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Calendrier de l'Avent 2017 de Corpus09



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» Auteur : Corpus09 - Voir le profil
» Créé le 15/12/2017 à 00:08
» Dernière mise à jour le 15/12/2017 à 00:08

» Mots-clés :   Fanfic collective   Song-fic

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Jour 15 : Zéro Degré Celsius : projet CRETIN, par illapa
Musique d'ambiance

Le mois de décembre.
Le mois de l'équilibre.
Le mois des frontières.
Le mois où tout peut basculer.

Le professeur Celsius adorait particulièrement cette période de l'année.
C'était un mois en équilibre entre le froid mordant du vent et la chaleur accueillante des foyers.
Un mois qui oscillait entre la lumière assombrie du jour et les loupiotes colorées de la nuit.
Un mois qui se balançait entre le silence cotonneux de la neige et les cris joyeux des enfants dans leurs jeux.
Un mois qui posait la frontière entre l'année passée et l'année future.
Le mois où tout bascule.

La vie de Celsius avait basculée un mois de Décembre, environ un an plus tôt.
S'étant toujours considéré comme étant doté d'une intelligence supérieure à celle de ses congénères, le professeur avait décidé de quitter le nid pour mener ses recherches et adopter un mode de vie plus sophistiqué. Il était donc parti en ville et avait fait la connaissance de Sandra Kimo, jeune adolescente fan de rose, de Hello Skitty, de My Little Ponyta, qui possédait déjà un métamorph quelque peu dépressif nommé Momo et « Glouglou », un magicarpe qui aurait été -selon Celsius- plus utile accommodé d'une bonne persillade et d'un peu de beurre.

Celsius regrettait souvent d'avoir été capturé, quoique « capturé » n'était pas tout à fait le mot exact.
Voulant étudier les humains pour apporter leur avancement aux ignares de sa propre espèce, il avait estimé que le mieux pour les observer était de vivre parmi eux, et que la meilleure solution pour ça était d'imiter bon nombre d'autres pokémon et de se faire capturer.
Malheureusement, il était encore inexpérimenté en matière d'humain, et il n'avait pas vraiment eu le choix de toute manière. Sandra avait commencé par envoyer son magicarpe au combat, et après quelques tentatives ratées de lancer de pokéball, Celsius avait fini par réussir à se jeter dans l'une d'entre elle. Après sa capture, le professeur avait commencé à découvrir le monde étrange des humains, puis toutes ses convictions avaient volé en éclat suite à un match perdu contre un lovdisc.
S'il avait su, il n'aurait jamais choisi l'adolescente comme dresseuse, mais elle constituait néanmoins un sujet d'étude fascinant.

L'année qui avait suivi, il s'était donc concentré sur ses observations et son journal d'étude, en s'efforçant d'ignorer au maximum les moqueries sur le duo désastreux qu'il formait avec sa dresseuse.
Mais malgré les déconvenues, malgré les railleries, malgré la petite tête farcie d'insouciance, de rose, de choses trop-choupinou-mignon-tout-plein, de trucs roses, de mascottes trop « kawai », de machins roses, de tourments d'adolescente et de rose, Sandra n'avait jamais cessé de s'occuper de lui avec bienveillance. Elle veillait à ce qu'il ait toujours à manger à disposition, essayait parfois de le gaver de friandises, le brossait, lui lissait les plumes et lui lustrait le bec…

Le professeur était parfois déçu de son humaine, mais il savait qu'elle faisait de son mieux, il avait pris conscience avec le temps et ses observations que peu d'humains auraient voulu de lui comme pokémon, et d'une certaine façon, il lui en était reconnaissant.

Celsius regarda son humaine qui dormait tranquillement dans son lit en respirant profondément. Son metamorph était affalé dans une panière au pied du meuble en prenant des formes étranges à mesure que se déroulait son rêve. C'était une vision un peu inquiétante.
Depuis quelques temps, tout le monde en ville, humain comme pokémon, parlait de Noël. Le professeur se souvenait vaguement qu'un événement avait eu lieu peu après sa capture, durant laquelle son humaine avait été malade tandis que la maison semblait avoir été ravagée, sans que ses occupants ne s'en inquiètent outre mesure.

