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» Auteur : Serekai - Voir le profil
» Créé le 18/07/2022 à 20:54
» Dernière mise à jour le 18/07/2022 à 20:54

» Mots-clés :   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh

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Chapitre 49 : Passé déterré
Mon manteau épais était fermé autour de moi, mais cela n’empêchait pas le froid de mordre mon visage exposé. Mon écharpe couvrait ma gorge et ma bouche, laissant les exhalations condensées humidifier le bas de mon visage.

La froideur était vraiment intense, alors que le vent m’obligeait à plisser les yeux. Les flocons qui tourbillonnaient dans le blizzard rendaient ma vision presque nulle, alors que Hécate flottait à son aise. Elle voletait gracieusement en jouant avec de petits flocons, qu’elle agitait pour dessiner des formes géométriques basiques.

- Tu … t’amuses ? bégayais-je à cause du froid qui me saisissait.

Elle poussa un son long et aigu, confirmant qu’elle appréciait voler dans la neige. Elle s’éloignait de quelques mètres, revenant parfois, avant de rejouer librement.

J’agitais le faisceau de ma lampe torche pour voir s’il y avait quelque chose, mais la tempête rendait tout invisible.

- Dis … dis-moi, tu saurais te repérer dans cette vallée ? On ne voit rien à dix mètres.

Hécate chantonna quelques accords apaisants et leva son bras semblable à une manche de kimono. Elle créa une bourrasque qui découvrit temporairement la route, m’aidant à repérer le sentier que je devinais à peine sous la poudreuse. Les routes de montagne étaient mal balisées et traîtresses, avec des falaises et des crevasses qui n’attendaient qu’un mouvement de trop de la part d’un maladroit.

Je suivis ma guide le long des sentiers abrupts, avançant pas à pas. A chaque instant, je pouvais apercevoir cette silhouette chantant et psalmodiant, qui accompagnait mes pas, comme un phare de voiture.

- Merci Hécate. Tu … tu aimes toujours mes croquettes ?

Elle poussa un petit cri et tourbillonna, comme si elle était motivée. C’était comme une réminiscence de son attitude de Stalgamin. Pourtant, peu de temps après, elle se calma et recommença à danser dans les flocons.

J’eus alors une idée. Je pris une poignée de neige dans ma main, que je serrai pour faire une vague forme de fleur. Je lissai un peu les quatre pétales, recourbant un peu le sommet. Avec mon auriculaire engoncé dans mon épais gant, je creusai le milieu du bulbe pour sculpter une forme grossière.

- Hécate, regarde ! lui dis-je en lui tendant ma fleur grossièrement taillée.

La créature sembla l’observer, avant de la prendre dans des mains glacées. Les yeux d’Hécate adoptèrent une expression de ravissement, alors qu’elle mit la petite fleur sur son torse, en guise de broche.

Mon pokémon sembla apprécier le petit cadeau et vint se placer près de moi, un de ses bras sur mon épaule.

Sa présence était assez paradoxale. D’un côté, son bras me couvrait de son appendice long et ample, me couvrant partiellement du froid mordant. Cependant, son aura froide m’enveloppa, comme une cape de glace qui mordit ma chair.

Je me mordis les lèvres, alors que Hecate était derrière-moi, les deux bras entourant mon cou et mon torse.

- Nyooo … murmura t-elle à mon oreille, m’enlaçant en dégageant une aura qui résonna doucement, dégageant une étrange chaleur en mon cœur.

C’était une pulsation inimitable, un savant mélange de douleur et d’apaisement. La morsure du froid sur ma chair était compensée par la chaleur qui s’épanouissait dans mon âme. C‘était comme une valse, deux sentiments contradictoires qui se faisaient écho, qui pulsaient à leur rythme, un peu en décalé par rapport à ceux de mon coeur.

La puissance qui se battait en moi semblait être tenue en équilibre, en un affrontement qui semblait ne plus trouver de fin. Je sentis le courant d’énergie en moi, me rendant apaisée, alors que mes doigts semblaient engourdis.

Hécate me regarda de ses yeux scintillants, avant de lever ses bras et d’écarter brusquement les flocons qui tombaient sur ma veste au col orné de fausse fourrure. L’impression de gel disparut, alors qu’une pellicule de givre apparut sur mes extrémités, avant de disparaître.

Le spectre des neiges leva ses bras, entamant une curieuse chorégraphie. Les flocons cessèrent de tomber de biais et s’agglomérèrent en deux parois verticales, qui ployèrent pour former une tente improvisée. En quelques minutes ma Momartik bâtit un abri de fortune, au toit pentu pour éviter l'accumulation de masse. A l'intérieur, l’igloo émettait une lueur bleutée, protégeant des bourrasques externes.

