Ch 16 : Distorsion
On approchait de midi. Le soleil enveloppait Port-Yoneuve de sa douce chaleur. Cette année-là, la région connaissait un été indien des plus agréables. Profitant des dernières journées ensoleillées du mois – car plusieurs tonnes de flotte allaient leur tomber sur le coin de la gueule la semaine suivante – les habitants sortaient déjeuner à l’extérieur, vêtus de vestes légères.
Les connaisseurs se rendaient sur l’avenue menant au Pont Yoneuve. On y trouvait quelques restaurants ambulants proposant les classiques de la street food à un prix appréciable. Chacun récupérait sa commande emballée dans du papier rendu translucide à cause du gras, et s’en allait manger sur un banc en compagnie de ses amis.
Seul le Ieuv Chelou déjeunait seul. Les gens du coin l’appelaient ainsi car il était vieux et louche, et que ça sonne mieux quand on le dit en verlan. Le vieillard ne commandait jamais d’encas, il ramenait avec lui un récipient hermétique (pas de placement de produit ici) contenant les restes du dîner de la veille.
Tandis qu’il mâchonnait de la purée lyophilisée froide, le regard éteint du Ieuv Chelou se porta sur le combat Pokémon qui opposait deux préadolescents à quelques mètres du Pont Yoneuve.
L’enjeu du combat était des plus classiques, le perdant payait le déjeuner du vainqueur.
Par souci de compréhension, les deux dresseurs seront nommés Casquette et Bonnet. Est-il utile de préciser que les deux gamins portaient des couvre-chefs ?
Du point de vue du vieil homme, la fin de ce duel ne faisait aucun doute. Le début, en revanche…
Bonnet souriait en caressant le crâne de son Incisache. Son Pokémon s’était vraiment bien débrouillé. Son adversaire, la mine déconfite, tira une Pokéball de sa poche et la pointa vers le sol. Un rayon de lumière rouge jaillit de la capsule et se matérialisa en un Goélise assommé.
Le Pokémon Dragon s’approcha à reculons de l’oiseau blanc et plaça sa queue au-dessus de ce dernier. Puis, d’un coup violent, il rabattit son appendice caudal derrière lui, tandis que le Goélise se relevait brusquement et reprenait conscience.
« Finis-le avec Draco-queue ! s’exclama Bonnet. »
Le Pokémon Mouette, très légèrement blessé, percuta alors l’Incisache, avant de repartir en arrière à toute allure. Son mouvement prit fin sur un étrange battement d’ailes.
« Vive-attaque ! ordonna Casquette, qui craignait que le combat ne tourne trop vite en faveur de l’autre dresseur. »
Bonnet s’accroupit et fit rouler au sol une Hyperball. Celle-ci avança jusqu’à se retrouver à un mètre de l’Incisache. Puis la capsule et le Pokémon bondirent en arrière sans élan. La créature, qui se tenait en l’air la bouche grande ouverte, se changea rapidement en un amas d’énergie blanche qu’avala bientôt la Ball.
La sphère noire et blanche décrivit une trajectoire courbe jusqu’à arriver dans la main de Bonnet. Sans doute à cause du choc, le bras du dresseur repartit en arrière. Casquette fixa son opposant avec une farouche détermination.
La mine sombre, le dresseur au bonnet rangea l’Hyperball et sortit une Superball. Il visa le sol et un rayon rouge fusa de la capsule. Sur le champ de bataille, un Caninos à bout de forces apparut. Sa fourrure humide luisait sous le soleil de midi.
Le Pokémon Chiot se releva difficilement, regardant avec angoisse les bulles d’eau qui émanaient de son corps et s’envolèrent, sous forme de nuées, vers le bec grand ouvert du Goelise.
Déconcentré par le duel, le Ieuv Chelou se salit avec une fourchetée de purée froide. Il essuya son pull-over à l’aide d’une serviette en papier et reprit le visionnage du combat.
« Goélise, en avant ! s’exclama un des gosses en rappelant son Pokémon »
Casquette empoigna rageusement sa Pokéball tout en délivrant son Pokémon sous forme d’énergie rougeoyante. Elle se matérialisa en un Charpenti blessé, allongé au sol à côté d’un trou.
