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La mission de Rayquaza de oska-nais



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» Auteur : oska-nais - Voir le profil
» Créé le 23/03/2017 à 18:43
» Dernière mise à jour le 23/03/2017 à 19:02

» Mots-clés :   Action   Hoenn   Présence de personnages du jeu vidéo

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Chapitre 6
Chapitre 6

Je me levai de bonne heure, aujourd'hui. Je ne voulais pas rater le début de la sortie et être obligé de leur courir après. Le soleil pointait derrière les rideaux. Je m'étirai en baillant. Puis, j'attrapai mon sac déjà préparé la veille avec ce qu'on m'avait donné à l'intérieur. Je vérifiai une dernière fois son contenu, puis je descendis les marches à petites foulées pour arriver en bas. Les professeurs, rendus nerveux par la sortie, couraient en tous sens pour vérifier que telle chose ne manquait pas aux piques-niques, que telle personne avait bien son menu changé parce qu'il était végétarien, et pour finaliser les derniers préparatifs. Ils défilaient à toute vitesse, se cognaient, disant des jurons pour les uns, s'excusant pour les autres, s'interpellaient sans discontinuer, martelaient le plancher de leurs chaussures, faisaient voler des papiers… Le tout provoquant un vacarme infernal. Je m'assis sur les marches de l'escalier, dans un coin ombragé, de façon à voir sans être vu. Ils m'amusaient.

Une bonne heure plus tard, quelqu'un fut chargé de me réveiller pour me faire descendre. Il passa devant moi, monta dans la chambre, ne vit rien et redescendit. Il annonça que je n'étais pas là pendant que je riais à plein poumons. Ils finirent par m'entendre et me retrouvèrent écroulé de rire et les larmes aux yeux. Ils froncèrent les sourcils de mécontentement, mais ne dirent rien. On me demanda de descendre manger au réfectoire en attendant les autres.

*************
Quand tout le monde fut arrivé, ils nous rassemblèrent dans la cour. Le directeur, son micro à la main, demanda qui n'avait pas petit déjeuné. À ma grande surprise, la majorité des élèves levèrent la main. On leur distribua dans un sac en plastique une compote de baies mepo, un pain au lait et une barre de chocolat. Le directeur nous annonça que nous allions être séparés en groupes de 4 personnes, et que nous étions libres de les choisir. Ensuite, non sans nous avoir au préalable accroché une puce GPS sur nos vêtements, avoir distribué des petits boutons noirs à presser en cas d'alerte, et nous avoir recommandé de ne nous éloigner les uns des autres sous aucun prétexte, il nous laissa libre de faire les groupes nous-mêmes. Les animateurs séparèrent quelques personnes risquant de faire des bêtises (personnes qui se remettaient ensemble dés leurs dos tournés), et je me mis avec Ambre. Mais Lisa et Aryn arrivèrent et, sans notre avis, s'installèrent avec nous. Ambre ne broncha pas. Elle devait s'y être résignée. Le petit Timmy pleura en disant qu'il ne voulait pas être sans Lisa et le directeur (apparemment un homme généreux) l'autorisa à venir avec nous.

Je demandai à Ambre pourquoi on nous avait mis en petits groupes. Elle me dit que toute l'école allait participer à cette « journée découverte » (qui prendrait en vérité plus de temps qu'une journée) et que nous allions nous débrouiller seuls, pour arriver aux endroits indiqués, où des personnes nous guideront, mais que nous devions arriver à l'heure au pilier céleste.

Seuls ? Ils laissaient leurs enfants seuls ? Et les enfants ne ronchonnaient pas ? Incroyable ! Mais comme cela paraissait normal aux yeux des habitants, je décidai de ne pas le faire remarquer.

*************
La cloche sonna. Les enfants se rassemblèrent par groupe et partirent au signal du départ. Mais, quinze minutes plus tard, le nôtre n'avait toujours pas quitté Algatia. Je pris ma carte dans un sens, puis dans l'autre…

- Je ne comprends pas… Normalement, ce devrait être par là… leur dis-je, interloqué.

