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La mission de Rayquaza de oska-nais



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» Auteur : oska-nais - Voir le profil
» Créé le 23/03/2017 à 18:51
» Dernière mise à jour le 26/04/2017 à 18:45

» Mots-clés :   Action   Hoenn   Présence de personnages du jeu vidéo

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épilogue
épilogue

J'étais engourdi, je ne sentais plus mon corps. Pourtant, je me savais conscient. Je n'étais pas mort, du moins il ne me semblait pas… Soudain, j'entendis une voix que je ne connaissais que trop bien retentir dans ma tête, me glaçant jusqu'aux os. Une voix dangereusement aimable, du fait que, normalement, elle ne l'était pas :

- Bien le bonsoir, cher Rayquaza. Je vois que tu as battu Kyogre et Groudon. Je pense que je dois considérer cela comme un veto. D'autant plus que je ne voudrais pas à avoir de contretemps et devoir gérer le prochain réveil de ces deux rivaux. Je laisse ce monde en paix, pour l'instant. Le temps que tu reviennes à la raison. Bon, sur ce, je te laisse. J'ai des affaires autrement plus importantes dont il faut que je m'occupe. Tu devras endiguer seul la colère de cette fille aux cheveux rouges qui a accepté de mauvaise grâce de venir te voir, sous l'insistance de ses camarades. Elle s'appelle Ambre, n'est-ce-pas ?

Et il partit. Je me sentis soudain arraché violemment de cet état semi conscient, aspiré comme dans un trou noir vers la réalité.

*************
J'entendis des bruits tous mélangés en un amalgame incompréhensible, qui se séparèrent petit à petit pour devenir distincts. J'entendis d'abord des “bip” d'une machine proche, puis des voix, qui semblaient discuter, mais auxquelles je ne comprenais rien. Tout était confus dans ma tête. Tête qui, par ailleurs, était assaillie par une grosse migraine. Je fis un effort surhumain pour comprendre ce que disaient les possesseurs des voix.

- Vous êtes sûrs qu'on est obligés de le soigner ?
Ah, tiens, c'était Ambre.

- C'est un pokémon, et je vous rappelle que notre slogan est “nous soignons tous les pokémons”, rétorqua une voix que je ne connaissais pas.

- Oui, mais il a aussi détruit des vies ! Continua Ambre, apparemment énervée.

- Je vous signale que, moi aussi, je le hais. Mais nous n'allions pas le laisser mourir, continua l'autre voix sur un ton autoritaire. Et puis, dois-je vous rappeler que, sans lui, vous ne seriez plus en vie à l'heure qu'il est ? Il a sauvé notre monde !

- à quel prix ! Rétorqua Ambre, toujours aussi indignée. Il a détruit des vies !

Mais de qui parlaient-elles ainsi ? Je me fis violence pour tenter d'entrouvrir un œil fatigué. Je vis Ambre s'offusquer contre une personne hors de mon champ de vision. Tandis que je tentais de rassembler les quelques pensées plus ou moins cohérentes dans mon esprit, je recouvrai peu à peu mes sens encore léthargiques.

Je sentis peu à peu mon corps revenir à la vie. Alors que je n'éprouvais auparavant que du froid, je sentis soudain une douleur sourde, peu puissante mais si inattendue que je frémis de surprise. Puis, lentement, le reste revint.

Je restai immobile, attendant que quelqu'un fasse quelque chose, observant. Personne n'avait remarqué que j'étais réveillé. J'en profitai pour promener discrètement mes yeux à travers la pièce. Tout était blanc. Et rouge. Tout portait à croire que j'étais dans un hôpital. Je vis qu'Ambre n'était pas seule dans la pièce. Il y avait, bien sûr, la propriétaire de la voix non assimilable à quelqu'un que de ma connaissance. Mais il y avait aussi là Aryn, Lisa… et même Timmy ! … Bon, il était reculé dans un coin de la pièce et me regardait avec terreur, mais il était là quand même. Soudain, un élancement dans mon corps me fit gémir, tandis que je me débattais faiblement, essayant de le faire partir. Mais chaque mouvement intensifiait ma douleur jusqu'à me rendre fou. Les deux colosses ne m'avaient pas loupé, apparemment.

Ma douleur, finalement, s'apaisa, et je pus sentir des mains me masser, évitant expertement les points endoloris. La personne était douée dans ce domaine, incontestablement. Puis, la soigneuse se racla la gorge et annonça, d'une voix forte, pour prévenir mes amis (bien qu'ils ne se considérassent peut-être plus comme tels) qui discutaient :

- Il s'est réveillé !

Ils se turent subitement et tournèrent dans un ensemble parfait leurs têtes vers moi. Un silence oppressant plana un instant, tandis que tout semblait figé, comme si nous étions des poupées de cire. Les seuls bruits que l'on pouvait entendre étaient les “tic tac” de l'horloge, les cœurs de mes amis qui s'emballaient, leur respiration anormalement rapide, comme s'ils étaient, tels des oiseaux de proie, prêts à fondre sur moi.