Le Caninos adverse plongea dans le trou, ses pattes postérieures les premières, suivi par le pauvre Charpenti entouré d’une tempête de terre. Tandis que le Pokémon Feu était enterré vivant, l’autre se dressa sur le sol à nouveau comblé. Il se tenait sur ses deux pieds, débarrassé de ses contusions.
Le Pokémon Costaud se mit à prendre la fuite à reculons, tout en se rapprochant d’un second trou dans la terre. Il frappa le vide de son poing quelques instants avant que les pattes arrières du Caninos ne ressortent de la fosse. Une fois dehors, le Pokémon Chiot s’empressa de tout reboucher sur ordre de son dresseur.
« Réplique avec Tunnel ! »
Le Charpenti recula d’un pas et parvint, cette fois-ci, à cogner son adversaire, mais son attaque baissa dans le processus.
« Utilise Poing Boost ! s’écria Casquette. »
Le Ieuv Chelou manqua de s’étouffer avec son repas immangeable. Il toussota bruyamment, dans l’indifférence la plus totale.
Cela faisait plusieurs décennies qu’il était coincé dans un champ distemporel, l’empêchant d’apprécier le déroulement normal des évènements autour de lui. Le temps ne s’écoulait pas vraiment à l’envers (sinon l’adjectif anentropique serait préféré à distemporel, bandes d’incultes), mais plutôt de façon bordélique.
Le vieillard portait autrefois le nom de Fiat Lux, dit le Procrastinophobe. En ce temps-là, la famille Lux était l’une des plus puissantes de Rivustel, ce qui lui avait garanti le poste d’ultimage de l’hiver à même pas vingt ans.
Voyant son clan perdre progressivement son influence, Fiat Lux se lança dans une terrible machination pour conquérir Rivustel. Les objectifs des méchants sont rarement originaux, à la différence de leurs personnalités, mais il faut faire avec. Personne ne voudrait d’un antagoniste dont le but est de faire disparaître les carottes du monde entier, car il détestait les carottes râpées en entrée à la cantine quand il était petit.
Bref, après moult péripéties d’une banalité à pousser un Ectoplasma au suicide, Fiat Lux fut vaincu par un groupe de héros courageux qui l’enfermèrent dans un champ distemporel annulant ses pouvoirs magiques. Et comme si ce n’était pas assez, l’ultimage fut banni de Rivustel !
Mais apparemment, l’heure de la vengeance avait sonné…
Bien que la populace autour de lui marchât à l’envers, le vieil homme remarqua le nombre croissant d’adolescentes qui investissaient les lieux, par petits groupes. Difficile des les ignorer, elles portaient toutes un uniforme scolaire, ainsi qu’un sceptre multicolore dans les mains.
Accompagnées de Pokémons mignons, elles s’installèrent sur des bancs voisins ou même sur l’herbe, feignant de discuter normalement. Fiat Lux les vit lancer des sorts à l’envers et bientôt il sentit leur magie chaude, douce, agréable. Leurs enchantements eurent pour effet d’estomper le champ distemporel.
Quelques Magical Girls usèrent de sortilèges pour détourner l’attention des habitants normaux de Port Yoneuve, en cas de désastre. La tâche s’avéra plus ardue que prévue, car la grande beauté des adolescentes faisait converger tous les regards vers elles. N’oubliez pas que les critères d’admission dans les écoles de magie sont principalement d’ordre esthétique, le talent reste secondaire chez les Magical Girls.
Quand le champ distemporel fut suffisamment altéré, Fiat Lux se retrouva dans une temporalité normale. Autour de lui, les gens avançaient au lieu de reculer et les Pokémons cessaient de sautiller en arrière.
Deux jeunes magiciennes s’approchèrent de l’ultimage déchu, suivies d’un Farfaduvet et d’un Floette. Celle de droite était plutôt superbe, tandis que celle de gauche penchait davantage vers le magnifique. Leur teint pâle faisait ressortir vivement le rose de leurs lèvres charnues.
Quelques différences de style distinguaient les deux Magical Girls. A droite, on versait dans le classicisme avec un visage harmonieux, symétrique, la beauté austère d’une jeune femme raisonnable. Il s’agissait de Sofia Querilane.
