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La vendeuse de poissons de Ambrisiteur



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Informations

» Auteur : Ambrisiteur - Voir le profil
» Créé le 04/08/2017 à 10:02
» Dernière mise à jour le 20/10/2017 à 14:50

» Mots-clés :   Alola   Romance

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Chapitre 3 : Une rencontre empois(s)onnée
Shéro
Nous sommes Mercredi, il est très exactement 10h06 et mon Motisma m'accompagne dans ma quête extraordinaire d'acheteur de Poffins et de poissons. Il fait déjà horriblement chaud pour une matinée, au moins 30°. Se promener dans ces conditions est assez pénible. Je pense que j'ai même dû attraper un coup de soleil sur le bras.

Le marché est plutôt vide. Les natifs viennent en général faire leurs courses beaucoup plus tôt ou sur le temps de midi. Je préfère ça, la foule m'oppresse quand elle est trop importante. C'est plus tranquille ainsi, je ne dois pas tenter de me fondre dans le décor en faisant attention où je marche ni recevoir le dégoût des personnes âgés en voyant un blanc faire ses emplettes dans LEUR marché. Et puis bon, je ne suis pas hyper extraverti non plus.

Direction tout d'abord la poissonnerie. Ma mère m'a demandé de prendre quelques crustacés pour qu'elle puisse préparer la paella de ce soir. Ce qui est bien quand on fait les courses soi-même, c'est qu'on peut choisir des trucs à prendre en rab si on en a envie. Les Ecayons de la dernière fois m'avait bien plu, je pense que je vais en reprendre au moins un.

Tiens, ce n'est plus la même vendeuse. A la place de la vieille femme se trouve maintenant une fille bien plus jeune. Je ne saurai lui donner un âge précis mais elle doit avoir aux alentours de dix-huit ans. Peut être même moins, les Alolaises font toujours un peu plus que leur âge. De fines cernes pendent en dessous de ses yeux amandins. Ses cheveux crépus ondulent par endroit dans une longueur qui va plus bas que les épaules. Enfin, la jeune fille a des formes qui se courbent un peu partout sur son corps, de la poitrine jusqu'à ses cuisses en passant par ses bras et par ses fesses. Ses rondeurs sont moyennement camouflées par un ample t-shirt noir sur lequel il est écrit «I Love Alola» et par un short blanc sali par la poussière. Sa peau est typique des gens d'ici : mate, huileuse et usée par le labeur. Néanmoins, elle a l'air de tout de même menée une vie paisible. C'est avec un sourire radieux qu'elle m'accueille.

- Hola, come here Señor ! I sell a lot of different species of fish. The best that I can catch in the sea.

En plus, elle parle Unyssien ! La communication va être bien plus simple qu'avec l'autre dame.

- Euh... Bonjour. J'aimerais avoir deux Kraby et un Ecayon s'il vous plaît.

- Et bien en voilà. Ils ont été pêchés ce matin. Je vous garanti leur fraîcheur Señor. Rien d'autres ?

Je mets les produits dans le panier.

- Non rien du tout, merci !

- Très bien, ça vous fera très exactement 2000 Pokédollars.

- Oh, c'est cher. Vous ne pouvez pas plutôt me les faire pour 1500 ?

Elle sourit.

- Un gringo qui marchande, c'est rare. Je suis okay pour 1800 mais alors tu reviendras me voir, hein.

- Pas de problème, je ne compte pas devenir végétarien.

Je lui souris en disant au revoir avec la main. J'ai réussi à économiser 200 Pokédollars, ce qui n'est pas énorme mais c'est toujours ça de pris. C'est vrai que le marchandage n'est pas quelque chose de commun dans ma région, par exemple on ne négocie jamais à Sinnoh. Le prix est le prix et si tu n'es pas content, tu vas acheter ailleurs. Ici, tout est beaucoup plus fluctuant. En fonction de l'humeur du vendeur, si tu es déjà venu acheter chez lui ou encore si t'es un étranger, les prix peuvent varier du simple au double. Cela veut dire aussi que tu te fais beaucoup plus facilement arnaquer. C'est entre autres pour ça que la négociation des prix est si présente ici, pour éviter les arnaques. J'ai même entendu dire que dans certains coins d'Alola, quand les commerçants doivent te rendre de l'argent, il te remboursent en faux billets. La méfiance est donc de mise.

