Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Baliyru ou les fantômes de la bibliothèque de FireHana



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : FireHana - Voir le profil
» Créé le 06/10/2022 à 11:25
» Dernière mise à jour le 30/05/2023 à 16:14

» Mots-clés :   Amitié   Fantastique   Galar   Humour   Présence de personnages du jeu vidéo

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 2
Soudain, une vive lumière l’éblouit.

Est-ce qu’elle vient de mourir ? Les fantômes l’ont-ils emmenée dans le monde des esprits ? Est-ce qu’elle va retrouver -

— Oups… Désolé… Je ne voulais pas… te la mettre dans les yeux…

Rien à voir avec les lumières du paradis : ce n’est qu’une bête lampe frontale. Le "fantôme" derrière l’écorché est juste un garçon de son âge avec un masque bizarre et une posture qui l’est d’autant plus. Quant à l’ombre…

— Nox… ça suffit maintenant…

Diana retrouve enfin son souffle et se retourne. Un très grand Ectoplasma lui sourit de toutes ses dents. C’est bien la première fois qu’elle en voit un d’aussi près, et elle ne peut s’empêcher d’avoir un mouvement de recul.

— N’aie pas peur… Il est… un peu farceur… mais il est très… gentil aussi… lui promet l’étrange garçon et s’approchant du dit Pokémon.

Il traine les pieds autant qu’il traine sa voix pour arriver jusqu’à lui. Bien que ses mouvements soient lents et mous, c’est avec assurance qu’il caresse le Pokémon pourtant bien plus grand que lui.

— Désolé pour… tes amis… ce n’était pas volontaire… de leur faire peur… enfin, pas entièrement

Plus Diana l’étudie, plus elle se demande si elle ne l’a pas déjà vu quelque part… mais où ?

— Euh… Je… Je suis Alistair… et lui, c’est Nox… mais ça tu le sais déjà… et- et toi ? C’est… Diana… c’est bien ça ?

Diana triture ses doigts entre eux.

— Euh… c’est pas grave si tu n’as pas… envie de parler… Je… Je comprends…

Subitement, elle baisse les yeux et avoue d’une petite voix :

J’ai besoin de faire pipi…

— A-Ah ! C’est là-bas… Je vais te montrer…

Alistair s’avance dans le couloir de l’un des rayons toujours avec cette assurance tranquille. Docilement, elle le suit à petits pas, sans quitter l’Ectoplasma des yeux. Dès que son supposé dresseur a le dos tourné, il lui fait une vilaine grimace en tirant sa grande langue. Diana fait la moue, plus agacée qu’effrayée, avant de reporter son attention sur le garçon aux cheveux noirs.

Où l’a-t-elle vu ? Pas à l’école, pas au square… pas même à la bibliothèque. Pourtant, elle est certaine de l'avoir déjà aperçu quelque part ! Peut-être que c'est le masque ? Un masque d'Halloween peut-être ? Non, ce n'est pas ça…

Ils passent devant l’une des lampes torches abandonnées, toujours allumées malgré toutes les péripéties qu’elle a vécues. Diana la ramasse pour la mettre dans l’une de ses larges poches. En descendant les marches, ils trouvent la lampe de Sam, brisée en bas des escaliers. En revanche, celle de Georges est introuvable. Surement qu’il s’est enfui avec. C’est mieux comme ça : il fait encore noir, et Diana n’a plus de place dans ses poches.

Enfin, ils trouvent la porte des toilettes. Diana s’y glisse sans demander son reste.

Une fois soulagée, elle fait face à son reflet alors qu’elle se lave les mains. Elle est encore un peu pâle, mais elle a certainement repris des couleurs depuis tout à l’heure. Une fois les mains propres, elle s’éclabousse le visage pour chasser la sueur qui rend son front luisant.

Maintenant qu’elle retrouve son sang froid, plusieurs questions assaillent son esprit. Pourquoi un garçon de son âge est ici à cette heure ? Pourquoi a-t-il voulu leur faire peur ?

Est-ce qu’il est… un fantôme ?

Au moins… il ne semble pas vouloir lui faire du mal… et il s’est excusé aussi. Mais peut-elle vraiment lui faire confiance ? Et en même temps, c’est peut-être sa seule chance de confirmer si oui ou non les fantômes existent…

(Et pourquoi est-elle si sûre de l'avoir déjà vu ?)

C'est les questions plein la tête qu'elle finit par sortir.

Mais Alistair n'est plus là. Nox non plus. 

Nerveusement, Diana éclaire les alentours. Mais elle a beau tourner sur elle-même, elle ne trouve personne. Plutôt que d'appeler, elle se pince les lèvres et amène la lumière au niveau des fenêtres. Il pleut encore. Les vieilles vitres grillagées paraissent être sous les eaux tant il pleut, comme la voiture de maman lorsqu'elle passe dans les rouleaux (mais en beaucoup moins rigolo).

Diana soupire.

Quelque chose de froid touche son épaule ; elle sursaute pour faire volte-face. Mais il n'y a qu'un ricanement qui flotte dans l'air. Diana fronce les sourcils alors qu'elle s'écrit :

— C-C'est pas drôle ! Montrez-vous !

Des bruits de pas légers mais audibles se font alors entendre. Diana éclaire frénétiquement les environs.

Alistair apparait subitement dans le faisceau lumineux de sa lampe, juste à l'entrée de la section jeunesse. Les deux enfants se fixent. Puis, Alistair fait un mouvement de poignet vers lui, avant de s'enfoncer dans la pièce.

"Viens" ?