Sans réfléchir, je commençai à me glisser dans mon petit sac de couchage. La température était bien plus élevée que dehors. Cette chaleur relative m’entoura peu à peu et je me laissai guider par le sommeil.

Lorsque je me réveillai, sans savoir quelle heure il était, il ne faisait plus si froid. L'abri improvisé était toujours présent et lorsque je glissai ma tête dehors, ce fut pour voir un spectacle magnifique. Vestigion s’étendait au loin dans la vallée, en un petit amas gris et vert, ressemblant à une petite fourmilière.

Hécate observait la ville, telle une vigile silencieuse. Je gardai mes mains dans les poches de ma veste bleue et jaune, économisant la chaleur.

- Je te prépare aussi à manger ? demandais-je à ma pokémon.

Elle chantonna un peu, alors que j’ouvris une boîte de conserve emplie de boulettes de soja déjà cuites, macérant dans une soupe de légumes. La nourriture était froide, mais ce n’était pas ça qui me gelait de l’intérieur. Une fois le ventre empli de la nourriture froide, la sensation empira davantage. Le contact avec d'autres personnes me manquait atrocement. Hécate préféra rester dans mon dos, légèrement sur ma gauche. Ses petits bras se posèrent sur moi quelques instants, avant qu’elle ne recule.

- Tu peux te rapprocher, lui dis-je en tendant ma main. Viens te poser sur moi.

Etrangement, elle se rapprocha, mais garda quelques centimètres d’écart. Elle ne refusa pas ma caresse sur la tête, mais ne réclama rien de plus.

Je lui tendis une boulette, qu’elle souleva à l’aide de ses pouvoirs. Lorsqu’elle alla la porter à sa bouche, Hécate remarqua mon regard curieux. Elle se retourna et mangea la portion d’un seul trait.

- C’est bon, j’arrête de te regarder. T’es vraiment pudique.

Le spectre se mit devant moi, comme ma mère lorsqu’elle me réprimandait. Elle me regarda droit dans les yeux, réprobatrice. Je me sentis presque honteuse, comme une fillette prise en faute.

- Pardon, dis-je en me sentant un peu honteuse, tout en me détestant pour être si faible.

Hécate poussa un son un peu plus réconfortant, plus serein. Elle resta plus proche, calme et douce.

- On y va ? Vestigion est encore loin … Laser Glace ! hurlais-je en pointant une direction.

Sans hésiter, Hécate tira immédiatement. Son faisceau bleuté visa le Machopeur, qui venait d’apparaître au sommet d’une crête. Le pokémon sauvage grogna, avant de bondir, hostile. Il tenta de frapper le spectre, qui échappa aux puissants poings, glissant dans la neige en ne faisant plus qu'un avec le manteau couvrant la colline. Aumilieu du décor monochrome, sa longue plainte lancinante mettait le pokémon sauvage à bout de nerfs. Machopeur se rua aléatoirement sur les talus et les monticules, les frappant de ses puissants poings. La silhouette d’Hécate émergea alors d’une congère, projetant une vague d’énergie psychique pour dégager le lutteur.

Le combattant fit fléchir ses muscles, pour bondir et échapper à la rafale azurée. Avec une vitesse surnaturelle, il atteignit Hécate, avant de traverser le spectre. Son expression victorieuse, lorsqu'il toucha l'abdomen, fut remplacée par la surprise, lorsqu’il dépassa son ennemi. Le pokémon musclé se retrouva avec une sensation glacée dans l’estomac, alors qu'il traversait la masse d'ectoplasme.

Une explosion d’énergie psychique fut alors produite directement à l’intérieur de l’organisme du Machopeur. Le pokémon se tordit de douleur, avant de s’écrouler au sol. Le combattant gisait inconscient, tandis que Hécate revenait sans dire un mot.

- Merci ma grande. Tu as été fantastique !

Elle poussa une chanson entraînante, souriante, dansant autour de moi. Elle tournoya, hypnotique, avant de poser ses mains sur mon front.

Je sentis ma lassitude s’évanouir, un peu comme lorsque je prenais un bon bain chaud.

- Merci d’être là pour moi. Tu es vraiment si …

Je ne savais pas quoi lui dire.

Sans rien ajouter, je la pris dans mes bras. J’avais l’impression que ma mère était présente pour me faire un câlin.

