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» Auteur : Serekai - Voir le profil
» Créé le 30/10/2021 à 01:26
» Dernière mise à jour le 20/11/2021 à 18:59

» Mots-clés :   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh

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Chapitre 42 : Orgueil et préjudice
La route entre la capitale et son port de Joliberges n’était pas longue. Même à pied, le chemin était assez court, se faisant en moins de quatre heures. Lorsque l'on arpentait le sentier longeant la côte sablonneuse, l'air charriait un étrange parfum, unique en son genre. L’odeur de la mer était présente, mais la teinte iodée semblait n'être qu'un arrière plan. Il y avait un parfum plus prégnant dans l'air, mais ce n’était pas celui du sable chaud de Littorella. Ce n’était pas non plus l’odeur puante de la vase et des moisissures des mangroves de Verchamps. Le parfum que l'on pouvait renifler était un mélange d’abats de poissons et de mazout, avec des relents huileux qui se faisaient plus présents aux abords des quais ou s’entassaient de nombreux navires.

D'immenses écluses et des bassins s'étendaient entre de longues jetées de béton brut qui s'avançaient sur la mer. De nombreux hangars et bâtiments industriels s'étiraient sur les quais, tandis que de hautes grues déchargeaient des cargaisons depuis les entrailles d'immenses porte-conteneurs. Plus loin, un large navire de pêche était amarré près des silos, ses chaluts remontés. Ce bateau avait connu de meilleurs jours, les écoutilles et hublots étaient entourés de couches de rouille qui dessinaient de longues traces le long de la coque.

Plus loin, de fiers gaillards aux muscles saillants déchargeaient des caisses et pilotaient des tires-palettes, tandis que des plaisanciers étaient amarrés le long des quais ouest, qui donnaient sur la vieille ville enserrée entre des murailles partiellement arasées. Les maisons hautes étaient enserrées entre les murs, dont les rez-de-chaussées se trouvaient occupés par des boutiques, dont les étalages étaient destinés aux touristes qui battaient le pavé.

Je pouvais voir la ligne d’horizon se rapprocher, alors que je revenais de mon voyage depuis l'île située au large. Le bateau de transport fendait les flots, son étrave projetant de l’écume sur mes cheveux, alors que je profitais de la vue de l’océan qui se perdait au-delà de est qui semblait porter l'astre solaire émergeant. La mer était dorée, le soleil miroitant sur l’étendue agitée par le vent d’ouest.

Faire un voyage sur l’eau était quelque chose que toute personne devait faire au moins une fois dans sa vie. Même si ce n’était pas à dos de pokémon, c’était un voyage à faire, ne serait-ce que pour ressentir la force de l’océan qui soulevait les vagues, portant le navire en le ballottant.

Derrière-moi, je quittai l’île de fer sans le moindre regret. Ce massif rocailleux avait été un bon terrain d’entraînement, mais je m’étais brouillée avec un dresseur local, qui avait l’habitude d’utiliser cette ancienne mine comme lieu d’entraînement. Le simple fait de repenser à ce gringalet me mettait hors de moi. Son ton condescendant avait été insupportable.

Après quinze minutes de navigation, le navire approcha de l’immense écluse de métal, dont les deux portes s’ouvrirent dans un lancinant grondement, les deux vérins gémissant pour laisser le navire entrer dans le bassin.

Le navire de transport accosta finalement, les quais de béton étant face à de nombreux silos et bâtiments plus ou moins désaffectés. Parmi cet amas d'usines et de fabrique, une grande aciérie dominait le complexe industriel, ornée d’une banderole aux armoiries de la ligue pokémon.

J'étais prête à affronter Charles.

- Prudence, ma p'tite dame, déclara le marin. Charles est pas à prendre à la légère. Enfin, j'veux pas te dissuader. Ca te fera 150 pokédollars.

- Merci du conseil capitaine, le remerciais-je tout en le payant, avant de sauter sur la margelle de béton aux bords effrités.

L’arène était toute proche, mais je voulus m’assurer d’une chose. Je pris mon téléphone et composai le numéro d’une vieille amie.

- Allo Marianne ? Comment vas-tu ? saluais-je avec un sourire. Ouais, je vais bien, je suis à Joliberges, précisais-je en m’asseyant sur un banc public. Non, je vais bien, je ne l’ai pas encore affronté … Enfin pas forcément, j’étais curieuse pour toi. T’en es ou ?

Je sifflai, impressionnée par ses progrès qu'elle me narra longuement.

- C’est pas contre les règles, ça ? la taquinais-je. Enfin, si t’as le badge avant, ça peut passer. Nan, je dirais rien !