Il sortit son carnet de notes et commença à écrire.

Décembre, le 05, 2011.

Lieu : chambr de mon humaine.

Les humains sont très excités depuis quelques jours. Ils ont ressorti toutes les lumières colorées qui étaient là quand je suis arrivé en ville il y a un an, et tous n'ont qu'un mot à la bouche : « n'eau-aile ».
Sérieusement, quelle idée d'avoir enlevé les lampes multicolores de l'an dernier pour les remettre maintenant : pourquoi est-ce qu'ils ne se contentent pas de les éteindre comme les gros piquets-lampes oranges derrière la gare ? Je les ai vu faire, c'est facile, il suffit de lancer un caillou.
Cela rejoint ma théorie stipulant que les humains aiment se compliquer la vie pour rien, et sont des créatures structurées sur le paradoxe. En plus l'an dernier, ils s'étaient trompés dans la date et avaient enlevé les lumières presque deux mois avant la fin de l'hiver, alors que les journées étaient encore courtes !
Ils ne sont pas très futés.

Cela étant dit, il faut que j'enquête sur ce « n'eau-aile ». Je pense que ça a un rapport avec la neige. Après tout, l'aile symbolise le vent, et quand on mélange de l'eau et du vent, surtout en cette période de l'année, on obtient de la neige. On obtient également de la glace, mais ça, ils savent déjà le faire, j'en ai vu dans la caisse blanche de la « kuizine ».
Ces lumières de « n'eau-aile » seraient-elles un genre d'offrande à une quelconque divinité de la météo ?


*** ***

Celsius aimait la neige. C'était son élément. Elle était douce comme du duvet, moelleuse comme un gros coussin, purifiait le monde d'un blanc immaculé et le faisait briller d'une foultitude de cristaux de glace irisé.
Sandra et Momo se trouvaient dans le jardin, jouant avec la neige accumulée dans la nuit. L'humaine tentait de faire un metamorph de neige, tandis que son modèle s'amusait à changer de forme pour l'embrouiller dans sa création.
Celsius s'approcha d'eux, et demanda de but en bl… en mauve sur fond blanc :
-Momo ? Aurais-tu une minute à m'accorder ?
Le pokémon violet cessa ses pitreries pour se concentrer sur le professeur, tandis que la dresseuse profitait de l'immobilité du modèle pour finaliser son chef-d’œuvre.
-Qu'est-ce y a, Celsius ?
-Pourrais-tu m'en dire plus sur ce « n'eau-aile » ?
Devant l'air intrigué du métamorph, il ajouta :
-De quoi s'agit-il ? Ou... qui est-ce ? Pourquoi tout le monde en fait-il tout un foin ?
Toujours intrigué, le pokémon multi-forme demanda :
-Tu fêtais pas Noël dans ta campagne ? Je croyais que les villages pokémon le fêtaient aussi ?
Le professeur dégaina son carnet de notes et son crayon et se mit à écrire frénétiquement.
-L'hiver mon village était isolé du reste du monde par environ 15 mètres de neige… Ainsi donc c'est une fête… Que fête-t-on exactement ? En quoi consiste-t-elle ?
-C'est la fête de la générosité. Tous les ans, fin décembre, tout le monde offre des cadeaux à ses amis et sa famille. Les enfants écrivent une lettre au Père Noël… On décore un sapin dans le salon, on met des guirlandes colorées et lumineuses partout, tout ça…
Celsius le regarda avec un air de profonde fascination :
-Ils décorent un sapin ? Pourquoi est-ce qu'ils décorent un arbre ? Et pourquoi un sapin spécifiquement ? Et pourquoi les enfants écrivent une lettre ? Et c'est qui ce Père n'eau-aile ? Et ils offrent des cadeaux à leurs proches donc ? Pourquoi maintenant ? Oh, tant de questions…
Momo se contenta de hausser les bouts de forme qui lui servait d'épaule.
-J'sais pas moi. C'est symbolique, surtout. L'hiver y fait froid, c'pas facile, alors on fait la fête pour que ça passe mieux, j'imagine. Pis on offre des trucs pour dire aux gens qu'on est content d'être avec eux, qu'on les remercie, enfin, ce genre de truc, quoi.
Tout en griffonnant frénétiquement, dans son carnet, le professeur déclara :
-Fascinant, fascinant ! Merci pour ces précieuses informations mon brave Momo, tu es bien urbain.
Puis il s'éloigna en tout hâte. Une idée venait de germer dans son esprit.
Offrir des trucs en gage de gratitude. Voilà un concept qui méritait d'être exploité…