Hécate se mit à caresser ma chevelure, agissant avec une grande gentillesse.

- Tu ne va pas me congeler, j’espère … lui chuchotais-je en ne sentant aucune chaleur émaner d’elle.

- Mooo … chuchota t-elle en reculant, légèrement honteuse.

Je me détendis un peu, restant assise. Je fouillai mon sac pour chercher une petite sucrerie, lorsque mes doigts heurtèrent le petit bloc de données récupérées sur le cadavre.

J'avais complètement oublié ces données. J'avais récupéré ces informations sur le corps d'un membre de la Team Galaxie et j'avais été assez stupide pour oublier cette preuve me reliant à un meurtre. Je fermai les yeux quelques secondes, chassant une image troublante. Je pouvais me mentir en me disant que c'était de la légitime défense, j'avais des doutes sur le fait que cela passe devant un juge.

Je pris le petit document dans ma main, avant de connecter la clé numérique à mon lecteur.

D’un geste fébrile, je regardai dans la racine du menu, ouvrant les dossiers pour consulter les fichiers qui étaient peu nombreux.

Il y avait une petite fiche biographique sur moi, que je ne pouvais ignorer. Elle était assez précise, un peu comme celles que l'on complétait lorsqu'on demandait un dossier pour obtenir une carte de dresseur. Il y avait une photo récente, prise dans l’église d’Unionpolis, ainsi qu’une autre ou j’avais les cheveux plus courts. Ils me filaient donc, puisque j’avais fait cette coupe depuis mon passage dans un salon de coiffure à Joliberges.

Une petite notice biographique accompagnait cette photo, indiquant mon état civil, ainsi que mon adresse. Ma mère était également indiquée, accompagnée de la mention « Menace Négligeable. » Là ou le nom de mon père figurait, il y avait une indication curieuse : « expatrié à Rhode. »

Je ne pus m’empêcher de mettre une main sur ma bouche, choquée, ne voulant pas montrer toutes les grimaces trahissant le flot d’émotions me traversant. Ainsi … il était vivant. Je n'avais jamais connu que son nom, n'ayant jamais vu son visage. Je n'avais presque rien sur lui et ces trois mots montraient que la Team Galaxie connaissait plus de choses sur mon père que sa propre fille n'en savait.

- Putain … j’ai un père …

Je ne savais pas quoi dire, lorsque l’autre chose en moi reparla.

- Il nous a abandonnés, grinça la voix. Ne sois pas choquée, ne sois pas bouleversée … tu ne lui dois rien.

- Tu … tu ne comprends pas. Tu ne sais pas ce que c’est que l’absence d’un homme qui se rappelle sans arrêt à …

- Non, en effet. Il est négligeable. Il n'a jamais rien été dans ta vie. Pourquoi ne pas se focaliser sur ce qu’il y a encore de présent ? Tu ne l’as jamais connu. Tu n’as rien perdu en ce qui le concerne. Tu ne lui dois rien.

Je me tus, descendant les notes, dédaignant le profil psychologique.

- Oh … tendance à faire justice soi-même, idéalisme et détermination … ils t’ont bien cernée !

- Tu veux bien la fermer ? sermonnais-je Spiritomb.

Le ricanement discordant qu’il produisit trahissait sa satisfaction. Mon manque de répartie était déjà une victoire pour lui.

Les autres fichiers contenaient des factures et des notes de frais, sans doute pour la comptabilité interne de Galaxium S.A.R.L. Il y avait également un dossier volumineus intitulé « Rapport de fouilles. »

J’ouvris le fichier, afin de voir ce qui avait pu être découvert.


*Rapport 17*

Site d’excavation 3, point 4.12, Mont Couronné.
Etude des ruines situées sous la strate K.

La percée de la strate K a été effectuée le 13 septembre, dégageant une cavité souterraine naturelle, mais avec une dalle au sol. La dalle était composée d’une plaque de pierre fixée par des clous de bronze, scellant une structure cubique de cinquante centimètres de coté, logée dans de la terre damée. La plaque supérieure était lisse, polie par abrasion du silex. Cette surface était ornée d’une unique inscription indiquant « Akari. »

Nos premières hypothèses établissent qu’il s’agit probablement d’une tombe, mais la forme et la localisation ne correspondent que partiellement aux pratiques culturelles de Hisui. Aucun habitant n'était enterré hors d'une terre consacrée. Seuls les victimes de massacres étaient enterrés à la va-vite en pleine nature, lorsqu'ils n'étaient pas abandonnés aux pokémon sauvages. Ces éléments nous amenèrent à penser qu’il s’agit d’une étrangère, expliquant son enterrement loin de toute autre communauté. Il reste cependant à déterminer la raison de savoir pourquoi créer une tombe dans un lieu si reculé et si secret, juste pour une étrangère.

