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Comme une étoile... [OS] de Kloana



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Informations

» Auteur : Kloana - Voir le profil
» Créé le 31/07/2017 à 20:42
» Dernière mise à jour le 31/07/2017 à 20:42

» Mots-clés :   Drame   One-shot   Slice of life

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Chapitre unique
Comme une étoile…

Une brise glaciale souffle dans les arbres immaculés de fines particules blanchâtres. Un réverbère éclaire patiellement les alentours. Depuis quelques instants – ou peut-être depuis une éternité – des flocons diaprés par la douce lumière de la lune se déposent silencieusement sur le sol. Ils semblent briller comme… les étoiles.

***
Tapi dans l’ombre, un corps quelque peu étriqué semble se blottir contre des vieux vêtements, certainement jetés depuis plus d’une semaine. Bien qu’à chaque expiration, son souffle devient de plus en plus perceptible, une faible chaleur l’envahit. Ses yeux clos, il profite de cette brève pause, avant que l’appel de la faim ne le tire de son petit nid douillet. Une odeur alléchante se fait sentir ; celle de la viande, qui conquiert toujours les rues en cette période. Son ventre lui fait comprendre qu’il est temps de partir. Il se lève avec difficulté, titube en se prenant une patte dans l’un des vieux t-shirts, puis après s’en être défait, s’extirpe de l’allée ténébreuse avant d’arriver dans une rue rayonnante par ses décorations féériques. Ses vibrisses ont frémi quand celui-ci s’est retrouvé face à une foule de géants. Ces créatures nommées « humains », il évite de s’en approcher s’il le peut. Des coups de pieds, des grognements, du mépris ; voilà tout ce que lui apportent les Hommes. Ces individus qui se croient supérieurs aux autres espèces et empiètent sur leur territoire, qui établissent des « règles » dont ils sont les seuls maîtres et qui emprisonnent ses semblables dans des sphères, les privant de leur liberté.

Je les déteste.

Il s’engage dans la rue bondée, en restant vigilant, de peur de se faire écraser sous le poids d’un de ces colosses. Son pelage ébène et feu ne lui rend pas la tache facile. Mais il continue son chemin, guidé par l’odeur de la nourriture. Il atteint enfin la boucherie, où des humains attendent que l’un des ouvriers s’occupe d’eux. Le petit être se faufile discrètement derrière l’un des comptoirs, les bouchers sont trop occupés pour remarquer le chapardeur. D’un bond précis, il parvient à emporter un petit poulet premier prix, sous le regard colérique des bouchers et horrifié des clients ; ses yeux, l’un moutarde et l’autre écarlate, ont attiré toute l’attention.

« - Encore ce Flamiaou ! Avec son œil, il va vraiment finir par nous maudire, on n’a pas besoin de ça, surtout en période de fête ! »

L’animal s’enfuit avec son butin, retournant se cacher afin de le manger sans que d’autres Pokémon ne viennent le déranger.


Je vais enfin la revoir, je dois prendre des forces. J’espère qu’elle me reconnaitra.

***
Les flocons s’intensifient. Le vent souffle de plus en plus fort. Le froid me ronge les os, je ne parviens plus à distinguer le ciel. Mes paupières sont si lourdes…

***
Son repas terminé sans trop d’encombres, l’animal se dirige d’une marche décidée devant un autre magasin. Cette fois, il s’agit d’un parfum floral qui s’y en dégage. Il contemple furtivement les diverses plantes – bien qu’il ne puisse en distinguer toutes les couleurs – pour enfin s’avancer prudemment vers l’entrée. Il fait attention à ne pas se faire trop remarquer, à ne pas se prendre la queue dans un sapin ou se coincer une aiguille de ces conifères dans l’un de ses coussinets. La petite créature plie sur ses pattes afin de se faire aussi petit que possible, en s’avançant silencieusement. La porte d’entrée franchie, il relève un peu sa tête et observe les environs de ses yeux vairons. Des lumières scintillantes clignotent, des sortes de « poupées » vêtues de rouge et de blanc, avec une grande barbe blanche sont accrochées sur quelques étagères, garnies de fleurs. Un courant d’air glacial le ramène à lui, il secoue sa tête et son regard se pose sur une silhouette qui lui est familière. Après tant de temps passé pour la retrouver…

Elle est là.

