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Projet Triple 3 de Ramius



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Informations

» Auteur : Ramius - Voir le profil
» Créé le 06/06/2020 à 07:40
» Dernière mise à jour le 19/09/2020 à 16:56

» Mots-clés :   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de personnages du jeu vidéo   Présence de Pokémon inventés   Terreur

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Chapitre 12 : Offensive
Par contre, Auguste, je repense à un truc.

— Oui ?

— Eh bien, reprit David, subitement hésitant. Je me trompe peut-être, mais ; je n’ai rien entendu, tout à l’heure. Je veux dire, si le bruit était aussi fort, j’aurais pu me réveiller…

— À vrai dire, je ne sais pas trop. Je…

Il hésita. Comment dire ça exactement ? Puis ce bon vieux Raymond le Sbire balayeur lui sauva la mise.

Ben ensuite, en dormant, difficile de mesurer l’intensité des sons qu’on entend. J’ai rien entendu non plus mais ce cher Auguste se fait vieux, il a le sommeil léger.

— Continue comme ça si tu veux que je te parle de tes rhumatismes.

Un bref éclat de rire traversa l’atmosphère malaisée. Il avait fallu un long silence du talkie-walkie, entrecoupé de crépitements aléatoires, pour que David se décide à poser sa question. Tout de même. Le Champion avait l’impression de devoir la vérité à ces Rockets qu’il côtoyait depuis trois mois, et bien plus longtemps pour certains.

En fait, commença-t-il. Il m’a semblé qu’il y a eu un grand bruit, mais je sortais d’un cauchemar. Donc difficile à dire.

Les autres se contentèrent d’acquiescer. Auguste leur en fut reconnaissant de ne pas insister sur cette justification d’un genre inhabituel. Même si cela rendait la parole aux agaçants crépitements du talkie-walkie.

Il y eut un petit crissement qui avait l’air d’indiquer que quelqu’un venait de passer en émission sur la fréquence générale.

Grroupe 2 à sous-sol. Abomination trouvée en salle cent crinze. Demandons renforts si possible.

Les membres du groupe de surface se figèrent. Ça avait commencé.

Groupe 3 à sous-sol. Allons verrs 115.

— Croupe 1 à sous-sol. Oubliez la progression mét thodique.

— Groupe 2 à surrface. C’est quoi déjà srs types ?


— Fée, Spectre et Ténèbres, énonça David après avoir rapidement changé le mode de l’engin.

Mercri !

Les crépitements incessants mis à part, un silence de plomb retomba sur le groupe surface. Il ne durerait pas longtemps, la fréquence générale ne tarderait certainement pas à être envahie de signes de vies. Probablement surtout des jurons. Mais en attendant, les huit Rockets du bâtiment nord auraient pu entendre le sang battant à leurs tempes. La nuit allait peut-être bientôt pouvoir se terminer.

Pu ! rée… Groupe 2 à sous-sol faîtes attention, elle cogne comme une foutue brute !

— Willy ! Ramène ton putain de Grotadmorv !

— Ne me dîtes pas que personne n’a de type Normal dans cette base !

— Un Noarfang ! Il faut un tank spécial, on n’a pas un Noarfang ?

— Il arrive, il arrive !


Un craquement de mauvais augure retentit. L’un des talkie-walkie venait d’être écrasé.

***
Le temps d’arriver à la salle 115, Claire avait relâché son Malosse et lui avait ordonné de suivre. Il faisait un peu pâle figure à côté du Spectrum de Louise, du Colossinge d’Ismaël et du Dodrio de Farouk, mais elle savait pouvoir compter sur cette teigne. Il fallait bien l’admettre, elle n’était pas tout à fait aussi à l’aise que cela aurait été souhaitable pour une classe trois, mais elle gardait espoir de bientôt pouvoir s’afficher avec un Démolosse. En plus on les disait un peu moins remuants que les Malosse.

Le groupe 2 était en train de sortir de la salle en désordre. Claire y reconnut une Sbire appelée Sylviane, qui leur fit signe de foutre le camp. Il lui fallut un instant pour comprendre ; quand l’Abomination sortirait à son tour de la salle, elle serait prise en étau. Elle attrapa presque Farouk et Ismaël par leurs uniformes pour les faire s’arrêter.

Elle fut reconnaissante à Louise, qui fermait la marche, d’avoir compris aussi et de ne pas lui être rentrée dedans. Les deux groupes s’organisèrent précipitamment en murs de part et d’autre de la porte, envoyant tant bien que mal leurs Pokémon devant eux. Puis la chimère jaillit dans le couloir.