Décembre, le 06, 2011.

Lieu : jarre-d'un.

Momo m'a éclairé sur ce « n'eau-aile ».
Il n'a pas confirmé spécifiquement qu'il s'agissait d'un rituel à une divinité, mais cela y ressemble. Je doute de toute façon qu'il soit assez intelligent pour comprendre les choses occultes et mythologiques. En tout cas, au vu de sa description concernant les lumières, le sapin décoré, et la lettre des enfants il semble bien qu'il s'agisse d'offrandes placées dans les rues et dans chaque nid. Probablement destinées à ce père n'eau-aile qu'il a mentionné.
Et il y a également un rite obligatoire : offrir des cadeaux de gratitude.
Je suppose que ce Père n'eau-aile doit être la divinité de la neige et de la glace. Et je pense que ces rites ont pour but de s'attirer ses bonnes grâces.

Voilà qui est fascinant ! Qui aurait cru que les humains, assez intelligents pour établir des technologies avancées soient si superstitieux ?
Pourquoi des êtes qui arrivent à comprendre suffisemment le monde pour maîtriser de telles technologies aient besoin de prier une divinité de la neige ? Ils n'ont donc pas encore compris comment fonctionne la météo, avec ces courants d'air chaud et froid, les phénomènes d'évaporation et de température ? N'ont-ils jamais entendu parler des Seigneurs Artikodin, Electhor et Sulfura qui régulent le climat ?
Ou alors, ils sont, comme je le pense des êtres intrinsèquement paradoxaux...

Il faut que j'aille enquêter en ville pour tenter de comprendre cette contradiction !
Et…

Il faut que je participe à cette fête ! Vivre cet événement de l'intérieur me permettra sans doute de comprendre mieux ces pratiques !
Et puis… mon humaine rose fait de son mieux, malgré tout pour moi… Je dois lui trouver un présent !
Je vais prouver à ce monde que mes piètres performances en combat n’entachent en rien ma valeur ! Que je suis un pokémon à l'intellect supérieur !

Je vais appeler ce projet : le Concept de Recherche, d'Etude Théorique et Interprétation de N'eau-aile, ou pour faire court : le projet CRETIN !


*** ***

Time to be awesome

Décembre, le 06, 2011.

Lieu : ruelle du centre ville.

Ca n'a pas été une mince affaire d'arriver là !
Mon humaine n'habite pas très loin du centre ville, mais j'ai songé à une chose…
trouver un cadeau pour mon humaine, c'est une chose, mais comment ? Où ? Et quoi ?
Trois questions inévitables pour faire les choses correctement.
Mon humaine est un pur « produit urbain », il lui faudra donc comme cadeau quelque chose qui vienne de la ville. Or, depuis un an que je suis là, j'ai appris beaucoup !
On ne trouve pas de choses facilement en ville, hormis dans les poubelles, ce qui serait indigne de ma condition ! Et je ne pense pas qu'offrir des ordures soit le meilleur moyen de témoigner de la gratitude à quelqu'un. Elle n'est pas très douée, mais ce n'est pas une raison.
Cependant, je sais que les humains trouvent des choses dans des « makazins » et des « boutiks ». Je n'ai pas encore réussi à déterminer la différence entre « makazin » et « boutik » mais je les ai vu faire !
Ils entrent dans le bâtiment, choisissent des trucs qu'ils veulent sur la foultitude d'étagères, puis vont au comptoir montrer les articles à l'humain en faction -le troqueur ou la troqueuse, lui donnent des bouts de métal rond et des rectangles de papier coloré qui brillent avec des motifs compliqués, puis ils repartent avec leurs trouvailles dans un sac.