***
Des souvenirs me reviennent en mémoire. Jamais je ne pourrai oublier le jour de notre rencontre…

§§§
Tu étais venue vers moi, alors que je m’étais caché sous un banc. Tu m’avais trouvé et tu m’observais de ma cachette. J’étais effrayé, je n’aimais pas les Hommes, créatures viles et autoritaires. Mais tu semblais différente… Tu étais bien plus petite que ceux que j’avais l’habitude de croiser. Quand tu avais tendu ta main vers moi avec ton sourire, j’avais pensé au début que c’était pour me frapper. Je reculais alors, je ne savais pas quoi faire. Ton bras n’était pas assez long pour m’atteindre. Tu avais pris un visage déçu et m’avais adressé ces quelques mots

« N’aie pas peur, petit Flamiaou ! »

Pouvais-je te faire confiance ? Je ne le savais pas, mon cœur battait la chamade. Tu décidas de renoncer, et tu te levas. Je voyais tes pieds s’écarter de ma piètre cachette de l’époque ; un banc dans un petit parc avec plein de choses colorées sur lesquelles des humains semblaient s’amuser. Quand je vis que tu commençais à vraiment t’éloigner, sans m’en rendre compte, je sortis de mon abri et m’avançai vers toi en t’appelant. Tu te retournas et m’affichas un sourire radieux avant de t’approcher calmement. Tu t’accroupis et me caressas la tête. Je me laissai faire, c’était une sensation très agréable, réconfortante. Puis tu t’interrompis quand nos yeux se croisèrent ; tu pouvais distinguer leur couleur nettement.

« C’est beau… Ils brillent beaucoup. C’est trop mignon ! Ils brillent… »

Un bruit assourdissant d’une de ces dangereuses et gigantesques machines étouffa la fin de ta phrase, mais j’avais quand même réussi à l’entendre.

« - Yume ! On rentre à la maison ! Appela soudain une voix en notre direction.

- J’arrive Maman ! Au revoir petit Flamiaou, j’espère te revoir un jour !»

§§§
Si seulement cet instant avait pu perdurer… Ah ! Cette douleur… Elle s’intensifie, je ne vais plus tenir très longtemps. Cette sensation que j’ai de me vider complètement, c’est insupportable…

***
Une petite fille aide sa maman fleuriste à confectionner les bouquets pour les fêtes de fin d’année. Ses jolis cheveux châtains et ses yeux noisette font d’elle une adorable enfant. Le Pokémon décide d’attirer son attention en l’appelant, comme lors de leur rencontre. A son cri ressemblant à un miaulement, elle se retourne immédiatement.

« - Un Pokémon… Un Flamiaou ? »

Elle se rapproche de lui.

« - Ces yeux… Je crois que je les ai déjà vus une fois. En tout cas, c’est si joli ! Leur couleur me fait penser à deux boules de Noël ! Et leur éclat… Ils scintillent… »

Elle tend sa main, fascinée, et caresse le haut de la tête du Flamiaou. Il se dresse de bonheur. Quelle douce sensation…
Sa mère arrive au même moment.

« - Yume, qu’est-ce que tu… un Pokémon ? Sors d’ici tout de suite, sale bête !!

- Non Maman ! Il est gentil et trop mig…

- Yume, j’ai entendu parler de ce Flamiaou, et celui-ci porterait ! Déguerpis ! »

La femme a pris un balai afin de faire partir la pauvre créature. Le petit Pokémon terriblement effrayé, court aussi vite qu’il peut vers l’extérieur, sans faire attention où il va…

« - Flamiaou ! Flamiaou, non, pas sur la route !! »

Des larmes se sont échappées des yeux noisette de la petite fille.


***
Je pense que c’est la fin… J’ai réussi à me trainer jusqu’ici, mais en fait… où suis-je ? Je ne le sais pas. Je me suis laissé tomber sur le sol depuis un moment. Mon flanc gauche me fait souffrir, j’ai beau me lécher, avec ce froid…

« Noël ». C’est ce soir, n’est-ce pas ? Non, je le sais déjà, en fait. Depuis que je suis né, chaque année en ce jour précis, il y a des créatures, appelées humains, qui sortent et qui écoutent des sons, toujours les mêmes. Ils mangent cette viande, ils font du bruit. Ils ont l’air de s’amuser, ensemble. Ah, j’aurais aimé être l’un de ces hommes… Oui, pour m’amuser avec toi… et pour que tu comprennes ce que je voulais te dire, ce soir, avant d’être chassé par l’un de ces monstres…

Aaah… je vois une lumière blanche. Mon corps se réchauffe peu à peu, je me sens si bien. Que cela ne s’arrête pas, cette fois. Je ne ressens plus rien, plus aucune douleur.

Oui, je ne me trompe pas…
C’est la fin.

J’ouvre juste un peu mes yeux, une dernière fois. Et c’est ton visage souriant, me prononçant ces mots qui apparait devant moi. Ces mots que je n’ai jamais oubliés…

« C’est beau… Ils brillent beaucoup. C’est trop mignon ! Ils brillent… comme des étoiles ! Tu en penses quoi, petit chat ? »

Je n’ai la force que pour un dernier soupir en guise de réponse…

« Et toi, de quelle étoile es-tu venue pour m’emporter si loin ? »