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Baliyru ou les fantômes de la bibliothèque de FireHana



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Informations

» Auteur : FireHana - Voir le profil
» Créé le 16/10/2022 à 11:29
» Dernière mise à jour le 30/05/2023 à 16:34

» Mots-clés :   Amitié   Fantastique   Galar   Humour   Présence de personnages du jeu vidéo

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Chapitre 5
Diana veut être honnête, mais elle ne veut pas passer pour une trouillarde non plus. Alors, elle répond avec une lenteur calculée :

— Ça dépend s'ils veulent me faire du mal ou pas...?

Alistair reste figé un long moment. Un frisson parcourt le long de la colonne vertébrale de Diana : il fait froid.

— Si tu penses que ça fait trop peur... Il vaut mieux que tu restes cachée...

De la buée s'échappe de son masque. Il fait vraiment, vraiment froid maintenant. Dans un mouvement sec, la tête d'Alistair se tourne vers l'entrée.

— Elle arrive. Ne fais pas un bruit. Nox, veille sur elle.

— Grraou ! s'écrit-il en sautant entre les deux enfants.

Avant que Diana puisse réagir, l'énorme Pokémon mauve l'attrape avec ses pattes griffues et la jette sur son épaule. La petite fille a à peine le temps de pousser un cri estomaqué que Nox saute dans tous les sens, pour atterrir avec délicatesse au niveau de la mezzanine. 

Diana a trop la tête qui tourne pour rétorquer quoique ce soit lorsqu'il l'installe sur un coussin. Il met l'un de ses doigts devant son énorme bouche pour lui intimer de garder le silence. Diana cligne de ses grands yeux oranges, hébétée. Elle ne comprend pas très bien ce qui se passe.

Les ampoules du plafond se sont subitement allumées, diffusant une lumière curieusement tamisée. Si dans d'autres circonstances retrouver la vue l'aurait rassurée, Diana trouva cela trop étrange pour s'en réjouir. Sa lampe a aussi disparu. Est-ce qu'Alistair l'a récupérée...?

Des pas se font entendre. Qui vient ?

"Bonsoir Alistair. Comment vas-tu ? Tu n'as pas été trop mouillé ? "

C'est une voix féminine, grave et douce. Il y a un léger trémolo dans son intonation qui lui donne une impression de fragilité. Le plus silencieusement possible, Diana se rapproche près du bord. Lentement. Doucement...

— Bonsoir Ambre... Je vais bien... Je suis arrivé... avant la pluie.

"Tu n'aurais pas dû venir... Tes parents n'auront-ils pas fini de remarquer ton absence, à force de venir ici ? De plus, la bibliothèque est fermée... Je devrais te mettre dehors, tu le sais ?"

Alistair ne répond rien ; sûrement qu'il acquiesce. Ambre soupire :

"Bon... Heureusement que la pluie a l'air de se calmer. As-tu lu le livre que je t'ai conseillé ?"

Nouveau silence. Diana y est presque !

— C'est... un très beau livre... J'ai beaucoup aimé... Tu crois que... que tu pourrais... me le renouveler ? J'aimerai... le prêter à quelqu'un...

"Est-ce une personne de confiance ? Il faut faire attention à qui on prête ses affaires - surtout quand ce ne sont pas les tiennes !"

La petite fille arrive enfin au bord. Elle voit la dame - Ambre présume-t-elle - de dos. Elle a de long cheveux ondulés de couleur miel, attachée par une barrette à l'arrière. Devant elle se trouve Alistair, bougeant sur place d'un pied à l'autre. Sa tête se relève vers elle un instant, projetant la lumière sa lampe frontale sur Diana. Pour autant, elle est incapable d'être certaine s'il l'a vraiment regardée ou même aperçue tant ce moment est bref. 

— Je le crois... Oui, répond-t-il enfin. 

"Bon, dans ce cas..."

Ambre se retourne, un léger sourire aux lèvres. Et dans le même temps Diana, elle, se décompose. Sa bouche s'ouvre, l'air rentre dans ses poumons et -

— HMMMMMMMPPPFFF ! hurle-t-elle dans la paume de l'Ectoplasma qui vient de la tirer en arrière. 