J'ai eu du mal à trouver ces objets de trocs. Mais je me suis souvenu que mes humains gardaient des ronds de métal dans cette pièce de stockage qu'ils appellent « garaj ». Bon, celles que j'ai trouvées ont un trou au milieu, mais elles sont plus grosses et plus brillantes, alors cela doit avoir à peu près la même valeur, le volume de métal doit être à peu près équivalent. Et puis, s'ils le gardent à l'écart, bien caché au milieu de ce fouillis, c'est que ces pièces doivent avoir de la valeur.

Et le papier coloré qui brille, la mère en avait un rouleau sur une étagère de la cuisine. J'ai réussi à le récupérer en montant sur une « chaiz » puis sur la « tabl » et en sautant au risque de me briser un os. Vu la dangerosité de l'endroit de stockage, et la brillance du rouleau, ainsi que la complexité de ses motifs, il doit valoir une fortune !
J'ai demandé à Momo de m'aider à découper des rectangles. Vu la quantité, je ne pense pas que les humains se fâcheront si j'en prend quelques coupures. Surtout que c'est pour la bonne cause ! La générosité ! La science ! Le projet CRETIN !

Il ne me reste plus qu'à entrer et à faire du troc. Quelle expérience inédite ! Comme c'est excitant !»


*** ***

Décembre, le 06, 2011.

Lieu : boutik (ou makazin ?), dernier étage. On dirait un genre de jarre-d'un aménagé, mais vu que les jarre-d'un se trouve à l'extérieur des nids, j'en conclus qu'il s'agit là d'un jarre de deux ! Et un nouveau mystère de résolu grâce à mon formidable esprit de logique et de déduction !

Toutes ces choses ! Tant de choix !
C'est formidable ! Il y en a sur plusieurs étages !

Et c'est en voyant cette abondance de produits en tout genre que j'ai réalisé : si je troque un cadeau uniquement pour mon humaine, les autres humains du nid risquent d'être jaloux. Et Momo et Glouglou aussi, sans compter qu'ils supportent avec moi les idioties de mon humaine et m'aident à tenir au quotidien.
La définition de la générosité n'est pas de se limiter à une seule personne.

Note : impressionnant ! Cette pratique rituelle sur la célébration de la générosité fonctionne vraiment ! A peine commencé mon enquête que je me sens déjà plus généreux !

Et donc, j'ai trouvé les cadeaux idéaux pour chacun d'eux !
Pour mon humaine, j'ai trouvé une boite contenant des pièces à assembler pour former une image. Ca sera très bon pour son développement cognitif sur la perception et conceptualisation. Depuis le temps que je vis avec les humains, je commence à comprendre un peu leur écriture. Il y a écrit « 3-4 ans » sur la boîte, alors ça devrait occuper mon humaine pour un sacré paquet de temps ! J'espère juste qu'elle ne se lassera pas au bout d'un an.

Pour son idiot de magicarpe, j'ai trouvé un bonnet pour poisson. Il y en avait tout un rayon ! Mais c'est vrai qu'il existe beaucoup de poissons différents. En tout cas, celui-ci est blanc avec un motif Hello Skitty dessus (ça plaira à l'humaine rose), et les trous assez grand pour qu'il puisse bien voir. Et avec ça, il pourra sans doute venir dans la neige avec nous sans craindre le froid. Après tout, la neige c'est de l'eau, et les magicarpes vivent dans l'eau, il sera dans son élément ! Ca lui fera sans doute du bien de sortir de sa pokéball de toute façon.