- Donne ! M'ordonna Lisa.

Sans attendre ma réponse, elle me prit la carte des mains, la retourna, et pointa le port.

- Par là. Dit-elle.

Nous la suivîmes et nous rejoignîmes les autres groupes. On nous expliqua que nous allions être débarqués un peu partout dans Hoenn et que nous devrions retrouver notre chemin. Ma mâchoire en tomba. Paniqué, je demandai :

- C'est sans danger, au moins ?

- Oui. me répondit Ambre, agacée.

- Est-ce que tout le monde en revient ? Insistai-je, sceptique.

- Oui… La plupart du temps… continua Ambre, toujours aussi énervée.
- Mais non, elle blague, ne t'en fais pas, me rassura Aryn, hilare. Elle dit ça à chaque nouveau.

- Chut ! Il fallait pas le dire ! Lui cria Ambre, enragée.

Je gloussai. Ambre fit brusquement volte-face. Je déglutis.

- Tu n'es pas en train de te moquer de moi, j'espère ? Me demanda-t-elle, d'une voix menaçante.

- N… Non, pas du tout. Lui répondis-je, terrifié.

- Tu ferais bien d'avoir raison, car, sinon, qui sait ce qui pourrait t'arriver. Continua-t-elle, d'une voix insinuant des choses qu'il ne valait mieux pas deviner.

Puis, nous nous dépêchâmes d'embarquer, moi le premier, préférant garder mes distances avec Ambre.

*************
Je dormais tranquillement, quand, soudain, une voix me réveilla en sursaut. Je regardai de tous côtés, paniqué, avant de me rendre compte que c'était celle du capitaine, M. Marco, qui signalait que nous étions arrivés à Nénucrique. Nos professeurs se regroupèrent, parlant à voix basse sur un ton mystérieux, puis se retournèrent. Une professeure à la mine sévère et aux lèvres pincées, les cheveux remontés en un chignon strict et impeccable, nous toisa d'un regard dur comme de la pierre et froid comme de la glace, puis prit un micro portatif accroché à sa ceinture et ordonna plutôt qu'annonça, d'une voix forte et autoritaire :

« - le groupe B est prié de se rendre immédiatement sur le pont, pour amorcer la descente. Pour ceux qui auraient oublié dans quels groupe ils sont je rappelle que ce groupe-ci comprend : Paul, Ambre, Lisa, Aryn et Timmy. Je préviens aussi ceux qui seraient tentés de faire des bêtises qu'il seraient aussitôt repérés et qu'ils recevraient une punition qu'ils ne seraient pas prêts d'oublier. »

Je me levai de mon siège en grommelant. J'avais l'impression que je venais à peine de me coucher. Je me fatiguais rien qu'à imaginer les kilomètres que j'allais devoir faire, à pieds, et en n'ayant même pas de lit pour me reposer. Quelle poisse ! Pourquoi moi ?

Je traversai la Marina du même pas traînant et fatigué. Mais dés que je vis au bout du couloir la silhouette dure et impérieuse de l'institutrice, je me fis le plus droit possible et j'avançai sous son regard inquisiteur. Même après lui avoir tourné le dos, sa présence me pesa sur la poitrine. Je fis profil bas et me dépêchai de quitter cet endroit de malheur.

Sur l'embarcadère, je rejoignis mes amis, qui parlaient de tout et de rien, et plus particulièrement de leur « grande expédition ». Aryn, qui avait déjà participé à une aventure telle, montrait moins d'enthousiasme que les autres, tandis qu'Ambre, avait l'air de s'ennuyer fermement. Timmy, lui, était caché derrière Lisa, et complètement refermé sur lui-même, comme une coquille d'huître, mais je réussis à saisir un éclat fugace d'excitation et d'impatience traverser son visage. Malheureusement, il disparut très vite. Mais j'avais bon espoir pour lui.

