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Calendrier de l'Avent 2018 de Comité de lecture



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Informations

» Auteur : Comité de lecture - Voir le profil
» Créé le 15/12/2018 à 23:00
» Dernière mise à jour le 15/12/2018 à 23:00

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Jour 15 : Les Nobles Ames de Param, par Yûn
Il est une équipe aux innombrables exploits légendaires, tels que sa réputation dépasse même les frontières. De la Terre du Vent elle est le fleuron, demandez à n’importe quel habitant des environs. Tout Param, de vermisseau à notable, est capable de vous nommer ces nobles âmes.

Auguste, sage à l’habit de zénith, dont le savoir atteint des proportions insolites.
Damian, guerrier aux écailles vermeilles, dont la flamme caudale semble sans sommeil.
Tiara, paladine à la cuirasse céladon, dont les lames de pierre font effet d’espadon.

Trois compagnons, aux différents horizons. Trois compères qui jamais ne reculent, quand devant eux le péril s’avance, majuscule. Toujours ils s’élancent, l’espoir dans les veines, sans jamais douter, envisager une issue vaine. Auguste prévient de son oeil miraculeux les actions misérables du bonhomme devant eux. Tiara s’interpose, concentre la colère des ennemis, qui ne font autre qu’égratigner son armure, ces malappris. Damian lui dans les cieux trouve refuge, avant d’un coup plonger mettre fin au subterfuge.

Leur cohésion n’a d’égale que leur modestie, car bien que redoutables ils n’en délaissent pas moins les plus petits. Pour eux, point d’affront à partir à la rescousse d’un bien pauvre hère, au désespoir plein la frimousse. Point d’humiliation dans le simple fait d’être les coursiers d’une récolte de fruits bien frais. Pour eux trois, nul prix n’est trop peu, un sourire des plus démunis suffit à les rendre heureux. A dire vrai, peut-être la rumeur est-elle fondée que tout un chacun en Param par eux a été aidé.

Comme chaque matin, alors que le Phénix du Jour entame son lent périple, Auguste franchit le seuil de sa porte, jusqu’à sa boîte aux lettres lévite. D’un tour de cuillère, voilà le courrier dans les airs. Ses yeux érudits parcourent la gazette, veillant à ne pas perdre une miette. Quand soudain ses sourcils se froncent, alors que la dernière feuille montre les annonces.

« Diantre ! S’exclame le félin en lissant ses moustaches. Comment se fait-il donc qu’il n’y ait aucune tâche ?»

Ni une, ni deux, le voilà qui file dans la maison, montrer l’anomalie à ses compagnons.

« Peut-être est-ce un oubli, pondère Tiara en voyant son ennui.
- Que ces Békipan si consciencieux ne se rendent compte que le plus important vient à manquer dans leur missive me parait douteux, répond Damian d’un rictus défiant.
- Allons vérifier par nous-même, » suggére Auguste d’un ton amène.

Ainsi dit, ainsi fait, tous trois s’en vont trouver leur emploi. Mais comme ils traversent le bourg paisible, ils sont soudain pris d’un sentiment indicible. Comme bien souvent les habitants les saluent, mais leurs gestes sont courtois, tendus. Pis, même, car tous détournent les yeux, comme fuyant de misérables gueux. Partout, chuchotements et complots sifflent à leurs oreilles, qui s’interrompent aussitôt que leurs silhouettes les interpellent.

« Voilà qui n’est pas commun… Souffle la paladine de jade en tordant ses mains.
- L’on dirait presque que l’on nous évite, marmonne le sage doré qui lévite.
- Dépêchons d’avancer, je n’aime point ce genre d’attention, » presse le dragon écarlate qui, d’un coup d’aile accroît sa propulsion.

Les voilà à la Poste Békipan arrivés, fourmillant de plume et missives comme d’accoutumée. Pourtant, là encore, quelle surprise ! sur le panneau de bois, toutes les quêtes sont prises ! Pas le moindre appel à l’aide, nulle chasse au trésor, aucune récolte qui n’a pas trouvé son sort. Les trois compères se retrouvent, désemparés, devant des planches plus nues qu’un Noeunoeuf esseulé ! Un souvenir amer parcourt leurs esprits, comme il se revoient à leurs débuts introvertis. Quand, du haut de leurs trois pommes, ils voyaient leur chance de faire le grand saut filer à chaque essai, condamnés à rester dans l’ombre des aventuriers mieux rodés.

« Cela ne peut être une coïncidence ! s’exclame le drake dont les flammes entament une fâcheuse danse. Quelque malédiction a dû se répandre dans la nuit, pour qu’ainsi on nous traite en proscrits !
- Je ne ressens pourtant aucun dessein malin dans les airs, annonce Auguste aux yeux plissés, faisant légèrement tinter ses cuillères.
- Nous ne pouvons pourtant laisser durer une telle situation ! s’écrit soudain la cuirassée en frappant solennellement son habit céladon. Je ne vois qu’une chose à faire : consulter nos aînés, qui sauront tirer cela au clair. »

Tous trois hochent la tête, puis se séparent pour suivre leur quête.