"Hm ? Qu'est-ce qui se passe là-haut ?"

— Oooh, tu sais... C'est encore... Nox... Il fait rien que des bêtises... ment Alistair avec un naturel étonnant.

Cependant, Diana n'a pas le temps de s'interroger dessus. Elle est trop horrifiée par ce qu'elle a pu voir. Son visage - son visage ! Il est ! Il est - !

Nox et ses yeux froncés s'interposent entre ses pensées et elle. Cette fois-ci, il est clairement mécontent : sa bouche est tordue par une grimace agacée. Il insiste sur le doigt devant celle-ci, puis il s'élance par dessus la mezzanine en poussant de grands cris. Diana n'arrive pas à savoir s'il s'agit de sanglots ou de rires.

"Ah... Je me disais aussi qu'on ne l'avait pas vu ce soir..." murmure Ambre avant de relancer d'une voix plus forte : "Bonsoir, petit chenapan !"

Nox rit franchement. Diana n'ose pas aller voir : elle est encore sous le choc. Allongée sur le parquet, elle ne peut qu'imaginer ce qui se passe en dessous...

"Je suis toujours aussi étonnée que tu aies la compagnie d'un tel Pokémon... Enfant, j'en étais terrifiée."

— Je trouve... que les adultes font bien plus peur... que les Pokémon Spectre.

Ambre rit. Diana les entend se déplacer.

"J'espère que moi, je ne t'inspire pas l'effroi !"

— Hm-hm, répond-t-il avec une intonation négative avant d'ajouter : Juste... la chair de poule, je suppose...

Elle rit de nouveau, un rire léger et clair. Le livre est posé sur le comptoir, glisse sur la partie métallique.

Il y a un temps de flottement. Diana se relève en position assise. Son cœur bat fort dans sa poitrine.

"C'est si curieux..." pense-t-elle à voix haute, "Tellement de choses ont évolué en si peu de temps. Tous le monde semble avoir déménagé, le matériel et les livres ont encore changé..."

— Tu... Tu te rappelles depuis combien de temps tu es ici ?

"Eh, bien sûr ! J'ai commencé à mes 18 ans... Juste après mon mariage avec..."

Elle s'interrompt. Le cœur de Diana fait tellement de bruit qu'elle a l'impression qu'il bat dans ses oreilles. La crainte d'être découverte l'étouffe. Ses doigts sont gelés, elle frisonne de froid. Elle aimerait que Nox revienne et que la dame s'en aille. À défaut de pouvoir s'emmitoufler dans un plaid ou dans un pouf, elle se recroqueville sur elle-même, et ferme les yeux.

"Enfin, je t'ai déjà raconté ça... C'est derrière moi maintenant."

— Hmhm.

Mais son ton n'est pas convaincu ; il est plus pensif qu'autre chose. Puis il reprend :

— Mais... c'était pas vraiment ma question... depuis combien de temps.... tu travailles ici ?

Silence. Le rassurant clapotis de la pluie a disparu : il ne pleut plus.

"Eh, ça fait... cela doit faire environs vingt ans à peu près," dit-elle mais elle semble beaucoup moins sûre qu'avant. Son rire sonne vide.

— Hmmm... C'était alors en 2000 alors ?

Diana est certaine que la température a encore baissé. Elle est obligée de se mordre les lèvres pour ne pas claquer des dents. 

"Ahaha ! Non Alistair... C'était en 1986 !"

Silence.

— Ah oui... c'est pas vraiment pareil... !

"C'est le moins qu'on puisse dire ! Ahaha ! Ahahahahahahahahahahah ! AHAHAHAHAHAHA - !"

Son rire devient de plus en plus distordu et faux. Plus il s'étend et plus il frôle l'hystérie. Diana plaque ses mains glacées sur sa bouche.

D'un seul coup, elle se tait.

"Tu es un drôle de garçon, Alistair..." murmure-t-elle alors.

— On... On me le dit souvent...

Sa voix est toujours égale à elle-même. Comme si rien de particulier ou de perturbant ne venait de se passer à l'instant. Comme si... tout était parfaitement normal.

"Voilà ton livre... J'espère que ton ami l'appréciera autant que toi."