Je soupirai, puis m'avançai vers eux. Les mains de Timmy se crispèrent à mon approche, mais il se força à soutenir mon regard un petit moment, avant de détourner les yeux. Il avait une peur phobique du vert et du noir, cela en devenait incroyable. Ils avancèrent, en tournant à peine les yeux à mon arrivée. Tous essayaient de deviner ce qu'ils allaient trouver derrière cette porte vitrée, là bas. Je ne dis rien, mais j'écoutai.

- Dites, vous savez, il paraît qu'il y a une salle de concours ! Dit Aryn, avec une voix passionnée. Cette ville est apparemment réputée pour sa salle immense et les artistes pokémon affluent. Forcément, après, ça ramène des touristes, et des fans mordus de ces spectacles, qui viennent s'installer là. Cette salle est un des quatre principaux piliers économiques de cette ville ! Ah, les concours…

Il paraissait réellement les adorer, avec cet air rêveur qui se peignait sur son visage.

Lisa rétorqua aussitôt :

- Oui, mais justement, ce n'est pas le seul ! Moi, ce qui m'intéresse constitue principalement les lieux historiques. Ah, comme je rêverais de visiter la planque magma… Mais il paraît qu'elle a récemment été rachetée par un homme aux cheveux rouges débordant d'argent, qui a interdit toute visite. Maximilien, je crois… Mais comme dans tout lieu défendu, cela a rameuté encore plus de personnes, qui essaient de trouver des failles dans le système de surveillance pour la visiter. Il y a, bien sûr, le centre commercial de Nénucrique qui vend des objets indisponibles ailleurs, et le musée, où nous devons aller… Il paraît qu'il est bourré d'escrocs qui vendent leurs œuvres inutiles à cent mille pokédollards ! C'est dire ! Mais je trouve quand même que la planque magma est la meilleure chose à voir !

Je serrai les poings. La team magma était composée de personnes folles qui avaient déjà failli détruire la terre une fois. Je voyais mal des gens venir la visiter… Je vis alors qu'Ambre détournait le regard, nerveuse. Elle paraissait gênée. Cela ne m'aurait pas surpris, venant d'une autre personne. Mais son comportement me mit la puce à l'oreille. Ambre n'avait jamais l'air gêné… Mais, à ce moment là, j'entendis Lisa reprendre son discours, et j'y prêtai une oreille attentive. Elle lâcherait peut-être des informations précieuses.

- Et puis, vous voyez, il y a aussi la planque de la team aqua, rivale de la team magma, surnommée, très originalement, attention… la plaque aqua. Parfois, je me dis qu'ils sont comme l'être humain moyen, à savoir, penser la même chose au même moment. Sauf que, comme ces teams étaient rivales, leurs buts étaient radicalement opposés… Selon eux ! Car en vérité, je parie qu'ils ont eu l'idée avant d'avoir connaissance de celle de l'autre team. L'être humain est ainsi éduqué que les personnes ne répondent pas la même chose, mais en employant les même adjectifs, la même forme de phrase… En fait, nous sommes presque des robots ! … Pardon, je m'égare… Mais je préfère la planque magma, car, franchement, la lueur rouge dégagée par le magma est nettement plus belle que celle de bleue de l'eau.

Je pouffai. Cette fille avait l'art de passer du roucool au galopa.

- Bon, en route ! S'exclama Ambre qui avait, il me semble, vraiment envie d'en finir avec cette discussion.

- Et vive les concours ! Hurla Aryn, juste à côté, se trouvant sûrement drôle.

Ambre prit le temps de pousser un soupir avant de se laisser avaler par la lumière aveuglante provenant de l'extérieur. Je m'empressai de la suivre, et, bientôt, nous fûmes tous les cinq à nous élancer dans la lumière de fin de journée, nos ombres dansant derrière nous.

