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Viendra la tempête de Ramius



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» Auteur : Ramius - Voir le profil
» Créé le 13/07/2022 à 16:06
» Dernière mise à jour le 13/07/2022 à 16:06

» Mots-clés :   Hoenn   Organisation criminelle   Présence de personnages du jeu vidéo   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 9 : Mythes
14/03/02 14-15h

14:01:56 : Tire-au-flanc, ici le contrôle du port de Nénucrique. Vous n’avez pas l’autorisation de franchir la digue ; je répète, vous n’avez pas l’autorisation.

14:02:02 : Parle à ma main !

14:02:04 : Tire-au-flanc, bordel, nous avons des civils dans la zone d’exclusion !

14:02:08 : Oui, parce qu’ils ont été assez cons pour ne pas boug… Capitaine, dix degrés à bâbord ! Bon le port vous la fermez, vous avez averti vos civils, ils ont fait leur choix.

14:02:15 : Diavola, le kalachnotier compte entrer dans le port. Passez la digue au plus tôt.

14:02:20 : Nous avançons déjà à fond. Combien de temps ?

14:02:31 : Deux minutes, peut-être.

14:02:36 : Ça va être juste.

14:02:39 : Tire-au-flanc, ralentissez. La zone d’exclusion sera dégagée dans un instant.

14:02:42 : Te fous pas de ma gueule ! Je vais pas me faire couler pour les beaux yeux d’une bande de dindons et certainement pas à deux putains de clics d’un port abrité !

14:02:50 : Je vous parle du yacht de plaisance de Vatashi, nom de !

14:02:53 : Heyscold, accélère !

14:02:55 : Vous vous foutez de moi ?

14:02:56 : [Rapport supprimé]

14:03:01 : [Rapport supprimé]

14:03:06 : [Rapport supprimé]

14:03:11 : [Rapport supprimé]

Note : suppression par le capitaine du port, autorisée par la loi du six septembre 1983 relative aux obscénités dans les rapports administratifs ouverts au public.

***
Moins belliqueux que Sarah, Heyscold ralentit une fois passée la digue du port, et vira de bord vers le yacht. Les deux navires étaient assez légers pour franchir la muraille submergée de vingt mètres de large en n’importe quel point, sans s’encombrer des portes nécessaires aux paquebots.

Le pêcheur et le plaisancier terminèrent la course vers le port ensemble, protégés tous les deux par des barrières psychiques fatiguées. Derrière eux, le pod incapable de passer par-dessus le haut-fond artificiel déchaîna un déluge d'attaques, sans parvenir à abattre les fuyards. Les Giclédo, seules capables de franchir les deux kilomètres d’eau protégeant le port, continuèrent de pleuvoir toute la soirée : une pluie salée qui surprendrait quelques passants, mais pas de quoi ternir l’après-midi ensoleillé.

Et puis ces attaques étaient le signal qu’il y avait un kalachnotier à admirer dans le port. Il était majestueux, le Tire-au-fland VII, avec les vitres brisées de sa timonerie, l’emplacement de son lance-harpon vide, les plaques métalliques de sa coque écrasées par endroits, et le crâne d’acier de près de sept mètres lui servant de figure de proue, quelques filaments de chair rose s’accrochant encore par endroits. Les cafés du port ne désemplirent pas de l’après-midi pour désaltérer les badauds venus se rincer les yeux sur le guerrier rentré vainqueur.

Mais comme toujours, on ne vit pas plus de traces de l’équipage que sur un vaisseau fantôme. Les marins s’étaient éclipsés en profitant du débarquement de la cargaison, sous une escorte militaire fournie par la Région et pendant que le port était interdit d’accès. Heyscold et sa troupe eurent assez d’autographes à signer avec le personnel du restaurant dont Cédric avait commandé une salle pour fêter le retour au port.

Ils fêtèrent la survie, ils fêtèrent le pactole versé chez leurs banquiers après le départ de l’expédition. Ils firent leurs adieux à une Patricia en larmes, et se jurèrent de se retrouver huit mois plus tard, pour le baptême du feu d’un nouveau chef-mécanicien.

