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Informations

» Auteur : Serekai - Voir le profil
» Créé le 19/01/2022 à 23:44
» Dernière mise à jour le 19/01/2022 à 23:44

» Mots-clés :   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh

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Chapitre 45 : Un nouveau compagnon

Le lendemain matin, nous nous préparâmes pour nous diriger vers le nord. Comme d’habitude, nous déjeunâmes ensemble, Aiko restant toujours légèrement vêtue.

La nymphe sauvage prit un plaisir certain à s’exposer, à s’étirer pour dévoiler tous les endroits pouvant attirer les regards. J’étais prise entre ma pudibonderie et une curiosité trop perverse, ce qui me gênait vraiment. J’étais frustrée de ne pas être capable d’agir posément et en réfléchissant sans me laisser distraire par ma nervosité.

- Bon, le trajet est tout trouvé, annonça calmement la punk à la crête décolorée. Nous allons voler jusque Vestigion, puis nous continuerons à pied à travers la montagne en direction du nord. Je ne veux pas voler dans les champs enneigés. Le vent et la neige rendent la visibilité quasi-nulle.

Une fois à l’extérieur, le vent soufflait fort, agitant mes cheveux. Ma coupe raccourcie n’évitait pas à mes mèches sombres de danser devant mes yeux, se calant derrière mon nez pour bien gêner ma vue.

- J’aurais pas du vous laisser les raccourcir, j’ai du mal à les attacher, lui reprochais-je en essayant de les lier derrière ma nuque.

- Tu pourrais mettre un bandeau. Ou tu pourrais les couper court et … tu sais comment m’appeler.

- J’aime les cheveux longs, maîtresse, lui dis-je en reculant d’un pas.

- Dommage. J’aime les filles sauvages alors si tu veux, je les laisse pousser, comme ça nous pourrions nous plaire.

Je ne dis rien, exaspérée par cette façon qu’elle avait de retourner mes protestations à son avantage, tout en y ajoutant un sous-entendu salace.

Aiko laissa son Grodrive, Ballon, lui attraper les bras, tandis que je fis appel à Marisa, ma Noarfang. Je me mis sur le dos de la grosse chouette, qui battit des ailes, avant de s’élever. Marisa s’entoura d’une légère aura, parvenant à me porter alors que je devais faire le même poids qu’elle.

Nous nous élevâmes lentement au-dessus de la rue commerçante ou logeait Aiko, passant au dessus des voitures qui se croisaient à proximité d’un centre commercial, les conducteurs se montrant indifférents à ce qu’il se passait en dehors de leurs carcasses métalliques.

- On va commencer par partir plein est, pour profiter des vents dominants. Si ton pokémon fatigue, on descendra se reposer à Charbourg ou bien à Floraville.

Sur ce, Marisa battit des ailes, suivant le cap fixé par Aiko. La ville se dévoila sous nos pieds, à seulement une centaine de mètres en-dessous de nous. Rapidement, les rues étroites firent place à la voie rapide reliant la ville portuaire à la capitale, dont le dynamisme était encore plus impressionnant vu depuis le ciel.

Autour de nous, de nombreux Etourmi et Etourvol passèrent, comme s’ils nous jaugeaient et essayaient de comprendre ce que nous faisions sur leurs territoires, que nous traversâmes sans problème. D’autres dresseurs aventureux nous rejoignirent en vol, échangeant quelques mots avant de redescendre vers le sol, suivant le plan des rues qui formaient un damier illuminé de néons.

Voler entre les tours d’acier et de verre était un spectacle magique, alors que tout semblait différent vu d’ici. Les grattes-ciel formaient un milliard de miroirs reflétant nos ambitions, offrant des aperçus sur des milliers de destins confondus par la vitesse, que nous dépassions en quelques instants.

Les tours firent place à des pavillons, avant de céder la place à des sentiers et des falaises familières. La route de Floraville émergeait de la brume, sinuant le long de sa vallée longeant la côte, menant vers les étendues colorées contrastant avec le vert et le brun. Les immenses champs de fleurs dessinaient des motifs en forme de flocons hexagonaux, entourant la colline plantée de calliandras rouges traçant le nom de la ville, la rendant toujours identifiable, quelle que soit la saison.