Pour Momo j'ai trouvé un flacon de liquide bleu. Lui qui prétend que tout le rose du nid lui fait mal aux yeux, il pourra contempler autre chose et reposer ses globes oculaires, sans compter qu'il pourra peut-être recolorer certains éléments grâce au liquide opaque dans la bouteille.

Pour le frère de mon humaine, une pokéball. Momo m'a dit qu'il rêvait d'avoir son propre pokémon un jour. Et ça se voit, malgré sa taille, il se déplace voûté et avec les pattes arquées, comme un chimpanfeu. A défaut d'avoir un pokémon il espère peut-être en devenir un ?
Qu'il devienne un pokémon ou qu'il capture un pokémon, dans les deux cas, une pokéball lui sera certainement profitable.

Pour la mère, j'ai déniché un objet utile et dont je sais qu'elle fait la collection, j'en ai vu plein les stockages de la « kuizine ». C'est un objet long comme un bâtonnet, avec une petite coque au bout. La mère en a des gros, des petits, des colorés et même un en bois, et ils en servent quasiment à chaque repas pour manger.

J'ai eu plus de mal à trouver un objet pour le père, mais je dois dire que je suis assez fier de ma trouvaille ! Quand il rentre du « travaye », il aime s’asseoir et prendre un mini-livre souple à lire. Je l'ai vu faire, c'est un livret avec plein de textes et des images d'endroits du monde, d'étoiles, et parfois de pokémon, ou de créations humaine. J'ai déchiffré un bout du titre une fois, il était marqué « science ». Cet homme aime se cultiver, alors je lui ai trouvé une revue scientifique sur la reproduction, avec beaucoup d'images. Après tout, il a déjà des revues sur les endroits du monde, les installations, les étoiles, et des tas de sujets, mais je ne l'ai encore jamais vu avec ce sujet-là spécifiquement.

De plus, il me faut évaluer la valeur totale de mes objets au troc, même si je pense avoir largement assez de monnaie d'échange.
Il est temps d'aller payer !


Celsius, enthousiaste, se dirigea vers les caisses à l'entrée du magasin. Il observa les humains, parfois accompagnés de pokémons, sagement alignés devant les machines enregistreuses. Les humains posaient leurs objets sur le tapis, puis ils donnaient leur galettes métalliques et tickets de papier coloré à l'hôte de caisse, récupéraient parfois le change de leur monnaie de troc, puis ramassaient leurs articles et partaient.
Cependant, Celsius ne comprenait pas pourquoi ils faisaient la queue sur toutes les caisses dotées d'un humain troqueur, sauf une. Encore un de ces comportements illogiques et idiots que pouvaient avoir les humains…
Le professeur étant lui, doté d'une logique supérieure, il alla voir la troqueuse qui s'affairait sur la machine où personne n'attendait.

La caissière souffla. Elle allait enfin pouvoir prendre une pause bien méritée et fermer sa caisse, lorsque qu'elle vit débarquer un cadoizo qui déposa sur son tapis une batterie d'articles insolites.
Elle bafouilla un :
-Heu… la caisse est fermée…
Qu'il ne sembla pas comprendre. Il caqueta quelque chose, sorti de sa queue-balluchon une poignée de boulons et de coupures de papier cadeau qu'il lui posa vers sa caisse, rangea son butin dans sa queue et repartit joyeusement avant que l'hôtesse n'ait eu le temps de se remettre de sa stupeur.

*** ***

Décembre, le 06, 2011.

Lieu : ruelle du centre ville un peu moins au centre que la précédente.

Quelle bande de barbares !
Mais à la réflexion j'aurai dû faire preuve de plus de prudence.

J'ai attiré l'attention sur moi en allant voir la troqueuse seule. J'aurais dû me fondre dans la masse et attendre dans une file comme n'importe lequel de ces idiots. Mes pairs n'aimaient déjà pas que je leur fasse remarquer la supériorité de mon intelligence, j'aurais dû me douter que les humains réagiraient de même.
Et puis, tant de richesses, forcément, ça attire les convoitises… Ces gros mâles vêtus de noirs, qui auraient cru qu'ils surveillaient l'entrée pour mieux repérer leurs futures proies ?
Les humains pourraient vraiment mettre un service de sécurité pour empêcher ces rapaces de s'en prendre à leurs visiteurs un peu fortunés !