Quatre seulement tiendraient leur promesse.

***
Le téléphone portable sensible à l’eau qui avait passé le mois précédent éteint dans un appartement de Nénucrique sonna alors que le train dépassait Lavandia. Arthur ne répondit pas, contemplant sans les voir les chantiers et les terrains vagues où le Champion entendait dynamiser sa ville. Il savait qui appelait. Il savait ce qui l’attendait. Il fallait absolument qu’il convainque Matthieu d’accepter l’argent de ses amis, cette fois.

Avec un soupir, le Topdresseur finit par porter le petit appareil à son oreille.

« Arthur. J’écoute.

— Salut, vieux.

— Salut mon pote. Ça y est, tu t’es remis de la gueule de bois ?

— T’as roulé sous la table avant moi, j’te rappelle !

— Y’en a un qui boit plus, y’en a un qui boit plus vite, chacun son modèle !

— C’est ça, oui… Tu pourrais me rendre un petit service ?

— Volontiers. Je te fais un virement dès que je passe à ma banque.

— Ta gueule, Arthur. Les sous je les ai, c’est les délais que je respecte pas.

— Tu tords la vérité.

— Ne me fais pas regretter d’avoir appelé. »

Il y avait ce quelque chose, dans la voix du colosse, ce tranchant soudain et de mauvais augure. Le voyageur se souvenait très bien de la fois où il l’avait entendu juste avant que la rixe n’éclate, lorsqu’ils avaient tous les deux fini au poste et qu’il avait réussi à prendre toute l’amende pour lui. Il n’insista pas.

« Matthieu, tu sais que tu peux passer chez moi n’importe quand et déposer autant de bazar que nécessaire. Je veux juste arrêter de m’inquiéter de l’endroit où tu dormiras ce soir.

— C’est ma vie, Arthur. Elle me va comme ça. J’ai jamais été à la rue et je ne le serai jamais. »

Arthur aurait eu beaucoup de choses à répondre à ça. Qu’il était le maître de son destin. Qu’il pouvait arrêter de s’accrocher et faire comme tout le monde quand une maladie rare frappait. Ne pas payer les médicaments, dire au revoir. Lui n’aurait malheureusement pas hésité une seule seconde à le faire. Et il savait — ils savaient tous les deux — que si l’un partait en premier, le second veillerait sur ce qu’il avait protégé.

Et quoi qu’il ait pu faire, ou peut-être croire, au cours du mois écoulé, le maître du destin de Matthieu s’appelait Matthieu, et non Arthur.

« Je serais sur Mérouville pendant un moment, dit-il d’un ton triste. Sarah a mes clefs.

— Mérouville ? Qu’est-ce que tu fous aussi près de chez toi ? »

Arthur réprima un sourire. Qui sinon Matthieu aurait osé suggérer comme ça qu’il allait peut-être enfin essayer de se réconcilier avec ses racines ? Et il l’avait fait bien plus subtilement que lui, en plus.

« Non, personne n’est mort, s’amusa-t-il. La bibliothèque contient des bouquins dont l’âge et les rides ferait Heyscold pâlir de jalousie.

— Quoi, t’as pas entendu assez de contes du soir ?

— Ça va me manquer, ça, tiens. Mais je cherche surtout des infos sur Kyogre. »

Un silence. C’était bien Matthieu, ça aussi, d’avoir besoin d’un moment avant de se rappeler la créature surnaturelle qui avait essayé avec beaucoup d’application de tous les tuer. Il aurait été en peine de retrouver la date du jour où il avait été dévoré vivant par un Kalachnot, alors qu’il resservait cette histoire à qui voulait l’entendre.

« Le poisson ? finit-il par demander. Tu penses que tu arriverais à l’identifier ?

— J’ai quelques indices. Je veux fouiller du côté du nom que Sarah lui a donné, déjà. Ensuite, je crois me rappeler d’un truc à propos de nuages de pluie masquant complètement le soleil. Et puis il peut toujours y avoir une peinture ou quelque chose. N’importe qui pourrait le reconnaître sur un dessin d’enfant si l’enfant a vu sa queue.