Un rideau d’étoiles entoure le félin doré, comme d’un coup devant le Grand Canyon il apparaît. Sans souci il évolue parmi l’or de la roche, flamboyante comme un soleil de poche. Sa pérégrination tourne court, avec l’habitude il connaît les bons détours. Le voici donc bien vite parvenu devant l’objet de sa visite.
Immobile sur la falaise, l’oiseau totem contemple la course de l’étoile du système. Des hiéroglyphes sur ses plumes ou de son regard figé, difficile de se décider sur ce qui est le plus secret. Sans quitter sa méditation éternelle, Xandar le vénérable son invité interpelle.

« Auguste, mon cher, je devine que tu portes un mystère. Mais sois assuré, tes doutes sont infondés. Ce qui, pour l’instant, te semble suspect, au clair de lune bientôt te sera dévoilé. »

Le sage hoche la tête à ses propos, repart pour la ville aussitôt. Tergiverser avec l’ancien est inutile, pas un mot de trop ne s’échappe jamais de ce volatile.

Le dragon pourpre, lui, en une flèche rubis traverse bien la moitié du pays. Quand, enfin, ses ailes vermeilles cessent leur ballet, c’est pour écraser la neige recouvrant les cristaux du sommet. Pour un temps le lieu est désert, mais des pas feutrés brisent cette misère.
Une renarde à la fourrure pâle et fournie sur ses écailles pose ses yeux cramoisis. Ses pattes délicates semblent caresser la poudreuse, comme elle avance avec sa couronne caudale majestueuse. Un fin sourire habille ses babines, et devant le guerrier rouge s’assoit la noble Fantine.

« Damian, mon ami, je sens d’ici ton souci. Mais crois-en mon intuition, ton hameau ne porte point de malédiction. Quand viendra le règne de la Dame des Songes, d’un coup seront balayés tous les doutes qui te rongent. »

Grognon de son ton moqueur, le guerrier va pour exprimer sa rancoeur. Trop tard cependant, la voilà disparue quand souffle un blizzard un peu trop bienvenu.

Le trajet de la paladine de jade est bien plus court, c’est à peine si elle doit traverser la grande cour. Malgré sa grande taille elle reste intimidée par la grotte humide dans laquelle elle est entrée.
Tout au fond l’attend Balthazar le doyen, qui comme d’habitude profite de son bain. La trouée de la paroi fait rutiler sa vieille carcasse, magnifiant ses longues et blondes barbiches sagaces.

« Tiara, ma petite, je vois bien ta mine déconfite. Mais je ne peux te révéler la vérité, ou tous les efforts seraient gâchés. Crois-moi et laisse-leur une chance, ce soir tu verras qu’ils méritent ta confiance. »

La cuirassée grimace mais se tait, l’ancêtre en a trop dit ou pas assez. Mais le vieux poisson a dû le comprendre à sa figure, car le voilà qui replonge céans au fond du bassin d’eau pure.

Quelques heures passent, et les compères sont toujours dans l’impasse. Comme ils se réunissent pour mettre en commun leurs trouvailles, force est de constater que peu ou prou ils n’ont rien qui vaille. Pas d’autre solution que de patienter, donc, et c’est la boule au ventre qu’ils attendent que la nuit tombe.

L’embrasement du ciel enfin disparaît, apaisé par le sombre manteau perlé.
Soudain, on frappe à la porte, mais quand Auguste va pour ouvrir il n’y a pas un cloporte ! Juste une lettre les invitant à se rendre en ville sur le champ. Les compagnons ne se font pas prier, ils quittent aussitôt leur demeure après un tour de clé. Ils se hâtent jusqu’à la grand-place… Et ce qu’ils y trouvent ne les laisse pas de glace !

Tous les habitants sont réunis autour d’un grand feu crépitant, sous les guirlandes se tiennent des tables recouvertes de mets appétissants. Devant leurs figures étonnées, une ovation parcourt l’assemblée. Et tandis qu’ils n’ont toujours pas dit un mot, Balthazar se charge d’expliquer depuis son point d’eau.

« Je suis navré que nos préparations vous ont inquiétés, mais de nos préparatifs nous devions vous maintenir écartés. Car nous nous sommes entendus, aujourd’hui nous célébrons votre venue. Depuis des années vous êtes les héros de Param, que vous avez sauvé de bien des drames. Alors, pour une fois, nous voulions vous offrir un jour de repos, sans rien d’autre à vous préoccuper que vos propres peaux. Mais l’heure n’est plus aux paroles, place aux réjouissances ! Vous avez mille fois mérité votre pitance ! »

A ces mots, tous les habitants acclament le trio, pour qui tout cela est décidément trop beau. Chacun son tour s’approche d’eux, tant pour offrir un présent qu’un sourire chaleureux. Tous débordent d’une éternelle reconnaissance, qui émeut jusqu’au dragon vermeil, quelle performance ! Bientôt, tout un chacun va pour rire, s’amuser et danser, comme quelques artistes leur font don de leurs plus belles mélopées. Rarement Param avait connu pareille célébration, encore moins pour autre chose qu’une ancienne affliction.

Et tandis qu’ils sont assis à la table d’honneur, les trois compères ont du mal à contenir leur bonheur.