—  Je l'espère aussi...

Le frottement des roues de la chaise se fait entendre. Vient ensuite le claquement des talons contre le parquet.

Nox réapparait en passant par le sol de la mezzanine, et s'installe en face de Diana. Il lui donne des petits tapotements sur la tête. Sa présence et ses gestes rassurent Diana, mais pas assez pour qu'elle se sente en sécurité. Avec des yeux humides, elle l'interroge du regard. Est-ce que c'est bientôt fini...?

"Je vais avoir du rangement à faire là-haut..." soupire Ambre avant de s'adresser gentiment mais aussi fermement à Alistair : "Rentre chez toi maintenant qu'il ne pleut plus. Fais bien attention à ne pas marcher dans une flaque d'eau !"

— Hmhm. Au revoir, Ambre.

"Bonne soirée, Alistair."

Les pas s'éloignent et, avec eux, le froid s'évapore. La lumière disparait. Même si le corps de Diana est encore gelé, elle se sent tout de suite mieux. L'étau qui a compressé son cœur palpitant s'en est allé. Elle ne souffle plus de buée, elle ne claque plus des dents.

— Elle est partie... Tu peux... descendre maintenant... lui annonce alors Alistair en bas de la mezzanine. 

Un peu chancelante sous toutes ces émotions, la petite fille se lève pour le rejoindre par l'échelle. Nox la suit en sautant au-dessus d'elle pour atterrir à côté de son dresseur. Une fois en bas, Diana se frotte les mains pour les réchauffer en s'approchant timidement de lui. Ils restent un moment à se fixer. Puis Alistair penche la tête sur le côté en lui demandant :

— Tu as encore besoin... d'aller faire pipi ?

Cette question aussi innocente que bienveillante embarrasse l'enfant en salopette. Ses joues en deviennent roses de honte alors qu'elle s'écrit :

— Non ! J'ai pas besoin !

L'émotion l'a cependant aidée à retrouver sa langue et sortir de sa torpeur. Plus calme, elle murmure :

— C'était... C'était un vrai fantôme ?

Alistair acquiesce. Elle baisse la tête : la vision du visage d'Ambre la hante encore.

— Je ne pensais pas qu'elle ressemblerait à... à ça.

— Ce n'est pas toujours le cas... Ça dépend de comment... ils sont morts, explique Alistair. Tu comprends... maintenant... pourquoi Baliyru n'était pas gentil...

Diana relève les yeux vers lui. Oui, elle comprend. 

— Il va falloir partir... les gardiens... ils vont faire une patrouille... dans pas longtemps... J'ai récupéré ta lampe, ajoute-t-il en la lui tendant.

Elle le remercie d'une petite voix.

Alors qu'ils se dirigent vers l'extérieur, la scène se rejoue encore dans la tête de Diana. Le calme avec lequel Alistair a agi, l'étrange comportement d'Ambre... Beaucoup de questions se formulent dans sa tête mais aucune ne sort de sa bouche.

— Il faut que... que tu montes sur le dos de Nox...

Diana clique des yeux : ils sont devant le grillage, par derrière le bâtiment. Le sol poussiéreux est devenu boueux : leurs chaussures sont déjà pleines de terre. La brèche que ses amis et elle ont faite est encore visible, mais il est hors de question de traîner ses genoux contre le sol. Ils n'ont d'autres choix que de passer par dessus.

Avec appréhension, Diana se rapproche du grand Pokémon alors de dos.

— Je m'accroche comment ?

— Tu peux lui attraper les oreilles... mais pas trop fort, prévient-il.

Nox pousse un cri grave pour confirmer ses dires. Peu assurée, Diana se colle contre l'étrange fourrure du Pokémon (son corps est vraiment froid ! Elle ne peut s'empêcher de frissonner à son contact) et à défaut d'attraper ses oreilles, bien en dehors de sa portée, saisit une touffe de poils dans chaque main. Au moment où elle saute pour passer ses jambes au niveau de la taille du Pokémon, celui-ci s'élance dans les airs, et atterrit tout naturellement de l'autre côté. Diana n'a eu le temps que de pousser un petit cri aigu de surprise que le trajet est déjà terminé. Tout doucement, elle se laisse glisser sur le sol. Dès qu'elle n'a plus de prise sur lui, Nox saute à nouveau au-dessus de la grille, et c'est au tour d'Alistair. En quelques secondes, ils se retrouvent tous à l'extérieur de l'enceinte de la bibliothèque. 

