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Informations

» Auteur : Serekai - Voir le profil
» Créé le 11/08/2021 à 15:02
» Dernière mise à jour le 11/08/2021 à 15:02

» Mots-clés :   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh

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Chapitre 37 : La route du lac Courage
La fraîcheur de la nuit contrastait avec la lourdeur de la journée. Même si le vent agitait les arbres, l’atmosphère moite et orageuse ne m’inspirait rien de bon. Alors que je repliais mon sac de couchage, le grondement qui résonna dans la vallée confirma mes appréhensions.

Je n’eus même pas envie de manger, en raison de la nausée présente. Mon équipe se mit à me suivre, lorsqu’un nouveau craquement retentit. Un éclair zébra le ciel d’un noir d’une beauté intense, suivi d’une secousse. Cette fois-ci, ce n’était pas un caprice de la nature, mais Montagne qui émergea depuis son trou, ses dents crissant comme des meules pour finir de broyer ce qui ressemblait à un bras de Racaillou. Il me fixa avec ce sourire fier, alors qu’il pointait sa pokéball avec l’extrémité effilée de sa queue.

Il voulait rentrer, revenir avec moi.

C’est absolument enjouée par cette nouvelle que je me remis en route, couverte par mon ciré. Bien abritée de la pluie abondante, je continuai de suivre le sentier sinueux de cette vallée sauvage, traversée par un torrent mugissant et gonflé par la pluie, qui s’ébrouait furieusement vers l’un des lacs.

Le lac Courage était à proximité, alimenté par cette rivière. Je suivis le cours d’eau bordé d’ajoncs tordus et jaunis. Leurs pieds s’enfonçaient dans quelques centimètres d’une eau purifiée par la pluie, tandis que des Axoloto sautaient sur des nénuphars, poussant de petits gazouillis.

Les abords du lac étaient encore plus ombragés, couverts par les frondaisons des chênes aux feuilles rousses et des ormes brunis. Le lac aux eaux grises semblait comme une lune constellée de cratères, alors que la pluie redoublait d’intensité.

Une envie me vint en tête. C’était une idée stupide, surtout sous la pluie … mais je l’avais déjà faite quand j’étais enfant. Après avoir déposé mes affaires sous un arbre, je ne pus résister à l’envie d’enfiler mon maillot de bain rouge et de plonger dans l’eau fraîche. Si la pluie avait quelque chose de parfois agaçant, se baigner en dessous était si agréable. c’était comme si la nuisance de la pluie disparaissait. Faire quelques brasses dans cette eau à dix-huit degrés était revigorant et était un bon exercice.

Après avoir batifolé dans l’eau une bonne demi-heure, je revins sur la rive pour être accueillie par l’air froid. Je pus apercevoir un petit article de maroquinerie assez cher, qui gisait dans les touffes d’herbes. La curieuse que je suis décida de regarder à l’intérieur pour voir s’il n’y avait pas une indication ou un indice. Le petit sac à main contenait juste une pièce d’identité au nom d’Emelina Duchâtelet, un permis de conduire et une clé d’hôtel. Au moins, ça ferait une heureuse, me dis-je en prenant une serviette pour essayer de me sécher, ce qui fut peu concluant.

L’hôtel le plus proche était à une demi-heure du lac, donnant sur le front de mer. Il s’agissait d’un complexe blanc aux colonnades de béton et aux balcons finement ouvragés. La grande porte vitrée donnait sur un large hall, orné de ficus disposés à intervalles réguliers. La salle de réception était marbrée, avec des petits chandeliers discrets qui émettaient une lueur douce et harmonisée avec le sol aux reflets verts.

Je n’étais pas vraiment à ma place dans ce cadre. Je ressemblais à une souillon dans un palais de contes de fées. Même le bureau d’accueil devait avoir plus de valeur que ma maison. Je n’étais pas du genre timide, mais j’étais intimidée par cet écrin de luxe. Le préposé de l’accueil me regarda avec calme, bien qu’il ait l’impression de faire face à un Tadmorv qui souillait le marbre immaculé.

Après avoir brièvement salué l’homme, je déposai le portefeuille auprès de l’homme. A ce moment, une femme assise à proximité sursauta et se rua vers le comptoir.

- Oh, vous l’avez retrouvée ! s’écria une petite femme au visage maigre, mais dont les boucles étaient parfaitement ondulées.

- Il était au bord du lac Savoir, expliquais-je.

- J’ai du le laisser échapper lors de notre excursion, réalisa t-elle. Je l’ai tant cherché que je m’en suis presque rendue malade. J’avais tous mes papiers, mes cartes ...

- Au moins, votre portefeuille n’est plus perdu, Madame. Bon, puisque tout est réglé, je vais y aller. Il y a encore de la route jusqu’à Verchamps.

La femme m’interpella doucement et me proposa de me déposer en voiture. Avec un sourire, je refusai. Je voulais faire ce voyage à pied et ne pas prendre de facilités. Elle sembla compréhensive, m’offrant tout de même le dîner et une chambre pour la nuit, que je n’eus pas le cœur à refuser.

Un déjeuner copieux était des plus réconfortants, surtout lorsqu’il était généreusement offert par cette femme.

