey, tu crois que j’en ai fini avec toi ? Crie-t-elle en m’attrapant le bras.
- Laisse-moi tranquille ! Dis-je en la poussant en la repoussant. »


Elle recule, titube et manque de tomber, déséquilibrée par ses hauts talons. Son visage se déforme de colère, et ne semble pas savoir pas quoi dire.

Soudain, j’entends le bruit caractéristique des portes d’ascenseur qui s’ouvrent. Alors que je me retourne pour voir qui sort de l’ascenseur. J’entends mon interlocutrice pousser un cri strident.

Je me retourne de nouveau vers elle, et je vois qu’elle s’est jetée par terre, et qu’elle se tient la joue. Elle a le visage larmoyant. Je ne comprends pas ce qu’elle est en train de faire :


« - Pourquoi tu me frappes !?! Je ne t’ai rien fait ? Je voulais juste t’aider…
- Quoi ? Mais qu’est-ce que tu racontes ? Qu'est-ce qui te prends ?
- Qu’est-ce qui se passe ici ? Lance une voix derrière moi. »


Je reconnais la personne qui vient de parler, et ce n’est autre que M.White. Il se précipite vers la blonde qui est à terre.


« - Est-ce que ça va ? Vous êtes blessé ?
- Non… ça va… Elle est partie précipitamment de la salle de repas. Je voulais savoir si quelque chose n’allait pas, pour l’aider. Mais elle m’a frappé sans raison. Je ne comprends pas ce que j’ai de mal.
- Ce n’est pas de votre faute…»


Il se retourne vers moi.


« - Il va vraiment falloir qu’on s’occupe de notre comportement…
- Je ne l’ai pas touché, elle fait semblant parce qu'elle vous a vu arrivé.
- Et vous allez me faire croire qu'elle s’est jetée toute seule par terre. Pourquoi ferait-elle ça ? Vous ne vous connaissez même pas. Cela fait longtemps que cette jeune femme est employée dans notre entreprise. Je lui fais confiance. En revanche, vous, ça fait très peu de temps que vous êtes là. »


ll se lève et aide la jeune femme, à l’aide à se relever. Il l’entraîne en direction de la salle de repas, alors que je tente vainement d’attirer son attention.

« - Attendez ! Je…»

Mais il se contente de me répondre en ne prenant même pas la peine de se retourner pour me faire face.

« - Retournez travailler. Je vous convoquerai prochainement. »

Je comprends alors que cela ne sert strictement à rien et j’abandonne. Il est facile de voir que cette fille a notre supérieur dans la poche, et ce, depuis sûrement un moment. Les deux disparaissent de mon champ de vision en entrant dans la salle de pause. Et je me retrouve seule dans le couloir.

Autant retourner à mon poste, de toute façon, j’ai jeté mon repas. Je vais prendre de l’avance sur mon travail, et au moins, on ne pourra pas me reprocher ça.

***

Dépitée, je suis retournée au comptoir d'accueil.

Je n'en veux pas à Molly de m'avoir ignorée. Elle préfère sûrement ne pas se faire remarquer. Je commence à saisir que dans cette entreprise, dénigrer ou s'en prendre aux autres pour se mettre en valeur est une pratique courante.

Je me rappelle qu'en cherchant son nom ce matin, j’ai découvert l’ensemble des contrats de mes prédécesseurs.

Il y en avait des tas. Et j'ai comme un mauvais pressentiment.

En creusant davantage, je constate que leur point commun est leur courte durée. Le plus long des contrats a duré …. deux mois seulement ?! Et les seuls motifs de fin de contrat sont les suivants : un abandon de poste ou une démission.

Mes yeux sont attirés par la date du dernier contrat avant le mien. La photo correspondant à ce contrat montrait une jeune femme extrêmement soignée. Et, là ça m’a frappé.