- Aaaaaaaah !

Je tourne la tête en direction du cri. C'est un gosse, il ne doit pas avoir plus de huit ans. Ses mains sont accolés derrière la tête et il s'est agenouillé sur le sol. Un Pokémon l'attaque, c'est un Pokémon orange dont des traits noirâtres lignent son abdomen. Il a de gros yeux rouges, des énormes dards et des ailes qui battent très vite aussi. Il est gros et assez moche, c'est un insecte de toute évidence. Je tourne le regard vers Motisma-Dex pour lui demander c'est quoi ce truc.

- Dardargnan, Pokémon Guêpoison. Dardargnan attaque sans relâche ses adversaires à l'aide de son dard toxique. On le voit souvent voler dans un essaim.

- Le pauvre... On dirait que ce monstre l'a pris pour cible. On ne peut pas le laisser dans cet état.

- Donne-moi seulement l'ordre et je ne ferai qu'une bouchée de ce Pokémon Shéro ! Ça fait longtemps que je ne me suis plus dégourdi le corps.

Je l'approuve.

-Très bien ! Dans ce cas, Motisma, change toi en forme spectrale !

Mon Pokémon sortit illico presto de mon Pokédex pour reprendre sa forme originelle. Une forme de toupie au regard malicieux et rieur. Sous cette forme, il n'a malheureusement pas la capacité de parler le langage humain mais il est par contre tout à fait apte pour le combat. Mêlant à la fois attaque de statut, électricité et pouvoir fantomatique, il peut encaisser d’innombrables coups sans broncher tout en ripostant violemment.

Néanmoins, on est sur le marché. Je n'ai pas envie de causer du grabuge supplémentaire ni de faire voler en éclat les échoppes de ces pauvres marchands. Si je peux faire fuir le Dardargnan sans devoir le combattre, ça m'arrangerait.

- Motisma, Étonnement !

Le but n'est clairement pas d'attaquer mais plutôt d'effrayer le Pokémon. Si celui-ci prend peur en voyant qu'on l'attaque par surprise et qu'il fuit, ça sera tout bénef pour nous. Malheureusement, tout ne se passe pas comme prévu et la bête se raidit davantage qu'elle ne prenne peur. Son regard, jusqu'alors tourné vers le gamin, se détourne alors vers mon Motisma.

Le petit garçon en profite pour fuir du marché en pleurnichant. La belle affaire, c'est maintenant envers nous que Dardargnan veut en découdre. Malgré tout, je ne me résous pas à l'affronter ici. C'est dangereux et, même si le marché est assez vide, notre combat pourrait blesser des passants.

- Fais attention Moti, il a l'air particulièrement agressif.

- Gnnnnh gnnnnih, répond-t-il.

Dardargnan s'élance le premier dans le combat en chargeant brutalement et plusieurs fois d'affilée mon Motisma. Malheureusement pour lui, il n'a fait que passer à travers son corps. J'ordonne ensuite à mon Pokémon de le paralyser, toujours dans l'optique de ne pas mener de joute frontale. Cela semble fonctionner un instant car la bête semble tituber sous l'effet de la paralysie mais elle finit par revenir à la charge.

Cette fois-ci, elle cherche à poursuivre mon Motisma où qu'il aille pour éviter qu'il ne s'échappe. Comprenant que tenter l'esquive serait fastidieux, je demande à mon partenaire de le berner en lui provoquant des hallucinations. Cela fonctionne à merveille, l'adversaire est en proie à un harcèlement d'ennemis imaginaires qu'il s'empresse d'attaquer.

Ce que je n'avais pas prévu en revanche, c'est que le Dardargnan se rapproche dangereusement des différentes échoppes amassés à même le sol. Si les commerçants ont en effet pris peur en le voyant arriver et se sont un peu décalés, ce n'est pas le cas de leur attelage qui se trouve toujours au même endroit. Le Pokémon menace de les endommager dans sa lutte infernale.