- Alors, vous êtes dresseuse ? Vous venez de loin ?

- De Bonaugure, au sud de Féli-Cité. Je suis parti en mars et on est déjà … fin octobre. Ca fait un moment, déjà.

Je lui renvoyai la question et elle indiqua n’être qu’une touriste de passage, voyageant depuis Johto. Elle était venue pour profiter des paysages et découvrir les musées. Elle semblait passionnée par l’art pariétal et la sculpture pré-kantonienne, un sujet qu’elle aurait pu traiter durant des heures, si elle ne se contenait pas.

Nous abordâmes également le sujet de nos compagnons de voyages. Ma grande équipe était en train de s’empiffrer sans soin en compagnie de ses deux pokémon. Amazonas partageait des fleurs fraîches avec Zoïtza, sa Lainergie à la toison épaisse, tandis que Lucille échangeait quelques syllabes avec Mindaugas, un petit Caratroc assez peu loquace.

- Vous les avez depuis longtemps ? demandais-je en donnant une petite cuillère de lait sucré à Espoir.

- Zoïtza depuis mes huit ans, elle m’a été offert en cadeau. Elle était un peu teigneuse au début, mais bon … son estomac m’a aidée à établir un bon contact. Quant à Mindaugas, c’est lui qui m’a adopté. Il appartenait à mon défunt père et m’a accompagné depuis. Le connaissant, je vais mourir avant lui. Il en est capable, le bougre. Il n’en a pas l’air, mais il peut être très têtu quand il ne veut pas faire quelque chose. De toute façon, même lorsqu’il est disposé à agir, il prend tout son temps. En même temps, le fait de vivre environ trois siècles doit l’aider à ne pas courir après la montre.

- C’est sur que ce n’est pas un Rattata, ironisais-je. Ils pullulent mais ne vivent pas plus de quelques années. Mais bon, je ne suis pas très fan de ces rongeurs.

- Certes, ils ne sont ni mignons, ni gentils, ni agréables, approuva la dame. Ensuite, je peux concevoir que tous les dresseurs n’ont pas le même avis.

D’un hochement de tête, j’approuvais, la bouche emplie de topinambour. Les plats de cet hôtel de luxe étaient recherchés et raffinés, avec des légumes que l’on n’avait pas l’habitude de déguster, en particulier ces cucurbitacées anciens qui avaient une chair très tendre.

Le lendemain matin, alors que la pluie avait cessé, je repris mon voyage. Madame Duchâtelet me salua doucement d’une élégante révérence, faisant claquer les perles de son collier de billes bleutées.

- Mademoiselle Noyer, je vous souhaite de réussir dans votre voyage.

- Merci de vos encouragements, Madame. J’espère que vos visites seront fructueuses.

Souriante, je repartis en direction de Verchamps, descendant le long de la grève de galets. Les pierres polies et lissées par des années de reflux écumants qui faisaient rouler les petits gravillons me rappelaient les écailles d’un Magicarpe.

Je retirai mes bottes pour laisser respirer mes orteils, avant de faire quelques pas sur le sable humide et détrempé. Je laissai les vaguelettes battre mes chevilles, les embruns iodés éclaboussaient mon pantalon de jean. C’était vivifiant, bien que Amazonas et Myrtille ne soient pas du même avis. Myrtille observa la mer et à la première grosse vague qui osa éclabousser son pelage épais, elle sauta en arrière et poussa un gémissement très aigu et indigné. Amazonas sembla s’en moquer comme de sa première salade, mais lorsqu’il tenta de boire cette eau agitée, son expression devint inimitable. Il ferma les yeux et ouvrit le bec, tirant la langue en éructant bruyamment.

Il se détourna très vite de la mer, laissant de grosses traces de pas sur le sable, saccageant un château de sable qu’un gamin avait bâti.

- Reviens mon beau ! l’appelais-je avec une expression faussement blasée qui tendait vers l’amusement.

Il se retourna vers moi et grogna, un peu comme s’il m’en voulait de lui avoir fait une mauvaise blague. Il me dédaigna pendant exactement vingt-sept secondes, avant de revenir.

Je ne pus m’empêcher de sourire, alors que la bande se regroupa autour de moi. Puis, d’un seul coup, Fernando se leva sur ses pattes postérieures et se redressa pour me sauter dessus. Je ne m’y attendais absolument pas et son poids me déséquilibra, alors qu’il me poussa à terre.

- Qu’est-ce qui te prend ? m’écriais-je, surprise de ce comportement inhabituel.

A cet instant, Lucille projeta une vaguelette sur ma tête, m’aspergeant d’eau salée.

- Oh ! Bande de Chamallots ! jurais-je en me redressant, face au sourire totalement satisfait des deux comploteurs.

Au moins, j’étais de très bonne humeur, même si mes cheveux tombaient devant mes yeux. Les longues mèches irrégulières qui glissaient négligemment autour de mon visage semblaient comme manquer d’entretien, puisque cela devait faire depuis le concours d’Unionpolis que je ne les avais pas coupés.

Je rejetai ma tignasse, dont je pourrais me préoccuper plus tard. J’étais davantage occupée par la montée du karst rocheux conduisant vers la ville de Verchamps, qui n’était plus qu’à une heure de marche.