Ils restaient figés, et moi aussi. Eux avec leurs regards lourds de questions et de colère, moi avec le mien, quasiment impassible mais avec néanmoins une pointe de… peur. Malheureusement, je n'étais pas assez blessé pour ne pas pouvoir reprendre une apparence humaine, et il se lisait sur leurs visages qu'ils l'avaient compris. Lentement, je me redressai à la verticale, et entamai ma métamorphose. Mon corps se mit à briller, puis à changer de forme, comme pendant une évolution. Seulement il étaient assez informés pour savoir que je n'évoluais pas.

Quand la lumière se dissipa, ils ne parurent pas surpris, ou alors très légèrement. En même temps, avec tout ce qu'ils avaient vu jusque là, je pouvais les comprendre. Je les fixai un à un de mes yeux dorés, m'arrêtant plus que nécessaire sur Timmy, qui recula instantanément derrière Lisa, celle-ci se postant devant le petit garçon en faisant écran de son corps, tandis que les autres me regardaient avec un regard suspicieux. Je soupirai. Regagner leur confiance allait être plus dur que ce que j'avais pu imaginer.

Je m'assis sur le lit. Mes vêtements étaient dans un piteux état, sales et déchirés, et me donnaient un air épuisé, ce que j'étais, les cernes sous mes yeux en témoignaient. Malgré cela, ils continuaient de me regarder, n'osant pas détourner le regard. Je n'allais pas leur sauter à la gorge, enfin !

Lentement, je me levai. À peine eus-je posé le pied par terre que la pièce commença à tanguer. Je passai ma main sur mon front et me rattrapai à la première chose venue -un meuble blanc encombré de produits médicaux) pour ne pas m'effondrer par terre. Ce combat m'avait vidé de toutes mes forces. L'infirmière se précipita pour me soutenir, ce qui ne fit qu'augmenter mon malaise : je me sentais ridiculement faible, à me faire soutenir par un humain. Mais je n'oserais pas énoncer mes pensées à voix haute : je me serais immédiatement fait recevoir d'un coup de poing au menton par Ambre, qui m'aurait traité de prétentieux trop fier.

Je remerciai l'infirmière, lui expliquant gentiment que je pouvais marcher tout seul, puis je me tournai vers mes anciens amis, et fis mine d'avancer d'un pas. Leurs mains se crispèrent, signe qu'ils étaient prêts à attaquer à tout moment et prendre la fuite dans le cas où ils seraient inférieurs. Je ramenai donc mon pied à son emplacement d'origine. Ils se détendirent un peu. J'ouvris la bouche, cherchant mes mots, puis je finis par dire :

- … Merci de m'avoir amené ici et… merci d'être restés ici…

Je ne pus terminer ma phrase, j'avais trop peur de ce qu'ils penseraient. Alors Ambre prit la parole, un peu brutalement :

- Nous ne sommes restés ici que pour te surveiller et éviter que tu ne fasses encore d'autres dégâts. Je me demande, entre toi et un ouragan, ce qui est le plus destructeur.

Je passai la main derrière mon cou, gêné, et je leur fis un sourire crispé.

- … Je suppose que je dois m'excuser… Eh bien, pardon.

Ils me regardaient d'un air furieux, et je leur demandai, légèrement énervé :

- Quoi, je ne vais pas me mettre à genoux devant vous, quand même ! C'est bon, je me suis excusé, donc on n'en parle plus !

Lisa m'indiqua alors d'un discret signe de tête Le petit garçon aux cheveux verts émeraude qui se cachait derrière elle et qui tremblait de tous ses membres. Quand je décidai de l'approcher, il se fit tout petit derrière sa protectrice, essayant de se rendre invisible. Pour essayer de ne pas l'effrayer, je m'accroupis à sa hauteur. Il recula encore une fois, mais trébucha dans une irrégularité du sol, et tomba à la renverse. J'essayai d'approcher ma main, mais il se déroba de nouveau, tremblant de terreur. Pour tenter de le rassurer, je laissai ma main en l'air, pour voir ce qu'il allait faire.

Tout tremblant, il avança sa main, me frôla le bout des doigts, la retira presque aussitôt. Puis, il s'enhardit, et cette fois laissa sa main sur la mienne. Le l'attrapai, attirai brusquement le petit enfant vers moi, et l'étreignis contre mon cœur. Il trembla, puis cessa peu à peu de s'agiter. Mais ce fut pour presque aussitôt être agité de soubresauts, pendant que je sentais le haut de mon épaule s'humidifier. Il pleurait.

J'approchai ma bouche de son oreille, et lui murmurai :

- Là, là, tout va bien, tu es avec Paul.

- Tu n'es pas Paul, hein ? Tu es Rayquaza. Paul était gentil. Mais il n'existait pas. Je croyais pouvoir te faire confiance, mais tu es un assassin sans états d'âme, me dit-il, entre deux sanglots.