*************
Nous débarquâmes sur une vue magnifique du coucher de soleil sur la mer, de rues pavées illuminées par ses derniers rayons et de bâtiments se dressant, hauts et fiers, de toute leur envergure au dessus de la plage. Seule Ambre demeura impassible à un spectacle pareil. Puis, comme le soleil allait bientôt disparaître à l'horizon, nous nous décidâmes à passer la nuit en ville, le musée étant fermé à cette heure. Nous cherchâmes un endroit où nous reposer, mais les gens nous claquèrent tous la porte au nez. Lisa se plaignit de leur inhospitalité, ce à quoi Ambre, agacée, répondit :

- Oh… Madame veut son lit douillet et sa peluche héricendre pour s'endormir ? Gros bébé !

Aryn, lui, plus compréhensif, la réconforta :

- Tu sais, mon père habite cette ville. Il pourra nous loger, si tu veux…

Lisa renifla, puis le remercia de bon cœur. Nous nous empressâmes de faire la même chose, pour ne pas paraître ingrats. Enfin, nous… En excluant Ambre, bien entendu. Alors, il décrocha quelque chose attaché à sa ceinture, pianota un numéro dessus, puis attendit. Je m'approchai, curieux… Et vis qu'il s'agissait d'un holokit. Un holokit ! Comment avait-il pu se dénicher quelque chose d'aussi perfectionné et, surtout, d'aussi cher ? Je n'eus pas le temps de m'appesantir davantage sur le sujet, que déjà la personne qu'il avait appelée répondait. La personne, même si on ne voyait que son buste, me paraissait d'emblée forte et grande. Elle était vêtue d'un sweat bleu, et avait les cheveux bruns en bataille. Son visage arborait une grande barbe qui lui allait bien. Somme toutes, elle avait peu de ressemblances avec son fils, mais assez pour qu'on se rende compte qu'ils étaient de la même famille, Aryn et lui. Cette personne était sûrement le père d'Aryn. Celle-ci s'exprima, dés qu'elle vit le visage quelque peu enrobé :

- Alors, mon petit Wailmer, ça baigne ? T'as toujours pas maigri, à ce que j'vois. Jt'ai dit combien d'fois de courir tous les jours ?

- Papa… commença Aryn.

- Hein ? Oh, t'as ramené des camarades ? Toutes mes excuses, mon p'tit azurill, se reprit-il, venant à peine de remarquer notre présence, Comment ça va, matelots ? Vous veillez bien sur mon p'tit, j'espère ? Bon, c'est pas tout ça, mais tu m'as bien appelé pour quec'chose ? Continua-t-il, toujours avec cette manière de mâcher à moitié les mots (avait-il appris le français ?).
- Oui, p'pa. En fait, on est bloqués à Nénucrique et la nuit tombe. Et les gens ne veulent pas nous accueillir chez eux…

- Ah, quels égoïstes… OK, la marmaille, débarquez à la troisième avenue, porte numéro 6. J'vous hébergerai avec joie sur mon raffiot. Ah ! Et combien de fois dois-je te le dire, petit carvanha, appelle moi Capitaine !

- Oui, cap'taine ! Fit Aryn, se mettant dans une posture de garde-à-vous. L'holokit s'éteignit et le garçon souffla. Ce devait être dur de vivre avec quelqu'un de pareil dans la famille…

Nous nous dépêchâmes de nous mettre en route, aucun de nous n'ayant envie de passer la nuit dehors. Qui plus est (je l'avais remarqué pendant une de mes nombreuses expéditions à hoenn), le temps avait tendance à changer très rapidement, dans le coin, n'en démontraient ne serait-ce que les nuages sombres et menaçants qui obscurcissaient déjà le ciel. Mais bientôt, une goutte creva les nuages, puis une autre, et encore une autre… quelques secondes après plus tard, nous en fûmes à courir à toute allure dans les rues rendues dangereusement glissantes de la ville, sous une pluie drue. Ces nuages ne connaissaient, il me semble, pas le mot « pitié ».