Après ces longues heures de vol, nous amorçâmes notre descente. En visant un coin de rue sans piétons, nous posâmes pied à proximité du centre pokémon, bien que je manquais de peu de glisser sur la margelle ébréchée.

- Tu as été formidable, félicitais-je Marisa, caressant doucement ses aigrettes, la faisant hululer de satisfaction.

Je lissai quelques unes de ses plumes, avant de la rappeler pour qu’elle puisse se reposer. Aiko agit d’une façon similaire, caressant doucement le pompon duveteux situé au sommet du crâne de son spectre, qui se gonfla légèrement à chaque fois qu’elle cessait de le cajoler.

- Alors, tu veux te reposer maintenant ? On peut atteindre Vestigion en passant par la forêt avant ce soir.

- Ca me va. Je suis en pleine forme et je serais de l’autre-côté la première, me vantais-je.

Je pris mon vélo tout terrain, pédalant le plus rapidement possible, avançant rapidement entre les arbres dépourvus de feuilles. Les nombreuses feuilles tombées formaient un tapis brun au sol, craquant sous mes pneus. En cette saison, la forêt était moins effrayante, puisque les branches nues et dépouillées laissaient voir le ciel d’un gris de perle. La forêt était juste comme une ville brune et morte, avec ses troncs élevés vers le ciel. Ce n’était plus le lieu enchanteur de la première fois, mais ce n’était plus ce lieu sinistre et presque envahi par une aura de mort émanant du vieux château. C’était … juste terne, rien de plus.

Aiko n’eut aucun mal à se déplacer non plus. Lorsque j’arrivai à la sortie, elle était déjà là, à m’attendre, se récurant le dessous des ongles.

- Tu en as mis du temps, dit-elle en regardant sa montre. Je t’attends depuis … au-moins sept minutes.

- Je pédale depuis deux heures et demi ! bafouillais-je en haletant bruyamment, essuyant mon front ruisselant de sueur. Comment avez-vous fait, Maîtresse ?

- Les ombres, ma chérie. Devenir un avec elles permet d’avoir accès au véritable pouvoir. Lorsque tu parviendras à faire un avec elle, à les écouter et à unir ton âme au Grand Dessein, alors ... tu seras invincible.

J’avais des doutes là-dessus. Il y avait toujours quelqu’un de plus puissant. De plus, si ce pouvoir était si puissant, il ne se laisserait certainement pas apprivoiser si facilement et je savais bien que ce ne serait … pas sans prix à payer.

Il fallait que j’en apprenne plus sur ce fameux Grand Dessein. Il fallait que je découvre plus d’éléments à ce sujet et si je pouvais devenir plus puissante en prime, ce serait un beau bonus.

- Alors … continuons vers Vestigion, lui dis-je en regardant les tours émergeant derrière le vallon occupé par la rivière. J’ai déjà affronté la Team Galaxie ici … ce fut d’ailleurs mon premier échec.

Je passai la main sur mon visage, caressant la marque presque estompée que Mars m’avait infligée. La vieille douleur sur mon front se raviva, comme un fantôme du passé qui semblait s’amuser avec moi.

- Mais nous nous sommes endurcies depuis, me sermonna doucement l’autre en moi. Nous sommes bien plus fortes et tu n’es plus l’innocente candide que tu étais. Notre pseudo-maîtresse n’est qu’un outil pour devenir encore plus forte … mais c’est un outil particulièrement dangereux.

Pour une fois, j’étais bien d’accord avec l’autre.

- Ah tu vois ! Ca fait au moins deux mois que tu m’envoies chier, il t’a fallu le temps !

- Ca ne veut pas dire que je ne vais pas continuer à t’envoyer promener.

- Oh, tu m’attristes. Pourtant, tu as suivi la plupart de mes conseils. En tout cas, méfie-toi de cette punk séductrice. Ou alors … retourne son jeu. Manipule ses sentiments, fais semblant d’y répondre et fais-la tomber à tes pieds. Comme ça, la marionnette deviendra celle qui tire les ficelles.

