Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Le voyage de ma vie (OS) de Marushium



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Marushium - Voir le profil
» Créé le 06/05/2020 à 16:09
» Dernière mise à jour le 06/05/2020 à 16:09

» Mots-clés :   Aventure   Drame   Kalos

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Le voyage de ma vie
Cela fait une éternité que je n’ai pas vu la lumière du jour.
Une éternité que je n’ai pas mangé.
Une éternité que je n’ai pas revu ma famille.
Une éternité que je n’ai pas revu mon ami.

.-.

Les derniers souvenirs de ma jeunesse remontent à ma rencontre avec cet homme. J’étais heureux de pouvoir enfin être en mesure de voyager et de découvrir le monde à ses côtés.

J’étais amoché après m’être chamaillé avec quelques uns de mes congénères. Malgré ma faible constitution, je suis plutôt bagarreur.

Il m’a emmené dans cet hôpital. L’infirmière a soigné mes blessures, je me sentais mieux. Je me sentais d’attaque à voyager avec mon nouvel ami.

Il m’a déposé dans ma capsule.

Puis plus rien.

.-.

Depuis ce jour, ma vie ne connut aucun répit. Je rencontrais des dizaines, voire des centaines de nouvelles personnes chaque jour, toutes plus différentes les unes des autres.
J’ai également pu rencontrer certains de mes pairs, de toutes tailles, formes et couleurs différentes, regorgeant pour la plupart d’un potentiel dont je ne pouvais même pas imaginer.

Sur la route, j’ai vu des jeunots inexpérimentés mais plein de fougue dans leurs regards, des vétérans plus confiants de leurs capacités, d’autres plus timides cherchant juste une place où se poser dans leur vie.

J’ai également croisé d’autres individus, bien plus tristes, sans lumière dans leurs yeux.
Je ne comprenais pas comment pouvaient-ils être aussi mornes devant la vie d’aventures et de voyages, mais je n’ai jamais eu l’occasion d’en discuter avec eux. Il fallait dire qu’on ne pouvait pas réellement parler entre nous, dans nos capsules.

Mais j’étais heureux. Je vivais au jour le jour, chaque instant de ma vie était consacré à mon périple et ma soif d’aventure était plus qu’étanchée.

Mais j’ai fini par m’y habituer.

.-.

Les rencontres qui m’émerveillaient fut-il un temps devinrent de moins en moins excitantes, de plus en plus monotones, de plus en plus fades. La joie et l’exaltation de mon voyage se transformèrent petit à petit en ennui, en routine et en fatigue. Au fil du temps, je me rendis compte que tous ces allers-retours étaient peut-être de ma faute, que personne ne tenait suffisamment à moi pour ne pas me laisser partir. Mais j’étais encore trop naïf pour vraiment y croire.

Ou peut-être que je refusais juste de voir la réalité...

.-.

N’importe quelle passion, aussi puissante soit-elle, finit toujours par s'essouffler, et j’en payais les frais.
Je n’en pouvais plus de voyager.
J’en avais assez de constamment changer d’environnement, de croiser de nouvelles têtes jour après jour. Tout cela m'épuisait.
Je ne souhaitais qu’une chose : retrouver ma maison, mes amis, ma famille et pouvoir leur raconter mes innombrables excursions. Que je puisse bercer mes neveux et nièces d’une multitude d’histoires avant de les border. Que je puisse vieillir en compagnie de ceux que j’aime.

Mais j’étais perdu.

Je n’avais aucun moyen de rentrer chez moi.

Je n’avais aucun moyen de sortir d’ici.

.-.

J’ai eu une belle vie.

J’ai été en mesure de satisfaire ma soif d’aventure, j’ai sans aucun doute rencontré plus de personnes que n’importe qui et mon autobiographie ne pourrait se conclure sans atteindre le millier de pages.
Mais je n’ai jamais été en mesure de faire autre chose.

Plusieurs fois pendant mes lentes dérives, il m’est arrivé de penser à ce qui se serait passé si je ne l’avais pas rencontré ce jour là, si j’étais resté dans ma prairie avec ma famille pour le reste de mes jours.

J’aurais probablement eu des regrets, j’aurais maudit ma vie monotone, j’aurais pleuré, j’aurais été en colère, mais j’aurais sûrement été en bien meilleur état qu’aujourd’hui.

Ma vie était accomplie.
Pourtant, je ne me suis jamais senti aussi vide.

.-.

Toute bonne tragédie se termine par la mort de son protagoniste. Voici la seule règle qui m'empêche de qualifier ma vie de tragédie.

J’ai abandonné l’idée de retrouver ma famille depuis longtemps.
Je n’ai plus faim.
Je n’ai plus soif.
Je n’ai plus envie de dormir.
Mais ma vie continue, comme une mauvaise blague dont on n’aurait pas écrit la fin.

Je veux juste y mettre un terme.
Mais j’en suis incapable.

Aujourd’hui, je comprends que les yeux vides de certains de mes pairs étaient un avertissement. Un avertissement de l’enfer qui s’approchait lentement de moi, et qui n’est pas décidé à s’en aller.

Je suis piégé contre ma volonté dans cet espace infini, avec tous les autres. Bloqué dans ma capsule, consumé par la solitude.

La seule chose gardant ma conscience éveillée est cette Pokéball.

Alors j’attends juste patiemment le jour ou je pourrai arrêter de penser.

...
Dérivant seul dans ce limbo, cela faisait près de 6 ans que le Lépidonille était bloqué à l'Échange Miracle.