Quoiqu'il en soit, s'il n'y avait pas eu cet oiseau noir pour leur foncer dessus au moment opportun, je…


-Hey, mon pote, ça va ?
Celsius fut tiré de son écriture par un cornèbre perché un peu plus loin, sur une poubelle. Le volatile se gratta un peu le bec, puis leva une aile pour se toucher la tête du bout des plumes en signe de salut avant de caqueter :
-Coco-cornèbre Cornedebrume, à ton service !
-Ah. C'est toi qui m'a sauvé tout à l'heure ?
L'oiseau garda sa position militaire :
-Affirmatif !
-Hé bien, merci mon brave. Tu es bien urbain.
L'oiseau de ténèbres sembla se détendre un peu et reprit une position plus conventionnelle.
-Je t'en prie. Je t'observe depuis un p'tit moment, t'es vraiment un drôle d'oiseau, toi...
-Et bien, je suis un cadoizo. Type glace et vol, même s'il est vrai que je n'ai pas la morphologie habituelles des pokémons vol.
Le volatile noir penché sa tête de côté d'un air sceptique.
-Ouais ? J'voulais surtout dire, tu fais des trucs bizarres, mon pote.
-Bizarres ? N'est-ce point la coutume que d'acheter des cadeaux de n'eau-aile à offrir en cette période de l'année ?
Le cornèbres ouvrit le bec d'un air surpris et désolé. Puis il se reprit.
-Quoiqu'il en soit, le service des Coco-Cornèbres voudrait savoir si t'aurais pas une ou deux baies willia en rab. T'sais, les jaunes à poids bleus contre le gel ? Vous autres cadoizo z'avez toujours des baies en rab dans vot' queue, alors, ça coûte rien de demander, et les Coco-Cornèbres te seront redevables.
-Les Coco-Cornèbres ?
L'oiseau de ténèbres eu un petit sourire moqueur et caqueta :
-Tu atterris de ta campagne, toi hein ? Le réseau de Cornèbres dirigé par le Duc Yildun. On fait du troc de service. On rend service, on aide, et nos clients nous rendent service en retour. Pour trouver des objets, des gens, des dresseurs, faire des livraisons, ou échanger des renseignements… On fait plein de trucs. Bon, le sauvetage c'est un échantillon gratuit, parce que tu nous as rien demandé. Bref, en ce moment, avec tout le froid et tout, les baies willia, ça marche du tonnerre… enfin, ça marche du blizzard, alors on en cherche, surtout qu'ici, on trouve surtout des baies grena.

Le professeur Celsius réfléchit. Il avait toujours des rations de survie dans sa queue en effet. On ne peut se gausser d'être un être supérieurement intelligent sans être paré à toutes les situations. Il se baladait donc avec quelques baies dans sa queue, « au cas où ». Il n'avait aucune idée précise de ce que pouvait être ce « cas où », mais c'était la marque de l'intelligence que de savoir s'adapter.
Il avait effectivement une baie willia qu'il gardait « au cas où » Momo ou Sandra souffrent d’engelures à force de jouer aussi insoucieusement dans la neige.
Évidemment, s'il la donnait à Cornedebrume, il ne serait plus paré à cette éventualité, mais d'un autre côté, l'oiseau venait de le sauver, et le projet CRETIN impliquait une certaine pratique de la générosité.

Aussi farfouilla-t-il dans sa queue et il tendit une baie willia et une baie oran. Son interlocuteur parut surpris, mais dans le sens « joyeux » cette fois-ci.
-Wow, mazette mon pote ! T'imagine pas le nombre d'heureux que tu viens de faire !
Il sembla réfléchir un instant, puis demanda :
-Au fait, t'as d'quoi emballer tes cadeaux ?
-Em… emballer mes cadeaux ?
-Ouais, t'sais, les cadeaux de Noël, faut les emballer, pour les mettre sous le sapin et que les gens soient contents de les déballer.