Je ne voulais pas vraiment jouer ainsi. Ca me semblait déloyal et ça ne me semblait pas la bonne chose à faire.

- C’est toi qui vois. Mais tu n’as qu’un mot à dire et on s’en charge. Sans oublier, que tu te mens encore à toi même. Tu n’as aucun problème à manipuler les gens durant un combat avec de fausses intentions. En quoi est-ce différent ? Tu dois gagner ce combat.

- Tu penses que c’est vraiment la meilleure solution ?

Elle sembla étrangement pensive, faisant écho à mon trouble interne.

- Selon tes insignifiants codes moraux, non. Mais si l’on fait preuve de pragmatisme, il le faut. N’oublie pas qu’on sait parfaitement qu’elle fait de même avec nous, alors ce n’est que justice, dit-elle en dévoyant ce terme. De plus on a une mission à remplir et Cynthia nous a bien dit qu’il fallait des résultats.

- Ca ne me plaît pas … mais on va essayer.

- D’ailleurs, on pourrait y trouver un peu de plaisir pour joindre l’utile à l’agréable.

- Qu’est-ce que tu insinues ? Je ne suis pas une grosse gouine ! protestais-je avec un mélange de dégoût, de crainte, d’appréhension et d’ignorance.

Je soupirai, alors que nos pas nous menèrent vers le centre pokémon. Comme d’habitude nous dînèrent ensemble, profitant d’un bon repas chaud. Une fois les carottes et les navets marinés bien digérés, nous partagèrent la même chambre, pourvue d’un seul grand lit.

Comme à son habitude, Aiko passa beaucoup de temps à se laver et revint se glisser dans les draps en prenant son temps, exposant son corps avec arrogance. Je soupirai face à son attitude, me couchant dans les draps, en un geste exagéré pour signifier ma désapprobation.

Aiko me rejoignit et se coucha à son tour, rampant pour se coller contre mon dos couvert par ma nuisette rose. La punk caressa mon bras, parcourant mon ventre de ses ongles noirs. Je ne protestai pas, n’opposant aucune résistance. Au contraire, je lui caressai le dos de la main, me retournant quelques secondes plus tard, pour lui adresser un sourire faux.

Elle avait les traits assez arrondis, bien plus doux que ceux du maître de Sinnoh. Je pus détailler son visage et même son corps, alors que je fermai les yeux quelques instants, la laissant doucement écarter mes cheveux.

- Tu es charmante, dit-elle en profitant de ma gêne. Ca me plaît ce coté chez toi.

Sans rien dire, je fermai les yeux, appréhendant une action surprise de sa part, mais rien ne vint. Une part de moi sembla presque déçue.

Le lendemain, à mon réveil, elle n’était plus avec moi. Je pus voir un petit message sur le chevet. Ma colocataire s’était réveillée, douchée et était partie chercher à manger en me laissant dormir.

En attendant son retour, j’allais me doucher à mon tour. Ce n’est qu’une fois dénudée que je pus voir des petites rougeurs sur ma clavicule et des petites griffures dans mon dos. Qu’est-ce qu’il s’était passé la nuit dernière ? me questionnais-je en laissant l’eau couler sur mon visage, chassant l’odeur de lit m’entourant.

Cette question me trotta dans la tête, alors que je l’entendis revenir. Je finis de m’habiller, alors qu’elle déposa des croissants sur une des petites tables.

- Oh, tu es réveillée. Je craignais de devoir soulever le matelas pour que tu te lèves. Tu es vraiment une Rototaupe le matin.

- Oh, désolée … mais c’est bon, je suis réveillée. Alors, on mange et on y va ?

- Tu es du genre pressée quand il s’agit de travailler ...

Je haussai les épaules, observant les toits des bâtiments encore couverts de givre partiellement fondu.

La route vers le mont Couronné fut similaire aux chemins de montagne que j’avais déjà empruntés. Les chemins rocailleux se ressemblaient tous, à ceci près qu’en hiver, des flaques de boue glacée menaçaient de se briser sous nos pas, emportant quelques gravillons glissants.