Nous échangeâmes quelques petites astuces, avant de dériver sur des recettes avec des baies et des fruits. Finalement, après plus d’une heure de discussions, je la questionnai sur les pokémon de Charles.

- Oui, tu te rends compte, j’ai attendu près d’une demi-heure pour te poser cette question … D’accord, donc je dois savoir quand rester sur la défensive et faire attention à son Steelix … Oui, j’ai mon Torterra qui peut utiliser Séisme … D’accord, je vais donc abuser de toutes mes puissantes capacités et je ne vais pas laisser de temps mort lors de mes offensives.

Je la remerciai des conseils, avant de me diriger vers l’imposante aciérie. Une grande flèche me guidait dans l’immense bâtiment de béton, couvert par une immense verrière. L'immense marteau-pilon était abaissé, sa masse servant de perchoir au champion. Le terrain de sable central était entouré de grands caissons de béton équipés de puissants pistons et de vérins parasismiques. La vaste arène était faite pour résister à des séismes et pour absorber les ondes de choc causées par les brutales attaques des pokémon de Charles.

Une fois dans le bâtiment dévolu aux combats d’arène, le champion attendait au fond, un carnet en main.

- Bonjour challenger, m’accueillit-il, grattant sa barbe de dix jours. Je suppose que tu viens me défier pour mon badge. Cela tombe bien, cela fait deux jours depuis ma dernière victoire et je m’ennuie un peu. Combien as-tu de badges ?

- Cinq, Monsieur, me vantais-je un peu.

- Très bien ! sourit-il en prenant son carnet, griffonnant quelques mots. Je vois que tu as vaincu mon fils. Dans ce cas, je vais te montrer la puissance des pokémon acier et elle surclasse celle des pokémon roche. Tu as droit à autant de pokémon que tu veux ainsi qu'à trois objets de soin. Maintenant, prépare-toi. A trois, nous lançons nos pokéballs.

A la fin du compte à rebours, nos deux pokéballs libérèrent les combattants choisis.

Myrtille jaillit de ma pokéball, faisant face à un Magnéton, dénommé Tesla. Les sphères aux aimants formaient un triangle équilatéral, chacun des pokémon pointant leur vis vers le centre de gravité du triangle.

- Censure, ordonna Charles.

Immédiatement, l'ensemble coordonné produisit un étrange son assourdissant, au point qu'il me vrilla les tympans. Alors que des acouphènes tentaient de perturber ma concentration, je donnai mon ordre à Myrtille, qui plaquait ses oreilles contre son crâne pour étouffer le signal audio.

- Déflagration ! criais-je, en pointant les formes aimantées qui se repoussaient mutuellement.

Les trois pokémon placèrent leurs aimants de façon à se repousser mutuellement. Ils s'éloignèrent au point que la vague de flammes passa entre eux, mais au moment ou la distance entre eux fut maximale, le grincement diminua en intensité.

- Prépare-toi ... comme avec la horde de Nosferapti ! rappelais-je à ma loyale amie.

Myrtille hocha la tête. Elle observa le Magneton et attendit que les trois se rapprochèrent. A l'instant ou les aimants se collèrent pour répartir l'électricité et la canaliser, elle cracha une nouvelle vague orangée sur les globes de métal qui préparaient leur attaque Tonnerre.

La rafale ardente saisit de plein fouet le trio, qui poussa de petits sons stridents, ressemblant à des grésillements d’une radio mal réglée.

- Bien joué ma belle ! la complimentais-je, fière d'elle. Reviens pour le moment.

Je fis appel à Amazonas, alors que Charles convoqua son atout, son sinistrement célèbre Steelix. Le large pokémon gronda, produisant un large grincement strident qui n'impressionna pas le moindre du monde ma tortue.

- Séisme ! nous ordonnâmes en même temps, alors que nos pokémon créèrent des ondes de choc secouant toute la piste. Le sable s’éleva, alors que les vibrations dégagèrent de puissantes vagues d’énergie, créant des remous dans le sable. La puissance dégagée fit vibrer les amortisseurs et les lourds pylônes soutenant la verrière, alors que les vagues de sable déstabilisèrent nos pokémon.

L’énergie dégagée repoussa les lourdes masses des pokémon, les secouant au plus profond de leurs corps minéraux, alors que les deux plates-formes de soutien sur lesquelles nous nous trouvaient absorbaient les chocs.

Amazonas et Steelix reculèrent, s'observant avec méfiance. Ils semblaient inquiets et désobéirent conjointement à notre ordre de relancer l'attaque.