Le professeur songea qu'il était complètement stupide d'emballer un truc juste pour le déballer ensuite, qu'il s'agissait là d'une perte de temps et d'emballage, mais reconnut là la marque typiquement humaine du paradoxe intrinsèque à cette espèce. Et il comptait bien mener son projet CRETIN à fond et faire les choses comme les humains les faisaient.
-Heu, non. Je n'ai pas ça.
-Ah ? Alors attends là cinq minutes mon pote, j'vais te chercher ça. Ca sera en échange de tes baies. Un service donné, un service rendu, merci d'avoir fait appel au service des Coco-Cornèbres !
Sur ces fières paroles, l'oiseau refit son salut militaire, puis décolla, attrapa les baies que lui tendait le professeur, puis s'envola au loin.

Le cadoizo se mit alors à griffonner dans son carnet pour relater cette étrange rencontre, et ses observations sur l'emballement des cadeaux de Noël.
Cinq minutes plus tard, Cornedebrume était de retour avec un rouleau de papier coloré brillant et aux motifs complexes dans les pattes, qu'il déposa soigneusement dans les pattes du professeur.
-Attention à pas trop le mouiller, il est emballé, mais ça reste du papier. Et voilà !

Le professeur n'en revenait pas qu'on lui offre autant d'argent d'un coup. Remarque, il pourrait sans doute dédommager ses humains pour le rouleau de papier-troc qu'il avait entamé. Il bafouilla :
-Tout… tout ça ?
A la réflexion, c'était la fête de la générosité, et ce rouleau devait sans doute en être un gage supplémentaire…
-Bah c'est que du papier cadeau, t'sais ? Allez, merci à toi, et n'hésite pas à faire appel au service des Coco-Cornèbres ! Un service donné, un service rendu !

Décembre, le 06, 2011.

Lieu : ruelle du centre ville, la même que la précédente, un peu moins au centre que celle d'avant.

J'ai fini mon troc avec le Coco-Cornèbre Cornedebrume. Quel étrange volatile.
Il m'a donné un rouleau entier de papier monnaie !
Il dit que ça s'appelle du papier cadeau.

Je suppose que la valeur de ce papier augmente si on s'en sert pour acheter des cadeaux spécifiquement. En tout cas, je vais pouvoir acheter un tas d'emballage avec ça !
En tout cas, c'est dingue ce qu'on peut obtenir avec un peu de générosité. C'en serait presque magique.

Maintenant, direction la maison, il faut que je demande à Momo de m'aider pour cette histoire d'emballage !


*** ***

Décembre, le 07, 2011.

Lieu : chambr de mon humaine.

Momo m'a expliqué que la pratique était d'emballer les cadeaux pour les mettre sous le sapin dans la nuit du 24 au 25 décembre. J'ai du mal a appréhender les tenants et aboutissants de cette pratique, mais j'en saurais probablement plus le moment venu.
Je lui ai donc demandé où trouver de l’emballage et à ma grande surprise, il m'a expliqué que les humains emballent leur cadeaux dans du papier cadeau !
Ils ne s'en servent donc pas que pour acheter leurs cadeau, ils emballent le cadeau dedans !

Quel paradoxe !
Cela dit, à la réflexion, c'est logique. C'est la fête de la générosité, emballer un cadeau dans la monnaie qui sert à le payer, c'est la chantilly sur le pot de crème ! Et puis, un papier, deux utilisations, c'est une belle optimisation de l'aspect pratique d'un objet ordinaire.
Ces humains sont fascinants. Paradoxaux, mais il arrivent à mettre du génie dans la contradiction !
Bon, je vais demander à Momo de m'aider à emballer mes cadeaux, j'ai vraiment hâte d'être au grand jour !


*** ***

Décembre, le 24, 2011.

Lieu : nid famillial.