Claire l’avait déjà vue un bon nombre de fois ; elle n’hésita pas une seule seconde.

Malosse. Feu-Follet.

Le Pokémon s’exécuta en grognant de façon menaçante. Et Claire se rendit compte que les trois autres Sbires du groupe 3, blêmes, n’avaient pas réagi.

EH ! beugla-t-elle. Je sais qu’elle est moche mais c’est pas une raison pour bailler aux Cornèbres !

Mais elle comprenait. Elle aurait dû prévoir qu’ils seraient secoués en voyant l’Abomination pour la première fois — encore plus en étant fatigués. Comme pour aggraver les choses, cette dernière n’était pas très présentable, un filet de sang lui coulant des chélicères. Et puis elle tremblait de partout, dans un mouvement furieux et incompréhensible.

Le temps que son groupe se reprenne, la chimère avait identifié la cible la plus dangereuse (l’autre groupe) et lui avait sauté dessus en sifflant comme une bouilloire. Et cet abruti de Malosse avait raté deux fois Feu-Follet, dont un qui avait filé droit sur le Démolosse de Sylviane et déclenché sa Torche. Frimeuse, ne put s’empêcher de penser Claire ; puis son groupe arriva enfin à servir à quelque chose.

À quelques mètres, l’Abomination tenait le Démolosse à distance à grands coups de Ball’Ombre, tout en essayant de planter ses chélicères dans les yeux d’un Rhinoféros qui avait bien du mal à lutter contre l’étreinte de ces huit pattes tout en souplesse. Elle se débrouillait assez bien pour maintenir le Pokémon Perceur entre elle et un Arbok à l’air énervé, mais un Rattatac était en train de grimper sur le dos du Rhinoféros pour pouvoir l’atteindre.

Malosse se fit un plaisir de rejoindre son évolution dans ce chaos en assénant son Feu-Follet presque à bout portant. Ce qui lui valut une Ball’Ombre en plein museau, qui l’envoya valser contre un mur. Il en avait l’habitude, et se releva vite.

Avant qu’il n’ait pu retourner dans la mêlée, le Colossinge d’Ismaël lâchait un Mitra-Poing dans le dos de l’Abomination… et passait au travers pour s’écraser sur le Rhinoféros.

Crétin ! hurla son Dresseur. C’est un Spectre !

Mais Ismaël avait obtenu ce qu’il voulait : l’attaque avait projeté le Perceur en arrière, le libérant de Canaima. Il était solide, il s’en remettrait ; le plus amoché était le Rattatac qui avait failli être écrasé. Et le Colossinge répondit au cri ulcéré de la chimère tombée au sol en lui sautant dessus pour utiliser Trépignement.

Ce coup-ci, elle se sentit passer. Quand le singe s’écarta, elle se retrouva au centre d’un cercle de huit Pokémon décidés à avoir sa peau. Elle trouva le moyen d’attaquer la première.

Une Aurasphère aux tons rosâtres frappa le Démolosse au museau, lui arrachant un couinement de douleur et détournant sa Déflagration vers le Rhinoféros. Ce dernier ne l’aurait pas sentie passer en temps normal, mais après un corps-à-corps brutal et un Mitra-Poing de Colossinge, il ne résista pas et se laissa tomber en plein sur l’Arbok.

Les cinq Pokémon restants eurent une occasion d’écharper l’Abomination, et ils ne se privèrent pas d’essayer. Mais un instant plus tard, elle échappait à leurs griffes à l’aide d’une Ombre Portée qui l’envoya au plafond.

Un bec de Dodrio lui avait brutalement lacéré l’abdomen, et elle perdait du sang par de multiples plaies. Un instant de plus aurait peut-être suffi à la tuer. Une seule seconde…

Un bruit de bottes résonna dans le couloir. Un autre groupe arrivait.

Le Démolosse cracha un Lance-Flamme vers la chimère sans attendre d’ordre ; mais elle se laissa tomber du plafond, droit sur les crocs du Rattatac. Ce dernier n’eut pas l’occasion de la mordre : elle le traversa littéralement, avant de s’enfoncer dans le plancher comme s’il n’existait pas.

Il y eut un moment de confusion.

Un Grahyéna sauta lestement par-dessus le groupe 3, atterrissant au milieu du cercle de Pokémon, et identifia le Démolosse comme ennemi principal. Sylviane et l’autre Dresseur durent rappeler leurs Pokémon respectifs pour les contenir, tout en s’insultant vertement. Puis on se rendit à l’évidence : l’Abomination s’était réfugiée un étage plus bas, et ne comptait apparemment pas remonter.