— Haha, pas bête. Alors je te souhaite bon courage, je suppose…

— Pour plonger dans ce tas de vieux papiers ? Souhaite-moi plutôt d’arriver à en ressortir !

— Ça y’a intérêt oui ! »

Le Topdresseur crut un instant que son comparse allait raccrocher le premier, mais il plaça tout de même un dernier mot, comme à regret.

« Et, Arthur. Merci.

— À quoi ça sert d’avoir des amis si on ne peut même pas vider une déchetterie chez eux ?

— Eh, oh, exagère pas !

— Mais non. On se revoit quand tu essaieras de faire passer un lit assez grand pour toi par la porte de ta prochaine piaule.

— C’était une erreur de jeunesse ! »

Un dernier rire et puis la fin. Il avait raccroché sans pouvoir convaincre Matthieu. Arthur eut un soupir. Foutue tête de mule et son honneur mal placé.

La première fois qu’il s’était fait mettre à la porte pour défaut de paiement de son loyer, lorsque sa mère avait commencé à prendre son traitement, Matthieu l’avait beaucoup moins bien pris. Le propriétaire, très conscient de la différence flagrante de force physique, n’avait pas osé le voir en personne ni même lui parler, et avait tout réglé par mails. Le colosse avait fini en pleurs dans l’appartement d’Arthur, et ce dernier lui avait parlé de la mignonne opératrice sonar avec laquelle il avait partagé un verre avant qu’elle ne s’embarque « sur une course avec moins de gros cons que dans l’armée ». Le lendemain, les deux surfeurs qui régnaient sur les amateurs de Nénucrique se présentaient chez l’armateur. L’un partit défier la mort. L’autre partit s’entraîner comme un forçat, se jurant qu’il serait un jour capable de le rejoindre en mer.

Freddy et Richard n’avaient accueilli quatre nouveaux-venus incapables de se battre correctement que parce qu’eux-mêmes n’avaient jamais combattu sérieusement ; leur Dresseur s’était contenté d’être plutôt bon. Et ils ne s’étaient entraînés jusqu’à l’excellence que parce qu’un homme n’avait pas pu payer un loyer et avait voulu garder sa mère en vie.

Et maintenant ? se demandait encore Arthur. C’était la même chose chaque fois qu’ils rentraient au port. Les prix montaient, les appartements devenaient plus chers, et Matthieu s’accrochait obstinément au même cycle ; travailler, payer, perdre son toit, et recommencer. Et chaque fois le Topdresseur se demandait si sa vie allait prendre un autre virage radical.

Il était parfois difficile d’être maître de son destin. Et il avait aujourd’hui le sentiment que Kyogre était la clef. Le monstre n’avait même pas été un adversaire si terrible, encore qu’il ait techniquement vaincu et gracié le kalachnotier, et pourtant Arthur était persuadé que ce Pokémon pouvait changer des vies.

Peut-être n’était-ce que lui qui développait une fascination bizarre, encore une. Les légendes conservées à Mérouville l’aideraient certainement à y voir plus clair.

***
Il y a bien longtemps, les Pokémon et les hommes vivaient en harmonie. Ils mangeaient à la même table, et lorsque l’un avait un besoin, l’autre lui offrait son aide.

Du bronze, les hommes apprirent à forger le fer. Le métal noir obscurcit leurs cœurs, et ils devinrent égoïstes et violents. La guerre apparut, puis la faim et la misère. Les Pokémon se détournèrent de leurs anciens amis, désolés pour eux, et n’offrirent plus leur aide qu’aux individus au cœur pur.

Il y avait dans les profondeurs des mers un Pokémon ancien et sage, et qui vivait en paix, ignorant des hommes. Le jour où leur crasse et leur sang atteignirent son domaine, il monta à la surface pour comprendre d’où venait cette pollution, et trouva deux pirates se combattant au couteau sur une plage tachée de gouttes de sang, pour un trésor que l’un d’eux avait enterré là.

Que faites-vous ? leur demanda le Pokémon, et ils prirent peur car ils ne connaissaient pas de Pokémon qui puissent parler, ni sortir de la mer et voler. Ils s’enfuirent sans répondre, laissant le Pokémon intrigué. Il parcourut alors le vaste monde pour trouver d’autres hommes.