Sans tarder, je rappelai mon pokémon pour renvoyer Myrtille. Elle avait les réflexes pour bondir au-dessus du sol et échapper aux ondes sismiques.

- Crame-le ! commandais-je.

Ma belle pokémon obéit, inspirant pour souffler une immense gerbe de flammes. L’immense serpent d’acier, cette magnifique cible impossible à rater, se jeta au sol pour plonger dans le sable. Dans sa fuite, il secoua une vague de sable en l'air, qui se retrouva vitrifiée par la déflagration.

Le serpent métallique esquiva l’attaque de feu et ressurgit du terrain à quelques mètres de moi, poussant un cri terrifiant. Myrtille avait bondi par réflexe, évitant se se retrouver sous le monstre d'acier, qui la frôla alors qu'il émergeait tel un ressort trop tendu. Myrtille posa les pattes sur la piste la première. La titanesque bête se contorsionna brusquement et s’écrasa comme une masse sur Myrtille.

Je hurlai.

Mon cri horrifié se mêla aux craquement brutal du métal et des os.

Je tombai à genoux, lorsque je vis l’énorme giclée rouge qui s’ensuivit, alors que le Steelix s’abattit encore et encore. Chaque coup produisait un son spongieux, alors qu'il ne laissa qu’une mare de viscères enfoncés dans le sable. L’imposant monstre de titane rugit de satisfaction, alors que le sable collait aux segments de son corps teintés de sang et de morceaux de viscères indéfinissables.

La pokéball de Myrtille roula entre mes doigts, alors que j'étais absolument horrifiée devant cette mise à mort sanglante et cruelle. Bouleversée, je réprimai ma nausée, bien qu'un flot de bile jaune finit par sortir de ma gorge étranglée pour éclabousser ma main droite.

- Si le challenger ne fait pas appel à un pokémon dans la minute qui s’ensuit, elle sera considérée comme vaincue, annonça le champion, absolument pas choqué.

Mon regard se porta sur le sable carmin, puis sur le Steelix aux petits yeux vicieux.

Je ... je devais réagir, ne pas laisser la mort de Myrtille être vaine.

Face à son Steelix, j’allais envoyer le mien.

Les deux immenses monstres se jaugèrent, avant de se percuter de plein fouet, en un lourd craquement semblable à de la tôle martelée. Nos deux pokémon se percutèrent sauvagement, mais les différences entre eux m’apparurent bien vite. Montagne était plus petit, avec des segments minéraux un peu moins brillants que ceux de mon adversaire. Il n'avait ni l'expérience, ni le niveau pour affronter celui de Charles. Si je poursuivais ainsi, c'était la défaite assurée.

- Dracosouffle ! essayais-je, voyant bien que les chocs physiques ne servaient pas à grand-chose.

Une flamme d’un vert vénéneux jaillit de la bouche de mon pokémon, qui sembla comme chauffer le minerai du pokémon ennemi. Les sections scintillantes semblèrent comme couvertes de métal liquide fondu. Il semblait avoir des difficultés à articuler les sections de son corps.

- Concentre-toi, Vojd ! Utilise Frénésie !

Je rappelai Montagne, qui encaissa le choc, pour faire appel à Carotte. Mon fier pokémon avait perfectionné une puissante attaque, que j'espérais être efficace contre mon adversaire.

- Carotte, Close Combat !

Le noble rapace plongea vers le Steelix, ses ailes vibrant d’une aura dorée. Le choc produisit une note brève, l'aile de Carotte entailla le crâne du Steelix. Le lourd serpent s’écroula dans la masse de sable et de pierre, toujours incapable de se mouvoir.

- Recommence ! insistais-je en pointant la tête du monstre, qui gisait au sol.

Les ailes de mon pokémon percutèrent une nouvelle fois le crâne épais de plein fouet et j’espérais pouvoir finir le pokémon à l’agonie. Carotte était juste au-dessus des yeux, probablement le seul point vulnérable de ce monstre massif.

- Ordre 227, dit Charles.

Subitement, son Steelix contracta son corps, lui permettant de relever la tête. D’une seule bouchée, il happa Carotte et ses dents meulèrent le pauvre volatile.

La rage au ventre, je songeais au seul pokémon pouvant faire des dégâts. Cependant, Amazonas était trop blessé pour tenir longtemps contre ce monstre.

- J’envoie Lucille et j’utilise une Hyper Potion pour soigner Amazonas.

Comme je l’avais annoncé, mon mollusque se retrouva seul sur le terrain, alors que je soignais les nombreuses plaies de l’immense tortue, couvrant les lésions avec le spray.