Aryn nous guida sans encombre dans les rues larges, mal éclairées et rendues floues par la pluie de Nénucrique. Il devait vivre par ici depuis sa tendre enfance, sans quoi il n'aurait pas pu nous guider sans problème par ici, de nuit, qui-plus-est.

Après avoir fait des tours et des détours, (le personnage qu'était le père d'Aryn adorant apparemment les coins introuvables) notre guide s'arrêta finalement devant une maison légèrement plu grande que les autres, à l'apparence très singulière, même de l'extérieur : hublots à la place des vitres, porte en bois massif qui semblait avoir été cherchée directement sur un bateau, et que sais-je encore… Il se saisit du heurtoir, et toqua. Le son se répercuta longtemps en écho à l'intérieur d'un bâtiment, avant que la porte ne s'ouvre, enfin, mais pas sur le père du petit.
Une fille à la peau hâlée, vêtue entièrement de bleu (du pantalon au t-shirt, en passant par une de ses mèches de cheveux et même son mascara) se tenait devant nous. Elle prit un air ennuyé et appela dans le couloir :

- Arthur, y'a ton marmot et ses potes qui veulent te voir. Dépêche-toi si tu veux pas les voir attraper un rhume, car moi, j'vais pas m'les coltiner pendant des heures.

Des pas lourds se firent entendre dans le couloir, quand la silhouette massive du père d'Aryn s'avança devant nous. Quand il nous vit, il s'écria de sa voix puissante :

- m'enfin, voyons, restez pas sous la flotte ! Jl'aime bien, moi, mais quand elle est salée, pas quand elle tombe du ciel ! Dépêchez-vous, vous risquez d'enrhumer mon fils , alors q'y vnait d'commencer une carrière de dresseur ! J'vous avais pourtant dit d'le surveiller ! Y va pas louper l'occasion d'sa vie de dev'nir dresseur à cause d'une pneumonie ! Entrez à l'intérieur, et fissa !

Nous obéîmes aux ordres de notre hôte, non sans un soupir de la part d'Ambre. Là, nous découvrîmes que l'intérieur de la maison était tout aussi excentrique (et même plus) que son extérieur. Des schémas et tableaux de navires divers la couvrant du sol au plafond, ainsi qu'une table aux pieds de bois et au reste de verre, laissant voir une réplique miniature d'un voilier souvent cité dans les cours d'histoire hoennienne, et qui m'était familier, l'ayant vu larguer les amarres de mes propres yeux.

- C'est vous qui l'avez faite ? Demandai-je, impressionné

Il opina affirmativement de la tête.

- C'est… Magnifique.

Un grand sourire fier s'étala sur sa face. Mais je n'en n'avais pas terminé.

- Seulement… Il y a un détail qui me chiffonne…

Sa mine se décomposa.

- Oh, rassurez-vous, rien qui ne soit dans la suspension, la taille des mâts, ni le détail, que je trouve très finement travaillé… Mais, voyez-vous, vous avez inversé la couleur des voiles. Normalement, c'est le fond qui est rouge et le grand « H » qui est noir, et pas l'inverse.

Il parut contrarié. Les sourcils froncés, il répliqua d'un ton qui était tout sauf engageant :

- T'en sais quoi, d'abord, sur ces voiles ? J'te signale qu'tu l'as pas vu quand on l'a mis à la flotte ! T'étais pas né !

