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Calendrier de l'Avent 2018 de Comité de lecture



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Informations

» Auteur : Comité de lecture - Voir le profil
» Créé le 14/12/2018 à 23:50
» Dernière mise à jour le 15/12/2018 à 00:01

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Jour 14 : Let it snow 2, par Flageolaid
Je suis la neige.
Douce et insouciante, je tombe.

Vous ne me croyez toujours pas ? Fidèle au poste, je suis la pâlotte petite besogneuse de l'hiver, pointilleuse dans son œuvre contemplative. Plus qu'une mission ou qu'un art, c'est une raison de vivre pour moi que de recouvrir le monde de ma chaleureuse blancheur.

Quelle est la couleur de Noël ? Drôle de question ! C'est moi, bien sûr. Le blanc immaculé et brillant de mon être enthousiasme petits et grands dès lors que survient la fin de l'année.

Ainsi, partout où il le faut, je tombe pleine d'amour en pluie d'étoiles cristallines, ravie d'apporter avec moi ce qui fait la magie de Noël. Pas d'insulte, je ne vends pas du rêve ! Je l'offre sans compter, sans retenue, sans m'arrêter, sans contrepartie, sans me plaindre, sans arrière-pensée, sans faiblir, sans espoir d'être remerciée.

Et je m'applique à sublimer la beauté des choses, par petites touches et avec le souci du détail. Perfectionniste de nature, je peins ma toile en l'enduisant de ce blanc si magique qui manque à tant de paysages.

Hélas, l'œuvre de ma vie demeure incomprise ! Qui donc peut rester insensible devant tant de grâce ? Qui, si ce n'est cette garce, vulgaire imitatrice de sable, qui lapide mes flocons à grands coups de gravier ? C'était cousu de fil blanc, cette année encore elle souille un de mes ouvrages !

La félonne a semé la discorde entre deux familles de monstres de pierre. Je l'ai entendu souffler des insultes, tandis qu'une file d'Embylex traversait le territoire des Géolithe. Une rixe a débuté en fin de journée, alors que je m'apprêtais à terminer mon labeur en cette contrée sauvage.

Leurs chefs, Tyranocif et Gigalithe de leur état, sont intervenus, provoquant une tempête de sable dans leur colère. La nuit est tombée depuis longtemps, mais les voici qui luttent encore, sous les regards de leurs clans, gonflant à chacun de leurs gestes l'ego de ma pire rivale.

Patiente en art, je suis prompte à la guerre. Il ne me faut guère plus que les cris rauques de ces horribles créatures minérales en bas pour révéler ma nature vindicative.

Une bourrasque, suivie d'une bourrade ou d'une boutade, c'est toujours ainsi que débute les hostilités.

Ce faux climat, cette sale usurpatrice s'imagine être mon égale. Quelle insolence. Je compte bien lui prouver que de nous deux, c'est moi la plus violente tempête !

De quel droit ose-t-on déchirer le blanc manteau d'hiver que je couds depuis des jours ? J'enrage ! Je m'en vais remettre à sa place cette brunasse qui m'agace, avec la classe et la grâce d'un Lokhlass qui brasse la crasse hors de la glace.

Nos olifants ne soufflent que du vent, mais nos troupes se forment à cet appel insonore. Mes cohortes de givre sont chauffées à blanc, galvanisées par notre victoire passée. Nous vaincrons encore !

Forgés par et à travers mon être, mes soldats ont carte blanche pour réduire les bataillons adverses à néant. Lacérer, étriper, saigner à blanc ! Cette tempête de sable, tempête de rien, ne mérite aucune pitié.

De but en blanc, je lance l'assaut sans sommation, cent mille soldats protestant à ma suite « Sus à l'obscène siffleuse de sable ! ». Puis vient le choc, le fracas ! Des myriades de points blancs heurtent tout autant de points bruns. Mais les odieux monstres de pierre au sol semblent sourds à ce vacarme.

Mes étoiles de givre acérées, tranchantes, frappent l'ennemi à l'arme blanche. Elles glissent sur l'éther avec fougue et légèreté pour asséner le coup mortel. Hélas, l'adversaire tient bon. Je hais chaque année davantage ces solides petits soldats de poussière, que ma rivale pond sans amour dans le seul but de me nuire.

Les passes d'armes s'enchaînent, les fantassins se déchaînent. En vain, je fais chou blanc à chaque assaut. La vermine résiste, mais la défaite m'attriste, or mon existence consiste à tomber, c'est pourquoi j'insiste et persiste pour que subsiste mon blanc ouvrage.

À terre, Tyranocif et Gigalithe continuent leur guéguerre, quitte à passer nuit blanche, sans se douter du conflit apocalyptique qui m'oppose à cette traînée des sables. Leur hargne régénère ce faux climat qui rit de mes coups. Quelle infamie, je bous à devenir écume !

Quand je perds mes moyens, je me mets dans tous mes états. À la fois solide, liquide et vaporeuse, je gèle autant que je noie ou que j'étouffe. C'est dans ma nature féroce que de couper la respiration, de chasser l'air...

C'est de toi que je parle, ô vent d'hiver, sale égoïste, semeur de trouble ! Tu te joues de nous, de tout, un peu, beaucoup, partout où tu souffles. Neige ou sable, que t'importe, du moment que l'on glisse sur tes vagues invisibles ? Ma jalousie ne permet pas ce genre d'amitié.

Et tandis que je me lamente, la tempête de rien bombarde perfidement ses grains abjects sur ma longue robe de pureté. Qu'espère-t-elle, sinon me salir, à tirer à blanc ainsi ? Ma clique réplique, sabre au clair. Pas assez fort ? Je verse aussi dans le balistique : canon à neige et laser glace.

La traîtresse brune se retire, se ravise, se retranche. Je la regarde dans le blanc des yeux, brièvement, longuement. Elle m'envie, elle me hait, elle me craint. Elle me déçoit. Prête à battre la retraite, la honte de la défaite n'empourpre pas ses traits. La voilà qui hisse le drapeau blanc.

Tempête de sable qui dépose les armes ? Je me fends la pipe, je me dilate la rate ! Tant d'hilarité, j'en deviens familière. Cette nuit est à marquer d'une pierre blanche. Au diable l'Art de la guerre, je veux une victoire totale d'un blanc éclatant. À l'attaque ! Et pas de pitié !

En belle donzelle cruelle, je martèle la rebelle. Je la flagelle, la cisèle, la harcèle, l'écartèle, la morcelle, l'ensorcelle. Et plus que tout, je la gèle.

Ainsi s'abat mon châtiment pour avoir oser troubler mon œuvre de saison. Ma rivale crie au scandale, m'accuse de whitewashing. Quel vilain mot sortant d'une vilaine bouche !

Par le givre et le frimas, je m'acharne tant et si bien que je terrasse mon ennemie. Loin de m'arrêter à cette victoire amplement méritée, j'occulte tout ce sable rugueux sous des paquets cotonneux de mes plus beaux flocons. En quelques instants, il ne reste plus d'autres couleurs que le blanc à mon tableau. De quoi rafraîchir les ardeurs des Pokémon excités en bas.

Paix et amour, les affreux !