En observant les dates de contrat, je comprends que cette personne est la jeune femme que j’ai rencontrée le jour de mon entretien. Mais la personne que j’ai vu ce jour-là et celle que je vois sur cette photo ont l’air de deux personnes différentes. C’en est choquant. De plus, son contrat a une durée… de quatre jours ?!

Je sens la sueur couler le long de mon dos. Mon instinct me pousse à enregistrer l’ensemble des données concernant les contrats de cette dernière année, ce qui est déjà beaucoup.

Le fichier est si lourd que l’enregistrement prend quelques minutes. Puis j’utilise le mail de mon intranet pour l’envoyer à mon email personnel.

J’ai parfaitement conscience que cela est totalement interdit. Mais là, je ne suis plus à ça près. Ce n’est pas juste moi qui subis la maltraitance qui semble gangrener cette structure. Ce n’est pas non plus juste moi et la personne qui me précédait. Cette comédie dure sûrement depuis des années. Ce qu’il se passe ici est juste… terrifiant. Je ne peux pas me contenter d’une pauvre petite vengeance et de partir l’air de rien. Il faut que ce qui se passe ici, se sache. Je dois convaincre les personnes qui ont travaillé ici, de témoigner, puis de trouver un moyen de révéler l’ensemble de ces témoignages au grand public.

« - Je peux savoir ce que vous faites ? Me lance une voix dans mon dos. »

Je sursaute et vois M.White dans mon dos. Concentrée, je n’ai pas du tout remarqué sa présence.

A-t-il vu ce que je suis en train de faire ?

Je ne sais pas quoi lui répondre.


« - J’étais en train de…euh…
- Peu importe… Venez avec moi… Me dit-il
- Que se passe-t-il ? Est-ce par rapport à ce qu’il s’est passé tout à l’heure ? Je vous assure que c’est un malentendu.
- Contentez-vous de me suivre. »


Je me lève et repose l’affiche qui indique que je m’absente. M.White m’attend devant l’ascenseur. Son expression est indéchiffrable. Je ne sais pas s’il est agacé ou gêné, ou tout autre chose.

Comme il l’a dit, je me contente de le suivre.

J’observe qu’il a sélectionné le quatrième étage, qui n’est pas celui où se trouve son bureau. Que me veut-il si on ne se rend pas dans son bureau ? Va-t-il tout simplement me réprimander dans un autre lieu ?

Les portes de l’ascenseur s’ouvrent et comme le premier jour, M. White s’élance dans le couloir sans m’attendre. Je continue à le suivre. Je suis inquiète, car je ne sais pas ce qui m’attend. Peut-être, a-t-il l’attention de me renvoyer ? Cela expliquerait cette expression gênée que je semble déceler.

Nous arrivons devant la porte d’une pièce, que je sais être une salle dédiée au combat de Pokémon.

M.White reste au pas de la porte, et ne pénètre pas dans la pièce, pour une raison qui m'échappe. Puis, il me dit :


« - Vous devriez rentrer.
- Pourquoi ? Que se passe -t-il ? »


Pour seule réponse, il ravale sa salive. Et finalement, il ouvre la porte de la pièce, mais se contente de la pousser, et non de rentrer.

Je pénètre dans la pièce, et observe tout un tas de personnes autour d’un terrain de combat.

Il y a trop de monde pour que je puisse voir le terrain. Beaucoup de monde semble rassembler ici.

« - Laissez-la passer. Ordonne M.White d’un ton froid. »

Beaucoup de personnes s’écartent pour me laisser accéder au terrain. Je ne comprends toujours pas ce qui est en train de se tramer, mais je finis par me frayer un chemin à travers la foule, qui finalement ne s’est pas tant écarté que ça.

C’est alors qu’une vision d’horreur se déroule devant les yeux.

Ayden est à l’un des bords du terrain, en face d’un dresseur qui m’est inconnu. À ses pieds, se trouve un Pokémon. Mais pas n’importe lequel.

Il s’agit de Pohm, qui a un trou béant dans la poitrine.