On y est ! On y est enfin !
Les humains ont préparé un grand repas, et ils sont allés chercher les cadeaux qu'ils ont déposé sous le sapin décoré, sur les « chossur » des membres de la famille, et chacun a emmené son petit butin à sa place table pour les ouvrir...
Après tous ces efforts, tout ce mal, (surtout avec ce « socotoche » pour faire tenir l'emballage), je vais enfin aboutir à la conclusion du projet CRETIN !

A mon tour de leur prouver ma générosité !


La soirée se déroulait bien. Le repas avait été excellent, et même les pokémons présents avaient eu droit à leur ration de dîner de Noël.
La petite famille en était à l'ouverture des cadeaux quand le professeur se précipita vers chacun d'eux en sortant de sa queue des fouillis gluants composés de papier cadeau froissé, de scotch et de plumes blanches, qu'il posa soigneusement devant chacun d'eux.
Le professeur voulait étudier minutieusement la réaction de chacun d'entre eux face à la grandeur de sa générosité.

Sandra -et surtout son frère- faillirent s'étouffer en découvrant le magnifique puzzle représentant un teddiursa mangeant du miel, pour enfant de 3-4 ans. L'intéressée, profondément émue- baragouina un :
-Heuuuu… MersiCelsiusméouta-ussa ?
Tandis que son frère hilare commentait d'un :
-Ilabiencernétonagemental !

Voyant que le frère manquait de s'étouffer, le professeur songea que le jeune mâle, comme il l'avait prévu, était surpris et jaloux. Aussi lui tendit-il son cadeau.
Le jeune homme examina la pokéball et caressa la tête du cadoizo en décrétant :
-Mersipiafi !
Ce à quoi Sandra répondit :
-Ilsapelpapiafi !
Puis montrant fièrement son présent à sa sœur :
-Tuvoikanj'tedikilatoutcomprialavi !

Ensuite Celsius se détourna de la progéniture pour s'intéresser aux parents, et tendit le cadeau contenant la cuiller pour la mère. Ce qui valu une hilarité générale de la famille.
Le père s'exclama entre deux fous rires :
-Cepokémonadéfinitivementoucomprialavie !

Il se passa néanmoins un phénomène étrange lorsque le père découvrit la revue scientifique illustrée. Il devint tout rouge et se hâta de cacher son cadeau, mais le reste de la famille manqua de s'étouffer en poussant des cris stridents pendant un bon quart d'heure, entrecoupé de :
-Tarézon, ilatoucompralavi ! Iltadefinitivemenbiencerné !

Peut-être était-ce une marque de joie ? Celsius avait l'impression qu'il riaient à gorge déployée.
Lorsque tous se furent un peu calmé, il se tourna vers Momo et lui offrit sa bouteille de bain moussant bleu. Momo le regarda avec surprise et scepticisme.
-Merci, je suppose ?

Mais le professeur avait déjà attrapé la pokéball de Glouglou que Sandra avait posé sur la table « pourkilparticipunpeuàsafasson, ossi », et libéra la poisson. Voyant que ce dernier aurait de toutes évidences des difficultés à ouvrir son bonnet à poisson, le professeur se chargea lui-même de déballer la petite culotte skitty et de la lui flanquer sur le museau.
Ce qui valut une nouvelle explosion incompréhensible d'étouffements et de cris qui ressemblaient à des fous-rires.

Dès qu'elle se fut calmée un peu et qu'elle eut retrouvé son souffle, Sandra et sa famille attrapèrent le cadoizo et lui firent un câlin de groupe en décrétant :
-Voila-un-noëlkonépaprèdoublié !
Et Sandra ajouta :
-TelméyeurCelius !

*** ***

Décembre, le 25, 2011.

Lieu : nid famillial.

Conclusion : je n'ai pas tout compris à leur réaction, mais je pense d'après leurs témoignages physiques d'affection qu'ils étaient plus qu'heureux, et que ma générosité les a fortement impressionnés.

Le projet CRETIN est donc un franc succès !