Ce qu'il me dit me ramena brusquement à la réalité, telle une claque. Non, je n'étais pas Paul. Paul n'était pas. Il n'avait jamais existé. Ma lèvre trembla. Depuis que j'étais ici, je m'étais fait des amis, par le bié d'une fausse identité nommée Paul. Mais cette fausse identité avait tôt fait de voler en éclats, laissant mes amis seuls, désemparés, avec sûrement un arrière goût amer de trahison en travers de la gorge. Soudain, je sentis quelque chose de froid et mouillé traverser ma joue, pour finir sa course en s'écrasant contre le cou du garçon, qui releva brusquement la tête, ses yeux rougis écarquillés dans un mouvement muet de stupeur. Il s'écarta violemment de moi, me repoussa, et puis enfin m'observa, surpris. Il me demanda, d'une toute petite voix emplie de crainte et d'étonnement :

- tu… Pleures ?

- Si tu savais à quel point… à quel point je regrette, ne pus-je que répondre, essayant de masquer les sanglots dans ma voix et d'essuyer mes larmes.

Je me relevai, et il recula d'un pas, mais ne partit pas en courant de l'autre côté de Lisa, cette fois-ci. Il me regardait. Pourtant, je sentais en lui les restes d'une colère sourde. Il avait les mains crispées. Je pouvais le comprendre le pauvre. Il avait devant lui le meurtrier de presque tous ses proches

Les autres, quand à eux, fronçaient les sourcils, d'inquiétude, d'interrogation, ou de dégoût. Ou les trois à la fois, je ne savais pas.

- En attendant, tu ne nous as toujours pas expliqué ce que tu faisais là, Rayquaza. Dit Ambre. Le dernier mot de sa phrase me fut craché à la figure comme un reproche. Elle me détestait, visiblement.

Lisa et Aryn ne disaient rien. Aryn faisait tourner sa pokéball dans sa main, l'air pensif. J'esquivai la question d'Ambre en en posant une autre :

- Dis moi, Aryn, quel pokémon as-tu dans cette pokéball ?

Il releva la tête et frémit au son de ma voix, et c'est sur un ton tremblant légèrement qu'il répondit :

- C'est un carvanha. Je l'ai appelé shark. Je l'ai depuis longtemps mais il n'a toujours pas évolué. Je m'inquiète. Est-ce que c'est normal, Paul ?

Je tressaillis. Aryn, lui, avait décidé de ne pas voir la vérité en face, de la masquer. Autant me prendre au jeu, je préférais cela aux reproches de timmy et à l'animosité venimeuse d'Ambre.

- Certains pokémons mettent du temps à évoluer, mais évoluent prématurément quand ils y sont obligés. Et puis, de toute façon, il va bien finir par évoluer, si tu l'as depuis longtemps.

- Oui mais, j'ai des amis qui eux, en ont depuis le même âge que moi, mais pourtant les leurs ont évolué et pas le mien.

- Ça viendra, fais moi confiance. Et puis, de toute façon, si tes amis les font combattre entre eux, c'est normal qu'ils évoluent plus vite. Moi, les combats, j'appelle ça du dopage à contrecoup moral et physique pour le pokémon.

Il resta quelques minutes la tête baissée, puis la releva brutalement, ayant l'air de s'être rendu compte de quelque chose.

- Comment tu sais ça ? Comment tu sais que mes amis les font combattre entre eux ?

- Si tu crois que je ne m'informe pas sur les dangers potentiels pour la planète, tu te fourres le doigt dans l'œil, alors imagine plutôt pour les organisations auto-proclamées criminelles qui risquent de créer des bouleversements climatiques. Car ton père est bien Arthur, le maître de la team Aqua lui-même ?
Il sursauta, tandis que des gouttes de sueur glacées coulaient le long de ses tempes.

- Dis, tu vas pas me dénoncer, hein ? Me demanda-t-il, paniqué.

- Non, ne t'inquiète pas.

Puis, je lançai à Ambre :

- Cela vaut aussi pour toi, Ambre ! N'aie pas peur que je te dénonce, puisque ton père est déjà derrière les barreaux. De toute façon, vos trucs d'humains, ça ne m'intéresse pas.

Celle-ci me regarda avec un air froid, puis détourna le regard, faisant comme si tout cela ne la concernait pas le moins du monde, et Aryn frémit en m'entendant évoquer mon inhumanité.

- Je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler, répondit Ambre en haussant les épaules.

Je l'ignorai, et continuai à rassurer Aryn, qui s'inquiétait vraiment pour son pokémon. Pendant que je lui racontais des exemples de carvanha qui avaient évolué tardivement, je sentis le regard d'Ambre peser sur mon dos. Recoller les morceaux allait être dur, je le pressentais, mais j'avais relativement du temps devant moi avant qu'ils ne meurent pour me réconcilier avec eux.

J'espère seulement que le temps va effacer les traces de mon passage, et qu'on m'oubliera, pour que les habitants de la région me voient comme “Paul” et pas comme un tueur.

J'espère aussi que tout ce temps suffira pour que mes amis me pardonnent, mais je n'en suis pas sûr…

FIN