Les larges clous furent retirés le 22 septembre, permettant de soulever la plaque. L’intérieur contenait plusieurs éléments traditionnels, typiques de la civilisation de Hisui, suivant les traditions des anciens clans fondateurs de la région de Sinnoh.

Furent trouvés dans la fosse funéraire:

- Objet 1 (photos 1 à 7) : Une urne funéraire de terre cuite scellée d’un sceau de plomb. L’urne ne présente aucune particularité, elle est sobre et lisse, sans le moindre motif. On n'y trouve ni le pentagone typique du clan Diaruga, ni le cercle aux trois têtes de hache du clan Parukia.

- Objet 2 (photos 8 et 9) : Une pièce d’or aux armoiries du clan Parukia.

- Objet 3 (photos 10 à 12) : Un encensoir traditionnel avec un poinçon du clan Diaruga.

- Objets 4 à 9 (photos 13 à 23) : Six fragments minéraux rouge de forme hexagonale.

Les objets forment un ensemble hétéroclite. La présence d’objets des deux clans est un phénomène inhabituel dans l'histoire de Hisui, sauf lors de la période moderne de la civilisation d’Hisui dite de l'unification de Sinnoh (1862-1944). Les datations au carbone 14 révèlent que cette urne date de 1842, il s’agit donc d’une anomalie culturelle, puisque aucune autre trace archéologique ne fait état d’une telle pratique à cette époque. La forme de l’urne contenant des cendres est très inhabituelle, à l’inverse des poteries à haut col de l’époque. L’absence de toute marque sur le sceau contenant les restes est également sujette à interrogation. Les traditions voulaient que le nom et la qualité de l’individu soient inscrits, avec ceux d'au moins deux de ses ascendants. L’hypothèse la plus probable est que l’individu n’était pas reconnu pour appartenir à aucun des deux clans et n’avait pas été reconnu comme tel par les deux clans qui ont procédé à l’inhumation en plaçant des objets funéraires. Il est possible que l’individu « Akari » ait cherché à se démarquer en refusant tout symbole sur son urne, bien qu’un tel choix soit difficile à expliquer.

- Hypothèse 1 : Individu exilé et privé de sépulture traditionnelle.
Note : rejetée en raison de l’effort des deux clans pour rendre hommage.

- Hypothèse 2 : Individu n’appartenant pas aux clans, mais ayant des liens avec les deux et ayant bénéficié d’un hommage post-mortem.

- Hypothèse 3 : Dernières volontés spécifiques pour se démarquer.
Note : Action originale et curieuse. Pourquoi mettre autant d’efforts pour cacher une tombe aussi simple en un lieu absolument isolé de tout ?

Les fragments ont été envoyés au laboratoire. Résultats de l’analyse obtenus le 13 octobre. La spectrographie a été fournie en annexe 2.

Les éléments minéraux semblent un complexe agrégats de parties minérales et organiques. Une très complexe chaîne osseuse et des ramifications de calcite forment une armature interne recouverte par un minerai dur (6,8 sur l’échelle de Mohs) et dépourvu de toute inclusion. Après analyse, il s’agit d’un composant non répertorié.

- Hypothèse : Ces fragments évoquent la relique connue sous le nom de chaîne de liaison, lien du temps et de l’espace ou de chaîne rouge.


Les nombreux documents étaient accompagnés de photographies et de différents textes anciens. Toutes les sources étaient anciennes et accompagnées de traductions.

C’était émouvant et à la fois choquant. C’était une tombe ancienne, le lieu de repos d’une personne qui avait eu une vie passionnante. Cette personne avait eu ses rêves, ses épreuves, ses rires et ses chagrins. Un jour, tout s’était fini pour elle. Elle avait disparu et ses restes n’avaient pas pu goûter au repos éternel, profanés par une bande de criminels.

- Repose en paix, Akari, murmurais-je en rangeant les photos.

Le dossier finit dans mon sac, alors que je vis Hécate me surplomber. Elle tourbillonna légèrement au milieu des flocons qui se cristallisaient autour d’elle.

- Dis-moi … tu te fous de ces considérations métaphysiques ?

Elle hocha de la tête, chantonnant délicatement. Le pokémon spectre flotta autour de moi, m’accompagnant lors de ma descente de la montagne.