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Informations

» Auteur : Serekai - Voir le profil
» Créé le 27/08/2021 à 00:58
» Dernière mise à jour le 27/08/2021 à 18:28

» Mots-clés :   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh

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Chapitre 38 : Safari au marais
La première chose qui me frappa en arrivant à Verchamps, ce fut l’odeur de la nature qui émanait de la ville. Contrairement au parfum d'asphalte de Féli-Cité et à l'odeur de suie de Charbourg, c'était naturel. Ce n'était pas la même fragrance que celle de Floraville avec ses milliers de fleurs, c'était quelque chose de plus brut. L'atmosphère de Verchamps était emplie de l'odeur légèrement putride de l’herbe humide et de vase, rehaussée par l’arôme de spores dégagées par les nombreux nénuphars qui couvraient les étangs parsemant la ville.

Verchamps était dédiée à la préservation des milieux naturels et à l’étude de l’écosystème complexe et riche qui s’étendait dans cette mangrove. Dans la ville, la majeure partie des routes n’étaient pas goudronnées, de nombreux pontons s’étendaient au-dessus des cours d’eau formant un dédale hydraulique confus.

Partout, l’eau ruisselait et s’écoulait lentement, de nombreux méandres sauvages passaient dans la ville, sans même être canalisés ou endigués. De petits Nénupiots flottaient paresseusement, tandis que des Yanma bourdonnants déposaient leurs grappes d’œufs translucides contre des tiges de roseaux immergées.

Quand je mis les pieds sur la rue principale, ou du moins quand mes chaussures de sport s’enfoncèrent dans une ornière boueuse, je vis à quel point Verchamps avait vraiment un lien particulier avec son environnement. La cité essayait de limiter au maximum l’impact écologique, au point que les maisons soient espacées, afin de limiter l’artificialisation des berges.

Les maisons étaient faites de bois et de matériaux écologiques, entourées de petites clôtures profondément plantées, avec des filets grillagés et végétalisés qui couvraient le sol pour éviter l’érosion des sols. Les routes étaient des pistes de terre damée et ornées de planches pour éviter que les rares véhicules motorisés ne s’embourbent, bien que la plupart des habitants préféraient employer des véhicules tractés par des Tauros. Il n’y avait que quelques véhicules à moteur pour relier Verchamps à Voilaroc, la route de l’ouest étant bien trop impraticable en raison de la persistance des marais qui n’avaient pas été drainés, contrairement à ceux de Féli-Cité.

Cette ville avait un charme unique, mais ses dangers propres. Devant le centre pokémon, un large panneau prévenait de l’importance des traitements contre les tiques et autres parasites, notamment les larves de Vortente. Ces plantes déposaient de petites spores dans la peau de ses victimes, creusant un petit trou avec leurs longues racines. Les spores croissaient ensuite dans la chair, se nourrissant de l’hôte pour croître avant de surgir en formant d’immondes kystes.

Les autres modes de reproduction des nombreuses abominations détaillés par mon pokédex faisaient passer les champignons parasites d’un Parasect pour de charmantes créatures. Je n’avais vraiment pas envie d’exposer mes pokémon à de telles menaces, du moins pas sans prévention.

Je me dirigeai vers le centre pokémon, pour offrir un peu de repos à mon équipe, mais également pour me renseigner davantage sur les moyens de protection nécessaires. L’infirmière fut très attentive et étudia mes pokémon qui se sustentaient.

- Vous avez de la chance, jugea t-elle. Plusieurs de vos pokémon ont une protection naturelle redoutable.

- Vous parlez de Montagne ? supposais-je en pensant à la couche de métal couvrant son corps.

- Certes, mais aussi votre Luxio et votre Pyroli. Leurs épaisses couches de poils sont de bons abris pour les parasites, mais en fait, ils peuvent facilement tuer les larves. Les courants électriques ou les vagues de chaleur dégagées par leurs organismes tueront ces intrus tout aussi efficacement que de bonnes lotions.

Elle observa les petits compagnons qui se rassasiaient dans un coin.

- A l’inverse, les autres sont à surveiller. Votre Boskara devra être préservé, en raison des recoins de sa peau plissée qui sont souvent des nids à peau morte et à bactéries. Votre Etourvol est également très exposé, surtout s’il vole au milieu de nuages de spores fécondées, donc prenez garde à tout gonflement ou démangeaison suspecte.

- Quant à Lucille, elle a la peau nue, donc c’est encore plus dangereux pour elle.