Voyant un homme et une femme qui se disputaient pour un adultère et versaient leurs larmes dans un fleuve, il descendit à eux. Que faites-vous ? demanda-t-il à nouveau, et l’homme et la femme tombèrent à genoux devant lui et le vénérèrent comme un dieu, demandant le pardon pour leurs offenses et rejetant la faute l’un sur l’autre. Le Pokémon en resta songeur, et il parcourut le vaste monde pour trouver d’autres hommes.

Il arriva devant deux armées se faisant face et hurlant leurs défis avant le combat et dont la peur et la sueur emplissaient l’air, et il descendit à elles. Que faites-vous ? demanda-t-il une dernière fois, mais nul ne l’entendit, et chacun crut que l’autre armée s’était assurée le concours de ce Pokémon comme une arme dangereuse. Et les canons tonnèrent en espérant le tuer.

Le Pokémon entra alors dans une grande fureur, et décidant qu’il en avait assez vu, il invoqua une tempête qui recouvrit le monde entier. Seules les plus hautes montagnes restèrent émergées, et elles servirent de refuge aux Pokémon sauvages. Ces derniers amenèrent avec eux les hommes au cœur pur et les sauvèrent, car ils croyaient encore que le monde d’antan pouvait être restauré. Et lorsque les eaux baissèrent et que le Pokémon des profondeurs vit que les hommes avaient oublié l’usage du fer et de la violence, il fut satisfait de ce qu’il avait fait. Il regagna alors son domaine, de nouveau immaculé, tandis que les hommes réapprenaient tout ce qu’ils avaient oublié en se méfiant des Pokémon dont la puissance les avaient sauvés et condamnés.

Quant à celui qui avait commandé au déluge, ils le vénérèrent comme un dieu pour implorer sa clémence. Et ils le nommèrent Kyogre, l’Océan-Monde.


Arthur hocha la tête. C’était ça ; le sermon dont il avait lu le résumé par hasard, un jour. Le texte en lui-même était plus instructif, mais ce qui l’intéressait surtout était la section historique. Qui disait historien dévoué à une religion morte depuis des siècles disait aussi présentation agréable, avec une charte graphique, une iconographie et des images aussi pertinentes que possible.

Dont cette peinture ornant un mur effondré des Ruines du Désert, « intéressante surtout pour estimer la période de développement du culte » selon le livre. Tu parles. Tout ce qui était intéressant, c’était cette espèce de tache bleue pas très bien conservées, à peu près cruciforme, arrondie, et avec les quatre lanières de rigueur. Le peintre n’avait pas représenté la partie centrale de la queue, ou bien elle s’était effacée, mais quelle importance ? Le sujet était identifiable pour un enfant de quatre ans.

Kyogre. Ainsi, Sarah avait eu un coup de chance monstrueux en proposant ce nom. Arthur appréciait l’ironie. Et aussi, par anticipation, la colère noire dans laquelle elle allait plonger quand il lui ferait part de ses découvertes. Voilà qui s’annonçait très amusant.

Le Topdresseur s’autorisa un soupir de satisfaction et se laissa aller en arrière dans sa chaise en contemplant la pile de bouquins qui encombrait sa table. Beaucoup de fatras inutile. Maintenant qu’il avait un nom, il allait pouvoir concentrer ses recherches, si du moins la curiosité cessait de l’aiguillonner. Peu probable. Il avait cherché toute la journée, se frayant un chemin entre les manuscrits poussiéreux qu’il avait fait l’erreur de choisir en premier et qui affirmaient que toutes ces légendes n’étaient qu’un tissu de sornettes — comme quoi le fer revenait aux hommes, tiens. Et après tous ces efforts, il avait bien envie d’une récompense moins maigrelette que le sermon d’un prêtre mort depuis belle lurette et le nom de son dieu. Alors il irait probablement ouvrir ce pavé au charmant nom de Mythes et légendes endémiques de Hoenn, dans un moment. Il n’était que seize heures. Il aurait pensé plus.