Au moment où Diana va se permettre de souffler un grand coup, soulagée que cette histoire soit enfin terminée, une voix masculine et agressive retentit :

— Hey ! Vous là-bas ! Qu'est-ce que vous faites ici ?

Le sang de Diana se glace. Sans un mot, Alistair lui attrape la main, l'entraînant avec lui dans sa fuite. Pour un si petit garçon, il court très vite : Diana est obligée de faire de grandes enjambées pour ne pas tomber. Nox a disparu de sa vision mais elle n'a pas le temps de le chercher des yeux : elle est bien trop concentrée à éviter les obstacles sur leur chemin. Branches, racines, ronces, flaques d'eau, boue : à la moindre erreur, ils tomberont tous les deux et la chute sera rude. Et humide. Et sale.

(Beurk !)

Après cette très longue minute de course effrénée, les deux enfants sont enfin en sécurité, loin du périmètre de la bibliothèque. Alistair relâche sa main avant de ralentir et de s'arrêter sous un lampadaire. Jamais encore de sa longue existence Diana a couru de cette façon. L'expression "cracher ses poumons" qu'utilise les collégiens semble avoir d'un seul coup beaucoup de sens !

— Où - oufff ! - est - pffff ! - Nox ? arrive à articuler Diana.

— Il - pfff !- est - oufff ! - là ! se force à articuler Alistair en désignant un coin dans la pénombre.

Effectivement, une paire d'yeux rouges les fixe en silence. L'enfant pousse un soupir de soulagement à défaut d'avoir les mots pour l'exprimer.

Une fois leurs souffles retrouvés, il est temps pour Diana de rentrer à la maison - enfin, plus exactement, celle de Georges. Elle espère que les deux garçons n'ont pas appelé la police, ou pire encore : son pépé !

— Je t'accompagne, annonce Alistair d'un air étrangement résolu.

Diana n'a pas de raison de refuser : il fait encore nuit noire et elle n'a pas vraiment envie de faire de mauvaise rencontre. Un Ectoplasma et un fantôme (un vrai de vrai !!), c'est déjà assez d'émotions pour aujourd'hui. 

C'est au tour de Diana de mener sur une cadence nettement plus tranquille. Old Chister a un tout autre visage la nuit. C'est si calme. Les couleurs chaudes de la ville ont disparu pour des nuances plus ternes, mais contrastées grâce aux lumières incandescentes des lampadaires. Avec les flaques d'eau qui reflètent l'obscurité des nuages et les lueurs de la ville, il fait presque plus jour que nuit. Leurs semelles claquent contre le pavé, luttant contre le silence... Mais ce n'est pas un silence oppressant.

Si Diana a eu quelques appréhensions à se promener de nuit, le fait de ne pas être toute seule dans les rues désertes est suffisant pour qu'elle s'y sente... bien. C'est un sentiment si étrange. C'est comme si la ville leur appartiennait là, maintenant, juste pour cet instant. Il fait doux, et malgré l'humidité, Diana n'a plus froid. Elle se sent... libre. Oui, ça doit être ça. Libre.

Diana relie ces ressentis à un souvenir : celui où papa, maman et elle, allaient en forêt de Lumirinth pour pique-niquer. Ce sentiment si bizarre et agréable est similaire à ce qu'elle ressentait quand ils se réunissaient dans un petit recoin reculé de la forêt connu seulement d'eux. Elle pouvait se rêver princesse de la forêt, un lieu désert qui est pourtant la maison de tant de Pokémon cachés ci et là. Ses parents aussi devenaient régents des lieux. Ils jouaient, ils se promenaient, ils ramassaient des feuilles, faisaient des cabanes...

Ces temps-là lui manquent.