Ne me dîtes pas que c’est une saloperie de passe-muraille !

— Groupe 3 à n’importe qui ! Gaffe à vos pieds, la chimère est au niveau 2 !

Surface ! Confirrmez !

L’Alakazam de David communiqua sans employer de mots, en transmettant directement l’impression dérangeante qu’il y avait quelque chose de sombre sous le sol, et la certitude que la chimère était effectivement descendue d’un niveau.

Groupe 1 à sous-sol, rramenez-vous à l’escalier ! On la suit !

La douzaine de Sbires assemblée devant la salle 115 ne tarda pas à se précipiter vers les escaliers. Malgré l’adrénaline qui ne retombait pas, Sylviane trouva le temps de complimenter le Malosse de Claire. Celle-ci admit qu’elle était tombée sur un excellent Pokémon, et commençait à s’inquiéter qu’il n’évolue pas.

Vingt-quatre bottes à talon plat martelèrent les tapis roulants jusqu’à en rejoindre huit autres devant les escaliers. Trente-deux semelles de caoutchouc crêpé infligèrent une cavalcade sans retenue à l’escalier. Les seize Sbires déboulèrent comme des furieux dans un autre niveau aux couloirs d’acier identiques. Même éclairage, mêmes portes espacées de trois mètres cinquante. Ils eurent l’impression d’un endroit inconnu, hanté par un monstre nouveau.

Grroupe 1 à sous-sol, on n’abandonne pas les forrmations. Nous sommes à hauteur de la salle 215 et il n’y a pas de chimère. Ratissez l’étage, on vous accompagne. Surface, vous regardez toujourrs ?

— Oui, oui. Elle est encorre au niveau 2.


Les quatre groupes se séparèrent sans protester, et se diluèrent à un ou deux par couloir. Le rythme soutenu du combat, entretenu par la course, retomba mollement, sans dissiper la tension ; pour un instant, la fatigue semblait écartée. Il fallait fouiller méthodiquement les salles et l’Abomination pouvait surgir de n’importe où.

Contre un passe-muraille, il fallait adapter les tactiques. Les groupes 1 et 2 se mirent à patrouiller dans les couloirs, par duos, en courant sans grande prudence sur les tapis roulants. Claire préférait tout de même cela à la fouille des salles. Mieux valait se retrouver avec Louise, mais la gorge trop nouée d’appréhension pour prendre la parole, plutôt que de s’aventurer dans une seule autre salle et y risquer sa main à chaque porte à ouvrir.

Les trois autres groupes n’eurent pas cette chance.

Le groupe 5, celui des jumelles Lia et Liz, aurait pu être animé s’il n’y avait eu tout ce chaos. Depuis la formation des groupes, Jean râlait parce que sa prononciation (composée exclusivement de ronchonnements) empêchait de reconnaître à qui il s’adressait, entre les jumelles et Li.

La première salle qu’ils eurent à fouiller était un dortoir : Jean ravala un juron. Les jumelles prirent cela comme prétexte pour le laisser dehors, à garder le couloir, et entrèrent dans la chambre avec Li et son Grahyéna prêt à sauter sur tout mouvement suspect. C’était le quatrième dortoir que le groupe fouillait, et les jumelle avaient développé leur technique. Elles laissaient le Grahyéna à l’entrée et se ruaient sur les lits pour en arracher les couvertures le plus vite possible, et les jeter en l’air.

Le temps qu’elles retombent, elles inspectaient le dessous des lits avec une lampe-torche et ouvraient les armoires. Le Pokémon Ténèbres avait un regard acéré ; il serait capable de repérer le moindre élément suspect qui révèlerait la présence de la chimère. En espérant que le signe en question ne serait pas une attaque sur l’une des Sbires.

Jean, pour sa part, râlait qu’elles n’allaient évidemment pas remettre leur bazar en ordre, et soutenait que cette débauche ne servait qu’à les tenir éveillées malgré l’heure. Ce qui lui valait généralement une critique de sa propre méthode, qui consistait à râler.

Le groupe 5 ne trouva rien dans ce dortoir. Pendant ce temps, le groupe 4 s’attaquait à un entrepôt.

Comme Drucilla le fit remarquer sur la fréquence générale, les entrepôts posaient problème : si cette Abomination pouvait traverser les solides, ce qui n’avait apparemment jamais effleuré l’esprit d’Auguste malgré son type Spectre, alors elle pouvait se dissimuler à l’intérieur de n’importe quelle palette de stockage.