- Moti, occupe toi de lui en lançant des petites Onde de Choc.

Je m'élance vers les boutiques des marchands dans l'optique de les aider à un peu tout décaler. Du moins, c'est ce que je compte essayer de faire car le Dardargnan reste quand même fort proche. Mon Motisma a beau l'harceler des petits électrochocs, il semble impassible à la douleur. Ou alors la paralysie l'empêche de bouger. Quoi qu'il en soit, il ne bouge pas d'un iota. J'ai un mauvais pressentiment.

Et j'avais bien raison d'avoir peur. Au moment où il sort de sa période transe, la bête me voit et voit rouge. Je la regarde, elle me regarde. Et, avant que je dise quoi que ce soit, elle abat ses dards sur le bas de mon ventre. Je n'ai rien pu faire, c'était trop rapide. Je m'écroule sur le sol, agenouillé. J'ai mal. J'ai l'impression qu'à l'intérieur de mon ventre, il y a un incendie qui s'est déclaré. Je manque de vomir et des vertiges me montent à la tête. Et pire encore, le Dardargnan se dresse toujours devant moi.

Si je dois mon salut à quelqu'un, c'est bien à mon Motisma qui décide de lancer des attaques de sa propre initiative en me voyant en difficulté. Il canarde la bête d'attaques Boule Elek plus puissante les unes que les autres, les unes après les autres et de plus en plus rapide. Celle-ci ne peut rien faire d'autre que de tous les encaisser sans broncher. Affaiblie, le coup final vient néanmoins d'un Pokémon rouge en bouboule qui l'envoie définitivement au tapis à l'aide d'un coup de poing bien placé.

Je suis rassuré que la menace est écartée. Je ne vais cependant pas bien pour autant. Les douleurs au ventre me font toujours souffrir et les spasmes sont de plus en plus régulier. J'ai peur de tourner l’œil un moment ou un autre, je ne fais qu'haleter péniblement.

Ma souffrance devait apparemment se voir car la vendeuse de poisson vient à ma rencontre.

- Et beh, il ne t'a pas raté. Tu vas bien ? Tu veux de l'eau ?

Je fais oui de la tête et je m'empresse de boire la tasse qu'elle me tend.

- C'est rare de voir un Dardargnan isolé, ils vivent en général en essaim dans la forêt, à la sortie de la ville, m'explique-t-elle. C'est assez inquiétant car ce n'est pas la première fois que ça arrive. Je suis sure que c'est à cause de la pollution, ça doit déstabiliser leur organisme. Ou alors il se passe quelque chose dans la forêt ? Mystère et boule de gomme...

Je ne dis rien. Je me contente de l'écouter.

- Quoi qu'il en soit, elle t'a empoisonné. C'est dangereux ces trucs-là, il ne faut pas les sous-estimer. T'as de quoi te soigner chez toi ?

- Non... Mais mes parents rentrent ce soir, ça va aller, je leur demanderai.

Elle fronce les sourcils.

- Mais non, coño. Ça sera beaucoup trop tard, ça va avoir le temps de se propager partout dans tes veines. Tu vas être malade pendant dix jours si tu attends le soir.

Je n'avais pas pensé à ça. Mais ça ne change strictement rien.

- Euh... Oui mais je n'ai pas d'autres solutions. Je ne vais quand même pas aller à l’hôpital.

- Même si tu y allais, tu ne seras pas soigné avant des heures. Nan, par contre, il y a un vieux médecin à Lili'i. Il est très gentil et il ne coûte pas cher, Tu devrais y aller.

Mouais, pas convaincu, j'ai juste envie qu'on me laisse tranquille et qu'elle me laisse repartir chez moi. Je vois bien que cette fille essaie juste de m'aider mais je ne suis pas sûr qu'en l'état actuel des choses, il y ait un meilleur médecin que le temps. Agacé, je lui réponds d'un ton las.

- Ouais, c'est un peu loin quand même. Je vais y réfléchir, ne t'inquiète pas.