Elle s'arrête devant l'un des nombreux petits immeubles. Elle désigne le dernier étage avec son index et murmure à Alistair :

— Là, c'est mon appartement. Pépé et mémé, ils dorment là, et maman dans la chambre à côté. Et là, tout à gauche, c'est ma chambre à moi.

Le petit garçon acquiesce.

— Toi, tu habites où ? lui demande-t-elle alors qu'ils se remettent en route.

— Dans une maison... vers la forêt...

— La chance ! s'exclame-t-elle avec des étoiles dans les yeux.

Il ne répond pas, mais Diana sent son regard appuyé. Il ressert contre lui le livre qu'il a emprunté. Après un temps de réflexion, Diana se trouve le courage de lui demander :

— Dis... J'ai une question.

— Hm ?

— Ça t'arrive souvent de... euh... de rencontrer des fantômes ?

Le corps d'Alistair se raidit et fuit du regard. Lorsqu'il se décide à répondre, sa voix devient plus lente et plus basse :

— Oui... Mes parents... disent que je suis... comme une sorte de catalyseur...

— Un quoi ?

— Euuuh... C'est un genre... de récepteur ?

La moue de Diana parle pour elle : elle ne comprend rien.

— Un appât. Sauf qu'ils ne veulent pas me manger, précise-t-il aussitôt.

— Aaaah ! D'accord ! C'est -

— Je sais, c'est -

— Carrément trop COOL ! Et ça fait ça avec les Pokémon Spectre aussi ?

Le vent se lève, faisant frémir les feuilles des arbres. Alistair tourne la tête vers elle.

— Eh b-bien, oui... bégaie-t-il pris de cours.

— C'est génial ! C'est pour ça que tu t'entends aussi bien avec eux ! Moi aussi j'aimerai trop pouvoir attirer les Pokémon ! Mais je préférai les Pokémon Fée, parce que c'est mon type de Pokémon préféré !

Alistair ne peut qu'hocher la tête, visiblement tout confus par son enthousiasme.

— Et tu n'as pas peur ? le questionne Diana, Parfois, les Pokémon Spectre, ils font beaucoup de blagues ! Et puis... même si Ambre n'avait pas l'air méchante... Elle faisait quand même très peur...

Cette fois, il signe "non". 

— J'ai l'habitude... J'ai plus peur... de comment les gens réagissent...

Il laisse planer un silence, avant de la regarder dans les yeux. Peut-être est-ce à cause de la lumière des lampadaires, mais ses iris semblent luire d'un violet très clair.

— Il n'y a pas beaucoup de personnes qui les aiment... Mais ce sont mes amis... je n'aime pas qu'on leur fasse du mal... ou qu'on dise qu'ils sont... méchants.

— Bien sûr... murmure-t-elle.

— Et les fantômes... au fond, ce sont eux qui ont le plus peur. Ambre... elle sait qu'elle est morte. C'est pour ça qu'elle est visible sous certaines conditions... Mais elle ne veut pas le reconnaître. Ça lui fait peur, de partir...

— Partir ?

— Dans le monde des esprits... L'Au-delà, le paradis, énumére-t-il en haussant les épaules.

Il s'arrête, et Diana l'imite aussi. Il semble fixer le ciel, encore voilé par des nuages noirs.

— Peut-être aussi... qu'elle regrette sa vie. Elle aurait voulu que ce soit autrement... que ce soit... moins triste... moins douloureux...

Diana ne sait pas quoi dire. Alistair se retourne vers elle.

— Les fantômes ne réagissent pas très bien à l'idée d'être... des fantômes. C'est pour ça que je voulais pas... que vous vous rencontriez... Ce n'est pas dangereux... normalement... mais c'est très impressionnant... quand ils ont peur ou qu'ils sont... en colère.

— Euh, oui, rien que là j'ai eu suffisamment peur...!

Un petit rire nerveux s'échappe du masque d'Alistair.

— J'ai pu voir ça... Héhéhé...

— Oui, bah, j'ai pas l'habitude comme toi, hein ! rétorque-t-elle en gonflant les joues.

Leur marche reprend. Diana saute au-dessus d'une flaque à pieds joints, arrivant au bout de la rue. Au niveau du carrefour, la maison de Georges apparaît.

Il est temps de se dire au revoir.