- Oui, confirma t-elle, bien que le mucus huileux sécrété par son corps empêche la poussière et les œufs de s’accrocher à sa peau. Je vous rappelle que sa peau qui doit rester en permanence humide. Cependant, vous avez oublié une dernière chose.

Face à mon hésitation, elle me pointa du doigt.

- Trop de jeunes dresseurs et aventuriers autoproclamés finissent par revenir en urgence au dispensaire. Ils protègent leurs pokémon, mais pas leurs corps.

Je regardai ses longs gants qui disparaissaient sous sa blouse aux manches serrées, ainsi que ses bottes.

- Je vous conseille de passer en face, vous avez un bon commerçant qui vous aidera à vous protéger lors de vos voyages dans le grand marais. Je peux également vous conseiller de compléter votre trousse de soin avec une pince à épiler, des compresses et un désinfectant.

- Merci, mais j’ai déjà tout ce qu’il faut. Je vais vous laisser mon équipe et je vais suivre votre conseil.

La boutique en face du centre pokémon avait une façade colorée, ornée de grands panneaux de bois qui affichaient des annonces de déstockage sur certains éléments.

- Allons profiter des soldes ! m’écriais-je, avant de réaliser que je n’étais pas avec mes compagnons.

- Parler seul est un signe de folie, dit l’autre.

- T’es encore là, toi. Tu me lâcheras quand ?

- Quand tu seras morte … ou pas ! ricana t-elle.

- Il me semblait t’avoir dit de la fermer, lui rappelais-je en la mettant en veille.

Dans la boutique de vêtements, il y avait de nombreuses tenues faites pour la pêche et la nage, mais rien de distingué comme à Unionpolis. La vie était plus rude ici et la mode moins suivie.

- Bonjour ! saluais-je l’homme à la moustache poivre et sel. J’aimerais acheter une paire de bottes pour aller dans les marais.

- Prenez une tenue entière, dit-il. Les bottes, c’est bon pour la ville. Dehors, c'est bon pour manger les Vortente par les racines. Des bottes dans les marais, c’est la meilleure manière de les avoir vite remplies d’eau, de vous alourdir et de couler au fond d’un point d’eau.

Avec ces quelques mots bien choisis, l’homme eut tôt fait de me convaincre d’acheter une tenue plus propice au voyage. Il s’agissait d’une salopette haute, mais faite d’un matériau imperméable. L’ensemble était similaire à la vieille tenue ridicule que j’avais portée lors de mes débuts. Il était peu esthétique, mais dans les marais, il semblait clair que l'élégance n’était qu’une considération secondaire, reléguée loin derrière le confort et la protection.

Il y avait un supplément, sous la forme d’un manteau à capuche fait du même matériau. Les deux éléments semblaient curieusement s’assembler, donnant une certaine cohérence à ce qui n’était que deux masses de caoutchouc sombre.

Au final, je pris les deux. Je dépliai la lourde salopette odorante, que j’enfilai immédiatement pour m’y habituer. Une fois les bretelles de la salopette réglées et le ciré plié dans mon havresac, je fis quelques pas dehors. La tenue protégeait bien du vent et tenait chaud, ce qui était des plus agréables alors que le vent d’automne charriait des feuilles brunes dans les canaux.

Je n’étais pas la seule à évoluer ainsi engoncée, puisque plusieurs personnes portaient des bottes ou des protections pour ne pas se salir alors qu’elles empruntaient les passages maculés de boue et d’herbe.

Le lendemain, alors que je quittais le centre pokémon, un pêcheur me salua, signe que j'étais intégrée à la mode locale. Après avoir franchi trois pontons, l’entrée du Grand Marais était enfin en vue. Le large bâtiment était bâti en matériaux recyclables et en bois, s’intégrant à l’environnement sans le dénaturer. A l’intérieur, plusieurs rangers étaient présents, avec leurs fameux uniformes orange.

- Bonjour dresseuse, m’interpella l’un des employés du parc. Vous êtes nouvelle, cela se voit. On va donc vous expliquer comment ça se passe.

- Comment savez-vous que je suis nouvelle ici ? J’ai pourtant la tenue …

- Tenue qui, à part les semelles, est parfaitement neuve et propre, coupa t-il avec un sourire. Mais passons. Puis-je voir votre carte de dresseuse ?

Après les vérifications d’usage, il consulta son ordinateur, par sécurité.