C'est elle qui se met à réfléchir. Elle reste pensive l'espace d'un instant avant de me dire :

-Attends deux secondes, j'en ai pour deux minutes.

Elle se dirige vers un marchand d'épices qui tient une échoppe juste à côté de la sienne. Je tends l'oreille pour voir qu'est ce qu'ils se racontent mais c'est inutile, ils se parlent en dialecte de Mele-Mele. Je profite néanmoins de son absence pour rappeler Motisma dans sa PokéBall.

Elle revient vers moi au bout d'un court moment d'attente.

- Viens, je vais te conduire chez le médecin.

Je la regarde incrédule.

- Hein ? Que ? Quoi ? Mais... Oui mais non, non. C'est très gentil de ta part mais ça va.

Pour la première fois, elle me répond sèchement.

- Non, ça ne va pas ! Vous, les gringos, vous avez toujours l'impression que tout va bien aller mais c'est faux ! Mon père aussi s'est fait empoigner la jambe par un Dardargnan il y a quelques années. Il ne voulait pas non plus aller chez le docteur car c'était trop cher ou pour une autre raison tout aussi débile. Il est resté deux semaines sans pouvoir marcher et il a continué de boiter pendant quasiment un an. Donc, non, ça ne va pas aller ! Je vais t'emmener chez le médecin et après je te reconduirai chez toi.

- C'est très gentil mais je peux y aller par moi-même et je n'ai pas besoin qu'on...

- Négatif, coupe-t-elle, le bus pour Lili'i passe deux fois par jour. Une fois au matin à 9h et une autre en fin d'après midi à 16h30. Si tu as une voiture, il ne vaut mieux pas que tu conduises dans l'état que tu es. Et c'est de toute façon trop loin pour que t'y ailles à pied.

Je n'ai ni le permis ni de voiture mais je me garde de lui dire.

- Je ne veux pas te déranger, je finis par dire. Tu dois encore vendre du poisson et tu auras sans doute encore des clients.

- Y a personne à cette heure. Regarde par toi-même. Et même s'il y avait quelqu'un, j'ai demandé à Rafaël de garder un œil sur mes trucs, dit-elle en désignant le commerçant avec qui elle discutait toute à l'heure. Allez, pas de chichi, viens suis moi.

- Mais... Je ne pense pas que...

- Roh, fait-elle en roulant ses yeux, ta gueule à la fin. Je dois de toute façon rentrer chez moi, j'ai oublié de prendre un truc à manger pour midi. Ça serait très très con qu'on y aille séparément. Et tu dois aller chez le docteur. Je répète, tu DOIS aller chez le docteur. Alors, go, go, go ! Pas de temps à perdre.

Elle me relève en me soulevant par la main.

- Tu sais, je...

- Tais-toi, juste tais-toi.

Je m'arrêter de contester. Je reste cependant très mal à l'aise. Aller à un endroit que je connais pas avec une fille que je connais pas m'inquiète un peu. Si j'étais un peu plus sûr de moi, j'aurais refusé de l'accompagner comme n'importe quel homme un peu sensé. Mais je ne dispose pas de la confiance en moi nécessaire. Elle m'a ordonné de la suivre, j'obéis. Le pire, c'est que ça me rend malade mais mon niveau de timidité ne fait que me réduire au silence. Alors, je la suis bêtement dans la rue dans laquelle elle s'est engouffrée. On marche quelques instants pendant lesquels j'enfonce mon poing dans mon ventre pour calmer la douleur. Elle finit par s'arrêter devant une vieille moto au bout de quelques minutes.

- Allez, assis-toi derrière moi, dit-elle en enjambant le véhicule.

J'ai failli avoir une crise cardiaque.

- Euh... Une moto ? Ce n'est pas un petit peu dangereux ? Et... Où sont nos casques ? Si on tombe, notre tête va être réduite en purée.

Elle me lance un regard las.

- ¡ No mames ! Monte, t'inquiète, je conduis bien.

Ah ! Elle me donne encore un ordre. Robot Shéro enclenché, je l'exécute sans broncher. Je suis pire que Motisma-Dex. Ça m'énerve.