Après l’avoir opérée, non, je ne pensais pas cr’elle puisse dématérialiser son corps !

La riposte du Champion passa presque inaperçue, les Sbires étant trop à cran. Dans l’entrepôt, il fallait ouvrir toutes les caisses, écarter toutes les palettes, vérifier chaque volume où la cible pouvait s’infiltrer.

Heureusement qu’elle est grosse alors, commenta Florian. Même si c’est aussi un peu ennuyeux.

— Tais-toi.

—Et cherche.

Célia et Willy avaient cette manie agaçante de compléter leurs phrases respectives sans même se synchroniser à l’avance.

En temps normal, explorer un entrepôt consistait juste à quadriller ses allées et à vérifier les sommets de boîtes, les recoins, les plafonds, les scellés sur les caisses… Ça allait vite. Mais pour ouvrir tout, même dans un petit entrepôt qui n’avait pas grand-chose à stocker, c’était tout de suite bien plus long.

Le groupe 4 resta embourbé dans son entrepôt dix longues minutes. Pas longtemps après qu’ils eurent commencé, le groupe 3 entra dans un labo stérile.

Au fait surrface, demanda le talkie-walkie. Ça ne pose pas problème si on contamine vos labos ?

— Vous avez vu ces Ball’Ombrre ?
répondit la voix d’Auguste. On va devoir décontaminer toute la base. Faites juste attention à ne pas déchirer les combis, elles peuvent être frragiles.

Les Sbires franchirent le sas sans rien y trouver. Le laboratoire s’offrit à leurs fouilles : quatre paillasses, autant de hottes, deux armoires, le tout entassé sans aucun espace disponible.

Comment vous pouvez travailler une journée entière là-dedans ? pesta Albert. Sérieux, y’a pas la place pour une personne ici…

Erika libéra son deuxième Arbok sous une paillasse. Elle en dressait six, en prétendant que comme ça, personne ne pourrait la confondre avec la Championne de Céladopole. Le Pokémon Cobra serpenta sur le sol en sifflant d’un ton menaçant.

Bon, ben… hésita Stéphane. Albert ? Je te laisse les hottes, hein.

— Y’a des jours j’en ai marre d’être souple.

Le Dresseur souple comme son Rattatac ouvrit une hotte avec un soupir grommelé, puis se contorsionna pour jeter un coup d’œil vers le haut du système d’aspiration, avec l’aide d’une lampe torche. Il ne dit rien, indiquant qu’il n’avait rien trouvé.

Pendant ce temps, le Dresseur encore plus raide que son Rhinoféros demanda à Sylviane d’amener son Démolosse. Ce dernier renifla en voyant qu’on en était revenu à des fouilles, mais se prépara quand même à brûler le contenu de l’armoire que Stéphane ouvrit prudemment.

Sylviane s’inquiétait pour son Pokémon. C’était lui qui avait encaissé le plus de Ball’Ombre du groupe, malgré son habileté à les dévier avec Lance-Flamme. Au total, cela faisait trois ; et son type Ténèbres n’avaient pas l’air de beaucoup le protéger, car il se comportait bizarrement. Il avait l’air hargneux qu’il prenait quand il était épuisé et voulait terminer un combat au plus vite pour aller se rouler en boule dans un coin et dormir. Mais vu l’heure, c’était peut-être normal. Elle ne l’avait jamais beaucoup fait travailler en pleine nuit.

Quand son groupe eut fini de passer le labo au peigne fin, elle n’y tint plus et attrapa le talkie-walkie.

Au fait, surface. Les Ball’Ombre de ce Pokémon peuvent-elles êtrre toxiques ?

— Alors là,
avoua le Champion. Je n’en ai pas la moindre idée. On ignore pas mal de trucs sur cette attaque, et sur les Spectres en général. Ball’Ombre peut fatiguer sa cible comme si elle sorrtait d’une rraclée, et ça a l’air d’être un effet psychique contre lequel les types Ténèbres ne sont pas protégés. Mais k comment ça marche, on n’en sait rien. Hésite pas à ménager ton Pokémon, par prrécaution.

La Sbire le remercia sans se soucier du regard moqueur de Stéphane (qui n’avait de toute façon rien à dire avec son Rhinoféros K-O). Puis une autre idée lui passa par la tête.

J’y pense qu’à l’instant, sortez vos Poké Ball. Même si elles ne marchent pas bien, ça pourrait entraver l’Abomination un instant en combat, ça peut être utile. Ça vaut pas un bon fusil, mais ça peut aider à l’assommer.