Alors comme ça, ils avaient affronté Kyogre. Un Pokémon antique, apparemment immortel, et que certains considéraient comme responsable du cataclysme survenu trois mille ans plus tôt. Il faisait encore de beaux saltos, pour un Pokémon millénaire. Mais le kalachnotier avait de la chance d’en avoir réchappé. Pour avoir vu un ciel de mars aussi opaque que le cœur d’une nuit de solstice d’hiver, Arthur croyait absolument que le bestiau était capable de noyer la planète.

… était-ce seulement difficile ? Il laissa son cerveau manipuler des nombres approximatifs. Altitude médiane des terres émergées, une centaine de mètres. Profondeur médiane des océans, facilement un kilomètre, sur quatre cinquièmes de la surface. Accroissement de volume nécessaire, autour de deux pour cent. Énergie thermique nécessaire… deux pour cent pour un gaz parfait ? Il croyait se rappeler qu’elle était gentiment linéaire. Donc, volume d’eau sur la planète, dans les quatre trillions de mètres cubes. Énergie…

Une poignée de fois ce que l’Humanité avait déployé dans son existence entière, d’accord. Le conte devait exagérer un peu. Tout de même ; sur la terre ferme, la tempête essuyée par le bon vieux Tire-au-flanc aurait provoqué des inondations catastrophiques dans un désert. Il n’en fallait pas plus.

Arthur n’avait pas réussi à faire Richard lui expliquer pourquoi le monstre avait abandonné la partie, mais il allait certainement réessayer. Si jamais il fallait renouveler l’expérience — il sentit un frisson d’excitation à l’idée —, il faudrait une méthode plus efficace que de taper dessus.

« Vous avez l’air d’avoir trouvé la perle rare, commenta une voix amusée.

— Je vous demande pardon ? »

L’interlocuteur d’Arthur l’avait pris totalement par surprise. À regarder le plafond, aussi… C’était un jeune homme roux aux traits tranchants, portant une paire de lunettes sévères — celui-là avait dû en voir de toutes les couleurs gamin — et habillé d’une chemise élégante. Il regardait avec un sourire le bazar étalé sur la table du Topdresseur barbu, et ce dernier aurait été prêt à parier qu’il était intéressé par un livre là-dedans. Voire une douzaine, vu la dégaine.

« Excusez-moi, reprit le marin. J’ai entassé pas mal de trucs, n’hésitez pas à vous servir ! Je peux les lire un autre jour.

— Ça, je doute que vous lisiez tout aujourd’hui. »

Le cynisme convenait si bien à cette voix assurée et légèrement nasillarde. Il avait l’air d’un drôle de larron, et Arthur sentit sa curiosité changer un peu de direction. Une chance de l’emmener au bar et de sceller une amitié dans un concours de beuverie ? Impossible à infirmer, les chemises avaient tendance à cacher plus de choses qu’elles n’en révélaient.

« Bien vrai ! Alors, la plupart de ces trucs sont sur les mythes de Hoenn, légendes, Pokémon sous hormones de croissance, tout le tintouin. Ça c’est un bouquin de cuisine, je sais pas ce qu’il fout là.

— Les légendes m’iront très bien, je cherche à me renseigner sur un Pokémon particulier. Et vous ?

— Mais moi aussi ! Heh, une drôle de rencontre que je voulais renseigner un peu. Il serait pas aquatique, votre Pokémon ?

— Et non, désolé. Il aurait plutôt une peur panique de l’eau, et garderait les deux pieds bien sur terre…

— Bah, j’aurais essayé. Mais je peux pas dire que je sois pas curieux. Ça vous dirait de raconter ?

— Volontiers. Vous prendrez bien un café sur le port ?

— Au whisky, alors ! »

L’autre eut un rire silencieux. Pas le genre de rire réprimé pour l’amour des bibliothèques, plutôt celui de quelqu’un qui riait sans que personne ne le sache, de ce qui ne faisait rire que lui. Ça n’avait pas d’importance, décida le marin.

« Appelez-moi Arthur, dit-il en tendant la main.

— Max, » répondit l’homme en la serrant.