- Alors ? T'es prêt ? Dit-elle en vrombissant le moteur. Allez, tiens-toi bien... Lets go !

A peine a-t-elle eu le temps de pousser sur l'accélérateur que je regrette amèrement de l'avoir suivie. Je me prends le vent dans la figure et hop, elle fait son premier virage qu'elle manque de percuter le trottoir. Très bien, elle n'a sûrement pas son permis de conduire. Je me sens mal, très mal. Que vont dire mes parents si j'ai un accident ? Et qu'est ce que je fous là d'abord ? Qu'est ce que je fais sur le siège d'une moto d'une personne dont je connais même pas le nom ? Pourquoi elle cherche à m'aider alors que je n'attends rien d'elle ? Quel est le sens de la vie ? Tant de questions auxquelles je n'aurai probablement jamais de réponse.

Affolé par la vitesse, je m'agrippe à ses hanches par réflexe comme font les jeunes enfants à leurs parents. Mon cœur bat comme un tambourin. On frôle les obstacles de si près sans qu'elle n'ait l'air d'en prendre conscience. Je prie. Pourvu qu'on ne percute rien...

***
Nyx

Yay, nous y voilà ! Je freine la moto tout en douceur devant le cabinet du docteur Hugo ¡ Caramba ! Le gringo n'a pas l'air en forme, il s'est même senti obligé de me tenir pour ne pas tourner l’œil. Le pauvre, c'est vraiment de la merde les Dardargnan. En plus, ça serait bête qu'il tombe malade, il m'achète les crustacés les plus chers.

- On est arrivé. T'as vraiment pas l'air d'aller bien mon pauvre. La maison du docteur se trouve juste-là. Il est très gentil, tu verras. Suis-moi, je vais aller lui parler.

Le garçon me regarde timidement, comme s'il hésitait à me demander un truc.

- Euh... Attends. Excuse moi mais... Dis moi, j'ai une question.

- Oui ? Qu'y-a t-il ?

- Tu conduis plutôt bien, me dit-il sur un ton fort hésitant, tu as eu le permis il y a combien de temps ?

Je lui souris.

- ¡ Gracias ! Et ça fait deux mois que je l'ai ! C'était fastoche de le passer, celui qui m'a fait passer l'examen était un ami de mon père.

Une lueur apparaît dans ses yeux comme s'il venait d'avoir la réponse à une question existentielle. Je ne cherche pas à comprendre, il a l'air très chelou.

Je me dirige vers la maisonnette du médecin. C'est une petite maison en bois comme on en trouve des tas ici à Lili'i, la mienne lui ressemble d'ailleurs un peu. J'aperçois le docteur, il est assis sur un petit fauteuil en osier qu'il l'a installé à l'extérieur de sa demeure. C'est un vieux monsieur chauve avec une petite barbichette blanche et des lunettes, il est assez gros et très souriant. Quand il me voit arriver, il me fait signe de la main et commence à me parler en dialecte de Mele-Mele.

- Salut Nyx ! Comment ça va ? C'est quand même bizarre de te voir traîner par ici à l'heure du marché.

- Je vais bien Señor mais je ne peux pas dire autant du gringo qui m'accompagne. Il a reçu le dard empoisonné d'un Dardargnan en plein dans son ventre. Il n'a pas l'air d'aller bien.

Le vieil homme plantureux me sourit.

- Oh, c'est rien grand chose ça. Dis lui de rentrer à l'intérieur du cabinet, mon assistante Sissy va s'occuper de lui.

Je remercie le docteur d'un geste de main. J'ai déjà vu l'assistante du docteur. Elle est très particulière mais elle soigne bien. Le gars ne va sûrement pas apprécier se faire soigner par elle vu à quel point il a l'air précieux. Il est un peu étrange en même temps.

Le garçon est d'une grande taille comparée à la mienne et d'une carrure plutôt imposante, je dois me lever pour regarder ses yeux verts. Il a les cheveux blonds et le visage mal rasé ce qui lui fait un air de ressemblance avec les gaillards aventuriers des séries pour enfant. Mais les hommes, ce sont comme des Abo, il ne faut pas se fier à leur apparence pour déterminer leur caractère. En l’occurrence, malgré son allure de picaro, il est très mal à l'aise et n'a pas l'air franchement débrouillard. Enfin je dis ça, je ne le connais pas. Je ne connais même pas son nom en fait.