L’air était frais et vif, alors que nous longions les contreforts de la montagne. Le vent agitait mes cheveux, du moins la moitié longue. La bise soulevait des volutes de poussière, dessinant des lignes sur la terre mise à nu qui couvrait la pente irrégulière. Au sommet de ce chemin, le col menait vers une nouvelle caverne, qui s’enfonçait dans les profondeurs sinistres de la montagne.

- On ne va pas à Célestia, me détrompa ma guide. On va aller vers le nord, en passant par le lac souterrain.

- J’ai déjà croisé un lac souterrain, en allant vers Charbourg.

- Vraiment ? En même temps, ça ne me surprend pas. C’est un vrai labyrinthe là-dessous. On dit que les âmes des explorateurs perdus errent encore … et qu’ils veulent être retrouvés ! dit-elle avec une voix exagérément sinistre, avant de m’agripper les côtes.

Je sursautai, avant de la voir ricaner derrière-moi, satisfaite de son coup.

- T’es facile à taquiner ! sourit-elle en me donnant une pichenette sur le bout du nez.

Après une journée de marche, nous vîmes enfin la sortie du tunnel. A mesure que nous en approchions, l’air semblait plus frais et plus sec, alors que la grotte nous avait enveloppées d’une tiédeur humide. La nuit dans la grotte avait été l’occasion, une dernière fois, de nous prémunir de la froideur de l’hiver qui s’abattait avec vigueur dehors.

Le lendemain, nous abordâmes enfin la route la plus septentrionale de Sinnoh. C’était un tout nouveau spectacle, puisque le chemin ainsi que les arbres étaient couverts d’un manteau blanc, tandis que de petits flocons tombaient du ciel sombre. La combe était envahie par la neige, bien que de grosses moraines émergeaient par moments, témoins du passé laissé par le glacier qui recouvrait jadis la sortie de grotte que nous avions empruntée.

- Bien … voici l’un des rares endroits que tu n’as pas exploré, souffla t-elle en refermant sa cape noire, couvrant sa chaude doudoune. Maintenant, est-ce que tu sens quelque chose ? Ferme les yeux, ressens ...

- L’ouest … marmonnais-je en regardant les falaises, dont les strates apparentes semblaient comme former des flèches. Mais … il me vint une impression bien étrange.

En suivant cette paréidolie, mes pas nous menèrent vers un amas de buissons entourant un ou deux conifères aux aiguilles d’un vert sombre. La neige couvrait les buissons, qui s’agitaient légèrement.

- J’ai senti un truc … marmonnais-je en dégainant une pokéball.

- J’ai rien vu, marmonna la punk en se frictionnant le corps, avant de remettre ses mains gantées dans ses poches.

- Je te jure que je le sens …

Je fermai les yeux. Je pouvais entendre le vent glacé souffler autour de moi. Les flocons tombaient sur ma peau brûlante, alors que la végétation bougeait légèrement. Je pouvais imaginer le paysage dans mon esprit, alors que quelque chose bougeait sur mes paupières closes. C’était comme ces tâches violacées qui restaient, rémanentes, après avoir regardé le soleil, mais d’un bleu fade tirant vers le gris.

Sans réfléchir, je pris une hyperball, avant de viser la forme floue, qui se laissa happer dans la sphère. Le pokémon ne s’agita pas du tout, alors que Aiko observait la pokéball au sommet jaune et noir.

- Alors, montre ! Quel est ce pokémon qui semblait tant t’attirer ?

La lumière qui émergea se matérialisa en un cône, frémissant.

- Oh … un Stalgamin, dit-elle, perplexe.

- Une femelle, ajoutais-je en consultant mon pokédex.

Aiko sembla intéressée.

- Oh … alors peut-être que tu l’as trouvé, ton compagnon. Mais … avant de la faire évoluer, il faudra vous entraîner et reconnaître vos âmes mutuellement. Vous devrez entrer en synergie tous les deux.

Elle regarda la pokéball une fois de plus, avant de glisser ses mains autour de ma taille.

- D’ailleurs, ta compagne est une femelle. C’est peut-être un signe ! dit-elle en m'embrassant dans le cou.

- Est-ce qu’on a fini ? demandais-je en me retenant de claquer des dents, me dégageant de ses bras.

- Ouais. On graille un truc et on se tire d’ici.