En surface, Auguste s’accorda trois secondes pour se prendre la tête dans les mains et tourner sa réponse, de préférence sans juron. Puis, en se disant que Sylviane avait apparemment oublié de désactiver le mode d’émission de son talkie-walkie, il attrapa son bracelet et déclencha une communication à toute la base.

Ici Auguste. Je crois que je n’ai pas été assez clair, je me fiche que le Pokémon survive à cette nuit. Prenez les fusils que vous avez amené avec vous hier et abattez-moi cette chimère.

David n’osa pas le soutenir de vive voix. Il sentait qu'il ne pouvait pas faire plus que se taire ; pas après les propos qu'il avait tenu sur cette chimère. Il fut reconnaissant au Champion de ne pas lui avoir lancé le moindre regard d'hésitation — il savait que lui l'aurait involontairement fait. Et peu importait que cette marque inattention soit due au fait qu'Auguste concentre toutes ses pensées sur le talkie-walkie reparamétré en réception.

Au sous-sol, les Sbires ne tardèrent pas à se décider. Le groupe 1 se fit un peu le porte-parole de tout le monde : Conan ayant emporté un plan, il put réciter les emplacements des râteliers du niveau. Il n’y avait pas assez d’armes pour tout le monde, mais il y en avait. Quelques Sbires retournèrent quand même au niveau supérieur.

Sylviane en faisait partie. Elle se sentait un peu trop inutile, à force de ménager son seul Pokémon. Ce dernier la regardait d’un air noir quand elle lui suggérait de rentrer dans sa Ball, aussi le laissait-elle marcher à ses côtés en attendant que le Total Soin qu’elle lui avait donné fasse effet. À hauteur de la salle 223, il s’arrêta, retroussa ses oreilles en arrière et se mit à grogner d’un air menaçant.

La chimère sortit d’un mur, à deux pas devant la Sbire.

La Dresseuse se figea, paralysée. Son Pokémon resta fixe et figé, sans attaquer. Le Pokémon artificiel se figea. Les trois se scrutèrent du regard un instant. Les yeux rouges de la chimère étaient entourés d’une cornée noire, du même noir que ses pupilles. Sylviane finit par détourner le regard, incapable de supporter plus longtemps ces yeux qui bourgeonnaient sur un cou.

Elle regarda son Pokémon, à la place. Il avait l’air d’aller un peu mieux, et quand il se retourna vers elle, elle put lire l’impatience de combattre dans ses yeux.

Plus personne ne regardait la chimère.

Sylviane s’en rendit compte avec horreur, et tourna brusquement la tête pour vérifier qu’elle n’avait pas bougé. L’effroi lui glaça le cœur quand elle ne vit pas le Pokémon à l’endroit qu’elle occupait un instant plus tôt. Puis elle remarqua qu’elle s’éloignait en clopinant à toute vitesse dans le couloir. Elle se reprit.

Démolosse, rattrape-là !

Humaine et Pokémon se lancèrent à la poursuite de l’Abomination. Celle-ci avait beau suivre le couloir, sans traverser aucun mur, elle réussit presque à les semer : elle ne semblait pas affectée par les tapis roulants qui parsemaient le sol, et avançait en ligne droite.

En désespoir de cause, le Démolosse lança une Déflagration vers sa proie. Cette dernière s’arrêta en subissant l’attaque, sans avoir l’air de la sentir, et jeta un coup d’œil derrière elle ; puis elle traversa un mur. Sylviane chercha la porte du regard, hors d’haleine. Salle 216. Puis elle se rappela qu’elle n’avait plus le talkie-walkie. Tant pis, elle pouvait essayer de hurler.

EEEEeh ! Salle 216 ! Ramenez-vous !

Sa gorge brûlait, elle n’osa pas lancer un autre cri. Il y eut un silence, long, oppressant et moite. Puis elle entendit avec soulagement Auguste prendre les choses en main — l’Alakazam devait l’avoir entendue.

Auguste à sous-sol, chimère en salle 216. Encerclez-là ; je veux au minimum un Sbire dans chacune des salles 214, 218, 117, et des gardes dans les couloirs. Je répète, chimère en salle 216, je veux des gardes en 214, 218, 117 et dans les couloirs. Magnez-vous, elle pourrait sortir de l’autre côté à tout instant !

Démolosse grogna avec satisfaction. Il allait avoir sa revanche sur ce Pokémon qui s’était permis de le tenir en respect. Et puis il pourrait dormir.