- Au fait, tu t'appelles comment gringo ?

- Ah... Shéro. S-H-E-R-O, me répond-t-il en épelant son prénom

Tiens, ce n'est pas un nom anodin.

- Je m'appelle Nyx. L'assistante du docteur va venir s'occuper de toi dans quelques instants. Tu verras, elle est un peu... Spéciale. Ah ! Quand on parle du Lougaroc...

En attendant son nom, Sissy entre brutalement dans la pièce en envoyant valser la porte. La tête que tire Shéro en ce moment mériterait toutes les photos du monde. Ses yeux s'écarquillent à l'instant même où il pose le regard sur l'apprentie doctoresse.

Qu'est ce qui rend Sissy si particulière ? Et bien, c'est peut être tout d'abord le fait qu'elle soit toute nue... Et aussi le fait qu'elle soit très poilue. Elle a une très grande gueule animée par des yeux semblant refléter une addiction à la cocaïne. On doit aussi parler de son odeur répugnante qui s'accomode avec une démarche bestiale tout aussi grossière. Enfin, son humeur agreste la rend difficilement supportable pour tous les patients qu'elle osculte. Vous l'auriez compris, (à part si vous vous imaginiez un délire pornographique très malsain à peine au chapitre 3 de cette fanfic mais dans ce cas là, je ne peux plus rien pour vous), Sissy n'est pas humaine, c'est un Pokémon. C'est un Gouroutan.

L'assistante inspecte longuement le jeune homme qui la regarde avec un air d'appréhension. Puis, elle brandit son doigt sur le ventre du patient qui se met à crier de douleur. Elle sourit de satisfaction. Elle coupe ensuite une fine lamelle de la peau avec son ongle, ce qui provoque un nouvel hurlement de la part de mon compagnon. Shéro a maintenant une petite plaie qui saigne légèrement au milieu de son ventre.

Le Pokémon file ensuite à l'autre bout de la pièce en prenant la position très particulière du bouddha. Le garçon me regarde en me demandant qu'est ce que tout cela peut bien dire. Je ne réponds rien, qu'est ce que j'en sais ? Sissy semble se concentrer.

Au bout d'un moment, le gringo a l'air de sentir quelque chose. Ses mains se posent sur son ventre et il se met à haleter très fort. Il n'a pas l'air d'avoir mal mais il semble troublé. Pour ce qui est de l'assistante, elle n'a pas bougé d'un millimètre et regarde fixement le patient d'un air sévère. Je reste plantée entre les deux sans comprendre ce qu'il se passe.

Un liquide violâtre finit par s'écouler de la plaie de Shéro. Goutte par goutte, tachant la pièce d'une flaque aubergine s'étirant à cadence régulière. La scène dure bien cinq minutes pendant lesquelles une quantité de plus en plus importante de poison pisse littéralement sur le sol. Quand tout semble sorti du ventre, l’assistante cicatrise la plaie avec ses pouvoirs psychiques.

- Je ne sens plus rien... Vraiment plus rien, s'écrie le garçon visiblement soulagé.

- Les Pokémon sont parfois de biens meilleurs médecins que les humains... Et Sissy en fait partie. Allez, remercie-la, elle a bien travaillé !

- Ah... Hum... Merci beaucoup Sissy !

Le Gouroutan pousse un beuglement en guise de réponse.

- Va payer le docteur, je vais aller chercher un truc à manger chez moi. Et après, on se retrouve ici et je te reconduis chez toi en moto, okay ?

Il a beau dire qu'il ne sent plus rien, je le trouve quand même fort pâle. Son visage s'est blanchi à l'instant même que je lui ai parlé de moto. Il faut sans doute un peu de temps avant qu'il se remette de ses émotions. Bah, espérons qu'une petite promenade en mobylette lui permet de se changer momentanément les idées...