A gauche, par contre, le baroque s’imposait par une chevelure rousse très vive, bouclée, en mouvement, ainsi qu’un visage orné de taches de rousseur et marqué par deux grands yeux bleus très expressifs. C’était Sonia Heartlove.
En plus de porter des prénoms qui se ressemblent, les deux jeunes mages comptaient parmi les plus douées et intrépides de leur génération. Bref, un combo de Mary Sue. Voilà de quoi regretter cette folle de Lymnesine…
Sofia et Sonia s’arrêtèrent à deux mètres du vieillard et le tinrent en joue avec leurs bâtons magiques. D’après Inezia, il était possible que Fiat Lux ait gardé le contact avec des mages noirs de Rivustel. Peut-être savait-il quelque chose au sujet de la statue tombée la veille ?
Les deux magiciennes avaient décidé de se la jouer bon flic, méchant flic, sans explicitement définir le rôle de chacune. Aussi firent-elles toutes deux le mauvais flic :
« Salut crevure ! J’imagine que tu connais la raison de notre visite ! brailla Sonia.
- Ne t’avise pas de nous cacher quoi que ce soit, raclure ! ajouta sa comparse. »
Mark jubilait. Rien ne lui procurait plus de plaisir que d’entendre SA Magical Girl insulter un de ses rivaux potentiels (constitués par l’ensemble des êtres vivants de l’univers).
L’ancien ultimage garda le silence quelques secondes. Puis, une étincelle de malice éclaira le fond de ses yeux gris et un sourire amusé se dessina sur ses lèvres fines. D’une voix mielleuse, il répondit :
« Je ne vois absolument pas de quoi vous parlez.
- Une statue sacrée d’un cercle de téléport s’est effondrée à Janusia hier matin. Peut-être que tes potes mages noirs y sont pour quelque chose ? fit la rousse.
- Cela ne ressemble pas à leur style, voyons.
- Alors, qui ? rugit Sofia. Est-ce Casus Belli l’Effronté ?
- Peut-être bien. Ou alors quelqu’un qui lui ressemble… »
Sofia se mordilla le pouce. Elle n’en avait pas conscience, mais elle faisait tout le temps cela lorsqu’elle réfléchissait. De toute évidence, Fiat Lux possédait des informations capitales. Il fallait l’interroger avec plus de subtilité pour obtenir des réponses sans ambiguïté.
Pour ce faire, une seule technique prévalait : la double-négation. Songez un instant à toutes les interros, les examens du code de la route et les entretiens d’embauche que vous avez raté à cause d’une double-négation et vous conviendrez qu’il s’agit de la technique de questionnement la plus fourbe qui soit.
« Ne pensez-vous pas ne pas avoir intérêt à ce qu’un évènement fâcheux se déroule à Rivustel ?
- Peut-être, répondit le Procrastinophobe en haussant un sourcil.
- Dans ce cas, pourquoi ne pas infirmer une absence de responsabilité de la part de Casus Belli ? ajouta Sonia en se demandant si sa question avait du sens.
- Parce que ce serait confirmer l’absence de responsabilité d’une personne tierce. »
Sofia se retint de soupirer. Elles obtiendraient de meilleurs résultats avec un briquet, une scie et des pinces à linge. Sa consœur rousse lui adressa un sourire gêné, elle ne pensait pas que ce vieux débris serait aussi retors.
En réalité, le vieillard n’avait gardé aucun contact avec Rivustel depuis son bannissement. Il ne savait rien de ce qui se tramait là-haut, pas plus qu’il ne connaissait Casus Belli. L’Effronté suçait encore son pouce lorsque Fiat Lux fut destitué de son poste d’ultimage.
Le Ieuv Chelou était entré dans le jeu des deux demoiselles dans l’espoir qu’elles s’approchent suffisamment de lui. Or, Sofia se tenait à présent à moins d’un mètre.
D’un geste vif – pour un vieux – il agrippa le poignet droit de la Magical Girl et enfonça l’ongle de son pouce en un point très précis que l’on nommait Nœud de Puissance. Il s’agissait d’un des centres de circulation interne de la magie. On dirait un truc pompé sur Naruto, pas vrai ?