Je faillis dire « si », mais je me retins juste à temps. Je pris la mine renfrognée de quelqu'un qui venait de se faire remettre à sa place, et je baissai les yeux au sol. Je voulus feindre de m'excuser, mais, à ma grande surprise, il me devança :

- T'sais, ptit gars, j'en ai marre de voir les gens obéir comm'ça, d'un claqu'ment d'doigt. J'aime pas quand on s'soumet trop facilement. Quand j'ai eu Aryn, j'peut t'dire qu'j'ai été déçu. J'aurais préféré une fille. T'sais pourquoi ? Car les filles (ou presque tout' les filles) sont têtues, et qu'elles sont prêtes à tenir à tout'situation. J'prend comme exemple Sarah, et ta p'tite copine, qui nous suivent pas d'puis qu'vous êtes là. Tu l'vois, qu'elles veulent pas venir ? Et elles boug'ront pas d'là, même si on leur demande. Alors qu'les garçons, eux, quand on leur dit « v'nez », ben… y viennent, comme des p'tits chiens, même quand ils l'veulent pas… Bon, d'accord, pas tous les garçons, mais la majorité. Donc, j'aurais préféré avoir une fille, comme ta p'tite copine, là-bas.

Il reprit son souffle, ayant débité cette tirade sans s'arrêter. Je regardai dans la pièce. Ambre et Sarah étaient assises sur le canapé, devant un aquarium diffusant une lumière bleutée en guise de table basse, et ne disaient rien, se fusillant du regard. Ambre avait une étonnante manie à détester tout le monde et, pour cette raison, à se mettre quasiment la totalité de ce « tout le monde » à dos. Aryn était, lui, assis sur une chaise, non loin de moi. Il faisait des ronds sur la table avec un de ses doigts, ayant tout entendu. Il paraissait être gêné et honteux de la tournure que prenait la conversation. Nul doute qu'il avait dû être sermonné souvent de cette manière là par son père, à en juger par mon bref aperçu du caractère de celui-ci. Ce dernier était en face de moi, accoudé sur la table. Timmy avait arrêté de traîner dans les pattes de Lisa et s'était reculé dans un coin sombre de la pièce, décochant des regards appréhensifs de tous côtés (les fois où il osait regarder, tout du moins). Lisa, elle, était en train d'annoncer ses réflexions étrangement philosophiques pour une personne si jeune, à voix haute, à propos du tableau d'un voilier, ce qui agaça encore plus Sarah et Ambre, qui ne manqua pas de le lui faire remarquer. S'ensuivit l'une de leurs énièmes disputes, soldées par un désaccord d'autant plus prononcé que la dernière fois. Mais je remarquai quelque chose d'étrange dans leurs regards, quelque chose qui avait changé, et qui était absent la dernière fois que cela leur était arrivé. De l'excitation, peut-être de la joie… Je n'aurais su le dire. Je haussai les épaules. Les trois cré's auraient sûrement mieux deviné que moi.

Nous restâmes dans la pièce un petit moment, avant qu'Arthur ne se souvienne brutalement que personne n'avait mangé. Environ une heure plus tard, le temps qu'il nous fallut pour nous empiffrer d'un plat exquis composé essentiellement de poisson et ldu reste de crustacés (vu l'apparence de la maison, on aurait difficilement pu s'attendre à autre chose), il nous envoya nous coucher dans les chambres d'amis. Quand j'arrivai dans la chambre, j'agrandis mes yeux d'émerveillement et de stupéfaction : je ne pensais pas qu'elle serait comme cela ! Loin d'être correcte, elle était… incroyablement spacieuse, et luxueuse. On devrait interdire de faire des chambre comme ça, ce serait donner honte aux voisins, et les rendre envieux. Tout était bleu, les murs, le plafond, les meubles… Même la moquette, douce sous mes pieds nus, et le dessus de lit l'étaient ! C'est dire si notre hôte aimait la mer, et tout ce qui s'y rapportait. Non content d'avoir usé des milliers de pots de peinture pour tout peindre, il avait aussi accroché un de ses éternels tableaux représentant des voiliers, et avait acheté un lit aux proportions démesurément grandes. Je m'y blottis, à l'apothéose du bonheur, et bercé par le bruit de la mer, dans le lointain, et la douceur des draps, je m'endormis, entre les bras de l'océan.