Lucille resta seule, attendant niaisement un ordre qui ne vint jamais. Elle était trop habituée à la sécurité que je lui procurais, attendant des directives claires et ne fit pas preuve d’initiative. J’avais tellement cajolé mes pokémon, qu’ils semblaient presque avoir perdu leur instinct de survie.

Je détournai le regard lorsque j’entendis le son de succion atroce et le mâchonnement caractéristique, alors que Amazonas me regarda sans rien dire. Je savais très bien que j'allais repartir avec une pokéball vide de plus, puisqu'il ne restait pas assez de traces à rappeler.

Amazonas avança, le regard fixé sur le monstre et projeta une vaste volée de feuilles, ciblant la tête et les yeux en particulier.

Le serpent d'acier déjà affaibli s’écroula au sol, rappelé par son dresseur. Charles observa sa pokéball avec un léger froncement de sourcils.

- Ilitch, prépare-toi bien.

Une créature antique rejoignit la lutte. C’était un quadrupède dont la tête était entourée d’une large collerette ornée de rochers pointus. La collerette servait à protéger le crâne et la nuque, les points les plus fragiles. Les pointes servaient à punir le tendre palais de tout carnivore ayant eu la témérité d'ouvrir la gueule pour le saisir au cou.

Torterra frappa une fois de plus le sol, générant une onde de choc violente, dégageant une puissante déferlante d’énergie, mais le pokémon en face s’accrocha sur ses pattes arrières. Ses membres s'enfoncèrent dans le sable, alors que le reste de son corps se couvrit d’une sorte de mur d’acier liquide qui s'agita lorsque l'onde de choc traversa son organisme.

Sur mon ordre, mon pokémon poursuivit ses attaques et généra une tornade de feuilles, qui enveloppa la masse de muscles et de corindon. Les feuilles noircirent au contact du liquide agrippé à la surface du corps du Bastiodon. Le pokémon antique encaissa l'attaque et projeta des vagues de métal liquide brûlant.

Une part du sulfure atteignit le dos d’Amazonas, qui hurla immédiatement lorsque son arbre s’enflamma. Je le rappelai sans réfléchir et Montagne prit la relève. Le serpent d'acier rampa à travers les flaques de métal liquide et se jeta contre Vojd. D’un immense coup de sa queue, Montagne fractura une part de la collerette de son adversaire, qui fut rejeté en arrière.

Charles préféra cesser le combat et replia son char.

- Bien, tu as gagné, dresseuse. Tu as vaincu mon trio et je te décerne donc le badge Mine.

Je pris le badge qu'il me tendit, mais je n’avais pas cœur à célébrer cette acquisition. Pour obtenir ce badge, j’avais perdu trois pokémon. Charles avait été fidèle à sa réputation, implacable, comme un avant goût de ce que serait la ligue pokémon.

Je n’avais pas le niveau, c’était clair. Sauf que mon arrogance avait coûté la vie à trois de mes pokémon. La moitié de mon équipe était morte.

Je m’assis dans un parc, faisant sortir les trois survivants. Montagne, Amazonas et Fernando se retrouvèrent ensemble, se regardant, comme s’il manquait quelque chose.

- Je suis désolée les gars, j’ai … échoué.

Les mots tordirent mon estomac, alors que je vis les trois pokéballs vides qui s'accrochaient à ma ceinture.

Montagne grogna un peu, me fixant avec son regard froid, mais il pencha la tête sur le côté. Il se sentait un peu coupable, n’ayant pas été capable de repousser le monstrueux pokémon d’acier.

Fernando semblait s’en moquer, gardant son expression détachée. Il ne s'approcha même pas de moi, se contentant de bouger la queue. Pour lui, seul comptait la force. Que les autres aient disparu, en particulier Carotte, cela témoignait du fait qu’ils étaient faibles. Il avait survécu, pas les autres.

Amazonas me regarda, semblant m'accuser du sacrifice de Lucille. Il colla finalement sa tête contre moi, quémandant une caresse que je ne lui refuserais jamais.

- Tu sais que ta vie m’est précieuse, lui avouais-je en massant son cou tendre. Je ne pourrais pas accepter que tu ne meures.

Il le savait. Il était le premier, il avait été là depuis le début, ne me quittant jamais. Il savait qu’il était spécial et que je ne pouvais pas renoncer à lui. Il savait bien que j'avais sacrifié Lucille pour le soigner.

- Je ne te sacrifierais pas, tu le sais.

Il le savait, mais cela n'effaçait pas le fait que j’avais perdu trois loyaux compagnons durant ce combat. Il ne me restait que les plus anciens et les plus expérimentés.