Sitôt qu’il appuya au niveau du Nœud de Puissance, Fiat Lux coupa totalement le flux magique à l’intérieur du corps de Sofia. Celle-ci eut soudain l’impression de suffoquer. Incapable de parler ou de bouger, la Magical Girl se figea, le bras tendu vers Sonia en un geste suppliant.
Usant du peu de pouvoir qu’il possédait, Fiat Lux entreprit de siphonner la magie de la jeune femme pour détruire le champ distemporel. Il n’aurait ensuite qu’à se débarrasser des malheureuses adolescentes qui se dresseraient sur son chemin.
L’ultimage déchu savoura cet instant, l’heure de sa vengeance était enfin venue !
Quelque chose se brisa définitivement dans le cœur de Mark. Ce salopard osait faire du mal à SA Magical Girl ?! Devant lui !?! OKLM ?!?!?
Dans un cri suraigu, le Farfaduvet déchaîna toute sa puissance, qui se manifesta sous la forme d’une aura d’énergie grenat. La touffe de coton qui lui servait de chevelure tripla de volume et s’hérissa d’un coup. La musculature du Pokémon se développa de même.
Mark s’éleva légèrement dans les airs, toisant avec haine le fils de pute qui touchait effrontément à SA Sofia. Il allait payer !
Le Farfaduvet posa deux doigts sur son front. En un éclair, il se téléporta devant le misérable vieillard qui n’eut pas le temps de réagir, puis, d’une pichenette, le Pokémon Vole Vent repoussa Fiat Lux. Celui-ci relâcha Sofia avant de s’écrouler à dix mètres de là. SA Magical était sauve, mais l’ancien ultimage méritait une punition pour avoir dépassé les bornes.
Se téléportant à nouveau, Mark frappa Fiat Lux d’un revers de la main, le projetant cette fois-ci à vingt mètres de haut. Enchaînant les téléports et les coups, le terrible Farfaduvet emmenait sa victime de plus en plus haut dans le ciel.
Chacune de ses attaques provoquait une bruyante onde de choc visible depuis le sol. Mark attendit d’être suffisamment éloigné de la surface pour finir Fiat Lux avec sa meilleure attaque. Arrivé aux limites de l’atmosphère, il dégagea son adversaire d’un coup de genou, puis commença à concentrer son pouvoir entre ses mains.
« Nom du… »
Une petite sphère d’énergie blanche se forma au creux de ses paumes, tandis que le malheureux vieillard, plus qu’amoché, flottait dans le ciel sombre à trois cents mètres de lui.
« …premier roi… »
En un bruit aigu et crépitant, la boule de lumière se mit à grossir jusqu’à atteindre la taille d’un ballon de handball. A demi conscient, Fiat Lux observait avec crainte cette créature formidable qui baignait dans un halo de pure énergie.
« … d’Alolaaaaaaaa !!!!!!!! »
Mark poussa un cri viril, venu des abîmes de son être, tout en projetant un puissant rayon d’énergie avec ses deux mains, les bras tendus vers son opposant. Le laser immaculé emporta le vieillard en direction du cosmos intersidéral, en le faisant traverser trois planètes alignées.
Et nul ne revit plus jamais Fiat Lux, le Procrastinophobe.
Il va de soi que l’intégralité de cette scène se déroula dans l’esprit malade de Mark. On dira qu’il s’agissait de son plan d’action… non, plutôt d’une ébauche, pour délivrer Sofia des griffes de l’ultimage déchu.
Dans la réalité, les évènements prirent une saveur moins shônen et plus girly.
« Le pouvoir de l’amour triomphera toujours !!! »
Une musique électro-pop déchaînée démarra, tandis que le fond s’emplissait de petits cœurs et de couleurs vives en mouvements saccadés. Trois Magical Girls se transformèrent au même moment, en écran splitté.
On avait la pulpeuse Sori-Yuma Beutioumyne aux cheveux roses au centre, la blonde et plantureuse Magnolia Magus à droite et la petite Blanche Fragile (imaginez-la à votre convenance) à gauche.