- Les dresseurs de votre rang sont limités en terme de visites dans le marais. Pour protéger la faune, vous n’avez droit qu’à trente Safari Balls et à six heures de visite. Tenter de tricher sur les délais sera sanctionné, je vous rappelle que les horaires des captures sont enregistrés.

- A combien de visites ai-je droit ?

- Trois à 500 pokédollars, mais avec un minimum de trois mois entre chaque session de capture.

- Pour limiter la pression sur la faune, je comprends, acceptais-je sous son regard bienveillant.

Le ranger me vendit les balls et enregistra mon heure de départ dès que les balls furent dans mon sac. Visiblement, ils essayaient de grignoter quelques minutes, alors je n’allais pas traîner.

J’étais prête à découvrir le marais, zone préservée et naturelle, à la différence de la route menant vers Unionpolis qui avait été défigurée par une ligne de tramway. Dès que je fis quelques mètres, je pus sentir tout un mélange d’odeurs. Le parfum de feuilles mortes, de boue et de moisissure était plus présent que dans la ville. Mes bottines écartèrent quelques feuilles brunes et décomposées, alors que je me mis à explorer le marais.

Je choisis une direction au hasard, afin de voir ce qu’il pouvait y avoir sur ma route. Le sol herbeux était bordé d'arbres et de petites étendues d’eau qui bourdonnaient de vie. Un Maraiste était assis dans l’eau, son corps enfoncé au tiers dans le liquide. Il faisait de petits clapotis en agitant ses pattes par intermittence, avant de bâiller longuement. Il avait cette expression de benêt perpétuelle, alors qu’il savourait simplement cette eau rafraîchissante. Autour de lui, l'eau infecte était emplie de petits crustacés qui s'agitaient autour d'Arakdo qui glissaient silencieusement sur la surface. L'un des petits pokémon bleus fut saisi par un Poissirène vorace, qui replongea immédiatement dans les profondeurs, tandis qu'un autre servit de repas à un Yanma.

Le pokémon volant n'était pas le seul à s'agiter. Autour de lui, de nombreux autres Yanma bourdonnaient. Leurs ailes battaient si rapidement qu’elles formaient des vagues grises et floues, leur permettant de voler sur-place. De leurs mandibules saillantes, ils arrachaient des baies des arbres, découpant des branches entières qu’ils dépouillaient de leurs fruits, avant de laisser tomber les morceaux de bois sans intérêt dans l’eau. L’un des insectes m’observa de ses yeux à facettes, alors qu’il semblait me considérer avec intérêt.

Je pris une des safari balls et la lançai sur l’insecte, tentant ma première capture. Bien évidemment, l’insecte avait largement vu venir le mouvement et évita la balle, qui s’écrasa sur une pierre.

- Merde ! jurais-je en relançant des balls sur l’insecte qui se déplaçait en zigzag, avant de s’arrêter brusquement pour me déstabiliser.

Mais comment faisait-il pour me lire ? Lorsque je lui lançais la ball, il évitait et lorsque je voulais anticiper son déplacement, il s'arrêtait instantanément et ma ball lui passait devant.

Une des balls percuta le Maraiste derrière, qui se fit absorber sans rien dire. Le pokémon fut attrapé, à ma grande surprise et une sorte de déplaisir, car je ne voulais pas vraiment de ce pokémon. Une autre de mes balls lancée se perdit dans un arbre, percutant un Noarfang qui somnolait. Le pokémon endormi se trouva enfermé et continua à dormir, n’ayant même pas du comprendre ce qu’il s’était passé.

Finalement, le Yanma s’envola loin, comme s’il avait décidé qu’il avait assez joué avec moi. Je le regardai fuir, complètement dépitée, me laissant tomber le long d’un arbre. Un bruit visqueux me fit sursauter, alors qu'un mélange de boue et de mucus laissa une trace immonde, salissant ma salopette avec une belle ligne visqueuse issue des sécrétions rejetées par des Chenipottes qui ravageaient un pauvre arbre fruitier.

Je me redressai, songeant que je pourrais toujours laver la tenue et mes longs gants, essuyant mes mains sur ma hanche. Je repris ma route, cueillant une baie sitrus qui pendait à une branche, avant de la manger.

Arpenter les rives de terre retenues par les racines était facile. Se promener au milieu de la boue était plus difficile, les mouvements étaient ralentis et chaque pas devenait une épreuve. Chaque mouvement était épuisant, fatiguant les muscles, alors que mes bottes s’embourbaient et nécessitaient un effort presque surhumain pour les retirer de la boue, ce qu’elles faisaient en produisant un lourd son spongieux et écœurant à l’oreille.