Le froncement de ses sourcils s'accentue. Elle inspire un grand coup, et se décide à suivre ses pas.

Bien qu'elle soit déjà venue quelque fois, Diana est toujours aussi choquée de la différence du lieu dans la journée et dans la nuit. Des dessins des enfants habitués sont affichés sur le pan du mur gauche en entrant, suivi d'une grande fresque illustrée avec tous les événements arrivés à Galar au cours des siècles. La Nuit Noire, le premier roi, les guerres contre Kalos, le premier Pokédex du Professeur Lavande, la fin de l'empire, la découverte du Dynamax, la première Ligue Pokémon... Quelqu'un a aussi rajouté la date du couronnement de Tarak au crayon rouge.

Tout est pareil, et pourtant, dans le noir et sous la pluie, tout est différent. C’est… effrayant. Que peut-il se cacher, là, dans le noir ?

— Tu... Tu voulais me montrer quelque chose ? s’hasarde-t-elle.

Silence. Elle continue de s'avancer prudemment dans l'un des rayons.

— Où est-ce que tu es ? relance-t-elle d'une voix plus forte.

Silence. Les étagères se ressemblent toutes. Diana abaisse sa lampe torche, dépitée.

— Pourquoi tu ne réponds pas…?

Silence. Il pleut toujours à torrent. C'est rare qu'il pleuve aussi longtemps, se fait-elle la remarque.

— Et si…

Elle se racle la gorge pour se donner du courage et éclaircir le timbre de sa voix.

— Et si on jouait à un jeu ? propose-t-elle.

— À quoi…?

Le murmure est tout près ; elle se retourne mais elle tombe à nouveau sur du vide. Elle tourne, fait des demi-tours sur elle-même, mais rien à faire. Un rire plus léger que celui de tout à l'heure résonne, comme des petits grelots, dans l'immense salle. Impossible de savoir d'où il vient.

— Ah. Ah. Ah. Trop drôle. Mais mon jeu, c'est pas ça. 

Quelque chose de lourd et de mou tombe par terre. Diana sursaute et manque de lâcher sa lampe torche qu'elle plaque contre son torse. Elle soupire bruyamment pour se débarrasser des tensions dans son corps.

— Tu veux pas savoir ce que c'est ?

— Si…

Diana finit par arriver au coin lecture avec les énormes poufs multicolores. Du premier coup d'œil, elle remarque qu'ils ont été déplacés pour former un lit de poufs.

— C'est comme action ou vérité - sauf qu'il y a que des vérités. En gros, on pose chacun une question à tour de rôle. On pourrait dire qu'il s'appelle "vérité ou vérité" !

— Oooooooooh… se plaint-il. C'est un jeu... où on ne fait que parler... 

— Bein, c'est pas comme si on pouvait faire autre chose... fait remarquer Diana en s'asseyant sur un pouf vert.

Silence. Et puis, pour la première fois, c'est lui qui propose quelque chose :

— On pourrait... faire un cache-cache ?

L'enfant secoue la tête de toutes ses forces.

— Il fait trop noir. En plus, t'arrêtes pas d'essayer de me faire peur !

Silence.

— On - On peut faire avec la variante où celui qui se trompe d'ordre il a un gage, tente-t-elle.

— C’est-à-dire...?

— Euh, si par exemple c'est moi qui pose la question, que tu me réponds et que je t'en repose une sans te laisser le temps de choisir ta question, tu peux me donner un gage, explique-t-elle.

Elle se souvient que les animateurs de sa colonie de vacances ont fait ça d'après leurs dires pour "leur apprendre la patience et l'écoute de l'autre". Elle ne sait pas vraiment ce que les adultes ont voulu sous-entendre par-là (ni pourquoi ça les a tant fait rire), mais la difficulté du jeu l'a marquée : il va falloir qu'elle fasse attention à ce qu'elle va demander. Et encore faut-il qu'Alistair accepte…

Elle entend un frottement de vêtements suivit d'un grincement de vieux bois.

— D'accord... Qui- Qui commence…?

Son corps se relâche brutalement, enfin délesté de l'affreux poids qui lui a comprimé la poitrine.

— Normalement, on est censés faire un pierre-papier-ciseaux pour décider.

— Bon…

Silence.

— Euh... Qu'est-ce... Qu'est-ce qu'il y a... ? demande-t-il.

— Bein, je te vois pas !

— ... Je te dirai... ce que j'ai fait…

— Tu pourrais tricher, rétorque-t-elle en gonflant les joues, déjà que Sam ne peut pas se retenir de tricher en temps normal !

Sa lampe clignote brièvement. Les poils sur ses bras s'hérissent : il fait froid. Des chuchotements ricochent entre les étagères et, trop amochés par le tambourinage de pluie, ils en deviennent incompréhensibles pour Diana. 

Clic. Une lumière s'allume en haut d'un rayon.

Alistair est assis en tailleur, devant son gigantesque Ectoplasma qui fixe Diana. Elle ne parvient pas à savoir ce que son regard signifie. Quant à Alistair, son expression est complètement dissimulée derrière son masque. Il relève une de ses manches et se met en position, ce que Diana imite aussitôt.

Pierre, papier, ciseaux !

Ciseaux pour Alistair ; Papier pour elle.

Oh ! J’ai gagné !

Il éteint sa lampe frontale pour ne laisser derrière lui qu'un petit ricanement. Diana soupire, acceptant sa défaite. Elle pose sa lampe devant elle en la mettant en équilibre sur l'extrémité, de façon à éclairer le plafond et la mezzanine.

Et c'est avec une expression très sérieuse et concentrée qu'elle attend la question d'Alistair.