Leurs uniformes se défirent en une explosion de paillettes, révélant les courbes exquises de leurs silhouettes lumineuses, sans manquer un seul stéréotype du fan service à la japonaise, qui se fiche pas mal d’exhiber ainsi des mineures.
Pour apprécier ce genre de spectacle, il existe deux écoles.
L’approche le plus simple consiste à focaliser son attention sur sa Magical Girl favorite et à admirer avec ferveur tous les détails de sa plastique qu’il sera donné de voir durant sa transformation.
L’autre manière de procéder est de tout regarder en même temps. L’ennui, c’est qu’il y a trois filles et que vous n’avez que deux yeux. L’otaku libidineux moyen tentera l’expérience malgré tout.
Au début, l’exercice lui semblera aisé. Ses yeux balayeront l’écran à une vitesse folle, ciblant les plans stratégiques. Mais les images feront bientôt leur effet. Le temps d’hurler « My body is raidi ! », le cerveau de l’intéressé aura perdu son plein débit d’irrigation, au profit d’un organe moins important. Chez l’otaku japonais, ceci s’accompagnera d’abondants saignements de nez pouvant, à terme, lui être fatal.
Bref, vous comprenez pourquoi Fiat Lux oublia si vite sa magie, sa vengeance et ses plans de conquête. L’attention du vieil homme fut entièrement absorbée par un irrépressible besoin de mater. Même l’insupportable musique de fond, sur laquelle vinrent chanter les pires voix kawaii de la J-Pop, ne réussit à le sortir de sa transe perverse.
Sonia n’eut alors aucune difficulté à s’approcher de l’ultimage déchu et à lui asséner un puissant coup de bâton dans le coude. Un bruit de craquement écœurant se mêla aux effets sonores de paillettes. La douleur du vieillard fut telle que Sofia put se dégager de son étreinte.
Elle se vengea immédiatement de l’affront subi en le frappant à la gorge du tranchant de la main (évitez de l’imiter, ça doit faire super mal). Cela se termina à grands coups de tatanes, les deux filles se défoulèrent quelques instants, profitant d’être masquées par l’animation de transformation de leurs collègues Magical Girls.
Quand le fond d’écran coloré et l’agaçante musique s’estompèrent, Sofia tomba dans les bras de son amie rousse. Elle avait été imprudente aujourd’hui, les choses auraient pu mal se terminer sans l’intervention de Sonia et des autres Magical Girls.
Bien qu’elle refusât de se l’avouer, Sofia enviait son amie rousse. Cette dernière, pourtant plus jeune de trois ans, restait forte et pleine d’assurance en toutes occasions.
En fait, Sonia Heartlove était le modèle des Magical Girls installées à Unys. Elle incarnait une forme d’espoir pour toutes les magiciennes maladroites et peu sûres d’elles. Tout le monde connaissait l’histoire de la rouquine.
A la base, la rousse n’était qu’une élève médiocre, silencieuse et peu sociable. En gros, elle ressemblait trait pour trait à sa frangine (cf. chapitre 1). Personne ne lui adressait la parole, hormis sa binôme, qui ne jouissait pas non plus d’une grande popularité.
Mais un jour, alors qu’elle devait avoir onze ans, un léger changement apparut dans le comportement de Sonia. Elle se tenait plus droite, avançait d’un pas plus assuré et il lui arrivait même de sourire. Elle ne tarda pas à se faire des amies et à remonter dans l’estime des professeurs.
Elle créa la surprise à douze ans quand elle demanda à passer l’examen de Magical Girl. Elle récidiva en obtenant ledit examen avec la meilleure note de sa promotion.
A présent, son expérience et son courage faisaient d’elle une des magiciennes les plus estimées du Pokémonde. Naturellement, ce genre de métamorphose miracle ne s’opère que dans les livres. N’espérez pas qu’une telle chose vous arrive un jour, le contraire risquerait de se produire !
Sofia Querilane reprit bientôt son sang-froid. Elle n’avait pas beaucoup dormi la nuit précédente, ce qui expliquait en partie son erreur d’attention.
Elle remercia ses camarades magiciennes pour leur réactivité, avant de les mener du côté de Vaguelone où se terrait un autre mage noir de Rivustel, probablement en possession d’informations intéressantes. Ou pas.