Dire que je faisais ça pour le plaisir de découvrir le marais et que j’allais devoir chasser des Barloche pour le professeur les prochains jours. Ca s’annonçait très amusant.

Une fois la mare boueuse franchie, ma salopette était couverte de gadoue sombre qui jurait avec le vert de gris de ma tenue. Sans m’en soucier, je me mis à explorer cette nouvelle zone faite de plantes rampantes et de fougères aux feuilles larges. Les lianes nombreuses étaient le repaire de nombreux vers et de Saquedeneu, qui s’emmêlaient dans des masses de vignes presque impossibles à démêler. Certaines lianes prenaient appui sur les arbres, les étouffant lentement en drainant leur sève, ne laissant que des silhouettes des arbres qui pourrissaient dans l'eau jaune qui s'étendait.

Les Saquedeneu étaient mignons à regarder, agitant leurs lianes en poussant de petits cris et en essayant de se démêler lorsqu'ils se mélangeaient en des grappes de verdure. Je ne voulais pas les capturer, ils ne m'intéressaient pas en terme d'élevage et de dressage. Avec délicatesse, j’essayai de les écarter pour progresser au milieu de cet enfer végétalisé. Je devais lever haut les jambes, pour la baisser de façon à passer mon pied loin de ces corps noirs qui se protégeaient sous ces tiges verdâtres. Avec soin, je parcourus quelques dizaines de mètres en un temps trop long pour être sérieusement enregistré, avant de rejoindre un autre banc d’herbes hautes.

Une machette aurait été d’un grand secours ici, tant la nature semblait vouloir montrer sa supériorité et sa domination. Les Mimigal d’une taille absolument indécente me tirèrent des frissons d’effroi, alors que je contournais l’arbre ou ils étaient accrochés, terrés dans les feuilles le temps qu’une proie malheureuse ne se colle dans leurs immenses cathédrales de soie.

M’éloignant précipitamment de ces arachnides aux aiguillons venimeux, je me dirigeai vers des buissons un peu plus élevés que les premiers. Sous ces feuilles, il y avait comme de petits monticules de boue et de terre fraîchement retournée. J'avais vu des formes similaires dans mon pokédex et elles devaient appartenir à un pokémon qui m'intéressait.

Avec un revers de la main, je déblayai l‘une de ces masses d’humus, avant de donner des coups de poing à l'entrée du terrier découvert pour titiller la créature en dessous. Un souffle projeta quelques petits morceaux de mottes de terre, alors qu’un grattement montait depuis la noirceur du terrier boueux.

Deux petites mandibules tentèrent de cisailler ma main, que j’eus la présence d’esprit de retirer à temps. L'occupant resta caché, ses petites pinces ouvertes en position offensive. Je n'étais pas idiote, mon gant de latex ne l'empêcherait pas de m'amputer d'un doigt si j'avais l'idée stupide de mettre ma main à portée de ses pinces.

Je pris une branche assez épaisse pour l’agiter au dessus du trou, tapotant les bords du terrier pour appâter le pokémon. Après quelques coups, il s'agita, montrant des signes d'agacement. Il réagit comme je m'y attendais et attaqua la branche, sortant sa tête couverte d’une plaque osseuse bleutée.

Le Rapion tailla de larges entailles dans la grosse branche, s’y accrochant fermement. Sa tête imbriquée dans son corps était agitée, alors qu’il agitait ses petites pattes pour s’extraire de sa cachette et mordre frénétiquement le bois mort qui craquait de toutes parts.

Avec une des safari-balls, je fis prisonnier le pokémon, l’extrayant de son trou. Rapion fut absorbé dans la capsule, rejoignant les pokémon que j’avais capturés pendant cette expédition au parc safari.

Ce serait probablement l’un des derniers que j’allais pouvoir prendre. Le temps s’écoulait rapidement lorsqu'on était en exploration. On ne s'en rendait pas compte, mais le repérage, la pose de pièges et l'attente pouvaient durer des heures, parfois sans succès.

Après une bonne excursion, je rentrais au centre pokémon. Complètement fourbue, j'eus à peine le temps de rincer ma salopette de latex, avant d'aller m'écrouler sur un lit, sans même manger. Demain serait une grosse journée. Je commencerais le véritable entraînement dans les marais. Je devais me préparer sérieusement pour aller affronter le champion d’arène et obtenir mon cinquième badge.